J’étais très content qu’Elizabeth fasse l’effort de rencontrer Lysianna. J’étais certain que les deux allaient bien s’entendre! Dû moins, je l’espérais. Ça me rendait très content que mes deux bonnes amies se voient et se parlent. Ça allait être sympa, bien que je ne sache pas trop ce que nous allions faire, mais bon, je ne voulais pas me stresser déjà avec ça. Je voulais que les deux s’entendre, mais je ne voyais pas pourquoi ça ne réussirait pas, elles sont géniales toutes les deux et très gentilles. Puis, Elizabeth me parla de son déménagement et je lui fis rire avec mes faux muscles, mais elle était ravie que je l’aide. Elle avait une colocataire maintenant et je dirais que c’était un pas de plus pour guérir. Je disais souvent qu’Elizabeth était comme moi, mais ce n’était pas vrai… elle avait vécu un traumatisme et elle pourrait au fil du temps guérir de tout ça pour aller de l’avant. J’étais certain qu’elle allait réussir à s’en sortir… Pour ma part, je n’avais pas trop espoir, mais au moins je voulais m’améliorer… je sais que ça allait prendre du temps. Je ne pouvais aller chez des psychiatres et tout, ils me feraient enfermer de nouveau. Enfin, l’important c’était qu’Elizabeth aille mieux. Et puis, ça lui fera pas de mal de socialiser.
- Si tu veux, je te dirai si ça va être une bonne colocataire.
Je lui fis un petit clin d’œil… après tout, on pouvait bien exploiter mes dons. Nous terminâmes le boulot pour aller dîner et nous décidâmes d’aller s’installer dehors sous un parasol… Après tout, j’étais blanc et ça ne me prenait pas grand-chose pour cuire au soleil. Elle vint pour s’asseoir mais sa chaise bascula c’est pourquoi elle se pencha pour la ramasser aussitôt pour me parler de son ambition de s’inscrire à l’école des arts.
- Wow… c’est génial Eli! Je te souhaite que ça fonctionne! T’es courageuse de retourner aux études comme ça! Mais je trouve ça bien!
Elle désirait au moins faire ça et je trouvais ça vraiment bien. Je ne suis pas sûr que je suis prêt à retourner à l’école pour terminer mon secondaire… Mais elle, elle avait un grand potentiel, j’avais vu ses dessins et elle allait s’épanouir en y allant. En ouvrant son sac je remarquai alors que sa manche était tachée de sang.... visiblement.
- Tu es blessée? Ça va?
J’avais écarquillé les yeux et j’avais eu envie de lui prendre le bras pour le soulever, mais je ne l’avais pas fait, elle parut d’ailleurs gênée. Je compris alors vite ce qui en était. Et je dois dire que ça me fit peur. En même temps, je n'étais pas sûr à 100% c'est pourquoi je lui demanda de me montrer son bras.
- Montre-moi!
Je ne pouvais pas croire qu’elle faisait ça! J'avais vu beaucoup de malade à l'institut les bras bandés et ce n'était pas pour rien.
Son petit clin d’œil m’avait fait sourire. Ça pourrait être bien d’utiliser son potentiel pour savoir si ma coloc’ était bien pour moi. On pouvait tomber sur bien des gens louches… et je souhaitais que ça ne m’arrive pas. C’était déjà quelque chose d’emménager en appartement avec quelqu’un, je voulais que tout se passe très bien. Je stressais déjà avec tout ça. Puis, la conversation se tourna vers mes études. Ça faisait plaisir qu’Edward me dise ça… il me trouvait courageuse. C’était bien la première fois que quelqu’un me disait ça de toute ma vie.
« Oh bien tu sais… je ne crois pas avoir le talent nécessaire pour être accepté donc je me fais pas d’idée… »
Eh oui, je n’avais pas confiance en moi donc c’était un peu difficile de se pousser dans le derrière pour envoyer un portfolio. C’est au moment où j’ouvris mon sac de légume que mon ami me questionna à propos d’une blessure. J’avais baissé la tête vers mon bras qu’il regardait et j’avais quelque peu sursauté sur ma chaise. Je ne m’étais pas douté que mes plaies allaient ouvrir à nouveau. Je m’étais empressé de poser ma main contre mon bras en secouant la tête.
