Ugo & Cassia

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J'avais un nouveau dossier depuis quelques jours. J'avais eu le temps de feuilleter peu le cas, je n'avais pas eu besoin de beaucoup pour savoir que c'était dans la poche. Un taxi amène une jeune femme dans un accident, elle les attaque. Rien de plus classique. C'était du tout cuit. Surtout pour un avocat comme moi. Trop facile, limite. Mais bon en cette période de l'année je n'avais pas énormément à me mettre sous la dent. Et puis j'adore descendre des entreprises, alors des taxis qui se font de plus en plus de frics, je n'avais pas refusé. Je suis pas du genre à compter mon argent mais pour les autres, je suis assez sensible.

Enfin bref, j'allais rencontrer la plaignante aujourd'hui, au cabinet. Comme d'habitude j'étais à l'heure, dans mon costume, prêt à la recevoir. Mon assistante m'apportait mon café en attendant sa venue. Je relisais rapidement le profil. Elle avait l'air d'une jeune femme attractive, sur le papier en tout cas, ce qui allait être encore plus une tasse de thé. Jouer avec le caractère du plaignant c'tait quelque chose que j'aimais faire, mon petit truc à moi. ça plaît toujours au client de s'intéresser à lui, de plus.

J'attendais donc tranquillement jusqu'à ce qu'on m'annonce sa venue par téléphone et je l'invitais à entrer. Je me levais, en vrai professionnel pour l'accueillir et la voir passer par la porte. Ok, ça va vraiment être du gâteau. Je lui souriais. Je lui tendais la main pour la saluer. Enchanté Mme Moraes. Je suis votre avocat pour ce dossier, Maître Tremblay. Installez-vous je vous en prie. On vous a proposé un thé, un café? lui demandais-je alors avant d'aller m'installer à mon tour derrière mon bureau. j'ai lu votre dossier mais je vous en prie, expliquez-moi tout de votre point de vue.

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Après l’accident, Cassia fût hospitalisée quelques jours. Elle ne sait pas comment , mais ses parents eurent écho de sa mésaventure. Alors qu’elle était encore alitée, elle reçu un coup de fil de son père la sommant de portée plainte contre la compagnie de taxi à qui la jeune femme avait fait appel ce soir-là. Elle avait bien essayé de lui faire comprendre qu’elle ne voulait pas le faire, accusant le sort, mais c’était mal connaître son père. Monsieur Moraes est un homme plein de fierté, la caricature de l’homme du sud. Lorsqu’il a décidé que les choses devait se passer d’une certaine manière, elles se passait comme il le voulait. Point. Pas de discussion possible. Il rappela sa fille une heure plus tard, l’informant qu’il avait pris rendez-vous avec le meilleur avocat de Miami, et qu’elle avait tout intérêt d’y aller. Ce qu’il voulait lui faire comprendre c’est qu’elle n’avait pas le choix, qu’il l’aidait financièrement et qu’il pouvait la faire retourner illico presto au pays.  
 
C’est donc contrariée que Cassia arriva au cabinet. Elle avait pris le bus, pas vraiment rassurée. Dans l’ascenseur, qu’elle se rendit compte qu’elle tremblait légèrement. Hors de question que ce qui lui était arrivé l’empêche de vivre. La brunette fixa son reflet dans le miroir, inspirant et expirant profondément.

Arrivée au bon étage, elle se dirigea vers l’accueil où une blonde un peu trop enjouée lui demanda de la suivre. La secrétaire frappa à la porte, puis l’ouvrit en faisant un signe de la tête pour lui dire de rentrer. C’est à partir de maintenant que la pièce commence, avec Cassia dans le rôle de la fille sûre d’elle et heureuse d’être là. Tout sourire, elle entra et salua l’avocat.

« De même ! Ravie de vous rencontrer. Non, ça ira. C’est gentil, merci. » dit-elle de manière aussi assurée qu’elle put.

Cassia avait la boule au ventre. En fait, elle ne savait pas par où commencer, ni même ce qu’elle devait raconter exactement. Elle commença son récit avec un ton plein d’aplomb.
 
