☾ Of pain you could wish only one thing: that it should stop. In the face of pain there are no heroes.

C'était arrivé une fois. Une seule. L'idée avait été suggérée par son ami, pendant la soirée horrible qu'ils avaient vécue il y a un peu plus d'une semaine. Erwan avait d'abord pensé que ce n'était qu'une bêtise dite comme ça durant une nuit d'outrances. Que ça serait oublié le matin suivant. Et en effet, au réveil, Chris n'en avait pas reparlé. Chris avait même été gentil au réveil, comme toujours. Et les jours suivants, il n'en avait pas parlé non plus. Ils n'avaient pas parlé de cette soirée, tout simplement. Et peut-être qu'Erwan allait ainsi pouvoir l'oublier. Mais Chris rentra un soir et au lieu de baiser Erwan, qui s'était sagement préparé comme il le faisait toujours, Chris s'installa à côté de lui sur le lit. Il vérifia les chaînes et s'assura qu'Erwan était dans une position convenable, puis il prit la parole pour lui expliquer. Qu'il avait repensé à ce que son ami lui avait dit, que Chris donnait beaucoup d'argent au Birdcage pour qu'Erwan reste chez lui, qu'il n'avait plus de grande fortune sur son compte bancaire. Qu'il fallait qu'Erwan fasse un effort, qu'il participe. Et Erwan avait bien compris, il n'était pas idiot, il voyait la poudre blanche et les petites pillules, et les yeux de Chris et son attitude changeante. Alors il savait aussi qu'il était sous drogues à ce moment. Et la situation lui rappelait énormément une autre épreuve de sa courte vie : le jour où il avait cessé d'être un garçon innocent et était devenu une pute. Le jour où son corps avait été vendu pour la première fois, le jour où Leo, en qui il avait confiance, l'enferma pour la première fois dans une chambre avec un inconnu. Les raisons avaient été les mêmes. La seule différence, c'était que Leo avait été affreusement sobre, terriblement manipulateur et intelligent dans ce qu'il avait fait. Chris, lui, était drogué, n'était pas lui-même, et n'essayait même pas de masquer quoique ce soit. Erwan ne savait pas si c'était pire, ou l'inverse. Il préféra ne pas réagir, parce qu'il était la bonne pute de Chris, parce que même si une pierre sembla tomber au fond de son estomac, il savait aussi que Chris n'avait pas tort... qu'il devait participer aux frais d'une manière ou d'une autre. Et c'était la seule manière qu'il connaissait. Il aurait aimé que Chris le détache, qu'il ne le livre pas comme un morceau de gibier, qu'il lui laisse au moins la liberté de ses mouvements. Et il se dit que sans doute que Chris n'avait pas conscience de ça, que s'il avait su, il l'aurait détaché, parce qu'il n'était pas cruel à ce point. Non, c'était juste la drogue. Ca lui embrumait l'esprit, ça rendait ses neurones inaptes. Alors il sortit en croisant un homme, et Erwan les entendit échanger quelques mots. De l'argent. Et il se retrouva seul avec cet homme. Ce fut plutôt rapide, et pas bien violent. Un job de pute classique. Mais Erwan se sentait mal. Pourtant il avait été baisé des centaines de fois, mais ce soir, quelque chose était différent. Le client se déversa en grognant dans la capote qu'il portait et remercia Erwan en sortant. Il y en eut deux autres ce soir-là, à la suite du premier. Et Chris finit par revenir et lui dire que sa soirée de travail était terminée. Il détacha Erwan, s'allongea sur le dos, et s'employa à le baiser à son tour en maintenant ses poignets au-dessus de sa tête. Ce fut rapide, juste histoire de tirer son coup, avec ses yeux rouges de sang et ses cernes immenses. Pendant qu'Erwan le sentait en lui, il ne pouvait s'empêcher de regarder son visage et d'avoir de la peine, de voir à quel point son ami se détruisait de jour en jour. Et peut-être que c'était un peu de sa faute, et il s'en voulait. Quand Erwan ferma les yeux, ce fut blotti contre Chris. Dans sa tête se bousculaient sa culpabilité et sa tristesse face à l'état de son ami, ainsi que son désespoir et son dégoût de ce que sa vie était devenue. Il s'endormit en se disant que c'était arrivé une fois, une seule, et que ça n'arriverait plus.

