“Hope was layering awfully thin” Le visage de Liam prend un nouvel air sérieux quand il apprend qu’Elias et lui sont retenus en otage dans cette ville à défaut d’être prêt à affronter leurs parents. Il ne faut pas être trop malin pour comprendre que les réticences d’Elias vont sans doute un peu plus loin qu’une simple question de fierté, mais ça leur fait au moins un point commun, ne serait-ce qu’en surface. “C’est vrai qui si mes parents m’avaient forcé à épouser une femme, je n’aurais pas très envie de les voir non plus…” souffle Liam dans une tentative de faire un peu d’humour. Il n’est pas sûr de l’efficacité de ce plan et, de toute façon, une nouvelle question d’Elias vient plus ou moins réduire à néant tous les efforts qu’il fait pour rester léger. Il l’observe un instant sans rien dire, seulement sûr que ce n’est pas une bonne idée de pointer du doigt l’évidence qui commence à lui faire apprécier cette ville. Ou en tout cas, pas de façon trop directe pour l’instant. “J’aime la plage et les centaine de types bronzés en short de bain qu’on trouve partout…” lance-t-il quand il se décide à détourner le regard. “Et puis, j’ai trouvé cet endroit où on fait du très bon café et où le service est particulièrement soigné.” conclue-t-il en espérant que le sous-entendu soit suffisamment clair. Il refuse d’en dire plus, de toute façon, si Elias ne veut pas comprendre c’est presque mieux en fait.

“Je ne dis pas que c’est une mauvaise université !” se défend Liam quand l’homme revient sur le commentaire certes assez peu intelligent qu’il a fait. “C’est juste que d’ajouter un diplôme d’une petite université après en avoir obtenu deux dans l’une des meilleures écoles de ce pays, ça fait mauvais genre sur un CV. Alors que commencer par le bas et gravir les échelons, ça c’est impressionnant. J’ai déjà fait assez de mal à ma crédibilité professionnelle en travaillant à Tulane, crois-moi. Et de toute façon, ce genre de chose n’a d’importance que si tu te destines à une carrière dans la recherche, ce qui n’est pas ton cas il me semble.” Sauf si, bien sûr, Elias souhaite découvrir les meilleures façons de faire cracher tous ses secrets à Liam, domaine dans lequel il se révèle particulièrement doué, surtout quand il revient à la charge avec ce que le jeune homme pourrait désirer d’inatteignable. De quoi faire lever les yeux au ciel au jeune homme, qui doit faire appel à tout son self-control pour rétorquer qu’il a déjà tout ce qu’il veut et qu’il est probablement meilleur qu’Elias au tir à l’arc. Il ne sait même plus tellement pourquoi il tient tant à ne rien dévoiler à son sujet, ça devient peu à peu une question d’orgueil plus qu’autre chose.

“Si c’est irréalisable, qu’est-ce qui te fait croire que tu peux le faire en une seule journée ?” demande-t-il d’abord, avant de s’essayer à une quelconque tentative de répondre. Il a beau chercher, il ne voit vraiment pas ce qu’il pourrait dire. Il n’y a rien qu’il veuille et qu’Elias puisse lui offrir, encore moins aujourd’hui. En fait, il y a peut-être bien un petit quelque chose, mais ce n’est qu’une pâle copie de ce qu’il voudrait vraiment. Seulement, s’il veut qu’Elias lâche l’affaire, il va bien devoir lui donner un os à ronger. “Tu sais ce qui me ferait vraiment plaisir ?” se lance-t-il donc en se redressant à son tour. “Un deuxième rencard avec ta version non-mariée. Et que ce soit toi qui essaye de me séduire, cette fois. Je fais tout le travail depuis le début, mais j’ai besoin d’un peu d’attention moi aussi, figure toi !” Et qui sait, peut-être que si l’homme s’y prend bien, il acceptera même de s’ouvrir un peu.

 

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Le constat était un peu triste, mais je me surprenais surtout à attendre la véritable raison de son affection pour la ville. C’était parfaitement stupide, soyons en sur, mais il était le peu d’intérêt que j’avais pour cette ville et le fait qu’il puisse en être de même pour lui était… Agréable ? Rassurant ? Soyons honnête c’était complètement stupide et égoïste aussi, mais a cet instant, Lucy ou mon mariage n’avait pas grande importance. Et puis surtout il venait d’avouer qu’il aimait le café et son service, c’était une indication non ? Essayant de ne pas trop y penser, je réfrénais un sourire pour faire un peu d’humour concernant ici et sa défense me fit céder. Il ne disait pas qu’il s’agissait d’une mauvaise université, simplement que dans son cas ça serait une erreur au vu de son parcours et de ce qu’il voulait. Il avait déjà fait une erreur, il ne voulait pas en faire une nouvelle. « Je suis presque sûr qu’on pourrait te trouver arrogant juste avec cette phrase, mais j’aime bien. Tu sais ce que tu veux, t’as pas besoin de le justifier quand je te taquine. », quoi qu’il n’avait pas eu l’air de se justifier, plus de… Démontrer ce qu’il avait dit. Je ne savais pas vraiment comment l’expliquer, alors autant chercher à savoir ce qui lui semblait irréalisable mais que je pourrais essayer de solutionner en une journée.

