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 smells like teen spirit (lux)

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(#)Sujet: smells like teen spirit (lux)  |   Mar 28 Juil - 19:54
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lux & bellamy
Pour ne pas changer, j'avais passé une journée terrible. J'étais en froid avec Hannah et la situation me pesait beaucoup. C'était dingue comment j'avais pu m'attacher à cette fille en si peu de temps. Sérieusement, qu'était devenu le Bellamy impétueux, sans peur et sans reproches, qui n'aimait jamais personne ? Il était bien loin. Enfin, ces derniers temps, j'avais tendance à croire qu'il n'était pas si éloigné de moi et qu'il avait tendance à revenir au grand galop. J'avais l'impression d'avoir régressé de façon surprenante en si peu de temps. En majeure partie parce que j'avais repris l'héro, que j'avais arrêté trois ans plus tôt. J'avais toujours su, au fond de moi, que je recommencerais un jour. C'était vachement addictif et une fois qu'on y avait goûté… C'était très puissant, et donc à ne pas mettre entre toutes les mains. J'étais loin d'être du genre à m'apitoyer sur mon sort ou à m'attrister pour un rien, mais je devais avouer que cette énième dispute —et sûrement la pire d'entre toutes— avec Hannah me mettait mal. Quand j'aimais quelqu'un, je devenais pire qu'un gosse. J'avais peur, une peur atroce qui me tordait les tripes. Je craignais toutes les réactions d'Hannah, je craignais aussi de la perdre. Qui aurait cru ça de moi, sans rire ? J'avais l'air d'un petit dur à cuire et je me comportais comme tel. Mais au fond, j'étais un grand sensible. C'était juste que peu avait le plaisir de connaître ce Bellamy-là, celui que j'étais réellement. Ça n'allait vraiment pas ces derniers jours, en bref. Peu de gens s'en étaient rendus compte. Cassidy aurait pu le voir si seulement je lui parlais encore. J'étais extrêmement en colère contre elle, si bien que j'avais quitté l'appartement que nous partagions pendant un temps. J'étais retourné chez ma mère. Et en vérité, je n'aurais jamais cru ça possible, mais ça m'avait fait beaucoup de bien. Comme un retour aux sources. Ma mère et mes soeurs étaient ce que j'avais de plus précieux au monde, avec ma fille et Hannah évidemment. Je les voyais assez peu, au final, et me retrouver avec me faisait un bien fou. Les plus petites grandissaient incroyablement vite ; Cendres, la dernière, venait de prendre huit ans. Elles me voyaient toutes comme quelqu'un d'exceptionnel et ça faisait un bien fou à l'égo. J'étais le seul garçon des six enfants, j'étais aussi le plus âgé et le seul homme à la maison. Ma venue provoquait toujours une sorte de fête.

La seule qui n'était pas comme ça, c'était Lumen, la plus grande. Elle avait dix-huit ans. Lumen était très lucide et c'était celle qui me ressemblait le plus. Celle de qui j'étais le plus proche, aussi. À Tijuana, des gars l'avaient souvent agressé par ma faute. Ils avaient cherché à m'atteindre en l'utilisant, elle. Cela aurait pu nous éloigner, mais ce fut le contraire qui se produisit. Malheureusement, elle avait décidé de suivre ma voie. Drogues, défonces, fêtes et compagnie. J'avais beau lui faire la morale, lui dire que ce n'était qu'un cercle vicieux qui lui causerait bien des tourments, elle ne m'écoutait pas. Elle me disait que je n'avais rien à lui dire. Déjà, j'étais pas son père et je faisais pire qu'elle. Le truc chiant, avec Lumen, c'était qu'elle avait toujours raison. Elle parlait pas des masses mais dès qu'elle ouvrait la bouche, elle vous clouait le bec. Paradoxal, n'est-ce pas ? Ce jour-là, je devais aller chercher Lumen au lycée. Ne me demandez pas pourquoi elle se rendait là-bas en pleine période scolaire, je n'en n'avais aucune idée. Ma mère m'avait expliqué que ma soeur devait refaire son année de terminale car elle avait foiré ses examens. Pas étonnant. Elle était stone en permanence. Bref, elle avait du prendre un rendez-vous avec la principale ou je ne sais quel adulte pour parler de l'année suivante. Je m'étais donc ramené, un peu méfiant, devant le lycée de Miami. Ah, le lycée. Je n'y avais jamais mis les pieds, quand j'étais plus jeune. Nous habitions Tijuana, Mexique, à l'époque. Au moins, Lumen n'avait pas décidé de me suivre de ce côté-là. Le bâtiment était moderne et impressionnant. J'étais à peine arrivé devant que je remarquais que Lux se trouvait là. Lux était —de base— l'amie de Lumen, mais nous nous entendions très bien. Je m'assis à côté d'elle. Elle avait un physique particulier, Lux. Elle était mignonne, avec des cheveux blonds platines et les lèvres toujours colorées de rouge. Mais elle avait aussi un petit côté sombre, flippant. Je me rendis rapidement compte que ce qu'elle fumait n'était pas du tabac, aussi attrapai-je son joint et le portai à ma bouche. « La dernière fois que j'te vois avec ça au bec » lui lâchai-je. Je lui faisais régulièrement la morale par principe, mais je savais qu'elle s'en fichait pas mal.
