TIMOTHY &
HELENA

Au son d’une musique traditionnelle de noël, Charlotte et moi étions entrain de préparer les biscuits de noël dans la cuisine. Elle s’était mise de la farine sur le visage et avait tachée son t-shirt avec des coquilles d’œufs. Noël avait toujours été une période qui agréable dans ma vie. Même si au début cela avait été difficile de ne pas être entourée d’une famille, j’avais très vite mis en place des traditions avec ma fille. Nous n’étions que toutes les deux mais nous n’étions pas plus malheureuses Cette année c’était différent. J’avais convié Timothy à notre table le 24 au soir. Nous ajoutions un nouveau membre à notre table mais aussi à notre famille.
 
J’avais annoncé à Charlotte que Timothy était son père, la semaine avant. J’avais eu un peu peur de sa réaction, je ne savais pas comment elle allait réagir. J’avais alors préparé différents discours pour l’apaiser en fonction de ce qu’elle me dirait, mais je ne m’étais pas attendu à ce que Charlotte ne dise rien. Enfin, elle n’avait pas rien dit. Elle avait dit « D’accord. » comme si je lui avais demandé de rangé sa chambre ou de finir de manger son assiette. Depuis je guettais des signes de changement chez elle, attendant qu’elle souhaite parler de ce nouveau père qui rentrait dans sa vie, mais rien. Elle n’en parlait pas et quand j’abordais le sujet, elle s’échappait avec finesse. Je n’arrivais pas à comprendre ce que ma fille ressentait et c’était assez perturbant. Charlotte avait eu l’air d’apprécier que Timothy se joigne à nous pour les fêtes, car depuis qu’elle savait que le jeune homme allait venir, ma fille mettait un point d’honneur à rendre parfait ce jour. Je me disais que c’était peut-être un signe positif, le signe qu’elle souhaitait l’accueillir dans sa vie. « Maman, maman. » Une petite main, pleine de pâte, se posa sur mon pantalon noir, y laissant une belle trace. Je sortis de mes pensées et posa mon regard sur la fillette qui réclamait mon attention. « On peut mettre au four. » J’acquiesça de la tête en prenant le plateau où les petits biscuits sablés avait été posés. On avait fait du beau boulot. La cuisine était un vrai bazar mais au moins on aurait de quoi se remplir le cœur et l’estomac. « Charlotte, tu vas aller te doucher pendant que je range et puis après on se préparera pour le diner. » Ma fille acquiesça en descendant de son petit marchepied et se dirigea à toute vitesse dans la salle de bain. Je mis un peu d’ordre dans la cuisine, avant d’aller moi-même dans la salle de bain attenante à ma chambre. Ma fille me rejoignit peu de temps après, prête à être pomponner. Je l’aidai à s’habiller d’un joli pantalon noir et d’une chemise rouge achetés pour l’occasion puis la coiffa et puis se fut à mon tour. Petite robe rouge toute simple et une tresse dans les cheveux. Une pointe de maquillage et voilà que j’étais prête. Je regardai l’heure sur mon portable. Timothy n’allait pas tarder à arriver. On termina les derniers préparatifs, remis à chauffée la dinde déjà précuite et arrangea la table du salon dressée pour l’occasion.
 
La sonnette de la porte d’entrée annonça l’arrivée de notre invité. Charlotte se précipita pour ouvrir la porte, manquante de tomber dans l’entrée en se prenant les pieds dans le tapis. Au moins, elle était heureuse de voir Timothy arriver. La porte s’ouvrit et je vis le père de ma fille, élégamment vêtu, un bonnet de père noël sur la tête. Je laissai Charlotte et Timothy s’accueillirent, un peu en retrait. « Avec maman on fait des biscuits ! Sent, ça sent bon hein ? » dit la blondinette à son père, fière de ce qu’elle avait exécuté plus tôt. C’est vrai que bien que la dinde soit dans le four à présent, l’odeur de la cannelle restait dans l’air. Je m’approchai du jeune homme pour lui faire la bise. « Tu es très beau avec ce bonnet. Je t’en prie entre. » Comme Charlotte croyait encore au fameux père noël, je m’étais arrangé avec Timothy, quelques jours plus tôt, pour récupérer les cadeaux afin qu’il n’arrive pas avec dans les mains et qu’ils apparaissent sous le sapin après minuit. Je savais qu’un jour je devrais lui dire que ce personnage n’était que fiction, mais pour le moment je ne pouvais pas m’y résoudre. J’aimais tant la voir s’émerveiller devant la magie féérique de noël. « J’espère que tu n’es pas végétarien, je te l’ai même pas demandé mais en mettant la dinde j’ai eu comme un doute. » Je regardai le jeune homme avec un léger sourire. J’espérais que si ça avait été le cas, il me l’aurait dit afin de prévoir un repas dont il ne se sentirait pas exclu. Je pris sa veste que j’accrocha sur le porte-manteau de l’entrée avant de le faire venir dans le salon. « Viens voir, Tim. » Charlotte prit la main de son père et l’emmena dans la cuisine pour lui montrer les biscuits qui trônaient sur le plan de travail. La fillette en chipa un qu’elle lui donna. « Goûte ! » lui ordonna-t-elle. « Charlotte ! Demande-lui s’il en veut un d’abord. Il a peut-être pas envie de manger un gâteau tout de suite. » Ma fille regarda le jeune homme avec de petits yeux attendrissants et je ne pu m’empêcher de sourire devant sa bouille. Timothy joua le jeu et porta le gâteau à sa bouche. Je le regardai tout comme ma fille qui attendait son verdict. « Alors ? Aussi bon que les cookies ? »
 

TIMOTHY &
HELENA

Le réveillon était arrivé bien vite, trop vite à mon goût. C’était la première fois que je redoutais autant noël. C’était pourtant une fête que j’appréciais fortement. Seulement voilà, cette année je n’allais pas le passer avec ma mère, mon frère et mes grands-parents. Non, j’allais le passer avec ma fille. Je n’en revenais toujours pas de dire ça. Cela me semblait toujours aussi étranger quand je le disais ! J’avais déjà rencontré Charlotte, un peu plus tôt dans le mois, mais à ce moment-là, elle ne savait pas qui j’étais. Aujourd’hui, c’était différent, elle savait qui j’étais. Helena lui en avait parlé une semaine plus tôt. D’après ce que m’avait expliqué la jeune femme, Charlotte n’avait pas vraiment eu de réaction. Elle n’avait pas semblé être déçue, mais elle n’avait pas non plus éclaté de joie. Du coup, autant dire que j’étais stressé au plus au point. Je me posais tout un tas de questions. Elle ne m’accepterait peut-être pas… et si ça arrivait, je ne pouvais même pas lui en vouloir !

