u’est-ce qu’il y avait de pire que d’être soudainement en train de perdre la femme la plus importante dans sa vie? Lily avait eu un accident depuis un bon moment déjà et j’avais beau tout essayé, elle ne collaborait pas. J’avais essayé d’être confiance. J’avais essayé de l’aider de mieux que je le pouvais, de la faire rire, de la faire parler, de la sortir de chez elle mais en vaint, tout se détériorais. J’avais essayé, j’avais essayé tellement fort mais maintenant j’étais épuisé, littéralement. J’avais perdu ma joie de vivre et ça allait de pire en pire.

De pire en pire depuis une semaine. Je me souvenais très bien des évènements : j’étais chez moi avec mes parents en train de manger comme j’avais l’habitude de faire le dimanche soir. Je ne vivais peut-être plus chez eux, mais c’était quand même important pour moi de les voir régulièrement. Tout se passait bien et comme à son habitude, mon père avait défait la table lorsque tout le monde avait terminé de manger. Tout était tellement clair dans ma mémoire, je me repassais la scène encore et encore. Les assiettes qui tombent au sol, le corps de mon père qui en suit. Je m’étais levé brusquement sous les cris de ma mère qui me demandait de faire quelque chose. Je m’étais empressé de me jeter vers mon père. J’avais tenté de le réanimé du mieux que je le pouvais mais la vie avait son lot de tragédies : son cœur ne répondait plus. Mon propre père est mort dans mes bras. Je suis médecin, c’était dans mon devoir de le sauver mais j’avais été incapable, j’étais un bon à rien.

J’avais passé les derniers jours à essayer de consoler ma mère du mieux que je le pouvais. Je ne parlais pas beaucoup, je pensais énormément par contre. J’essayais de passer à travers mon deuil mais ce n’était pas évident. J’avais passé la semaine chez ma mère pour l’aider avec la maison et les papiers pour l’enterrement de mon père. Je n’avais eu aucune nouvelle de Lily. Pas un SMS, rien. Elle était donc au courant de rien. Toutefois, j’avais promis d’aller à tout ses rendez-vous médicaux avec elle et c’était pour ça que j’étais maintenant stationné devant son appartement. Je soupirai, car je savais très bien que sa compagnie allait aider en rien à mon moral, ça allait même empirer. Elle avait eu le don d’être mon soleil pendant tellement longtemps alors que là… elle était la nuit, tout était noir en sa compagnie. Je débarquai néanmoins de ma voiture et marchai péniblement jusqu’à la porte de son appartement où je cognai deux petits coups avant d’entrer. Ce n’était pas barré. Lily était dans le salon. Je m’approchai d’elle, les mains dans les poches de mon jeans.  « T’es prête? » lui demandais-je simplement.  Je n’avais pas envie de lui parler. Elle non plus visiblement puisqu’elle ne m’avait pas donné de nouvelles depuis plusieurs jours alors que j’avais terriblement besoin d’elle. Je ne pouvais tout simplement plus compter sur elle. C’était aussi simple que ça.
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Aujourd'hui c'était le jour d'une visite médicale. Comme à chaque fois, je ne voulais pas y aller. A quoi cela servait-il ? A rien ! Je savais que ma vie était fichue pour te bon ! Je savais que quoiqu'il arrive, plus rien ne serait comme avant.. Ma vie avait prit fin, je ne voulais pas entaîner les autres avec moi, mais décidément... Ils ne voulaient pas me laisser partir.

Il le fallait, ils ne comprenaient pas que je leur apporteraient rien de bon ? J'avais tout de même tuer un homme ! J'avais causer la mort tout de même, j'étais une meurtrière, ni plus, ni moins. Je soufflais. J'avais eu le temps de réfléchir... Geane n'était pas là en ce moment...Quant à William... Je n'avais pas de nouvelle de lui depuis quelques jours, je suppose qu'il a réalisé que c'était fini.

Quant aux autres ? Je pense que j'avais royalement réussi à les faire fuir, qu'ils partent de ma vie à tout jamais. J'étais assez contente de moi au final. C'était mieux pour eux, mieux pour moi... C'était véritablement mieux ainsi. Je regardais l'heure, mon rendez-vous n'allez pas tarder. Je ne voulais pas y aller... Je ne vais pas y aller, je l'avais décidé.

Cependant, on frappa à ma porte et alors je vis William. Je fus surprise. Je ne m'attendais pas à ce qu'il vienne, il n'avait pas donner de nouvelles depuis des jours... La dernière fois que nous nous étions vus, nous étions dans ma chambre, dans mon lit... J'étais dans ses bras et nous nous embrassions... Certes, ça n'avait rien de romantique, c'était plutôt tragique en réalité.

