Les minutes se transformaient laborieusement en heures et les heures s'étiraient en jours qu'il ne comptait même plus. A quoi bon ? Le résultat était le même de toute façon. Il avait traversé les Etats-Unis pour se voir traité en indésirable par son ex-meilleur ami. Edward... Et il ne pouvait même pas se plaindre puisque c'était de sa faute.

Il se retrouvait donc dans une ville où il était de mise d'avoir le sourire juste parce qu'il y avait un grand soleil dehors. Et que c'était une destination de vacances. Jamais New-York lui avait tant manqué ! Au moins lorsque les gens tiraient une tête de trois kilomètres de long, ils avaient une tonne d'excuses pour expliquer cela. A commencer par la circulation, les touristes, la pluie ou la pollution en cas de beau temps, la circulation -oui, il l'avait déjà dit mais il le redisait vu le problème que c'était !- et une multitude d'autres causes tout à fait plausibles. Bref, personne ne posait jamais de questions lorsque quelqu'un n'avait pas le sourire jusqu'aux oreilles ! C'était même considéré comme normal.

Mais ici avec tout le soleil dehors, vous n'aviez pas le droit de déprimer tranquillement dans votre coin... Il avait d'ailleurs arrêté de compter le nombre de fois où on lui avait demandé si tout allait bien ou s'il y avait eu un décès dans sa famille ! Et lorsque à la énième remarque du même genre, particulièrement agacé il avait juste annoncé qu'il était New-Yorkais, on l'avait fixé avec un tel regard bovin qu'il avait décrété qu'il était temps pour lui de prendre sa pause de midi !
Alors qu'il n'était même pas encore 10 h 30 à l'horloge... Quand il disait que les minutes se traînaient, il ne mentait pas !

Mais chose positive, personne n'avait cherché à le retenir. Il fallait dire qu'il avait l'impression de travailler en H24, ou presque. Il bossait donc, pour ne pas penser. Surtout ne pas penser.
Au point de négliger tout le reste, ses placards vides étant là pour le prouver. En fait, il ne restait que les trois boites d'avance de granulés pour Poséidon, et si lui pouvait se passer de se nourrir pour quelques temps -contrairement à son morfale de poisson- il ne pouvait définitivement pas faire sans café ! Sa pause de midi 10 h 30 serait donc consacrée au ravitaillement.

Il avait donc rempli le panier en plastique du magasin de capsules de café, histoire de refaire son stock et tenir avec un peu de chance pour les dix prochains jours, lorsqu'il avait fait l'erreur de passer par le rayon pâtisserie. Où se trouvaient les fameux cupcakes préférés avec du chocolat et des petits bonbons colorés dessus... Et ça, ça s'appelait du masochisme.
Parce qu'il avait bien évidemment pris une boite en main pour en lire l'étiquette. Juste lire l'étiquette, bien sûr ! Certes, ils étaient jolis mais c'était surtout du chocolat et du sucre. Avec pas un fruit dedans ! Et d'ailleurs l'étiquette était incroyablement longue pour de si petits gâteaux avec une liste interminable de E machin-chose...

"Mais c'est pas bon du tout pour la santé !"

Il s'était exclamé d'une voix sans doute un peu trop forte sous le coup de la surprise. Mais c'était quoi ces gâteaux dont la composition ressemblait plus à de la chimie qu'à de la cuisine ?! Et Edward avalait ça à tour de bras !?

Cherchant à comparer avec d'autres gâteaux pris totalement au hasard -et ce n'était pas de sa faute si sa main tomba sur des tartelettes à la framboise, son propre gâteau favori- pour y découvrir une étiquette nettement moins conséquente. Forcément puisqu'il y avait des framboises dessus ! Et tout le monde savait -sauf Edward bien sûr, et ce n'était pourtant pas faute de le lui avoir répété pendant toute son enfance- que les framboises étaient bonnes pour la santé ! En plus d'être excellentes au goût !

Il en était donc à comparer les deux étiquettes lorsqu'il se demanda, un peu atterré et là aussi à voix haute trop perdu dans la liste des E machin-chose pour faire attention à son environnement.

"...Mais elle cherche à l'empoisonner ou quoi ?!"