Charlotte, bien qu’âgée de 8 ans, croyait toujours au père-Noël. J’avais donc déposé les cadeaux chez Helena quelques jours plus tôt. Venant en moto, cela aurait été impossible de tout porter ! C’était probablement le dernier Noël où Charlotte allait croire au vieux bonhomme rouge et j’étais heureux de pouvoir partager ça avec elle. J’espérais seulement que tout se passe bien et que la situation ne soit pas trop bizarre. Pour l’occasion, je m’étais un peu mieux habillé. Les tee-shirts et les baskets étaient restés au placard et avaient fait place à une tenue un peu plus convenable. J’avais tout de même opté pour une touche de fantaisie en mettant un bonnet de Noël.

Arrivant devant la maison d’Helena, le stress était encore monté d’un cran. Une nouvelle fois, toutes les questions que j’avais pu me poser repasser en boucle dans mon esprit ! J’avais dû rester 5 bonnes minutes devant la porte sans oser sonner, en me disant même que je pouvais toujours m’enfuir et prétexter être malade ! Mais non, je ne devais pas être lâche. Il fallait que j’assume ! Cela ne serait pas facile, certes, mais ça irait mieux par la suite. La pression retomba d’un cran lorsque je fus accueilli par Charlotte tout naturellement, comme si je la connaissais depuis longtemps. Je souris lorsqu’elle me parla de l’odeur des gâteaux. « Oui, tu as raison. Ca sent même très bon ! » Je saluai ensuite Helena qui portait une belle robe rouge qui lui allait très bien. « Je voulais éviter le déguisement de reine ! » souriais-je. Depuis ma dernière visite, la maison avait pris une tout autre décoration. Des guirlandes, des bougies, … ornaient la maison. C’était vraiment très jolie. Bien plus joli que chez moi où le sapin était déjà en train de dépérir. Je l’achetais toujours trop tôt ! « Oh non, je suis loin d’être végétarien, ne t’inquiète pas. » J’étais loin d’être difficile en ce qui concernait la nourriture. « Tiens, j’ai apporté la bûche. J’ai pris aux trois chocolats, en espérant vous aimiez ça. » En général, on se trompait peu en prenant du chocolat, mais il y avait toujours des exceptions !

Charlotte m’attrapa alors la main et me tira vers la cuisine. Elle voulait que je goûte les petits biscuits qu’elle avait préparé pour l’occasion. « Hum très réussi Charlotte ! » souriais-je avant que Helena ne me demande une comparaison avec ses cookies. « Bien meilleurs que tes cookies, bien évidemment. » dis-je pour ravir Charlotte qui apparemment était très fière ! « Alors, qu’as-tu commandé au Père Nöel ? » demandais-je à Charlotte. Je connaissais bien évidemment les jouets qu’elle avait commandé au père noël. J’avais demandé à Helena sa liste. Je ne voulais pas faire d’impair pour son premier noël et j’étais plutôt branché « jouets garçons », avec mon frère c’était essentiel ! Du coup les barbies, les poupons, les ateliers bracelets ou tout autre activité plutôt fille, ce n’était pas mon truc. Bon dit comme ça, c’était très stéréotypé ! En plus de cela Charlotte avait commandé des jouets en tout genre !  

 

TIMOTHY &
HELENA

J’étais plutôt contente que Timothy ait accepté mon invitation à passer Noël avec nous cette année. Je trouvais cela aussi important dans un sens d’avoir sa présence à nos côtés étant donné le lien qui l’unissait à Charlotte. Il avait loupé tant d’années dans la vie de sa fille que j’étais d’avis de penser que le moindre moment était à chérir. Charlotte l’avait accueilli avec beaucoup d’enthousiasme et cela me rassurait car je ne savais pas trop ce qu’elle pensait de la révélation que je lui avais faite au sujet de Timothy. D’ailleurs, elle n’avait pas mis le mot ‘papa’ sur sa personne lorsqu’il était arrivé. Était-ce le signe qu’elle avait du mal à accepter cette nouvelle situation ou bien juste par manque d’habitude ? J’en avais aucune idée, mais je ne voulais pas me prendre la tête avec cela ce soir. Je pris la bûche de noël que le jeune homme avait apporté en le remerciant tandis qu’il goûtait les gâteaux de Charlotte. « Ils sont peut-être meilleurs, mais oublie pas qui lui a appris à cuisiner. » répliquai-je à Timothy avec un sourire. Et oui fallait pas oublier que j’étais quand même le maitre et ma fille l’élève. Un jour, sans doute, me surpasserait-elle, mais en attendant je lui apprenais le peu de savoir que j’avais en pâtisserie et en cuisine de manière générale. « Je veux un livre sur les dinosaures, un nouveau vélo un de grand sans les petites roues. Maman m’a dit qu’elle allait m’apprendre. » Je souris l’entendant me rappeler ma promesse de l’initier au vélo à deux roues. « Une nouvelle boite à dessin aussi parce que j’ai plus beaucoup de feutres et de crayons de couleurs … » Je levais les yeux au ciel en regardant ma fille et l’interrompit. « Si tu cessais de laisser ouverts tes feutres ils tiendraient plus longtemps. Je t’ai dit que tant que tu ferais pas attention je t’en achèterais pas d’autre et je pense que le père noël serait d’accord avec moi. » Je lançai un regard complice à son père avec un léger sourire en coin. C’était une des choses que je lui avais conseiller de prendre malgré ce que je disais. Charlotte fit une mine renfrognée en grommelant que c’était pas de sa faute. Je passai une main dans les cheveux de ma fille avec tendresse. « Et toi Tim, tu as demandé quoi au père noël ? » On avait pas vraiment parlé de se faire de cadeaux, mais j’avais pensé qu’il méritait bien d’ouvrir un paquet sous l’arbre aussi. Le père noël ne passait pas seulement pour les enfants. J’ouvris le réfrigérateur et en sortis le jus de fruit pour la demoiselle et la bouteille de vin blanc pour les grands. D’un signe de tête je fis comprendre de passer dans le salon pour s’installer à table. La question me fut ensuite retournée. « Moi ? » répondis-je en haussant les épaules. « Un nouveau vélo pour pédaler avec Charlotte ? » Je souris en pensant aux balades que nous pourrions faire ensemble. « Tu pourrais nous accompagner à l’occasion si ça te dis ? Faire du vélo dans la forêt c’est vraiment cool. » Je regardai Timothy. Je ne savais pas si je n’en faisais pas trop parfois. Je voulais l’inclure dans la vie de sa fille mais est-ce que cela n’était pas excessif ? De toute manière il pouvait toujours refuser, mais quelque chose me disait qu’il n’était pas contre le fait de passer des moments avec notre fille. J’avança la chaise de ma fille vers la table avant de remplir les verres des différentes boissons. « J’ai pris du blanc, j’espère que ça te va ? » Je ne savais pas vraiment ce qu’il buvait à table. C’était un vin légèrement sucré qui était apprécié la plupart du temps, je ne prenais pas trop de risque, sauf s’il n’aimait pas le vin. Il aurait le droit au jus de fruit tandis que je descendrais la bouteille seule. « J’ai pas prévu d’apéro, je me suis dit qu’on aurait bien assez à manger. Je vais aller chercher le saumon et le foi gras, je reviens. » Je laissai tous les deux dans le salon pendant un instant avant de revenir avec les plats de toasts déjà faits. Certains avaient une drôle d’allure et étaient pas vraiment présentable mais c’était l’œuvre d’une fillette de huit ans … (  ). « Allez mangeons ! J’ai vu ça trainer sous mon nez toute l’après-midi, j’en peux plus d’attendre ! » Je me mis à rire en me servant d’un peu de tout. Charlotte n’aimait que le saumon, alors elle se servit avec gourmandise de cinq toasts.

