Je m’approchai du sac de frappe accroché au plafond de la salle de sport. Ce sac je le connaissais que trop bien ces derniers temps. Il était devenu le récipient de toute ma colère. Depuis que j’avais fait cette séance d’hypnose, je me sentais très régulièrement envahie de ce sentiment. Parfois, c’était déclenché par une accumulation de petites choses qui m’avait agacées dans ma journée mais d’autres fois cela me prenait d’un coup et j’avais envie de tout envoyer valser. Je commençai à donner des coups de poings dans le sac. Mes coups étaient lents et précis. L’image du client au comportement plus que déplacé, au restaurant, me vint en tête. Mon poing droit s’enfonça hargneusement dans le sac, puis le gauche. Mon rythme et ma force devinrent plus intenses, mais ils n’en restèrent pas moins précis. A l’impact de mes poings, la surface en cuir s’enfonçait. Mon esprit se mit à s’inquiéter pour William qui avait décidé de partir jouer les héros au Texas. En équilibre sur ma jambe d’appui, l’autre alla cogner fortement sur le sac, créant un mouvement de balancement plus intense. « C’est stu-pi-de. » lâchai-je doucement pour moi-même. Mes coups s’étaient intensifiaient. Je tapais toujours plus vite et toujours plus fort. La hargne que je tentais de refouler en moi s’échappait. Comment mes parents pouvaient-ils choisir cette vie ? Pourquoi ne m’avaient-ils pas protégé ? Je sentis des larmes se former au bord de mes yeux. Je les retins de toutes mes forces. Je ne voulais pas verser la moindre larme, ils ne les méritaient pas. Je sentais que mon corps faiblissait face à toute cette énergie libérée mais je continuai de frapper. J’avais tant de haines pour les dirigeants de cette communauté. Comment pouvaient-ils se faire passer pour les représentants de la parole de Dieu et commettre des atrocités à côté de ça ? Cette dernière pensée, entraina un violent coup de ma part sur le sac qui le fit partir en avant avec davantage de puissance. Je décalai d’un pas à la dernière seconde, manquant de me prendre le sac en pleine figure.
 
Mon cœur s’était emballé dans ma poitrine et mon souffle était haletant. Quelques gouttes de sueurs perlaient sur mon front. J’avais chaud et soif. J’attrapai ma serviette d’une main et ma gourde de l’autre. Après m’être essuyé je portai l’eau à ma bouche pour me désaltérer. J’avais toujours cette rage au creux de ma poitrine. Elle s’accrochait comme une moule à son rocher. Cela faisait tellement mal de ne pas réussir à m’en débarrasser. Je fronçai les sourcils et reposais ma gourde à terre. Alors que je relevais mes yeux pour fixer devant moi, je croisai le regard d’un jeune homme qui regardait en ma direction. Je lui offris un petit sourire gêné, pensant que je l’avais peut-être dérangé avec la violence de mes coups. Je détournai mon regard et m’approcha de nouveau du sac de frappe en me promettant d’y aller plus doucement cette fois-ci.