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Les jours suivant cette nuit d'orgie, Chris avait passer des journées plutôt normale. Il s'endormait et se réveillait dans les bras d'Erwan. Accomplissait tout ce qu'on lui demandait au travail, enchaînant les clients. Le soir, il rentrait vers deux ou trois heures et pouvait profiter de quatre heures de sommeil avant de se lever pour déjeuner, faire son jogging et partir sur les tournages de fims X. Il savait qu'il avait un rythme de malade mais grâce aux amphétamines qu'il prenait en plus de la cocaïne, il arrivait à faire ses journées sans trop de problème. C'était le cas encre aujourd'hui. Il avait été plus tard au travail, son passage ne s'enregistrant qu'à 10h. Il avait enchaîné les scènes, encore et encore, avec des filles, avec des hommes puis avec les deux en même temps. Il avait jouis plus que nécessaire et avait finit par faire un petit mélange pour pimenter tout ça. Pour son deuxième job, une cliente l'avait appelé pour parader avec lui à un gala. Chris avait accepté, sachant très bien qu'il allait voir des personnes qu'il connaissait et que son boulot de gigolo allait faire parler de lui. Mais au lieu de se faire du soucis, il prit un rail de cocaïne et passa la soirée en souriant, faisant tout ce don la dame de la soirée avait envie. Il rentra pour une fois pas trop tard,  vers 23h, sachant très bien qu'il devrait encore bosser un peu ce soir pendant qu'Erwan bosserait. Il le rejoignit alors dans la salle, vérifia qu'il était placé parfaitement et sorti attendre le client qui arriva deux minutes après sa vérification. Il prit l'argent et le fit entrer dans la pièce avant de refermer la porte derrière eux et d'aller à son bureau. Un autre rail de drogue et il se lança dans la bourse. Il commençait a pouvoir jouer de plus grosse somme, et pouvait maintenant payer le patron d'Erwan chaque semaine même si le prix augmentait un peu à chaque fois, comme s'ils voulaient qu'il ne puisse plus payer et qu'Erwan rentre au Birdcage. Il secoua la tête, chassant ses idées de son esprit, s'offrant un joint et deux verre d'alcool pendant que le deuxième client était avec son ami. Puis la petite voix dans sa tête se manifesta, lui rappelant que ce qu'il lui faisait subir était mal, qu'il pouvait très bien s'en passer et qu'il pouvait bosser en lui foutant la paix. Elle lui dit alors qu'au final, il ne valait pas mieux que les patrons d'Erwan. S'en fut trop pour lui et il fit quelque chose qu'il essayait de faire le moins souvent possible : il prépara une seringue avec une dose d'Héroïne qu'il s'injecta dans le bras. La seringue finit par tomber par terre et Chris se laissa aller à la détente. Il profita des effets qui durèrent plus d'une heure. Lorsque le troisième client fut parti, Chris enleva sa chemise et alla rejoindre Erwan. Il le détacha, s'allongea avec lui dans le lit et après avoir bloqué ses avant-bras au-dessus de sa tête, il le baisa sans plus de cérémonie. Quand il eut fini, il se laissa tomber à ces côtés. La journée finissait bien, il était dans son lit, il ne manquait plus que les draps pour que tout soit parfait. Il tomba alors dans un sommeil torturé et agité, se réveillant sans vraiment se réveiller, finissant par se lever vers 5h30, en sueur. Il enfila alors son jogging et sorti courir avec Max, son chien. Il passa par la boulangerie, se disant que cela ferait plaisir à Erwan d'avoir quelques viennoiseries de si bon matin. Il rentra ensuite à la maison, prit une douche rapide, enfila un jean qui était devenu un poil trop grand et un t-shirt puis alla préparer le petit-déjeuner pour l'emmener ensuite dans la chambre. Il posa le tout doucement sur le bord du lit et vint caresser puis embrasser la joue d'Erwan. " Réveille-toi ma belle au bois dormant, je t'ai préparer une petites surprise!" Dit-il en finissant par embrasser le bout de son nez. Il caressa sa longue chevelure et quand enfin il ouvrit les yeux, Chris lui montra le plateau en souriant. "Juste pour toi, les petites douceurs comme tu aimes avec ton chocolat!" Dit-il content de lui tout en prenant le café qu'il s'était réparé. Lui n'avait besoin de rien à part sa tasse de café qui était devenu un élément indispensable. "Je bosse jusqu'à 17h, je ne reviens pas me changer, je prends mon smoking pour les rendez-vous après. J'en ai deux, le premier sera facile mais le deuxième un peu compliqué. M'attends pas ce soir, je sais pas à quelle heure je rentre. " Dit-il un peu ennuyer. Erwan ne savait rien de ces rendez-vous. Ce qu'il croyait, c'était que Chris faisait des affaires en bourses. Mais la réalité était tout autre, il jouait les gigolos et ce soir, il allait devoir servir un gros requin de la finance européenne. Avec ces hommes-là, c'était quitte ou double soit il le laissait partir avec son argent juste après la soirée, soit il devait coucher. C'est cette partie-là qu'il n'appréciait pas. Erwan n'était là et en général, le sexe qu'il pratiquait dans ce genre de soirée, dépassait tout ce qu'il avait pus connaître en étrangeté. Alors il espérait juste que ce soir, ce serait une soirée simple ou au pire, avec une soirée poker et cigare où il aurait juste à jouer les potiches. "Mais demain, je suis de repos, pas de tournage, pas de bourse, rien que nous deux a aller ou tu veux et faire ce que tu veux!" Il dit souriant tendrement.