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(#)Sujet: Re: smells like teen spirit (lux)  |   Mer 29 Juil - 1:01
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bellamy and lux
Tout le monde déteste le lundi. Surtout les lycéens. Après un week-end de soirée à se mettre la tête à l’envers, l’éternel ballet des zombies est toujours le même. Evidemment, je suis en tête du cortège. Ma face de deux pieds de long en dit beaucoup sur mon week-end agité. Mais heureusement, personne n’ose me faire de remarque. Pour eux je ne suis pas importante, et c’est tant mieux. Etre populaire parce je suis l’archétype de l’adolescente blasé par son existence et qui se retourne la tête pour oublier, très peu pour moi. Je ne suis pas une meneuse. Mais je ne suis pas non plus de ceux qui suivent. Je suis à part. Je suis trop loin pour ces demeurés qui pensent être cool parce que le THC coule dans leur veine. Ils me donnent envie de gerber. Mais la journée est bientôt fini et je n’aurais plus à supporter leur description ô combien précise de la quantité d’alcool et du nombre de joint qu’ils ont réussi à fumer avant d’avoir envie de vomir ou de s’évanouir raide mort sur leur sofa de leur cher parent partie en week-end en confiant leur maison à leur cher petit ange qu’ils croient encore si sage. Moi mes parents, ils savent. Ils savent combien je souffre et pourquoi je tente désespérément d’atténuer le mal dans mon cœur. Et ils savent aussi qu’ils sont totalement impuissante et qu’il est inutile de tenter de me sortir de mon trou. Je ne fais rien de mal. Je ne prends pas de drogue dure qui détruiront mon corps plus vite que si je me mettais à fumer des kilos d’herbes par jour. Alors ils me laissent faire, en priant sûrement tout les saints pour que je m’en sorte. Leur impuissance ne les empêche pas de tenter parfois d’instaurer un dialogue à propos de mon addiction mais sans résultat évidemment.

Enfin, la cloche signifiant la fin du cours retentit. Pour moi comme pour Nessa, il s’agit du dernier cours de la journée. Alors c’est l’heure de la récompense pour avoir réussi à garder son cul visser sur une chaise sans tout envoyé valser. Je lui demande : « Framboise ça te va ? » Elle hoche la tête en souriant et applaudit en sautant sur place. Elle est rarement là, mais quand elle vient, je lui donne une petite récompense. Pas comme si c’était mon chien, disons qu’il s’agit plutôt d’une carotte. Si elle vient, elle sait qu’elle aura un joint confectionné par mes soins à fumer en rentrant chez elle. Nous sortons et nous nous installons devant la grille. Je sors mon petit matériel de ma « pochette au merveille » comme ma meilleure amie l’appelle et je lui roule son joint. Elle sait le faire mais la partie roulage est presque celle que je préfère, alors elle me laisse mon petit plaisir. Son joint en bouche, elle me serre contre elle et s’en va en hurlant : « A demain pétasse ! » Je rigole avant de lui envoyer un baiser dans les airs. Puis, je roule mon propre joint. Je n’ai pas envie de rentrer chez moi encore, alors je reste devant la grille du lycée. L’imposant bâtiment à l’air de me juger de toute son hauteur pour ma conduite irresponsable. Je me retiens de faire un gros doigt d’honneur à la fenêtre du principal. Il le prendrait mal s’il me voyait et je risquerais l’exclusion ou un truc du genre. Et je n’ai pas envie d’ajouter ça en plus sur les épaules de mes parents qui souffrent déjà assez. Mon joint en bouche, je tire lentement taffe après taffe en faisant rouler la fumée dans mes poumons. Rapidement, je sens mon corps qui se détend, mes paupières deviennent lourdes à garder ouverte et… on me pique mon joint des mains. « La dernière fois que j'te vois avec ça au bec. » Bellamy, évidemment. Je lui adresse un sourire avant de tapoter la place à côté de moi pour qu’il y pose ses – jolies – fesses. « Dixit celui qui me vend cette beuh et dont on ne voit presque plus l’iris. » Je