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 The simplest places always hold the darkest secrets. (ryker)

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(#)Sujet: The simplest places always hold the darkest secrets. (ryker)  |   Mer 5 Déc - 2:21



☾ THE SIMPLEST PLACES
ALWAYS HOLD THE
DARKEST SECRETS.

Ryker & Anteynara
☽ ☆ ☾
Ce ne fut qu'en sortant de sa douche, serviette nouée autour du corps et cheveux trempés, qu'elle remarqua que l'un de ses téléphones avait reçu un message. Pas n'importe quel téléphone. Celui que Ryker lui avait passé la dernière fois qu'ils s'étaient vus, et qui leur servait à échanger, avant de finir en pièces dans une poubelle après quelques utilisations. Elle saisit le burner phone et lut le message bref, fait de quelques mots. Quelques chiffres, à vrai dire. Une heure et rien de plus. 17h15. Elle savait ce que ça signifiait, alors non, elle n'avait pas besoin de plus de précisions, et Ryker le savait bien évidemment. Ce n'était que le milieu de l'après-midi. Elle répondit d'un simple ok, pour confirmer le rendez-vous. Elle s'habilla en vitesse, avant de quitter la salle de bain, cheveux encore humides, pour se rendre dans le salon. Elle avait un petit nombre de choses à faire et avec ce nouvel impératif, elle n'avait pas de temps à perdre. Ainsi, elle passa une heure à régler ce qu'elle avait à régler... Et quand ce fut l'heure de partir, elle mit une paire de baskets, prit une veste et son sac, et quitta sa villa au volant de sa voiture. Le rendez-vous avait lieu au même endroit que d'habitude, un petit appartement vide, dans un quartier banal du Nord de Miami. Elle se stationna sur l'immense parking du centre commercial qui se trouvait non loin de là, et passa acheter un paquet de chips, puisqu'elle avait un peu d'avance et un petit creux. Une fois cela fait, elle se rendit sans hésiter dans l'immeuble, agissant comme n'importe quel habitant de ce quartier. Elle avait cinq minutes d'avance. C'était raisonnable. Elle monta en empruntant les escaliers, évitant l'ascenseur à chaque fois, jusqu'au troisième étage et glissa la clé dans la serrure. Une fois à l'intérieur, Anteynara referma derrière elle et avança jusqu'au salon. Ryker n'était pas encore là. Il allait certainement arriver dans les trois minutes à venir. Jamais en retard. Rarement en avance. Elle se laissa tomber sur le canapé et allongea ses jambes pour les poses sur la table basse, tout en ouvrant le paquet de chips. Elle eut exactement le temps d'en manger deux avant d'entendre la clé tourner dans la serrure. Elle reconnut Ryker au bruit de ses pas. Ils s'étaient rencontrés ainsi trop de fois pour l'empêcher d'avoir mémorisé ce genre de choses. Quand il passa l'angle de la pièce et apparut dans son champ de vision, elle le fixa tout en croquant bruyamment dans une chips. Le moment d'éternisa un peu, jusqu'à ce qu'elle en finisse enfin avec ce qu'elle avait en bouche. « Salut » Ils se connaissaient depuis plus d'un an maintenant, et leurs échanges n'en étaient pas pour autant devenus moins étranges. Un silence. Elle tendit le paquet vers lui. « Chips ? » N'ayant jamais été très bavarde, elle profitait tant qu'elle le pouvait des occasions de raccourcir au maximum les phrases qu'elle prononçait. Son visage dénué d'expression restait tourné vers Ryker, alors qu'elle reprenait une chips.
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(#)Sujet: Re: The simplest places always hold the darkest secrets. (ryker)  |   Lun 14 Jan - 1:01


   
► 12 janvier 2019. Working all day with a brain on fire.
The simplest places always hold the darkest secrets.
Anteynara & Ryker
La porte de la voiture claqua sourdement. Ryker ajusta machinalement les manches de sa veste, en tâtonna les poches à la recherche d’un paquet de Craven A dont il tira une sans filtre sitôt qu’il l’eût trouvée. Il coinça la cigarette entre ses lèvres, fit claquer son zippo et inspira une longue bouffée de nicotine supposée lui mettre les idées en place. Doucement, il s'adossa à la portière, laissa échapper un long filet d'une fumée épaisse et blanche, profitant de l'instant pour balayer du regard la rue peu animée. Un rapide coup d’œil à son poignet lui indiqua qu’il avait tout intérêt à entrer s’il ne voulait pas manquer l’heure de rencontre. D’un geste sec, il rajusta la sangle de sa sacoche sur son épaule, attrapa le gobelet de café qui traînait sur le toit de la Lexus et s’engouffra dans le bâtiment.

Le trentenaire avait ce défaut insupportable d’être terriblement ponctuel, ce qui n’arrangeait que peu ses rares fréquentations qui, lorsqu’elles l’invitaient et se trouvaient à se battre contre la montre, auraient préféré la politesse conventionnelle du retard. S’il n’était que rarement en avance, il s’arrangeait pour être toujours présent à l’heure convenue, aussi grimpa-t-il les marches par deux jusqu’au troisième étage, de peur que les minutes ne le rattrapent.
Comme souvent, le couloir était désert, les voisins qui vivaient-là ayant pour la plupart un travail diurne qui les faisait finir après dix-huit heures. Ç’avait été un critère important lors de la sélection de l’appartement, tout autant que la localisation dans un quartier quelconque et le plancher grinçant pour s’assurer d’entendre arriver d’éventuels indiscrets. Il chemina lentement jusqu’à la porte d’entrée, tendant l’oreille en passant devant les autres habitations de l’étage pour espérer entendre quoi que ce soit d’intéressant. Mais rien, si ce ne fut une ou deux télévisions qui crachaient les conneries habituelles d’émissions abrutissantes.

Ryker, la clope au bec, se passa une main sur le visage avant de jouer de sa clé pour entrer. Il avait une mine épouvantable, le teint gris d’insomnie, des cernes et poches à faire pâlir Steve Buscemi, l’humeur changeante depuis le début de la journée. Il referma doucement la porte derrière lui, abandonna son trousseau où il l’avait trouvé et s’immobilisa, silencieux. De légers bruits lui indiquèrent que son rendez-vous l’avait devancé, et il ne se fit pas prier pour la rejoindre, n’aimant pas faire attendre une femme. D’autant que celle-ci avait la fâcheuse tendance d'arrondir ses fins de mois à grand renfort d'armes à feu.

