J’étais en colère contre Derek. Je ne comprenais pas pourquoi il s’emportait ainsi au sujet du changement de mode de garde de Maxence. J’étais sa mère et j’avais encore le droit de choisir de ce qui était le mieux pour mon enfant. C’était Derek qui avait fauté, c’était lui qui avait choisit de me mentir et c’était à cause de lui qu’on en était arrivé à une séparation. Je le trouvais gonflé de vouloir lancer une procédure judiciaire à mon encontre pour décider de quand il avait le droit de voir Maxence.

J’aurais voulu attendre vendredi pour régler cette histoire, mais après coup je m’étais dit qu’accepter au plus vite de discuter avec mon ex était la meilleure des choses à faire. Je refusai donc ma première pause déjeuner de reprise avec mes collègues et m’en alla retrouver l’homme d’affaire au restaurant d’à côté. Je m’annonçai à l’entrée et on me plaça à une table non loin de la sortie comme je l’avais demandé. Sait-on jamais, si j’avais envie de fuir … Quoi que, celui qui avait souvent tendance à fuir quand les choses ne tournaient pas à son avantage ce n’était pas moi. Oui j’étais un chouïa mauvaise, mais j’avais tant de rancœur et mon cœur souffrait alors j’avais bien le droit !

Je m’installai à table, commanda une salade Caesar avec un grand café noir. A peine le serveur faisait-il demi-tour qu’une ombre passa à côté de moi pour venir s’assoir sur la chaise en face. J’esquissai un pseudo sourire chaleureux. « Bonjour Derek. » Le sourire disparut presque aussi vite qu’il était arrivé. Je n’avais pas envie de faire semblant d’aller bien, d’être content de le revoir. C’était loin d’être le cas. J’étais dans une phase où j’avais juste envie de me tenir très loin de lui. Pas parce que j’avais peur de devenir faible en croisant son regard ou en entendant sa voix, non plutôt de devenir bien trop confiante et de de lui en coller une en plein visage.

Je ne voulais pas me laisser affaiblir par la présence de Derek. Non, je ne devais pas. Je devais rester forte pour mon fils, pour moi. Il m’avait encore une fois brisé le cœur et je ne pouvais pas, au nom de ma dignité et de ma fierté, m’écraser une fois de plus devant lui. Derek était apparemment surpris que j’ai accepté si rapidement de le voir. Je levai les yeux au ciel en soupirant. Il croyait quoi, que j’allais laisser cette histoire traîner et lui donner le plaisir de m’amener en justice pour je ne sais quel motif bidon ? « Je t’ai jamais refusé de voir Maxence. Je vais juste prendre mes distances c’est tout … Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi. Tu m’as trop fait de mal. » Je baissai les yeux un instant sur mes mains que je posais autour de mon verre. Je le fis tourner sur lui-même nerveusement. J’avais qu’une envie c’était de quitter ce restau au plus vite. Non, en faite que Derek quitte vite cet endroit afin que je puisse manger tranquillement ma salade l’esprit libre. Il posa ensuite ses conditions. Voir Maxence plusieurs fois par semaine. Je relevai mon regard vers lui, surprise par cette demande. Je m’enfonçai dans la chaise et croisa les bras sur ma poitrine. « Non, il en est hors de question. Tu le considères comme tel, mais tu ne l’es pas. Une fois tous les quinze jours sera bien suffisant. » Je savais que je m’entraînais sur un chemin dangereux en lui donnant une réponse négative, mais j’avais que faire de ce qu’il voulait. Je pouvais bien lui refuser de voir le petit à tout jamais si je voulais. Il n’avait aucun droit sur cet enfant. « Si tu n’es pas le père de Maxence et que j’ai pris la décision de continuer ce projet de vie bien que tu sois revenu dans ma vie, c’était parce qu’au fond de moi je savais que ce jour risquait d’arriver … Le jour où tu me laisserais tomber pour Thompson ou pour un autre homme. C’était là en moi et tu vois, mon instinct ne s’est pas trompé. » Contrairement à toi, avais-je envie d’ajouter. Mais ça aurait trop méchant alors je me tu. Le serveur arriva avec ma salade et nos boissons. Je le remerciai d’un sourire. Je n’avais pas d’appétit mais je savais que si je ne mangeais pas maintenant j’allais le regretter plus tard. Je pris mes couverts et commençai alors à picorer quelques feuilles de laitues dans mon assiette. « Tu n’as pas ton mot à dire sur l’éducation de Maxence. De toute façon, ton frère m’a clairement fait comprendre que cet enfant illégitime n’a pas sa place dans votre famille donc … Au moins il ne viendra plus entacher votre famille … » Les mots prononcés le jour de Thanksgiving à mon encontre résonnaient encore dans ma tête. Raphaël avait été si dur ce jour-là, qu’il s’était pris une gifle en pleine face. Au moins celui-là avait gagné et avait obtenu ce qu’il voulait. Me voir disparaître de la vie de Derek. En faite, j’étais presque persuadé qu’il avait influencé son frère pour qu’il me quitte sous prétexte que je voulais pas me marier avec lui. Après-tout c’était bien ce qu’il m’avait dit. Une femme non mariée avec un enfant hors mariage c’était vraiment pas correct. Quand je repensais à son discours incohérent qu’il m’avait tenu, en faite cela me tira un léger sourire en coin que j’essayai de dissimuler rapidement avec une autre bouchée de salade.
 