Les boites de gâteaux dans les mains, il se disait qu'il faisait vraiment n'importe quoi. Et ce n'était pas nouveau. Ça datait en fait, du moment où Sanders lui avait parlé d'Edward à la réunion des anciens élèves... A se demander à quoi il pensait en lâchant tout, même s'il n'avait en fait pas grand-chose à lâcher, pour accourir ici.

On ne rattrapait pas le passé, et si Edward voulait s'empoisonner la santé avec sa femme et sa fille, il n'avait en vérité pas grand-chose à y redire. Quand bien même ils mangeraient tous les jours des pâtes et des cupcakes préférés avec du chocolat et des petits bonbons colorés dessus...

"...Je suis vraiment une courge moi !"

Il allait donc reposer les deux boites lorsque son -mauvais- karma se manifesta une nouvelle fois. Parce qu'il était maudit, ça il le savait mais là... Elizabeth Keller -rien de moins que cela !- se tenait là face à lui.
Et il en avait été surpris au point d'en sursauter. Parce que c'était bien la dernière personne qu'il voulait voir ! Ou du moins l'avant-dernière puisque Edward tenait haut la main la première place depuis qu'il avait quitté son appartement. Et avec sa manie de parler tout seul à voix haute, il n'y avait pas à douter qu'elle avait dû entendre ce qu'il venait de dire... Oh joie, oh bonheur !

"Bonjour Elizabeth, on peut dire que tu m'as surpris..."

Non, sans blague ?... Et comme si ça ne suffisait pas, voilà qu'elle en rajoutait une couche au sujet de ces fichus gâteaux. Bien qu'il ne se serait sans doute pas gêné pour en faire de même si la situation avait été inversé. Il pouvait donc difficilement lui en vouloir... Mais tout ça n'allait définitivement pas faire remonter sa côte de popularité chez les Keller !

Il prit cependant l'air embarrassé de circonstance alors qu'il cherchait visiblement ses mots. Mais bon, il n'y avait pas non plus trente-six mille manières de s'excuser.

"Euh... Non merci, je suis plus tartelette à la framboise de toute façon." Pourquoi avait-il l'impression de s'entasser davantage à chaque fois qu'il ouvrait la bouche ? Se donnant le temps de ranger les boites à leur emplacement respectif, il grimaça pour finalement se montrer honnête. "Je suis désolé... Ce n'était pas réellement dirigé contre toi, c'est juste que..." Voilà, il y était. Le moment de poser des mots sur ce qui s'était passé l'autre soir. Aussi difficile que cela pouvait être, c'était peut-être la meilleure chose à faire pour l'obliger à enfin avancer. Il en sourit donc avec une certaine amertume alors qu'il reprenait.

"C'est juste que je ne m'attendais pas à ce qu'Edward soit marié. Mais je trouve ça bien pour lui ! Enfin, pour vous... Vraiment !"

Oui, c'était bien pour Edward parfait hétéro qu'il était, avec femme, enfant, et certainement plus tard un chien et un pavillon en banlieue. Même si lui avait juste l'impression d'être resté à la traîne sur des choses qui n'avaient plus d'importance que pour lui.

"Je ne m'y attendais juste pas. Je ne sais pas en fait à quoi je m'attendais mais..." Pas à cela, c'était certain. Pas à un tel rejet, même dix ans après, même après ce qu'il lui avait fait. Et c'était ce qui s'appelait redescendre sur terre.
"Mais ça fait dix ans qu'on ne s'est plus vu maintenant alors je suppose que c'est normal. Et puis, il a toutes les raisons du monde de m'en vouloir. Donc c'est aussi bien que je ne vienne pas vous déranger dans votre vie..."

Récupérant la boite de cupcakes préférés avec du chocolat et des petits bonbons colorés dessus, il la lui tendit comme on l'aurait fait d'un calumet de la paix.

"Et désolé encore pour avoir passé mes humeurs sur toi. Alors qu'Edward n'a jamais eu besoin de personne pour très mal se nourrir ! Pour le coup, c'est moi qui vais l'empoisonner avec tous ces E machin-chose..."

Il n'attendait plus qu'Elizabeth récupère son calumet de la paix avant de disparaître à nouveau de leur vie. Et il était finalement content de ne pas avoir été là pendant ces dix années. Il n'aurait juste pas supporté d'être le témoin du mariage -et le témoin tout court- de leur bonheur.

