|	Let your dreams set you free  @William J. Armstrong  &  @Kathelyn Parks

[MARS 2021] Le trajet en bus qui m’emmenait à la prison de la ville me semblait interminable. J’avais l’impression que jamais je n’allais arriver à mon but. Sans doute que l’angoisse de me rendre là-bas me faisait perdre la notion de temps. Oui parce que je ne pouvais pas nier que ces retrouvailles m’angoissaient. Pourtant ce n’était que William, celui que j’aimais depuis plusieurs années maintenant et avec qui je souhaitais faire ma vie, mais le voir en prison me rendait nerveuse. Il m’avait laissé sans nouvelles pendant si longtemps avant que je ne reçoive un appel de lui me disant de venir lui rendre visite.

Lorsque le bus s’arrêta, je sentis mes jambes faiblirent. Lorsque mes pieds touchèrent le goudron de la route qui faisait face au bâtiment sécurisé, je me demandai si je n’allais pas m’écrouler sur place. Non, heureusement. Au lieu de ça, je pris une profonde inspiration et m’avançai vers la porte d’entrée. La voix un peu tremblante je m’annonçai pour une visite. On me fit signer un formulaire, vérifia mon identité et eu même à subir une fouille rapide. Cet endroit m’angoissait mais je faisais tout pour garder mon self-control. On me demanda de patienter et quelques instants après je fus appelé à me rendre dans la salle où avait lieu les visites. Je pris place à une table en fer et fixa mon regard vers le couloir où les prisonniers allaient et venaient. J’aperçu le visage de William derrière la vitre. Il s’avançait vers moi, je me levai et lorsqu’il fut à ma hauteur, le serrai fort dans mes bras. Je me fis reprendre à l’ordre. « Pas de contact avec les prisonniers, Madame. » Je sentis une frustration m’envahir. Je me reculai. « Pardon. » m’excusai-je. J’avais envie de le serrer de nouveau dans mes bras. Je le regardai de la tête au pied, dans son uniforme orange. Je lui offris un sourire et m’assis sur la chaise. « Comment vas-tu ? » Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. Le garde s’éloigna de nous et se posta dans un coin de la pièce. C’était intense de se faire épier et de se savoir écouter mais c’était mieux que de ne pas avoir de liens avec mon fiancé. « Tu me manques, William. Je comprends toujours pas pourquoi tu m’as laissé éloignée de toi tant de temps, c’était injuste et cruel d’agir de la sorte ! » J’étais toujours en colère contre lui, mais cette colère passerait bien vite je le savais. Il m’avait pardonné des choses et je pouvais en faire de même. Cette fois j’étais dans celle qui se demandait pourquoi il n’avait pas eu confiance en moi.

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Je n’avais pas dormi une seule foutue seconde la nuit dernière. Il faut dire que depuis que j’étais ici, je n’avais pas le meilleur des sommeils. Le matelas dure, l’oreiller trop plat et mon coloc de cellule ronflait comme un tracteur à chaque nuit. Mon grand lit, allongé auprès de Kathelyn, me manquait continuellement, comme ma vie au complet d’ailleurs. Je travaillais beaucoup sur moi, pour me pardonner de ce que j’avais pu faire, mais comment était-ce possible? Je n’avais pas passé une journée ici sans avoir envie de m’enlever ma propre vie, comme pour  me dire que c’était ça que je méritais, que comme ça… les choses devenaient équitables : enlever la vie de quelqu’un, perdre la sienne quoi. J’étais responsable de la mort, j’étais responsable d’avoir tué un homme dont j’avais le devoir de sauver. Une grave négligence médicale causée par cette foutue addiction que j’avais et dont je n’étais pas capable de me départir sur le long terme. Et pourtant, j’allais mieux… depuis vraiment longtemps, ça allait tellement mieux mais en revenant de ce long périple au complexe, tout ce que j’avais vu, entendu...vécu m’avait troublé au point qu’il avait fallu que je replonge dans mes mauvaises habitudes, question de m'embrouiller les idées qui me troublaient l’esprit.