Je me sentais clairement insultée par les propos de Derek. Il pensait pouvoir gagner des droits sur mon fils, mais je savais qu’il n’en était rien. Aux yeux de la loi, il n’était pas son père. Certes il avait partagé la vie de Maxence durant six mois mais ca ne valait rien au tribunal.
 
« Je sais que Maxence est important pour toi, mais je quand je vois que tu reportes la faute de ton infidélité sur moi, je me demande vraiment si j’ai envie que tu prennes part à l’éducation de mon fils. Je ne comprends pourquoi tu amènes cette histoire à la justice. Et je n’ai que faire de ton argent ! Si tu crois que parce que tu es un homme puissant cela te donne le droit de régir la vie de ton entourage, tu te trompes. »
 
J’étais en colère, vraiment. J’avais l’impression qu’il essayait de me faire passer pour une moins que rien. Il ne prenait pas ses responsabilités et me faisait passer pour la fautive. Dans l’histoire j’aurais toujours tords et il me le montra de nouveau lorsqu’il me parla de notre réconciliation en Arizona.
 
« Je ne t’a pas pris en pitié. J’ai cru que ca pouvait marcher entre nous, sincèrement. J’avais juste peur que tu m’abandonnes, encore, chose qui es arrivée. C’est toi qui aurais du être sincère avec moi, me dire la vérité au sujet de Thompson quand tu l’as revu à Thanksgiving … »
 
Je me levai pour me poster devant Derek avec toute la confiance que je pouvais avoir en moi. Je mis mes mains sur mes hanches et le regarda en plongeant mon regard dans le sien. Je n’allais pas me laisser dégonfler par ses menaces.
 
« Essaye de voir au-delà de ta petite personne Derek pour une fois, tout ne tourne pas autour de toi tout le temps. Tu ne peux pas prendre ce que tu veux quand tu veux sans conséquences. Entrainer Maxence dans des poursuites judiciaires c’est n’importe quoi et si tu l’aimais vraiment tu ne fermerais pas cette conversation aussi rapidement … »
 
Je fronçai les sourcils en restant immobile devant lui. Allait-il se rassoir et continuer à discuter ou prendrait-il ses jambes à son cou comme souvent, pour aller ensuite se cacher derrière ses avocats ? Allait-il un jour comprendre ce qu’il avait pu me faire subir avec ces trahisons ? Je l’aurais aimé. S’il comprenait un peu ce je ressentais, peut-être qu’il reverrait ses menaces. Mais je n’y croyais pas. Depuis le début, il rejetais la faute sur moi, se dédouanant de toute culpabilité.