C’est trop pour lui. Il n’arrive pas à remonter. Cela fait une semaine. Une semaine qu’il… il n’est plus là. Et le retour de Violette. Et cette bombe qui lui arrive en pleine gueule. Il ne sait pas si c’est une bonne idée que sa mère l’ai laissé seul. Il ne sait pas si il veut être seul. Ou non. Il ne dort presque plus. Ses nuits sont hantée par le sang. Par la mort. Sa mort. Orel passe son temps à pleurer. Hurler. Il ne prononce pas un mot. Il n’y arrive pas. L’idée même de penser à son nom est synonyme de déchirement intérieur. Il se sent déjà vide. Il n’est plus que l’ombre de lui.

Comment peut-il vivre dorénavant dans un monde où il n’est plus. Comment peut-il espérer continuer à vivre. A sourire. Travailler. Manger. Orel ne se souvient pas de la dernière fois qu’il a manger. Cependant, il n’a plus beaucoup d’alcool. Il vide son bar. Il s’en fou. Il a tellement bu que en cette fin de matinée et début d’après midi il s’endort d’épuisement sur le sofa du séjour. Il se réveil bien plus tard. Il a oublié que Ellie passait toujours en fin de journée le lundi pour s’occuper un peu de soins de sa mère qui allait beaucoup mieux. Peut-être qu’elle n’avait plus autant besoin d’assistance. Mais peut-être qu’Ellie aime bien venir en fait. Bref… il n’empêche que le temps passe. Et Orel ne l’a pas prévenu de ne pas venir. Il devrait. Mais il est trop ailleurs. Absent. Mort intérieurement.

Il s’éveille. Il doit être seize heure. Il a mal à la tête. Mais il ne s’éveille pas non. Il hurle encore. En ouvrant les yeux il se redresse subitement. Ses yeux sont ampli de larmes. Il transpire. Il ne porte qu’une vieille chemise mal boutonnée et un jean qu’il n’a pas changé depuis plus d’une semaine. Dans sa poubelle de cuisine se trouve encore ses vêtements empli de sang. Il ne sait pas quand il aura le courage de les jeter. Il est donc là. Il se calme. Ne hurlant plus. Mais il s’assit. Il appuie ses coude sur ses coude sur ses genoux et passe sa main dans ses cheveux en bataille. Il gratte sa barbe de deux semaines. Il renifle et sa respiration s’affole.

C’est alors qu’il se laisse aller un instant : « erw...Erwan... » dit-il à mi mots en soupirant. Comme si il pensait qu’en disant son nom il serait de nouveau là. Mais il n’est pas là. Il redresse sa tête. Il ouvre les yeux. Mais alors qu’il pensait voir son visage d’ange en face de lui. Il disparaît et le vide apparaît et donc la table basse. Il craque. Poussant un grognement. Un cri. Il renverse violemment la table basse. Le verre de celle-ci se brise. Il se lève en trombe. Marche sur le verre en laissant couler ses larmes et il hurle en jetant les cadres. Il attrape une chaise et la jette par la fenêtre. Il hurle il pleur. Il est mort. Erwan est mort. Lorsque le tsunami passe, le séjour est un vrai bordel. Et Orel laisse glisser au sol, contre le canapé il atteins le sol en glissant sur le verre brisé.

Il pleur encore. Il tend le bras et le silence le gagne. Son regard se perd de nouveau dans le vide. Un zombie prend la place de son être alors qu’il attrape une bouteille de vin rouge. Il porte le goulot à sa bouche et bois quatre grandes gorgées. Quand il entend alors la porte. Il lâche la bouteille et tourne son visage en voyant entrée Ellie et son visage doux et innocent. Son expression reflète l’inquiétude et l’incompréhension. Elle croise son regard et il ne réagit pas. Île se contente de retourner à sa bouteille regardant dans le vide : « ma mère n’est pas là. Tu peux partir » sa voix est rauque et cassée. Il a des poches énormes sous les yeux. Il ignore à quel point il semble misérable.