Ma fiancée n’avait rien vu venir, pas même que je buvais de nouveau et encore moins que j’allais me faire emprisonner aussi rapidement sans possibilité pour elle de pouvoir me contacter. J’avais l’air du pire sans coeur, je l’admet,  mais à ce moment-là, c’était mieux pour elle, c’était mieux pour moi. Je nous protégeait tout simplement, j’avais tellement honte de moi que je ne pouvais tout simplement pas supporter l’éventualité de la voir… bref, j’avais mes raisons même si mon action de refuser tout contact extérieur était un peu extrême.

Mais là, j’étais prêt et Kathelyn venait me voir, aujourd’hui.

« Armstrong, ta visite est là. »

Je pris une grande respiration, laissant l'entièreté de mon air quitté mon corps en un long soupir. Je me levai de mon lit pour suivre l’agent qui me guidait jusqu’à la salle des visites, une première pour moi. Je regardais mes pieds tout le long, jusqu’à ce que je réalise que j’étais là, que je n’avais qu’à lever la tête pour voir Kathelyn devant moi. C’est ce que je fis, mais je ne me sentais tellement pas bien, j’étais habité par le pire vertige. Avant même que je ne puisse dire quoi que ce soit, je sentis Kath se lancer vers moi pour me serrer fort. J’eus à peine le temps d’enrouler mes bras autour de son corps qui m’avait tant manqué, à peine le temps de prendre une bouffée de son doux parfum que la réalité vint nous frapper assez rapidement : interdiction de contact avec les détenus. C’était de la torture. On s’éloigna à une distance raisonnable l’un de l’autre, je la vis me détailler du regard pour finalement m’offrir un petit sourire. J’étais incapable de lui rendre. « T’es belle. » lui dis-je, simplement en prenant place sur la chaise devant elle. Elle me demanda alors comment ça allait. « Toi, comment vas-tu? » Je préférais lui retourner la question et j’espérais qu’elle comprenne de cette façon que bien évidemment, ça n’allait pas. Comment est-ce que ça pouvait bien aller?


Nous n’avions pas beaucoup de temps tous les deux, ni même le luxe de pouvoir être seul en privé pour discuter mais je me doutais bien qu’elle venait ici pour avoir des réponses à ses questions… et pourtant, j’étais incapable de lui répondre quoi que ce soit de concret. Elle disait que j’étais cruel, et elle avait raison de le dire mais malgré tout, mon coeur se serra. Je me sentais devenir beaucoup trop émotif, ma gorge se serrait mais j’arrivai toutefois à lui répondre ; « Je ne me sentais pas capable de pouvoir te regarder dans les yeux après ce que j’ai fait Kathelyn… » Et même encore, j’avais du mal à le faire. Mon regard était fuyant, la plupart du temps je regardais la table et mes mains. « J’ai échoué, j’ai tout gâché… tout est foutu. Je m’excuse, je m’excuse tellement...» Je pleurais beaucoup… incontrôlablement en me balançant un peu de l’avant vers l’arrière. Je parlais de ma vie, de nos projets, de notre vie de couple aussi. On avait tellement à faire, un mariage en vu… éventuellement des bébés aussi. « Tu ne mérites rien de tout ça, je ne voulais pas te faire vivre ça… » Je l’aimais comme un fou, elle ne méritait pas de venir en prison voir son con de fiancé… son meurtrier alcoolique de futur mari. « Je ne te mérite plus Kath… »

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Mon cœur était lourd. Lourd de peine, lourd de frustrations, lourd d’incompréhension. Toute cette lourdeur pesait dans ma poitrine. Je ne comprenais toujours pas comment les choses avaient pu tant déraper dans notre vie. En me faisant écarter par celui que j’aimais, je m’étais sentie totalement impuissante, totalement désemparée. William m’expliqua qu’il avait été incapable de me faire face quand la sentence était tombée sur lui et là encore je ne le sentais toujours pas prêt. Je posai ma main sur la table et mes doigts vinrent frôler les siens. Mon cœur se brisa littéralement lorsque je le vis s’effondrer et s’excuser d’avoir tout gâché. « William, arrête … Je t’aime, peu importe ce qu’il se passe. » Je ne savais pas trop quoi lui dire, comment le réconforter. Lui qui avait toujours été mon rock, le plus fort de nous deux, cette fois les rôles étaient inversés. C’était à moi d’être forte face à mon fiancé. Je le lui devais après tout ce qu’il avait fait pour moi durant ces dernières années. J’avais envie de me lever et de le prendre dans mes bras, mais je ne pouvais pas. Je risquais de mettre fin à notre visite et je ne voulais pas, je ne pouvais pas risquer cela. Il me dit qu’il ne me méritait pas, par deux fois.
 
