(#)Sujet: Kiss today goodbye - Belladrea | Sam 11 Juil - 19:10
Kiss today goodbye
Bellamy & Andrea
Suis-je fou ? Cette question là me hantait depuis que j'avais pris tous les risques possibles et inimaginables pour traverser cette frontière séparant les États-Unis de mon Mexique natal. Partir comme ça, sur un coup de tête en se disant que l'on a rien à perdre, que la vie ne pourra être mieux qu'une fois de l'autre côté, est-ce vraiment de la folie ? Je n'avais rien à regretter de mon ancien quartier, je n'y avais pas vraiment d'amis, la zone devenait de plus en plus dangereuses avec la police et les dealers. Mon boulot était sympas, passer mes journées derrière un comptoir à suivre les matchs de sport un verre à la main, et exceptionnellement servir un client s'étant perdu et souhaitant boire avant de repartir. Rien ne me rattachait à cette ville qu'était Tijuana, pas même Hamri que je n'avais pas vu depuis presque deux ans et demi. J'avais fait de sorte qu'il ne puisse pas me retrouver, même si parfois il m'arrivait de croiser des connaissances communes je m'arrangeai toujours de sorte à ce qu'aucunes informations ne filtrent. C'est dingue de renier à ce point quelqu'un de son sang, de refuser d'en entendre parler ou même de prononcer son prénom, mais à mes yeux il avait été beaucoup trop loin. Moi aussi aujourd'hui j'étais beaucoup trop loin, dans ce taxi sillonnant les rues luxueuses de Miami, je n'avais jamais visiter des coins comme ça. Mais aujourd'hui l'heure n'était pas au tourisme, j'aurai largement le temps d'errer dans les quartiers américains après ça. J'étais arrivé depuis seulement une semaine ici que je repartais déjà à l'aventure, enfin si je peux appeler ça comme ça. Je savais de source sûre qu'un dénommé Bellamy Frobisher trainait dans le coin, je devais en avoir le coeur net. Dieu sait combien de personnes portent le même nom et prénom, mais un gars s'appelant comme ça et dealant, ça ne faisait aucun doute. Plus que quelques minutes me séparaient du moment tant attendu. J'étais face à cette porte, l'appartement numéro 1 au sud de la ville. Il n'avait pas choisi le coin le plus moche, au moins ça ne devait pas le changer de son ancienne vie de fils à papa. Ma main heurta la porte, provoquant un écho dans l'entrée, c'était fait. Et si ce n'était pas lui ? Non, impossible, je le savais alors je n'avais plus qu'à attendre que la porte s'ouvre. Je prenais appuis sur l'encadrement, ma cigarette entre les lèvres prêt à l'allumer quand la porte s'ouvra enfin, provoquant un sourire sur mes lèvres. « Surprise » Trois années que j'attendais ce moment, de pouvoir à nouveau revoir ce visage qui avait illuminé ma vie jusqu'à ce qu'on vienne nous voler notre bonheur. Maintenant que j'étais face à lui je me disais que la folie avait du bon, que grâce à elle et à ma détermination j'étais parvenu à mon objectif ultime. Je dégageai la nicotine de ma bouche en la tapotant de mon index, fixant celui qui m'avait tant manqué. « Tu me fais rentrer ? » Je n'étais pas venu jusque là pour admirer sa porte et ce que je pouvais apercevoir depuis ma place, mais il fallait garder une certaine politesse après toute ces années de séparation.
electric bird.
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(#)Sujet: Re: Kiss today goodbye - Belladrea | Dim 12 Juil - 19:22
L'appartement que je louais avec Cassidy possédait un balcon. Un détail insignifiant au premier abord, mais en fait, je trouvais que c'était très important. Je n'aurais pas pu tenir enfermé entre quatre murs en permanence. J'étais pas fait pour vivre cloîtré. En clair, je passais la plupart de mon temps sur ce petit balcon. Il n'était pas bien grand, à peine la place de mettre une minuscule table en fer accompagnée d'une unique chaise. J'avais pris l'habitude de m'asseoir à même le sol, dos à la porte vitrée, de sorte à être complètement isolé de tout une fois sur ce balcon. En vérité, je me sentais bien dans cet appartement. Il n'avait rien de particulièrement chic à mes yeux mais il était pas dégueu non plus. Et puis Cassidy avait bien voulu m'accueillir, c'était déjà pas mal. Enfin, ce n'était pas comme si je n'avais nul part où aller. Ma mère louait une maisonnette où elle vivait avec mes cinq sœurs. Mais lorsque nous étions arrivés ici, l'année dernière, j'avais senti le besoin de m'isoler d'elle, de prendre ma liberté. C'était pesant de vivre avec cinq ados prépubères dont les conversations tournaient autour de serviettes hygiéniques et d'un quelconque chanteur à la mode. Malgré tout, il n'y avait nul part où je me sentais chez moi. Ce qui se rapprochait le plus d'un foyer pour moi était chez Hannah. N'importe où j'étais avec elle pourrait être mon foyer, tant qu'elle était là. Mais je devais admettre que j'avais le mal du pays. Tijuana était une ville nocive, pourrie, mauvaise, mais elle me manquait terriblement. Cette ambiance étouffante, ces enfants décharnés qui hantaient les rues, ces sanglots de femmes qui déchiraient la nuit... Je ne savais pas pourquoi cette ville du crime possédait tant de charme à mes yeux. Peut-être était-ce simplement les souvenirs que j'y gardais. Le souvenir, en fait. Un seul visage, un seul être. Andrea. Putain. Je repensais souvent à lui. Est-ce que c'était normal que je pense encore à lui alors que j'étais avec Hannah ? J'arriverais jamais à l'oublier complètement. Comment aurais-je pu ? Notre relation était comme une histoire qui n'avait jamais terminée, comme une phrase à laquelle on aurait oublier de mettre un point final... Et l'histoire ne demandait qu'à être conclue, sans aucun doute.