Encore une journée bien remplie pour la cadette Myers. Une journée ou elle procède à divers soins sur différentes personnes, allant du simple changement de pansement à des ablations d’agrafes sur des patients aux plaies récentes. La plupart des gens d'ici commencent à la connaître. Elle est douce, souriante et disponible. Ce sont trois qualités qui font d'elle une infirmière hors pair bien souvent sollicitée. C'est une oreille attentive, quelqu'un de bons conseils qui sera toujours la pour ceux qui sont nécessiteux et qui ont besoin d'elle, quitte parfois à passer son bien être propre après celui de ses patients. Comme toujours, elle prend du temps pour parler avec chacun de ses patients, avant de partir et d'enchaîner sur un autre patient. Sa journée était censée se terminer à 16h aujourd'hui mais avant de retourner chez elle, dans son petit appartement, la curiosité et surtout sa bienveillance la pousse à passer devant la demeure des Hemsworth ou se trouve une femme avec laquelle elle aime particulièrement discuter. Une femme généreuse, souriante aussi, gentille avec elle. Cela fait un petit moment qu'elle n'est pas venue la voir, et en bonne infirmière attachée à ses patients, Ellie se décide à faire une halte jusqu'à son domicile pour s'assurer que tout va pour le mieux et surtout qu'elle ait pût, depuis tout ce temps, renouer un vraie lien mère/fils avec Orel.

Le jeune homme est souvent prit par ses obligations et même si, Ellie ne doute nullement de l'amour qu'il porte à sa génitrice, elle a peine pour cette mère de famille qui aspire de plus en plus à passer du temps avec celui qu'elle a mit au monde des années plus tôt. Le véhicule stationné, la jolie blonde s'empare de son sac puis s'élance jusqu'à la porte d'entrée. Par réflexe, sa main s'empare de la clenche de porte pour l'ouvrir, c'est une habitude qu'elle a prit avec sa patiente. Ce jour la, elle ne savait pas qu'Orel serait la, elle ne savait pas qu'il serait seul surtout. Elle pensait revoir le même sourire sur les lèvres de cette mère de famille, le même qui lui remplit le cœur de joie. « Madame Hemsworth?» malheureusement, ce fût une autre scène qui lui fit guise d'horizon. La maison qu'elle a toujours connu propre et lumineuse avait perdu de sa brillance et de sa beauté. Un désordre monstre régnait sur les lieux, les meubles semblaient avoir bougés brutalement de place et au centre de tout ce grabuge: Orel. Orel qui lui aussi n'est plus le même. Son corps est installé sur des débris, des morceaux de verre. « OREL!» Sans plus attendre, elle se pressa jusqu'à lui, vint s'agenouiller à ses côtés en faisant attention à ne pas se couper elle aussi.

Son petit cœur s'était mit à battre si vite, si fort. Douloureusement alors que son regard ne se détachait pas de cet homme bien trop souvent "classe" et qui aujourd'hui, faisait pâle allure.«Orel, qu'est-ce qui s'est passé?» Il daigne finalement ouvrir la bouche pour lui parler. Sa mère ne semblait pas la, mais lui était la, dans un bien piteux état. Orel n'était pas le genre d'homme à être très expressif en temps normal sur ses sentiments, et c'était bien la première fois qu'elle le voyait si désemparé, si démuni, en pleine souffrance. Elle n'aimait pas voir les gens ainsi et encore plus des personnes qu'elle appréciait en temps normal. Inquiète, elle posa ses yeux un peu partout sur son corps, sur ses bras, ses jambes et vit ce sang certainement causé par les éclats de verre au sol. «Orel, tu saignes!» Heureusement, elle avait prit soin de prendre son sac ou du matériel s'y trouvait, l'avantage d'être infirmière et de s'occuper d'un peu de tout. «Tu peux te lever?» Elle n'était pas la pour savoir ce qui s'était réellement passé, ne pouvait rien en déduire, juste qu'une chose dramatique avait eu lieu pour que la maison s'en retrouve sans dessus dessous et que Orel soit dans cet état la. «Il faut que tu sortes de tout ses débris, j'ai de quoi désinfecter tes coupures.» Elle posa affectueusement sa main sur son épaule, comme pour lui montrer qu'elle était la pour lui et qu'elle ne le lâcherait pas et ce même si il venait à lui hurler dessus ou à l'insulter de tout les noms d'oiseaux possible et imaginables.