« Et bien… Je suis partie de chez moi aux environs de 23h, j’ai appelé un taxi étant donné que ça ne fait pas longtemps que j’habite ici, je pensais que ce serait la manière la plus simple de me déplacer la nuit. Je lui est dit où est-ce que je voulais me rendre, il ne m’a pas répondu. A vrai dire, il n’a absolument rien dit. Il conduisait un peu vite, mais ça ne m’a pas vraiment interpellée. Je ne me rappelle pas de l’accident. Quand je me suis réveillée, j’étais dans un camion de pompier puis j’ai été hospitalisée.» 

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Je savais qu'elle avait eu un grave accident. Elle en avait bavé, c'était certain, mais la justice devait trancher. L'expérience dans ce métier me montrait bien que certaines personnes étaient traumatisées par les événements. Néanmoins, il fallait qu'ils en parlent et qu'ils ne me cachent rien. C'est comme retirer un pansement touuut doucement, pas d'un coup. Je savais combien c'était difficile alors à chaque fois, j'essayais d'être le plus compréhensible possible. Enfin, je restai moi-même, c'était ça le problème. et ce sourire il est réel ou pas? lui fis-je à la fin de son récit que je connaissais par coeur. Ce n'était pas ça que je voulais. Tout le monde connaissait cette histoire. Alors même si le récit du taxi renversé et de la jeune femme blessée marcherait forcément, mon objectif était de lui amener le plus de fric possible de la part de cette compagnie en carton mais sans le montrer. Ce sourire voulait dire deux choses : soit elle faisait genre, soit elle était déjà passée à autre chose. Sincèrement, je priais pour la première option car la deuxième ne serait pas avantageux ni en procès, ni pour l'opinion que j'avais d'elle. Personne ne sort intact d'incidents pareils.

Alors oui, j'espérais que c'était ce genre de femme qui veut rester forte quoiqu'il arrive et ne pas ouvrir de carapace devant les autres. Sauf que parfois, ça ne tourne pas en notre faveur. je trouve ça très courageux, de rester forte et de garder la tête froide, ne pensez pas le contraire. c'est juste qu'un tribunal c'est du théâtre dans le théâtre. le jury veut voir une jeune femme appeurée, et pas une jeune femme forte qui arrivera à passer outre même s'ils déclarent l'affaire close et sans suites. lui fis-je alors pour lui expliquer ma question précédente. Je ne voulais pas être méchant, je voulais qu'elle gagne. pour rien vous cacher, c'est du tout cuit cette histoire. mon objectif aujourd'hui c'est de les faire payer, dans tous les sens du termes. Alors on va reprendre. fis-je en me levant de mon siège pour venir m'asseoir sur le bureau près d'elle. je veux entendre quelque chose que je n'ai pas lu. fermez les yeux. C'est dur, ça va faire mal et j'en suis désolé. N'avez-vous vraiment rien remarqué pendant ce trajet? Dites moi ce que vous avez ressenti du moins, le plus précisément possible. Utilisez des comparaisons. Ce qu'on vit ici c'est le chapitre vengeance, Melle Moraes. Au diable les belles apparences, vous me suivez?

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Cassia ne put s’empêcher d’afficher un vrai sourire en coin lorsqu’elle fût démasquée. D’habitude, elle était plutôt douée pour faire semblant. Mais là, Tremblay avait découvert la supercherie en a claquement de doigts. Peut-être faisait-il partit de ces gens à qui on ne la fait pas ? Ceux qui lisent en vous comme dans un livre ouvert. Ou alors, les sentiments qu’elle réprimait pour faire illusion étaient trop forts.

« Du théâtre dans du théâtre ? » Est-ce que c’était là une manière de lui dire qu’elle allait devoir mentir, ou du moins extrapoler ? Elle n’était pas sûre d’en être capable. Si elle s’était faite débusquer aussi facilement par l’avocat, comment pourrait-elle simuler devant un tribunal plein à craquer ? Cassia ne voulait pas non plus que cet évènement lui gâche la vie, se mettre à nu devant la cour n’était pas dans ses plans. La jeune femme se sentait prise au piège : elle n’avait pas eu d’autre choix que de venir ici. Elle ne pouvait pas quitter le bureau. Elle ne voulait ni admettre que l’accident l’affectait ni passer pour une imbécile qui aurait déjà tourné la page. Les larmes commençaient à monter.