ne juge pas évidemment, c’est loin d’être mon job, mais j’aime ce petit jeu de ping-pong cinglant et faussement moralisateur entre nous. Je récupère mon précieux joint pour en tirer une longue taffe avant de lui repasser. J’expire lentement en faisant des ronds. Je réussis même à faire passer un petit rond dans un plus grand. « T’es venu chercher Lumen ? T’as peur qu’elle se fasse agresser ? » je demande, pour le taquiner. Bellamy agit avec moi comme si j’étais sa petite soeur parfois, sauf que bien sûr, il a encore moins d’influence sur moi qu’il n’en a sur sa cadette. « Plus sérieusement… tu m’expliques pourquoi tes pupilles sont comme ça ? Savoir si je t’arrache la tête ou pas. » Et ça fait la morale.
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(#)Sujet: Re: smells like teen spirit (lux)  |   Sam 1 Aoû - 21:34
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lux & bellamy
Pour une raison que j'ignorais, je détestais voir Lux ou Lumen se droguer. Je détestais entrer dans la chambre de Lumen et sentir l'odeur si reconnaissable du cannabis, de voir la pièce enfumée et le cendrier rempli à ras-bord de mégots. C'était du grand n'importe quoi, d'autant qu'elle partageait sa chambre avec Vanilla, seize ans, et Leo, douze ans. J'avais franchement peur qu'elle suivre l'exemple de Lumen, que j'avais en fait moi-même instauré. J'avais commencé l'héro alors que je n'avais que quinze ans, en majeure partie parce que je trouvais ça drôle. J'étais stupide. Je ne m'en rendais pas compte à quel point c'était une connerie, une merde qui te détruit le corps. Aujourd'hui, je vois bien les effets de la drogue sur mon organisme. Je n'ai que vingt ans mais mes poumons sont détruits. J'sais que je vivrais pas bien vieux, surtout si je continue à ce rythme là. Je suis pratiquement persuadé que j'vais clamsé d'un vieux cancer bien crade avant mes cinquante ans. Je suis sûr que Lumen, même si elle adore me dire le contraire, a suivi mon exemple juste parce qu'elle devait me trouver cool. En fait, ce que je reprochais surtout à Lumen et à Lux, c'était pas tant le fait qu'elles se droguent. J'pouvais pas les en empêcher, et j'étais bien mal placé pour dire la moindre chose. Non, ce qui me gênait, c'était qu'elles puissent penser que la drogue était un truc sympa, un truc stylé. J'avais pas envie qu'elle se donne un genre. Parce que je les voyais toujours avec un joint, mais que savais-je ? Peut-être prenaient-elles de la coke ou pire. J'avais pas envie qu'elles finissent comme moi. Je savais très bien quelles conséquences la drogue pouvait avoir. J'aimais pas jouer les rabats-joies mais je l'avais vu. De mes propres yeux. Ça finit jamais bien si on ne sait pas poser les limites. Et les limites sont très dures à définir, malheureusement. On se prend trop vite au jeu et c'est jamais terminé. Je pensais pour ma part en avoir fini avec l'héroïne, mais trois ans après, mes vieux démons ont réussi à refaire surface. Comme quoi…

Par conséquent, c'était sans aucune hésitation que j'attrapais le joint que Lux tenait négligemment dans sa main. Il était parfaitement roulé ; la lycéenne savait s'y faire. Je le portai instinctivement et tirai une longue bouffée. La gorge me brula légèrement. Le goût si particulier emplit ma gorge. J'exhalai doucement la fumée bienfaitrice. C'était de la bonne, à ne pas en douter. Ces demoiselles savaient où se fournir, pensais-je en souriant. J'étais le dealer de Lux. Pas de Lumen, évidemment. J'étais un grand frère cool, mais il ne fallait pas pousser le bouchon non plus. De toute façon, je suis sûr que Lux se chargeait de m'acheter sa part. Enfin, même sans moi, les deux filles se seraient débrouillées pour trouver un dealer. Et je préférais à la limite que ce soit moi. Au moins, je savais ce que je leur vendais. En plus, je leur faisais des prix. Lux me fit signe de m'asseoir à côté d'elle. J'aimais beaucoup cette fille. J'avais presque tendance