Elle vient à lui. Elle prend garde de ne pas se faire mal avec les débris de verres. Il ne la regarde pas. Il sent sa présence. Il sent son parfum. Elle sent bon. Mais il s’en moque... le regard vide, les yeux gonflés, il tient encore en main la bouteille presque vide. Il entend sa voix. Elle demande ce qu’il s’est passé mais il ne répond pas. Il n’est plus là. Il est ailleurs. Il saigne qu’elle dit. Il baisse ses yeux sur ses bras... ha... en effet. Puis alors, une main sur son épaule le fait se connecter avec la réalité. Il relève ses yeux vides pour la regarder, le visage terne, fermé... comme mort. Il la détail un instant, ses joues encore mouillées larmes. Il se donne alors simplement l’élan pour se relever, avec l’aide de la blonde. Passe son bras autour de son épaule, il s’aide pour aller jusqu’à la salle de bain en sa compagnie pour qu’elle soigne ses bras... Il regarde le sol, comme un enfant en cet instant, comme si le monde venait de disparaître pour lui. Il ne dit plus un mot. Il ne se rend même pas réellement compte de la réalité. Il s’assieds sur le rebord de la baignoire, le regard vers le sol, ses cheveux en bazar tombant un peu sur son front, devant ses yeux. Il regarde dans le vide alors qu’il entend une Ellie prendre son matériel. Une main prend son avant-bras et alors il laisse faire, le bras mou, comme sans vie.  

Ellie est une jeune femme douce. Elle a toujours su faire preuve de gentillesse et de sympathie envers lui. Même s’il a toujours été plutôt distant et froid avec elle... elle ne perd jamais son sourire et son altruisme. Ellie est une femme pure, sans artifice. Voilà pourquoi il l’apprécie. Même s’il ne lui dira peut-être jamais. C'est alors qu’il se rend compte que la jeune femme ressemble plus à Erwan qu’il ne le pensait. Mais à la différence... c’est qu’il n’est plus là. Il ne sera plus jamais là... il n’est plus qu’un souvenir... un écho dans cette maison qui fut un jour la sienne également. Un écho dans ces couloirs où il ne sera jamais plus...qu’un simple mirage dans un reflet. Une image dans un cadre. Les larmes montent dans les yeux de Orel. Il ne pourra plus jamais... jamais le prendre dans ses bras. Il ne peut plus... et alors, sans réellement s’en rendre compte, il lève le bras déjà soigné par Ellie. Il retient alors le geste de la belle. Il relève alors enfin son visage et croisa les prunelles de la belle. Si gentille. Si douce. Si adorable. Il reste un moment silencieux, son regard planté dans le sien alors qu’il laisse ses larmes couler sur ses joues. Il se penche alors, doucement, et commence à entourer ses bras autour de la jeune femme, la tirant un peu vers lui et posant son visage juste sous son buste.  

Il ferma alors les yeux, et l’image d’Erwan apparut encore. Il était tout aussi doux. Tout aussi gentil et adorable. Mais il était plus. Il était mort. Mort … mort... Orel éclata alors en larme, dans les bras de la jeune femme, comme un enfant, sanglotant en serrant le tissu du vêtement de la demoiselle en baissant la tête contre son buste : “Je suis si désolé... tellement désolée... Désolée...” sanglota-t-il alors, parlant à cet homme qui aujourd’hui n’était plus que poussière. Il renifla, se calmant après quelques minutes, continuant alors de pleurer en gardant Ellie dans ses bras, paupières closent, la tenant contre lui comme si il avait peur d’être de nouveau seul... sans personne... abandonné avec ses démons intérieurs.

Orel. Pauvre Orel. Son âme blessée, son cœur en miette. Orel, l'incompréhension. Elle se tenait la, à ses côtés, à le regarder, comme ci un regard serait suffisant pour qu'elle puisse connaître le mal qui le rongeait. Le voir comme ça lui brisait le coeur et elle s'était mise à s'inquiéter pour cette femme dont elle avait prit soin. Orel lui avait affirmé que sa mère ne se trouvait pas la, sans lui en dire plus. Blessé, elle avait voulu l'extirper des débris et des morceaux de verre pour pouvoir le soigner, pour être l'oreille attentive à ses problèmes, à sa souffrance. Elle savait si bien le faire Ellie. Avec précaution elle le conduit jusqu'à la salle de bain. Il traîne son corps, elle peine à le maintenir debout par la seule force de ses petits bras gringalets mais parvient, au bout de quelques minutes à l'aider à s'asseoir sur le rebord de la baignoire ou elle pourrait panser ses blessures. Quelques morceaux de verre ont perforés sa peau sans gravité, ce ne sont que des coupures superficielles qu'elle s'empresse de soigner. Elle redoute ses grimaces au contact de l'alcool mais ce dernier ne semble pas réagir. Comme ci il était déconnecté du monde réel, comme ci le mal qui le touchait l'avait atteint plus profondément. Ellie reste muette, elle n'a jamais été très proche jusqu'à présent du jeune homme, il s'est toujours montré très froid avec elle. Pensant que sa présence lui était néfaste, elle donnait tout de même de son temps pour remettre sur pied cet homme blessé.