Il était vrai que je n’étais pas certain de pouvoir faire quoi que ce soit pour régler ça en une journée, mais on pouvait toujours essayer. De toute façon il semblait avoir une idée car il finit par se redresser en affirmant qu’un deuxième rencard avec ma version non mariée serait plaisant. À cet instant j’aurais dû réagir et me dire que c’était vraiment mal, mais j’en étais incapable. Là… J’avais juste envie de passer du temps avec lui. Et j’avais aussi envie de passer du temps à le séduire, même si j’étais presque certain de ne pas être aussi peu attentif à lui qu’il pouvait le dire. « Ok. », soufflais-je dans un premier temps, sans prendre plus le temps d’y réfléchir que ça. « Et il fallait bien que tu fasses un peu tout le travail ! Sinon tu aurais été un prof assez moyen. », mais je relevais le challenge, il y aurait un vrai rencard ce soir. Enfin du moins si c’était bien pour ce soir et ça je devais m’en assurer.

« Est-ce que tu es libre ce soir ? » demandais-je donc en m’approchant de lui, « J’ai un dossier à retirer à la fac et après je suis libre. », me penchant vers lui, je soufflais à quelques millimètres de ses lèvres, « Je dois te montrer ma spécialité, c’est le minimum ! », un sourire me trahit avant que je ne l’embrasse sans penser aux conséquences. Je ne connaissais personne ici, personne ne me connaissait non plus. J’étais peut-être marié mais j’étais surtout libre, inconnu, sans obligation à rendre à qui que ce soit. J’ignorais un peu trop facilement mon mariage, mais j’existais, j’avais envie que ça continue.

“Hope was layering awfully thin” Un vague sourire flotte sur les lèvres de Liam quand il s’éloigne et met fin au baiser d’Elias. Perdu dans ses pensées, il observe l’homme un instant sans rien dire. Il est encore temps de faire demi-tour et d’oublier tout ça, mais à quoi bon ? Toutes ses précédentes tentatives ont échoué. Peut-être qu’il a tout simplement besoin d’un dernier drame avant de gagner enfin en maturité. “Ok, on va le chercher ce dossier d’inscription ?” demande-t-il en s’éloignant pour de bon avant de se relever. Ils ont perdu assez de temps et il faut encore trouver le bureau des admissions. Tandis qu’il remet de l’ordre dans ses vêtements, Liam regarde autour d’eux à la recherche d’un quelconque indice. Cette fac n’est peut-être pas la meilleure du pays, mais le campus semble plutôt immense… Il lui faut quelques secondes pour repérer un immense panneau près du bâtiment le plus proche qui ressemble vaguement à un plan de là où ils se trouvent. Il a presque hâte qu’ils en finissent avec cette histoire d’université, maintenant qu’il y a toute une soirée à attendre. Liam essaye seulement de ne pas avoir trop d’attentes à ce sujet.

Il ne dit rien quand Elias est prêt et qu’il ouvre la marche jusqu’au panneau, qui se révèle bel et bien être un plan du campus qu’il inspecte scrupuleusement. Il ne lui faut pas longtemps pour repérer le bureau des admissions sur la carte, quelques minutes tout au plus pour y emmener Elias et il ne reprend la parole que lorsqu’il s’adresse à la jeune femme assise derrière un ordinateur pour retirer un dossier d’inscription et une demande de bourses pour les vétérans. Pendant tout ce temps, il ne dit pas un seul mot qui soit destiné à Elias, perdu quelque part dans sa propre tête. Il sait qu’il ne doit rien attendre de tout ça, mais c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Et en tendant l’enveloppe en kraft contenant les dossiers à Elias, il se rend bien compte que ne rien espérer est peine perdue. Il a envie que cette soirée soit parfaite, tellement parfaite qu’il ne puisse pas lutter davantage et en espère une autre et encore une autre, jusqu’à ce que tout lui explose au visage. Il se sent presque comme un ado, nerveux et excité à l’idée de ce rencard, ça l’exaspère un peu, mais tant pis.

“Alors, cette spécialité dont tu parles, qu’est-ce que c’est exactement ?” demande-t-il en lâchant enfin l’enveloppe pour se détourner et sortir d’ici. “Comment est-ce que tu comptes me séduire en fait ? Ça doit être une tâche bien compliquée pour quelqu’un qui n’a aucune expérience en terme de rencard. Si tu veux un conseil, évite le ciné/dîner, c’est le plus mauvais plan du monde.” De toute évidence, la nervosité l’a finalement emporté sur tout le reste. Ce n’est pourtant qu’une soirée comme une autre, même pire que ça, une mauvaise idée qui ne peut que mal finir. Ça n’empêche pas Liam d’être vraiment impatient de se jeter dedans tête la première. L’atterrissage sera douloureux, mais d’ici là pourquoi ne pas profiter de la chute ? “Je promets de ne pas faire de remarques désobligeantes au sujet de ton plan, mais tu dois me dire ce que tu as en tête.” exige-t-il dans un sourire. “D’autant que c’est moi qui conduis, il faut au moins que je sache où on va !”