« Oui… ça va!!! »
Je regardai ailleurs en ne bougeant pas. Mon cerveau roulait à une vitesse folle et je n’aimais pas du tout ce qui se passait. Voilà qu’Edward me demanda de lui montrer mon bras. C’était bien la première fois qu’il me demandait quelque chose d’une manière aussi directe, d’une manière aussi sec. Je secouai négativement la tête à nouveau.
« Non!!!!! Je… » Je me raclai la gorge en me redressant. « Je reviens. »
Je quittai rapidement vers l’intérieur du café jusqu’à la salle des employés où je m’enfermai dans la salle de bain, les larmes aux yeux. Je relevai la manche de mon chandail difficilement car bon, le sang avait commencé à sécher et ça faisait mal, ça chauffait!!! Je passai mon bras sous l’eau en serrant la mâchoire pour m’empêcher de pousser un petit cri de douleur. Puis, je me penchai pour prendre le trousse de premier soin et m’enroula le bras dans un bandage. Je n’avais pas de chandail de rechange et lorsque je roulais ma manche, on ne voyait plus vraiment le sang. J’allais donc devoir endurer un bandage pour le restant de la journée. Je me regardai dans le miroir, essuyai mes larmes et prit mon courage à deux mains pour retourner vers Edward qui était encore assit sagement à la table. Je ne voulais pas avoir à endurer ses questions. Je détestais ça… c’était dans ce genre de situation que je préférais qu’on ne porte pas attention à moi, qu’on ne s’occupe pas de moi et qu’on m’ignore totalement. Ce dernier me regarda, inquiet alors que je reprenais place doucement.
« C’est rien… je me suis fait mal avec en faisant mes boites de déménagement. »
Je ne l’avais pas regardé dans les mieux, préférant prendre une gorgée de mon jus. Son silence était toutefois pesant. Ce fut pourquoi je relevai la tête pour croiser son regard.
« J’aime pas que tu me regardes comme ça Edward… » dis-je bien doucement malgré tout.
C'était vraiment bien qu'Elizabeth s'est déjà trouvée une colocataire et je lui avais dit qu'elle était courageuse, elle semblait apprécié mon compliment. Puis, elle m'avait fait part de son ambition d'aller poursuivre des études en arts.
- Arrête, t'es vraiment douée!!! Tout le monde va vouloir t'avoir au contraire!
Il fallait qu'elle essaye de se faire plus confiance parce que ces dessins étaient totalement incroyables! Nous nous installâmes sous un grand parasol pour manger notre lunch quand je m’aperçus que la manche de chandail de ma nouvelle collègue de travail est tachée de sang. Je lui avais alors demandé si ça allait et elle n'avait pas hésité à me dire que tout allait bien. Je voulu qu'elle me montre sa manche mais elle se braqua aussitôt pour quitter la table immédiatement. Je dirais que j'étais vraiment inquiet parce que j'étais en train de me dire que peut-être Elizabeth me cachait qu'elle se mutilait. Je me trouvais un peu con, car j'aurais dû le savoir, mais puis qu'elle était mon amie, je ne m'étais pas permis de la scanner. J'avais voulu la suivre, mais je pense que c'était inutile, je crois qu'elle souffrait encore beaucoup et qu'elle avait du mal à gérer et ça me dépassait tellement, car je ne voulais pas qu'elle se fasse du mal ni qu'elle souffre. Elle revint plusieurs minutes plus tard et m'indiqua que ce n'était rien, qu'elle s'était blessée avec les boîtes de son déménagement, mais je n'en croyais pas un mot, car elle n'avait pas voulu me montrer sa blessure. Je n'avais pas pu manger pendant son absence et là je m'étais mis à la regarder. Je ne pouvais pas croire qu'elle faisait ça et je me permis de la scanner et je compris vite que j'avais bien raison. Elle ne pouvait pas me cacher grand chose! Elizabeth croisa mon regard à nouveau pour me dire qu'elle n'aimait pas que je la regarde ainsi... C'est pourquoi je baissai la tête tout en fronçant les sourcils.
- D'accord... je ne te regarderai plus.