L’officier traitant marmonna un salut peu engageant à l’attention d’Anteynara lorsqu’il la vit enfin, vaillamment occupée à terrasser un paquet de chips dont il ne donnait pas cher de la peau. Étrangement, ce spectacle lui tira un rien de sourire qu’il ravala dans une gorgée de café froid. Il se débarrassa de son sac sans prêter plus attention au regard pesant qu’elle lui servit, se défit de sa veste qu’il accrocha soigneusement au dos d’une chaise. L’accueil ne changeait pas de leurs habitudes ; se regarder en chiens de faïence était l’un de leurs sports favoris, et tous deux y brillaient, sans surprise.

« Chips ? »

Ryker considéra l’offre une fraction de secondes avant de refuser d’un signe de tête. Il ne faisait pas attention à sa ligne, loin de là. Avec son hygiène de vie particulièrement lamentable, embourbée de café et de cigarette au réveil, d’heures de sommeil pratiquement inexistantes et d’une malbouffe certaine principalement motivée par son incapacité à cuisiner un plat correct, surveiller les calories était le cadet de ses soucis. A bien y réfléchir, il n’avait que le sport pour racheter sa conduite déplorable ; un moindre mal qu’il endurait pour ne pas perdre le niveau qu’il avait lorsqu’il était encore sur le terrain.

Le brun planta ses yeux clairs dans ceux de la tueuse à gages, et le temps égraina quelques longues secondes avant qu’il ne se décide à retourner à la réalité. Il attrapa sa pochette, mit la main sur un dossier qu’il ouvrit avant de le faire tomber sur la table basse. Plusieurs rapports, documents importants et photographies composaient ce qui pouvait s’apparenter à une bonne nouvelle.

« Medved. Il a refait surface à Bratislava. »

Il ponctua sa phrase d’une nouvelle lampée de caféine, ne lâchant pas du regard Anteynara dont il attendait avec impatience la réaction. Si ce nom ne lui était pas inconnu, c’était uniquement parce que l’ordre qu’elle avait reçu de l’éliminer, à Prague, plusieurs mois auparavant, n’avait jamais abouti. Medved, un Ukrainien à la loyauté discutable, avait disparu des radars de l’Agence peu avant que la vidéo de torture de l’Américaine ne leur soit envoyée. Et puisque la CIA croyait aux coïncidences autant qu’aux miracles et aux vierges enceintes, nombreux contacts en Europe furent sommés d’ouvrir l’œil pour trouver le moindre signe du Slave.
L’enquête s’était longtemps mordue la queue, et le groupe géré par Ryker avait songé à baisser les bras sur cette piste quand un agent en Slovaquie leur avait rendu espoir.

Doucement, il se pencha en avant pour écarter les différents clichés de l’homme. Le premier datait de trois semaines, le dernier de quelques heures. Medved, bien que passé par un relooking discutable, gardait une ligne de mâchoire reconnaissable et l’hideux tatouage le long de la jugulaire qui lui valait d’être facilement identifiable.

« Il a réservé un aller-simple pour Moscou, départ le dix-neuf janvier, ce qui signifie qu’on a peu de temps pour l’intercepter avant qu’il n’aille se réfugier dans les jupons des Russes. »

   
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(#)Sujet: Re: The simplest places always hold the darkest secrets. (ryker)  |   Lun 14 Jan - 20:28



☾ THE SIMPLEST PLACES
ALWAYS HOLD THE
DARKEST SECRETS.

Ryker & Anteynara
☽ ☆ ☾
Bizarrement, elle aimait bien cet endroit. S'y était attachée. Pas au point de s'y sentir comme chez elle, car elle n'était pas du genre à baisser la garde aussi facilement, mais ses rendez-vous avec Ryker, dans cet appartement, étaient la plupart du temps accompagnés de bonnes nouvelles. Pour Anteynara, une bonne nouvelle pouvait signifier beaucoup de choses, et une simple petite avancée dans une affaire ou une autre était un grand pas en avant. Elle ne savait pas exactement pourquoi Ryker l'avait si gentiment conviée aujourd'hui, mais elle espérait fortement qu'il s'agissait de ce qu'ils nommaient désormais l'histoire de Prague. La fameuse histoire de Prague, celle qui obsédait légèrement Anteynara depuis son retour parmi les vivants. De toute façon, depuis son retour, ils s'étaient concentrés là-dessus, même s'ils avaient passé plus de la moitié du temps à creuser dans le vide. Ses recherches personnelles avaient presque été plus efficaces que celles conjointes à la CIA, et c'était légèrement inquiétant tout de même. On ne pouvait pas dire qu'elle soit elle-même allée bien loin, mais elle avait pu identifier et explorer quelques pistes. Si Ryker la contactait aujourd'hui au sujet de cette affaire-là, et qu'il avait quelque chose à lui donner, quelque chose de concret, ce serait une première. Elle était impatiente, mais ne laissa pas sa hâte se lire sur son visage, pas même lorsqu'il entra dans l'appartement. Tranquillement installée sur le canapé, pieds sur la table basse, elle bouffait ses chips, lui lançant un vague salut auquel il répondit avec encore moins d'entrain qu'elle. A croire qu'ils étaient faits pour se rencontrer. Presque polie à ses heures perdues, elle lui proposa de piquer dans son paquet, mais il refusa l'offre, sans même daigner ouvrir la bouffe. Elle haussa les épaules, et continua à se goinfrer. Ils passèrent les secondes suivantes à se regarder droit dans les yeux, comme deux animaux indécis, et enfin, Ryker sortit une pochette qui attira immédiatement la curiosité d'Anteynara. Une pochette, surtout remplie de documents et de paperasse, c'était forcément très intriguant. Et soit il avait un nouveau job pour elle (ce dont elle doutait fortement puisque quelques mois plus tôt, ils avaient eu une fuite assez énorme, et ce n'était toujours pas réglé...) ou alors, il avait là de nouvelles informations. Le clac du carton sur la table basse, et le temps qu'elle se redresse pour regarder de quoi il s'agissait. « Medved. Il a refait surface à Bratislava. » Simultanément, elle reconnaissait le visage sur les clichés. Le type n'avait certainement pas réfléchi avant de se faire encrer à vie une partie du corps aussi visible que le cou. C'était une idée assez stupide, surtout dans le milieu étrange et sauvage dans lequel ils évoluaient, autant lui, qu'Anteynara et Ryker, et tous les autres. Medved, c'était sa cible à Prague, là où tout ce bordel avait commencé, un type qu'elle avait étudié pendant des jours pour au final ne jamais finir par le rencontrer, ni mettre la main dessus. Sortie de son hôtel, et disparue au fond d'une caisse noire aux vitres teintées, avec une seringue dans le cou. Evidemment, elle rêvait depuis lors d'une confrontation avec ce type. Mais il s'était fait discret. Après tout ce temps, il semblait qu'il avait fini par laisser tomber sa garde. C'était tant mieux pour elle. Penchée au-dessus du dossier, paquet de chips totalement oublié, elle scruta chaque cliché. « Il a réservé un aller-simple pour Moscou, départ le dix-neuf janvier, ce qui signifie qu’on a peu de temps pour l’intercepter avant qu’il n’aille se réfugier dans les jupons des Russes. » L'avantage pour Anteynara, celui qu'offrait sa position, c'était que se réfugier dans les jupons de qui que ce soit était relativement impossible. Elle était indépendante, ne travaillait absolument pas pour le gouvernement américain, ni aucun autre gouvernement d'ailleurs. Elle était tout aussi bienvenue en Russie qu'ailleurs, y avait même quelques très bons clients. Mais évidemment, ce serait toujours plus confortable d'attraper Medved avant qu'il ne décolle de Slovaquie. « On part quand ? J'espère que t'as une place pour moi dans un des super jets privés de la CIA. Le mien est en réparation » elle lança, s'allumant une cigarette au passage. Son jet n'était pas du tout en réparation, mais elle préférait profiter des avantages qu'offraient (ou non) ses employeurs. Et puis, la dernière fois qu'elle était partie pour l'Europe de l'Est, elle avait perdu en cours de route la quasi-totalité de ses bagages, puisque ceux-ci étaient restés dans sa chambre d'hôtel pendant qu'elle-même se retrouvait embarquée pour l'aventure de sa vie. Cette fois-ci, c'était mieux si une majorité de choses restaient à Miami, en particulier son avion, merci. « J'ai hâte d'avoir une petite conversation avec lui, ça fait trop longtemps que j'attends ça. On sait ce qu'il a foutu pendant tout ce temps ? » elle demanda, se penchant sur les documents à nouveau, à la recherche de quelque chose d'à peu près utile. Elle inspectait l'arrière-plan et les détails des photos, mais rien n'avait l'air de dire quoi que ce soit.
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(#)Sujet: Re: The simplest places always hold the darkest secrets. (ryker)  |   Jeu 17 Jan - 2:57