 

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Le moins que l’on puisse dire c’était qu’il ne perdait pas de temps. À peine remis debout que l’on se dirigeait déjà vers le bureau des admissions et une fois la bas, je fus assez étonné de ne pas être celui qui réclamait le dossier. Il géra tout, jusqu’à l’obtention du précieux objet et la remise en main propre. Le regardant donc un peu amusé, il réclama des informations sur ce que je prévoyais comme spécialité, mais aussi sur le plan que j’avais pour ce soir. La justification derrière tout ça ? Il avait la voiture, il conduisait, il devait savoir. Secouant légèrement la tête face à ce qui ressemblait quand même un peu à de la nervosité, je finis par sourire en lui demandant, « Je suppose que tu n’es pas prêt à te laisser réellement surprendre. », mais il allait peut-être devoir se laisser porter car je n’avais strictement aucune idée de ce que je comptais faire ce soir. Enfin si j’avais quelques idées, mais là tout de suite, c’était assez chaotique à mettre en place et ça réclamé juste une chose, savoir si déjà il accepterait de venir chez moi, à la maison, en sachant Lucy absente. « Pour être honnête mon plan dépend quand même pas mal de ce que tu vas accepté. », déclarais-je en toute honnêteté.

C’était peut-être un de mes problèmes ça, mais là, je me voyais mal mentir. Poussant donc la porte du bâtiment pour sortir au grand air, je fis quelques pas de plus avant de reprendre, « L’idée c’est de te faire mon fameux curry, mais ça implique que tu viennes chez moi pour ça. » déclarais-je donc un peu plus nerveux, « Le reste du plan c’était aller acheter les deux trois choses me manquant, et te convaincre qu’un verre de vin dans un jardin avec un ciel dégagé et probablement étoilé au bord d’un brasero c’est sympas pour apprendre à se connaitre. », mais ça impliquait rentré dans un endroit potentiellement dangereux, ou si les voisins ne se ferait sans doute aucun film en premier lieux, il y avait toujours ce risque de ce faire découvrir. Ce qui avec le recul était presque excitant, mais passons. « Et oui je compte sur les étoiles et l’alcool, ou le plat maison pour te charmer, mais à défaut de connaitre parfaitement tes gouts et prendre le risque de faire quelque chose de ridicule, autant choisir le véritable moi. » ajoutais-je avec humour pour essayer de ne pas paraitre réellement stupide. Chose compliqué sans doute, mais ça pourrait marché non ?

« Ce plan pourrait t’aller ou je cherche quelque chose d’autre ? », j’étais pas certain d’avoir une meilleur idée là tout de suite, du moins aucune idée qui n’impliquait pas un restaurant, aucune idée plus original. À San Francisco j’aurais sans doute été dans les parcs, dans les forêts, dans ces endroits compliqué, impossible à rejeter. Mais ici, aujourd’hui, dans une ville qui m’était entièrement inconnu, je n'avais pas d’autre choix que de me retrancher dans ce que je maitrisais de mieux. La simplicité, l’humain.

“Hope was layering awfully thin” Elias et ses mystères sont tout sauf rassurants. Que peut-il bien avoir en tête si ça l’inquiète à ce point que Liam n’accepte pas ? Maintenant qu’il a présenté les choses avec tant d’incertitude, Liam n’est plus très sûr de vouloir le découvrir. Il décide quand même de ne pas le montrer, refusant de laisser passer la moindre faille devant l’homme. “Qui a dit que je n’aimais pas les surprises ?” demande-t-il à voix haute, sans chercher pour autant à retenir Elias de tout lui déballer. Honnêtement, il est prêt pour n’importe quelle expérience avec ce mec. Ou presque. Mais ce qu’il pourrait refuser, il faudrait être cruel pour le proposer et il n’a pas l’impression qu’Elias soit quelqu’un de cruel. C’est donc sans vraiment se méfier qu’il suit l’homme hors du bâtiment et attend tranquillement quelques informations de plus au sujet de leur soirée. Il essaye très fort de ne rien imaginer d’avance, de se laisser surprendre et… Pour une surprise, c’est une surprise, en effet. C’est une chose d’accepter de sortir avec un homme marié, mais de là à se confronter directement et volontairement à l’idée de ce mariage… Sans rien répondre, Liam se mord les lèvres et réfléchit à toute allure tandis qu’Elias continue de dérouler ses idées de moins en moins sereinement. Liam n’a aucune intention de le rassurer : ce qu’il vient de proposer est de la folie et il ne devrait pas le faire à la légère. Heureusement que ça le rend nerveux, le jeune homme serait plus inquiet que ce ne soit pas le cas.