Parce que là on vivait un certain malaise et je ne pouvais pas croire qu'elle ne voulait pas m'en parler. Mais bon, je n'allais pas lui gueuler dessus, ça n'arrangerai rien, mais si j'avais la chance de lui glisser un mot en fin de journée, j'allais le faire. Elle avait honte d'elle, alors je ne voulais pas plus la perturbée. Je pris alors mon sandwich pour le manger tout en silence. C'était difficile de retomber avec un sujet de conversation normal après ça.
- Tu veux que j'arrive à quelle heure samedi pour t'aider à déménager?
Voilà, c'était tout ce que j'avais pu trouver parce que mon cerveau me donnait des indications contraires et que j'avais du mal à me concentrer à présent sur manger et parler d'un sujet pour éviter l'autre sujet.
Je n’arrivais pas à croire que ça venait d’arriver. Je ne pensais jamais un jour me retrouver dans cette situation car personne n’avait jamais été au courant de mon problème, de ce que je me faisais à moi-même. En même temps, jamais personne n’avait réellement porté attention à moi donc ça allait. Mais là… Edward avait remarqué du sang sur mon chandail et je pris peur lorsqu’il me demanda de lui montrer mon bras. Je ne voulais pas qu’il voit ça… je ne voulais pas non plus qu’il soit au courant de quoi que ce soit en lien avec ça. Ça semblait être trop tard puisqu’après m’être nettoyé à la salle de bain, j’étais revenu vers lui à la table et la manière dont il me regardait voulait tout dire. Je lui demandai d’arrêter de le faire car je me sentais comme une moins que rien. Mon ami me répondit alors qu’il allait tout simplement arrêter de me regarder.
« Je ne disais pas ça pour ça Ed’ »
Je continuai à manger mes légumes mais je n’avais plus du tout faim. Ça m’avait coupé l’appétit et je ne me sentais pas bien du tout. Un silence s’était installé entre nous et je n’aimais pas ça car je pouvais bien sentir le malaise. Puis, Edward changea le sujet et c’était tant mieux car je ne savais plus trop quoi lui dire. Il voulait savoir quand venir chez moi pour m’aider à déménager. Je haussai les épaules.
« Je ne sais pas trop. Tu peux venir vers 18h? On mangera de la pizza et on s’occupera des boites par la suite! »
Je lui affichai un petit sourire avant de voir mon patron entrer dans la boutique. Je fis signe à Edward d’attendre, que j’allais glisser un mot à ce dernier à propos de son changement de poste. Ce dernier me demanda des questions à propos d’Edward et je lui expliquai que ça allait, mais qu’il avait déjà été cuistot et qu’il avait entendu parler du poste libre à la cuisine et que ça lui plaisait. Après un peu d’échange, je retournai vers Edward.
« Il te met à la cuisine pour le restant de la journée voir comment tu te débrouilles. Ce n’est pas moi qui vais continuer ta formation. Tu seras avec Jonathan. Si tu veux, on s’attend à la fin de la journée et on peut marcher un petit bout ensemble pour retourner à la maison?»
Ça semblait lui plaire. Nous ramassâmes donc nos trucs avant de se séparer pour le restant de la journée. J’osais espérer que tout allait bien aller pour lui et que ça allait lui plaire. Je voulais qu’il se sente bien, même si ce n’était pas terrible comme métier. Si je pouvais l’aider à se faire un peu d’argent… alors tant mieux. Il en avait déjà fait beaucoup pour moi, pour m’aider. Je lui devais au moins ça et j’étais heureuse que ça fonctionne. La journée passa relativement vite et c’est vers 17h que je sortis du café pour m’asseoir sur le trottoir devant. C’était une question de temps avant qu’Edward vint me rejoindre. Je relevai la tête vers lui, souriant. Je tenais ma main au-dessus de mon front pour cacher le soleil et bien le regarder.