Car oui, j'étais passé à autre chose dans ma vie, mais je n'avais jamais arrêté de penser à cet imbécile. La vie me l'avait arraché et je mentirais si je disais que ça ne m'avait pas atteint. Mais c'est au moment précis où j'ai commencé à souffrir de son absence que je me suis rendu compte à quel point il me rendait faible. Et c'est là que je me suis prêté le serment de ne plus jamais, au grand jamais, me laisser reprendre au piège. Je ne pouvais pas me permettre d'être faible, pas dans ce contexte. Son salopard de frère avait déjà failli me planter une fois, je ne pouvais pas me permettre de me faire tuer. Vraiment pas. Aussi, j'étais passé à autre chose assez rapidement après lui. Mais son souvenir ne voulait pas me laisser en paix. C'était comme un flux et un reflux de réminiscence. Et puis Hannah était arrivée, je m'étais attaché à elle comme un idiot, et même si ça avait pris du temps et que j'avais le don de l'exaspérer, j'étais content qu'elle soit à mes côtés comme j'étais content d'être aux siens. Et Hannah... Elle arrivait à me faire ressentir des trucs que je n'avais plus connu depuis Andrea. Cette sensation que quelque chose vous retourne les tripes, que votre cœur fait des sauts acrobatiques dans votre poitrine et cette montée d'adrénaline en permanence.... Ce matin-là, j'étais comme à mon habitude assis sur le balcon, et je fumais. Et je pensais, surtout. Parce que oui, parfois, ça m'arrivait. Quand j'étais seul, du moins. Je n'avais pas vu Cassidy et j'ignorais si elle dormait ou si elle n'était simplement pas là. De toute façon, je me fichais bien de ce qu'elle foutait. J'pensais à Hannah qui portait actuellement l'enfant de Wayne. Je ne pouvais pas m'empêcher de voir ça comme une trahison de la part d'Hannah mais aussi de celle de Wayne, mais j'savais pas trop pourquoi. Ils avaient eu tous les droits de faire ce que bon leur semblait. Mais dès que je voyais son ventre arrondi... C'était comme si on me rappelait à chaque fois par un grand coup de pied au cul que le temps d'une nuit, ma Hannah avait été à quelqu'un d'autre. Et ça m'énervait.
J'étais là à ruminer mes pensées quand on sonna. Je n'avais pas la moindre envie de répondre, je n'étais pas d'humeur. « Cassy ! » hurlai-je plusieurs fois à l'intention de ma colocataire. Visiblement, elle n'était pas là. En tout cas, elle ne se manifestait pas. Je restais là. Je ne comptais absolument pas répondre. Mais la personne insistait. Encore et encore. Et puis, cela fit comme un tilt dans ma tête. La personne insistait parce qu'elle voulait me voir. Une pensée bizarre me vint à l'esprit. Andrea aussi s'était acharné pour que je veuille bien lui adresser la parole. Ça n'avait aucun sens, mais une sorte d'instinct inexplicable me poussa à me lever. J'étais vêtu d'un slim et d'un tee shirt noir aux manches trois quarts, qui laissait apparaître mes nombreux tatouages. Pieds nus et les cheveux décoiffés, je coinçais ma cigarette entre mes lèvres et ouvrit la porte, m'attendant à renvoyer un énième vendeur d'aspirateur ou un divers témoin de Jéhovah chez lui. Je me glaçai sur place. « Surprise ». Trois ans et c'était comme si cet idiot fini n'avait pas changé d'un poil. Je le regardai fixement. Si l'humain pouvait buguer, comme les ordinateurs, et bien je crois qu'à ce moment-là, j'étais en complet bug. Il était là, l'amour d'ma lamentable vie. J'aurais dû être heureux. D'ailleurs, y'a quelques temps, j'aurais tué pour avoir la chance de le revoir. Mais c'était impossible et j'étais bien conscient de ce que son retour allait provoquer. « Tu me fais entrer ? » Andrea, petit enculé, pensai-je très fort. Il était là, devant moi, sa clope au bec. Comment osait-il se pointer chez moi avec sa gueule d'ange là ? Pourquoi il me faisait ça ? Bordel, trois putains d'années que j'me battais sans cesse pour l'oublier et arrêter de souffrir comme un con à cause d'son connard de frangin et lui il se ramenait comme ça ! Comme si il avait le droit de foutre tous mes efforts en l'air ! En le regardant, j'éprouvais une colère sourde. Mais aussi une irrépressible envie d'le serrer contre moi. Parce que cet abruti m'avait manqué et que je l'avais fui pendant trois ans. Qu'au Mexique, on aurait jamais pu se revoir mais que Miami m'offrait une chance. Mais il avait pas le droit de se ramener, de rallumer dans mon esprit tous ces trucs qu'on avait vécu et de briser tout ce que je m'étais efforcé de construire avec Hannah. « Putain, t'es vraiment qu'un con » lâchai-je violemment. J'avais envie de le cogner aussi. D'le serrer dans mes bras et ensuite de le cogner. « T'es qu'un putain d'égoïste ! Un putain de salopard ! Trois ans bordel ! » J'étais tellement bouleversé que ma voix tremblait, mais j'étais incroyablement énervé. « T'as pas le droit d'te ramener comme ça dans ma vie, t'entends ? T'as pas le droit de tout gâcher sous prétexte de... Comment tu m'as retrouvé ? » Son visage m'avait manqué. Comme je l'avais aimé, ce visage aux traits si réguliers. « Nan en fait j'm'en fous ». Je le fixais encore un peu et ouvrai la porte en grand pour qu'il entre. « T'es qu'un con ».