Les conditions de mon retour précipité sont un peu flou, je suis parti de Miami il y a 4 mois mais je suis rentré seulement 2 mois après mon départ parce que j’ai été blessé. Ca aurait été une blessure sans gravité, je serais resté sur place pour me remettre et serait retourné au travail une fois sur pied, sauf que de ce que j’ai pu comprendre il y a eu des complications et ils ont dû me plonger dans le coma pour le transport ou je ne sais pas trop. En réalité, je n’ai pas posé beaucoup de questions là-dessus, la seule chose qui m’intéresse c’est quand est-ce que je pourrais retourner sur le terrain. Je ne connais que ça et bizarrement quand je suis à Miami j’ai l’impression d’être perdu alors que j’ai pourtant grandi ici.

Pour ce soir, j’ai décidé de sortir boire un verre et j’aurais pu aller chez mon pote Andrès mais pour je ne sais quelle raison mes pieds m’ont guidé jusqu’au Seven Devil Bar. Peut-être parce que c’est là que j’ai rencontré Sibbie et que ça fait un moment que je ne l’ai pas vu et que j’espère peut-être la croiser ce soir ? Cette nana-là à quelque chose que je ne saurais expliquer, on est assez similaire sur le plan sentimental, on refuse de s’attacher à qui que ce soit pour différentes raisons mais au final ça revient au même, mais on a ce petit truc qui plait chez l’un et l’autre et ça nous à amener à coucher ensemble… régulièrement je l’admets mais ça reste purement physique. En fait, on est simplement des amis qui couchent ensemble. On peut compter l’un sur l’autre sans aucun souci.

Et puis pour être honnête, j’aime pas ce bar, c’est beaucoup trop bruyant et puis j’aime pas danser, bon de toute façon avec mon genou en ce moment je ne peux pas danser mais même sans ça, je danse comme une merde, je suis plus adepte des endroits calmes du style bar avec billard ou jeux de fléchettes, un truc bien chill quoi. Donc si je suis là ce soir, c’est probablement parce que j’espère tomber sur elle pour me changer les idées. Lorsque j’entre dans l’établissement, la musique résonne, il y a pas mal de monde mais ce n’est pas la grande foule non plus, ça reste raisonnable, je balaye la salle du regard quand mes yeux se posent sur une petite tête blonde en train de danser, puis sur le mec à côté d’elle qui s’avançait vers elle pour très certainement danser avec elle, alors je m’avançais vers elle faisant comprendre d’un regard au mec de dégager. Sibbie ne l’a probablement pas remarqué et c’est tant mieux, ses mains se glissent dans les miennes tout en continuant de danser. « tiens, un revenant. Besoin des services de la police, beau sergent ? » demande-t-elle en souriant en coin sans s’arrêter de gesticuler. - Non pas cette fois lieutenant ! Je lance assez fort pour qu’elle m’entende, avec un sourire en coin. - J’espère que t’as été sage pendant mon absence… Je lui lance en essayant de rester sérieux.

Par moment, mon cerveau faisait des choses que je ne comprenais pas. Comme par exemple, me retrouver dans cet endroit que je n’apprécie pas forcément mais qui me conduit à Sibbie, à croire que cette nana est un aimant. Mais ce que je comprends encore moins, c’est pourquoi j’ai virer ce mec qui était presque collé à elle ? Bizarrement, il ne cherchait pas à comprendre plus que ça et s’éloignait en pestant un peu quand même, quant à Sibbie, elle glissait ses mains dans les miennes me demandant si je venais lui demander un nouveau service, je lui répondis alors que non, pas cette fois-ci. « sage c’est mon deuxième prénom » me dit-elle alors à l’oreille avant de me mordiller le lobe, ce qui me fait rire. - Sage ? Toi ? Non j’y crois pas une seconde ! Lâchais-je en riant. « On bouge ? » me demande-t-elle en reculant pour quitter la piste de danse, nous nous dirigeons vers le bar pour commander à boire, puis prenons ensuite la direction de la terrasse, une fois nos consommations en main. « Alors ? On éloigne les mecs de moi pour m’avoir à toi tout seul ? J’en croirais presque que tu es venu ici pour me trouver… » dit-elle en rapprochant son tabouret du fauteuil où je me trouvais. Je la regardais répondant seulement d'un petit sourire dans le regard. Il était hors de question que je lui dise que j’étais venu en espérant la trouver sinon j’allais en entendre parler pendant des heures. « Va falloir te rattraper, tu t’es mis sur le chemin d’un bon coup si ça se trouve. » dit-elle en se rapprochant, battant des cils. - Oh mais si tu veux aller vérifier, je t’en prie, loin de moi l’idée de casser ton coup. Lui répondis-je avec un grand sourire, puis prenant une gorgée de mon verre. J’adorais la taquiner et le fait de jouer ce petit jeu avec elle, me plaisait bien. Pas d’attache on a dit donc je ne l’empêche pas d’aller voir ailleurs si elle en a envie, loin de moi cette idée.  