TIMOTHY &
HELENA

Habituellement je passais Noël avec ma mère, mon frère et mes grands-parents, mais pas cette année. Cette année, ce programme avait été chamboulé par diverses raisons, notamment une qui se nommait Charlotte. C’était bizarre de me dire que nous allions passer notre premier Noël ensemble alors qu’elle avait déjà huit ans. J’étais stressé à l’idée de la rencontrer. Helena lui avait bien évidemment parlé de moi, mais ce n’était pas pour autant plus évident. J’avais peur de gaffer, qu’elle ne m’apprécie pas et tout un tas d’autres trucs !

Lorsque j’arriva chez Helena, je fus rapidement rassuré, du moins un petit peu. Charlotte m’accueilli avec de délicieux petits biscuits. «Ah…. ça veux dire qu’il y a de l’arsenic dedans ? » plaisantais-je dans un léger rire avant de demander à Charlotte ce qu’elle avait commander au père Noël. Elle m’énuméra tout un tas de jouets, dont pour certains, j’ignorais totalement leur existence. Ce qui m’étonna le plus ce fut le vélo sans « petites roues ». Je ne me souvenais pas exactement quand j’avais appris à faire du vélo sans petites roues, mais probablement à un âge beaucoup plus jeune que celui-ci. Bon, il faut aussi dire que mon père étant motard, il m’avait appris à tenir l’équilibre sur un deux roues. Bref, ce n’était pas le sujet et je supposais que tous les enfants étaient différents. Ils n’étaient pas tous prêts pour les mêmes apprentissages au même moment. En ce qui concernait les feutres, Charlotte avait de la chance, le père Noël allait satisfaire sa demande. D’ailleurs sur sa liste, il y avait peu de demandes qu’il ne satisferait pas !

« Oh moi ? Une nouvelle moto. Mais je ne pense pas avoir été assez sage pour ça
cette année ! C’est pas grave, je me contenterai de la version miniature ! » souriais-je. A vrai dire, j’avais vraiment pensé à m’offrir une nouvelle moto, mais avec l’arrivée de Charlotte dans ma vie, je me disais qu’il était probablement préférable de ne pas claquer tout mon fric. Puis ce n’était pas comme si, je n’avais aucun moyen de locomotion ! « Et toi alors ? » demandais-je en me tournant vers Helena. Je ne savais pas si elle aussi était du genre à faire le « noël des grands ». Pour ma part, c’était une tradition chez moi, même si j’étais loin d’être le meilleur pour trouver LE cadeau ! De toute façon, ce n’était pas le plus important ! Ce qui était le plus plaisant c’était l’attente. Essayer de deviner ce qui pouvait se trouver dans un paquet était mille fois plus excitant que d’avoir le cadeau qu’on voulait. Parce qu’étant adulte, si on veut vraiment un truc, on peut se l’acheter ! Helena avait donc « commandé » un vélo pour accompagner Charlotte. Elle me proposa d’ailleurs de les accompagner. J’avoue que cela me faisait plaisir qu’elle m’invite, mais je ne voulais pas non plus m’imposer. « Oh avec plaisir. Enfin si Charlotte est d’accord bien sûr… Tu es d’accord ? » demandais-je alors en me tournant vers la petite fille. Les enfants sont rarement contre ce genre d’idée et la petite fille acquiesça avec un grand sourire. « Encore faut-il que tu ais été assez sage pour que le père noël t’apporte ce cadeau ! » souriais-je avant qu’elle ne prenne la parole. « Bien sûr que j’ai été sage ! Jamais de bêtise ! Bon sauf quand j’ai essayé de démarrer la voiture de maman… » avoua t-elle « Mais c’étais y LONGTEMPS ! Le père Noël a dû oublier ! » Dans son regard, je vis qu’elle espérait vraiment que le père Noël ait oublié ce petit détail. « Je suis sûr qu’il aura oublié. » souriais-je.

C’est alors que nous nous installâmes à la table joliment dressée par Helena. « Ca me va, ne t’en fait pas. » Vu le début du repas, il était clair que je ne repartirai pas avec la faim au ventre ! « Oulah, mais je vais rouler à la caserne moi demain ! » plaisantais-je avant de prendre un toast. J’avais intérêt à bien digérer, mais je supposais que d’ici 16h demain, ça sera le cas. En tout cas, il valait mieux pour moi !