“Ça m’a tout l’air du rencard parfait.” souffle Liam quand il n’a plus d’autre choix que de répondre quelque chose. Il ne dit toujours pas vraiment s’il est d’accord ou pas, en grande partie parce qu’il n’en sait rien. De toute évidence, si Elias lui propose ce plan, c’est qu’il n’y a aucun risque que sa femme rentre soudainement au milieu de la soirée. C’est juste un peu rassurant. Est-ce que ça lui suffit ? Il lâche un soupir tout sauf discret en levant les yeux vers Elias, tandis qu’il pèse le pour et le contre. Et honnêtement, il a beaucoup plus d’arguments qui vont dans la colonne “contres”. Dommage qu’ils ne fassent pas le poids contre l’air anxieux et plein d’espoir d’Elias. “Je ne vais pas te mentir, ça ne m’enchante pas trop de coucher avec toi dans le lit que tu partages avec ta femme et j’espérais un peu que ce soit au programme de la soirée…” souffle Liam au bout de ce qui lui semble être une éternité. Il est satisfait de son ton tranquille et amusé qui laisse à penser qu’il plaisante plus qu’autre chose. Ce qui est le cas, même s’il y a une part de vérité dans cette remarque. Malheureusement, il n’arrive pas à jouer le rôle du mec décontracté beaucoup plus longtemps. Un autre soupir lui échappe, il passe une main sur sa nuque, gagne encore quelques secondes avant de se voir obligé d’admettre l’évidence. “... Mais ok, allons chez toi.” accorde-t-il finalement. Après tout, plus il se brûle les ailes rapidement, mieux c’est, pas vrai ? Il espère quand même un peu qu’Elias se rende compte de ce qu’il accepte de faire pour lui et que ça joue en sa faveur quand il faudra affronter les conséquences de cette histoire.

Il est le premier à se remettre en marche pour retourner au parking, d’un pas beaucoup moins nerveux et pressé, finalement. Il a pris sa décision et il ira jusqu’au bout, mais ça ne veut pas dire qu’il va se rendre jusqu’au domicile conjugal en courant, hélas. “Faut quand même avoir un sacré culot pour inviter le mec que tu te tapes à venir dîner dans la maison que tu occupes avec ta femme.” reprend-t-il après quelques pas, quand il se sent un peu moins sous tension. Il y a fort à parier que la soirée ne sera pas de tout repos, mais pour le moment, ils n’y sont pas encore, n’est-ce pas… “J’espère que ce curry est vraiment bon, c’est tout ce que j’aurais pour compenser l’absence de sexe, va falloir que ce soit à la hauteur.” Même si, en vérité, il compte surtout noyer son désespoir dans le vin, les chances qu’il parvienne à oublier où ils sont grâce à l’alcool étant bien meilleures qu’avec un bon repas.

 

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Ce n’était pas un rencard parfait, c’était sur, il y avait un truc qui clochait et je n’eus pas trop à attendre pour savoir quoi. Coucher avec moi dans le lit que je partageais avec Lucy ne l’enchantait pas trop et il attendait un peu ce genre de chose de cette soirée. J’aurais peut-être du être un peu plus explicite sur la nature exacte de ma relation avec Lucy et surtout à quel point l’on ne partageait pas… Vraiment beaucoup de chose. Me trouvant pathétique et un peu gêné d’avoir proposé ça, je le suivais malgré tout jusqu’à sa voiture où il finit par affirmer que j’avais beaucoup de culot de l’inviter à la maison alors que c’était le domicile conjugale. « C’est ce que j’aurais fait si j’étais pas marié. Te ramené chez moi, t’ouvrir un peu mon monde et pas abuser de toi ou de ton appartement. » répondis-je simplement. Il voulait que j’agisse comme quelqu’un de célibataire non ? Alors ça devait comprendre ça, ce genre de comportement. Et puis cette maison… « Et… Tu comprendras en arrivant, t’auras le droit de te balader partout, normalement ça devrait te redonner un peu d’espoir pour la soirée. » soufflais-je dans un sourire un peu timide. J’avais envie de profiter de ce soir et de ne pas vraiment me prendre la tête.