Il me demanda alors si j'étais prête, je ne compris pas tout de suite ce qu'il voulait dire par là. Il était différent. Plus sombre. Je ne savais pas pourquoi. C'est après un moment que je hochais la tête. Il n'avait pas l'air de bonne humeur. Je ne voulais rien tenter et dire un truc qui aggrave encore plus la situation. De toute façon, je n'avais rien de spécial à lui dire. Mais je savais que je devais tout de même faire un peu d'effort « Merci de m'accompagner, tu n'es pas obligé tu sais » Dis-je simplement et complètement détachée, dénuée de sentiments.

J’avais beau ne pas être dans mon assiette, j’étais un homme de parole et quand je promettais quelque chose, je le faisais. Bien que Lily en avait rien à faire lorsque je lui avais dit que je viendrais avec elle à tous ses rendez-vous médicaux, c’était important pour moi de l’accompagner jusqu’à la fin. Du moins, jusqu’à ce que ça soit possible. Ma petite amie semblait surprise de moi voir, pensait-elle vraiment que malgré tout, j’allais la laisser tomber? Elle aurait été comment à son rendez-vous autrement? Il était dans moins d’une heure. Je n’allais pas la laisser tomber, même si elle, elle m’avait laissé tomber depuis bien longtemps déjà.

Bref, j’étais maintenant devant elle et je lui avais simplement demandé si elle était prête à partir. C’était tout ce que j’avais besoin de savoir car faire la conversation ne m’intéressais pas du tout. Elle allait être bien contente, elle qui voulait à tout prix ne pas me parler. Elle n’allait pas avoir besoin de faire des efforts pour placer deux mots. Quelle belle relation! Le moment à s’embrasser dans le lit ne voulait rien dire d’après moi. Je fus surpris à mon tour lorsqu’elle me remercia de venir, que je n’étais pas obligé. Je haussai simplement les épaules. « Je sais. »

Puis, nous sortîmes à l’extérieur et je l’aidai à entrer dans mon VUS. Il fallait avoir une certaine proximité et ça me faisait que ressentir de la frustration. Je rangeai son fauteuil à l’arrière avant de prendre place derrière le volant et je quittai le stationnement aussitôt. En route, après de nombreuses minutes à ne rien de se dire, je soupirai. Regardant toujours devant moi je lui lançai simplement : « Ils vont faire quoi aujourd’hui? » lui demandais-je simplement. En gros, il servait à quoi ce rendez-vous? Est-ce que ça allait durer longtemps? Car j’avais mieux à faire. J’avais une personne importante dans ma vie qui voulait de mon aide. Et qui tenais réellement à moi aussi. Ma mère.

Je ne dis rien. Je ne savais pas quoi lui dire. Il était étrange, il était différent. Il n'essayait même pas de me parler, ça m'ennuyait dans un sens. Mais je n'avais pas non plus envie de parler donc c'était arrangeant. Je le remerciais de m'emmener encore une fois « La prochaine fois, je demanderais à quelqu'un d'autre... J'ai assez abusé de ton temps » Lui dis-je alors.

Je n'étais pas bête. Je voyais bien que ça l'ennuyait de le faire, mais il me l'avait promit alors je pouvais comprendre qu'il tienne sa promesse. Bref, c'était finit entre nous... Peut-être pas officiellement, mais tout de même. Nous fîmes le chemin de chez moi à l'hôpital en silence. Qu'est-ce que je pouvais bien lui dire ? Rien du tout, je n'avais rien de nouveau dans ma vie donc bon, et je ne regardais pas non plus la télé donc je ne pouvais même pas lui parler d'un film ou d'un truc vu récemment.

Nous arrivions enfin et c'est là qu'il reprit la parole « Oh » Dis-je doucement, réfléchissant. Je ne savais pas trop non plus à vrai dire « C'est pour savoir comment mon état de santé évolue... Normalement, aujourd'hui, ils veulent parler d'une éventualité à ce que je remarche un jour » Lui révélais-je « Mais je ne suis pas très confiante là-dessus » Lui dis-je alors.

Je ressentais mieux, de mieux en mieux les sensations de mes jambes. Avant, on me touchait, je ne sentais rien du tout... Maintenant, je pouvais sentir... Bien entendu, c'était un détail dont je n'avais pas fait par à William. Je ne sais pas pourquoi, je l'ai garder pour moi. Bien entendu, il va le savoir puisque je devrais en parler au médecin. Il le prendra peut-être mal de ne pas lui en avoir fait part.