TIMOTHY &
HELENA

On discuta tour à tour de nos souhaits de cadeaux de noël, avec plus ou moins d’espérance dans nos demandes. Charlotte allait sans doute être celle qui allait être le plus exaucée, quand à Timothy et moi … nous étions assez adultes pour savoir que le père noël devait faire avec les aléas financiers de son compte en banque. Je proposais au jeune homme de se joindre à nous un des ces jours prochains lors d’une balade en vélo. Ça pourrait être sympa. Il parut hésiter un moment, demandant l’accord de sa fille qui acquiesça. « Liam est le bienvenu aussi. » ajoutai-je. Le feeling était bien passé entre les deux enfants, et même si leurs âges se rapprochaient, ils avaient eux aussi un lien familial à présent. Charlotte confia une petite bêtise qu’elle avait fait il y a quelques temps avec ma voiture. Je ne me pu m’empêcher de rire même si sur le coup j’avais eu une assez grosse frayeur quand même en entendant le moteur s’allumer. Timothy rassura la fillette en lui disant que le vieux bonhomme à la barbe blanche avait sans doute oublier. Je lançai le diner en disant qu’il était temps de se servir. « Tellement tu vas être remplis ? » demandai-je à sa blague. « Si tu veux pas diner, te forces pas ça en fera plus pour nous. » Je me mis à rire en prenant mon verre de vin dans la main pour trinquer. Charlotte avait l’habitude de se petit rituel quand on mangeait ensemble à table. On aimait bien faire tinter nos verres en prenant une résolution ou en honneur à quelque chose qui s’était bien passé. « Il n’y a rien de plus important que des fêtes en famille, alors joyeuses fêtes à tous les deux. » J’avais employé le mot famille, et je sous-entendait que j’incluais bien évidemment Timothy, parce que malgré tout on en était une. Même si on avait pas le modèle conventionnel, ni une histoire très classique, on été une famille. En construction certes, mais une famille. Je bu une gorgée de mon verre de vin alors que Charlotte se décida à poser une question à Timothy. « C’est vrai que t’es mon papa ? » Je regardai le jeune homme qui semblait un peu décontenancé par la question. Au moins, notre fille ne passait par mille chemins pour avoir des réponses. Pas comme nous les adultes où on essayait de ne pas heurter la sensibilité des autres. J’avais réussi à passer outre les questions de comment on fait des bébés et j’espérais que Charlotte ne demande pas plus détails à ce sujet à Timothy. « Tu vas venir habiter avec nous ? » Je me passai une main dans les cheveux en regardant son père avec un sourire en coin. « Non, Charlotte. Timothy a sa maison. » répondis-je pour sauver un peu le jeune homme de cet interrogatoire que lui faisais passer ma fille. « Pourquoi ? Vous êtes divorcés ? Ma copine Mackenzie ses parents sont divorcés, sa maman a déménagé dans une autre maison. Maintenant elle a deux maisons. Je vais habiter chez toi Timothy ? » Mon cœur tressaillit dans ma poitrine et je le sentis s’accélérer quelque peu. J’avais envie de lâcher un non catégorique en guise de réponse mais je savais que je ne pouvais pas. Ce serait déplacé et on n’en avait jamais parlé avec son père. J’avais toujours évité d’aborder ce sujet, préférant me dire qu’il pensait que Charlotte était mieux avec moi et que des visites ponctuelles de sa part était un bon compromis. Je pris mon verre de vin et le descendit d’une traite en laissant le jeune homme répondre. « Je vais aller voir la dinde. » dis-je en me levant précipitamment pas trop à l’aise. J’avais pas envie que ma fille me voit affectée par cette situation. Je pouvais pas lui donner l’impression que je ne gérais pas, je ne voulais pas lui créer de l’angoisse pour rien. Ça devait pas être facile pour elle et il fallait que je fasse en sorte que ce ne soit pas plus difficile. J’ouvris la porte du four pour arroser la dinde afin qu’elle ne soit pas trop sèche. Je pris une énorme respiration et attendis quelques minutes avant de revenir dans le salon. « La dinde n’a pas brûlée tout va bien ! » lancai-je à la plaisanterie.

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A tour de rôle, on évoqua nos souhaits pour nos cadeaux de noël. C’est à partir de là qu’Helena me proposa de me joindre à elles pour des balades à vélo. Aussi bizarre que cela puisse paraitre, cette idée me plaisait bien, seulement je ne voulais pas m’imposer et je voulais aussi que Charlotte soit d’accord. Après tout, c’était pour elle tout ça. « Oh Liam et les deux roues, c’est tout un art ! » riais-je. Il n’avait jamais réussi à faire du vélo. Plus jeune, j’avais pourtant essayé de lui enseigne, mais il n’était pas assez patient. Il abandonné dès la première difficulté. Je m’étais donc résigné à abandonner à mon tour.

Le repas semblait très copieux et je plaisantai en expliquant que j’allais rouler. « Oui. L’art de prendre 5kg en une soirée ! » riais-je. Pour ça aussi, j’exagérai un petit peu… Puis comme on dit : « Mange que tu ne sais pas qui te mangera demain ! ». « Oh mais je ne me force pas, je suis un gros mangeur. Bon okay, ça se voit pas. » riais-je. Helena trinqua et ses mots résonnaient dans mon esprit « Famille », on avait rien d’une famille. La seule famille qu’avait pour l’instant Charlotte, c’était sa mère Helena. Moi, j’arrivai là, comme un cheveu sur la soupe. Du coup le mot ne me semblait pas vraiment adapté. Peut-être qu’un jour, il aurait vraiment du sens. Du moins, plus que ce soir. Bien sûr, je ne dis rien à ce propos. C’était mon simple ressenti. « Bonnes fêtes à vous aussi. » souriais-je en levant mon verre à mon tour.

