Erwan était sorti de l'hôpital depuis quelques semaines, et avait essayé de reprendre lentement le cours de sa vie. Il enchaînait des brèves journées de travail, des rendez-vous au commissariat ou au palais de justice, d'autres chez son médecin. Il n'avait pas vu Chris depuis l'hôpital, pas revu Orel non plus pour l'instant. Erwan avait besoin de sa solitude et de sa tranquillité, il ne pouvait pas s'occuper de ses histoires de petit ami. Il n'y avait pas de place dans sa vie pour un amoureux. Mais pour tuer sa solitude et sur conseil de son psychiatre, Erwan avait adopté un petit cochon nain qui était devenu son colocataire et son meilleur ami. Il l'avait nommé Chris, car quoi de mieux que le prénom de quelqu'un qu'il aimait beaucoup pour un petit être qu'il aimait tout autant ? Alors oui, son temps libre il le passait à donner de l'amour à Chris, le petit cochon. Il le promenait, lui faisait découvrir la plage... Ils s'étaient bien trouvés, en tous cas. Et ce matin-là, Erwan laissa Chris comme un grand dans l'appartement, alors qu'il se rendait chez le médecin. Il était un peu angoissé. Ce n'était pas son docteur habituel, mais un confrère. Non, une consoeur en fait ! Son médecin était absent pour la semaine, mais Erwan avait besoin de sa séance hebdomadaire malgré ça. Son docteur lui avait donc conseillé d'aller voir cette jeune femme, avec qui il collaborait. Erwan s'installa dans la salle d'attente, et fut très vite appelé pour rentrer dans le bureau. « Bonjour » il dit doucement avec un petit sourire timide, avant d'aller s'installer sur la chaise. La psychiatre était jeune, brune, le teint foncé et les cheveux descendant en jolies boucles dans son dos. Jeune, vraiment très jeune. Erwan était surpris, mais il la trouvait jolie et lumineuse !

Un nouveau jour se lève sur Miami et je suis déjà debout. Le sommeil a été long à venir et quand j'ai enfin réussi a m'endormir ce fichu cauchemar m'a gâché le peu d'heures qu'il me restait. Les yeux grands ouverts, je regarde mon réveil, 5h34. Je soupire bruyamment. Je sais que je ne me rendormirais pas. Je décide donc de sortir de mon lit. Je le dirige vers la cuisine et me prépare mon petit-déjeuner que je mange assez rapidement avant de me jeter dans la douche pour finir de me réveiller complètement. Là, je ne pourrais pas dire que je n'ai pas eu le temps au moins. Ça me fait sourire. Je prends le temps alors sous l'eau chaude pour me savonner et faire un soin pour mes cheveux. Une fois toute propre, je me sèche et m'habille. Un coup de brosse sur ma chevelure ondulée, un maquillage léger et je suis enfin prête pour ma journée de travail.  

J'arrive avec une bonne heure d'avance mais ce n'est pas grave. Je me replonge dans quelques dossiers et appose des notes supplémentaires. Le temps passe alors rapidement et le premier patient arrive suivi l'heure suivante du deuxième. Un certain Erwan Beckford. Un "bonjour" timide sort de sa bouche lorsque je l'accueille avec un sourire. Je l'invite ensuite à entrer et s'installer pendant que je referme la porte. Je prends place sur ma chaise et sors un nouveau cahier après avoir rangé celui du patient précédent. Comme à chaque nouvelle entrevue, je note le nom et prénom avant de poser mon regard sur le jeune homme en face de moi. Son apparence est douce mais je ressens une profonde tristesse. Votre psychiatre n'était pas disponible cette semaine. J'ai été prévenu par mail. J'espère pouvoir vous aider comme il le fait. Je vous écoute donc de quoi voulez-vous me parler ? Ma voix est douce et rassurante. Je lui laisse tout le temps nécessaire pour trouver ses mots et me raconter ce qui ne va pas. Ça doit vraiment lui peser en tout cas sinon il aurait attendu son médecin, il ne se confierait pas à une autre.

Il se trouvait à présent dans le bureau de cette médecin qu'il ne connaissait pas mais dont on lui avait tout de même vanté les talents et le professionnalisme. Erwan se disait qu'il pouvait faire confiance, et que le docteur Arana saurait lui venir en aide, au moins pour cette fois-ci. C'était mieux de rencontrer quelqu'un de nouveau, plutôt que de passer la semaine sans consulter ! Votre psychiatre n'était pas disponible cette semaine. J'ai été prévenu par mail. J'espère pouvoir vous aider comme il le fait. Je vous écoute donc de quoi voulez-vous me parler ? Elle semblait gentille et bienveillante. Erwan lui adressa un petit sourire. C'était inconfortable, il ne savait pas trop comment commencer, que dire. En général, son médecin savait comment orienter la conversation pour lui faire sortir certaines choses. Là, c'était différent, mais il n'était pas surpris. Chacun fonctionnait à sa manière. Si pour lui c'était important de venir aujourd'hui, c'était aussi parce qu'il avait des questions, qu'il se sentait un peu perdu, qu'il avait besoin d'être conseillé et guidé. Il haussa un peu les épaules, incertain. Erwan se disait que le docteur Arana avait certainement pris un peu connaissance de son dossier et de ses pathologies. « J'ai... des questions. » il introduisit, s'entortillant les mains en signe de nervosité. « Avec mon médecin... on a beaucoup parlé du sexe. Le sexe de façon punitive. De ma façon d'appréhender ça, les relations sexuelles. Et je crois que, enfin, c'est vrai que je suis confus... je suis incapable de faire le tri dans mes pulsions et mes désirs... c'est difficile à expliquer... » Il avait envie de se taper la tête contre un mur, tant il se sentait handicapé par ses propres mots. Erwan n'arrivait pas à articuler ce qu'il pensait et ressentait. Il prit une grande inspiration. « Je sais que c'est pas une bonne idée. Que moi-même je sais pas si j'en ai envie ou si... c'est juste un truc qui fonctionne pas dans ma tête. Mais des fois je passe dans la rue et j'ai des souvenirs et des envies. Comme si c'était plus fort que moi, le besoin d'aller à la sortie des clubs et de séduire les hommes. Je sais pas pourquoi, j'ai pas spécialement besoin d'argent, et je suis pas du tout sûr d'aimer le sexe » il soupira, frustré et énervé contre lui-même, contre l'incompréhension totale qu'il ressentait envers sa propre personne. « Est-ce que je devrais regarder des films de sexe pour évacuer ? » il finit par demander de but en blanc.