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 tu es de ma famille.

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(#)Sujet: tu es de ma famille.   |   Lun 10 Aoû - 11:31

it's too late apologize

I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Charlie & Prunille


Je m'éclate bien à Miami, c'est vrai. Depuis que je suis ici, j'enchaîne soirées, rencontres folles, succès auprès de mes clients, j'ai un bureau génial, des clients très intéressants, et je rencontre même des gens du net avec mon blog mode. Enfin, je trouve que Miami c'est plutôt le pied. Je commence à comprendre pourquoi Charlie est venu s'installer ici. Oui parce qu'à la base, c'est un peu pour lui que j'suis venue ici. Je voulais le retrouver, parce que mon père a du mal à continuer sa vie sans lui. Je veux le ramener à la raison, à la triste réalité. Aussi, il fallait que je lui annonce une nouvelle des plus tristes, qui ne devrait pas l'aider à avancer. Néanmoins, c'était mon devoir, je ne pouvais pas le faire au téléphone. De toute façon, monsieur refusait mes appels, ou alors quand il répondait c'était pour m'envoyer boulet.

Nous avons perdu notre jeune soeur il y a quelque mois dans un accident alors qu'elle rentrait de boite. Je sais que je n'ai jamais été très proche d'elle, pour la simple et bonne raison que mes parents n'ont jamais été proches de moi. Je suis la première de la famille, l'essai en quelque sorte. Car je n'ai jamais autant reçu d'amour et d'attentions que mes deux jeunes frères et soeurs jumeaux, Charlie et June. J'ai toujours été celle mise dans le coin, la dernière dont on s'occupait, la délaissée. Ce n'est pas pour autant que je les aie détesté un jour, même si ça n'a pas facilité notre relation. J'ai toujours apparu comme celle qui s'en fichait, simplement parce que je savais, je pensais qu'ils n'avaient pas besoin de moi, ayant tout ce qu'il faut du côté de papa et maman. Mais, depuis que June a laissé la vie, papa et maman se sont retourné vers moi. Pas Charlie? Eh bien non, puisque ce sale gosse pourri gâté a décidé de déserter à Miami. Oui, sur le coup, il n'a pas été très futé et je lui en veux, j'ai du mal à ne pas penser qu'il est un peu responsable de la mort de maman. En ce moment, pour moi, mon petit frère est le sale gosse qui se croit au dessus des autres et qui ne pense qu'à lui, irresponsable. Voilà pourquoi aussi je pense que le contact réel serait une approche plus simple et moins dure qu'au téléphone, où je ne penserais qu'à le descendre.

J'étais arrivée à Miami comme une fleur, j'y avais donc fais mon nid. Maintenant, il faut que je trouve Charlie, qui doit bien habiter quelque part dans le coin. Après quelques recherches faciles via mon boulot, je retrouve son adresse. Je vois qu'il est colocataire. Je ne sais pas ce qu'il fait de sa vie pour gagner de l'argent, je ne sais rien du tout en fait. Mais il reste mon petit frère et je tiens à lui, malgré l'idiotie que je peux lui associer. Je trouve l'appartement devant lequel je me gare, et je sonne. J'espérais qu'il ne me claquerais pas la porte au nez, au pire j'ai le talon pour bloquer la porte. J'étais prête à tout, même à ce qu'il ne me reconnaisse pas tiens, ce serait fun. Enfin, je me préparais un discours entier dans ma tête. J'hésitais entre être complètement tendre avec lui ou alors lui arracher la tignasse blonde, je ne savais pas encore. Je pense que ça dépendrait de l'accueil qu'il me ferait, maintenant que j'étais là, devant la porte de son appartement.

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(#)Sujet: Re: tu es de ma famille.   |   Mar 11 Aoû - 0:21
tu es de ma famille

for there is no friend like a sister in calm or stormy weather ; to cheer one on the tedious way, to fetch one if one goes astray, to lift one if one totters down, to strengthen whilst one stands.

