Une journée de galère en plus au boulot. Depuis près d’un mois nous étions en sous-effectif et devions enchainer les heures supplémentaires. Mon job me plaisait, alors  je le faisais avec plaisir, mais la fatigue commençait doucement à s’accumuler et la situation n’était pas évidente pour les gosses qui s’adaptaient comme ils pouvaient. Aujourd’hui, j’avais donc travaillé de journée : 6h-18h et en rentrant chez moi, j’avais filé directement sous la douche. Je devais voir Lukas et je n’étais pas vraiment en avance. Je m’habillai rapidement avant de sauter une nouvelle fois dans ma voiture. A cette heure-ci le trafic était dense et je décidai d’envoyer un sms à Lukas. « Je risque d’être en retard. Bordel en ville. » Je reposai mon téléphone sur le siège passager et après une dizaine de minute, réussi à sortir du centre ville. La circulation se fit alors plus fluide.

Finalement, j’arrivai à me garer devant le bar où nous étions donnés rendez-vous avec seulement 10 minutes de retard. A l’intérieur, je ne mis pas longtemps à repérer Lucas accouder au bar. J’allai le saluer. « Salut mec. Encore désolé du retard.» J’enlevai ma veste que je posai sur le tabouret. « Deux bières » dis-je au barman avant de me tourner vers mon ami. « Je suis content de te voir, ça fait un long moment qu’on ne s’était pas vu. C’est ta copine qui t’empêchait de sortir ? » plaisantais-je dans un léger rire.

J’étais content de ne pas avoir à rester trainer dans mon appart après ma journée de travail. Depuis ma séparation avec Emily, mon chez moi me semblait bien vide et ennuyeux et les tentations de jouer à des jeux d’argent en ligne était fortes. Quand Gabriel avait repris contact avec moi et qu’il m’avait proposé qu’on sorte j’étais plus que ravie de sa proposition. J’avais terminé le boulot un peu en retard car une femelle lémurien s’était blessé à la patte. Finalement moi qui pensait que j’allais être un peu juste niveau timing, je reçu un message de mon ami qui disait qu’il allait avoir un peu de retard. Comme ça on était deux. Je me décrassais un peu car je sentais légèrement les animaux à force de trainer dans les cages toute la journée et m’en alla avec le bus en direction de notre point de rendez-vous. Une raison de plus d’arrêter mes conneries de jeux d’argent, une voiture me serait bien utile.
 
Je rentrai dans le bar animé et m’assis au bar en réservant le tabouret à côté de moi pour Gabriel qui ne devrais pas tarder. Je retirai ma veste que je posai sous mes fesses et avant même que je ne pu commander à boire mon ami s’installa près de moi en s’excusant pour le retard. Il me demanda si c’était à cause de ma copine qu’on avait pas pu se voir depuis un bout de temps. Je lâchai un petit rire grave. « Si seulement … » Je soupirai et pris la bière que le serveur posa devant nous et la leva en l’air pour trinquer avec Gabriel. « Au retour du duo rose ! » Je me mis à rire cette fois-ci plutôt par amusement. Je faisais une référence à notre petit boulot en tant qu’opérateur de téléphone rose qui nous avait fait nous rencontrer il y a de ça quelques années. Pour lui, ce boulot avait pris fin pour moi ce n’est pas le cas. Ça me servait de complément pour combler le trou que mon addiction avait fait dans mon compte en banque. « Bon alors qu’est-ce que tu deviens à part être un éducateur exemplaire ? T’as une demoiselle dans ta vie ? T’as fini par adopter une tortue ? » Je l’avais toujours embêté avec cette histoire de tortue. Je lui disais que s’il ne se trouvait pas une fille sérieuse avec qui se caser il allait finir seul à nourrir une tortue.
 

Après une journée aussi longue, prendre un verre en compagnie de Lukas ne me ferait pas de mal. En plus cela faisait bien longtemps qu’on ne s’était pas vu. J’avais pas mal de trucs et lui aussi sûrement. Malgré un léger retard, je parvins à rejoindre mon ami plus rapidement que prévu. Au bar, il n’avait pas encore commandé. Ce que je fis pour nous deux après l’avoir salué. Je plaisantai sur sa copine, que je ne connaissais pas vraiment. Je ne l’avais vu que deux ou trois fois brièvement. Sa réponse bien qu’incomplète, m’inquiéta légèrement. Il s’était probablement passé quelque chose entre eux. Une dispute peut-être ? Bon, vu qu’il ne rentrait pas dans le sujet, c’est qu’il n’avait peut-être pas envie d’en parler. Il parlerait sûrement après une ou plusieurs bières. J’y comptais bien !