« Comme je vous l’ai dit, je m’en rappelle pas. Je me souviens de l’avant et de l’après, mais l’accident en lui-même…Rien. Si j’avais pas autant de mal à sortir de chez moi, peut-être même que j’aurais l’impression que ça ne m’est jamais arrivé. C’est complètement… » Elle fit une pause pour chercher le mot adéquat, levant les yeux au ciel pour chasser l’envie de pleurer « Flippant, dingue et frustrant à la fois. » dit-elle dans un sanglot.

Cassia était quelqu’un de sensible, pas étonnant qu’elle craque sous la pression. S’il voulait des pleurs, il était servi. Evitant à tout prix le regard de son interlocuteur, elle se retenait comme elle pouvait. Elle se sentait humiliée, faible d’avoir baisser sa garde devant un inconnu. Elle lui murmura qu’elle était désolée, passant son index sous ses yeux.

C’était juste trop. Beaucoup trop. Apeurée ? Elle l’était. Complètement flippée de ne pas se rappeler d’un truc qu’elle avait vécue. C’était complètement paradoxal, pourquoi avait-elle peur lorsqu’elle se retrouvait dans la rue ? Une fois ressaisit, elle reprit.

« Ne pensez pas que je suis idiote au point de passez outre un accident qui aurait pu être mortel. J’ai eu de la chance, j’en suis consciente. Simplement, j’ai déjà eu des soucis par le passé. Me répéter à longueur de journée que ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, c’est ma manière de me protéger. Si je commence à pleurer sur mon sort, je vais m’effondrer et je ne pourrais plus me relever. Et, c’est hors de question. Je ne suis pas quelqu’un de fort, bien au contraire. J’ai besoin de me conforter dans mes mensonges pour aller bien. Faire une scène au tribunal, ce sera pas possible.» expliqua-t-elle

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Je n'aurais jamais pensé qu'elle craquerait. Elle avait l'air si forte, jusque là, si fier. Même son sourire quand je faisais le mentalist m'en avait donné l'impression. Mais je lui demandais de retourner dans ses pensées et ses souvenirs les plus sombres, et c'était visiblement plus fort qu'elle. Je voyais des yeux brillants, un corps blessé, tout à coup. Ce n'était plus la femme fière et droite qui était entré dans mon bureau.

Je prends toujours toutes mes affaires très au sérieux, et surtout très à coeur - chose que personne ne sait. Pourquoi? Ouvrez la porte au sentimental et c'est tout qui s'effondre. Pourtant je le sais et je l'accepte personnellement, dans ma propre bulle, d'être ainsi. Mais je passais pour l'avocat hyper sûr de lui, au dessus de tout, même de ses affaires. Je faisais une pièce, je jouais et je gagnais toujours en dernier acte grâce à ça. Personne n'osait m'attaquer car aucune porte ne leur était visiblement ouverte. Alors que perdre me rendrait fou, j'étais prêt à tout et à n'importe quoi. Il y avait un tas de petits recoins dans mes agissements.

Mais là, j'eus un geste qui pourrait me trahir. je lui tendais des mouchoirs que je trouvais à tatons dans mon bureau. Je ne la lâchais pas des yeux, laissant un silence pour qu'elle reprenne ses esprits. Discrètement, ma secrétaire lui apportait un verre d'eau fraîche, sans dire un mot, à mon commandement. d'accord, d'accord. on oublie cette stratégie. avais-je juste dis avant tout ça, histoire de lui permettre de se rassurer et de se calmer petit à petit. J'aurais aimé la connaître, sur le coup. Aimer savoir comment la rassurer plus efficacement que cette manière aussi impersonnelle. Cette situation me donnait encore plus de fil à retordre : car je voulais vraiment les saigner à blanc ces enculés. Elle m'avait tout avoué, elle m'avait dit ne pas pouvoir plier, car elle en avait trop vécu. Elle ne pouvait pas plier car elle ne pensait pas avoir la force nécessaire pour ça. Elle n'avait pas la force nécessaire de jouer la chose car elle serait trop vrai. Je le comprenais, et trop bien, sans qu'elle ne sache.