Comme une marionnette ou poupée de chiffon, Orel se laissait faire, jusqu'à ce que son corps daigne finalement bouger. Sa main l'empêche de poursuivre ses soins, il plante son regard livide dans le sien, sa tristesse maîtresse de ses expressions faciales. Désemparé, en plein désarroi, il finit par venir se blottir contre elle, comme un enfant en manque de tendresse, comme un enfant qui a besoin de réconfort. Ses pupilles s'agrandissent, son corps ne bouge plus, il est sous l'emprise de l'homme qui la retient contre lui, qui pleure à chaudes larmes, qui s'excuse et qui semble si malheureux. Tristement, Ellie ravale cette boule de nerf dans sa gorge, l'émotion la submerge. La peine humaine est quelque chose qui la touche terriblement, d'avantage quand il s'agit de personnes qu'elle côtoie dans sa vie de tout les jours.«De quoi est-tu désolé Orel?» qu'elle ose finalement demander d'une voix tendre. «Raconte moi ce qui s'est passé Orel? Pourquoi es-tu si triste?» Elle avait besoin de comprendre histoire de se montrer plus présente pour lui, pour tenter de l'aider à chasser sa peine et son chagrin. Doucement, elle referma l'étreinte de ses petites mains pour serrer plus fort l'homme contre elle. Son âme et son cœur semblaient toute ouïe à la tristesse d'Orel, prête à entendre le pire comme le meilleur. Elle serait présente pour lui quoi qu'il arrive. Il avait besoin de quelqu'un, d'une oreille attentive, d'une âme pure, d'un peu de douceur dans ce monde hostile dans lequel ils vivaient. On ne peut pas dire qu'ils soient de grands amis, mais Ellie pardonne tout à tout le monde, elle qui est persuadée que même les plus malfaisantes personnes au monde cachent au fond d'elles un cœur tendre qui ne demande qu'à être comprit. Elle est un peu naïve et le sait parfaitement, mais à défaut de vouloir la guerre, c'est l'amour qu'elle privilégie avant tout. «Est-ce que tu veux que je te prépares quelque chose à boire ou à manger? Tu es tout pâle. Tu as besoin de manger.» Ses deux mains se posent sur ses épaules et toujours d'une extrême douceur, elle le repousse de contre son buste pour tenter d'apercevoir son regard noyé par les larmes et la tristesse. «Tu n'es pas seul Orel. Je suis la maintenant. Je veux que tu me racontes tout ce qui s'est passé si cela peut t'aider à te sentir mieux.» qu'elle lui souffla d'une voix angélique. Elle n'avait ni ailes, ni auréole mais si jouer les anges gardiens ferait du bien au garçon, elle le ferait. Elle irait même jusqu'à porter un morceau de son fardeau pour apaiser ses mœurs.

Il n’est plus lui-même. Il n’est plus le même. Orel se sent mort de l’intérieur. Comme si sa vie entière s’était brisé. Il ne voit plus le soleil. Il ne sent plus le goût des aliments. Seul l’alcool venait brûler son être semble lui apporter réconfort. Il ne dort plus. Il ne mange plus. Il ne se lave plus. Il n’est plus que l’ombre de lui-même. Le sang hante ses nuits, son esprit, ses souvenirs. Le sang de l’homme qu’il a perdu. Son âme-sœur. Son tout. Sa moitié. Il a perdu tant de temps... les regrets s’emparent de son être. Il ne cesse d’imaginer ce qu’aurait pu être sa vie. Leur vie. Erwan... erwan est mort. Mort dans ses bras dans un dernier souffle, un dernier baiser d’amour pure et sincère. Erwan était si pur. Si doux. Si innocent malgré sa vie chaotique. Et Orel n’était pas auprès de lui autant qu’il l’aurait du. Il a récupéré cet anneau qu’il lui avait offert en guise de demande en mariage. Il le garde autour du cou. Il ne le perdra plus jamais. Comme une relique de son passé. Il ne voit plus l’avenir. L'avenir est mort. Tout comme son âme. Orel est vide. Il n’est plus là. Il est ailleurs. Assit sur le rebord de cette baignoire, il regarde dans le vide. Il est aveugle. Vide de tout souffle vitale. Il sait qu’Ellie est présente. Il lui a parlé. Elle a vu dans quel état se trouve sa villa. Elle peut deviner dans quel état il se trouve mais elle ignore pourquoi.