Le serveur revint rapidement avec nos bière et Lukas porta un toast qui me fit sourire. Ah la vielle époque. Cela me semblait tellement lointain. Personnellement, je m’étais retrouvé à faire se boulot, très bêtement. Encore étudiant à l’époque, je m’étais planté en voiture parce que je répondais à un SMS. Bref, nous passerons sur ce détail ! Je n’en avais pas parlé à ma mère à l’époque qui avait déjà mon loyer à charge et qui m’avait déjà payé une voiture 2 ans plutôt ! Du coup j’avais pris un crédit et m’étais lancé dans un petit boulot que je trouvais simple. Et puis ce n’était clairement pas le plus désagréable et c’était parfois même très drôle. « Téléphone rose bonjour, Que puis-je faire pour vous ce soir… » dis-je en prenant une voix sensuelle avant d’éclater de rire. Je bus une gorgée de mon verre avant de le reposer sur le comptoir « N’empêche on aura eu de franches rigolades en faisant ça ! »

Mon ami pris alors de mes nouvelles. Enfin des nouvelles qui pourraient l’intéresser. Nous n’étions pas là pour parler boulot ! « Une tortue ? » répétais-je dans un léger rire. Qui pouvait bien vouloir d’une tortue ? Bon à part Lukas qui aimais tous les animaux ! J’aimais bien les animaux, mais une tortue, pour moi c’était comme un poisson rouge : inutile. « Une dans mon lit, est-ce que ça compte ? » riais-je en prenant une autre gorgé de ma boisson. « Et toi alors, comment va Emily ? » Bon okay, finalement je n’avais pas attendu la fin de la bière.

On se remémora le bon vieux temps du téléphone rose autour de notre première bière. C’est vrai que Gabriel avait raison, même si ce boulot n’était pas forcément très classe et correct, on pouvait bien rire par moment. Les clientes au bout du fil étaient pour certaines de vrais sketchs à elles-seules. Je le questionnai sur l’existence possible d’une fille dans sa vie ou bien de celle d’une tortue. « Une dans ton lit c’est bien, mais c’est meilleur une dans ta vie non ? » Lui répliquai-je avec un sourire. Enfin, moi je préférait les grandes histoires aux nuits sans lendemain. Mais chacun ses préférences … Quelque part c’était moins de tracas de ne pas s’engager avec quelqu’un. Gabriel me questionna sur Emily. Je soupirai et pris une gorgée de ma bière. « Disons que c’est compliqué et que ça va pas tellement bien … » Je savais au regard inquisiteur de mon ami que je ne pourrais pas m’arrêter là et peut-être que je ne voulais pas. En faite je ressentais le besoin de m’épancher un peu sur ce que je vivais quitte peut-être à plomber l’ambiance un court instant. « Emily est enceinte et elle ne sait pas qui est le père. On s’est séparés il y a quelques mois de ça à cause d’une énième dispute. J’ai pas voulut m’écraser pour une fois, j’ai pas voulut lui donner raison comme je le faisais habituellement et voilà ! Elle a pris ses cliques et ses claques et bail bail. » Je passai une main dans mes cheveux et me redressa un peu sur mon tabouret. « Je l’ai revu quelques temps après et on a couché ensemble une fois. Mais le truc c’est qu’elle a fréquenté plusieurs gars à cette même période … Je ne juge pas … elle était célibataire et libre de faire ce qu’elle veut … mais du coup maintenant qu’elle est enceinte elle ne peut pas dire qui est le père entre moi et un autre type. » Jamais je me permettrais de juger de comment elle avait voulut mener sa vie sexuelle avant notre rupture. Mais je me disais qu’elle aurait pu être un minimum prudente et que ça aurait pu éviter à tous le monde quelques désagréments. « Elle voulait pas faire de test de paternité au début, mais je l’ai convaincu de le faire, j’ai besoin d’être fixé moi, tu comprends ? Donc j’attends maintenant … Mec un conseil, oublie jamais une capote avec une gonzesse ! » J’esquissai un sourire à demi-amusé, à demi-sérieux. Je portai de nouveau ma bière à mes lèvres et n bu une longue traire. A force de boire de longues gorgées je me retrouvai avec un verre vide. Je fis signe au serveur pour qu’il nous en mette deux nouvelles.
 

Même si cela faisait une éternité que Lukas et moi nous nous étions pas vu, notre relation restait toujours la même. On pouvait parler de tout et de rien et surtout bien rire ensemble. En même temps, notre passé commun était source de raillerie ! Heureusement que nous n’avions eu certaines clientes que par téléphone ! Certaines étaient… comment dire… bizarres ? parfois un peu plus, mais restons correct ! Bref, ce n’avait été qu’une partie infime de notre vie, mais nous en gardions de bons souvenirs. Du moins, pour ma part, c’était le cas !