on va changer de stratégie finis-je par reprendre. Il fallait bien que je lui propose une autre manière de faire, afin de la rassurer, qu'elle pense à autre chose, qu'elle sache qu'elle n'aurait pas à faire ça pour avoir la monnaie de sa pièce. De toute façon, je ne laisserais pas ces gens s'en sortir comme ça, je les traumatiserais tellement qu'ils se souviendront de cet incident toute leur vie. Ils en parleront en citant l'année, j'peux vous le faire croire. on va jouer sur la perte de mémoire. rien de plus manipulable qu'un trou noir, n'est-ce pas? On va les laisser imaginer, justement, car les jurés imagineront le pire, forcément. Dites leur juste ce que vous m'avez dit en arrivant : vous vouliez prendre un taxi, le mec était pas commode mais après tout, on est dans une compagnie privée reconnue, vous n'auriez qu'à laisser un commentaire salé le lendemain. et puis le réveil dans un camion de pompiers sans comprendre. refis-je alors, pour aussi me répéter l'histoire. Il fallait que je la manipule comme ma propre histoire, surtout sur ce coup-là. Pour la protéger, il fallait qu'elle ait le moins possible à participer. vous n'aurez rien d'autre à faire que ça. le reste, je le ferais. je jouerais pour vous et je les saignerais. comptez sur moi, personne ne saura rien de tout ça. d'ailleurs, je suis désolé. Sachez que je ne vous juge pas et que vous pouvez être tranquille, je comprends tout à fait votre état. Mon métier c'est de faire que vous n'ayez plus peur de sortir de chez vous, que vous sortiez du tribunal la tête haute et un poids enlevé. comptez sur moi, vous avez toqué à la bonne porte. sans savoir pourquoi, j'avais ce truc bizarre dans le bide. cette rage. elle savait que ça m'animait, c'était sûr. tant pis. au tribunal, eux, ils ne sauront pas tout ça. comme j'ai dis, ça restera entre ces murs.

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Cassia n’avait pas voulu cette situation de A à Z. Pour commencer, l’accident lors de sa première sortie en ville qui coupa court à toute envie de recommencer. Puis, être obligée de porter plainte sous la pression de son père et voir un avocat. Pour finir, craquer en moins de 10 minutes, sangloter comme une gamine. Bon sang, Cassia ! Reprends-toi. A quoi tu joues ?... Le pire quand on pleure à chaude larmes, c’est ce genre de tressautement incontrôlable. Ce hoquet reste, même après que les larmes ce soient arrêtées.

Elle sentait le regard d’Ugo Tremblay sur elle, mais n’osait pas l’affronter. Quand elle s’autorisa un rapide coup d’œil, elle vit qu’il affichait une expression ressemblant à de la compassion. Ce n’était pas vraiment ce à quoi elle s’attendait, lui qui avait l’air de prime abord légèrement présomptueux. Cassia venait de parler avec son cœur, sans filtre ni artifice. Le fait qu’il ne soit pas insensible montrait une chose : ce n’était pas un gros con. Et c’était tant mieux ! Elle qui pensait que le meilleur avocat de Miami serait un requin vide de sentiments… Pour une fois, ça ne la dérangeait pas de s’être trompée.

Il était d’une réactivité impressionnante. Ni une ni deux, il monta une nouvelle stratégie. Le gars vivait complètement le truc, anticipant même la réaction des jurés. On s’y serait presque cru, au tribunal. La plan B convenait bien mieux à la jeune femme, elle ne jouerait qu’un rôle mineur. Elle l’avait écouté attentivement, l’observant se déplacer dans son bureau.

