Kathelyn & Colton

Les prisonniers de l'ascenseur

En me levant ce matin, je ne m’attendais pas à devoir jouer au médecin à l’hôpital. Je suis venu ici à la base pour un rendez-vous et me voilà coincé dans un ascenseur avec deux femmes, dont une qui va clairement accoucher sous nos yeux. J’ai cinq enfants, je sais comment ça se déroule... cela dit je ne suis pas médecin pour autant. S’il devait avoir des complications qu’est-ce que nous devrions faire? Je ne veux pas causer la mort d’un bébé ou pire de deux bébés parce que cette femme est enceinte de deux bébés.

Ce qui est primordial en ce moment c’est que tout le monde reste calme, que tout le monde soit relaxe. Si nous devions tous être paniqués ça ne ferait que compliquer les choses et ce n’est pas ce que l’on veut. J’enlève mon manteau et ma chemise question d’avoir quelque chose pour enrouler les bébés s’ils devaient venir au monde pendant que nous sommes encore ici. Je n’ai jamais aimé me mettre torse nu, mais je n’ai aucunement le choix.
COLTON : « Kathelyn a raison, nous avons encore du temps. Prends un grand respire, concentre-toi sur le positif, pense à de belles choses. »
Mes conseils ne fonctionnent pas puisque cette femme est en train de m’arracher la main. Elle semble avoir mal la pauvre... elle n’est qu’au début en plus. Qu’est-ce que ce sera lorsque ce sera LE moment?! Je n’ose pas imaginer.
COLTON : « J’aurais beaucoup de choix de prénoms si tu cherches des idées. »
Lui dis-je en souriant. Des idées que j’aimais mais que les mères aimaient malheureusement pas. Ce sont souvent les mères qui choisissent le nom de l’enfant.
COLTON : « Une plateforme pétrolière?! Wow! J’ai beaucoup de respect pour ces hommes et ses femmes qui font des métiers de la sorte. »
C’est un métier dangereux, rappelons-nous l’explosion de la Deepwater Horizon ou encore les incidents qui se produisent un peu parfois sur différentes plateformes pétrolières.

Pourquoi vouloir connaître le nom de mes enfants? C’est la première fois qu’on me demande une telle chose. C’est gentil, vraiment.
COLTON : « J’ai quatre garçons et une fille. Mon plus vieux s’appelle Loïc il a 12 ans, après j’ai Xavier qui lui a 10 ans, Cassandra qui a 8 ans, Eliott qui a 5 ans et mon plus jeune, Ezekiel qui a 2 ans. Malheureusement, ma fille est décédée il y a quelques mois. Ma première femme, la mère de mes trois plus vieux, est décédée tragiquement il y a huit ans. Ma fille n’avait que deux mois quand ma femme a quitté ce monde. La vie est fragile et souvent nous nous en rendons compte lorsqu’il est trop tard. C’est pour ça qu’il est important de dire aux gens que nous les aimons. »
Dis-je avant de réaliser que je viens visiblement de me confier un peu trop facilement à des inconnues.

  

Kathelyn & Colton

Les prisonniers de l'ascenseur

Je priais intensément au fond de moi pour Carole puisse retenir ses jumeaux autant que possible en elle. Ses contractions devenaient de plus en plus proches mais nous avions le temps encore, le temps d’être sortie de là et qu’elle puisse accoucher avec du personnel médical compétent. J’essayais de la distraire en faisant la conversation, même si je savais pertinemment que si son corps avait décidé d’expulser les bébés, quelques paroles ne suffiraient pas à ralentir les choses. Colton nous parla de ses enfants, du plus grand qui avait douze ans au plus jeune qui n’en avait que deux. Il nous avoua que sa première femme était décédée bien trop tôt et qu’il avait compris bien trop tard que la vie ne tenait qu’à un fil. Je l’observai, le regard remplit de compassion. C’est vrai que nous avions tendance à oublier que nous n’étions pas immortels et que le destin pouvait choisir de nous enlever nos être chers du jour au lendemain. Mon cœur se serra dans ma poitrine en pensant à William qui était parti pour le Texas. Il était idiot de risquer sa vie ainsi … Carole m’interrompit dans le fil de mes pensées en gémissant de douleur, non en hurlant de douleur plus exactement. « Pourquoi est-ce qu'il me raconte ça, lui ? J'm'en fiche j'ai un mal de chien faites quelque chose ! » Je me retrouvai quelque peu désemparée sur le moment. Je regardai Colton qui semblait être tout aussi surpris que moi par Carole. Je pris une profonde inspiration et regarda la future maman. « Ok … OK. Tu vas respirer bien profondément. C’est ça continue. Quand tu sentiras la contraction arriver tu vas expirer. Tu te rappelles ? Comme tout à l’heure. Surtout garde ton calme … »
 