à la voir un peu comme une gosse, car elle était encore au lycée, mais en vérité, elle était très mature et puis, nous n'avions que deux petites années d'écart. Lumen me disait souvent que je lui volais sa pote, ce qui me faisait beaucoup rire. « Dixit celui qui me vend cette beuh et dont on ne voit presque plus l’iris. » Sa remarque me fit sourire. Elle n'avait pas tort. La dernière dose que j'avais pris datait d'hier, aussi les effets, bien que toujours là, étaient minimes. J'avais l'esprit tout à fait clair mais physiquement… Ça devait être une autre affaire. « T’es venu chercher Lumen ? T’as peur qu’elle se fasse agresser ? » me taquina-t-elle. Eh ouais, il était rare que je joue les grands frères modèles, à aller chercher mes soeurs dans leurs écoles respectives. « Disons surtout que je voudrais lui éviter les mauvaises fréquentations… » souris-je en donnant un petit coup de coude à Lux. Si c'était vraiment ça que je voulais… Ben c'était raté. La jeune femme avait repris le joint et s'amusait à faire des ronds avec la fumée, ce que j'avais toujours été incapable de faire. « Plus sérieusement… tu m’expliques pourquoi tes pupilles sont comme ça ? Savoir si je t’arrache la tête ou pas. » me demanda-t-elle. Et elle avait l'air sérieuse. Si j'étais très protecteur envers elle —sûrement un peu trop d'ailleurs, j'oubliais souvent qu'elle avait tout de même dix-huit ans—, elle l'était presque autant avec moi. Et elle avait rapidement dû remarquer que quelque chose n'allait pas. « Essaie un peu, qu'on rigole » lâchai-je avec un rire. J'aimais pas trop parler de moi, mais je sentais que Lux pourrait comprendre ma situation. C'était une fille après tout. « C'est un peu la merde ces temps-ci avec Hannah, donc bon, j'ai peut-être un peu forcé la dose. Un peu repris les vieilles habitudes, aussi. Mais rien de grave ». Je lui repris le joint et tirai dessus plusieurs fois. « Et toi, tu veux qu'on en parle de tes yeux ? Plus rouges que tes lèvres ».
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(#)Sujet: Re: smells like teen spirit (lux)  |   Mar 18 Aoû - 1:05
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bellamy and lux
Je regarde certains de mes camarades qui passent la grille. Quelques signes de tête me sont adressés de temps à autre auquel je réponds vaguement. La plupart pense être mes amis simplement parce que je daigne reconnaitre leur existence. Evidemment, je ne fonctionne pas comme ça. Bien sûr, je peux discuter avec quelqu’un tranquillement sur un sujet. Mais dès que la conversation devient personnelle, je ne peux m’empêcher de réorienter le sujet sur la personne qui me parle. Alors pour la plupart, même si je ne les apprécie qu’à moitié, je suis très au courant de leur vie, quand il ignore à peu près tout de la mienne. Sauf pour ceux qui me connaissent depuis toujours et qui ont vu ce que je suis devenue. Mais eux, ils m’évitent. Je n’aime pas l’idée que quelqu’un puisse me connaitre par cœur de toute façon. Mais la plupart de ceux que je considère comme mes amis comprennent plus qu’ils ne veulent savoir pourquoi j’ai cette carapace agressive et trompeuse. Parce qu’ils ont la même. Et nous sommes les seuls à même de lire dans le cœur de nos pairs. Je prend quelques minutes avant de lui répondre, laissant l’inlassable ballet des entrants et sortants à travers les grilles. Plus loin, un autre petit groupe fume des clopes et je les vois se retourner de temps à autre vers Bellamy et moi. On doit faire un drôle d’effet ici, même un peu tâche. Ses bras recouverts de tatouages, ses yeux éclatés, mes cernes infinis et la pâleur de ma peau s’ajoute à nos maigreurs. En bref, nous avons le look, l’attitude et le physique de ceux que l’ont soupçonne toujours être des consommateurs. Et ils ont bien raisons cette bande de pseudo rebelle assez énervant et impoli pour qu’on ait envie de prendre chacune de leur tête pour la cogner avec une autre – ou un mur.