   
Ryker inspira une longue bouffée de cancer des poumons, les sourcils froncés. De toutes les issues possibles, Medved échappant à la CIA en passant la frontière était celle qui l’enchantait le moins. L’Agence, si puissante qu’elle fût, n’avait que peu de pouvoirs sur le territoire russe ; et le trentenaire doutait grandement que des institutions supérieures se mettent en tête de compromettre les relations déjà bancales qu’entretenaient les États-Unis avec leur lointaine cousine pour une enquête qui n’aboutissait, jusqu’à présent, à rien. Il redoutait donc les bordures de la Mère Patrie au moins autant qu’il redoutait le pays en lui-même. Et il le conchiait purement et simplement, par principe.
Dieu savait qu’il l’avait pourtant aimée, gamin, cette Russie que lui décrivait sa mère dans sa langue natale, le cœur battant de nostalgie et d’émotion. Il s’était souvent pris à rêver de la beauté de ses paysages, de la simplicité de l’humilité de la vie qu’on y menait et dont Véta parlait encore, le regard brillant de toutes ces choses merveilleuses qui lui manquaient depuis qu’elle avait quitté son pays natal. Mais de cette Russie-là, douce et extraordinaire, il avait découvert un visage complexe et laid lors de ses déploiements ; il avait appris la menace, la violence mêlée d’ingéniosité, l’adversaire de taille qu’elle représentait. Les opérations clandestines avaient rasé ses souvenirs, terni à jamais le tableau créé dans son esprit d’enfant.

Perdu dans ses pensées, les bras croisés, le regard posé sur le dossier dont les feuilles glissaient une à une sous les doigts d’Anteynara, il tentait de se remémorer les dernières informations dont on lui avait fait part, mais les rapports des analystes tissaient une toile confuse dans son esprit embrumé d’une absence criante de sommeil. La nouvelle de la réapparition de l’Ukrainien sur leur radar l’avait tant occupé depuis quelques jours qu’il en avait oublié de fermer l’œil plus de deux heures par tranche de trente-six.

« On part quand ? »

Le trentenaire releva le nez vers son acolyte qui bouillonnait soudain d’une étrange agitation.

« J’espère que t’as une place pour moi dans un des super jets privés de la CIA. Le mien est en réparation. »

Et elle acheva sa phrase sur le claquement caractéristique de la molette d’un briquet sur sa pierre. Ryker haussa un sourcil, incapable de déterminer si elle plaisantait ou si elle s’attendait réellement à se voir offrir un luxe auquel lui-même n’avait jamais eu droit en six ans de service.

Qu’il avait la peau dure, le cliché de l’espion. Et qu’ils semblaient lointains, les plaisirs offerts à 007. Les vodkas martini, némésis en costume de tailleur et escarpins griffés, voitures de luxe à détruire dans une explosion hollywoodienne, gadgets ostentatoires, dernières montres sorties des ateliers d’Omega, et autres femmes irrésistibles à culbuter sous une douche brûlante, l’officier traitant les attendait toujours de pied ferme.

« J’ai conscience d’être attirant, lâcha-t-il dans un sourire moqueur, et je sais que la carrière à la CIA peut sembler très Bondesque, mais nous sommes loin d’être dans un film, et on ne voyagera pas même en première classe. Navré Princesse. »

S’il était bien une chose à laquelle il tenait en sa qualité de fantôme, c’était la discrétion abusive dont il faisait preuve dès lors qu’il quittait le sol américain. Aussi ne comptait-il pas sortir le grand jeu pour ce petit voyage improvisé en Europe, arriver en Slovaquie en fanfaronnant, au risque de se faire repérer en une fraction de seconde. Ce n’était pas tant les renseignements locaux qu’il craignait, conscient de leur cruel manque de moyens – et donc d’efficacité –, mais la possible présence du SVR, dont les racines, tentaculaires, crevaient le sol européen.

« J’ai hâte d’avoir une petite conversation avec lui, ça fait trop longtemps que j’attends ça. »

Ryker se raidit un instant, un vent d’appréhension lui soufflant dans la nuque. Il braqua ses prunelles glacées sur la jeune femme, décryptant comme il le put l’expression qui marquait son beau visage. Il redoutait son besoin de vengeance, quoiqu’il le comprît pleinement. La haine qu’elle ressentait était justifiée, en un sens ; l’un comme l’autre savait que Medved ne pouvait être innocent dans l’enlèvement dont elle avait fait les frais. Mais elle ne devait pas laisser ses émotions personnelles guider ses décisions professionnelles.
Anteynara valait mieux que cette rancune tenace qui risquait de la mener droit dans le mur si elle ne se réfrénait pas. Il l’appréciait, à sa manière. De la demi-douzaine d’agents recrutée aux États-Unis et en Europe, la brune était celui avec lequel il entretenait le plus de rapports. Outre l’absence notable de distance pour les rapprocher, elle avait un chien certain qu’il reconnaissait comme celui qu’il avait eu, un jour, dans une autre vie, en d’autres temps. Et malgré cela, il la sacrifierait si son tempérament compromettait l’opération. Une enquête d’une telle envergure avait plus d’importance que la vie d’une tueuse à gages.