Je secouai la tête négativement. « Ne dit pas ça, je te l’interdis. Si j’avais été plus attentive à toi, j’aurais vu que tu avais replongé et cela je ne me le pardonnerai pas. J’aurais pu et j’aurais du être plus présente pour toi. » J’avais été si heureuse de voir Aaron revenir dans ma vie que j’en avais oublié de prendre soin de l’homme que j’aimais et qui partageais ma vie. J’avais voulu aider mon meilleur-ami à trouver sa place dans cette nouvelle vie et j’avais délaissé mon couple. Je culpabilisais pour cela. Et tout ça pour quoi au final ? Pour que Aaron quitte la maison après avoir balancé son alliance dans le lac … « Ecoute, j’ai contacté un avocat il va prendre ton dossier en main. Il pense que tu pourrais sortir au bout de six mois. Tu perdrais ton droit d’exercer mais tu pourrais être à la maison … » Je posai ma main sous son menton et lui relevai le visage pour qu’il me regarde dans les yeux. J’avais bon espoir que cet avocat l’aiderait et empêcherait mon futur mari de croupir trois à cinq ans dans une prison fédérale. « Tu as commis une erreur mais je sais que tu n’es pas un meurtrier. Ce n’était pas toi mais ton addiction. Je sais quel homme merveilleux, généreux et gentil tu es et c’est lui dont je suis tombé amoureuse. Cet homme-là, il est toujours là en toi et je me battrais de toute mes forces pour qu’il rentre à la maison. Tu comprends ? Je ne te laisserais pas tomber, jamais. » Je laissai glisser ma main sur la table en voyant le gardien me foudroyer du regard. J’espérais que mes mots l’aideraient à tenir bon le temps que la justice rende son verdict. J’espérais lui faire comprendre qu’il pouvait compter sur moi. Je savais que l’après risquait d’être compliqué, voir plus que ce que nous vivions en ce moment, mais j’étais prête à l’assumer. « Je voudrais savoir … » commencai-je. Je ne savais pas si je ne nous entrainais pas sur un sujet glissant, mais j’avais besoin de savoir. J’avais besoin d’avoir la vérité entre les mains, de comprendre ce qu’il s’était passé dans la tête de William. « … qu’est-ce qui t’a fait replonger ? Dis-moi la vérité. Pourquoi as-tu recommencé à boire ? » J’avais peur d’entendre que c’était de ma faute, mais si c’était le cas j’allais assumer.
 

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C’était des retrouvailles émotives, difficile de faire autrement après tout ce temps à ne pas se voir. J’étais responsable de tout ça et je savais que ça lui avait causé beaucoup de peine, beaucoup de mal mais ça avait été ma façon à moi de la protéger, comme si ça aidait… je ne savais pas si au final c’était le cas mais bon, je ne me sentais pas prêt - avant aujourd’hui - à l’avoir devant moi. Évidemment, j’étais rempli de remords et je lui fit bien rapidement comprendre. Je ne voulais jamais qu’elle soit la femme qui venait voir son fiancé en prison… Elle ne méritait rien de tout ça. « Moi aussi je t’aime… mais tu mérites de laisser ton coeur aimer quelqu’un de mieux que moi Kathelyn. » Après tout, je voulais tout ce qui était de plus beau, tout ce qui était de meilleur pour elle et clairement, là-dessus, ce n’était pas moi, ce ne l’était plus. « En rien tout ce qui se passe est de ta faute… rien de rien et je ne te laisserai jamais penser ça, tu m’entends? » Mon ton était soudainement sec et autoritaire, je lui parlais rarement comme ça - en fait, c'était probablement la première fois. Je savais que c’était facile pour elle de s’en vouloir pour tout et n’importe quoi, elle était hyper-sensible et elle avait le cœur gros comme l’univers mais là-dessus, elle devait vraiment me croire, elle n’avait absolument rien à se reprocher, NADA.