Arrivant donc à la voiture, je l’avais guidé jusqu’à un magasin pour prendre ce que j’avais besoin pour ce soir et après ça, ce fut en direction de la maison que je le conduisis. Je n’avais pas mentis, je vivais bien dans un quartier résidentiel typiquement américain. Barrière blanche, grande allée jusqu’à un double garage, un étage, de grande fenêtre mais aucune visibilité sur l’intérieur grâce à des rideaux, jardin encore un peu en chantier et trahissant de travaux, mais surtout, maison beaucoup trop grande pour un couple sans enfant. « On y est. » soufflais-je un peu nerveux alors que de toute évidence et vu que l’on était garé, il le savait déjà. Sortant donc de la voiture et attendant qu’il en fasse de même, je pris la direction de la porte, mon sac à la main en ignorant volontairement les quelques voisins en train de faire leur pelouse. Il n’y avait rien de suspect à ramener un homme chez moi non ? Vraiment rien. Le laissant alors rentrer, je refermais la porte en me sentant de suite plus soulagé. Liam allait comprendre bien plus de chose sans que je n’ai besoin de lui dire quoi que ce soit. C’était clairement l’avantage de cette maison, de cette situation. « Dépasse le côté showroom du mariage parfait de l’entrée et du salon, c’est juste pour les voisins et la famille. », déclarais-je en m’avançant vers la cuisine. Il y avait une ou deux photos du mariage, de nos amis, du chien, mais c’était tout, même là c’était peu convaincant enfin… Déposant tout sur le plan de travail, j’ouvrais la porte du jardin pour appeler le chien et lui donner à manger avant qu’il n’aille saluer Liam lui-même.

Me lavant les mains, je relevais les yeux vers lui, « Tu veux un verre et une visite ? », autant crever l’abcès et le rassurer peut-être sur la situation. Je me posais beaucoup de question depuis qu’il était rentré dans ma vie, mais je pouvais être sûr d’une chose, si ça pouvait paraitre étrange, la vérité c’était bien qu’il n’y avait rien à craindre, ni de si gênant ici. « J’ai pas grand chose à cacher et pas vraiment envie de le faire non plus. » ajoutais-je pour paraitre plus… Convaincant ?

“Hope was layering awfully thin” Elias remet la tension au goût du jour d’une nouvelle remarque pleine de mystère, qui occupe Liam tout le temps qu’il leur faut avant d’arriver chez l’homme. Garé dans l’allée, Liam ne se précipite pourtant pas pour aller voir quel secret se cache derrière la porte d’entrée qui pourrait lui redonner de l’espoir au sujet de cette soirée. Il observe plutôt la bâtisse gigantesque et tellement… clichée ? Ce mariage bat peut-être de l’aile, mais de l’extérieur, tout semble absolument parfait. C’est aussi impressionnant qu’effrayant, mais maintenant qu’ils sont là, l’ingénieur doit bien admettre qu’il est curieux d’en savoir un peu plus. De découvrir ce qui se cache sous la parfaite peinture blanche, gratter quitte à se casser les ongles. Il sait que ça ne peut pas bien se terminer, mais c’est difficile de raisonner correctement quand un seul regard à Elias lui fait perdre la tête. Il n’irait pas jusqu’à parler d’amour à ce stade, mais il y a définitivement quelque chose qui ne tourne pas rond. Probablement tout bêtement le frisson de pourchasser quelque chose qu’il ne peut pas avoir. “C’est parti.” souffle-t-il en réponse à Elias qui souligne inutilement qu’ils sont arrivés. Il sort de la voiture quelques secondes après le propriétaire des lieux qu’il suit jusqu’à l’intérieur en ignorant tant bien que mal le poids qui pèse de plus en plus distinctement dans sa poitrine.

L’intérieur lui fait le même effet que l’extérieur. La perfection incarnée. Et Elias a beau dire que ce n’est que pour les voisins, c’est vraiment difficile de dépasser la première impression. D’autant plus quand son regard s’attarde sur quelques photos et qu’il découvre finalement le visage de la mystérieuse épouse. Elle est… Magnifique. “Vous formez un très joli couple.” lâche Liam sans parvenir à cacher complètement l'amertume dans sa voix. Ils semblent vraiment faits l’un pour l’autre, on dirait presque deux mannequins posant pour un magazine sur le mariage. Il n’a pas du tout envie de voir le reste de la maison et pourtant, il en meurt d’envie en même temps. Pour l’heure, il se contente d’abandonner sa contemplation des photos de mariage et va rejoindre Elias dans la cuisine. “C’est dingue, je n’arrive vraiment pas à t’imaginer vivre dans cette maison.” fait-il remarquer, tandis qu’il prête une vague attention au chien, autre accessoire qui vient compléter l’image parfaite de la famille parfaite. Dès qu’il considère avoir donné assez d’attention à l’animal, il se redresse et s’approche un peu d’Elias, soudainement bloqué à deux pas de lui comme si quelque chose l’empêcher d’avancer plus. “Je veux bien un verre, oui.” souffle-t-il dans un sourire, “mais je vais attendre d’être un peu moins sobre avant d’accepter la visite guidée.” Il a besoin de se détendre de toute urgence s’il veut retrouver son flegme habituel et se montrer convaincant dans le rôle du mec indifférent.