« On sait ce qu’il a foutu pendant tout ce temps ?
- On y travaille, répondit-il en se détournant. »

Par on, il n’entendait pas uniquement son génie et son talent naturel pour découvrir les sombres secrets des uns ou des autres, il songeait avant tout à l’équipe d’analystes qu’il tenait sous sa coupe depuis quasiment deux ans et qui se relayait devant leurs écrans pour ne pas manquer une seconde des journées de leur cible, mais également des sources savamment placées autour de l’Ukrainien, et des ressources mises à disposition par l’ambassade sur place. L’équipe était plus alerte que jamais, rendant compte plusieurs fois par jour à l’ancien militaire qui se chargeait ensuite de transférer les informations pertinentes à son supérieur, Hawkins, qui supervisait l’ensemble de sa mission depuis qu’il l’avait gentiment invité à quitter la Division des Activités Spéciales.
En tout et pour tout, c’était une vingtaine de paires d’yeux continuellement mises à contribution pour surveiller les moindres faits et gestes de Medved. L’Européen, inconscient de cela, ne jouissait plus d’aucune liberté ou intimité, l’Agence pouvant dire avec exactitude le nombre de frites qu’il avait ingurgité au précédent repas ou de coups de reins qu’il avait donné à la dernière femme qu’il avait payée avant de s’effondrer sur son dos, essoufflé.  

Machinalement, il allongea la dernière bouffée de nicotine qu’il put tirer de sa cigarette, tâtonna ses poches à la recherche d’un petit cendrier métallique qu’il emportait toujours avec lui et y emprisonna le mégot jusqu’à l’heure où il faudrait brûler tout cela. Il fit quelques pas en direction de la cuisine, ouvrit le réfrigérateur, terriblement vide, et en sortit une bouteille de bière. Il en attrapa une seconde qu’il agita en direction de la jeune femme, grommelant légèrement pour toute interrogation.

Son attention fut retenue par la couche de poussière qui traînait sur le plan de travail. Il fronça les sourcils, posa sa blonde à côté de lui et observa un peu mieux les alentours. L’appartement s’embourbait lentement, sans grand étonnement.

« Tu penses qu’on devrait prendre une femme de ménage ? »

Il passa un doigt sur le meuble le plus proche, constatant avec dépit la couche grise qui recouvra aussitôt la pulpe de son index. Rapidement, il le frotta contre son pouce pour s’en débarrasser et clapa sa langue contre son palais.

« Ça devient nécessaire. »

Quelque peu maniaque, le trentenaire n’avait pas envie de consacrer son énergie et ses rares temps libres à l’entretien d’un appartement dans lequel il ne passait que quelques heures par semaine. Il perdait déjà suffisamment de temps à entretenir sa propre maison pour ne pas s’encombrer de l’état d’une planque.

Il revint sur ses pas, posa les deux bouteilles sur la table basse, s’installa dans le fauteuil faisant face au canapé et sauta du coq à l’âne :

« Le but étant de ne pas attirer l’attention des Slovaques, nous atterrirons à Vienne. Départ demain, treize quarante-sept. On rejoindra Bratislava dans une voiture louée. Pas de limousine, pas d’hôtel étoilé. J’ai arrangé un Airbnb à quelques pas de l’appartement dans lequel réside Medved à l’heure actuelle. »

Ryker s’étira pour atteindre sa sacoche. Il attrapa une enveloppe scellée qu’il glissa à l’attention de la brune.

« Ton identité le temps du voyage, et ton nouveau burner phone. Je vais avoir besoin de l’ancien, et de ton passeport. Et esquissant un sourire railleur, il ajouta : avant que tu ne me blâmes, sache que je n’ai pas choisi ton nouveau prénom. »

   
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(#)Sujet: Re: The simplest places always hold the darkest secrets. (ryker)  |   Ven 18 Jan - 19:24