La prochaine contraction arriva bien plus vite que prévue, nous étions passé à moins de deux minutes d’intervalle. C’était pas bon signe, enfin ça l’était pour Carole mais pas pour Colton et moi. Nous allions devoir nous improviser sage-femme. Carole hurla de nouveau de douleur avant de lâcher : « et puis je n'en veux pas de ce bébé... » J’eu un petit temps d’arrêt en entendant ses paroles. Je ne m’attendais pas du tout à ce genre de propos venant de la femme. « Dites pas ça, c’est juste difficile sur le moment mais ça ira ensuite … » Elle s’était mise à pleurer et son corps était secoué de spasmes. « Les femmes de ma communauté avait pour habitude de masser certaines zones du corps pour apaiser la douleur, comme les mains par exemple … » Je saisis sa main et commença à la lui masser. Je ne savais pas si je m’y prenais bien mais au moins je tentais quelque chose. De toute façon on avait pas un très large choix d’anti-douleurs à notre disposition. Carole pleurait toujours. Je commençais à paniquer un peu honnêtement. « Je suis une femme seule, mon mari n’est jamais là. Je voulais pas d’enfants mais j’ai cédé et voilà que je vais me retrouver à élever deux marmots … Je vais être une mauvaise mère c’est certain. » Les hormones étaient entrées clairement en action et fausser son jugement envers elle-même. Je pouvais comprendre ses craintes, moi-même si je me retrouvais enceinte à l’heure actuelle je douterais de mes capacités à être une bonne mère. Entre deux sanglots, elle fut de nouveau assaillie par une contraction. On se rapprochait de la minute.   

Kathelyn & Colton

Les prisonniers de l'ascenseur

On me pose une question alors je réponds mais visiblement cette femme ne veut pas que je parle. Ce n'est pas nouveau, quand je parle on ne m'écoute jamais. Je suis habitué puisque c'est comme ça depuis que je suis un enfant. C'est pour ça que je ne parle jamais et ça on me l'a toujours reproché. Je ne parle jamais parce que je sais que ça tape sur les nerfs des gens. Ça, je l'ai compris lorsque j'étais petit et que mon père m'a dire de ne pas parler si je n'ai rien d'intéressant à dire alors qu'à cette époque je parlais beaucoup. Je regarde Carole et je ne dis rien... je regarde Kathelyn et celle-ci semble visiblement quoi dire et quoi faire avec cette femme qui est sur le point de mettre au monde ses enfants. J'ai cinq enfants mais je ne suis pas médecin alors je ne sais pas quoi faire si jamais ça tourne mal.

Elle ne veut pas de ses bébés? Est-ce que j'ai bien compris? Elle dit ça uniquement parce qu'elle est sur les nerfs. Elle ne le pense pas vraiment, c'est impossible qu'elle ne veuille pas de ses enfants. Ne pas vouloir d'enfant elle aurait avorté... à moins qu'elle pense les donner en adoption. Après tout, nous ne connaissons pas cette femme et il existe des couples qui ne veulent pas d'enfant.
COLTON : « Toutes les femmes disent ça parce qu'elles ont peur d'accoucher, mais elles changent rapidement d'idée lorsqu'elles tiennent leur enfant dans leurs bras. Je suis convaincu que ce sera la même chose pour toi Carole. »
Dis-je pour essayer de l'encourager un peu.
COLTON : « Tu n'es pas seule, nous sommes là tous les deux. Tout ira bien parce qu'il n'y a pas de raison pour que ça se passe mal. Voudrais-tu que j'appelle ton mari? »
CAROLE : « Non, il n'a pas de téléphone au travail. »
COLTON : « Alors ce sera une belle surprise qu'il aura à son retour. Tu es la meilleure, tout ira bien, je te le promets. »
Je lui serre doucement la main pour qu'elle prenne confiance.