Je connaissais une période relativement heureuse, ces derniers temps. Mon humeur connaissait des phrases plus sombres que d'autres. Disons que ça allait et que ça venait, sans trop prévenir. J'étais tout juste rentré de mon voyage à Paris avec Nessa. Cela avait été parfait ! Je n'aurais jamais cru poser les pieds un jour en France. Le mariage de Colton et Sky, juste avant, avait été tout aussi joyeux. Il faut aussi dire que sans Nessa, tout cela aurait été beaucoup moins bien. J'adorais cette fille et j'aimais penser que nous allions mieux ensemble. Que l'on s'aidait l'un et l'autre à s'en sortir. Elle non plus n'était pas gâtée par la vie. Mais j'avais cette étrange sensation que ses soucis mentaux étaient comme plus "justifié" que les miens ; après tout elle en avait vu des beaucoup plus dures que moi et pourtant, j'étais encore là à me plaindre comme un gosse. Enfin, ce voyage m'avait changé les idées et c'était tant mieux. J'étais, depuis mon retour, dans une phase qui ressemblait très fortement à la phase maniaque des gens souffrant de bipolarité. J'étais incroyablement actif, je cherchais sans cesse à m'occuper l'esprit histoire d'éviter de penser. J'allais plutôt bien, les souvenirs ne venaient plus me hanter sans répit, alors je voulais tout faire pour que mon état reste ainsi le plus longtemps possible. J'avais nettoyé de fond en comble l'appartement que je partageais avec Blake, j'avais fait les courses, réparé un meuble qui branlait depuis trop longtemps… Et j'avais aussi décidé de suivre mon envie et de changer de métier. Après tout, je m'ennuyais ferme dans mon job et j'avais envie de faire autre chose. Pourquoi pas, après tout ? J'étais encore jeune et si je voulais changer, c'était maintenant ou jamais. J'étais presque enthousiaste à cette idée.

Bref, les choses allaient relativement bien. Je dis bien relativement… Disons que quelqu'un souffrant des mêmes pathologies que moi peut rarement aller vraiment bien. Il y a toujours un moment de la journée où la douleur et les souvenirs reviennent au grand galop et c'est comme un coup de poing dans l'estomac. Tout ce que je tentais d'oublier en effectuant diverses tâches ménagères inutiles resurgissait soudainement et c'était dur. Ça me donnait presque la nausée. Mais je me reprenais vite. Pas question que je les laisse gagner. Peut-être que j'étais en train de m'en sortir ? J'avais complètement oublié la possibilité que je puisse un jour sortir de ce trou sombre et sans fond dans lequel j'avais plongé. Mais pourquoi maintenant ? Parce que c'était l'été et que les jours rallongeaient ? Parce que Joana était de retour ? Parce que Nessa allait mieux ? Ou parce que Lemon ne m'harcelait plus ? Cela faisait bien quelques semaines qu'elle ne m'avait plus envoyer de sms rageurs ou d'appels énervés. Ça faisait un bien fou de ne plus entendre sa voix de crécelle m'ordonner de rentrer, comme si j'étais son gosse et qu'elle pouvait se permettre de me dire quelque chose. Lemon était mauvaise pour moi. Je me sentais de plus en plus mal à chaque appel de sa part. Toujours à m'accuser, à me rappeler à quel point ce que j'ai fait était odieux… J'avais vraiment du mal avec elle. Je savais que ce n'était pas correct de dire cela de sa propre soeur, mais bon, on ne peut pas aimer tout le monde. J'étais assis sur mon canapé, en train de songer que Lemon semblait avoir renoncé, quand on frappa. Je me levai machinalement, traînai les pieds jusqu'à la porte et ouvris. Je crus que ma mâchoire allait se décrocher quand je vis qui avait eu le culot de ramener ses fesses squelettiques jusqu'ici. Lemon en personne. Elle n'avait pas changé. Toujours son air hautain que je détestais, juché sur sa grande silhouette longiligne de girafe anorexique. J'hésitais quant à ma conduite : devais-je lui dire ses quatre vérités ou simplement lui claquer la porte au nez ? Je sentais la colère monter rapidement en moi, et finalement, les mots sortirent tout seul. « Non mais vraiment, t'es pas chiée de te pointer là ! Tu te prends pour qui ? T'as pas encore compris ? Non, je reviendrais pas à Washington ! T'es pas possible, bordel ! Tu viens carrément jusque chez moi ? Tu comptes me ramener par la peau du cou ou quoi ? Laisse moi tranquille ! » Elle me mettait hors de moi. Je détestais cette manie qu'elle allait de vouloir toujours tout contrôler. Elle ne parvenait pas à me manipuler à sa guise et ça l'énervait plus que tout. « Je veux rien avoir à faire avec toi. Tu m'as assez pourri la vie ces derniers temps, avec tes appels incessants. Laisse moi vivre ma vie, elle sera beaucoup mieux sans toi. On n'a rien en commun, d'accord ? Des inconnus, voilà ce que l'on est et ce que l'on restera. Dégage, maintenant, je ne veux pas te voir ». Mes paroles étaient crues, méchantes, cruelles, trop dures par rapport à ce que je pensais réellement. Mais je lui voulais terriblement. Elle ne savait pas à quel point ses paroles m'avaient blessées et m'avaient fait sentir encore plus mal.
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(#)Sujet: Re: tu es de ma famille.   |   Mar 11 Aoû - 8:37