“On pourrait commencer par discuter un peu ?” propose-t-il en regardant autour de lui, partout en fait, sauf vers Elias. “De moi, cette fois.” ajoute-t-il en pinçant les lèvres. Il a beaucoup de questions, pourtant, peut-être même un peu trop. Et il compte bien obtenir quelques réponses, ce soir aussi d’ailleurs, mais pour l’instant… Il n’a pas envie de trop se concentrer sur le fait qu’il sort avec un homme marié. Il y a bien assez de choses pour le lui rappeler tout autour d’eux. Alors autant se concentrer sur lui, non ? Et puis, c’était le but de cette soirée après tout, qu’Elias fasse quelques efforts pour participer à cette relation, lui aussi, qu’importe ce qu’elle est exactement ou pas d’ailleurs. “Je te promets d’essayer de répondre à toutes tes questions, cette fois.” reprend-t-il pour encourager l’homme à se lancer. Il a pas mal évité de répondre la dernière fois, mais ce soir… Il est prêt à parler d’Aiden pendant trois heures si ça lui évite d’en apprendre plus sur l’épouse qui n’avait définitivement pas besoin d’un visage pour prendre trop de place entre eux.

 

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La première phrase qu’il exprima en arrivant dans la maison fut assez désagréable. Un joli couple, ce n’était pas méchant, mais le ton de la voix, le fait qu’on soit un couple avec Lucy… J’avais du mal à l’accepter cette réalité, c’était étrange, mais vraiment, venant de ça part, je ne voulais pas l’entendre. Autant qu’il ne m’imagine pas vivre dans cette maison était ok, mais le couple… « J’aime pas ce côté photocopie. » soufflais-je avant de lui proposer un verre ce qu’il accepta tout en refusant la visite pour le moment, il avait visiblement besoin d’alcool et d’une discussion sur lui. Ce n’était pas faute de ne pas vouloir parler de lui, mais il avait assez facilement repoussé le sujet à chaque fois que j’avais essayé alors… Il y avait de quoi s’interroger non ? Sa vie devait être moins compliqué que cette maison de toute évidence. De ce que j’avais vu, il avait une préférence pour le bourbon, alors sans vraiment me faire prier, j’allais chercher une bonne bouteille, celle que seule mon père buvait d’ailleurs, avec de revenir pour servir un verre et lui demander de patienter quelques minutes, « Je vais lancer le curry maintenant, comme ça on sera tranquille. », coupant donc en un temps record tout les légumes, je lançais la cuissons à feu doux avant de recouvrir pour laisser le tout mijoter avant de prendre une bière dans le frigo, la bouteille et sa main. L’attirant dans le salon d’hiver qui ressemblait plus à un atelier qu’autre chose, je le lachais pour faire un peu de place et dégager quelques machines pour ne pas se blesser. Ce n’était pas sale, il n’y avait pas de poussière, mais une perceuse sur les fauteuils ce n’était pas très confort.

M’asseyant alors, je me tournais vers lui un peu gêné, mais dans les questions que j’avais à lui poser, je savais d’avance que l’une n’aurait peut-être pas de réponse. « Je suis désolé, j’aimerais avoir des questions plus légères, mais je m’interroge sur certaines choses depuis le premier soir. », je voulais pas rendre les choses plus désagréable, mais ça me préoccupait assez, « Ton ex… Il s’est passé quoi ? Du peu que tu en as dit il t’as balancé tellement de saloperie et parfois j’ai vraiment l’impression qu’il t’a atteint, du coup si tu veux bien m’expliquer ? », j’étais pas très franc et je ne voulais pas vraiment le forcer à répondre, alors j’ouvrais d’autre porte, « Et si c’est pas le moment, tu peux m’expliquer pourquoi t’as limite fuis quand je t’ai dis être de l’armée ? Ou tu peux me raconter comment c’était vraiment chez tes grand parents ? » les sujets les moins facile, j’en étais désolé, « J’aime pas être intrusif, et c’est pas que je veux pas parler de toi, juste les seules fois ou j’avais essayé j’avais l’impression de te faire mal, mais je suis vraiment pas contre te parler de toi, ou en savoir plus. », lui assurais-je avec un sourire doux, sincère.

« Et si tout ça c’est vraiment trop tôt, tu peux me dire quelles personnes tu voudrais absolument rencontrer, si t’as un héros personnel dans ta vie, une personne que t’adule. Et cette question n’es pas si stupide ! », mon stresse à l’idée de potentiellement ouvrir la boite de pandore si en revanche. Il était donc temps de boire une gorgée ou deux de bière, juste pour me donner du courage en cas d’échec. En cas de connerie posé, ou de manque d’intérêt. J’avais eu quoi comme idée moi en venant ici ?

