On pardonne tant que l’on aime.
C’était être bien naïf de croire que Tim pourrait faire semblant de ne rien savoir à propos de mon job. Mais j’avais tenté tout de même de lui dire qu’on pouvait faire comme si rien n’était. A contrario de pouvoir ignorer cette facette de moi, il me proposa de m’aider financièrement concernant les dépenses liées à notre fille. Mon ex m’expliqua qu’avec un peu d’aide je pourrais certainement me trouver un boulot décent sans perdre notre train de vie.
« Je ne veux pas que ça te mette en difficulté, Tim … » C’était sa fille et il était normal qu’il participe aux frais mais un enfant ça coutait des sous et son budget, quel qu’il soit, allait être surement chamboulé. Je réfléchirais à sa proposition une fois mes examens passé, une fois mon diplôme en poche je me dégotterais un boulot au sein de la police ou bien d’un cabinet privé et ma vie deviendrait plus respectable …
Par ailleurs, je demandais à Timothy s’il pouvait venir dormir à la maison le temps d’une semaine, pour s’occuper de sa fille le temps de mes révisions. Je savais que c’était un peu délicat comme demande mais cela m’avait semblé être un bon compromis pour tous le monde. Le jeune homme me répondit que le plus simple c’était que Charlotte vienne chez lui. Mon cœur se serra en pensant à lui laisser ma fille autant de jours. Je pris une petite inspiration. J’avais envie de refuser, mais d’un autre côté je savais que ça pouvait être bien pour Charlotte et son père de se retrouver un petit moment ensemble sans moi dans les parages. Mais l’inquiétude d’une mère était tout de même plus fort que moi.
« J’ai jamais laissé Charlotte autant de temps à quelqu’un … » commençai-je à dire, hésitante. « T’aurais intérêt à me donner des nouvelles tous les jours, sinon je vais débarquer chez toi en panique et tu veux pas voir ça. » Je me mis à rire doucement. Quand il s’agissait de ma fille, j’étais très pulsionnelle, protectrice et je m’impliquais énormément. Si je n’étais pas rassurée que tout se passe bien, il était certain que je déboulerais à toute vitesse chez son père pour voir si tout se passait bien.
« J’en parlerais à Charlotte en rentrant et je t’envoie un texto pour les détails. Je te remercie, c’est vraiment gentil. Après je veux pas non plus que tu te sentes obligé hein … Je peux demander à la baby-sitter de faire un peu plus d’heures … » Je souris légèrement, un peu gênée peut-être de lui demander tant.
Cette question là réglée, je me décidai à évoquer un autre sujet un peu plus … épineux pour moi. Celui de ma famille. J’avais envoyé une lettre à ma sœur pour lui expliquer que j’étais finalement en vie et que je menais quelque part aux Etats-Unis. Je n’avais laissé aucun moyen de me contacter en retour mais je savais que mon ainée était en contact avec Tim depuis toujours. Sans doute que lui, il avait eu un retour de ma lettre. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine lorsqu’il mentionna qu’il avait donné mon numéro à ma sœur.
« Quoi ?! » m’exclamai-je spontanément. Je sentais de la panique mélangeait à un brin de colère s’emparait de moi. Il n’avait pas le droit de divulguer mon numéro de téléphone et pourtant il s’était permis de le faire. Avant que je ne pu m’énerver contre Timothy, il me demanda si ma sœur m’avait contacté.
« Non. » répondis-je sèchement en secouant la tête. Je lançai un regard noir à mon ex en fronçant les sourcils.
« Tu avais pas le droit de lui donner mon numéro, ce ne sont pas tes affaires. » J’étais peut-être un peu dure en disant cela, car malgré lui il était tout de même bien impliqué dans toute cette histoire. Il était quand même le père de Charlotte, mon ex et il était toujours en contact avec ma famille ce qui n’était pas mon cas.
« Et tu comptais me le dire quand que tu avais donné mon numéro ? Quand ma sœur m’aurait appelé et que je me serais retrouvée comme une conne à ne pas savoir quoi lui dire ? Sérieux … » Je voulais même pas imaginer si cela était arrivé. Je ne sais pas du tout ce qui se serait passé, sans doute un gros blanc de chaque côté et de la gêne au plus haut point.
« Mais bon elle ne m’a pas appelé donc … J’en veux encore à ma mère de ne pas m’avoir soutenue dans ma grossesse, mais je crois que je devrais laisser une chance à ma sœur, tu en penses quoi ? » Je me passai une main sur ma nuque et mon regard se porta à nouveau par la fenêtre.
« Je vais l’appeler et lui demander de venir à Miami. Je sais que ça risque de me faire passer pour une sœur horrible, mais je pense pas que je serais prête à l’héberger chez moi par contre … Ce serait … trop. » Je voulais y aller petit à petit, renouer les liens avec ma famille en prenant le temps de faire les choses bien. Pour moi, cette sœur ainée avec qui j’étais si proche à l’époque, était une inconnue. Mais je ne pouvais pas priver Charlotte d’une cellule familiale. Je le devais pour ma fille.