« Oui, je ne nie pas, mais je ne fais pas de rencontres sérieuses, j’y peux rien moi ! » Une excuse un peu bidon mais pas entièrement. Au final, ce n’était pas si évident de faire de vraies rencontres et de trouver la personne avec qui tout se passerait bien. J’avais bien entendu eu des relations sérieuses : 3 pour être exact, mais cela s’était toujours soldé par un échec. Après plus d’un an de relation, je finissais toujours par me lasser de la personne et c’était réciproque. Peut-être n’avais-je pas fait assez d’effort pour que ça marche, non plus ? Peu importait, pour l’instant je vivais au jour le jour sur ce plan-là.

Je détournai le sujet à son encontre et fus abasourdit parce qu’il me disait. Sa copine, ou plutôt son ex-copine était enceinte, mais l’identité du père était inconnue. Okay, sympa… Je me demandais bien comment cela était-il possible. Enfin à part tromper Lukas, elle ne pouvait pas avoir fait autrement ! Au final, je n’y étais pas du tout ! L’explication était tout autre et digne d’un scénario à l’eau de rose ou finalement le personnage serait enceinte de celui qu’elle aime et cela se finirait en happy ending. Sauf que là, nous étions loin d’un scénario pour film à l’eau de rose et je me sentais très mal pour Lukas. La situation était loin d’être évidente pour lui ! Ces derniers propos me firent légèrement rire. « Plus jamais après ce que tu viens de me dire. » Je ne savais pas si j’avais envie d’avoir des enfants plus tard. Enfin, disons que j’avais peur, peur de moi-même et du comportement que je pourrai avoir. Et si je ressemblais à mon père et leur donnais des coups ? C’était un peu bête de penser ça surtout que je travaillais avec des enfants de tout âge et que jamais, il ne m’était arrivé d’avoir un geste de trop. Mais peut-être étions-nous différents avec les enfants des autres, qu’avec les nôtres. « Et… tu voudrais quoi toi ? » demandais-je un peu hésitant. Que préfèrerait-il ? être le père ou non ? Et s’il l’était, que comptait-il faire avec son ex ? « T’aimerais être le père de cet enfant ? »

 
Gabriel ne semblait pas trouver chaussure à son pied concernant les filles. Apparemment, de ce qu’il me disait, il ne faisait aucunes rencontres sérieuses. Peut-être ne cherchait-il pas vraiment ? Ou peut-être n’était-il vraiment pas tombé sur la bonne fille qui le ferait vibrer pendant longtemps. Je lui racontai mes aventures avec Emily, de notre séparation à sa grossesse. Je lui conseilla vivement de toujours se protéger à l’avenir avec une fille afin qu’il ne lui arrive pas ce qu’il m’arrivait à l’heure d’aujourd’hui. Gabriel me demanda ce que je souhaitais avec cet enfant. Je haussai les épaules et bu une gorgée de ma bière avant de répondre. « Franchement j’en ai aucune idée. » C’était une question qui ne cessait de tourner en boucle dans ma tête. Qu’est-ce que je préférais ? « Je crois que je serais soulagé de pas être le père et peut-être un peu déçu en même temps … » Je vis que Gabriel ne comprenait pas trop que je pouvais ressentir des sentiments assez contradictoires. Il s’attendait sans doute à ce que je lui dise que je ne voulais pas de cet enfant, étant donné qu’il n’était pas voulu … « Je me dis que si cet enfant est pas de moi, ça va surement compliqué les choses entre Emily et moi. Malgré qu’on ce soit séparés, je me dis que y a peut-être moyen que … tu vois … que j’arrive à rattraper les choses. Mais bon avec un autre père dans les parages, je suis moins sûr de ça. » D’ailleurs Emily m’avait dit que ce gars ne représentait rien pour elle, que ce n’était qu’un ami mais était-ce bien la vérité ? J’en savais rien. Elle me disait peut-être ça juste pour ne pas s’étendre sur sa vie intime. Et puis élever un enfant avec quelqu’un ça tisse forcément des liens, alors coup d’un soir ou non, y avait le risque que ça devienne plus sérieux entre eux. « Je l’aime encore beaucoup, je peux pas tirer un trait sur ce qu’on à vécu et je crois que je jalouserais l’autre gars d’avoir un enfant avec celle avec qui je pensais faire ma vie pendant un temps. » La jalousie. C’était bien la première fois que je posais des mots sur ce que je pourrais ressentir. « Après c’est peut-être le moment pour moi de passer à autre chose. J’en sais rien, franchement cette situation me soule. Je t’envie de pas avoir d’attache et de ne pas tenir à une fille. Finalement l’amour c’est cool quand tout va bien, mais dès que ça se complique c’est de la merde. » Je me mis à rire. Pourquoi il fallait toujours que mes longues histoires d’amour se terminent sur des situations compliquées ? Une ex amnésique qui a littéralement fuit le pays car elle ne se plaisait pas dans la vie dont elle n’avait aucun souvenir, et maintenant une ex enceinte de moi ou d’un autre. Qu’est-ce que j’avais bien pu faire à ce monde pour qu’il s’acharne sur moi ? « Bon et sinon tu racontes quoi de croustillant par rapport à ta vie toi ? »
 