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Ryker & Anteynara
☽ ☆ ☾
Evidemment qu'elle crevait d'impatience. Elle se doutait bien que le point final de cette histoire n'était pas Medved, qu'il n'était qu'une première étape. Mais depuis le temps qu'elle attendait que ce bordel avance, depuis le temps que ce type se planquait et que leur enquête ne menait à rien... C'était excitant d'enfin faire un pas en avant. Et puis, elle n'avait pas quitté le pays depuis presque un an maintenant. Elle avait bossé, certes, aux quatre coins des Etats-Unis, et une fois au Canada. Mais l'idée de sauter dans un avion pour aller foutre le bordel à l'autre bout du monde, ça l'enchantait grandement. C'était une des raisons pour lesquelles elle était dans ce business, pour elle il n'y avait pas de frontières, pas de limites, mais le danger de l'inconnu qui intervenait lors d'un job à l'étranger était ce qui la tenait toujours et encore dans ce métier. Quoi qu'on en dise, elle n'était pas faite pour une petite vie tranquille et sédentaire, faite d'habitudes et d'emplois du temps. Même si elle prenait un certain plaisir à jouer son rôle d'Anteynara Carlson dans les réceptions ultra-chics de Miami. C'était juste une autre aventure. « J’ai conscience d’être attirant, et je sais que la carrière à la CIA peut sembler très Bondesque, mais nous sommes loin d’être dans un film, et on ne voyagera pas même en première classe. Navré Princesse. » Il se foutait clairement de sa gueule, mais il avait tout de même tendance à être plutôt comique, de sa propre façon. Et Anteynara n'était pas le genre à éclater de rire, mais elle esquissa un sourire avant de soupirer. « Tristesse » lâcha-t-elle. Après quelques instants de silence, elle en revint au sujet principal de leur rendez-vous, et à peine eut-elle commenté celui-ci qu'elle vit du coin de l'oeil un changement minuscule chez Ryker. Elle leva le regard vers lui, haussant un sourcil interrogateur. Elle n'appréciait pas spécialement d'être jugée. Evidemment, elle ne lisait pas dans les pensées de Ryker, ne savait pas ce qui lui traversait l'esprit, mais elle savait que ça avait un lien avec elle, bien sûr. Elle faisait ce métier depuis longtemps, bien avant son arrivée à lui et à toute sa petite agence dans la vie d'Anteynara. Elle savait ce qu'elle faisait, et était assez grande pour gérer de façon efficace les divers obstacles qui se mettaient sur sa route. Elle décida de se concentrer sur Medved, c'était lui le problème, présentement. « On y travaille » Elle ne répondit pas, se contentant d'observer les documents. Elle faisait relativement confiance à Ryker, du moins, autant que raisonnable. Elle était plutôt certaine qu'il était honnête avec elle, qu'il ne lui cachait rien, et qu'il ne lui fournissait pas de fausses informations. Pour le reste, ce n'était pas la question pour le moment, mais ça risquait vite de le devenir s'ils embarquaient dans les jours à venir pour la Slovaquie. Vu la durée annoncée du vol, elle aurait tout le temps d'y penser pendant le voyage. Elle l'entendit grogner (elle avait remarqué avec le temps que c'était un de ses moyens d'expression favoris) et leva le regard vers lui, avant de hocher la tête en voyant la bouteille. Elle largua ses cendres dans le pot en céramique prévu à cet effet, n'ayant pas du tout la paranoïa de son collègue, et y écrasa sa cigarette qu'elle avait fumée à toute vitesse et jusqu'au filtre, comme à son habitude. « Tu penses qu’on devrait prendre une femme de ménage ? » Elle fronça les sourcils. « Ça devient nécessaire. » Ryker avait quelques manies (obsessions) qui arrivaient encore à la surprendre, même après plus d'un an. Personnellement, la propreté de cet appartement, et il ne s'agissait que de poussière puisqu'ils n'y vivaient pas, elle s'en fichait complètement. « Si tu veux » répondit-elle simplement. Elle n'habitait pas ici, et de toute façon, l'appartement tout entier était moche, ça ne donnait pas spécialement envie d'y faire le ménage. Heureusement, le canapé était confortable, et c'était tout ce qui comptait pour elle. Si Ryker avait envie d'engager quelqu'un, il n'avait qu'à s'en charger lui. « Le but étant de ne pas attirer l’attention des Slovaques, nous atterrirons à Vienne. Départ demain, treize quarante-sept. On rejoindra Bratislava dans une voiture louée. Pas de limousine, pas d’hôtel étoilé. J’ai arrangé un Airbnb à quelques pas de l’appartement dans lequel réside Medved à l’heure actuelle. » il expliqua après être revenu vers elle. Anteynara l'écouta attentivement, hochant la tête pour signifier qu'elle avait compris et que tout lui semblait convenable. Il lui glissa ensuite une enveloppe. « Ton identité le temps du voyage, et ton nouveau burner phone. Je vais avoir besoin de l’ancien, et de ton passeport. » Elle fourra sa main dans son sac pour en sortir les deux objets demandés, avant de prendre l'enveloppe et de l'ouvrir. « Avant que tu ne me blâmes, sache que je n’ai pas choisi ton nouveau prénom. » C'était terrifiant. Elle leva les yeux vers lui, avec appréhension, tout en sortant de l'enveloppe les papiers qu'elle contenait. La CIA avait la réputation d'être une des meilleures agences de renseignements du monde, malheureusement, Antey enchaînait déceptions et désillusions depuis qu'elle avait commencé à entretenir quelques relations avec ces gens-là. Outre la question du jet privé dont elle ne bénéficierait pas, il y avait tout un tas de détails qui la confortaient dans sa décision de rester avant tout indépendante. « Jane Johnson ? » elle lut, grimaçant, ayant même du mal à y croire. « C'est gênant. On passera même pas la frontière avec ça. Ca fait film de série B au temps de la Guerre Froide. Tu m'as prévu des lunettes de soleil et un imper' pour aller avec ? » Elle ne pouvait pas retenir son sarcasme, vexée de constater ce choix d'alias, et se demandant qui était payé pour fournir des identités aussi ridicules. Elle allait être cramée avant même de mettre les pieds sur le territoire slovaque. Elle soupira, se laissant tomber dans le fond du canapé. « Bon, si par miracle on se fait pas repérer à la minute où on atterrit, c'est quoi la suite des évènements ? Faudrait pouvoir l'emmener dans un coin tranquille où on pourra l'interroger sans que ça attire l'attention. Je connais pas vraiment Bratislava » fit-elle en sortant une seconde cigarette. L'excitation d'un job était chose fréquente chez elle, et c'était plutôt bon signe. Ca restait contenu, un souffle léger, mais ça lui donnait subitement l'envie de fumer sans s'arrêter, de ne plus dormir, et éveillait en elle une sorte de concentration qu'elle n'avait pas forcément le reste du temps. C'était une énergie toute particulière. « Vous devez bien avoir une vieille planque dans la campagne environnante, ou un truc du genre » Voyager avec un otage n'était pas quelque chose qui se faisait beaucoup. C'était imprudent et compliqué. Elle imaginait mal leur petit duo quitter la Slovaquie avec Medved dans le coffre. Il allait falloir régler toute cette affaire sur le sol slovaque.
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(#)Sujet: Re: The simplest places always hold the darkest secrets. (ryker)  |   Lun 21 Jan - 20:52

   
L’officier traitant n’avait pas besoin d’assister à l’ouverture de l’enveloppe pour connaître la réaction d’Anteynara ; il se figurait parfaitement ses traits se tordre, ses sourcils se froncer de dépit, un bref rire jaune étirer la commissure gauche de ses lèvres. Elle avait souvent cette expression-là lorsqu’il s’agissait de décisions prises par l’Agence – expression qu’il tentait lui-même de masquer. Sa prise de poste au bureau s’était plus d’une fois accompagnée de rictus mauvais, de bile ravalée et de crises tuées dans l’œuf ; il mettait autant d’eau dans son vin que possible, se persuadant que la calvitie ne lui irait pas et qu’il valait mieux laisser couler plutôt que de s’arracher les cheveux. Mais Dieu savait que les envies de meurtre ne manquaient pas face à l’inefficience de certains employés, qu’ils soient sous ses ordres directs ou appartenant à d’autres services.

Ryker étouffa un rire muet, tant amusé que désabusé, dans une gorgée de bière à l’annonce de l’identité fictive qu’on avait flanquée à la brune. Rien n’aurait pu mieux convenir à sa personnalité que la platitude d’un nom comme celui-ci.
Les années faisant, il avait fini par s’habituer aux alias ridicules que les génies de la CIA prenaient un malin plaisir à créer de toutes pièces pour les personnes qu’on envoyait sur le terrain. Du temps de Charcoal, ses compagnons d’infortune et lui s’étaient vus renommés des pires manières possibles. Pour cette fois, on lui avait collé une identité bien américaine, aux antipodes de celles à consonance russe qui lui étaient assignées depuis deux ans chaque fois qu’il posait le pied en Europe de l’Est, sous prétexte qu’il avait l’accent de l’emploi.