En tout cas, nous attendions depuis quelques minutes jusqu'au moment où le médecin m’appela. Je jetai un œil à William. Je ne savais pas si finalement, il attendrait dehors ou s'il viendrait avec moi... Je ne savais pas à quoi il pensait et c'était bien la première fois. C'était très clairement déroutant pour le coup, mais en vain. Qui vivra verra comme on dit.

Je ne répondis pas au fait qu’elle allait probablement demandé à quelqu’un d’autre la prochaine fois. C’était peut-être mieux ainsi après tout. C’était juste étrange de ne plus être réellement un couple sans se le dire concrètement. J’étais en train de vivre l’un des moments les plus difficiles de ma vie et elle l’ignorait. Elle était ma copine, elle devait être là pour moi mais elle ne prenait plus de mes nouvelles donc à quoi bon? Je m’étais épuisé à l’aider continuellement à passer par-dessus cette étape difficile de sa vie alors que moi, je pouvais bien pourrir dans mon coin. Il n’y avait que son malheur qui comptait. Oui, je lui en voulais parce que si elle voulait avoir de mes nouvelles, ça devait venir d’elle, elle devait être intéressée mais elle ne l’était pas. J’allais quand même ne pas lui dire tout bonnement : Oh, en passant, mon père est mort! Franchement, ça ne se faisait tout simplement pas.

Je pris néanmoins la peine de lui demander à quoi servait le rendez-vous avec son médecin car bien malgré tout, je me souciais toujours de son état et je souhaitais que tout soit pour le mieux pour elle. « Il faut être confiante Lily. Tu dois d’abord croire en toi pour que ça soit possible. » lui dis-je simplement en tournant pour entrer dans le stationnement de l’hôpital que je connaissais très bien. Il fallait sérieusement qu’elle arrête d’être négative de la sorte, ce n’était pas bon pour elle et elle n’allait jamais avancer. Bref, je ne m’attardai pas plus sur le sujet car je savais très bien que ça ne valait pas la peine de débattre avec elle. Je l’avais fait tellement souvent.

Nous attendions dans la salle de tête depuis un petit moment lorsque le médecin appela le nom de Lily. Je tournai la tête vers la principale concernée qui me regardait aussi. Je poussai un soupire en me levant de sur ma chaise et je tirai la belle pour suivre son médecin qui était déjà entré dans la salle d’examen. Je laissai Lily rouler pour entrer dans la salle et m’occupa de fermer la porte derrière nous. J’allai directement serrer la main du médecin.  « William, son petit-ami. » Je voulais être poli. Peut-être que je me présentais pas avec le bon titre au final? Mais bon... Je n’en savais trop rien et j’y avais été avec l’habitude. Je pris donc place sur un fauteuil un peu plus loin et laissa le docteur faire son travail. « Alors mademoiselle Hamilton, comment vous sentez-vous? Du changement depuis le dernier rendez-vous? »
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Je le regardais « Croire en moi ? Comment le veux-tu ? J'ai tout perdu donc au final, je n'ai plus rien à perdre de toute façon, que je marche ou que je ne marche plus... ça ne changera rien » Lui répondis-je simplement. Il avait sûrement encore m'en foutre pleins la tête de mon pessimisme, mais je ne pouvais pas penser autrement. C'était bien plus fort que moi. C'est tout. Simplement tout. Même si j'avais fais des progrès et qu'il y avait du changement. Je n'y croyais pas.

Nous attendions dans la salle d'attente. Nous parlions pas, nous restons en silence. On avait rien à se dire de toute façon, je ne voyais pas de quoi je pouvais lui parler. Il y a quelque chose qui s'était cassé entre nous et je ne voyais pas comment les recoller. Je ne savais même pas si je voulais les recoller au final. Je ne le rendais pas heureux, et William est un homme qui mérite d'être heureux, de jouir de la vie.. Je ne lui importe rien de bon, et il devait avoir ce qu'il y a de meilleur dans sa vie.

Enfin le médecin arriva et William se présenta en tant que petit-ami. Je me pinçais les lèvres. L'était-il vraiment encore ? Je ne savais même pas ce que nous étions au final, c'était véritablement étrange comme relation. Réellement étrange. Je ne répondis rien, cela allait rendre la situation encore plus embarrassante. Nous nous installons et le médecin demanda de mes nouvelles. Je soufflais, William allait sûrement très mal le prendre.

Je me grattai la gorge pour me donner du courage « Eh bien, je ressens plus » Fis-je alors « Je ressens plus mes jambes, je ressens quand je met mes mains dessus, je ressens quand je me renverse quelque chose de bouillant, je ressens mes jambes » Lui informais-je. Bien entendu, j'évitais tout contact visuel avec William « Je n'arrive toujours pas à marcher, je crois que j'ai perdu mes forces... Je m'entraîne des fois, avec un ami... Pour l'instant je plis et replis mes jambes et tout » Expliquais-je alors. Je ne savais pas si William allait mal le prendre, je ne lui avais pas dit que je m'entraînais avec Jason, mais c'est pas grave.  

