Yaël Graham and Joshua Sullivan

Deux mois plus tôt, Afghanistan : Je me trouve sur le terrain, on doit intercepter un convoie, je suis posté sur le toit, allongé, mon arme entre les mains et j’attends, je guette le moindre mouvement pour sécuriser mon unité qui elle se trouve au sol. Je suis plus que concentré car ça demande énormément de sang froid. Il y a quelques mois, j’ai été obligé de tirer sur un enfant, ces gens-là les utilisent pour faire jouer notre humanité et on est obligé de faire des choix et pas les plus simples. « Sullivan t’as un visu ? » me demande l’un de mes collègues, ils se trouvent dans le bâtiment en dessous de moi et attendent mon feu vert pour sortir, il y a du mouvement mais je ne peux pas dire pour l’instant si c’est ok ou non alors j’attends encore un peu. « Sullivan tu me reçois ? » insiste-t-il. - Ferme-là Jersey, j’peux pas me concentrer si tu m’braille dans les oreilles ! Rétorquais-je simplement. Je reporte mon attention sur mon viseur, quelques secondes plus tard, je tire. - La voie est libre les gars ! Lançais-je alors gardant un œil sur le viseur et sur les alentours, on est pas à l’abri d’une réponse, on patientait plusieurs minutes, plusieurs heures à surveiller une potentielle menace mais plus rien, le calme était revenu. Nous décidons alors de rentrer à la base, je regroupe mon matériel et descends pour rejoindre mon unité.
Au moment où je m’apprête à monter dans le véhicule, ce dernier explose me propulsant en arrière. Merde. Une embuscade. Mes oreilles sifflent et je ne vois rien à part un amas de poussière et de flammes. J’entends quelques cris et des coups de feu mais impossible de savoir d’où ça vient et je suis incapable de bouger, ma jambe me fait mal et… et puis c’est le trou noir.
J’entends des bip de machine, des gens s’agiter autour de moi, mais je n’arrive pas à ouvrir les yeux et le bruit devient sourd et je m’endors à nouveau. On m’opère en Afghanistan et une fois que mon état est stable, ils décident de me rapatrier aux Etats-unis.

Hôpital de Miami, il y a deux semaines : J’entends de nouveau ce bip, juste ce bip et c’est un peu agaçant comme bruit, par contre j’ai du mal à bouger, je ne sais pas où je suis, ni ce qu’il se passe mais je commence à paniquer légèrement. Je tente de bouger les mains, les doigts plutôt mais je suis comme engourdi. Après plusieurs tentatives, je finis par enfin ouvrir les yeux, la lumière blanche m’aveugle et je mets un moment avant de voir nettement ce qui se trouve autour de moi. Les murs sont blancs et il y a une odeur que je déteste qui me donne presque envie de vomir. J’arrive à bouger les doigts maintenant mais rien de fou non plus, je suis à l’hôpital on dirait bien, mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je n’arrive pas à me souvenir. Quelques heures plus tard, j’ai la visite d’un médecin, il m’explique alors que l’opération s’est bien passée malgré le fait qu’elle fut délicate et que j’ai faillis y rester, mon genou a été pas mal amoché mais ils ont pu le sauver, il me faudra par contre une rééducation pour récupérer une totale mobilité de mon genou, je lui demande alors combien de temps et la nouvelle n’est pas vraiment bonne pour moi… 6 mois de rééducation, c’est-à-dire, 6 mois sans travailler…

Aujourd’hui : Voilà maintenant deux semaines que je suis réveillé et une semaine que je suis sorti. J’ai attaqué la rééducation il y a quelques jours et j’en ai déjà marre parce que j’ai l’impression que ça ne sert à rien. J’arrive bien sûr à poser le pied par terre mais dès que je fais un pas, ça me fait un mal de chien. Je sais qu’il faudra du temps, ce n’est pas pour rien que les médecins m’ont donné 6 mois de rééducation mais les personnes qui me connaissent bien savent à quel point je n’ai aucune patience et quand je fais quelque chose il faut que je le finisse maintenant sinon ça m’agace, donc autant dire que cette rééducation sera un vrai challenge pour moi comme pour ceux qui vont s’occuper de mon cas. - On peut faire une pause là ? J’en peux plus ! Demandais-je au kiné. Il m’accorde alors une pause de 10 minutes et en profite pour partir boire son café je suppose. Je prends donc mes béquilles et sors afin de prendre l’air et au moment où je sors, je vois passer Yaël dans le couloir. - Tiens salut toi ! Lançais-je lorsque nos regards se croisent. J’ai eu l’occasion de croiser Yaël quelques fois et je sais également qu’elle connaît Dean Hassani, ça fait en quelque sorte un visage familier. En revanche, lorsqu'elle croise mon regard, je vois le sien se froncer légèrement. - Je fais juste une pause, je ne cherche pas à m’enfuir si ça peut te rassurer ! Lançais-je alors pour me défendre.