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Erwan dormit d'un seul trait. Il était certainement si fatigué que même ses pensées sombres n'arrivaient pas à le tenir éveillé ou à le sortir de son sommeil. C'était tant mieux. Il sentit, au petit matin, que Chris n'était plus à côté de lui. Mais c'était habituel ça. Chris avait ses petites activités matinales. Il les avait toujours eues, c'était quelque chose de régulier, quelque chose de Chris. Quelque chose qu'Erwan aimait bien et à quoi il se raccrochait. Il se rendormit peu après cela, et quand il fut à nouveau réveillé, c'était par une voix douce et des caresses. Ca faisait tellement de bien, surtout après la nuit dernière, qu'Erwan resta là, les yeux clos, à faire semblant de dormir pour que cela dure encore un peu. Chris était rarement tendre, ces derniers temps. Mais le matin, Erwan savait qu'il pouvait avoir un peu de douceur, alors il en profitait au maximum. Il essayait de repousser les souvenirs de la veille tout au fond de sa tête, pour ne pas que cela perturbe sa matinée. Mais il avait du mal. Il n'arrêtait pas de repenser à ce qui était arrivé, à ce qui s'était passé la semaine passée, avec les amis de Chris. Il ne savait pas d'où venaient ces gens, où Chris avait pu les trouver. La type, celui qui s'était fait appeler Monsieur, il avait été le pire de tous. Et Erwan n'avait pas envie de recroiser sa route, il n'avait pas envie que cet homme soit l'ami de Chris. Mais il n'était rien ni personne pour dire à Chris quelles personnes il avait le droit de fréquenter. Il ne savait plus exactement ce qu'il était pour Chris, pas après les nuits récentes. "Réveille-toi ma belle au bois dormant, je t'ai préparer une petites surprise!" Il ouvrit les yeux. "Juste pour toi, les petites douceurs comme tu aimes avec ton chocolat!" Son regard s'illumina un peu. Il était heureux, rien qu'avec ça, rien que comme ça. Un peu de tendresse de la part de Chris, de gentilles pensées, un petit déjeuner au lit. C'était si plaisant. Il se redressa doucement dans le lit, et ajusta le collier de cuir qui lui serrait le cou, avant de prendre sa tasse de chocolat et d'en boire une gorgée. « Merci. » dit-il doucement, avec un petit sourire. Il prit un croissant, et croqua dedans. Il n'avait pas vraiment faim, quelque chose semblait lui coincer l'estomac. "Je bosse jusqu'à 17h, je ne reviens pas me changer, je prends mon smoking pour les rendez-vous après. J'en ai deux, le premier sera facile mais le deuxième un peu compliqué. M'attends pas ce soir, je sais pas à quelle heure je rentre." Il ne fit qu'hocher la tête. En réalité, il ne savait pas s'il en pensait quelque chose. Est-ce que Chris allait lui manquer ? Est-ce qu'au contraire, une part de lui était soulagé qu'il soit absent ? Erwan ne savait pas. Il était comme anesthésié, et c'était une sensation qui s'était installée en lui depuis la soirée avec les amis de Chris. Quelque chose n'allait plus, quelque chose était différent, ça il le savait. "Mais demain, je suis de repos, pas de tournage, pas de bourse, rien que nous deux a aller ou tu veux et faire ce que tu veux!" Ils s'échangèrent un doux sourire. « Okay » fit Erwan d'une petite voix, mais sa tête était un peu ailleurs. Ce qu'ils feraient demain lui importait peu. Peu de choses lui importaient, ces derniers temps. Au début, il avait retrouvé un certain sens à sa vie, en commençant tout ça avec Chris, en reprenant sa vie sexuelle. Mais ça s'était essoufflé, et à la place, il n'y avait plus rien. Là où il avait pensé trouver la solution, il n'y avait plus qu'un vide. Il laissa Chris finir son café et se préparer, tandis que lui sirotait son chocolat. Le croissant à moitié mangé était resté abandonné sur le pateau, et il n'y touchait plus. Son regard croisa celui de Chris. Un regard interrogateur, un peu surpris. « Je me sens pas très bien » il dit simplement en passant sa main sur son ventre. Rien de grave. Ce n'était pas inquiétant, ça arrivait. Et quelques minutes plus tard, Chris partit au travail en laissant Erwan seul. Il resta assis sur le lit un long moment. Une éternité, perdu dans ses pensées. Quand il se décida enfin à se lever, il sortit de la chambre et là, sur le meuble dans le couloir, il y avait plusieurs billets posés. L'argent que Chris s'était fait la veille, en vendant le corps d'Erwan. Il eut envie de vomir, mais se retint. Erwan passa sa matinée à parcourir les couloirs, les pièces, à se promener, entièrement absent de sa propre existence. Comme un fantôme qui hantait la maison. Rien ne lui faisait envie, il n'avait rien à faire. Nettoyer la maison ne lui passait même pas par la tête. S'occuper du chien semblait ridicule. La télé était un objet étranger et sans intérêt. Il resta planté au milieu du salon, debout, à fixer un point sur le mur. Et il réalisait qu'il ne voulait plus de cette vie. Etre coincé ici, ne servir à rien, se laisser dépérir dans les bras de Chris. Il avait l'impression d'être déjà mort, et les seules fois où cette impression disparaissait, c'était quand il souffrait assez pour se souvenir que non, il vivait toujours. Le soir de l'orgie. Et la veille, avec les "clients". Il en venait à regretter le Birdcage, où tout était simple, où il connaissait les règles et savait à quoi s'attendre. Mais il avait l'impression que des années s'étaient écoulées depuis ses dernières nuits là-bas, depuis Sawyer et le reste. Il ne savait pas ce qu'il faisait encore ici. Il monta à l'étage, aux environs de treize heures, et entra dans le bureau de Chris. Ce n'était pas une pièce qu'il visitait beaucoup, mais là, dans le tiroir du haut de ce bureau en bois massif, il y avait un Colt. Il le savait, même si Chris n'était pas un dingue des armes à feu. Mais il possédait un 9mm toujours rangé là, en cas de besoin. Erwan n'avait jamais tiré avec une de ces choses, mais il savait comment faire. Il avait vu, de près. Il sortit l'arme et referma le tiroir, et chargea le pistolet. Pendant encore longtemps, il resta là à regarder ce qu'il avait en main. C'était lourd. Ca lui donnait l'impression d'être quelqu'un d'autre. Mais aucune de ces pensées ne parvint à le dissuader, parce qu'il était décidé. Assis sur le bureau, flingue en main, il tendit l'autre pour prendre le téléphone fixe posé là, et il composa le numéro de Chris, après une brève hésitation. La sonnerie retentit deux fois. « Chris ? Je te dérange ? » il demanda, la voix plate, n'annonçant absolument pas ce qu'il comptait faire dans quelques minutes. « Je veux pas te prendre ton temps, je serai pas long, mais je. C'est un peu important » il ajouta, toujours sur le même ton, attendant la réponse de son ami.