Dans un élan de désespoir, de presque lucidité, il la prend dans ses bras. Se rappelant son amour perdu dans la douceur de ses gestes, dans sa bienveillance. Orel se perd. Il éclate en sanglot. Un sanglot plaintif, presque un cri. Il s’excuse. Il dit comme il est désolé. Bien entendu... il ne s’adresse pas à elle. Elle le serre de ses bras. Elle est présente. Il sent sa présence rassurante. Il ne se sent pas seul l’espace d’un instant. Elle prend la parole et il reprend contact avec la réalité un instant mais sa voix semble comme un écho lointain. Elle veut savoir... elle veut connaître son malheur. Mais arrivera-t-il à trouver les mots. Arrivera-t-il à prononcer ces mots horribles mais pourtant si vrai. Elle se recule un peu et il croise enfin son regard, presque là. Elle lui demande s’il veut manger quelque chose, mais il ne sait quoi répondre. Il est perdu. Les yeux rouges, gonflés et le teint pâle il a peur de vomir s’il mange quoique ce soit. Il laisse planer un silence. Il n’est pas seul qu’elle dit. Si elle savait... si elle savait combien il serait toujours seul à présent qu’une partie de lui est perdue à jamais : “Il est mort...” il souffle alors, une larme coulant sur sa joue. Il lève une main, il caresse la joue de la jeune femme. Il laisse sa main posée là. Il tremble... épuisé : “L’amour de ma vie... mon seul... le seul être qui comptait plus que tout à mes yeux... ma vie... mon tout... est mort” il baisse alors les yeux, repartant dans un sanglot en s’accrochant à elle comme si elle était alors son seul pilier pour ne pas sombrer.

“Je ne suis plus rien. Plus rien sans lui... Il m’a été arraché alors que la vie semblait nous offrir une autre chance... Il est mort dans mes bras... j’ai vu couler le sang... j’ai vu la mort prendre son envol avec lui comme compagnie... j’ai vu la mort... sa mort... Il n’est plus là il ne sera plus jamais là... et je n’ai pas pu le sauver... j’aurais dû... j’aurais dû...” il releva son regard empli de larmes vers les prunelles de la belle, tenant ses bras avec ses mains tremblantes : “J’aurais dû être là ! Ça aurait dû être moi ! J’aurais dû le protéger. J’ai... je n’ai pas su... je n’ai pas su être l’homme qu’il fallait j’ai... j’ai tout perdu. J’ai perdu l’amour de ma vie, ma moitié celui qui me faisait me sentir vivant... et je me suis rendu compte trop tard à quel point il m’apportait le souffle vital... et on me l’a enlevé... il est mort... il est mort !!”’ s’exclama-t-il alors en plongeant de nouveau dans un sanglot incontrôlable : “je veux mourir... je suis mort ! Je suis mort.... J’ai tellement mal !! Je veux que ça s’arrête !!!” Il se releva alors, subitement, et dans un élan il repoussa Ellie sans pour autant lui faire mal. Son poing percuta le mur derrière eux et il la surplomba alors de sa hauteur, le regard toujours vers le bas, reniflant et la respiration forte il laissa alors plâner un silence, se retrouvant si proche d’elle il releva son regard vers elle : “Dis-moi... dis-moi comment ne plus avoir mal...” soupira-t-il en plongeant son regard dans le sien... son souffle percutant sa peau de porcelaine.

