- Tu veux bien te taire s'il te plaît, juste une petite minute ? J'ai pas l'habitude de parler de mes sentiments, il faut que je rassemble mon courage... Je veux te dire quelque chose... De gentil.
- Huh huh.
- J'ai essayé très fort de ne pas penser à toi ces derniers jours... C'est impossible.
- …
- Mais je sais jamais ce qui vas nous tomber dessus. T'es bornée, compliquée, t'es impossible.
- C'est gentil ça ? C'est vrai que ce n'est pas ton fort.
- Et la minute d'après t'es courageuse, t'es maligne et t'es belle... Je sais que c'est interdit, que c'est même de la faiblesse si j'en crois ce très cher comte... Mais tant pis, peu importe car notre place est ensemble.
- …
- Et le pire c'est de mourir de t'embrasser à chaque fois que je te vois.
- C'est sûr, ah ouais c'est terrible... Pourquoi tu me dis ça là ?
- Parce que je ne peux pas continuer comme ça. J'en peux plus de m'inquiéter pour toi, je passe mon temps à être mort de peur pour toi. On arrête les secrets... Cartes sur table, plus de mensonges et plus de plans sourds... Tu représentes beaucoup pour moi.
- …
- Ensemble il nous arrivera jamais rien de mal... Mais j'ai besoin de ta confiance. Je t'aime.
- C'est vrai ?
- Ouais c'est vrai.

Dans l'infini, il y a toujours certaines étoiles qui attirent plus que d'autres.

Est-ce qu'un jour tu m'aimeras autant que tu l'as aimé ?

Pour répondre à cette question, il n'y a que trois solutions possibles: soit vous êtes sincère et vous brisez un coeur, soit vous êtes hypocrite et vous répondez oui, soit vous restez muet. Pour ma part je n'ai rien pu dire. Je n'ai pas eu le courage d'expliquer au garçon détruit face à moi, que je ne l'aimerais probablement jamais autant que j'ai pu en aimer un autre. Je n'aurais pas su lui faire comprendre pourquoi c'était ainsi car je n'en savais rien. Je sais juste une chose, il mériterait mieux que moi. Je suis consciente de la chance que j'ai de l'avoir. C'est le seul qui arrive à me faire oublier tout le reste, qui me fait vivre. Ce garçon est une perle et j'ai besoin de lui.

Les sentiments sont une anomalie chimique presente chez les perdants.

« Quand j’observe ce qui se passe autour de moi, je me demande encore pourquoi l’amour c’est si compliqué et à la fois si simple. Une fois qu’on est bien ensemble. Qu’on est bien autant dans un resto glamour un samedi qu’en mou un lundi. Quand le matin, c’est à moi que t’as envie de parler, quand le soir c’est à toi que j’ai envie de parler. Quand tu ris de mes blagues en soupirant, quand je ris des tiennes en essayant de tout sauf avoir l’air d’une fille vulnérable. Quand je te parle de trucs qui t’intéressent autant que la position du Canada face à l’Équateur, quand je me rends compte que tu m’écoutes. Tu m’écoutes simplement parce que tu en as envie. Quand on se parle de nos problèmes et qu’on trouve des solutions ensemble. Rendu ici, je pense que quelqu’un a mis un peu d’amour entre nous deux. Mais quand je regarde les gens autour, ils me laissent croire que l’amour c’est trop gros pour exister. Simplement trop pour être en vie. L’amour populaire qui existe, il ne me plait pas. Moi j’aime mieux celui qui arrive au début. Celui qui me donne envie de faire juste ça, même si je sais que c’est adolescent comme comportement. Mais c’est lui que j’aime. Pas lui qui est censé arriver après huit mois.

Mais dans le fond, on ne se dira probablement jamais que l’on s’aime. Parce qu’au moment où toi tu le sentiras, au moment où toi tu décideras que tu ne veux plus des choix qui s’offrent à toi, au moment où tu sentiras que tu me perds peu à peu, de mon côté, j’aurai probablement croisé un marchand d’amour neuf.  »

On ne se met pas à ne plus aimer quelqu'un. On se met à aimer quelqu'un d'autre, peut-être aussi parce qu'il y a de la place.

L'amour nous détruit, il hante nos rêves, ronge nos jours... L'amour a tué plus de personnes que n'importe quelle maladie.

Les micro humains de Bernard Werber