« C’est gênant. On passera même pas la frontière avec ça.
- Je te pensais moins fataliste, Jane. »

Il appuya ce dernier mot comme on retournait un couteau dans une plaie. Il s’attendait à ce qu’elle lui rétorque qu’elle était plus réaliste qu’autre chose, ou qu’elle le congratule d’un majeur bien tendu. Il ne l’aurait pas démérité.

« Ca fait film de série B au temps de la Guerre Froide. Tu m'as prévu des lunettes de soleil et un imper' pour aller avec ? »
- Ne me tente pas. »

Si elle y tenait, Ryker pouvait même lui fournir la perruque type carré-court et frange, de quoi lui hérisser les poils une bonne fois pour toutes, et sans doute lui faire rompre son contrat, par la même occasion. Il ne donnait pas cher de sa peau s’il tentait la blague.

Le trentenaire se pencha un instant sur le téléphone qu’Anteynara lui avait remis. Par réflexe, il inspecta la liste d’appels et la messagerie, consulta le carnet d’adresses pour s’assurer qu’aucun numéro de téléphone n’avait été ajouté au sien, seul et unique contact devant s’y trouver. Mais rien. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle soit suffisamment stupide pour s’être servie du burner phone à des fins personnelles, et encore moins pour avoir laissé des traces de son mauvais usage ; certaines habitudes avaient simplement la peau dure. Du reste, il chargerait des spécialistes de juger l’utilisation adéquate de l’appareil avant de le détruire.
D’un tour de main, Ryker éteignit le cellulaire et le fit disparaître dans sa sacoche où il fut bien vite rejoint par le passeport de la jeune femme.

« Bon, si par miracle on se fait pas repérer à la minute où on atterrit, c'est quoi la suite des évènements ? Faudrait pouvoir l'emmener dans un coin tranquille où on pourra l'interroger sans que ça attire l'attention. »

Ryker hocha la tête, entendu. Ils ne pouvaient pas rester dans l’appartement de l’Ukrainien pour l’interroger, de peur d’être surpris par quelque indiscret venu lui rendre visite ou un voisin idiot et suicidaire s’inquiétant du bruit. Plus on éloignait une cible de ses lieux de fréquentation, moins les chances de se faire prendre étaient importantes. Et, si le risque zéro n’existait pas, sortir des sentiers battus avait au moins l’avantage de compliquer l’affaire des éventuelles personnes qui se mettait à sa recherche. En l’occurrence, une armée de Russkoffs, probablement désappointés par la disparition d’un de leurs agents.

« Je connais pas vraiment Bratislava. Elle marqua une courte pause rythmée par le crépitement de feuilles de tabac qui brûlaient. Vous devez bien avoir une vieille planque dans la campagne environnante, ou un truc du genre. »

Son regard se posa sur la cigarette qui se consumait à une vitesse ahurissante. Lui qui avait déjà un pied dans la tombe avec sa sale manie d’enchaîner les Craven A comme il respirait s’était trouvé une adversaire qualifiée. Si ce n’était pas son partenariat avec lui qui tuait Anteynara, ce serait très certainement un cancer.

Il n’avait pas réellement prévu de lui exposer le plan, persuadé qu’elle se porterait mieux si elle en savait moins. Son expérience lui avait plus d’une fois confirmé qu’il valait mieux reporter au dernier moment le temps des explications, ne serait-ce que pour empêcher les informations de fuiter. Mais Ryker, qui accordait à la brune une confiance étonnamment au-dessus de sa moyenne habituelle – c’était dire à peine plus que rien –, s’était résolu à une transparence en demi-teinte durant leurs enquêtes.

Il clappa sa langue contre son palais et s’avança très légèrement dans son fauteuil pour accéder plus facilement aux documents posés sur la table basse. Il écarta quelques feuilles pour isoler une carte qu’il plaça au centre. La ville de Bratislava s’étalait sous leurs yeux, crevée de haut en bas par le Danube. Du bout du doigt, il désigna un endroit situé sur la rive droite du fleuve, au sud-ouest : le quartier de Petržalka, où se trouvait leur logement.

« On laissera la voiture dans un parking non loin de notre appartement, on y passera quelques heures le temps de s’installer et de prendre connaissance de la localisation de Medved. Puis, il remonta son index sur la carte, Vrakuňa. Pas vraiment un coin touristique. L’avantage de ce genre de quartier, c’est que les résidents haïssent les autorités au point de tirer à vue. On y retrouvera quelqu’un qui nous fournira tout ce dont on a besoin : armes, renseignements, voiture avec fausses plaques … Le type en question est notre génie de la lampe. »

La douce odeur de fumée dégagée par la cigarette d’Anteynara créa un désir mimétique que Ryker se hâta d’assouvir en attrapant son paquet de sans filtre. Il fit claquer son zippo et emplit, satisfait, ses poumons de goudron et autres additifs.

« On quittera la ville une fois la cible appréhendée. On a un bâtiment à une trentaine de minutes à l’est, un endroit à l’écart, peu fréquenté. J’ai bon espoir qu’il neige suffisamment pour couvrir rapidement les traces que notre véhicule aura laissées. On devrait y être tranquille. »

Trouver le lieu idéal n’avait pas été une partie de plaisir. Les dernières planques occupées par l’ambassade et allouées aux diverses organisations américaines qui le souhaitaient avaient souffert ces dernières années de l’incursion des renseignements généraux locaux ou d’autres pays. Celles restantes étaient occupées ou impossibles à utiliser en ce moment. Il avait fallu se tourner vers d’autres options, enquêter, perdre un temps précieux, pour finalement composer une liste de sites idéaux. Déjà bien court, le catalogue fut taillé plus encore par l’œil critique de l’ancien de la branche clandestine qui avait trop de fois mené des interrogatoires comme celui qui les attendait pour laisser passer le moindre détail.

« Le plus dur va être d’embarquer Medved. »

En théorie, l’enlèvement d’une personne n’avait rien de compliqué. En pratique, l’opération se relevait bien plus difficile dans une capitale européenne, d’autant qu’ils ne seraient que deux, Ryker n’ayant pas jugé bon de faire intervenir une escouade de la Division des Activités Spéciales. Il aurait pu charger des hommes de terrain de la besogne, laisser les basses-œuvres à d’autres, ne jamais rien dire à Anteynara, récupérer les informations dont il avait besoin et enterrer l’affaire en même temps que la cible. Mais il avait tenu à se charger du cas lui-même, et une heure de longues et épuisantes négociations avaient fini par avoir raison d’Hawkins, qui avait autorisé la présence de Carlson à ses côtés. Il espérait que la vision de la brune crée chez l’Ukrainien une certaine réaction.