Il souffre. Orel souffre et elle a mal de le voir ainsi. En fait, elle ne l'a jamais vu dans cet état la auparavant. Il s'est toujours montré froid, presque distant avec cette jolie infirmière qui venait prendre soin de sa mère, et peu importe sa façon d'être, dédaigneuse et parfois hautaine, Ellie lui accordait toujours un "bonjour" ou un sourire. Elle n'était que bienveillance et douceur dans ce monde brut. Aujourd'hui, Orel était brisé, détruit, déchu. Il souffrait d'un mal qui le rongeait au plus profond de ses entrailles, un mal qui lui brisait le cœur, qui tentait de le mettre plus bas que terre, et elle ne comprenait pas, Ellie, la source de ses malheurs. Elle voulait comprendre, pouvoir être l'oreille attentive qu'elle a toujours été. L'entendre et le conseiller, être présente pour lui, lui offrir son épaule pour qu'il puisse ]pleurer sans honte. Il éclate en sanglots, lui révèle la mort de l'être aimé, son cœur se serre. Si il y a bien une chose qu'elle craint, Ellie, c'est de perdre des personnes qui lui sont chères. Elle n'imagine pas ce que Orel peut endurer, à quel point la douleur doit être insupportable. Ses yeux s'embuent à son tour, brillent en croisant ceux du brunet dont la main s'est retrouvée posée contre sa joue. Il sanglote à nouveau, elle le retient  à elle, comme pour le soutenir, pour l'empêcher de tomber d'avantage dans les ténèbres. Oh.. Orel. Sa voix tremble, elle ne sait pas quoi dire, elle ne trouve aucun mot juste pour le rassurer, l'apaiser. Elle ne peut que comprendre sa souffrance, et reste silencieuse, donnant son âme, son cœur et son corps comme moyen de réconfort au garçon.

Il se perdait dans ses mots, s'en voulait que la mort ne soit pas venu le faucher lui à défaut de l'être qu'il aimé. Il s'en voulait, cruellement de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas avoir pût le sauver. Ne dis pas ça Orel s'il te plait, tu n'y peux rien. Ce n'est pas de ta faute. Elle tenta de l'en convaincre, même si elle savait pertinemment que rien n'y changerait. La blessure était encore trop fraîche, et il faudrait un certain temps pour qu'elle cicatrise. Comme un dément il hurlait, perdu dans le noir, il laissant la tristesse et la rage s'emparer de son cœur, il voulait mourir pour le rejoindre, sauf que mourir n'était pas la solution. Elle secouait négativement la tête à ses mots, elle l'en empêcherait, quoi qu'il essaye de faire, elle le dissuaderait de faire quoi que ce soit. Se faire du mal n'était pas une solution, il fallait qu'il garde l'espoir en la lumière, l'espoir de nouveaux jours meilleurs, il fallait qu'il se raccroche à tout prix à la vie, à ce qu'il aimait dans la vie, à sa mère, à tous ceux qui sont la pour lui et qui seront la pour lui quoi qu'il arrive. Il fallait qu'il remonte la pente, il n'en avait pas le choix bien que le destin s'était joué de lui et s'était montré des plus cruel avec lui. Debout, désormais contre le mur, elle ferma les yeux en sentant le poing du brunet s'abattre derrière eux. Arrête Orel s'il te plait. Qu'elle soufflait, tremblante avant d'ouvrir les yeux sur les siens à nouveau.

Dis moi comment ne plus avoir mal. Elle était incapable de lui donner la réponse à cela. Elle était incapable de le guérir par sa seule parole. Les mots ne suffiraient pas cette fois, mais elle pouvait tenter de le faire, d'au moins apaiser son âme, sans guérir sa blessure.Tu ne peux pas.. Tu ne peux pas ne plus avoir mal Orel. Ce qui est arrivé est une tragédie, et je n'oses imaginer à quel point tu souffres et je déteste te voir comme ça! qu'elle commença à dire en lâchant à son tour une larme. La détresse humaine est bien l'une des choses qui l'affecte le plus sur cette foutue planète. Mes mots ne pourront pas ramener celui que tu as aimé..mais je suis au moins sur d'une chose; il ne supporterait pas te voir dans cet état la. Parler avec son cœur, sincèrement, franchement aide souvent les autres à guérir. Et je suis aussi sûre d'une autre chose c'est qu'il ne voudrait pas que tu t'en veuilles pour quoi que ce soit. Si il était la, il te dirait certainement que tu n'y es pour rien..que la vie l'a voulue ainsi et qu'il continuera de t'aimer au delà de tout. Une seconde larme perla le long de sa joue, alors que sa main droite se levait pour toucher celle du brunet, cette joue humide et fraîche. Il est la Orel, il sera toujours la, quelque part, dans ton cœur, il continuera d'y vivre.. finit-elle par dire en tentant une esquisse de sourire, un sourire triste mais qui se voulait rassurant, qui se voulait réconfortant pour le jeune homme malheureux,triste, désemparé.