« Alors, ça bien été? T’as aimé? Tu t’es pas mis le feu aux cheveux et t’as pas de tâche de sauce sur le chandail. C’est déjà bien. »
J'étais triste pour mon amie qui se tailladait les bras parce qu'elle souffrait en silence. Je me demandais depuis quand elle le faisait parce que je dirais que ça me faisait mal à mon coeur de le savoir et ne rien faire pour l'aider. J'avais vite compris qu'elle se faisait du mal pour essayer de se sentir bien, mais c'était tout le contraire... Je ne sais pas ce qui lui permettrait de se sentir mieux, mais j'étais prêt à lui offrir mon aide pour l'aider... Je ne voulais pas qu'elle aille voir un spécialiste, je les avais en horreur, mais je suis sûr qu'au groupe de soutien, elle pourrait en parler. J'avais arrêté de regarder Elizabeth parce qu'elle n'appréciait pas la façon dont je l'observais et elle avait raison, j'avais envie de la sermonner et voir la raison à tout ça. Je préférais alors éviter qu'elle se fâche et j'avais alors parlé de son déménagement.
- Très bien, je vais être là. Tu m'enverras l'adresse par SMS.
D'un signe de tête elle m'avait fait comprendre qu'elle le ferait. Puis, le patron du café arriva et Elizabeth alla à sa rencontre pour lui parler de moi. Je ne sais pas si j'allais pouvoir être à la cuisine, mais je l'espérais parce que je ne pense pas que je serai à la hauteur pour travailler aux caisses. Après un bref échange avec son patron, Elizabeth revint me voir pour m'annoncer que je vais pouvoir faire ma formation avec Jonathan, le type derrière, et qu'après le boulot on pourrait rentrer ensemble à pieds.
- Ouais, ça marche! Je pris une pause avant de lui demander un truc important pour moi. Eli? Ça va aller toi?
Je m'inquiétais vraiment pour mon amie, mais encore une fois elle me fit oui de la tête et je savais alors qu'elle n'avait pas l'intention de m'en parler. Je terminai donc mon lunch pour jeter mon sac à la poubelle par la suite et entre dans le petit café pour parfaire ma formation avec Jonathan cette fois-ci. Il était un peu bizarre le type et il m'avait mis la main sur l'épaule ce qui m'avait totalement fait paniqué sur le coup et j'avais vu sa vie familiale qui était houleuse. Jonathan était beaucoup plus jeune que moi, alors ça faisait drôle de me faire apprendre tout ça par lui, sauf que j'avais plus de technique que lui à mon avis. Pour une fois, je me trouvais bon. Quand 17h arriva Jonathan me quitta et j'allais rejoindre ma petite blonde d'amie qui m'attendait sur le trottoir. On avait échangé quelques petits mots ou sourires pendant ma formations, mais sans plus. Elle me fit rire avec ses questions. - Tout roule!!! J'ai même appris à Jonathan comment faire pour que ses sandwichs tiennent mieux! Je pense que je vais bien aimer ce job!
Travailler tout seul c'était fait pour moi et je savais que ça n'allait pas être la cohue et que j'aurais tout le loisir de préparer sans être stressé les trucs à manger des clients. Elizabeth se leva pour venir marcher à mes côtés. On arriva en premier chez Elizabeth alors je m'installai sur le banc devant chez elle pour qu'on finisse notre discussion.
- Donc, tu m'appelles pour me dire quand je commence à travailler si je suis pris? Puis... Elizabeth avant que tu rentres, j'ai quelque chose à te dire... J'avais pris une inspiration parce que je trouvais important qu'elle le sache. Je me fais du soucis pour toi, tu es mon amie et je veux que tu te sentes bien et j'ai eu peur quand j'ai vu que tu saignais aujourd'hui. Je ne sais pas pourquoi tu fais ça ou bien ce que ça te procure, mais sache que je suis là pour t'aider si y,a quoi que ce soit, tu peux m'appeler nuit et jour et je serai toujours là pour toi. Si tu veux en parler aussi!
Je ne risquai pas de retourner à l'asile de sitôt. Il paraîtrait que mon dossier avait été complètement effacé... Autant celui du Canada que celui des États-Unis.
J’avais attendu Edward à l’extérieur lorsque la journée s’était terminée pour nous et le personnel de soir était entré. J’étais contente de constater que mon ami avait bien apprécié sa journée et que son nouveau post semblait être plus dans ses cordes.