Lukas était dans l’attente de savoir s’il allait être père ou non. Il était stressé et cela pouvait se comprendre. Moi à sa place j’aurais au moins fait 3 attaques ! C’était difficile de se dire que son ex était enceinte mais qu’on était pas forcément concerné. En plus il s’agissait d’une ex dont il semblait toujours amoureux. La question qui se posait maintenant était de savoir s’il ce rôle de père lui plairait. J’avais du mal à comprendre qu’on puisse être déçu et soulagé à la fois. « Je t’avoue que je comprends pas. Tu viens de me dire que la énième dispute s’était faire car tu en avais marre de t’écraser, ce que je comprends totalement, et là tu aimerais être à nouveau avec elle… » c’était tout aussi contradictoire que le reste. Il l’aimait encore et ne voulait pas déjà tirer un trait sur elle. « Je comprends. » avouais-je. C’était toujours difficile d’imaginer la personne qu’on aimait avec un autre. « Mais peut-être que, s’il s’avère que ce n’est pas toi le père, ça sera l’occasion de passer à autre chose. Définitivement. » Je ne connaissais pas toute leur histoire, mais de ce que j’avais compris, Emily son ex était du genre à vouloir avoir le dessus sur Lukas. Et je connaissais Lukas, il devait se laisser faire, il était bien trop gentil ! Personnellement, ce n’était pas comme ça que je concevais une relation. Mais comme on dit : l’amour rend aveugle.

Je ris de bon cœur avec lui à ses derniers propos. « Tu crois que je suis célibataire pourquoi ? C’est bien plus simple. Tu te fais pas jeter parce que tu as eu le malheur de ne pas laver le verre que tu as utilisé avant de te coucher ou parce que tu as oublié de sortir le poulet du congélateur. » riais-je. Comme pour la vie de couple, il y avait des bons et des mauvais côtés à la vie de célibataire. On s’accommodait des mauvais, voilà tout !

Je ris à la question de Lukas « Croustillant je sais pas trop, chiant oui. La fille de mon beau-père a débarqué il y a deux nuits de ça… sans me prévenir bien sûr. Elle a trouvé un boulot en ville et je dois l’héberger le temps qu’elle trouve un truc. Je pris tous les soirs pour que ça arrive le plus vite possible. » riais-je. Abigail et moi nous nous apprécions pas vraiment et depuis quelques années, plus j’étais loin d’elle, mieux je me portais. J’avais déjà parlé de ma famille à Lukas et donc d’Abigail. Ce n’était pas un secret ! « Elle m’a réveillé à 2h du matin et ça première réaction a été : « tu pourrais ranger un peu. » Quelle personne fait ça ? » lâchais-je avant de boire une gorgée de ma bière. « Bref, je vais survivre ! »

 Gabriel ne comprenait pourquoi je m’accrochais tant à mon histoire avec Emily. Je ne m’attendais pas à ce qu’il comprenne de toute manière. Même moi avec beaucoup, ENORMEMENT, de recul je ne comprenais pas. Mais l’amour ça ne s’expliquait pas. C’était comme ça et on n’y pouvait pas grand-chose. Peut-être que je m’accrochais à quelque chose qui n’aurait jamais aucun aboutissement positif, mais c’était plus fort que moi. Mon ami avait peut-être raison, apprendre que ce n’était pas moi le père, me ferait peut-être passer à autre chose … Il s’amusa ensuite de mes conseils à rester célibataire car en faite ça entrainait tout un tas d’emmerde dès que la phase lune de miel se terminait. C’était bien vrai qu’en ayant pas d’attache on était plutôt libre de vivre comme bon nous semblait. Je devrais peut-être prendre un peu exemple sur Gabriel et faire des rencontres, m’amuser un peu et oublier Emily.
 