« Ok, ça ne changera rien Lily, tu vas continuer à être malheureuse! Elle n’est pas drôle la vie.  » dis-je en secouant la tête. Aussi bien lui donner raison, non? Je n’avais pas la force de débattre là-dessus avec elle et je savais que peu importe ce que je pouvais lui dire, ce que je pouvais essayer de faire, elle me repousserait et elle me donnerait jamais raison. Elle avait une sacrée tête dure et j’avais d’autres choses à penser pour être honnête. J’avais voulu me battre trop longtemps pour elle et elle me faisait maintenant comprendre que je ne valais pas la peine. Je commençais tellement à la détester que je ressentais de la haine à son égard. Et pourtant, je l’aimais. C’était complètement ridicule comme situation.

Le docteur vint chercher Lily et je l’accompagnai dans le bureau. J’étais bien curieuse d’entendre de ses nouvelles et si je ne disais pas qu’elle était ma copine, peut-être qu’il ne m’aurait pas laissé entrer. Bref, j’étais maintenant assis à côté de Lily à écouter ce qu’elle avait à dire à son médecin et je fus sous le choc et pas rien qu’un peu. Je pouvais sentir la colère monter en moi et je me levai brusquement, tellement, que ma chaise tomba à la renverse et je ne le ramassai même pas. Je croisai à ce moment le regard de Lily et je la dévisageai avec dégout. Comment est-ce qu’elle pouvait me faire ça? Est-ce qu’elle réalisait à quel point elle était une sale garce égoïste?

« Vous allez bien William? » me demanda le médecin alors que je me dirigeais vers la porte. « Je préfère attendre à l’extérieur. » Je claquai la porte du bureau assez fortement. Pauvre docteur, ce n’était pas de sa faute mais elle venait de me faire sortir de mes gonds et pas rien qu’un peu. J’avais envie de frapper dans quelque chose. Je pris de grandes respirations en restant du corridor. Elle ne voulait pas de mon aide, mais elle acceptait l’aide de son ami dont je ne connaissais même pas le nom, ni même l’existence? C’était complètement ridicule et elle pouvait bien aller se faire foutre. Si c’était juste de moi, je partirais et je la laisserais ici seule. Bien que je ne savais même pas ce qui me retenait de ne pas le faire. Mais je ne le fis pas. Je voulais l’attendre et lui dire ma façon de penser

Ma réaction avait été plus forte que moi. Je n’arrivais pas à croire ce que je venais d’entendre. Le pire dans tout ça, c’était que j’avais l’impression que Lily ne réalisait même pas qu’elle agissait comme une grosse conne. J’avais quitté la salle, je préférais ne plus rien entendre. En fait, je ne voulais plus rien savoir d’elle pour être honnête. Il ne manquait plus que ça, ça avait été la goutte qui avait fait déborder le vase. Je faisais les 100 pas dans le corridor et c’est quelques minutes plus tard que je me tournai en entendant Lily me parler. Je pris un moment avant de lui répondre. J’en avais même pas envie mais je devais me vider le cœur.

« Je voulais simplement te dire que tu me dégoutes. » Je croyais bien qu’elle ne s’attendait pas à m’entendre dire ça mais pour la peine, je le pensais vraiment. J’étais en colère contre elle comme je l’avais rarement été. « Depuis ton putain d’accident que je fais mon bordel de possible pour t’aider et tu me repousses continuellement et voilà que tu demandes de l’aide à d’autres sans même m’en glisser un mot. Et encore là… je suis certain que ne t’es pas capable de comprendre ça dans ta petite tête! » Elle vint pour ajouter quelque chose mais je secouai la tête, je n’avais pas terminé de parler et là, elle allait m’écouter. « J’ai pas terminé. » j’avalai ma salive car ce que j’allais dire allait être bien difficile. « Je t’ai pas parlé cette semaine… ça dû faire ton bonheur de ne pas m’avoir comme fardeau, non? Bah je voulais te remercier. » Elle semblait surprise. « Mon père est mort dimanche dernier Lily. Et je voulais te remercier de m’avoir enfin fait comprendre que je ne pouvais plus compter sur toi pour absolument rien. Tu n’as pas pris de mes nouvelles alors que j’avais besoin de toi à ce moment-là. » Ma voix se cassa à ses paroles et les larmes me montèrent aux yeux, je les essuyai bien rapidement. Je ne me donnai pas le droit de pleurer quand même.