Je cru alors m’étouffer avec ma gorgée de vin blanc. Je n’étais pas doué pour les conversations du moins, pas ce genre et pas quand j’étais concerné. Il n’y avait pas de filtres chez les enfants et Charlotte avait apparemment beaucoup de questions. Je ne pouvais pas lui en vouloir, c’était normal. Elle venait de posait un visage sur le mot « papa » alors oui, elle se questionnait. « Oui, c’est vrai. » dis-je simplement alors qu’elle continuait dans ses questions. Heureusement, Helena vint à mon secours, du moins jusqu’à la question suivante qui, je le vis, la bouleversa. « C’est plus compliqué que ça. » dis-je simplement alors qu’Helena prit la fuite, prétextant aller voir la dinde. J’allais devoir me débrouiller seul sur ce coup là. « Ta maman et moi, on a été amoureux, il y a longtemps, mais aujourd’hui, c’est différent. Tu vivras toujours chez ta maman, mais tu pourras venir me voir quand tu le voudras. » expliquais-je. Je ne comptais pas enlever Charlotte à sa mère et j’espérai qu’Helena n’est pas de doute là-dessus. M’occuper d’un enfant à plein temps était impossible à caler avec mon boulot. J’alternais les jours et les nuits et étais souvent rappelé.

Lorsque Helena revint avec la dinde, elle paraissait un petit peu mieux. Il faudrait que je lui en parle après le repas. Je ne voulais pas qu’elle s’inquiète alors qu’il n’y avait pas lieu de l’être. « Bon tant mieux, ça aurait été bête de gâcher ça ! » souriais-je alors qu’elle posait le plat sur la table. Charlotte fit le service qui lui tenait tant à cœur. On continua donc à manger dans une ambiance agréable et surprenante. Je ne m’attendais pas à ce que cela se passe aussi bien dès le début. Le reste du repas se déroula dans la même ambiance et Charlotte partit s’amuser un peu dans sa chambre avant d’aller dormir. « En tout cas, merci pour l’invitation. Ca m’a vraiment fait plaisir. » souriais-je avant de reprendre « La fac est devenue généreuse avec les logements. Quand j’y étais, j’avais droit à un 15m2 et je devais m’estimer heureux. » riais-je légèrement. Pour le coup c’est vrai qu’elle habitait dans un lieu super agréable. Elle était étudiante, alors je supposais que c’était grâce à ses études qu’elle pouvait vivre ici. Même avec un petit boulot à côté, je n’imaginais pas qu’on puisse se payer ça tous les mois. « Au fait… pour tout à l’heure. Je compte pas te l’enlever. Rassure-toi. »

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L’intervention de Charlotte alors qu’on commençait notre diner de noël me dit, honnêtement, assez mal à l’aise. J’avais abordé le sujet, la mettant au courant de son lien de parenté avec Timothy, mais les questions avaient été quasi-inexistantes. Mais en présence de son père Charlotte semblait vouloir obtenir des réponses à certaines de ses interrogations. Et quand elle demanda si elle allait vivre chez son père s’en fut un peu trop pour moi. Je quittai le salon l’air de rien, laissant ma fille à Timothy. Je revins quelques minutes plus tard avec la dinde et les petits légumes que j’avais cuisiné dans la journée. Le sujet semblait avoir été clôturer. Je souris au jeune homme. Je me sentais un peu coupable d’avoir filé dans la cuisine. J’aidais ma fille à nous servir comme une grande disait-elle. « Je vais pas dire que ce que j’ai fait va être excellent, mais tu pourras sans doute évaluer mes progrès en cuisine depuis notre adolescence. Sur ce, bon appétit tout le monde ! » Timothy m’avait dit que j’avais été une piètre cuisinière plus jeune. Je ne m’en souvenais pas mais c’est ce dont il m’avait parlé quand on faisait connaissances. Le repas se déroula sans plus aborder la discussion un peu malaisante du moment. Ce n’était pas facile d’avoir à gérer cela, tant pour moi que pour Tim. C’était difficile de savoir comment bien s’y prendre avec notre fille à propos de tout ça. Pour une fois, la seule fois de l’année sans doute, Charlotte alla se coucher sans trop protester. Elle savait bien que plus vite elle dormirait, plus vite le temps des cadeaux arriverait.
 
Une fois entre adultes, une nouvelle bouteille de vin blanc ouverte sur la table, Timothy me remercia pour le diner. Je le regardai avec un sourire. Je sentais la sincérité dans ses paroles et j’étais contente que tout se soit bien passé. « C’était normal je trouve. Tu as ta place à cette table maintenant. » Je bu une gorgée de mon verre de vin que je tenais entre mes mains alors que le jeune homme faisait une remarque concernant notre logement. Je ne pouvais pas lui dire réellement comment je faisais pour avoir une telle maison. Et je savais que si je ne relevais pas cela pourrait attiser des doutes chez Tim. « C’est pas un logement de fac. Je reçois une bourse de mon ancienne fac de Londres pour faire mes études ici. J’ai aussi réussi à trouver une aide financière grâce à mon statut de maman célibataire. C’est pour aider à la reprise d’étude et à la réinsertion. Et puis j’avais mis des sous de côtés en partant d’Angleterre… » répondis-je le plus naturellement possible. J’arrivais presque à me convaincre de la source de mes revenus. Je ne lui avais pas parlé de ma vie à Londres alors il ne pouvait pas savoir qu’en faite mes économies reposaient sur la vente de mes atouts dans un salon de massage. « J’ai eu de la chance de trouver cette maison, le propriétaire a dû me prendre un peu en pitié quand je lui ai expliqué ma situation : jeune maman, célibataire, se démène pour décrocher un diplôme. Il a dû se dire qu’il devait faire une bonne action et baisser son loyer. » Je me mis à rire. Cette histoire n’était pas fausse contrairement à mon histoire de bourse. J’avais réellement négocié le prix du loyer en me disant que si un jour je perdais mon train de vie actuel, je pourrais toujours garder la maison. Et cela avait marché ! Je me repris une part de tarte – industrielle pour le coup – et en mangea une bouchée avec gourmandise. Timothy revint sur le sujet évoqué par ma fille un peu plus tôt dans la soirée. Le visage impassible je l’écouta me dire qu’il n’avait pas l’intention de me prendre Charlotte. « Tu aurais le droit de réclamer sa garde … » dis-je en fuyant son regard. Je ne pouvais lui refuser de vouloir faire sa vie avec sa fille. « Elle est toute ma vie. Elle a toujours été là depuis mon accident et si je devais me retrouver séparée d’elle … je crois que je ne le supporterais pas. » Ma gorge se serra légèrement. Je savais qu’un jour ou l’autre je devrais me détacher d’elle, la laisser s’envoler et vivre sa vie, mais pas du haut de ses huit ans. Je comptais bien attendre encore au moins une dizaine d’années voir plus. « Je veux pas que tu te sentes exclu de la vie de Charlotte. Je veux que tu t’investisses comment tu le veux, alors n’hésite pas à me dire les choses concernant votre relation. Je veux que ça se passe bien entre vous deux. » Je regardai le jeune homme et lui offris un petit sourire. « Je suis contente que ce soit toi son père et pas un pauvre type, égocentrique et irresponsable. » J’étais vraiment sincère en lui disant cela. J’avais longtemps eu la crainte qu’un jour le père de ma fille ne se pointe et que je me retrouve à devoir gérer un mec insupportable et qui ne penserait qu’au profit qu’il pourrait tirer de sa paternité. Heureusement j’étais tombé sur un chouette gars qui semblait prendre à cœur le bien être de Charlotte et c’était rassurant. « Du vin ? De la tarte ? Les deux ? » proposai-je au jeune homme avant de reprendre sur une autre conversation. « Qu’est-ce qui s’est passé avec ta mère ? Est-ce que c’est à cause de Charlotte que vous êtes en froids ? » Il avait évoqué quelques tensions avec sa mère et que c’était pour cette raison qu’il pouvait se libérer pour faire noël avec nous. Sa mère était la grand-mère de ma fille et je savais que prochainement il me faudrait l’inclure elle aussi à sa vie.
 

