Let's move into something new

Reed ∞ Leyla

Rez-de-chaussée -  Les portes de l'ascenseur s'ouvrent. J'attends un instant qu'il se vide avant de m'y engouffrer et d'appuyer sur le bouton correspondant au « - 1» .  Quelques instants seulement passent  et je me retrouve à l'étage désiré : celui de la morgue. Je jette un rapide coup d’œil à ma montre et je remarque que je suis en retard d'une vingtaine de minutes. J'espère dans un premier temps qu'on ne tiendra pas rigueur à mon manque de ponctualité, mais je remarque vite que je suis le premier arrivé. J'étais censé former un binôme avec une certaine Parker et je n'avais aucune idée de ce à quoi elle pouvait ressembler. Peut-être s'était-elle désistée en apprenant que notre prochaine mission serait de travailler par deux sur de véritables dépouilles humaines. Nos précédentes études de cas n'avaient portés que sur des cadavres d'animaux ou sur des mannequins. En ce qui me concernait, je ne ressentais pas la moindre appréhension à traiter d'un sujet humain. Je savais à quoi m'attendre en décidant d'étudier la criminologie.

Je décide de ne pas attendre plus longtemps devant la porte, persuadé que je serais seul dorénavant. J'entre dans la zone mortuaire grâce au badge journalier qui m'a été remis quelques minutes auparavant par une charmante interne, et m'arrête dans une sorte de sas. Je suis alors aspergé par deux sprays désinfectants, procédure habituelle avant d'enfiler la tenue adéquate. Je finis par attraper une paire de gants en latex et je rentre dans la salle mortuaire. Une trentaine de casiers se trouvent tout autour de moi. Je regarde rapidement le rapport qu'on m'a remis à l'entrée, et qui comporte le nom ainsi que le numéro de mon étude de cas.

-Monsieur... John Doe n°=3256

Visiblement, il s'agit d'un cadavre non-identifié à en juger par le nom inscrit sur le rapport... Je ne me concentre pas sur cet élément très longtemps, mes yeux parcours les casiers à la recherche du numéro correspondant. Mon regard s'immobilise alors.

-Trouvé …

Je m'apprête à ouvrir le casier en question, lorsque la porte de la salle s'ouvre derrière moi. Je m'interrompt alors aussi et me retourne pour voir se dessiner dans l'embrasure de la porte, la silhouette d'une jeune fille.

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Reed ∞ Leyla

Stress, stress, stress. Je pense qu'en fait, j'avais rarement été aussi nerveuse. Aujourd'hui était ma première journée de la partie deux à mon stage. J'étais habituellement en stage avec Nathaniel, question d'être sur le terrain. Genre, le vrai métier quand on était policier. Cependant, à l'académie, mon instructeur à cru bon que je suive un stage avec la morgue, en tant qu'assistante ou je ne sais pas quoi. Je n'avais pas trop écouter cette partie. J'aurais peut être dû. ll faut dire, j'étais du genre coeur sensible. Donc me la jouer médecin légiste je dois dire que ce n'était pas mon truc. Mais bon, c'était une étape à passer non? Lorsque j'allais être policière, j'allais peut être découvrir un corps un jour et je me devais de ne pas vomir. Il fallait donc bien commencer quelque part.

Avant de commencer le stage, j'avais donc dû passé au poste afin qu'ils m'expliquent  certaines procédures. Je n'étais vraiment pas habitué dans une morgue et je me devais de suivre certaines règles. On m'expliqua en long et en large l'équipement requise, certaines méthodes de travail, mais aussi que j'allais avoir de la compagnie. Un autre stagiaire. Encore heureux. Je me voyais mal m'occuper d'un cadavre seule. Mon supérieur m'expliqua également où je devais aller, à qui me présenter, etc. La tête pleine d'informations, je me contenta de la hocher et partie retrouver ma voiture. Ça y est, j'étais en retard. Je détestais être en retard. J'étais toujours celle qui arrivait une bonne dizaine de minutes à l'avance. L'autre stagiaire allait penser que je ne prenais pas ça au sérieux. Une fois garé dans le stationnement, je décida de courir. Pour empirer la chose, celui-ci était plein. J'étais donc  garer au fin fond de la cours. Super. Je couru donc jusqu'à l'entrée et arriva essoufflée comme si j'avais couru le marathon. Je devais définitivement me remettre en forme. Je salua la dame de l'entrée et me présentai-je, comme mon supérieur m'avait dit de le faire. Celle-ci me remit un badge pour accéder à la salle et me montra le chemin. J'entra dans l'ascenseur et en profita pour reprendre mon souffle.