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I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Charlie & Prunille


J'étais devant la porte de chez mon petit frère, et je ne savais pas ce que j'allais lui dire. En réalité, je ne savais pas vraiment comment il allait réagir quand il me verrait, alors ça compliquait la chose. J'imaginais déjà qu'il me claque la porte au nez, ou bien qu'il me hurle à travers la porte de me barrer de là. Belle relation fraternelle, me direz-vous. Il faut dire que l'on a jamais été très proche tous les deux, voire pas du tout. Quand j'étais petite, j'étais la dernière à qui l'on s'intéressait, la dernière de qui on se souciait. Pourtant, j'étais la première de la famille. Un essai, un brouillon. J'étais toujours reléguée au deuxième plan, derrière mes jumeaux de frères et soeurs, June et Charlie. J'ai beaucoup souffert de ça. Je voyais ces familles entières sur la même marche d'égalité à être si heureux, et je souffrais. Je souffrais de devoir moi m'en sortir seule, me débrouiller pour me construire, pour grandir, pour mûrir. Je n'allais quand même pas me plaindre car il y a des gens qui vivent de bien pires histoires de famille, et puis je ne m'en étais pas mal sorti grâce au caractère que j'avais. J'étais quelqu'un qui aimait le contrôle et aller de l'avant, j'ai donc pu compter sur cela pour développer moi-même ma vie, et grandir sans devenir la plus minable du quartier.

Finalement, j'étais plutôt fière de moi. J'étais une brillante avocate sans avoir eu l'aide de personne. Même si ma famille n'a jamais été là pour moi, il me reste une faiblesse, je suis là pour eux. J'existe quand ça les arrange, et c'est le cas aujourd'hui. J'endosse encore une fois auprès de Charlie le mauvais rôle, celle qui l'harcèle au téléphone pour avoir de ses nouvelles, pour lui dire combien il a été immature de fuir ainsi, pour lui demander de revenir car maman allait mal. Je jouais le rôle de sa mère en fait, alors que cette dernière ne le pouvait plus... du tout. Mais ça, je ne pouvais pas lui dire au téléphone, et vu comme il m'envoyait chier, je n'y arriverais jamais. Un vrai têtu. Je sais que ça a dû être dur de perdre sa soeur jumelle, ils parlent souvent à la télé des relations très particulières entre jumeaux, mais je ne trouvais pas en cela une raison valable de fuir ses parents, alors que pour lui ils ont toujours été là et qu'eux avaient perdu une fille, tout de même, et avaient besoin de ce contact avec nous. Ou plutôt avec lui.