TIMOTHY &
HELENA

On ne peut pas dire que j’étais vraiment à l’aise avec les questions de Charlotte. Je savais quoi lui répondre oui, mais c’était la façon de le formuler qui était plus difficile. Je ne voulais pas faire d’impair mais avec ce genre de question, c’était plutôt compliqué. Pour Helena, l’une des questions fut plus difficile à gérer. Elle partie d’ailleurs se réfugier dans la cuisine. Charlotte n’y fit pas attention et c’était surement mieux.

Helena revint quelques minutes après avec la fameuse dinde. « En même temps vu ton niveau de départ, c’est pas compliqué de faire mieux ! » la taquinais-je avant que Charlotte ne décide de prendre le service en main. Je pris alors une bouchée avant de dire « Je confirme, bien meilleur ! » souriais-je. La suite du repas se déroula dans la même ambiance et c’était agréable. J’apprenais à cerner la personnalité de Charlotte et elle semblait être une petite fille très agréable et pleine de ressources !

Rapidement après le repas, Charlotte alla se coucher. Elle allait néanmoins, sûrement mettre un long moment avant de s’endormir. Je supposais que, comme tous les enfants, elle s’efforcerait de se tenir éveillée le plus longtemps possible pour entendre le père noël arriver. D’ailleurs ce dernier avait de quoi reprendre des forces ici ; la petite fille lui avait laissé du lait et des gâteaux.

Une fois seuls, j’en profiter pour remercier Helena de son invitation. Elle aurait très bien pu m’éviter, prétextant que c’était trop tôt. Cependant elle ne l’avait pas fait et mes remerciements étaient sincères. Pour une étudiante, Helena bénéficiait d’un super logement. Je supposais que le statut de « maman célibataire » aidait grandement, mais je n’aurais pas imaginé à ce point. Elle m’expliqua alors qu’elle cumulait deux bourses ou je ne sais trop quoi. « Ils sont généreux quand même. Je suis même pas sûr qu’avec mon salaire actuel je puisse m’offrir une tel maison. Bon faut aussi dire que je l'utilise à d’autre utilité » Enfin « utilité » était un grand mot car je l’utilisais plus pour assouvir mes passions. Pas très raisonnable en réalité. « Tant mieux pour le coup ! » souriais-je alors qu’elle m’expliquait que le propriétaire avait baisser le loyer quand elle lui avait expliquer la situation. Comme quoi, tous les propriétaires ne sont pas des cons.

Je voulais à présent mettre les choses au clair avec Helena. Je ne voulais pas qu’elle pense que j’allais lui enlever Charlotte. C’était loin d’être mon but ! De toute façon, j’étais loin d’être prêt à passer plusieurs jours en compagnie exclusive de Charlotte. Cela mettrait sûrement du temps et même quand cela arriverait, jamais je ne me permettrais de demander la garde. « Je sais tout ça, je l’ai compris rapidement et c’est pout ça que je tiens à ce qu’on en parle. Elle restera avec toi, ne t’en fais pas. » dis-je dans un léger sourire alors qu’elle reprenait la parole. « Qui te dit que je ne suis pas égocentrique et irresponsable ? » demandais-je dans un léger rire. Bon égocentrique, il y avait peu de chance ! Irresponsable ? Il faut l’avouer, ça pouvait m’arriver parfois, mais en général, ça ne concernait que moi !

« hum, juste un verre. La tarte était bonne mais mon estomac ne peut plus rien accepter ! » riais-je légèrement. J’avais bien trop mangé pour ce soir. « Oui et non… » soupirais-je. Ah ma mère… ce que je pouvais lui en vouloir ! « Elle était au courant depuis le début… » dis-je simplement avant de reprendre. « Quand je lui ai parlé de Charlotte il y a une semaine, elle s’est effondrée et m’a tout avouée. Ta mère lui avait parlé de ta grossesse dès le début. Elle savait que si tu partais en France chez ta grand-mère c’était pour y accoucher en toute discrétion sans que personne ne le sache et surtout pas moi… A ton retour, Charlotte aurait été adoptée, moi je t’aurais détesté pour ton ignorance et ça se serait arrêté là. Elles avaient tout prévu… sauf l’accident… Et même après ça, tu crois pas que ma mère aurait pu m’en parler ?! Non, bien sûr que non ! Ca faisait même pas un an que mon père était mort, et elle s’est pas dit que tout m’avouer m’aiderait un peu ! Non, elle a préféré que je te déteste toi plutôt qu’elle. Putain d’égoïsme ! » lâchais-je toujours aussi énervé avant de boire mon verre.