À peine une minute plus tard, je me retrouva à l'étage désirée. Je sortis et me retrouva devant la porte où je devais présenter mon badge. Cet environnement était vraiment nouveau pour moi et j'étais en quelque sorte impressionnée. Par contre, j'étais bien heureuse de ne pas avoir choisi ce domaine. Honnêtement, je me voyais mal travailler avec des cadavres. Juste d'y penser, ça m'écoeurait. J'espère que mon coéquipier était doté de compassion parce que je n'avais pas trop envie d'entendre un sermon comme quoi cette branche n'était pas faite pour moi si j'étais incapable d'y accomplir toutes les tâches. Ma mère le faisait suffisamment. Je passa donc la porte et passa par les jets d'aseptisation. Je fis un peu le saut, j'étais pas du genre à trop aimer me faire asperger de liquide comme ça. Peu importe. Je m'avança dans la salle et remarqua un homme au fond. Ça devait être lui mon coéquipier. Il semblait bien concentré sur ce qu'il cherchait. Dès qu'il m'entendit, il leva la tête vers moi. « Salut, je suis Leyla. Leyla Parker.» dis-je en m'avançant vers lui. Je lui fis un grand sourire et lui tendit ma main. « Tu dois être l'autre stagiaire, hein? » lui demandai-je. D'un coup qu'il était un genre de superviseur ou je ne sais pas quoi, je ne voulais pas risquer d'être impolie ou un peu trop familière avec lui.

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Reed ∞ Leyla

Je regarde la jeune fille un moment, histoire de voir si son visage me dit quelque chose. Elle ne me semble malheureusement pas familière, pourtant elle doit bien suivre le même cours d'étude technique et scientifique que moi pour se retrouver en binôme avec moi. Une fraction de seconde me suffit pour remarquer son manque d'assurance, et bien que j'aurais voulu pouvoir penser que j'étais la source de cette confusion, je devine que c'est plutôt le fait de se trouver dans un lieu pareil qui ne l'enchante pas particulièrement. Elle évite cependant de trop montrer son appréhension et laisse apparaître un large sourire en s'approchant de moi pour se présenter. Je réponds à son sourire de la même manière et je lui sers la main  en me présentant:

Enchanté Parker, moi c'est Reed Edgeworth

Et puis enchaînant sur sa question qui demandait si j'étais bien l'autre stagiaire, je fis mine de réfléchir :

Et bien je pense que si tu suis le même cours que moi, à savoir celui de ce taré de Pr Grahams, alors oui je crains que je ne sois l'autre stagiaire et que tu doive faire équipe avec moi. Désolé ...

J'affichais un air faussement navré mais j'enchaînais vite avec un sourire. Elle semblait suffisamment sur ses gardes sans que j'en rajoute une couche. Sans vouloir faire de préjugé, j'avais remarqué que les filles qui étudiaient la criminologie obtenaient de meilleurs résultats en théorie qu'en pratique. Peut-être était-ce leur sensibilité exacerbée qui leur faisait défaut, il n'empêche que je n'avais encore jamais rencontré une fille qui n'ait pas été complètement perturbée à l'idée de se retrouver à la morgue la première fois. En ce qui me concernait, ce n'était bien entendu mon activité de prédilection, mais j'étais capable de faire avec. Ce n'était pas quelque chose qui m'effrayait en soit.  

Je voyais la jeune Leyla regarder les casiers derrière moi, et j'ai alors l'idée de la plonger directement dans le bain, tout en brisant la glace et en jouant sur la carte de l'humour.  Je me met à la recherche du casier 3256.

J'ai oublié de faire les présentations …

Je tire sur la poignée du casier d'un coup, et comme sorti d'un tiroir, le corps inerte du prénommé « John Doe » .  Je l'observe un bref instant avant de dire, sans en détourner les yeux :


Leyla, je te présente "John Doe" , notre étude de cas du jour …

Je ne cherche pas à voir la réaction de la jeune fille, j'en profite simplement pour attraper mon sac afin d'en sortir mes feuilles de synthèses et mon Ipad.