“Hope was layering awfully thin” Peut-être Liam a-t-il été un peu trop vite en besogne en promettant de répondre à toutes les questions et en jurant même préféré parler d’Aiden plutôt que d’Elias. Parce que quand l’homme se lance enfin dans ses questions, c’est à peine s’il y en a une seule qui ne concerne pas directement le Major. Ou bien ses grand-parents. Même celles qui semblent plus innocentes concernent l’un ou l’autre de ces sujets tabous… C’est pourtant un sourire qui apparaît sur ses lèvres, quelques secondes avant qu’il n’essaye d’avaler assez d’alcool sans vider son verre d’une seule traite. Bien sûr qu’Elias veut savoir tout ça. Et il a au moins eu la politesse d’attendre d’avoir l’autorisation avant de se lancer. À sa place, Liam n’aurait pas fait preuve d’autant de gentillesse. “J’aurais peut-être dû te demander les questions avant de promettre d’y répondre…” lâche-t-il en riant à moitié quand il émerge de son verre. Il ne se lance pourtant pas tout de suite et s’offre même tout le temps nécessaire pour bien réfléchir. Il pourrait mentir. Les chances sont grandes qu’Elias n’apprenne jamais la vérité de toute façon. L’avantage de la vérité, c’est qu’elle peut faire fuir Elias de lui-même, puisque de toute évidence, Liam n’arrive pas à le faire.

“Aiden, mon ex, il est Major dans l’armée de terre américaine.” souffle-t-il après un moment. “Et je veux bien croire que vous n’êtes pas tous les mêmes, mais d’après mon expérience, je ne suis pas vraiment l’homme idéal pour un soldat souffrant de stress post-traumatique.” Une fois de plus, il se donne du mal pour éviter le regard d’Elias. Il ne sait même pas si ce problème concerne l’ancien soldat, mais il n’a aucune envie de le découvrir dans la douleur. Tout comme il se doute que ce qu’il vient de dire risque d’être un énorme problème si Elias souffre bel et bien de ce trouble. C’est comme d’annoncer dès maintenant que, quoi qu’il se passe entre eux, Liam ne sera pas là dans les moments difficiles. Pas vraiment une excellente base pour construire une relation, il sait de quoi il parle. “On est resté deux ans ensemble et… Il ne m’a jamais vraiment raconté ce qui s’est passé quand il était en mission, que ce soit avant ou pendant notre relation, mais… Il était très perturbé. Violent, verbalement et... physiquement aussi. J’ai essayé de rompre plusieurs fois, j’ai même rencontré un autre homme et pendant un moment, tout était génial, je pensais que c’était enfin fini, mais inutile de dire que ça l’a rendu fou de rage. En fait, j’ai dû quitter la ville pour réussir à me débarrasser de lui réellement.” Mal à l’aise, Liam vide enfin son verre sans plus se soucier de passer un peu pour un alcoolique et inspire un grand coup avant d’oser affronter de nouveau le regard d’Elias.

Il lâche un nouveau rire qui manque cruellement de joie et ajoute, pour ne pas laisser le temps à l’homme de lui montrer la moindre pitié : “Si ça peut te rassurer, mes grands-parents sont des gens incroyables. Enfin, ma grand-mère est morte quand j’étais très jeune, je n’ai pas trop de souvenirs d’elle, mais mon grand-père… c’est lui mon héros, le seul être humain que j’adule !” On sent bien que le ton léger est un peu forcé, mais il est sincère quand même et ce ne sont que les fantômes de sa relation avec Aiden, qu’il essaye difficilement de garder au loin, qui l’empêchent d’être totalement à l’aise. “La seule raison pour laquelle je n’ai pas tellement envie de parler de lui ou de tous les bons moments que j’ai passé chez lui, c’est… Je l’aime plus que n’importe qui d’autre au monde et je suis fier de qui il est, vraiment fier. Mais ça fait du bien de ne pas être seulement son petit-fils, parfois. Et puis de là où je viens, la cravate est obligatoire, donc… J’imagine que je ne voulais pas te faire peur dès le premier soir.” Ce soir, cela dit, il n’a plus grand chose à perdre. Il s’attendait à ce que ce soit un peu plus difficile que ça, de se faire à l’idée qu’il vient de mettre un terme subtile à plus de sérieux dans leur relation, mais ce n’est pas le cas. Au contraire, il sent comme un poids quitter ses épaules. Il n’y a aucune chance que ça aille très loin entre eux, tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de profiter tant que ça marche.

 

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Si j’avais ris au début, dès qu’il commença à parler mon visage se décomposa. Aiden, Major, US Army… Il n’y en avait pas des milliers et en écoutant ce qu’il disait, en parlant de violence, verbale, physique, il n’y avait pas dix milles possibilités, on parlait du même homme, le connard qui avait ruiné ma vie c’était lui et visiblement il avait aussi pourri la vie de Liam. Tendu, j’avais du mal à garder mon calme quand il affirma que l’homme n’avait même pas assumé ses actes. Je m’en voulais alors un peu de ne plus être très attentif sur le sujet de ses grands parents. Il avait perdu sa grand mère, son grand père semblait être quelqu’un de bien, mais Aiden… Attendant donc que le silence ne retombe, je me levais brutalement pour aller chercher un verre, pour revenir et me servir ce qui était de toute évidence un excès de bourbon avant d’en boire une grande rasade et de poser ce verre sur mon plan de travail de fortune. J’étais nerveux, c’était une mauvaise chose, très mauvaise et j’étais incapable de le regarder lui. Je devais être livide à cet instant, pourtant la colère était bien là. « Étrangement moi je peux te dire ce qui est arrivé à notre charmant Major Aiden Jacobs. » soufflais-je sans pour autant relever les yeux.