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Il regarda son ami s'éveiller doucement, content de le voir croquer dans ce croissant et de tremper ses lèvres dans le chocolat. Après un petit moment, voyant que son ami avait un visage plutôt pâle et le regard perdu, il l'interrogea et eu comme réponse qu'il ne se sentait pas trop bien. Chris hocha alors la tête et lui répondit doucement "Ok, je vais te laisser te reposer, si ça vas pas mieux ou si ça s'aggrave, appel moi que je t'envoie un docteur!". Il soupira tristement, déposa un baiser sur son front et sorti de la maison. Il grimpa dans son pick-up d'un autre temps, bien loin de la classe et de la splendeur de son Audi dernier modèle qu'il avait été obliger de vendre il y à un mois de cela pour payer les joliers d'Erwan. Le tournage avait lieu dans un petit entrepôt au nord de la ville. Il prit le périphérique pour gagner du temps et éviter le centre-ville. Sa vieille voiture n'aimait pas faire sur du surplace et chauffer. Il s'alluma un joint préparé au petit matin et profita de l'air doux en roulant la fenêtre ouverte. Il arriva presque une heure après son départ, à son lieu de travail. Il retrouva ses collègues de la journée derrière en train de fumer leur clope et se joignit rapidement à la discussion. Ils montèrent ensuite commencer le travail. La matinée passa lentement pour Chris. La jeune femme qui était là étant une toute jeune débutante à peine majeur, il fallait refaire encore et encore la même scène. Il avait envie de la frapper tellement elle paraissait stupide, après tout, ce n'était pas compliqué de faire telle ou telle position, de sucer tel mec et de faire semblant de prendre du plaisir non ? Il finit par aller enfiler son peignoir et sorti se fumer un autre joint pendant qu'ils briefaient la nouvelle. Lorsqu'il remonta, ils avaient decider de changer de scène pour passer avec celle ou il y avait deux filles. Cette fois, la nouvelle était accompagnée d'une collègue avec qui Chris tournait au moins deux fois par mois. Il se sentis plus confiant et le travail reprit sans accroche. C'est vers 13h qu'il prit enfin une pause, allant sur la terrasse du toit après s'être rhabillé, pour manger son sandwich et fumer un autre joint. Alors qu'il le prenait le soleil, il entendit son téléphne sonner. Ne regardant pas qui était la personne qui appelait, il décrocha : "Johnson!" dit-il avant de souffler la fumer de son joint.« Chris ? Je te dérange ? » entendit-il à l'autre bout du fil. C'était Erwan. Chris se redressa alors, fronçant les sourcils. « Je veux pas te prendre ton temps, je serai pas long, mais je. C'est un peu important! » Erwan ne l'appelait jamais. Alors il devait avoir une bonne raison de l'appeler en ce moment. Peut-être ne se sentait-il vraiment pas mieux et avait-il envie de voir le docteur? " Tu ne me dérange pas, je suis en pause. Dis-moi je t'écoute, c'est ton ventre encore? " Demanda-t-il avant de reprendre une autre taf sur son joint.

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C'était calme dans la maison. Max n'était pas un chien particulièrement excité, et il passait plus de temps couché et calme, que courant partout en aboyant. Alors là, Erwan ne savait pas du tout où il était. Certainement au salon. Il y passait beaucoup de temps. Le tapis était confortable. Erwan, lui, s'était rendu dans le bureau et avait fermé la porte derrière lui. Il ne voulait pas que Max vienne, il espérait qu'il n'entendrait pas le bruit, mais pour ça il y avait peu de chances. Il voulait être seul. Il savait pourquoi il était là, et alla directement vers le tiroir en question. Une fois l'arme entre ses mains, il la tourna plusieurs fois, l'examina. Il se demandait s'il ferait mieux de tirer dans la bouche, ou sur la tempe. Il ne savait pas ce qui était le plus efficace. Il avait déjà essayé de se donner la mort une fois, sans y parvenir. Il ne pouvait pas échouer une fois de plus. Il s'interdisait l'échec. Au moins, avec une balle, ça ne dépendrait que de lui. Il fallait bien viser, ne pas se rater, et personne ne pourrait rien y faire. Ils seraient bien trop tard. C'est pourquoi entendre la voix de Chris une dernière fois était possible. Il allait pouvoir l'appeler, lui dire quelques mots, et ce serait terminé avant même que Chris n'ait pu faire démarrer sa voiture pour venir le rejoindre. C'était très bien comme ça. Fut une époque, il avait rêvé d'une mort douce, lointaine, entouré de ceux qu'il aimait. Ce genre d'histoire pour enfant ne faisait plus partie de sa vie. Ce n'était plus une option. De toute façon, au fur et à mesure que les années passaient, les options se faisaient de moins en moins nombreuses. C'était ainsi. Il chargea l'arme et après de nombreuses minutes encore, il prit le téléphone et composa le numéro de Chris. Lorsqu'il l'entendit décrocher, il lui demanda s'il avait un peu de temps. Il lui dit qu'il ne serait pas long, mais qu'il avait une raison importante d'appeler. "Tu ne me dérange pas, je suis en pause. Dis-moi je t'écoute, c'est ton ventre encore?" Erwan secoua la tête, oubliant que Chris ne pouvait évidemment pas le voir. « Non, c'est pas le ventre. Ca va, ça » dit-il. Il marqua une pause, se passa la langue sur les lèvres et regarda l'arme qu'il tenait dans sa main, posée à moitié sur ses cuisses. « Tu sais, au début. Quand je travaillais au Birdcage, et que tu venais une fois par semaine. Les jours passaient un peu lentement, mais facilement, et j'étais toujours heureux à l'idée de te voir. Tu étais mon meilleur rendez-vous de la semaine. C'était... J'aimais bien » dit-il en se remémorant ces premiers mois, ceux qui suivaient leur rencontre, les journées passées chez Chris. Son ami. Qui le faisait sourire et lui offrait des instants un peu différents du reste de la semaine. Ce n'était pas la vie de rêve, mais c'était calme et tranquille, comparé à ce qui a suivi. Il sourit un peu. Puis laissa le sourire disparaître. « Je crois que je te pardonne, pour m'avoir fait venir ici alors que je voulais juste... J'ai plus envie de t'en vouloir » Et pour tout le reste, ce qui était arrivé ces dernières semaines, il ne savait pas. Il n'en était peut-être pas capable. « Mais j'aimerais... Arrête les drogues, s'il te plait Chris. Tu vaux mieux que ça. C'est la seule chose que je te demande, et après ça, je te demanderai jamais plus rien » dit-il. C'était tout ce qu'il voulait, après sa mort. Il ne voulait pas qu'il continue ainsi, parce qu'en plus de lui faire du mal à lui, ça le poussait à en faire aux autres. « Tu arrêteras ? Tu promets ? » il demanda avec un peu d'espoir dans la voix.