Je ne sais pas pourquoi je me retrouvais là au final, j’aurais pu simplement lui envoyer un message pour qu’on se retrouve un autre jour, je ne sais pas trop. Mais maintenant que j’étais là autant y aller directement donc je fis comprendre au mec qui la collait de dégageait et il n'insistait pas, ce qui m’étonnait. Généralement, Sibbie attire beaucoup de monde parce que on ne va pas se mentir, elle est canon et elle le sait.
Elle m’entraînait alors vers le bar afin de commander à boire, puis me traînait sur la terrasse où c’était beaucoup plus calme, ce que j’appréciais nettement plus. Elle me charriait en me lançant que je lui avais peut-être cassé un bon coup, je souris alors en lui lançant que je ne voulais certainement pas lui casser son coup et l’invitait à retourner auprès de ce mec pour constater par elle-même. « mmmmh non. je vais profiter de ta présence, elle se fait trop rare pour ne pas être soulignée. » dit-elle en jetant un coup d’oeil au mec à l’intérieur. - Pourquoi ? Je te manque tant que ça ? Lui demandais-je avec un petit sourire, je sortais mon paquet de cigarettes de ma poche pour en glisser une entre mes dents et ranger le paquet. Je l'allumais et penchais la tête en arrière afin de rejeter la fumée. « alooooors… tu reviens blessé et je vais devoir jouer l’infirmière ? Si c’est trop douloureux, on peut nous trouver une nana canon et te faire plaisir sans que tu ne fasses trop d’efforts. » dit-elle. - Je rêve où tu veux me coller dans les bras d’une autre nana ? Je lançais alors en riant. - Tu sais j’suis pas sûr d’être très efficace… merci les anti-douleurs ! ajoutais-je en tirant une nouvelle fois sur ma cigarette. Certes, il m’arrivait de m’envoyer en l’air en revenant de mission parce que bon je ne suis qu’un être humain avec des besoins, mais il peut m’arriver d’avoir une période sans côtoyer la gente féminine.

Ça me faisait plaisir de revoir Sibbie car très honnêtement, j’ai un peu de mal à me rappeler quand est-ce qu’on s’est vu la dernière fois. Certainement la dernière fois que j’étais dans le coin avant de repartir. J’essaye généralement de répartir mon temps avec mes amis les plus proches pour profiter de tout le monde avant le prochain départ mais ce n’est pas toujours évident.

Nous nous trouvions sur la terrasse afin de pouvoir boire un verre un peu plus au calme. Elle ne perdait pas de temps à me taquiner tout en sirotant son verre tandis que moi je m’allumais une cigarette, qu’elle me prit des mains pour tirer dessus. « Hmmm ca je ne vais pas te le cacher, Miami est bien plus fade quand tu n’es pas là, en entier ou pas. » dit-elle en plaisantant. - A croire que je fais l’animation de la ville ! Je dis en riant. C’était flatteur tout de même, il est vrai que j’aime faire la fête et être le clown qui amuse la galerie mais je ne pense pas être le seul dans ce cas là. « Te coller dans les bras d’une autre nana ? Je viendrais te récupérer en moins de deux. » ajoute-t-elle en reprenant la cigarette. « C’est p’tete pas du tabac qu’il te faut alors. » me dit-elle ensuite. Il est vrai que j’ai déjà tester autre chose mais ce n’est pas mon délire, disons que je ne veux pas tomber là-dedans, ça ne finit jamais bien ces choses-là. Elle me dit ensuite qu’elle voulait bien sacrifier son temps habillée pour moi quand je lui dis que je n’étais pas sûr d’assurer autant à cause des médicaments qui ont des effets secondaires pas très agréables. Elle me confie ensuite avoir été en mission spéciale au début de l’année, je me redressais alors sur le fauteuil pour l’écouter plus attentivement. Elle m’expliquait que ça avait été très dur mais qu’elle avait réussi à démanteler cette secte non sans peines et qu’elle s’en remettait tout juste. - Qu’est ce que qu’il s’est passé ? Enfin si tu veux en parler… tu sais que je suis là… Dis-je alors pour qu’elle comprenne qu’elle pouvait compter sur moi et pas uniquement sur le plan physique. - Je pense que chacun gère comme il peut, j’me sens plus chez moi sur le terrain que dans mon propre appart alors bon… mais pour d’autre c’est totalement l’inverse. Dis-je ensuite.