« C’était un carriériste qui a compris violemment que le monde n’était pas parfait. On a eu la même désillusion, mais moi j’étais idéaliste, je m’en fichais d’avoir un grade, c’était pas son cas. », je refusais de reprendre mon verre tout de suite, je ne voulais pas m’y noyer, même si mon envie première avait été ça. « J’étais sous son commandement, on a été envoyé au front ensemble, il présentait bien, il parlait bien, il avait tout d’un mec bien, mais il a envoyé une équipe à la mort la première semaine, aucun survivant, un fiasco sans nom, une erreur stratégique pouvant ruiner une carrière militaire… Ca l’a mit à terre, mais il a jamais assumé son erreur. Il a commencé à faire revenir au pays les gars ayant des syndrome post traumatique grave, comme un bon samaritain, mais on peut pas faire rentrer au pays des gars s’étant engagé à l’armée sans raison, alors il a commencé à faire l’objet d’enquête et il a commencé à devenir le pire des connards pour sauver sa peau et son rang… », et encore connard était léger. « J’étais tireur d’élite, je manquais jamais mon coup, mais pendant une mission, les ordres étaient d’abattre un gamin avec une ceinture d’explosif… J’ai pas pu… Comment on pouvait obtenir la paIX et sauver des gens si on tuait des enfants n’ayant aucune idée de ce qu’ils faisaient ? Normalement on règle ça entre nous, pas besoin de prévenir les hautes sphères pour un soldat hésitant…. Mais Jacobs était tellement dans la merde qu’il m’a balancé pour détourner l’attention et sauver son cul… Pendant des mois, à chaque permission, je passais plus de temps devant des tribunaux à devoir justifier mon geste qu’avec ma famille, mais au moins ce sombre connard avait sauvé son cul et avait gagné une place tranquille au pays sans avoir besoin de regarder les hommes qu’il trahissait en face. Moi, j’étais trop compétent, des bons tireur d’élite il n’y en avait pas beaucoup, alors j’ai du y retourner jusqu’à ce que je prenne une balle dans les poumons qui a bien manqué de me tuer. » j’eus alors un rire jaune, douloureux en pensant à la fin de tout ça, « J’étais entre la vie et la mort et ce connard continuait à envoyer des rapports sur moi pour que je sois considéré comme criminel de guerre et pas vétéran… Alors ça m’étonne même pas qu’il t’ai poussé à quitter la ville et un mec pour sortir de son emprise… Ce mec est une ordure essayant de se faire passer pour un héros traumatisé alors que la seule chose qu’il sait faire c’est protéger son cul. », j’avais l’impression d’avoir couru un marathon quand j’eus enfin le courage de relever les yeux vers l’homme, je m’en voulais, je m’en voulais vraiment de pas avoir su présenter les choses différemment, mais c’était impossible de réduire la réalité.

« Quoi qu’il ait pu te dire, essayer de te faire croire, c’était faux. T’es pas comme il a pu te le dire, il voulait juste… te détruire pour se sentir mieux. » il était fort pour détruire psychologiquement les gens ou appuyer son pouvoir, je le savais, je l’avais vécu. Mais rien qu’il ne puisse dire était vrai. Cet homme, il n’avait pas vraiment connu la guerre, l’enfer, il l’avait juste fait vivre aux autres. Soufflant une nouvelle fois, je levais les yeux vers le plafond pour me reprendre un peu mieux, pour ne pas laisser ce passer m’envahir, « Je voulais pas être si… Il m’a pourri la vie, je lui en veux vraiment. C’est pas une excuse pour s’emporter dans ce genre de révélation, mais je comprends mieux maintenant et je comprends aussi ta réaction, mais on est pas tous comme ça… Y’a bien des anciens soldats qui vendent du café pour retrouver une vie normal ! », j’essayais l’humour, en vain sans doute, mais je devais revenir à lui, parler de lui, on était là pour ça, « Et désolé pour ta grand mère, mais je sais ce que c’est d’aimer plus que tout un grand parent, d’en être fier. C’est une bonne chose d’avoir un repère comme ça. ». Revenant m’asseoir, je savais que c’était un peu peine perdu de vouloir retrouver un peu de normalité, mais j’essayais quand même, « Je vais poser des question un peu moins, intense si ca te dérange pas. » ajoutais-je dans un sourire difficile, « Ce que tu adores plus que tout à la télé par exemple ! », même si j’avais l’impression que du coup, ca tombait un peu à côté.