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Assis là sur le rebord d'une aération, sur le toit terrasse, fumant un nouveau joint pour se détendre de cette matinée, il se demanda ce qui pouvait bien faire appeler Erwan. Il n'était pas du genre à appeler pour un petit bleu, ou une petite coupure. Non, quand il appelait, c'était que quelque chose de grave se passait. Est-ce qu'il avait tellement mal au ventre qu'il allait falloir qu'il l'emmène lui-même à l'hôpital? Ce n'était pas pour rien si Chris se défonçait au travail ces derniers temps et s'il n'avait que deux ou trois jours de congé par mois. Il devait payer chaque semaine les patrons d'Erwan pour ne pas qu'il reparte là-bas. Alors il n'avait pas vraiment le temps... Mais de l'autre côté, pour qu'Erwan appelle...Peut-être qu'il faisait une crise d'appendicite ! Dans ce cas il ne fallait pas tarder à appeler les secours pour qu'il se fasse opérer au plus vite! Mais cela allait aussi coûter de l'argent, beaucoup d'argent... Il allait devoir dealer plus de drogue, avoir plus de contrat le gigolo et aussi accepter une limite qu'il n'était pas prêt à franchir dans les films. Il essaya d'éloigner ces frayeurs et demanda au jeune homme si c'était son ventre qui le faisait encore plus souffrir que ce matin. « Non, c'est pas le ventre. Ça va, ça » Dit-alors le jeune homme, rassurant un peu son ami.  « Tu sais, au début. Quand je travaillais au Birdcage, et que tu venais une fois par semaine. Les jours passaient un peu lentement, mais facilement, et j'étais toujours heureux à l'idée de te voir. Tu étais mon meilleur rendez-vous de la semaine. C'était... J'aimais bien. » Cela fit sourire Chris qui imagina Erwan à l'autre bout du fil, se mordillant la lèvre timidement parce qu'il savait que même si Chris aimait entendre ce genre chose, ce n'était pas une urgence. Heureusement qu'il était en pause. Au lieu de se fâcher, il sourit lui aussi comme un idiot, se revoyant le jour de leur rencontre. Ce jour-là, Chris se souvint qu'il était perdu, apeuré et que la franchise d'Erwan l'avait désarmé tout autant que son regard. Il n'avait pas été très adroit et ils avaient finit par parler. Ils s'étaient ensuite revu au Birdcage et au-dehors, développant ainsi une amitié. Quand Erwan avait tenté de ce suicidé, quelques mois de cela, le cœur de Chris s'était fendu en deux. Il n'avait jamais ressenti cela et c'était demander s'il n'était pas en train de faire une crise cardiaque jusqu'à ce qu'il se dise que non, que c'était simplement de la tristesse. « Je crois que je te pardonne, pour m'avoir fait venir ici alors que je voulais juste... J'ai plus envie de t'en vouloir »   Chris sourit, heureux d'entendre cela. Erwan lui avait fait la tête des mois, lui en voulant de ne pas lui avoir laissé ce suicidé. Mais Chris avait tenu, et il était heureux que son ami soit toujours en vie et qu'il le remercie aujourd'hui. "Je suis heureux de te l'entendre dire!" Dit-il en souriant vraiment, se souvenant a peine qu'Erwan ne pouvait pas le voir. « Mais j'aimerais... Arrête les drogues, s'il te plait Chris. Tu vaux mieux que ça. C'est la seule chose que je te demande, et après ça, je te demanderai jamais plus rien» Dit alors le jeune homme faisant soupirer Chris.   « Tu arrêteras ? Tu promets ? » Il n'eut pas a réfléchir très longtemps. "Erwan..." Soupira-t-il tout en baissant les lunettes qu'il avait sur sa tête. " Tu sais... que je peu pas... Ce boulot... les rendez-vous... Je peu pas suivre sinon..." Finit-il plus bas. Erwan l'avait surprit un jour alors qu'il était dans son bureau à repenser à la promesse qu'il avait fait a Lina.  Il l'avait brisé et s'en voulait mais tout ça... C'était trop pour lui. Alors il avait replonger comme il avait plonger après sa rupture avec Emily. " Je te promets que j'arrêterais, quand la situation sera rétabli... Mais pourquoi tu veux que je te promets ça? Pourquoi ne pas m'avoir demander ça ce matin? " Demande-t-il soudain agacer de devoir ce justifier.