Je lui demandai s’il y avait des choses croustillantes dans sa vie personnelles. Peut-être que malgré ses conquêtes d’un soir, l’une lui avait tapé dans l’œil plus qu’une autre ? Ce n’était pas apparemment une conquête d’un soir mais de la venue surprise de sa demi-sœur chez lui, en pleine nuit. « Oh arrête de me la décris toujours comme une horrible fille, mais elle doit pas l’être tant que ça non ? » lui demandai-je avec un sourire amusé. Il me décrivit alors s’être fait réveiller en pleine nuit et avait eut des remontrances sur sa façon de ranger son appart. J’explosai de rire sans retenue. J’imaginais bien la scène. J’avais jamais rencontré le personnage mais maintenant qu’elle était en ville, j’espérais bien la croiser un de ces jours pour voir si elle correspondait vraiment au tableau dépeint par Gab’. « Après, j’avoue que parfois c’est un peu le bordel chez toi alors pour le coup elle a pas totalement tort. » Je lui donnai un coup de coude en souriant malicieusement. « Mais j’avoue qu’elle a l’air d’une vraie pimbêche cette fille. Elle aurait pu appeler, t’imagine t’aurais été au pieu avec une gonzesse ? Et là elle débarque, elle aurait cassé tout ton plan de la nuit ! » Ça aurait été une sacrée scène cocasse avouons-le ! « En tout cas j’espère pas qu’elle va venir te faire chier en venant habiter dans le coin. Manquerait plus qu’elle te flic et qu’elle ailler rapporter tout ce que tu fais à ta mère, l’horreur totale ! » Je levai les yeux au ciel. Je suis persuadé qu’elle serait bien capable de le faire avec tout ce que m’avait dit Gabriel à propos de cette demi-sœur reloue.
 

J’avais du mal à comprendre la réaction de Lukas, mais une chose était sûr, il était toujours amoureux de son ex. Sinon, il n’aurait aucune envie de retourner avec elle. Je voyais dans ses yeux, que même s’il ne s’avérait pas être le père, il avait espoir de poursuivre sa relation avec Emily. A partir de maintenant, ma mission serait de le faire sortir et s’amuser. Nous n’avions pas forcément besoin d’une femme dans notre vie et de ce fait Lukas n’avait absolument pas besoin du tyran qui lui servait de copine. Bref, il devait l’oublier. Oui, plus facile à dire qu’à faire.

La conversation se détourna vers moi. Et pour le coup, je n’avais pas franchement de choses sympas à dire. En même temps, depuis quelques jours déjà, je passais le maximum de temps à l’extérieur afin de ne pas croiser Abigail qui squatter mon appartement. J’espérais qu’elle trouve un appartement le plus vite possible, mais tous ceux qu’elle avait déjà visités, ne lui allaient pas. Ils étaient au-dessus de son budget. Une colocation, voilà ce que je lui avais gentiment proposé. Pas avec moi bien sûr ! Je ris aux propos de Lukas. C’est vrai que j’avais la fâcheuse manie de décrire simplement ses mauvais côtés. Elle avait des bons, il faut l’avouer. « Disons qu’avec moi oui. Avec tout autre personne, elle sait se montrer adorable ! Tu la rencontrerais, je suis sûr que tu la trouverais sympa, mais crois-moi, avec moi c’est tout l’inverse. »

Je bus une gorgée de ma bière avant de lui raconter l’arrivée mouvementée d’Abi’ en pleine nuit. Forcément, j’avais des raisons d’être de mauvais poil. On ne débarque pas chez une personne qui nous déteste à 3h du matin sans l’avoir prévenu. « Hey ! » m’offusquais-je « Quoi que je dise sur elle, t’es censé être de mon côté ! » Et puis même si oui, j’étais plutôt bordélique, elle n’avait pas à faire ce genre de remarque. « Et non, … elle attendait que son papa m’appelle… » dis-je en prenant une fausse voix naïve. « Genre elle est pas assez grande pour m’appeler toute seule. Puis elle pouvait très bien prendre un hôtel. Ca aurait arrangé tout le monde. » Elle comme moi. Elle n’aurait pas eu à supporter mon « bordel ». « Depuis qu’elle est là, je me débrouille pour pas la croiser, même les jours ou je bosse pas. » avouais-je avant que Lukas ne reprenne la parole. « Ouais beh pour l’instant c’est bien parti pour qu’elle reste un peu plus longtemps…. Elle trouve pas d’appartement dans son budget. Et devine qui vient nous rendre visite ce week-end, histoire de voir qu’on ne s’entretue pas ?... Nos parents… » répliquais-je dépité.