Il ouvrait la porte et c'était la grosse gueulante. Je m'en doutais, vous l'aviez vu. Pas compliqué en même temps après toute cette explication. Je levais un sourcil, recevant les coups de plein fouet. Je le laissais parler, sortir sa rage d'on ne sait où. Il avait ouvert la porte, c'était déjà pas si mal. Entendre que l'on fait chier et qu'on pourri la vie, ça fait du bien tous les jours. Par contre qu'on est considéré comme inconnu aux yeux de son frère, ça le fait tout de suite un peu moins. Je suis forte, mais sensible, très sensible quand il s'agit de ma famille. Lui, en bon petit égoïste, il refoulait sa colère sur moi alors que je n'y étais pour rien. Si je pouvais lui servir de pushing ball, pourquoi pas. Je servirais au moins à quelque chose. Mais bon, les larmes me montèrent quand même aux yeux et toute les piques que je me prenais me firent exploser de colère à mon tour. J'avais vraiment l'impression d'être face à un gosse. « C'est bon, tu as évacué ta colère, ça va mieux, tu m'écoutes maintenant? » Je n'en pouvais plus de son attitude enfantine. « Tu te prends pour qui, là? Tu crois que ça m'amuse de perdre mon temps avec un gosse pareil?! C'est papa qui me demande de t'appeler, papa qui m'a demandé de faire le déplacement pour que peut-être un jour tu m'écoutes! Pendant que monsieur le mignon petit Charlie tant aimé et tant chéri boude dans son petit coin de Miami, y'a des gens qui s'appellent les parents qui souffrent à Washington, tout autant que toi! Je ne viens même pas te parler de moi puisque comme tu l'as très bien dis et d'ailleurs quel plaisir de l'entendre, nous sommes des inconnus! Je te parle de ton père là, tu vois le mec qui t'aime tu te souviens? T'es qu'un gosse pourri gâté! Tu penses qu'à ta tronche putin mais Charlie ouvre tes yeux nan? Ouai June elle est partie mais maman, tu as pensé à maman? » dis-je au bout de ma rage. Mais les derniers mots étaient de trop. Penser à ce qui était arrivé à June, puis maintenant à maman.. Je ravalais ma boule de pleurs qui se coinçait dans ma gorge. J'en avais trop dis, je ne pouvais pas lui annoncer ça d'entrée en pleine dispute. Déjà je n'en avais pas la force, et puis ça ne ferait pas honneur à la mémoire de maman.


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(#)Sujet: Re: tu es de ma famille.   |   Mer 12 Aoû - 15:47
tu es de ma famille

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Lemon était clairement la dernière personne sur cette foutue planate que j'avais envie de voir. Je savais que c'était triste que nous en solons arrivés là, mais elle ne m'avait pas rendue la vie facile ces derniers temps. Vraiment pas. Nous n'avions jamais été proches et cette espèce de garce s'était mis, du jour au lendemain, à me faire la morale. Elle ne me connaissait pas. Elle ne savait rien de moi, ni ce que je pouvais ressentir, ni ce que j'endurais. Elle ne connaissait rien de mes petits désordres psychologiques contre lesquels je devais me battre tous les jours. Elle ne savait rien et elle se permettait de me donner des ordres ? Et elle croyait en plus que j'allais l'écouter ! Eh bien, non. Je sais que je suis encore un peu immature, mais très franchement, ça me plaisait bien de jouer au con avec elle. Ça me plaisait de faire exactement le contraire de ce qu'elle me disait de faire, pas parce que j'en avais envie, non, juste parce que je n'avais pas envie de me plier à elle. Je voulais l'embêter, car elle m'avait pourrie la vie ces derniers temps. Je ne comptais plus le nombre de soirées horribles que j'avais passé après ces appels, combien de fois elle m'avait fait flancher avec ses accusations et ses remontrances. J'avais besoin d'aide, oui, j'avais désespérément besoin d'aide mais Lemon ne m'écoutait pas. Je ne demandais pas à ce que cette aide vienne d'elle, loin de là, j'aurais juste aimé qu'elle me fiche la paix au lieu de m'enfoncer sans cesse. Elle continuait à penser que j'étais un gosse immature qui était parti simplement pour emmerder tout le monde. Comme quoi elle ne savait vraiment rien à rien.