Jusque-là, on aurait pu croire que ce type était juste passionné par son travail et qu’il avait  simplement le don de s’adapter aux différents caractères de ses clients dans le but de les avoir dans la poche. Mais, la dernière partie de son discours fit vraiment tiquer Cassia : il se sentait impliqué. Genre, vraiment. Comme si ça le concernait réellement. Pourquoi ? C’était sûrement pour ça qu’il était aussi doué. Il arrivait peut-être à se mettre facilement à la place des gens qu’il défendait.

Cassia était comme hypnotisée. Son regard planté dans le sien, elle avait bu chacune de ses paroles, chacun de ses mots.

« Ok, d’accord. Je vous fait confiance. Merci pour tout… Les mouchoirs, le verre d’eau et surtout de m’avoir écouté. Et encore désolée, j’espère ne pas vous avoir mis trop mal à l’aise en vous disant toutes ces choses assez personnelles qui n’ont rien à voir avec l’affaire. » dit-elle avec un léger sourire, sans détourner le regard.

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J'avais l'impression jusque là qu'elle se cachait derrière quelque chose. Et elle avait craqué. Alors que je lui donnais une première stratégie, elle me donnait des éléments qui ne pouvaient suivre à celle-ci. Je l'écoutais et je lui tendais mouchoirs et verre d'eau. C'était tellement inattendu. Même si je sentais que ses sourires étaient forcés, elle avait l'air de rester digne, forte. Elle l'était sûrement, attention. Peut-être que ça la dépassait. Et tout à coup, je me sentais concerné. Enfin, je l'étais toujours avec un client mais, il y avait autre chose. Il fallait que je trouve une autre solution, et vite. Je sentais l'envie de la soulager, même l'urgence. Alors je lui exposais autre chose. Une alternative. Une façon avec laquelle elle n'aurait pas à craquer, avec laquelle elle resterait forte et digne comme je l'avais vu aux premiers instants. Néanmoins, je l'informais que je jouerais son rôle. J'expliquerai combien c'est inhumain pour la compagnie de taxis de laisser des malades pareils sortir, comment pouvait-on avoir encore confiance au monde extérieur après ça? Oh oui, j'étais déjà prêt à la défendre et si je pouvais convoquer tout le tribunal maintenant et en finir avec cette affaire je le ferais. Je l'en informais, je lui expliquais précisément afin qu'elle se sente apaisée. Elle avait l'air de boire mes paroles, d'y croire, et tant mieux. Elle me regardait dans les yeux, sans me lâcher. Et j'en fis de même. Elle me répondait de la même façon, en me remerciant, et en s'excusant. Là encore, quelque chose se passait. Quelque chose qui me dépassait. Je tiquais tout de suite. Elle me fit un vrai sourire. Léger mais, réel. C'était évident. Je me retrouvais un peu confus.

c'est normal. je ne me suis pas du tout senti gêné, ne vous excusez pas. je vais organiser tout ça pour que ce soit fini au plus vite, que vous soyez tranquille rapidement.

lui répondis-je alors. On ne prends pas le meilleur avocat de la ville pour que ça traîne des années, oh non. Surtout quand on est aussi apeurée que Cassia.

une dernière chose je... enfin vous faites quoi dans la vie? vous avez besoin peut-être d'une sécurité rapprochée... quelque chose qui vous ferait sentir mieux.. un conducteur de mon cabinet, peut-être? vous seriez sûre que vous resterez en sécurité. dites-moi, je ferais mon possible. ah bah c'est pas à la police qu'on va confier quoique ce soit pour se sentir en sécurité. En général ceux-là, je ne préfère pas les mêler. j'aime bien m'occuper de tout moi-même, comme ça je suis sûr que mon travail est à 100% parfait. Et puis, j'y tenais. Après son discours, après son sourire. Je lui souris en retour, d'ailleurs, enfin, sans lâcher son regard. On pourrait croire que les yeux marrons sont basiques, passe-partout, mais pas du tout... ils vous envoûtent en un rien de temps. Les siens, en tout cas. en tout cas sachez que j'en fais mon affaire la plus importante. si vous avez besoin de quoique ce soit, ou envie de parler de quoique ce soit, cette porte vous est ouverte. je vous laisse mon numéro personnel, vous n'aurez pas à passer par ma secrétaire. je remplissais le contrat qui nous liait, elle et moi, tout en ajoutant des chiffres que je ne donnais jamais. Je relevais rapidement la tête pour retrouver ce regard et je retrouvais ce sourire. Je me levais et je lui posais près d'elle, assis sur le rebord de mon bureau. Ainsi, j'étais plus proche. je vous laisse consulter ce document et me le rendre plus tard, ce n'est pas urgent.