Kathelyn & Colton

Les prisonniers de l'ascenseur

Les choses s’étaient accélérées du côté de Carole. Les contractions étaient davantage rapprochées et les jumeaux allaient sortir d’une minute à l’autre. Nous la sentions désemparée avec Colton. D’ailleurs elle nous dit qu’elle ne voulait pas de ces bébés. Je me trouva désemparée et j’essaya de la rassurer comme je pouvais. Mon partenaire du moment m’aida en essayant de la rassurer, que c’était tout à fait normal de paniquer à l’approche de l’accouchement, que c’était la peur de l’inconnu qui leur faisait dire de telles choses. Si j’avais été à la place de Carole, les mots de Colton auraient été d’un grand réconfort. Je le regardai et lui accorda un large sourire. Il était vraiment bon, il avait dû faire un bon papa dans sa vie. Le brun proposa d’appeler le mari de la future maman mais celle-ci répondit qu’il était injoignable quand il travaillait. De nouveaux mots d’encouragements sortirent de la bouche de l’homme. Je pris une inspiration. « Carole, tout va bien se passer. Je vais enlever tes habits en bas si tu me le permets. J’ai besoin de voir où en est le travail. » Elle me donna son accord d’un hochement de tête avant d’être prise de nouveau d’une contraction. Une fois les habits retirés, je regardai son entre-jambe. « Bon, alors … » commençai-je en soupirant légèrement. « … je crois bien que je vois la tête du premier bébé. » J’étais pas une experte mais ce que je voyais devant moi semblait bien être le crâne d’un nouveau-né qui tentait désespérément de sortir de sa mère. « Carole dès que tu sentiras la prochaine contraction … » Je n’eu pas le temps de terminer ma phrase que la jeune maman fut prise d’une douleur. « POUSSE CAROLE ! C’est maintenant. » Je la sentis se raidir et pousser de toute ses forces pour faire naitre son premier enfant. Je venais de penser que je ne m’étais même pas lavé les mains avec la solution hydroalcoolique. Tant pis ! On faisait on mieux, comme on pouvait dans cet endroit très précaire. La tête du bébé sortait lentement. « Continue comme ça. C’est très bien, tu es très courageuse. Surtout respire bien c’est important pour pas trop te fatiguer. » S’en suivit une autre contraction qui expulsa entièrement la tête du bébé. Je l’aidai délicatement à sortir son petit corps menu. Un cri se fit entendre. Un sourire s’afficha sur mes lèvres. « C’est un beau petit garçon ! Colton tu peux le prendre s’il te plaît enroule le bien dans ta veste il ne faut pas qu’il prenne froid. Carole, on va continuer le travail. Le deuxième est là je le vois. Je sais que tu peux le faire. » La jeune maman soupira. Je pouvais sentir qu’elle avait donné beaucoup d’énergie pour son premier enfant mais il ne fallait pas qu’elle abandonne. Une autre contraction et elle poussa de nouveau, avec moins de force mais toujours autant de courage. Au bout de quelques minutes, le deuxième bébé sortis enfin. Je l’enroulai dans ma propre veste alors qu’il faisait travailler ses poumons. Je le tendis à sa mère et la couvrit ensuite par pudeur. Je ne pouvais détacher de mes lèvres se sourire qui était arrivé en même temps que la venue au moment de ce premier bébé. Je regardai Colton avec un sourire satisfait. « Beau travail partenaire ! » le félicitai-je. Il avait d’un grand soutien auprès de la jeune mère.

Kathelyn & Colton

Les prisonniers de l'ascenseur

Accoucher dans un ascenseur bloqué ce n’est pas l’idéal, tout comme ce n’est pas idéal non plus d’accoucher sur le bord de l’autoroute parce que nous n’avons pas le temps de se rendre à l’hôpital. Je n’ai jamais accouché alors je ne peux pas savoir exactement ce que c’est mais je sais que ce n’est pas simple, je sais que ça fait mal puisque j’ai vu les mères de mes enfants souffrir et elles me l’ont dit que ça fait un mal de chien. Je peux donc comprendre la peur que vit présentement Carole qui n’a jamais eu d’enfant auparavant et qui doit accoucher dans un endroit aucunement normal... sans parler du fait que son mari n’est pas présent pour ce grand jour. C’es donc avec mes plus beaux mots et avec mon cœur que je tente de l’encourager en lui disant qu’elle oubliera tout lorsqu’elle tiendra enfin ses bébés contre elle.

