J
e regrettais qu'Aloysia et moi n'ayons pas fait réellement connaissance plus tôt. Je l'avais vue beaucoup de fois, quand elle et Blake faisaient encore du patinage, mais jamais je n'avais pris la peine d'avoir une réelle conversation avec. Déjà, parce que je pensais sincèrement qu'elle et Blake étaient ensemble, et par respect pour lui, je n'osais pas trop l'approcher. Et ensuite parce qu'elle était impressionnante ! Je n'avais pas l'habitude de côtoyer une championne du monde. Blake, c'était différent, parce que je le connaissais bien avant qu'il ait son titre. Ça m'avait fait tout drôle, ce jour-là. Je les voyais à la télé, les commentateurs qui étaient fous (et moi qui ne comprenait absolument rien à ce qu'ils disaient). Et ils montaient sur le podium. Je vous jure que voir Blake ici m'avait fait tout drôle. Enfin, c'était une lointaine époque, malheureusement. Tellement de choses avaient changées, depuis ce fameux jour.
« Ouais enfin… ça n’ira pas mieux en continuant à les prendre… » me répondit-elle quand je lui parlai des antidépresseurs. Elle avait raison, je savais que ce n'était que des merdes. Je n'aimais pas dépendre de ça, et de laisser ces choses me bousiller le cerveau. Mais ne pas les prendre me faisait encore plus peur. J'étais devenu accroc à ces cochonneries, malheureusement.
« Je comprends tout à fait ce que tu veux dire mais ce sont tes parents aussi… » J'avais l'impression que mes problèmes n'auraient jamais de fin. Je me perdais tellement dans mes soucis et mes interrogations que j'avais finalement l'impression d'être aspiré dans un tourbillon. Au final, je ne ressentais plus rien. Je me fichais d'être là plutôt qu'auprès de mes parents, j'essayais de ne plus penser. Drôle de sentiment. Comme si vous aviez écouté une musique très forte jusqu'à vous en percer les tympans et ne plus rien entendre. Ça me faisait à peu près ça. J'évoquais ensuite la question de Lemon.
« Si elle prend la peine de t’appeler c’est qu’elle tient à toi, sinon elle ne le ferait pas. » Je soupirai.
« J'en viens à penser que ce n'est peut-être pas le cas. Je ne me suis jamais entendu avec elle. Ce qui est sûr, c'est qu'elle ne donne pas vraiment l'impression de tenir à moi » fis-je avec un petit sourire. Lemon et moi, nous n'avions jamais été de grands amis, même enfants. Mais cela s'était énormément dégradé depuis mon départ.
« Tu sais, si un jour ça va pas et que t’as besoin de parler, n’hésites pas, même si c’est deux heures du matin » me dit-elle avec un sourire sincère. Pas de doute, Aloysia était une fille adorable. Je la trouvais très simple et adorable, pour une fille qui était tout de même championne du monde. Elle n'avait pas pris la grosse tête. Blake non plus, d'ailleurs. C'était sûrement cela qui faisait leur force : leur simplicité.
« C'est vraiment adorable. Toi aussi, n'hésite pas à m'appeler ou même à passer. La porte est grande ouverte » fis-je en souriant. Je lui expliquais ensuite que j'espérais que sa relation avec Blake s'améliorerait, que les deux retrouvent leur ancienne complicité. Les voir ainsi distants ou en froid me mettait mal, parce qu'eux deux, c'était comme une évidence.
« Je vais devoir y aller moi… Ca serait cool que tu parles pas de ce que j’ai pu te dire à Blake… » Je lui souris.
« T'inquiète, je serais une tombe. Et si tu pouvais faire de même… Blake ne sait pas la moitié des choses que je viens de te dire ». Sur ce, nous nous saluâmes et je la raccompagnai à la porte. Je m'assis ensuite dans le canapé, pensif, et m'allumai une énième cigarette. Je ne m'attendais pas du tout, il y a une heure, à avoir cette discussion avec Aloysia Mayer. Au final, on se ressemblait beaucoup, elle et moi.
RP TERMINÉ