Si je devais vous décrire Sibbie, ça serait compliqué parce qu’elle est tellement de choses à la fois. C’est une femme incroyable avec un sacré caractère mais avec un coeur en or, c’est quelqu’un de sérieux quand il faut mais qui sait aussi déconner et ne surtout pas se prendre la tête, c’est d’ailleurs pour ça qu’on s’entends si bien. « alors ouvre bien tes oreilles ce n’est pas que tu es l’animation de la* ville mais l’animation de ma* ville » dit-elle en insistant bien sur la différence des mots, ce qui me fait sourire, parce que ça fait toujours chaud au cœur de savoir qu’il y a quelques personnes autour de soi pour qui on compte, pour qui on a de l’importance. J’ai toujours été quelqu’un d’indépendant à ne jamais compter sur personne d’autre que moi et pourtant j’ai toujours eu un lien très fusionnel avec ma petite soeur mais je dois admettre que depuis que je suis à l’armée et encore plus depuis qu’elle est partie vivre en Europe, je me suis renforcé dans cette idée. Je ne m’attache pas, je ne cherche pas à avoir d’attache parce que je ne sais jamais de quoi est fait demain avec mon travail. Donc je vis au jour le jour et n’attends rien de personne, même si j’ai quelques bons amis sur qui compter le peu de temps où je suis en ville.

Sibbie me parlait ensuite du fait que sa dernière mission l’avait beaucoup affectée, c’était une secte et même si là elle s’en remettait à peine, elle a gardé des traces… peut-être pas physiques mais psychologiques. « C’est vrai. J’adore le terrain mais là… c’était trop. » dit-elle lorsque je lui dis que chacun gérait à sa manière pour se remettre d’un choc. Personnellement je ne vivais que pour le terrain même si j’y voyais les pires horreurs mais pour d'autres c’est différent. Je lui demandais alors ce qu’il s’était passé à condition qu’elle veuille bien m’en parler. Elle recommanda alors un verre qu’elle bu cul sec puis m'attrapai par le bras pour m’entraîner avec elle un peu plus loin, au calme et loin des oreilles indiscrètes. Elle m’expliquait alors son récit, son infiltration dans la secte et tout ce qu’elle avait vécu, ce qu’on l’a obligé à faire, ce qu’elle a dû subir et entendre ça était assez dur car même si c’est une dure à cuire, elle reste humaine avant tout. A chacune de ses paroles, je serrais le poing car ça rend fou ce genre de truc, comment peut-on être aussi taré pour ce genre de chose ? Les sectes, j’comprendrais jamais leur délire. Je la laissais continuer son histoire jusqu’à c’qu’elle m’apprenne qu’elle était tombée enceinte car c’était ce qui était prévu pour ces malades, elle devait tombée enceinte et ça a fini par arriver. Et je comprenais ce qu’elle voulait dire, de ce côté-là on pensait la même chose, avoir des enfants était inimaginable pour nous, on avait déjà du mal à nous gérer nous-mêmes alors gérer un petit être humain qui dépend de nous… non merci. Cependant lorsqu’elle a su être enceinte, sa vision avait changé, seulement quelques semaines après la chute de la secte, elle a perdu le bébé. « Enfin maintenant tu sais ce qu’il s’est passé. Ma psy m’a dit d’en parler à ceux en qui j’ai confiance, que ça me ferait du bien. Alors me fait pas regretter ça. » dit-elle alors en me montrant du doigt. - Ehhh… Tu sais que j’serais toujours là pour toi ? Je… ne… sais juste pas quoi te dire… je n’ose même pas imaginer ce que tu as pu vivre là-bas… dis-je alors impuissant. Le mal était déjà fait, il fallait juste être là pour l’avenir et ne pas la laisser tomber.