Laissant Kathelyn déshabiller Carole, je me contente de lui tenir la main qu’elle peut serrer aussi fort qu’elle veut. Nous l’encourageons à pousser le plus possible. Elle doit tout donner. Plus elle pousse, plus les bébés sortiront rapidement et plus vite elle cessera de souffrir le martyre. Elle pousse sans relâche et voilà que des pleurs se font entendre. Je souris en regardant Kathelyn qui sort le premier bébé. Je m’embrasse de l’enrouler dans mon haut pour le tenir au chaud et je le rassure en lui parlant tout bas.
COLTON : « Ça va aller mon grand, maman pourra bientôt te prendre contre elle. Elle doit juste mettre au monde ton petit frère. »
Carole est tellement préoccupée qu’elle n’a même pas jeté un œil à son premier bébé. Peut-être que finalement elle ne veut vraiment pas de ses bébés.

Le temps avance et voilà que le deuxième bébé sort enfin. Je laisse Kathelyn le déposer sur Carole et une fois qu’il est bien déposé, je dépose le premier bébé qui s’est calmé entre-temps. Je souris et je tourne la tête vers Kathelyn pour la regarder.
COLTON : « On dirait que tu as fait ça toute ta vie. »
Dis-je simplement avant de poser mon regard sur Carole.
COLTON : « Tu devrais les coller contre ta peau pour qu’ils ressentent ta chaleur et que tu leur donnes le sein. Il faut les nourrir un peu après ils vont s’endormir. Tu sais comment faire? »

  

Kathelyn & Colton

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L’accouchement se fit sans trop d’encombres. Carole fut courageuse et malgré la douleur ainsi que la fatigue, elle mit au monde ses deux merveilleux enfants. Si Colton n’avait pas été là, sans doute que les choses auraient été un peu plus compliquées. On tendis les bébés à la maman qui les pris dans ses bras. Un regard remplit d’amour se posa sur le visage de ces eux nouveau-nés. Mon partenaire du moment, me dit que je semblais avoir fait ça toute ma vie. Je me mis à rire doucement en prenant ma bouteille d’eau pour me rincer les mains. « Je n’avais encore jamais accouché de femmes, mais j’en ai vu plusieurs. Faudrait peut-être que je tente une reconversion professionnelle. » Le jeune homme conseilla à Carole de coller les enfants contre sa peau afin de les réchauffer. C’est vrai que la température, même si elle était un peu élevée dans la boite métallique, n’était pas idéalement adaptés pour de si jeunes bébés. Il lui montra comment faire, avec douceur et bienveillance. Je proposai la bouteille d’eau à Colton pour qu’il se rince les mains. Il me restait un peu de sang mais je pouvais pas faire beaucoup mieux avec ce que j’avais. Je passai un coup de gel hydroalcoolique, ce qui fit partir quelques traces restantes. « Tes enfants sont magnifiques, tu as vraiment assuré Carole. » lui dis-je en posant une main sur son épaule alors que je m’asseyais à ses côtés. La voir donner la vie et prendre ses enfants dans ses bras c’était quelque chose de magique. Ça déclencher au plus profond de moi un certain désir à fonder ma propre famille. Sans doute était-ce l’instinct de reproduction que nous avions tous en nous car psychiquement je ne pensais pas être prête à sauter le pas. C’est alors, que sans que l’on s’y prépare, Carole nous lança : « Gardez-les, ils seront mieux avec vous. » Je la regardai stupéfaite alors qu’elle me tendait l’enfant qu’elle tenait le plus près de moi. Je saisis le nourrisson délicatement dans mes bras et le serra contre moi. Il se blottit instinctivement contre moi. « Carole, tu es juste un peu dépassé par la situation. Mais une fois que ton mari sera là il t’épaulera et tout ira bien. Je peux imaginer combien ça doit être difficile de se retrouver avec deux enfants à charge en à peine quelques heures mais je te promets que tu vas gérer tout ça. » lui dis-je pour essayer de la faire reprendre confiance en elle. Je ne savais pas si c’était réellement les hormones ou bien était-ce réellement un choix de sa part qu’elle nous confiait là. « JE NE SUIS PAS PRÊTE ! VRAIMENT PAS ! » dit-elle en haussant la voix, faisant sursauter le bébé que je tenais dans mes bras. Je le serrai contre moi comme pour le protéger de la colère de sa mère, ce fut instinctif. Je me disais que les propos de Carole étaient peut-être sincères. Elle nous avait confié ne pas avoir désiré ces enfants au départ et se sentir un peu dépassé par tout ça. « Tu devrais prendre du recul et en parler avec ton mari, c’est une décision qui se prends à deux tu sais. » Et là, alors que je m’attendais à une réplique glaçante elle sortit d’un ton calme. « En réalité il est mort, il y a deux semaines. Je suis seule. Seule avec ces deux bébés. J’arrive tout juste à me trainer aux examens médicaux alors comment je pourrais m’occuper d’eux ? » Elle se mit à pleurer et là je fus complètement désemparée. La situation avait pris une drôle de tournure en à peine quelques minutes et je paniquais.  
 