Cette dernière se mit à me parler de son plan, de l’avocat, sa voix était toujours douce, toujours calme et d’où j’étais, je pouvais sentir son parfum que j’aimais tant, ça m'appasait. « Il pense ça? Comment est-ce que ça serait possible? J’ai tué, je n'ai pas volé une bicyclette! » Ça me semblait complètement insensé. Kath pourtant, était bien optimiste et croyait en l’avocat, elle croyait en moi, elle disait tellement de belles choses, des choses que j’avais envie de croire mais dont je n’y arrivais pas du tout. J’étais pas encore rendu là dans mon travail, le fait de me pardonner de mes erreurs, je travaillais chaque jour là-dessus mais ça me semblait encore tellement loin. J’avais envie d’être aussi confiant qu’elle, de lui dire de belles paroles qui allaient aussi la rassurer mais j’en étais incapable, il fallait faire face à à la réalité… « Merci Kath pour les démarches mais je dois refuser… » Je m’attendais à une réaction de surprise de sa part. J’ajoutai : « Je mérite d’être ici… pense à la famille de la victime, ils doivent tellement m’en vouloir et me souhaiter le pire! Je dois payer pour ce que j’ai fait, tu comprends? Si tu étais à leur place, tu penserais la même chose et tu voudrais que ce médecin de merde soit puni! » En fait, à leur place, je voudrai ma mort je crois bien.

Bref, je ne pensais pas que ma fiancée allait déroger et m’écouter dans ma demande mais au moins, elle savait où je me positionnai là-dedans et j’espérais qu’elle respect ma volonté de vivre ma peine jusqu’à la toute fin. Je ne me voyais pas changer d’avis là-dessus, peut-être que ça allait venir, mais pas maintenant. Ma visiteur s’aventura sur un nouveau sujet, elle voulait savoir, comprendre pourquoi j’avais replongé dans mes mauvaises habitudes d'alcoolisme. J’aurais dû me douter que cette question arriverait...« Kath… » soupirais-je, comme pour lui faire comprendre que je ne voulais pas y aller là… et pourtant, son regard me montrait et me faisait bien comprendre qu’elle n’allait pas dégager, qu’elle voulait savoir. Je baissai le regard une demi seconde avant de le replonger dans le sien. « Le complexe… mais… c’pas de ta faute, c’est de la mienne, c’est moi qui l’a cherché… » Je voulais mettre ça au clair dès maintenant avec elle, je ne voulais pas qu’elle se sente mal de tout de ça car c’était son genre de le faire et elle ne devait tout simplement pas. L’idée de me rendre là-bas était la mienne et d’y retourner aussi, j’étais le seul responsable de mon traumatisme, je savais que c’était pas net ce qui s’y déroulait et j’avais néanmoins fait la tête dure et j’avais continué mon plan… jusqu’à m’en faire perdre la tête, tout simplement. « J’espère que ta sœur et Aaron vont  bien? » 10/10 pour le changement de sujet William…

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J’avais mal à mon cœur. J’avais envie de m’accrocher à l’espoir que William pourrait sortir de prison rapidement pour bonne conduite. L’avocat m’avait assuré que c’était possible de faire appel pour alléger la peine de prison ferme. Mais seulement, je faisais face à un mur. Il ne voulait pas sortir, mon fiancé voulait continuer à purger sa peine et payer ce qu’il devait pour avoir commis un homicide. J’avais envie de lui hurler dessus mais ce n’est pas l’endroit pour le faire et de toute façon je savais que ca ne mènerais à rien. Je croisais mes bras sur ma poitrine. J’avais l’impression d’être la plus égoïste des personnes à ne penser qu’à mon bien-être. Will avait raison, un jeune homme était mort et sa famille endeuillée ne voudrait pas le voir échapper à sa condamnation. Je décidai de lâcher l’affaire. Je le connaissais assez bien pour savoir que je ne pourrais le détourner de son choix.
 