 

TIMOTHY &
HELENA

Je ne m’attendais pas vraiment à ce que Timothy me questionne à propos de ma maison. C’est vrai que cela pouvait poser question de me voir habiter dans un si beau logement dans Miami alors que je n’avais pas de situation professionnelle. Du moins pas aux yeux du grand public. Pour tous le monde je fréquentais la fac et je tentais de décrochait mon diplôme sans grande source de revenus. J’espérais ne m’être pas trop mal sortie en lui disant que je cumulais différentes aides financières et que mon propriétaire avait baisser le prix du loyer. Je le sentais quand même à demi-convaincu mais c’était déjà ça. Il ne chercherait pas à en savoir plus. Le jeune homme se mit ensuite à me parler de la situation de garde que nous avions pour le moment avec Charlotte. Il me rassura sur le faite qu’il ne voulait pas me l’enlever et qu’il comprenait l’importance de ma fille dans ma vie. J’avais de la chance que mon ex soit un mec conciliant et gentil, j’appréciais qu’il comprenne que je ne veuille pas abandonner ma fille. « Tu as intérêt à ne pas l’être sinon je n’aurais plus confiance en toi. » répliquai-je alors qu’il me taquinait au sujet de lui-même. C’est vrai que j’avais confiance, même si je ne le connaissais pas plus que ça. Et je savais que je pouvais le laisser fréquenter Charlotte sans crainte. Je lui proposais du vin et de la tarte. Il accepta le premier mais refusa le second. Je me resservis également.
 
Je le questionnai sur sa mère. Timothy m’avait dit qu’il s’était un peu fâché tous les deux et qu’il m’expliquerait ce soir. J’étais curieuse mais également inquiète. Je ne voulais pas que ma fille soit un problème si c’était le cas. Ce que j’entendis me surpris. Sa mère était au courant de toute l’histoire et elle n’avait jamais dit la vérité à son fils. Il m’apprenait aussi des choses que je ne savais pas. Mes parents voulaient cachaient ma grossesse aux yeux de tous. Est-ce que j’avais été d’accord avec cela ? Je ne savais pas. « Je comprends ta colère, mais je comprends aussi pourquoi elle a t’as caché la vérité. Peut-être parce que je suis une maman moi aussi et que j’aurais sans doute fait la même chose. Elle a surement voulu te protéger, en pensant que c’était la meilleure des solutions. Avoir un enfant à 15 ans, je pense qu’aucun parent ne souhaite ça pour ses enfants. Et puis quand j’ai disparu, à quoi bon te dire la vérité ? J’étais morte et le secret de cette grossesse avec. Je pense qu’elle ne voulait pas te faire plus de mal et surement qu’elle savait que tu lui en voudrais de n’avoir rien fait et rien dit. » Je regardai le jeune homme qui m’écoutait. Je pouvais comprendre qu’il n’arrive pas à entendre ce que je voulais lui dire, mais je pense réellement que sa mère n’avait pas penser à lui faire du mal, bien au contraire. Elle avait voulu le protéger. « Tu avais le droit de savoir et ça je suis entièrement d’accord avec ça, mais ne soit pas trop dure avec elle, elle a agi par amour en pensant faire la meilleure chose possible pour toi. Tu sais c’est pas facile d’être parent, y a pas de manuel alors on y va à tâtons et on apprends de ses erreurs avant de faire mieux la fois suivante. » Je portai mon verre de vin à mes lèvres en souriant discrètement. Il le comprendrait certainement un jour ou l’autre ce que je lui disais là. S’il voulait s’impliquer dans la vie de Charlotte, il serait forcément confronté à des choix difficiles la concernant qui le questionnerait peut-être toute sa vie sur le faite d’avoir bien fait ou non. « Et moi dans tout ça ? Tu sais si j’étais d’accord avec tout ça ou bien si on m’a forcé la main ? » J’avais une part de responsabilité là-dedans moi aussi. J’aurais pu mettre au courant Timothy mais je ne l’avais pas fait ? Pourquoi ? Parce que je l’aimais tant que je ne voulais pas lui briser sa vie ? Au détriment de mettre notre histoire en péril ? Tant de questions et pas de réponses.
 
Je soupirais en m’accoudant sur le bord de la table. Je sentais mes joues rougir un peu sous l’effet du vin et ma tête tournait légèrement. J’avais beaucoup réfléchi sur ce que je voulais savoir de moi, de celle que j’étais dans le passé. Je m’étais dit que je n’avais pas besoin d’en connaitre plus. J’aimais la personne que j’étais et cette personne c’était construite sans son passé. Pourquoi changer cela ? Mais finalement je me rendais compte que j’avais de plus en plus besoin de savoir. « Ça te dérange de me raconter comment ça à commencé nous deux ? Qu’est-ce qui as fait qu’on s’est décidés à être plus que des amis ? » Je regardai le jeune homme. Ça avait semblait être une belle histoire d’amour nous deux malgré tout. Plus j’apprenais à connaitre Timothy, plus je me disais que je comprenais ce qui avait dû me plaire chez lui. Je l’écoutai et puis j’ajouta simplement. « Au moins il est resté quelque chose de beau entre nous. » Je croisai le regard du jeune homme et me laissant entrainer dans les profondeurs de ses yeux pendant quelques instants. Mon cœur se mit à s’emballer un peu dans ma poitrine et quelque chose de très furtif se passa en moi. Une sorte de pensée, ou plutôt une sensation lointaine comme si c’était lié à un souvenir. Oui en faite c’était ça, un souvenir. Je ressentis pendant un instant ce que j’avais sans doute ressentis plus d’une dizaine d’années auparavant. Du désir, de l’amour. La nostalgie d’un amour perdu me submergea. Je n’avais jamais aimé personne depuis mon accident, pas d’un amour profond comme j’avais l’impression d’avoir ressentis autrefois. « Je pense que je t’aimais beaucoup Timothy. » lâchai-je simplement et subitement. « Je peux t'embrasser ? » Je regardai le jeune homme un peu surpris. Moi même je l'étais un peu d'avoir dit cela mais j'avais envie de voir si cela pourrait réactiver quelque chose en moi ...

TIMOTHY &
HELENA

La conversation se porta quelques instants sur sa maison. Je n’avais jamais vu aucun étudiant pouvant se permettre une telle habitation. Elle avait fait des économies à Londres et son statut de mère célibataire était bien utile. Même si je continuais à trouver cela surprenant, je n’allais pas chercher plus loin. Je ne voyais pas pourquoi elle me mentirait à propos de ça.