Kathelyn & Colton

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Carole vient de mettre au monde ses enfants et le tout s’est bien déroulé. Je ne sais pas ce que nous aurions fait s’il aurait fallu que ça se passe mal, que l’un des bébés ait le cordon ombilical autour du cou ou encore que Carole fasse un malaise ou autre. Kathelyn et moi avons donc eu de la chance dans notre malchance. Nous ne sommes pas des accoucheurs professionnels, mais nous avons fait du bon travail tous les deux, nous avons agi comme il se doit parce que c’était encore plus stressant pour Carole. Je crois avoir su la calmer un peu, rendre la situation plus légère avec mes mots. Kathelyn a un don, comme si elle avait fait ça toute sa vie tellement qu’elle était calme et qu’elle semblait savoir ce qu’elle fait.
COLTON : « Tu ferais assurément des miracles avec ta douceur. »
Je n’ai jamais vu une femme aussi douce qu’elle, autant dans ses gestes que dans sa voix. C’est limite troublant.

Je conseille Carole un peu sur ce qu’elle doit faire avec les bébés avant de me rincer les mains. Ce sont finalement les quelques mots dits par Carole qui provoquent chez moi un mal être. Elle dit clairement ça parce qu’elle est désemparée. Si elle pense ainsi maintenant, elle aura besoin d’aide dans les prochains jours. Certaines femmes font des dépressions après un accouchement et c’est triste. Je m’installe à ses côtés et je laisse Kathelyn parler. Je les regarde et je les écoute avant que la nouvelle maman hausse le ton. Voyant ainsi sa détresse dans ses yeux et sa voix, je me permets de prendre l’autre bébé dans mes bras juste par sécurité.

Son mari est décédé il y a deux semaines. Tout ça explique sa réaction aujourd’hui. Je suis triste pour elle parce que je sais ce que c’est que de se retrouver seul avec des enfants. Ma première femme est décédée quand mes enfants avant à peine quatre ans, deux ans et trois mois. Je sais ce qu’elle traverse, je comprends ses craintes... mais elle ne doit pas laisser tout ça prendre le dessus.
COLTON : « Je sais que ce n’est pas évident Carole, mais tu peux y arriver. Tu ne peux pas abandonner tes enfants. Ils ont besoin d’une mère solide, d’une mère forte. Tes enfants sont le seul véritable souvenir physique que tu as de ton mari. Pour le moment, tu as du mal à accepter la situation et c’est normal... mais le temps guérira ta peine et tes enfants seront la plus belle chose que tu posséderas. Tu risques de le regretter un jour si tu abandonnes tes enfants aujourd’hui. Tes enfants ont besoin de toi, de leur mère qui leur parlera avec passion et émerveillement de leur père. »
Dis-je en la regardant avec compassion.
COLTON : « Tu n’es pas toute seule, je suis là moi et sans doute que Kathelyn aussi sera là pour toi. Je vais t’aider le temps que tu prennes de l’assurance et que tu me dises que maintenant tu es capable de prendre soin de tes enfants. Je te promets que je ne te laisserai pas tomber. »
Bien que j’étais fermé à toute sorte d’aide, moi aussi j’aurais aimé que quelqu’un soit là pour m’aider lorsque ma femme est décédée.
  