Je préférais essayer de comprendre pourquoi il avait repris la boisson. Je m’en voulais terriblement de n’avoir rien vu, pourtant j’étais au courant de son addiction. J’aurais du déceler que quelque chose n’allait pas chez lui. Il soupira et me donna comme réponse mon prénom. « Quoi ? » lui demandai-je. Je n’allais pas aimer ce que j’allais entendre, je le sentais. Ce fut le cas. J’eu l’impression de me prendre dans l’estomac une grosse brique bien lourde. C’était de ma faute. S’il s’était remit à boire et s’il en était arrivé là aujourd’hui. C’était de ma faute. Il disait que non mais je ne pouvais m’empêcher de penser le contraire. Je me sentais coupable et honteuse. Mon fiancé prit des nouvelles de Aaron et de Cassandra. Je fus légèrement surprise de ce changement de conversation que je fus prise légèrement de court. « Oui … Hmm … je me suis légèrement fâchée avec Aaron mais sinon ça va. Ils s’adaptent comme moi j’ai du le faire auparavant. » J’aurais peut-être pas du mentionner ma petite dispute mais trop tard. Je savais que je venais d’attiser la curiosité de mon beau brun. Je soupirai. C’était pas un peu gênant de parler de son mari à son futur mari ? Je passai une main sur ma nuque et posai mon coude sur la table. « Comme à mon habitude j’ai été maladroite dans la façon d’exprimer mes sentiments et je l’ai blessé. » Je me rendis compte qu’employer le mot sentiment était peut-être un peu ambigüe alors je me rattrapai bien vite. « Je lui faisais pas une déclaration d’amour va pas croire ça … » Je lâchai un petit rire nerveux. « J’avais abordé le sujet de l’annulation de notre mariage et j’ai dit, en gros que ce serait comme s’il ne s’était jamais rien passé entre nous, comme si ça n’avait jamais existé … » Je me rendais compte à quel point j’avais pu être blessante en le disant à haute voix. « Il l’a pas vraiment bien pris et a balancé son alliance dans le lac avant de me dire qu’il quittait la maison le soir même. Au moins t’as plus à te demander si je couche pas secrètement avec lui … ! » Je me mis à rire sur ma tentative de blague qui était légèrement déplacé. Après coup je regrettais d’avoir dit cela. L’avait-il pensé ? Avait-il douté de ma fidélité depuis qu’il était en prison ? Je ne pourrais l’en blâmer même si j’avais toujours fait preuve d’une grande fidélité à son égard.  

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Maintenant Kathelyn savait, elle savait que c’était à cause de cette histoire de complexe que j’en étais arrivé où j’étais maintenant. J’étais pas fier, évidemment et j’aurais aimé être plus fort mais ce n’était pas là que les évènements m’avaient conduit, malheureusement. Avec surprise, elle n’avait rien ajouté à ma confession, bien que je me doutais que c’était bien elle de s’en tenir responsable. J’avais tenté de contourner la conversation avec Aaron et sa sœur et le tout fonctionna plutôt bien. Je ne m’attendais toutefois pas à ce qu’elle m’annonce qu’elle s’était disputé avec Aaron. En guide d’interrogation, je m’étais contenté de froncer les sourcils, essayant de comprendre le pourquoi du comment. Elle m’expliqua qu’elle avait été maladroite et qu’en lui disant certaines choses concernant leur ancienne relation et visiblement, le jeune homme s’était montré bien émotif, laissant sous-entendre bien des choses à mon avis. « Clairement, il est amoureux de toi, il ne t’a jamais oublié…Après tout, je peux comprendre... tu es parfaite. » C’était évident et ça ne servait à rien qu’elle tente de me dire l’inverse non plus, elle devait bien l’avoir réalisé par son absence maintenant dans la maison. Elle disait que je n’avais pas à m’en faire qu’ils couchent ensemble mais… bon, un homme qui aime ma fiancée reste tout de même une menace pour moi. C’est d’ailleurs, la gorge bien serré que j’ajoutai : « Est-ce que tu crois que ça pourrait fonctionner vous deux? » Parce que malgré le fait que je ne voulais pas l’admettre ou du moins, que ça me faisait mal d’y penser, il fallait tout de même en venir à la conclusion, et cette conclusion, je lui partageai : « Il est très certainement un meilleur homme pour toi que je le suis Kath… » Je vins pour lui prendre la main tout doucement. « Et je ne dis pas ça pour te faire de la peine, je veux juste ce qu’il y a de mieux pour toi… cet homme t’aime et il est prêt à tout faire pour toi. »