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Cassia était plutôt troublée. De ce qu’elle voyait, c’était un homme de poigne, avec un fort tempérament. Mais, le fait qu’il ait l’air attendrit par ses larmes montrait qu’il était, comme la plupart d’entre nous, fait de paradoxe et de petites faiblesses. Couplé avec son minois plein de charme, ça en faisait quelqu’un d’assez séduisant. Cassia pensa immédiatement à la mine affreuse qu’elle devait maintenant avoir, elle verrait bien assez vite si tout ce maquillage hors de prix en valait la peine ou pas. En quittant le building, le miroir dans l’ascenseur lui montra à quel point ces produits sont waterproof. Actuellement, elle espérait juste ne pas ressembler à un panda.

Il ajouta qu’il ne s’était pas sentit gêné et qu’il ferait en sorte que l’affaire ne traîne pas. A ce moment-là, ça ne la dérangeait plus tellement de devoir attendre ou même de revenir plusieurs fois. Cassia continuait à le regarder dans les yeux et à l’écouter attentivement. Elle ne pouvait pas décrocher son regard de ses beaux yeux bleus. Elle s’autorisa à imaginer pendant une seconde qu’elle avait peut-être une chance avec lui, qu’elle pourrait peut-être tenter un truc, avant de se rendre compte que ce n’était vraiment pas convenable, pas décent. Non, ça ne se faisait pas… Même pas un tout petit peu?  

« Prenez tout le temps qu’il vous faudra, ce n’est pas si pressé… »

Il lui parla ensuite d’un chauffeur. Cassia se sentit embarrassée tout à coup. Est-ce que c’était un service qu’il proposait, généralement ,à tout le monde ? Ou, est-ce qu’elle s’était beaucoup trop laissé aller au point de paraître si fragile et vulnérable ? Dans tout les cas, elle n’en avait pas besoin.

«Oh non, ne vous embêtez pas ! Ça va allez. Je fais pas grand-chose, j’habite juste à côté de ma fac et le reste du temps, en général, je suis chez moi donc… Je ne pense pas que ce soit nécessaire. Merci beaucoup, en tout cas. »

C’est vrai qu’en arrivant à Miami, elle s’était imaginé faire tout pleins d’activités. Elle fut assez vite coupé dans son élan, en fin de compte… Cassia passait la plupart de son temps chez elle, à étudier -chose qu’elle ne faisait pas avant-. Ses notes étaient clairement remontées, mais tout ça cachait son mal-être.

Le petit jeu de regards continuait, il était réellement craquant quand il souriait. Cassia le scruta contourner son bureau. Il s’assit dessus juste en face d’elle, la faisant légèrement lever les yeux, et posa le contrat juste à côté. Elle avait bien envie d’effleurer sa cuisse, l’air de rien, mais ce serait peut-être un peu trop.

« D’accord, merci. Mais, j’essayerais de ne pas vous déranger.» dit-elle en s’emparant du document

Est-ce qu’elle était en train de le draguer ? Mmhh… Oui, complètement. Est-ce qu’elle ne s’était pas dit que ce n’était pas très morale quelques minutes auparavant ? Oui, aussi. Est-ce qu’elle allait continuer ? Très certainement.

Elle lu en diagonal, survolant des yeux les multiples feuilles. En vérité, ce qui l’intéressait, c’était les 9 numéros notés au stylo en haut de la première page. Elle aurait aimé avoir le cran de l’utiliser, mais elle savait pertinemment qu’elle ne s’en servirait pas. Mais, juste le fait de l’avoir lui procurait un sentiment de satisfaction immense.