   
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(#)Sujet: Re: The simplest places always hold the darkest secrets. (ryker)  |   Ven 25 Jan - 13:15



☾ THE SIMPLEST PLACES
ALWAYS HOLD THE
DARKEST SECRETS.

Ryker & Anteynara
☽ ☆ ☾
« Je te pensais moins fataliste, Jane. » Elle le fusilla du regard. Tout simplement. C'était une habitude chez Anteynara, et elle maîtrisait plutôt bien cet art. Elle avait purement conscience que sa vie ressemblait à un film un peu douteux, mais c'était là le coup de grâce. Et fataliste, non pas du tout. Il fallait voir la réalité en face, et si celle-ci s'annonçait plutôt morbide, ce n'était pas de la faute d'Anteynara. Alors oui, au fond, peut-êre qu'elle était un peu fataliste. Il ne s'agissait que de clairvoyance, tout le monde meurt un jour, et dans son domaine professionnel, ce jour a tendance à arriver tôt. Ryker devait parfaitement être au courant de cela, et c'était absolument inutile de le lui préciser. Elle continua à insulter le choix de pseudonyme, en peignant un portrait peu glorieux de ce que pourrait être Jane Johnson en costume. « Ne me tente pas. » Elle savait qu'il n'était pas idiot, que ce n'était que des piques et que jamais il ne ferait intervenir leurs conneries sur une mission, risquant de mettre celle-ci en péril. Cependant, elle ne le connaissait pas si bien que ça, et elle était certaine que malgré tout le temps qu'ils avaient passé ensemble, elle avait encore beaucoup de choses à découvrir sur lui. Peut-être que derrière tout ça se cachait quelqu'un d'un peu plus... drôle. Qu'il serait capable de la faire chier avec Jane Johnson et le costume années 70 d'une façon inattendue. Du coin de l'oeil, elle le vit trifouiller avec le téléphone qu'elle venait de lui rendre. Elle commenta son geste d'un eyeroll typique de la jeune femme, continuant d'inspecter vaguement les documents et prise d'une envie de s'allumer une nouvelle cigarette alors que leur aventure à venir se dessiner dans sa tête. Un soupir en se laissant tomber au fond du canapé, puis elle revint aux choses importantes, lui demandant quelques détails sur le déroulé de leur mission en Europe, tout en fumant sa nouvelle clope. Visiblement, c'était difficile de faire parler Ryker, dans le sens très littéral de la chose. Il lui fallut environ deux siècles et demi pour se pencher sur les documents, en isoler une carte, désigner un point de la ville, et prendre la parole. Heureusement qu'ils n'étaient pas pressés. « On laissera la voiture dans un parking non loin de notre appartement, on y passera quelques heures le temps de s’installer et de prendre connaissance de la localisation de Medved. Puis, Vrakuňa. Pas vraiment un coin touristique. L’avantage de ce genre de quartier, c’est que les résidents haïssent les autorités au point de tirer à vue. On y retrouvera quelqu’un qui nous fournira tout ce dont on a besoin : armes, renseignements, voiture avec fausses plaques … Le type en question est notre génie de la lampe. » Elle se tut, le temps de suivre les explications qui lui paraissaient plutôt sensées. Anteynara n'était pas vraiment faite pour suivre les ordres de quelqu'un d'autre et obéir aux instructions sans broncher. Elle n'était pas un soldat, loin de là. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir un avis sur tout et de faire savoir à son ou ses partenaires ce qu'elle pensait de leurs idées. Pour le coup, elle trouvait que tout se tenait, et les mois passés avec Ryker lui avaient appris qu'il savait ce qu'il faisait. Il était professionnel, prudent juste comme il le fallait et prêt à prendre les risques nécessaires. Elle hocha la tête. S'il y avait un point négatif résultant des voyages en avion, c'était l'impossibilité d'emmener son propre matériel. Anteynara, jusqu'à l'arrivée de Ryker dans sa vie professionnelle, avait pratiquement toujours pu faire en sorte d'emporter au moins son arme favorite dont elle ne se séparait que rarement. Pour le coup, le Beretta resterait sagement au repos au domicile d'Antey. « On quittera la ville une fois la cible appréhendée. On a un bâtiment à une trentaine de minutes à l’est, un endroit à l’écart, peu fréquenté. J’ai bon espoir qu’il neige suffisamment pour couvrir rapidement les traces que notre véhicule aura laissées. On devrait y être tranquille. » Faire confiance à la météo n'était pas l'idée du siècle, mais pourquoi pas. Si ce n'était que ça. Tout le reste faisait sens. C'était bien typique de la CIA d'avoir des planques aux quatre coins de la planète, et tout spécialement en Europe de l'Est. Anteynara avait vu juste en supposant qu'ils pourraient s'installer dans l'une d'elles. « Le plus dur va être d’embarquer Medved. » Elle haussa les épaules. Elle avait bien réussi à se faire embarquer en plein centre de Prague et à ne pas être retrouvée par la suite, à tel point qu'elle finit par se tirer de sa situation toute seule, par ses propres moyens, deux mois plus tard. « J'pourrais l'attirer quelque part. Des toilettes par exemple. Il passe les deux tiers de ses soirées dans des bars un peu douteux. Souvent seul. » elle précisa. Elle avait étudié le cas Medved un an plus tôt, et même si les gens changeaient parfois leurs habitudes pour plus de prudence, elle était pratiquement certaine que celle-ci restait la même. Un type comme lui aimait trop boire, et regarder passer les femmes qu'il ne pourrait jamais approcher avant d'aller en payer d'autres pour combler le vide. « Faudra vérifier sur place. Mais clairement, le mec s'empêche pas de sortir et de vivre sa vie. S'il a eu conscience à un moment durant ces derniers mois qu'il était pisté, il est clairement passé à autre chose. Je pense pas qu'il fasse spécialement attention, et je parie même qu'il passe le plus clair de son temps dans ce bar-là » fit-elle en désignant la photo de leur cible, installée à un bar avec une pinte devant lui, accompagné d'une femme, plutôt dans le genre pour une nuit que pour la vie. « Ceci-dit, le fait qu'il refasse surface comme ça après des mois de silence, c'est un peu suspect. Faudra être prudent. Au cas où ça cacherait quelque chose » elle nuança finalement, en écrasant sa cigarette dans le cendrier, la légère marque de son rouge à lèvre colorant le mégot.
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(#)Sujet: Re: The simplest places always hold the darkest secrets. (ryker)  |   Mer 30 Jan - 11:33