Yaël Graham and Joshua Sullivan

Comme à son habitude, une rude journée attendait Yaël dès son réveil, mais c'est avec le sourire qu'elle franchit le seuil de l'hôpital. A six heures du matin, les patients attendaient déjà la tournée des médecins et les opérations s'enchaînaient ; celle de Yaël était programmée pour onze heures. Après la tournée des patients, Yaël se prépara pour son opération, la pose de la valve aortique sans suture la stressait en quelques sortes mais elle en était capable, il fallait simplement faire le vide et c'est ce qu'elle comptait faire. Malheureusement, c'était bien dur de se concentrer puisque le bipeur demandait constamment ses services. Pas de repos pour les internes, il fallait répondre présent à chaque sonnerie.  

Certes, le stress était présent mais l'opération était un vrai succès. Un grand progrès qu'a connu la médecine, qui aurait cru qu'une opération aussi primordiale à la survie d'autrui, aurait pu être faite sans suture ? Aujourd'hui, il suffit d'une implantation de la valve aortique par voie percutanée, c’est-à-dire sans ouvrir le thorax, mais en passant par l’aine et le tour est joué. Très impressionnant. C'est à ces moments que Yaël se demande si elle ne devrait plutôt se tourner vers la recherche médicale. Un domaine intéressant. Mais pour l'instant, le futur de sa carrière reste un gros point d'interrogation.

A la sortie du bloc, alors qu'elle s'étirait doucement avant de rejoindre les urgences, elle se retrouva nez à nez avec un visage bien familier. Joshua, qu'elle appelait très souvent Sullivan. Un sourire étira ses lèvres mais lorsqu'elle se rappela qu'à cette heure-ci il devrait être en pleine rééducation, ses sourcils se froncèrent de mécontentement, elle se demandait bien ce qu'il pouvait y avoir de plus urgent que sa propre rééducation.  "J'espère que ce n'est pas un mensonge Sullivan, s'il le faut je te trainerai pas les oreilles !" Yaël était connue pour sa gentillesse et sa douceur mais lorsqu'il fallait être ferme avec ses patients elle n'hésitait pas. On savait qu'on ne pouvait abuser de sa gentillesse aussi facilement. "Ça ne te dérange pas que je t'accompagne alors ? J'ai besoin d'une pause aussi, je viens de quitter le bloc." Ce n'était pas vraiment une excuse pour le surveiller de plus près, son dos avait réellement besoin de quelques minutes de repos mais autant faire d'une pierre deux coups. Ils se dirigèrent vers la cafétéria, de la caféine lui ferait un bien fou avant d'attaquer les urgences. En attendant leur commande, elle demanda à Josh. "Alors, cette rééducation ? Ça avance ? Tu te sens comment ?" Elle était du genre à se préoccuper de ses patients et même lorsqu'on ne l'était pas alors ce genre de questions peuvent être un interrogatoire pour certains mais une certaine habitude pour Yaël.

Yaël Graham and Joshua Sullivan

Ma rééducation à commencé il y a seulement quelques jours et j’en ai déjà marre, je pense que ça montre mon niveau de patience. Et pourtant la patience et quelque chose que je suis censé avoir avec mon métier, car qu’on est sniper, il ne s’agit pas de trouver sa cible et tirer non, ça demande une concentration extrême, réfléchie, bref tout ce que je ne suis pas actuellement.
Aujourd’hui, j’avais plusieurs heures de rééducation, mais au bout de presque une heure, je demandais au kiné si c’était possible de faire une pause car j’en avais marre, le kiné m’accorde 10 minutes de pause que je prends sans perdre de temps, j’attrape mes béquilles sort. Au moment où je me retrouve dans le couloir, je croise Yaël, une connaissance via Dean Hassani, je me sens alors limite dans l’obligation de me justifier en lui disant que je fais une simple pause. « J’espère que ce n’est pas un mensonge Sullivan, s’il le faut je te trainerai par les oreilles ! » me lance-t-elle. Yaël est une jeune femme très gentille et sympa, mais au boulot un peu moins, disons qu’à nous deux avec nos caractères bien trempés, ça fait quelques étincelles. « Ça ne te dérange pas que je t’accompagne alors ? J’ai besoin d’une pause aussi, je viens de quitter le bloc. » me confie-t-elle, je hausse alors les épaules tandis qu’on se dirige vers la cafétéria. Nous commandons tous deux un café et patientons. « Alors, cette rééducation ? Ça avance ? Tu te sens comment ? » me questionne-t-elle. - J’en sais rien, j’ai l’impression de faire du surplace. J’arrive à marcher même si ça fait mal mais j’suis incapable de faire ces foutus exercices. Il me dit de pas forcer en dehors et à côté de ça, il me fait forcer comme un malade. Répondis-je en râlant. Je sais que râler ne sert à rien mais ça fait du bien. - Et toi alors ? Quoi de neuf de ton côté ? Je demande en souriant.
Yaël semblait être une jeune femme très sympathique mais qui savait aussi ce qu’elle voulait et se faire respecter. Je ne la connaissais pas super bien, car nous nous sommes rencontrés il n’y a pas si longtemps mais elle dégage déjà quelque chose de positif, même si je sens bien qu’avec nos deux caractères ça risque de faire régulièrement des étincelles. J’avoue aussi qu’elle me fait un peu peur, enfin surtout quand je la croise ici, dans l’enceinte de l’hôpital, car elle prend son travail très à cœur et ne plaisante pas sur le sujet.