Bon, j’avais été cet homme aussi… et ça m’avait complètement fait perdre les pédales avec cette histoire de secte et le retour de mon addiction mais tout de même. « C’est pas une vie pour toi de m’attendre… tu penses quoi? Passer me rendre visite chaque semaine? Qu’on puisse se marier dans la salle communautaire ici et passer notre nuit de noce dans la caravane de l’amour? Que je finisse par te mettre enceinte et que je puisse réellement voir mes enfants dans 10 ans? C’est pas une vie ça! Je vais te donner accès à tout mon argent, tu dois avoir quelques millions dans l’héritage de mon grand-père! Ouvre-toi ton propre restaurant, crée la vie que tu désires que tu mérites, s’il te plaît… je te dois au moins ça! » Je croyais bien que c'était la première fois que je lui avouais posséder autant d'argent... je ne savais plus trop! Bon, j’étais en train de déraper, je me sentais paniquer un peu, j'essayais de garder mon calme mais je commençais à m’agiter sur ma chaise. C’était comme si l’avoir devant moi me confirmais à quel point j’étais dingue d’elle, à quel point je lui voulais tellement son bien que je voulais ne plus être dans sa vie du tout pour que ça arrive. Un mélange d'émotions complètement explosif.

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J’avais tenté d’expliqué à William ma petite dispute avec Aaron. La maladresse de mes mots qui l’avait blessé. Je ne pouvais que m’en vouloir d’avoir peut-être été un peu trop brute dans mes paroles. Seulement, je n’avais pas choisi d’aimer William plutôt qu’Aaron. Il fut un temps, j’avais essayé de me convaincre que j’aurais pu lui offrir l’amour qu’il attendait mais jamais je ne l’avais vu plus que comme mon meilleur ami. Mon fiancé affirma qu’Aaron m’aimait avant de me demander si entre nous deux cela pouvait fonctionner. « Pardon ?! » lui demandai-je surprise. Je ne comprenais pas bien le sens de sa question. Pour toute réponse, l’homme que j’aimais me dit qu’Aaron était très certainement mieux pour moi que lui-même ne l’était. Je secouai la tête négativement. Je refusais d’entendre ce genre de paroles sortirent de sa bouche. Je savais ce qu’il essayait de faire et je refusais de tomber là-dedans. « C’est pas à toi de décider de ce qui est le mieux pour moi William. Je t’aime, toi et personne d’autre. » Je ne doutais pas de son amour pour moi et les paroles qu’il eu ne me confirmèrent que davantage à quel point il était grand. Il était prêt à m’éloigner de lui pour que je ne souffre pas de cette situation dans laquelle il était. Pour autant, je ne pouvais m’empêcher de ressentir de la colère à son égard, ainsi que de la peine. Son ton dur était dur et semblait tellement sans appel que cela me faisait mal. Je me redressai sur ma chaise, droite, mes mains serrant mes cuisses pour garder mon self-contrôle et m’éviter d’hurler ma colère sur mon fiancé. « Je me fiche de ton argent. Ca résoudra rien, je serais pas plus heureuse en ouvrant un restaurant alors que je te saurais entrain de croupir ici. Tu me connais bien mal si tu penses cela. Ce projet c’est le tien et j’ai décidé de m’y rattacher parce que je crois en toi, en nous. Mais si tu n’es pas là ça n’a pas de sens. » Je sentais ma gorge se nouer sous le coup de l’émotion.
 