Franchement, il ramait. Il était censé lui dire ou lui répondre quoi ? Il ne comprenait même pas qu'elle puisse être tout sourire avec lui alors qu'Edward l'avait quasiment jeté hors de leur appartement. Alors passer une nouvelle fois chez eux ? Euh... Non ? Du moins pas s'il pouvait l'éviter !

"Tu devrais peut-être en parler avant avec Edward ? Je..." il grimaça à l'idée mais se résolu pourtant à avouer ce qui était la stricte vérité, aussi difficile soit-elle à admettre. "Je n'étais pas le bienvenu l'autre soir. Mais c'est normal, c'est juste moi qui est débarqué à l'improviste parce que j'avais besoin de savoir si tout allait bien pour Edward. Ce qui est visiblement le cas. Alors je pense que je vais m'en tenir à ce qu'il désire et vous laisser tranquille."

Pour demander parce que vraiment, ça le questionnait. "...Mais il ne t'a pas parlé de moi ?" Ce qui lui semblait juste impossible. Ou alors c'est qu'Edward avait vraiment voulu tirer un trait sur lui jusqu'à faire comme s'il n'avait jamais existé. Ce qui était encore fort possible même si le regard qu'il posait sur elle était plus soucieux qu'autre chose.

Après tout, tout ça datait de dix ans. Une vie pour la plupart des gens, et il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'Elizabeth réagisse ainsi. Ce fut donc avec un sourire quelque peu amer mais qui se voulait pourtant amusé, qu'il lui répondit. "Enfin ça, ça dépend des personnes... Je suis devenu pour ma part, avocat." Et ça s'arrêtait juste à ça. En dix ans, il était devenu avocat. Et c'est tout. Alors que d'autres avaient eu le temps de se trouver une adorable petite-amie, de se marier et de devenir père... C'était bien la peine d'avoir fait de si brillantes études pour en arriver à un résultat aussi pitoyable !

Parce qu'il fallait vraiment être pitoyable pour écouter sans broncher, et acquiescer en plus !, Elizabeth encenser son mari. "Oh mais je n'en doute pas ! Et puis, ça se voit que vous formez une jolie petite famille et comme j'ai l'habitude de m'occuper des divorces des autres, je sais de quoi je parle..."
Pas qu'il avait spécialement envie de s'étaler dessus mais il pouvait au moins admettre ce qui sautait aux yeux.

Par contre, il ne comprenait juste pas comment Elizabeth ne pouvait pas être au courant de ce qui avait été le grand drame d'Edward. Et ce que celui-ci lui reprochait sans même connaitre toute la teneur du rôle qu'il y avait joué. Et surtout, il refusait de croire qu'Edward ait pu cacher cela à celle qu'il aimait. De toute évidence, quelque chose clochait quelque part mais il ne voyait quoi...

La laissant reposer les gâteaux sans même relever la remarque sur le chocolat, il opta finalement pour lui expliquer un minimum la situation. Même si c'était un peu bizarre de parler de tout cela à la façon de deux femmes au foyer qui parleraient de leurs maris, leur sac de courses à la main...

"Elizabeh, on a dû devenir les meilleurs amis de toute notre enfance dans les premiers jour de l'école maternelle, si ce n'est le premier jour ! Je ne me rappelle plus en fait. Mais on était tout le temps fourrés ensemble, jusqu'à... ce qu'on ait 15 ans. Et je ne comprends pas comment Edward aurait pu ne pas t'en parler... Je lui ai fait énormément de mal, bien plus même qu'il ne le croit. Et sans doute qu'il ne me le pardonnera jamais. Mais à la base, je n'étais même pas venu pour qu'il me pardonne, parce que je ne me le pardonne pas moi-même, mais je voulais juste m'assurer que tout allait bien pour lui malgré tout ce qu'il a pu vivre. Et visiblement, tu es une part très importante de sa vie, et je t'en remercie. Ça ne compensera pas ce que je lui ai fait, et non je ne te dirai pas ce que j'ai fait, mais c'est vraiment bien pour lui..."

Il pouvait difficilement expliquer davantage, il espérait donc qu'elle se contenterait de ses explications.

"C'était juste pour que tu comprennes que je ne suis pas vraiment le bienvenu chez vous et que tu ne devrais pas te montrer si gentille avec moi... Sinon, je me suis installé ici oui, mais qui l'aurait cru, la frénésie de New-York me manque !"