« Je savais bien que tu allais assurer! Je suis contente alors que tout se soit bien passé et que tu ne penses pas qu’il s’agit du pire travail de tous les temps. Je me serais senti mal. »
Je lui avais souris bien franchement. J’étais certaine que je n’allais pas être la seule à donner des commentaires positifs sur lui. Edward avait de multiples talents et être un pro des sandwichs en faisait donc partit. Je me levai et nous marchâmes jusqu’à mon chez-moi. J’aurais cru que nos chemins se seraient séparés à moitié chemin mais mon ami semblait vouloir venir me reconduire jusqu’à la porte. Ça faisait plaisir quand même. Il me demanda des nouvelles du boulot et je lui fis signe de la tête que j’allais l’appeler. Je ne m’inquiétais même pas pour lui. Il allait avoir le boulot, c’était clair. Puis, la conversation tourna vers quelque chose qui ne me faisait pas du tout plaisir. J’étais mal à l’aise qu’il parle encore de ma mutilation car c’était un secret et maintenant, il me confirmation qu’il ne me croyait pas… qu’il savait ce que c’était. Je fronçai les sourcils en regardant Edward devant moi.
« Je vais bien Edward. Je t’assure…» dis-je rapidement. « Je… crois que je vais rentrer. »
Je me tournai dos à lui pour débarrer la porte de mon appartement. Je savais qu’il était encore derrière moi et je me sentais mal de tout couper court ainsi. Je fermai les yeux en prenant une grande respiration. Je laissai les clés de la porte de ma maison et je me tournai vivement vers lui. Je pouvais voir que mon meilleur ami avait fait quelque pas devant lui comme pour sortir de mon entré. Je m’étais donc empressée de dire son prénom et il s’était aussitôt tourné. Je m’approchai à une distance raisonnable de lui, les bras croisés contre mon ventre et le regard bien bas.
« C’est juste que… je n’ai… il y a jamais personne qui a été là pour faire attention à moi et… je, je ne sais pas comment réagir… ça me fait tout étrange… c’est tout. T’es important pour moi… tellement important que parfois ça me déstabilise. Je suis désolée… je ne voulais pas paraître brusque ou froide… »
Je n'aimais pas sentir mon amie en détresse et peu importe la raison pourquoi elle s'était infligée ces blessures, je dirais que c'était grave. Nous marchions en direction de nos appartements. Je la regardai et peu importe si elle me disait que ça allait bien, je ne la croyais pas et elle le savait sans doute parce que je n'arrêtais pas de la fixer avec le même air. Elizabeth était rendue à sa porte et était sur le point de me quitter alors je ne pouvais pas faire plus que ce que j'avais lancé comme avertissement pour elle. Je me faisais du souci et elle ne semblait pas y porter attention. J'avais tourné les talons et j'étais en train de reprendre le trottoir quand j'entendis la voix d'Elizabeth derrière moi. Elle était en train de revenir vers moi. Je m'arrêtai donc pour entendre ce qu'elle voulait me dire. Elle en était angoissée et tenait à s'excuser pour son attitude plus froide envers moi. J'avais posé mes mains dans mes poches et je la regardai à nouveau.
- Je suis là pour toi Eli et déjà que tu m'as trouvé un boulot, je te dois tellement. Je veux pas que tu te fasses du mal, je veux que tu te sentes bien et que tu avances. Je n'aime pas savoir que tu te mutiles... C'est ça han? Depuis combien de temps?
Je marquai une pause parce que je venais de franchement lui poser la question et je voulais une réponse sincère. Je ne sais pas pourquoi elle m'avait caché ça, mais je suis sûr qu'on pourrait y arriver tous les deux à gérer.
- Je ne te jugerai jamais, ça tu peux me croire!
Je croisai mes bras à mon tour pour la regarder et attendre sa réponse. J'avais tellement de choses en tête concernant ce qu'elle se faisait subir, mais je dirais que je voulais que ça sorte de sa bouche avant de paniquer ou bien de trouver une solution.