   
Cette réaction, il l’appréhendait pourtant. Ryker craignait qu’il ne la reconnaisse pas, que leur escapade ne mène à rien de concret, qu’ils se retrouvent une nouvelle fois au pied du mur, tant sur le cas de la disparition d’Anteynara que sur l’affaire qu’il portait depuis quasiment deux ans. L’enlèvement de la jeune femme à Prague et son transport jusque sur le sol états-unien était l’une des seules pistes concrètes restantes. Il avait épuisé les autres comme il s’était épuisé lui-même : lentement, douloureusement, essuyant échecs sur échecs. Et plus les mois passaient, plus il constatait que la mission qu’on lui avait donnée en échange d’une obéissance aveugle et d’une promesse de promotion future n’aboutissait à rien. Sa patience s’effritait lentement, et Medved ne voyant chez Carlson qu’un visage inconnu risquait de l’achever une bonne fois pour toutes. Mais s’il la reconnaissait … Il redoutait que les traits de la brune lui soient familiers pour tout ce que cela signifiait de terrible.

Le trentenaire se passa une main à l’arrière du crâne en se réinstallant confortablement au fond de son fauteuil. Il troqua sa cigarette contre une lampée de bière alors qu’Anteynara exposait un plan simple, mais pouvant s’avérer terriblement efficace.

« J'pourrais l'attirer quelque part. Des toilettes par exemple. Il passe les deux tiers de ses soirées dans des bars un peu douteux. Souvent seul. »

Ryker opina du chef. Le seul hic qu’il voyait là résidait dans le fait qu’il ne pouvait prendre le risque que l’Ukrainien voit le visage de l’Américaine sans qu’il ne soit présent pour observer sa réaction. Ce serpent avec son tatouage douteux pourrait bien prétendre ne pas la connaître une fois le choc des retrouvailles passé. En revanche - et c’était là tout l’intérêt des dires de son acolyte - elle marquait un point sur le souci d’alcoolisme de leur homme. Les bars fermaient rarement après trois heures du matin dans cette ville, et la clientèle qui restait habituellement jusqu’à ce qu’on la jette dehors était souvent dans un état d’ébriété bien trop avancé pour faire plus de cinq pas dans la même direction sans changer au moins dix fois de cap. Anteynara connaissait suffisamment l’homme pour pouvoir attester de l’état de son foie sans avoir à lui palper l’abdomen. Elle le savait soiffard, peu regardant sur la qualité des spiritueux qu’il avalait comme une éponge, légèrement violent, et incapable de s’attirer les grâces d’une femme sans avoir besoin de la payer.

« Faudra vérifier sur place. Mais clairement, le mec s'empêche pas de sortir et de vivre sa vie. S'il a eu conscience à un moment durant ces derniers mois qu'il était pisté, il est clairement passé à autre chose. Je pense pas qu'il fasse spécialement attention, et je parie même qu'il passe le plus clair de son temps dans ce bar-là. »

L’officier traitant se redressa très légèrement pour observer la photographie qu’on lui indiquait. Il attrapa le cliché pour mieux l’observer, détailla avec attention l’attitude des modèles et leur environnement avant de le reposer et d’identifier sur la carte de la ville l’endroit où il avait été pris.
Ils avaient un lieu présumé, ne restait plus qu’à déterminer si le quartier permettait réellement un enlèvement sans que des yeux indiscrets n’aillent crier au scandale, tant dans les oreilles des autorités locales que dans celles de l’organisation dont dépendait l’Ukrainien.

« Ceci-dit, le fait qu'il refasse surface comme ça après des mois de silence, c'est un peu suspect. Faudra être prudent. Au cas où ça cacherait quelque chose.
- J’ai mis toutes les ressources possibles sur ce type, on devrait bientôt avoir une réponse sur ses occupations des dix derniers mois, ça nous aidera déjà. »

Medved avait dû être informé de l’arrivée de la brune à Prague, d’une manière ou d’une autre. Il avait disparu les radars quelques heures après que Carlson ait été kidnappée, et peu de temps avant que la CIA ne reçoive la fameuse vidéo supposée mettre en scène la mort de leur agent. Ryker s’usait les dents depuis à essayer de savoir qui avait vendu la mèche et pourquoi. Pourquoi sauvegarder un homme tel que lui ? Prendre le risque de le planquer, lui faire passer les frontières alors que les yeux de l’Agence étaient braqués sur chaque foutue délimitation territoriale d’Europe de l’Est ?

« Les gars dans son genre ne quittent pas le monde des vivants de cette manière pour finalement reprendre le cours de leur vie aussi simplement. Il a quelque chose à faire à Bratislava, quelque chose d’important pour devoir fuir le territoire rapidement et se rendre en Russie. »

Il n’était pas autorisé à lui confier le lien qu’avait la cible avec son affaire. Il ne pouvait non plus lui expliquer les tenants et aboutissants de ce dossier long et laborieux qui concernait la Mère Patrie. Anteynara ne faisait pas réellement partie de son équipe, elle n’était qu’une interlocutrice externe, qu’un pion, qu’un agent payé pour exécuter des contrats sans poser de questions. Ryker, pourtant, ne pouvait s’empêcher de songer que son avis sur la situation globale pourrait grandement aider. Il chassa cette pensée traître de son esprit en vidant sa bouteille d’une traite, la reposa sur la table dans un claquement discret de verre et consulta sa montre.

« Je dois y aller. »

On l’attendait au bureau, et il avait intérêt à se hâter s’il ne souhaitait pas arriver en retard à la réunion qu’il avait lui-même arrangée pour débattre avec son équipe et ses supérieurs des derniers points concernant la mission. Ryker sauta sur ses pieds, tapota le cul de sa Craven A pour abandonner les cendres dans le pot sur la table, la coinça entre ses lippes et ramassa ses affaires, laissant somme toute à la jeune femme le dossier qu’elle avait sous les yeux. Dans un tour de main, il enfila sa veste, en ajusta machinalement le col et les manches pour paraître impeccable, attrapa sa sacoche et se pressa vers la sortie. Il s’immobilisa subitement à deux pas de l’entrée, revint lentement sur ses pas et, passant le nez et le bras dans l’encadrement de la pièce à vivre, désigna le tas de feuilles qui traînait sur la table basse.

« Ne laisse pas traîner ça, maugréa-t-il, la cigarette en bouche. »

Il rebroussa chemin, un sourire satisfait aux lèvres, conscient que sa taquinerie agacerait Anteynara. Il tendit l’oreille avant de sortir et s’éclipsa en refermant doucement la porte.

   
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