« Tu te prends pour qui, là? Tu crois que ça m'amuse de perdre mon temps avec un gosse pareil?! C'est papa qui me demande de t'appeler, papa qui m'a demandé de faire le déplacement pour que peut-être un jour tu m'écoutes! Pendant que monsieur le mignon petit Charlie tant aimé et tant chéri boude dans son petit coin de Miami, y'a des gens qui s'appellent les parents qui souffrent à Washington, tout autant que toi! Je ne viens même pas te parler de moi puisque comme tu l'as très bien dis et d'ailleurs quel plaisir de l'entendre, nous sommes des inconnus! Je te parle de ton père là, tu vois le mec qui t'aime tu te souviens? T'es qu'un gosse pourri gâté! Tu penses qu'à ta tronche putin mais Charlie ouvre tes yeux nan? Ouai June elle est partie mais maman, tu as pensé à maman? » me lâcha-t-elle d'un ton plein de rage. Elle en avait presque les larmes aux yeux. C'était la parfaite définition de Lemon. Non contente de me harceler au téléphone, elle venait carrément se planter devant ma porte pour continuer de cracher son venin. Ça n'allait pas le faire du tout. J'allais bien, là, bordel, pourquoi venait-elle faire tout foirer ? Est-ce que ça lui faisait plaisir de me faire souffrir ? Et elle se prétendait ma soeur, après ça ! Elle voulait recoller les morceaux ! Et bien, ses morceaux elle pouvait très clairement se les mettre là où je pensais. J'étais têtu et surtout, très énervé. Parce qu'au fond, elle avait raison. J'avais fui comme un gamin. Mais je le savais. Elle n'avait pas le droit d'insister de nouveau, de me rendre mal comme ça ! « Oh, par pitié, épargne-moi tes salades de gamine. Tu sais quoi, j'y peux rien si les parents m'ont gâté ! J'y peux absolument rien et à ton âge, faudrait peut-être que tu passes à autre chose ! T'as pas le droit de me blâmer pour ça » grondai-je. « Tu crois que je n'y pense pas, hein ? Que je ne pense pas aux parents, à tout ce que j'ai laissé derrière moi ? Lemon, tu ne me connais pas. Tu ne sais rien de moi, la preuve est là : tu ignores complètement ce qui peut me passer par la tête. Tu prétends que je me fiche de tout cela alors que c'est faux. J'y pense à chaque heure. Je pense à maman et à papa. Je sais toute la peine que je leur ai causé et ça m'tue. Alors maintenant j'te prierais de te la fermer, car tu ne sais rien de moi. Tu ne sais pas ce que je vis en ce moment ». Ma voix tremblait tant j'étais en colère. Je n'en pouvais plus de supporter ses accusations. Je serrais violemment mes poings. « Et tu peux me dire qu'est-ce que tu fous ici ? Pourquoi tu te permets de venir cracher ton venin chez moi ? ».
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(#)Sujet: Re: tu es de ma famille.   |   Jeu 13 Aoû - 18:34

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Charlie & Prunille


J'étais à la porte de Charlie, il fallait que je lui annonce que maman n'avait pas survécu à l'éloignement avec son fils chéri. Elle ne s'était sûrement pas attachée au fait que moi j'étais toujours là. Elle avait eu l'impression de perdre deux de ses enfants. En même temps, l'une était décédée, l'autre avait fui et ne donnait plus de nouvelles. Elle était déjà malade à la base, alors comment survivre à ce nouveau choc? Je lui en voulais, le tenant responsable de la mort de notre mère. C'était son immaturité qui m'avait valu de perdre ma mère, aussi peu proche qu'on fut été.