Je m’étais bien douté qu’Edward ne passerait pas aussi facilement par-dessus ce qu’il avait vu plus tôt dans la journée et qu’il m’en reparle comme ça, avant de me laisser seule ne me faisait pas vraiment plaisir. Je m’étais renfermée sur moi-même car je me sentais honteuse… et je ne voulais pas qu’il se mêle de tout ça. Cependant, lorsqu’il me quitta, je m’étais retournée car j’étais incapable de le laisser partir comme ça, après lui avoir parlé ainsi. Je m’étais donc approché à nouveau de lui pour lui faire part de ce que je ressentais. Je ne comprenais pas pourquoi j’étais si importante pour lui mais dans un autre sens, oui. C’était inexplicable ce qui se passait lorsqu’il était là avec moi… mais je savais qu’il était spécial pour moi, je n’avais jamais ressentis quelque chose comme ça en compagnie de quelqu’un. C’était peut-être la même chose pour lui? Je ne savais pas… je ne savais pas grand-chose à vrai dire. Mon cœur fit un bond en l’entendant dire « mutile » car c’était une chose de le faire, c’était complètement autre chose d’en parler. J’avais la mine basse, les bras croisés contre mon ventre.
« Je sais que tu ne vas pas me juger, c’est juste que… »
Je soupirai avant de relever la tête et le regarder dans les yeux quelques secondes.
« Depuis que j’ai 17 ans. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour extériorité ma colère et ma peine. Je me dis que si je suis capable de supporter le propre mal que je me fais… le mal des autres sera moins pire. »
C’était ma manière de penser. Après tout… on était à la fois notre meilleur allié et notre pire ennemi non? J’avais été ma seule compagnie pendant tellement longtemps que j’avais peut-être une manière étrange de voir les choses.
« C’est uniquement la troisième fois que je le fais sur mes bras. Habituellement… c’est là. » dis-je en remontant mon short assez haut pour qu’il puisse voir le coté de ma cuisse. « Je me disais qu’en même temps… il me trouverait peut-être moins belle avec des marques sur le corps… mais ça ne changeait rien au final, il ne remarquait rien, comme personne d’ailleurs. »
Je rebaissai mon short aussitôt car me dévoiler ainsi, c’était étrange… surtout à quelqu’un… et sur le trottoir en plus. Je me mordis la lèvre pour ensuite ajouter :
« Je sais que j’ai l’air folle... je sais que je ne suis pas normale et que c’est horrible de faire ça. Je ne le fais pas toujours, ça vient par moment… »
Elizabeth m'avait rejointe sur le trottoir parce que j'imagine qu'elle ne voulait pas me laisser partir comme ça. Je m'inquiétais tellement pour elle, elle n'avait même pas idée! C'était la seule personne qui pouvait me comprendre au monde et je savais pourquoi elle faisait ça, mais en même temps je ne comprenais pas. Il y avait tellement de moyen d'extérioriser cette colère. Elizabeth me fit face tout en étant plutôt gênée de me dire ce qu'elle me dévoila. JE fermai les yeux un instant quand elle souleva son short pour me montrer d'anciennes cicatrices... Ça me faisait mal au coeur de voir tout ça... Surtout qu'elle m'expliquait que c'était suite à ses abus qu'elle avait commencé. J'avais bien écouté ce qu'elle m'avait dit c'est pourquoi je me rapprochai d'elle.
- Viens... on va parler chez toi!
Nous étions tous les deux gênés de parler dans la rue comme ça, donc je me voyais mal lui dire ce que j'avais envie de lui dire comme ça devant des passants. Je suivis Elizabeth et nous entrâmes dans son petit sous-sol. Il faisait beaucoup plus frais là que dehors... En fait, j'étais en train d'avoir un coup de soleil là. Nous restâmes quand même debout et Elizabeth se retourna pour me regarder à nouveau. J'avais bien des choses à lui dire.
- Bon... Eli... Écoute moi... T'es forte... tout ça, c'est derrière toi! Tu te fais du mal pour rien... il faut trouver une façon de te contrôler... Tu recherches un échappatoire pour ta colère... elle ne va pas au bon endroit... ma question va te paraître bizarre... mais est-ce que tu es chrétienne?
Oui, ma question semblait être un peu étrange et peu importe ce qu'elle allait répondre, je n'allais pas la juger. Lys était athée, donc il était difficile d'aller lui parler d'un Dieu, mais peu importe, il fallait trouver son ancre.
- Puis, je ne veux plus jamais que tu dise que tu es folle ou bien que tu n'es pas normale!!! Compris? Tu peux pas dire ça, tu essayes de vivre du mieux que tu peux et des fois on fait des trucs dont on est pas fier parce que c'est plus fort que nous!