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Maintenant qu'il avait Chris là, au téléphone, il avait subitement l'impression de n'avoir rien à dire, ou trop de choses, et qu'il ne savait pas par où commencer. En réalité, il voulait juste entendre sa voix, et s'assurer que tout irait bien. Qu'il pouvait partir tranquille. Chris était sobre ce matin, il était doux. Au fur et à mesure que venait la soirée, c'était là que les choses se gâtaient. Mais à cette heure-ci, il avait l'impression que tout allait bien, presque comme avant. Alors il se lança, sur quelque chose de léger d'abord. Leurs débuts, quand ils se connaissaient à peine, que Chris était hésitant. Ils ne se voyaient alors que pour discuter, passer du temps ensemble, être deux amis. Et puis, ils avaient commencé à aller plus loin, à coucher ensemble, vraiment. Et au début, c'était plaisant pour Erwan, de faire plaisir à Chris de cette manière, même si sa propre relation au sexe était différente et plus complexe. Ca faisait du bien aujourd'hui, après tout ce qui était arrivé, de repenser à cette époque-là. Elle était bien loin derrière eux. Il semblait que ça faisait des décennies. Il marqua une pause, et il reprit la parole en le pardonnant, pour l'avoir sorti du Birdcage et l'avoir forcé à vivre. C'était facile à pardonner, ça, contrairement à ce qui était arrivé ensuite, ce qui n'avait fait que détruire Erwan davantage. "Je suis heureux de te l'entendre dire!" Chris était joyeux. C'était bien, une bonne chose. Sans doute que c'était une bonne journée pour lui, aujourd'hui. Il faisait beau dehors, ce qui aidait à être de bonne humeur. Le soleil brillait, Erwan le voyait à travers les fenêtres du bureau. Il était content que sa dernière journée soit ainsi. Et finalement, il aborda le sujet de la drogue. Parce qu'il haïssait tellement fort ces produits, et encore plus depuis qu'il voyait à quel point Chris était... le pouvoir que cela avait sur lui. Il fallait absolument que Chris lui promette. "Erwan... Tu sais... que je peux pas... Ce boulot... les rendez-vous... Je peux pas suivre sinon..." Si, bien sûr que si. Il devait y avoir une autre solution. Ca ne pouvait pas être la seule solution, et si c'était la seule alors Erwan n'en voulait pas. "Je te promets que j'arrêterais, quand la situation sera rétabli... Mais pourquoi tu veux que je te promets ça? Pourquoi ne pas m'avoir demander ça ce matin?" Il sentit l'agacement, mais tant pis, si Chris devait être un peu agacé ce n'était pas grave, Erwan avait des choses à dire et il ne laisserait pas tomber sa seule chance de le dire. « La situation est rétablie, Chris. Tous les problèmes que tu t'es fait à cause de moi... Tu vas pouvoir reprendre ta vie d'avant ! Arrêter les drogues, travailler de nouveau normalement, avec des horaires normaux. Tu vas pouvoir te racheter une belle voiture, et si tu veux tu pourras trouver quelqu'un avec qui tu seras heureux » il lui dit doucement, un tout petit sourire sur les lèvres, plein de regret, mais convaincu de son choix. « Moi je peux plus » dit-il. « Cette fois-ci je peux plus. Mais toi tu dois réussir ta vie ! Parce que tu as du talent, et un peu de chance, et... tu as toutes les cartes en main, il suffit juste de bien jouer, et tu l'as déjà fait une fois alors tu peux le refaire. Tu sais très bien comment faire, il suffit que tu te décides » Quand ils s'étaient connus, Chris avait de l'argent, une vie à peu près stable. Et oui, il sortait d'une vilaine rupture, mais il tenait debout, il était entier. Tout ce que Erwan touchait était voué à l'échec, et une fois de plus la prophétie se réalisait. Mais après son départ, Chris allait trouver une solution, il n'aurait plus besoin de payer une fortune au Birdcage, et rien que ça allait lui enlever un poids. « J'ai écris un petit mot pour Elizabeth, et son bébé. Tu pourras la leur donner s'il te plait ? Je l'ai laissée sur la table du salon » il demanda à Chris, une toute dernière petite faveur.

☾ Of pain you could wish only one thing: that it should stop. In the face of pain there are no heroes.

Chris se demandait bien pourquoi Erwan lui demandait d'arrêter la drogue. Il consommait depuis déjà quelques mois et depuis 3 mois ouvertement devant lui, depuis le jour ou Erwan l'avait chopé à sniffer en cachette. Bon, il devait l'avoué, Erwan ne savait pas tout ce que Chris prenait, mais il savait le plus important. Alors il lui demanda pourquoi il ne lui avait pas parlé de ça au matin.
« La situation est rétablie, Chris. Tous les problèmes que tu t'es fait à cause de moi... Tu vas pouvoir reprendre ta vie d'avant ! Arrêter les drogues, travailler de nouveau normalement, avec des horaires normaux. Tu vas pouvoir te racheter une belle voiture, et si tu veux tu pourras trouver quelqu'un avec qui tu seras heureux »Il entendit alors lui faisant ouvrir grand les yeux. "Mais..." Il ne pus terminer car son ami reprit la parole « Moi je peux plus. Cette fois-ci je peux plus. Mais toi tu dois réussir ta vie ! Parce que tu as du talent, et un peu de chance, et... tu as toutes les cartes en main, il suffit juste de bien jouer, et tu l'as déjà fait une fois alors tu peux le refaire. Tu sais très bien comment faire, il suffit que tu te décides » Chris n'en revenait pas et se demandait ce qui prenait à Erwan. Il ne voyait pas sa vie si nul et appréciait énormément de l'avoir à ces côtés. "Je sais pas ce qui ne va pas! Je suis bien à la maison avec toi! Mon pick-up me convient très bien merci, j'ai pas envie de le changer! J'ai choisi de travailler à fond pour que tu ne retournes jamais là-bas Erwan! Il me faut un remontant pour tenir, mais je vais tenir, t'a pas à te tracasser!" Dit-il en soupirant. Oui, il y arriverait. Il avait traversé plus dur dans sa jeunesse, alors ce n'était pas de faire des films de cul et de jouer les gigolos qui allaient le casser. Non c'était juste le manque d'heure dans une journée. Il faudrait au moins des journées de 36h pour qu'il puisse se reposer correctement. Mais il devait faire avec, pour le bien d'Erwan.  