J'étais là sur la demande de mon tendre père, qui voulait que Charlie arrête sa comédie et qu'il se rende compte de ce qu'il faisait. Il voulait que je sois celle qui lui annonce la mort de maman, malgré notre relation très instable. Il n'avait pas la force de le faire lui-même, par soustraction j'étais la seule à pouvoir le faire. Malheureusement pour moi. M'enfin, Miami est une ville cool et je ne regrettais pas d'être venue ici, je pensais même y rester un moment, du coup. Puis j'y retrouvais aussi nos cousins, de qui j'étais contrairement très proche. Bref, à cet instant précis je me tenais devant Charlie, qui me hurlait dessus, bien sûr, puisqu'il ne savait faire que ça avec moi. Tout était de ma faute, j'étais la méchante de l'affaire, la nana qui vient foutre la merde, et en effet, vu ce qu'il me disait, c'était tout à fait ça.

« Oh, par pitié, épargne-moi tes salades de gamine. Tu sais quoi, j'y peux rien si les parents m'ont gâté ! J'y peux absolument rien et à ton âge, faudrait peut-être que tu passes à autre chose ! T'as pas le droit de me blâmer pour ça » Il allait me rendre dingue. « Mais ça n'a rien à voir, Charlie. Ce que je veux dire c'est qu'ils avaient besoin de toi, merde. Tu es leur seul fils. Ils viennent aussi de perdre quelqu'un et c'était leur fille! Ils avaient besoin de leurs autres enfants. Et toi, tu as fui! » dis-je sur le même ton que lui. C'est pas vrai qu'il était têtu, un sale gosse. « Tu crois que je n'y pense pas, hein ? Que je ne pense pas aux parents, à tout ce que j'ai laissé derrière moi ? Lemon, tu ne me connais pas. Tu ne sais rien de moi, la preuve est là : tu ignores complètement ce qui peut me passer par la tête. Tu prétends que je me fiche de tout cela alors que c'est faux. J'y pense à chaque heure. Je pense à maman et à papa. Je sais toute la peine que je leur ai causé et ça m'tue. Alors maintenant j'te prierais de te la fermer, car tu ne sais rien de moi. Tu ne sais pas ce que je vis en ce moment » Oh pauvre chéri, il ne savait pas non plus ce que je m'apprêtais à lui dire, il ferait moins le malin. L'entendre m'appeler Lemon d'ailleurs me faisait bizarre. J'avais décidé de me faire appeler Prunille depuis que j'étais majeure parce que je n'en pouvais plus de la petit fille délaissée qui était associée à ce prénom. « Oh bien sûr pauvre petit loulou, je devrais te pardonner et dire ooh je suis désolééé tu souffres tellement, tu veux que je te plaigne, c'est ça?! Comme un gosse de dix ans qui attrape un rhume? Arrête un peu ton caprice. Tu es bien placé pour savoir que la vie n'est pas simple, et toi non plus tu ne sais rien, je ne suis pas venue ici juste pour recevoir tes critiques. Je m'en balance, d'ailleurs. » Il reprit la parole. « Et tu peux me dire qu'est-ce que tu fous ici ? Pourquoi tu te permets de venir cracher ton venin chez moi ? » J'avais envie de lui mettre une bonne baffe. « Je viens ici parce que papa me l'a demandé. J'ai un message pour toi et je ne pouvais pas te le dire au téléphone, de toute façon vu comment tu cries, impossible. Il fallait que je sois devant toi, que ça te fasse plaisir ou non. J'espère que quand je te le dirais tu changeras d'attitude et tu comprendras, enfin ça viendra du miracle. Sache que si j'ai bougé mon cul jusqu'ici et que je supporte tes conneries, c'est parce que je n'arrêtais pas de te dire que maman était malade, et le fait que tu aies fuis, son petit chéri adoré l'a abandonné, elle ne pouvait plus le supporter. J'avais beau t'appeler, tu sais comment tu me parlais. Alors monsieur je souffre dans mon coin plaignez moi et laissez moi tranquille, sache que ta tendre maman a rendu son dernier souffle la semaine dernière! » finis-je par dire, calmant ma main laissant ma larme couler. Je venais de lui annoncer que notre mère était morte. C'était la première fois que j'arrivais à le dire à voix haute. Je reprenais d'une voix très faible « voilà pourquoi je suis là... »