Je comprenais tellement ce sentiment, elle n'avait même pas idée. Je pianotais avec mes doigts sur mon pantalon noir parce que j'étais un peu nerveux, mais je devais tout voir et comprendre encore plus sa rage.
- Montre-moi tes bras! Je veux voir!
Je voulais voir l'ampleur des dégâts... Je voulais voir à quel point souffrir de cette façon lui procurait du bien. J'avais déployé mes antennes pour être à l'affut de tous ses sentiments. Elle pouvait me haïr pour ça, mais je m'inquiétais réellement.
Nous avions décidés de rentrer à l’intérieur afin d’avoir plus d’intimité. Disons que le trottoir n’était pas l’endroit idéal pour parler de mes problèmes. Nous allâmes dans mon appartement où tout était dans des boites car je déménageais bientôt. Je me tournai vers Edward qui avait commencé à me parler du fait que j’étais forte et que je n’utilisais pas le bon moyen pour faire sortir ma colère. Je m’en doutais bien de ça… mais c’était tout ce que j’avais trouvé d’efficace. Il m’avait ensuite demandé si j’étais chrétienne. J’avais balancé la tête de gauche à droite.
« Plus ou moins… je prends mes croyances un peu partout. »
Je ne voulais pas me raisonner à une seule histoire véridique. Je croyais aux esprits… à la fin après la mort… je croyais aussi aux aura… aux énergies. Bref, j’avais plusieurs croyances et je prenais ce qui me représentait et qui me semblais plus probable. Je croyais bien que c’était la première fois qu’Edward me faisait un peu la morale. Je savais qu’il ne voulait pas mal faire… je le savais bien mais ça me percutais beaucoup.
« Je le dirai plus… promis. » dis-je alors, la mine basse.
Puis, mon meilleur ami avait demandé à voir mes bras. Je lui avais bien montré mes cuisses donc je devais ne pas avoir honte. Du moins, c’était un peu dégeux… puisque que ça avait été fraichement fait de la veille. Pourquoi je faisais ça exactement? Parce que je souffrais. Je faisais des cauchemars, mon déménagement m’ébranlait beaucoup et depuis que je savais qu’Edward aimait une fille… j’avais un petit vide en moi dont j’étais incapable d’expliquer. Je relevai mes manches, enlevant ensuite mes bandages pour qu’il puisse voir mes plaies. Des larmes coulèrent silencieusement sur mes joues. Ça me faisait mal de lui montrer, encore plus mal que de me mutiler probablement.
« Je sais juste pas comment arrêter Edward… j’ai déjà essayé. »
Je retirai mes bras pour pouvoir essuyer mes larmes. Cette situation ne me plaisait pas car c’était bien la première fois que je faisais face réellement à mon problème. Peut-être que c’était de ça que j’avais de besoin aussi : que quelqu’un qui venait me confronter à mon problème. Peut-être aussi que ça passait mieux venant d’Edward aussi, ça avait le don de me réveiller beaucoup plus eu si c’était quelqu’un d’autre. Un silence s’installa entre nous puis, je m’avançai plus près de lui. À une distance raisonnable mais plus rapproché qu’à notre habitude.
« Je peux te toucher? »
Je le regardai dans les yeux bien sérieusement en attendant une quelconque réponse de sa part. J’avais envie d’essayer à nouveau. Va savoir pourquoi… depuis qu’on s’était touché une fois que je pensais à ça et je me disais que peut-être j’y arriverais à nouveau. Il me fit signe bien doucement de la tête en ne bougeant pas. Je pris donc une grande respiration et avançai ma main vers son bras, me faisant quelque peu hésitante, je la reculai ensuite, fermant les yeux quelques secondes puis je recommençai une deuxième fois pour finalement poser d’abord le bout de mes doigts jusqu’à son bras… et ensuite ma main à plat. Je tremblais quelque peu alors que je regardais ma main qui glissait de son bras jusqu’à son épaule tranquillement. Je pouvais sentir la chaleur de sa peau à travers son t-shirt. Je me sentais bien émotive sur le coup, probablement parce que je ressentais de nouvelles choses. Mon cœur battait à vive allure. Ma trajectoire s’arrêta au niveau de son omoplate et je me permis de relever quelque peu la tête pour le regarder droit dans les yeux et m’y perdre l’espace d’un moment.