Mais pas au point de le faire repartir là-bas parce qu'il savait très bien que maintenant qu'il avait retrouvé Edward, il trouverait toutes les excuses possibles inimaginables pour rester à Miami, à surveiller de loin que tout se passe bien pour lui.

Que pouvait-il lui dire pour qu'elle se montre un peu moins gentille avec lui ? Et qu'elle lui donne de quoi la détester un minimum... Et autre chose que le fait "d'empoisonner" Edward avec ses Cupcakes préférés !
Mais visiblement, Elisabeth semblait juste parfaite. Et ça le déprimait. Enfin, il aurait dû être heureux pour Edward mais il n'arrivait juste pas à s'en réjouir. Et pourtant, il n'arrivait pas non plus à détester Elizabeth tant elle semblait être un vrai rayon de soleil... Il fallait bien avouer qu'en comparaison Edward avait été froid comme un glaçon. Et encore, un glaçon aurait été moins froid que lui !

Sauf que toute la gentillesse d'Elizabeth ne faisait que mettre en exergue à  quel point il n'avait que son métier dans sa vie. Ce n'était pas comme s'il ne le savait pas mais se l'entendre dire -et surtout avec un tel naturel- rendait les choses pire encore... Il la remercia cependant avec un sourire -quelque peu crispé tout de même- alors qu'il lui souhaitait tout le bonheur possible... avec Edward.

"Mes parents sont le parfait exemple qu'un couple peut durer malgré les années qui passent, et je ne peux que vous souhaiter la même chose."

Après tout, si c'était ce qui rendait Edward heureux -ce qui était visiblement le cas- il ne pouvait que leur souhaiter effectivement tout le bonheur du monde. Du moment que lui n'était pas là pour assister à cela... Comme quoi, il aurait mieux fait de rester à New-York.
Et la suite ne fit que confirmer cette dernière pensée. Parce qu'Edward avait omis quelques "détails" sur sa nouvelle vie. Parce que l'amnésie de sa femme, ce n'était pas rien tout de même !

Mais il comprenait que cela soit personnel et que celui-ci n'ait pas voulu partager cela avec lui. C'était le genre de chose qu'on ne partageait pas avec un étranger. Et c'était comme une claque qu'il se prenait même s'il n'aurait pas dû en être si étonné. Parce qu'aussi amnésique qu'Elizabeth soit, elle avait raison sur une chose. On ne pouvait rien changer au passé, et il suffisait juste parfois d'avancer sans se retourner... Mouais, ce n'était ni plus ni moins le discours que Curtis lui sortait. Oh, joie !

"Je suis désolé, je ne savais pas pour ton amnésie. Edward ne m'en a pas parlé. Bien qu'en fait, il s'est surtout limité au strict minimum. Histoire de me faire partir plus vite, je suppose..."

Il aurait voulu en faire un sourire amusé, il ne parvint qu'à une sorte de moue quelque peu amère. Pour poser très vite un regard inquiet sur Elizabeth. "Mais sinon, ça va ? Ça ne doit pas être simple à gérer de ne plus rien se rappeler..."

En vérité, il avait un peu de mal à imaginer ce que ce pouvait être. Se réveiller et avoir une page vide à la place de ses souvenirs. Ne même plus se rappeler de son nom ou des personnes importantes pour soi... Ne plus se rappeler de rien... Quelque part, dans sa propre situation, c'était tout de même un peu tentant. Ne serait-ce que pour le côté reposant que tout cela aurait. Ne plus se rappeler d'Edward, ni de tout ce qui avait amené à la situation actuelle... Horriblement tentant donc, mais juste pas réalisable. On ne devenait pas amnésique comme cela, et surtout ce devait être une belle prise de tête pour récupérer ses souvenirs. Et là, il n'y avait pas le choix sur lesquels on récupérait ou non. On récupérait tout, d'un coup.
A bien y réfléchir, il préférait finalement éviter...

Mais bien vite le ton de la question un peu trop innocente d'Elizabeth le fit tiquer. Parce qu'en plus, elle était du genre intelligente...

"En fait... Si !" Dit comme cela, il devait bien avouer que ça faisait un peu stalker. Mais ce n'était pas comme si quelque chose le retenait à New-York et la Floride l'éloignait davantage encore du Canada, il n'avait donc pas réfléchi à deux fois.