Je commente d’un « Ah. » son explication qui semble tenir la route même si c’est un peu léger. De toute façon, nous, les drogués, on gère très mal nos problèmes alors, ce n’est pas en lui reprochant que les choses vont s’arranger. Cela pourrait être bien pire si ces reproches finissent en dispute. De plus, je ne suis pas du tout dans l’humeur pour me disputer avec qui que se soit. Mes muscles sont lourds mais détendu, et je commence à doucement avoir une impression globale d’enfoncement. « « Je suis certaine que ça va finir par s’arranger. Fait attention à toi en attendant. S’il te plait. » Le son de ma voix n’a plus rien de taquin. Je suis extrêmement sérieuse. J’ai peu d’ami alors malgré moi, j’essaye de les protéger. C’est malgré moi dans le sens où je voudrais faire croire que rien n’y personne compte. Mais quand il s’agit de mes quelques rares amis, il faut bien que je tente d’en prendre soin. Un sourire fugace passe sur mes lèvres et j’adresse un clin d’œil à Bellamy : « J’ai les yeux sensibles, j’fais des allergies, c’est la poussière, tout ça. » Je mens facilement d’habitude. Mais là, je n’essaye même pas de jouer sur ma voix, je suis presque tout bonnement ironique. La morale que chacun doit faire à l’autre a assez duré. De toute façon on ne sait pas prendre soin de nous de la manière la plus correcte qu’il soit.

Distraitement, je regarde l’heure et récupère ensuite mon joint sur lequel je tire lentement. J’ai les yeux qui me piquent déjà mais j’évite de commencer à passer mes doigts sur mes paupières sous peine d’y passer la soirée. La sensation de piqûre ne vient que de la défonce et va s’aggraver encore et encore durant la fin de journée. « J'suis tellement dégoûté qu'on soit que lundi. Vivement la fin de la semaine. Tu fais quoi ce week-end? »

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(#)Sujet: Re: smells like teen spirit (lux)  |   Ven 28 Aoû - 14:48
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lux & bellamy
Au fond, cela me faisait un bien fou de voir Lux. C'était un peu comme si la blondinette était à l'extérieur de ma vie, loin de tous les problèmes, et que se rapprocher d'elle était comme s'éloigner des soucis. Je n'avais pas peur qu'elle me juge ou qu'elle ait peur de moi. Lux, elle n'avait pas froid aux yeux. Elle ne semblait avoir peur de rien. Je crois que c'était ce que j'appréciais le plus, chez elle. Elle était sauvage, naturelle, lumineuse. Enfin, je la trouvais ainsi car je la connaissais, mais je savais que peu de gens avait la même vision que moi. Je savais qu'elle paraissait généralement froide et distante aux inconnus. Elle s'était fait une carapace, très soigneusement. Elle se l'était forgée elle-même et s'était ensuite enfermée à double tour dedans. Honnêtement, j'étais heureux d'avoir pu forcer l'entrée. J'ai jamais bien compris pourquoi Lux et moi nous entendions si bien, au point que ma soeur nous fasse des crises de jalousie. Peut-être était-ce parce que nous nous comprenions sans avoir besoin de nous expliquer ou de nous justifier. Moi aussi, je m'étais fabriqué ma petite carapace. Pas pour les mêmes raisons que Lux, évidemment, mais je savais ce que cela faisait de montrer au monde une image modifiée de nous-mêmes parce que l'on a peur de montrer nos blessures. Je n'avais jamais osé montrer qui j'étais car je craignais que l'on me blesse ou que je passe pour un faible. Lux, elle, voulait oublier. Je savais pourquoi elle se droguait et pourquoi elle faisait toutes ces conneries. Elle voulait oublier la douleur, mais elle voulait aussi oublier le bonheur. Elle voulait oublier tous ces souvenirs heureux qui revenaient la hanter la nuit. Et je le comprenais. Alors que tout le monde lui aurait conseillé de se souvenir des moments de joie, moi je savais pourquoi elle voulait s'en débarrasser. Leur absence faisait mal, oui, terriblement mal. Il fallait tout effacer, tout oublier. La joie comme le chagrin. C'était la seule façon d'avancer, de se remettre.