Pour la garde, je tentais d’apaiser Helena. J’avais bien vu au repas qu’avec mon arrivée, elle se posait tout un tas de questions. C’était bien normal et c’était à moi de la rassurer sur ce point-là. Je ne comptais pas lui enlever Charlotte. C’était déjà pas mal dur d’accepter le fait qu’elle était ma fille, alors je n’allais pas en plus la lui « voler ». Helena était satisfaite que ce soit moi le père et non quelqu’un d’autre. Je devais avouer qu’intérieurement, ça me faisait plaisir d’entendre ça. Au moins, elle pensait que j’étais quelqu’un de bien. Je souris à ses dernières paroles avant qu’elle ne propose un autre verre, ce que j’acceptai volontiers. Ce serait le dernier, j’avais bien trop bu pour la soirée. Certes je n’étais pas vraiment bourré, mais mon taux d’alcoolémie devait largement dépasser la norme autorisée !

En acceptant l’invitation d’Helena, j’avais expliqué brièvement à cette dernière que ma relation avec ma mère était compliquée en ce moment. Je devais maintenant expliquer pourquoi. J’étais plutôt surpris des paroles d’Helena. A mes yeux, le geste de ma mère n’était absolument pas tolérable. « A quoi bon me dire la vérité ? » répétais-je en me levant « Peut-être tout simplement pour me déculpabiliser un peu ?! Surtout avec ta mère qui n’arrêtait pas de m’envoyer à la figure que si tu étais morte c’était de ma faute. Je suis désolé, mais j’avais le droit à la vérité et cela, depuis le début ! » lâchais-je quelque peu en colère. « Désolé, je n’ai pas à m’énerver contre toi » dis-je plus calmement avant de me rassoir. Le discours de la jeune femme était quasi un copié collé de celui de ma mère. A savoir qu’être parent, ce n’est pas toujours facile, qu’on prend des décisions qui parfois ne sont pas bonnes, … Okay et alors ?! Je dois juste dire « Okay maman tu m’as menti, c’est pas bien grave ! » et me la fermer ? Impossible, j’étais trop touché pour ça. Je sais qu’entre mon père et mon frère, ma mère en a bavé et elle en bave toujours, mais ce n’est pas une raison. Du moins à mes yeux. « On verra… pour l’instant, je ne suis pas prêt à lui pardonner. » dis-je simplement. Il me faudrait du temps et encore, je n’étais pas certain que cela suffise.

Quant aux questions d’Helena, bien que pertinentes, je n’avais aucune réponse. J’avais été tellement énervé à cause du mensonge, que je ne m’étais pas arrêté sur ce gros détail. « Je n’en ai aucune idée. Tu devrais en parler avec ta famille. Quoi que ta mère pourrait te raconter ce qu’elle veut ! » La perte de mémoire pouvait s’avérer utile pour certains…

Jusqu’à présent, la jolie blonde m’avait fait comprendre que son passé ne l’intéressait pas vraiment. On ne partageait plus les mêmes souvenirs et c’était compliqué pour elle de ressentir la même chose que moi alors qu’elle ne se rappelait de rien. Je m’étais fait à cette idée, ce n’était plus Britany. Pourtant là, aussi surprenant que cela soit, elle voulait que je lui parle de nous, de notre histoire. « Oh et bien, on a toujours été très proches. On a grandi quasi ensemble faut dire, mais je crois qu’on s’est vraiment intéressé l’un à l’autre après la mort de mon père. T’étais là pour moi et je sais pas, ça s’est fait naturellement. » dis-je simplement. Il n’y avait pas grand-chose à dire là-dessus en réalité. « Un soir, alors qu’on matait un film dans ma chambre, on s’est disputé. Je ne serais même plus te dire à propos de quoi. Je me rappelle juste que tu m’as envoyé un coussin à la figure. » Bon sur le coup, ça m’avait énormément énervé, mais aujourd’hui, cela me faisait sourire. « T’imagines bien que je ne me suis pas laissé faire et que j’ai riposté. Du coup tu m’as insulté de tous les noms d’oiseaux que tu connaissais. Tu en connaissais beaucoup à l’époque d’ailleurs. » riais-je avant de poursuivre. « Et la seule méthode que j’ai trouvée pour te faire taire, ça a été de t’embrasser… (Oui, c’est niais :=o : ) Voilà comment ça a commencé… » Relevant mes yeux vers elle, je croisai les siens. Je ne savais pas à quoi elle pensait, mais ça devait être assez intense. « Je sais pas… C’était pas des choses qu’on se disait à l’époque. » Adolescent, il y avait toujours une barrière qui nous empêchait de parler de sentiments. Moi non plus je ne lui avais jamais dit que je l’aimais et je l’avais sacrément regretté à sa mort.

La suite, personne n’aurait pu la prédire, pas même un devin ! Premièrement, ce n’était pas le genre de question qu’on posait et deuxièmement…. Beh… c’était surprenant. D’ailleurs je crus d’abord qu’elle plaisantait. « Je crois que le vin blanc te monte à la tête. » riais-je. Et je pense que c’était le cas pour tous les deux car l’idée même qu’elle le fasse était loin de me déplaire. Alors Helena s’expliqua. Elle supposait que cela pouvait l’aider à retrouver la mémoire. C’est vrai que souvent, en cas de perte de mémoire, on dit que revivre certains évènements du passé pouvaient raviver des souvenirs. J’avais toujours été peu convaincu par cette thèse et d’ailleurs je mis quelques secondes avant de lui répondre. « Okay… au pire rien ne se passe. » dis-je en parlant de ses souvenirs, un peu déçu de son explication. Cette situation était plutôt bizarre, non ? Je me rapprochai d’elle et mes yeux passèrent rapidement des siens à sa bouche. En fait, je crois qu’au fond de moi, j’en avais envie. Mes lèvres se posèrent alors sur les siennes et après tout ce temps, cela me perturbait. Elle mit quelques secondes à répondre à ce baiser. Après tout, peut-être cherchait-elle vraiment à se rappeler… « Alors ? quelque chose ? » demandais-je une fois ce baiser rompu.