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Elle est vraiment, vraiment belle cette jeune femme. Même quand elle avait eu sa baisse de morale, qu'elle avait du s'ouvrir à moi, elle était resté belle. cet état avait d'ailleurs eu le don de m'ouvrir, moi. Si elle m'avait connu autrement, elle aurait clairement eu la puce à l'oreille. Je devenais très prévenant avec elle, moi qui ai l'habitude d'être un peu distant ou sur l'ironie, à la limite. J'avais été touché d'abord par son histoire et par dessus tout par sa façon de réagir. Tout chez elle avait eu un impact sur moi : sa voix, son sourire, ses cils, la brillance de ses lèvres, les plis de ses joues quand elle parle, tout. C'était... perturbant, étrange. Inhabituel. Mais j'agissais par instinct, lui proposant le plus de services possibles, lui griffonnant mon numéro sur le dossier. je voulais la mettre à l'aise, lui dire qu'elle ne devait pas être gênée par son aveu, qu'elle devait se sentir en sécurité et que j'en faisais ma priorité. Elle ne méritait pas de vivre ainsi. J'allais la venger, c'était certain, et le plus fortement possible.

Tout à coup, elle... changea d'attitude. Enfin pas totalement, mais un peu quand même. Elle insistait sur certains mots, elle prenait une certaine allure, elle changeait de version. Alors que je voulais l'en sortir vite, la protéger en la faisant ramener ou autre... Elle me disait que ce n'était pas si pressé et qu'elle habitait près de sa fac et que donc ça irait. Je fronçais les sourcils. J'avais du mal à la suivre tout à coup. Alors quoi, elle remettait son masque ou..? Je ne comprenais pas, mais je tenais ma première version. Je lui avais demandé ce qu'elle faisait dans la vie et malgré tout elle m'avait répondu : étudiante. C'est surtout ça qui m'avait tilté.

ah, étudiante.

fis-je alors. Elle avait sa vie en main, tant mieux. Sans l'avouer, j'aurais aimé en savoir plus mais, j'avais déjà une localisation. Pourquoi je voulais avoir une localisation, moi? ça va pas! Enfin bref, je prenais un autre sujet pour me sortir ça de la tête et lui présentait le papier à me rendre quand elle pouvait, avec ce fameux bout griffonné au haut que je ne faisais jamais. Et puis il y eu autre chose : ce regard. Elle ne m'avait pas quitté des yeux depuis l'autre côté de mon bureau et quand je retrouvais ses yeux noisettes, c'était avec la même intensité. je n'allais pas couper ça, évidemment, et j'appuyais bien tout ça. Je lui proposais d'avoir le temps qu'elle voudrait pour remplir ça et elle continuait son petit jeu sur les mots. Je plissais doucement, à peine visiblement, les yeux, en la regardant. Je me demandais vraiment ce qui lui passait par la tête, j'aurais aimé savoir.

de mon côté, j'essayerais de ne pas trouver d'excuses pour vous faire revenir ici rapidement.

Quand on me lance un jeu, je joue. A quoi bon, sinon? Clairement je me sentais dragué, et j'étais plutôt flatté. Non pas que ça ne m'arrive pas souvent, mais c'était original avec elle. Enfin, ce n'était pas pareil. J'avais l'habitude que ça finisse rapidement sans vêtements. Là, ce n'était pas ce que je projetais. C'était inédit, oui. J'avais envie que ça dure. J'avais envie que ça traîne. Mais oui, clairement, j'avais envie d'elle. Je savais que je finirais par le tenter. Mais sûrement pas tout de suite. Nous allions nous revoir, de toute façon. je la voyais relooker mon numéro et je souriais en coin.

je vous dis à pas très bientôt, alors. fis-je en lui tendant la main, toujours ce sourire en coin. Quand elle me la prenait, je la serrais de manière... voilà suggestive. Pas du tout fort, plutôt tendrement avec une petite pointe de sensualité. Après ça, je la laissais quitter mon bureau dans la lumière du soleil. Je souriais toujours.