Lux était loin d'être stupide et elle avait bien remarqué que quelque chose n'allait pas chez moi. De toute façon, j'étais raide défoncé. Mon cerveau était embrumé, tout mon corps me brûlait. Et pourtant, je me sentais si léger, si… bien, en fait. Mais je savais que ce n'était qu'une illusion, que cette sensation de bonheur était superficielle. J'avais beau me sentir bien, je savais que je ne l'étais pas au plus profond de moi. La drogue a cet effet là, vous vendre du rêve et vous faire croire qu'elle efface vos soucis. Alors qu'en fait, le retour à la réalité est rendu beaucoup plus dur à cause de la drogue. Et pourtant, je continuais. Je me disais que si j'étais défoncé tout le temps, je ne penserais plus à mes problèmes. Je ne penserais plus à Hannah qui ne voulait plus me parler, à Matthias et Andrea qui étaient de retour en ville, à Charlotte et Adela qui étaient seules au Mexique… Bref je ne penserais plus à mes soucis. J'avais l'impression de tout cumuler ces derniers temps et c'était particulièrement désagréable. Et pourtant, Lux était toujours là. Assise à côté de moi, ses éternels cheveux blonds platine tombant sur ses frêles épaules et le joint à la bouche. Sa présence était réconfortante. « Je suis certaine que ça va finir par s’arranger. Fait attention à toi en attendant. S’il te plait. » dit-elle sérieusement. J'aurais aimé la croire et lui dire que cette situation ne durerait pas, mais je n'en n'étais pas sûr du tout. Je n'étais pas du genre à me laisser abattre, mais je devais admettre que mon moral en avait pris un sérieux coup. « Je l'espère, en tout cas » fis-je, sans promettre de faire attention à moi. Je savais que je venais de replonger droit en enfer, celui de l'héroïne, celui dont on ne sort jamais. Je lui lançais alors une remarque plus légère, par rapport à ses yeux. Elle était elle aussi bien défoncée. « J’ai les yeux sensibles, j’fais des allergies, c’est la poussière, tout ça. » Sa remarque me fit rire. Cette excuse, j'avais bien dû la sortir des milliers de fois à ma mère, qui avait fini par m'emmener au médecin pour qu'il me donne un traitement contre les allergies. « Oh, tiens, c'est bizarre, ça me fait la même chose ! Drôle de coïncidence, hein ? » plaisantai-je.

Je tirai doucement mais longuement sur son joint, plusieurs fois de suite. J'avais besoin de ne plus rien sentir, de ne plus sentir mon corps ni la douleur. Je voulais juste ne plus voir que Lux, sa bouche rouge et ses cheveux blonds. Je ne voulais plus voir le sourire d'Hannah qui tournoyait dans ma tête, souvenir d'une douce et heureuse époque. Je ne voulais plus entendre son rire dans ma tête. Je ne pouvais plus. Lux me reprit le joint des mains sans que je m'en rende vraiment compte. Je ne me rendais plus compte de rien, en fait. J'étais trop dans le vague. « J'suis tellement dégoûté qu'on soit que lundi. Vivement la fin de la semaine. Tu fais quoi ce week-end? » déclara-t-elle. Je mis quelques secondes avant de comprendre sa phrase. Ouah, j'étais vraiment au ralenti. Je passais une main dans mes cheveux. « J'allais te dire que j'allais chez Hannah, mais bon… J'crois que c'est mort » dis-je à voix basse. « Merde, j'ai vraiment tout foiré avec elle, ça m'casse les couilles. J'en ai ras-le-cul d'être un blaireau ». Je fixais le sol. « Excuse, j'ai pas les pensées claires. J'veux pas t'embêter avec mes histoires. On peut se faire une soirée, si tu veux ».
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