"Je n'avais plus du tout de nouvelles depuis dix ans, je n'avais même aucune idée de où il se trouvait. Je passais mon temps à l'imaginer à la rue à dormir sous les ponts. A faire avec la faim et le froid, et... Ça m'en rendait malade. Alors lorsque Sanders a parlé d'un certain Edward Keller, médium, je n'ai pas vraiment réfléchi. J'ai tout lâché et j'ai déménagé."

Oui bon, ça faisait vraiment stalker... Grimaçant, il rajouta cherchant à faire comprendre son point.

"C'était tout ce que j'avais besoin de savoir, qu'il aille bien. Et ça faisait dix ans que je vivais avec cette question. Au moins maintenant, je sais que tout va bien pour lui. Et... Comme tu le disais, c'est à moi de passer à autre chose."

De quoi donc rassurer Elizabeth sur son côté stalker. Quant à passer à ce fameux autre chose, il pouvait du moins toujours essayer. Parce que se connaissant, il allait certainement ressasser encore un certain temps l'accueil frigorifiant qu'il avait reçu de la part d'Edward.
Mais les choses avaient au moins le mérite d'être claires. Il n'avait plus rien à attendre, ni à espérer d'Edward...

Les âmes-sœurs... Oui, bien sûr. Il faudrait qu'elle vienne faire un tour dans un cabinet d'avocats pour voir comment les âmes-sœurs se crêpaient le chignon après quelques années d'un fabuleux mariage... Et l'intensité du crêpage de chignon était généralement proportionnel au coût du mariage... Et au coût du divorce !
Donc le truc des âmes-sœurs le laissa quelque peu dubitatif. Mais si elle voulait ! Il n'était pas du genre contrariant. Et sinon, il faudrait peut-être penser à lui dire un jour que les mariages étaient devenus comme des paires de chaussures. C'était neuf, ça brillait et lorsque c'était usé, on les jetait et on en rachetait des nouvelles. Généralement des plus jolies.

Mais il était plutôt content de ne pas avoir cherché à polémiquer parce qu'il était vrai qu'une amnésie ne devait pas être simple à gérer. Mais au moins, Edward était la personne parfaite pour vous y aider. Un appui sûr et toujours présent en cas de souci. C'était l'image qu'il avait gardé d'Edward et il était sûr que ce devait être encore le cas aujourd'hui. Du moins pour les gens que celui-ci appréciait...

"Tu ne pouvais pas mieux tomber que sur Edward pour t'aider à gérer cela. Je suis sûr qu'il doit être aux petits soins pour toi."

Bref, il tentait d'être poli et aimable même s'il sentait bien qu'un certain malaise s'installait. Alors qu'il se montrait pourtant honnête dans ses réponses et tentait même d'être rassurant. Après tout,Edward s'était montré glacial avec lui. Et s'ils étaient vraiment des âmes-sœurs, de quoi s'inquiétait-elle ? Au point de s'en montrer même soudainement piquante.

...surtout en sachant que cette personne ne nous porte plus particulièrement dans son coeur.

Qu'elle était charmante... Il le savait bien, merci ! Il n'y avait donc pas besoin de lui redire.

"Ce n'est qu'un déménagement. Juste quelques cartons à faire et des démarches administratives via internet..."

D'autant qu'il n'avait même pas eu besoin de quitter le pays, qu'il n'avait eu aucun visa à demander ou il ne savait quelle démarche qui lui aurait pris trois plombes !

La fixant parce qu'il ne comprenait pas trop ce qui se passait -quelque chose lié à son amnésie peut-être ?- il se demanda s'il n'y avait pas eu le chiffre du diable, 666 s'il se rappelait bien, qui serait apparu en chiffres de feu dans son regard. Parce que vu comment elle prit la fuite -et étant lui aussi plutôt doué en la matière, il savait reconnaître une fuite- c'était à se poser la question !
Et il aurait d'ailleurs bien voulu lui dire qu'il était ici exactement pour cela, faire la paix avec son passé, mais elle était déjà partie lorsqu'il prononça ses prochains mots dans le vide.

"Bonne journée à toi aussi Elizabeth..."

Visiblement, ce ne devait pas être simple tous les jours pour Edward...

_____________
Avec plaisir !