« J'ai écris un petit mot pour Elizabeth, et son bébé. Tu pourras la leur donner s'il te plait ? Je l'ai laissée sur la table du salon » Il entendit de sa petite voix un peu triste. Chris se demanda où voulait-il vraiment en venir? Pourquoi écrire une lettre à Elizabeth? Il pourrait très bien la lui donner aujourd'hui ou demain! Cela lui prit quelques minutes avant qu'il ne sente que quelque chose n'allait pas. " Tu es où là Erwan?" Demanda-t-il espérant qu'il lui réponde tout sauf la salle de bain. Il ne voulait pas que l'épisode du Birdcage se reproduise. Il réfléchit un moment et Erwan lui confirma finalement qu'il était bien ailleurs et plus exactement, dans son bureau. Finalement, Erwan n'allait pas si mal alors. Il venait d'avoir un coup de chaud pour rien. Il soupira alors et enchaîna " Tu peux aller voir Elizabeth si tu veux, je ne t'empêche pas de sortir tu sais, je veux juste que tu fasse attention à toi! Doit y avoir bien 60 dollar dans le tiroir de mon bureau, prend les pour payer le taxi! Mais promet moi que tu fera attention à toi Erwan! Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit!" Avoua-t-il alors tendrement. Oui, Erwan avait beau être son ami, il ne supporterait pas qu'il lui arrive quelque chose. Il tenait beaucoup à lui et avait envie de le protéger. Mais il devait bien avouer qu'Erwan était adulte et qu'il devrait peut-être arrêter de le couver comme un enfant. Peut-être que c'est pour cela qu'Erwan "n'en pouvait plus" . Il se mordit alors la lèvre et de sa main libre, se gratta l'arrière de la tête avant de soupirer. " Je sais... que je suis pas facile à vivre tu sais... Faut que tu me dise si des fois j'abuse, je me rend pas forcément compte tu sais mais depuis ce jour... dans... cette... Salle de bain... J'ai peur Erwan...." Dit-il en soupirant. Oui il avait peur. Peur de quoi? Il ne savait pas vraiment de quoi mais il sentait cette peur au plus profond de lui et en général, ce n'était pas pour rien.

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Il était tellement à bout qu'il avait du mal à ressentir quoique ce soit. Il avait mal, tout au fond, mais assis là avec l'arme dans une main et le téléphone dans l'autre, il était calme et avait l'impression de reposer sur un nuage de coton. Dépouillé de ses sens et anesthésié jusqu'au fond de son âme. Il n'y avait plus mille solutions. Soudainement, son avenir était restreint et incroyablement clair. Il n'y avait plus une multitude de possibilités, ce n'était plus une route qui se poursuivait au-delà de l'horizon en direction d'un lieu inconnu. Non, la route était très claire, et elle s'arrêtait bientôt. Si la fois précédente, il avait agi impulsivement, en lisant le prénom de Sawyer... s'il avait pris sa décision en réaction à la peur, cette fois-ci c'était bien différent. Il y avait réfléchi un moment, et tout faisait sens pour lui. Après les dernières semaines, il ne pouvait tout simplement plus imaginer continuer à vivre ici, et comme ça. Mais bien sûr, parler à Chris, lui dire au revoir, lui souhaiter une belle vie, tout ça lui faisait un petit pincement au coeur. Mais il savait qu'il fallait passer par là. Il voulait qu'après lui, Chris se reconstruise. Il allait disparaître de sa vie et le laisser recommencer à vivre celle-ci normalement. Chris avait tout perdu à cause de lui, pas seulement les choses matérielles, mais aussi une grande part de lui-même, de ce qui avait fait qu'Erwan s'était tant attaché à lui. "Je sais pas ce qui ne va pas! Je suis bien à la maison avec toi! Mon pick-up me convient très bien merci, j'ai pas envie de le changer! J'ai choisi de travailler à fond pour que tu ne retournes jamais là-bas Erwan! Il me faut un remontant pour tenir, mais je vais tenir, t'a pas à te tracasser!" Erwan ferma les yeux et soupira en même temps que lui, parce que rien que ce petit discours prouvait à quel point Chris était perdu. L'homme qu'Erwan avait connu n'existait pratiquement plus, et ça le peinait affreusement. Mais il ne pouvait pas perdre du temps à plaindre Chris, parce qu'ils étaient tous deux responsables. Erwan, il n'avait jamais demandé à être pris en charge de cette façon, il n'avait jamais voulu que Chris se détruise ainsi, et qu'il le détruise lui aussi par la même occasion. « J'en peux plus moi, j'en veux plus » il dit, sans élaborer. Quand Erwan reprit la parole quelques instants plus tard, c'était pour lui parler rapidement du mot qu'il avait laissé sur la table pour Elizabeth et l'enfant dont il aurait du être le parrain. Il espérait que Chris y penserait. "Tu es où là Erwan?" interrogea Chris, comme si la question était plus importante que ce qu'elle signifiait. « Dans ton bureau... » Il voulut poursuivre, mais la voix de Chris résonna à nouveau dans le téléphone. Erwan ne l'écoutait que d'une oreille, mais ne prêtait pas vraiment attention à ce qu'il disait. Trop occupé à regarder l'arme, à penser à ce qu'il allait faire. A essayer d'imaginer. Il n'avait jamais tiré avec ce genre d'arme. Il avait essayé la carabine, lors de fêtes foraines, mais jamais une arme de poing. "Tu peux aller voir Elizabeth si tu veux, je ne t'empêche pas de sortir tu sais, je veux juste que tu fasse attention à toi! Doit y avoir bien 60 dollar dans le tiroir de mon bureau, prend les pour payer le taxi! Mais promet moi que tu fera attention à toi Erwan! Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit!" il marqua une pause, puis reprit après peu de temps. "Je sais... que je suis pas facile à vivre tu sais... Faut que tu me dise si des fois j'abuse, je me rend pas forcément compte tu sais mais depuis ce jour... dans... cette... Salle de bain... J'ai peur Erwan...." Erwan ne calcula pas ce que disait Chris, il l'entendit, mais resta bloqué dans sa contemplation, et après s'être tu, il reprit là où il en était. « Je suis dans ton bureau, il y avait déjà un chargeur plein dans ton arme » il lâcha, simplement, mais si pour lui ce n'était rien, pour Chris, peut-être que cela venait de tomber comme une bombe. Erwan était terriblement calme. En paix, pour une première fois depuis très longtemps. « Ce sera mieux pour nous deux. Tu sais Chris, les tout premiers mois avec toi, j'étais bien, je veux que tu le saches, et je veux pas que tu penses que tu es la seule raison pour laquelle ça ne va plus. Mais il y a quelque chose qui ne marche pas, parce que si ça marchait, on serait pas dans cet état toi et moi, tu serais pas comme ça et ces dernières semaines ne seraient pas arrivées... » Il n'allait pas continuer à développer pendant mille ans, il n'allait pas entrer dans les détails de chaque chose qui n'était pas en place dans leur vie. Il y en avait bien trop. « Et c'est à cause de moi, en partie, parce que je suis pas censé être ici, alors je dois arrêter » il conclut. Sa place n'était pas chez Chris, elle n'était plus nulle part. A chaque fois, quelque chose finissait par partir de travers, il enchaînait les échecs, et la vie ne cessait de lui crier qu'il n'avait pas sa place ici. Il était temps qu'il commence à écouter ce message et à prendre en compte les signes envoyés par le destin.

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Un instant, en un éclair, il avait eu peur. Peur de cette journée où il avait entendu les cris. Peur du moment où il l'avait vu, l'a étendu dans une baignoire teinté de rouge. Peur de retrouver cette déchirure qu'il avait ressentie dans son cœur. Alors il lui demanda où il se trouvait dans la maison. Pour être certain qu'il n'était pas en train de recommencer. Il souffla de soulagement quand il lui annonça qu'il était dans son bureau. Le seul danger c'était sa drogue et Chris savait qu'Erwan n'y toucherait pas. Il n'appréciait pas du tout ce genre chose et l'avait dit à Chris. Mais il n'avait pas changé ses habitudes, loin de là. Il avait consommé toujours et encore plus. Mais avec les horaires qu'il faisait, il ne pouvait pas faire autrement. Il s'excusa alors a demi mot d'être un peu trop protecteur, lui disant qu'il pouvait aller voir son amie, qu'il n'avait pas besoin de lui écrire une lettre. Il lui avoua aussi qu'il était comme ça parce qu'il avait peur qu'Erwan refasse une bêtise. Voilà, il avouait tenir à lui et ne pas vouloir qu'il quitte cette planète. Certes ces journées étaient interminables, mais si c'était le prix à payer pour le garder près de lui alors il l'acceptait sans broncher. « Je suis dans ton bureau, il y avait déjà un chargeur plein dans ton arme »Il lâcha comme ça, déclenchant un cri étrangler de Chris.   Il vit alors l'image du jeune homme assis dans son grand fauteuil de bureau avec l'arme posé devant lui. Il vit la scène ensuite et imagina le sang partout et le corps tout frêle et inerte d'Erwan dans le fauteuil. S'il n'était pas assis, il serait tombé à la renverse. Il se sentit manquer un peu d'air et eu un peu de mal à reprendre son souffle. « Ce sera mieux pour nous deux. Tu sais Chris, les tout premiers mois avec toi, j'étais bien, je veux que tu le saches, et je veux pas que tu penses que tu es la seule raison pour laquelle ça ne va plus. Mais il y a quelque chose qui ne marche pas, parce que si ça marchait, on serait pas dans cet état toi et moi, tu serais pas comme ça et ces dernières semaines ne seraient pas arrivées... Et c'est à cause de moi, en partie, parce que je suis pas censé être ici, alors je dois arrêter » il conclut, glaçant le sang de Chris. Tous ces sens étaient à présent en éveil comme s'il avait pris un bon rail de cocaïne. Tout recommençait ,mais cette fois, Erwan l'appelait avant de faire quelque chose. "Je t'en pris... pas ça..." Il dit en soupirant tristement. Bon c'était très con il le savait mais c'était le seul truc qui était sortie pour le moment. Il serra son poing libre et frappa ou il était assis. Cela lui fit mal mais lui permis aussi de reprendre un  peu le contrôle de son esprit. "Je sais que c'est pas drôle, qu'on sort plus et rien mais c'est le temps que tombe sur un bon coup en bourse! Après ça ira mieux!" Il dit espérant que son ami soit compréhensif. Mais au fond de lui il savait que c'était faux. Tout cela sonnait creux et il admit qu'Erwan avait raison. Le birdcage demanderait toujours plus et à la fin Chris ne pourrait plus payer et se serait la fin. Il inspira alors profondément et finit par avouer : "Tu as raison... je sais que tu vas pas bien et que... je... enfin tu vois quoi... Mais tout peu changer tu sais! Il suffit que tu quittes cet endroit de merde!" Dit-il avec un microscopique espoir. " Quitte le birdcage et commençons une nouvelle vie! Qu'est-ce que tu en pense? "  dit-il en prenant la direction de la porte après avoir jeter la moitié du joint qu'il avait dans la main.