J’avais envie qu’il continue de se battre. Il baissait les bras et voulait m’écarter de sa vie. Je ne pouvais me résoudre à m’accorder à cet état d’esprit qui l’envahissait. Non. « L’avocat a dit que le juge ne te donnerait qu’une peine maximale de cinq ans, trois au minimum. » Le vit s’apprêtant à rétorquer quelque chose. « Non, ne me dit pas que tu mérites plus. Oui c’est une erreur qui a des conséquences très lourdes, je sais que tu penses mériter mais rester enfermé dans une cellule n’aidera personne à aller mieux. Si tu veux te racheter, bats-toi pour sortir et bats-toi encore pour des causes justes qui aideront des gens. » Je plongeai mes yeux dans le siens et soutint son regard intensément. Je voulais qu’il comprenne que de mon côté je ne l’abandonnerais pas. Peu importe ce qu’il me dirait, je ne le laisserais pas. Je me sentais coupable qu’il se trouve là où il était aujourd’hui et il serait bien trop facile que de lui accorder ce qu’il souhaitait. Me défaire de ma culpabilité était une solution bien trop lâche. « Tu peux sortir sous bonne conduite dans quelques mois, mais il faut que tu le veuilles. » Je lui pris sa main sur la table. Peu importe ce que pouvait dire le gardien concernant les interactions physiques. Je savais qu’aujourd’hui il ne le voulait pas mais j’espérais qu’il change d’avis.
 
J’allais lui exposer d’autres arguments pour essayer de le motiver quand un gardien annonça que le temps des visites était terminé. « Déjà ? » lâchai-je spontanément sur un ton plaintif. Le temps était passé si rapidement. Je ne pourrais revoir William seulement dans un mois, entre temps son jugement serait certainement rendu. Je me levai de ma chaise, le serrai dans mes bras, profitant de cette étreinte pour lui donner autant d’amour que je pouvais. Il devait garder en tête que je ne le laisserais pas livrer à lui-même. « Je t’aime. Ne l’oublie pas, jamais. » Une autre interpellation d’un gardien me fit me détacher à contre-cœur de mon fiancé. On m’ordonna de quitter la pièce pour retrouver la sortie de la prison tandis que William regagnait sa cellule. Un dernier échange de regards qui me brisa le cœur. Puis il disparut.
 

Spoiler:

[Fin mai] Je revenais avec une bonne nouvelle à annoncer à William. J’espérais que cela l’aiderait à continuer de croire en nous comme je le faisais chaque jour. Son jugement avait été rendu. Il avait écopé d’une peine de quatre ans et demi. Le jugement m’avait complètement anéantie mais j’avais essayé de ne pas le montrer à mon fiancé. Les deux fois où je l’avais vu, j’avais gardé du mieux que je pouvais un contrôle presque parfait, peut-être trop. Je m’assis dans la salle des visites de la prison, un petit dossier en main. Je le posais sur la table. Comme à chaque fois que je devais voir Will, je sentais mon cœur battre la chamade. J’espérais que le petit dossier aiderait à le convaincre de faire appel pour réduire sa peine de prison ferme et lui faire gagner une peine de prison avec sursis à la place. Je le vis arriver dans cette tenue traditionnelle couleur orange. Un sourire s’afficha sur mes lèvres instantanément comme à chaque fois que je voyais son visage. Son visage était tiré par la fatigue. Je me levai de ma chaise et le serrait rapidement dans mes bras, un moment bref mais juste assez long pour nous éviter une remarque du gardien. J’attendis qu’il s’assît et lui fit glisser le petit dossier en sa direction pour qu’il l’ouvre. « Je suis une femme libre de tout engagement marital. » Je lui offris un sourire. La procédure d’annulation de mon mariage avec Aaron avait pris fin la semaine passée et je pouvais m’engager officiellement avec William à partir de maintenant. Je savais que les conditions étaient loin d’être idéales pour annoncer une telle nouvelle et qu’elle aurait été sans doute mieux reçue il y a un an de cela … mais au moins cette histoire était bouclée. Elle pouvait laisser place à une nouvelle.