Kathelyn & Colton

Les prisonniers de l'ascenseur

Colton me complimenta pour ma douceur quand je blaguai au sujet d’une possible reconversion professionnelle. Je rougis un peu. C’était gentil de sa part de me dire ça. Notre attention se porta ensuite sur la nouvelle maman. Sans crier gare, elle nous confia ne pas vouloir de ses enfants, qu’elle n’était pas prête à endosser ce rôle et que son mari était mort deux semaines auparavant. Toutes ces révélations faisaient beaucoup pour moi à encaisser d’un coup. Heureusement je pouvais compter sur Colton pour prendre le relai. Il essaya tant bien que mal de la rassurer, de lui dire qu’elle ne serait pas seule, nous impliquant comme soutien. J’hochai la tête pour appuyer ses propos. « Tu peux compter sur moi aussi, Carole. On sera là. » Je lui pris sa main de ma main libre, tandis que je tenais toujours le nourrisson dans mes bras. La maman s’effondra alors, le corps secoué de spasmes de sanglots. Je regardai Colton puis reposai mon regard sur la femme. « Être mère, et surtout une mère célibataire, ça peut paraitre dure mais tu en sortiras plus forte de toute cette histoire de vie. Tu as mis au monde tes enfants sur le sol d’un ascenseur si ça c’est pas déjà du courage … ! » Je souris tendrement. Je passai ma main sur son visage dans ses cheveux et les lui caressa doucement. Nos paroles ne semblaient pour autant pas vouloir la calmer et j’observai bien qu’elle évitait de poser son regard sur ses enfants que nous tenions contre nous. Je pris une inspiration profonde et dit quelque chose de plus compliqué mais qu’elle devait entendre. « Carole, tu dois savoir que tu peux aussi refuser d’élever ces enfants. Cette option existe et ne fera pas de toi une mauvaise personne si c’est ce que tu décides de prendre. Bien au contraire … Je crois que tu as quelques jours pour décider, mais ne prends pas une décision trop hâtive ou tu risques de vivre avec des regrets … » Je ne désirais pas qu’elle abandonne ses enfants mais elle devait savoir qu’elle pouvait et que personne ne la jugera pour cela. Je ne savais pas si mes paroles contentaient Colton qui avait tenu un discours inverse quelques secondes plus haut, mais la maman avait le droit de connaitre toutes ces options. Je ne sais pas ce que j’aurais fait dans sa situation. Sans doute n’aurais-je pas eu le courage de me séparer de mes enfants … Je me levais du sol et appuya de nouveau sur le bouton d’appel de secours de l’ascenseur. Personne ne répondait, il n’y avait même pas de tonalité d’appel. Les bébés avaient besoin d’être pris en charge par des médecins. Je récupérais mon portable sur le sol. Je n’avais plus de batterie. Nightmare avait puisée ma batterie. Je berçai le petit bonhomme que je tenais dans mes bras. Il commençait à avoir des réflexes de sucions. Sans doute allait-il bientôt avoir faim. Et puis on entendit du bruit au-dessus de nos têtes. Une voix nous parvint. « Il y a quelqu’un ? » Je regardai mes compagnons d’infortune. Un large sourire s’afficha sur mes lèvres. « Oui ! Oui nous sommes à l’intérieur. Faites vite, nous avons des nourrissons avec nous. » criai-je aux secours qui tentaient de venir nous secourir de là. « Des nourrissons, qu’entendez-vous par là ? » Comment expliquer simplement ce que nous venions de vivre, mais également que la situation était tendue. Carole avait semblé être plus calme en entendant la voiture des secours. C’était déjà une bonne chose. « Colton et moi avons aidé Carole à mettre au monde ses jumeaux dans l’ascenseur. Il y a une petite demi-heure je pense maintenant. » expliquai-je en citant chacune des personnes présentes dans cette boite métallique. J’entendis des voix inaudibles, puis la voix du pompier se fit de nouveau plus distinctes. « D’accord, on fait au plus vite. On va essayer de redémarrer l’ascenseur sinon on devrait venir vous chercher. »  A ces mots, je m’imaginais déjà dans les bras d’un pompier, tenu par un câblage, me remontant jusqu’à l’étage supérieur pour nous tirer de là. Je sentais que nous allions pouvoir sortir et au fond de moi je ressentais un immense soulagement.