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(#)Sujet: Re: tu es de ma famille.   |   Jeu 13 Aoû - 22:37
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Pourquoi est-ce qu'elle venait cracher son venin jusqu'au pas de ma porte, après tout ? Si elle avait simplement voulu remettre les pendules à l'heure ou me faire la morale, vu qu'elle ne semblait bonne qu'à faire cela, elle n'aurait sûrement pas pris la peine de se déplacer jusque ici. Non, il y avait autre chose. Et très honnêtement, j'aurais préféré qu'elle ne vienne pas. Lemon ne m'avait pas du tout manqué. Nous étions au point mort niveau relationnel, tous les deux. Nous n'avions jamais été proches, mais là… D'un côté, je trouvais ça triste que des frères et soeurs puissent ne pas s'entendre à ce point. Mais je n'étais pas pour autant prêt à lui ouvrir ma porte en souriant jusqu'aux oreilles. Lemon m'avait fait beaucoup de mal, oh oui. Je lui voulais. Pas parce qu'elle était en colère contre moi, ça non, je comprenais très bien qu'elle puisse l'être. Ce qui me rendait fou de rage, c'est qu'elle n'avait jamais essayé de me comprendre, jamais essayé de savoir pourquoi j'étais parti ou même comment j'allais en ce moment. Elle continuait de me voir comme le gosse pourri-gâté que j'avais été fut un temps, comme un être méprisable et indigne de son intérêt. Et ça, je ne pouvais pas l'accepter, pas venant de ma propre soeur. Je n'avais pas une très haute opinion de moi-même mais il me restait encore un peu d'amour propre pour défendre ce qui restait de ma dignité. J'avais changé, je n'étais plus du tout le même qu'avant, je souffrais comme un chien mais ça, Lemon s'en fichait royalement. Elle était terriblement bornée. Elle refusait de croire que je pouvais éprouver des sentiments comme le remord. Comme si je n'avais pas le droit d'être triste. Ce qu'elle pouvait m'énerver. Rien que sa tête ne me revenait pas.

Elle me parlait encore du fait que j'avais été pourri-gâté par les parents, comme si j'y pouvais quelque chose. Je ne leur avais quand même pas demandé de faire de moi leur petit chouchou, merde ! À son âge, il aurait vraiment fallu qu'elle passe outre. « Mais ça n'a rien à voir, Charlie. Ce que je veux dire c'est qu'ils avaient besoin de toi, merde. Tu es leur seul fils. Ils viennent aussi de perdre quelqu'un et c'était leur fille! Ils avaient besoin de leurs autres enfants. Et toi, tu as fui! » Elle croyait que je ne savais pas tout ça ? Que c'était intelligent de me remettre tout ça sous le nez ? Putain. Ce qu'elle pouvait être garce par moment. « Eh bien remets pas le sujet sur le tapis, si ça n'a rien à voir » grondai-je. C'était comme si chaque prétexte était bon pour que je trouve un terrain où l'embrouiller. J'éprouvais une telle rancune envers elle ! Une rancune qui venait du terrible sentiment de culpabilité que j'éprouvais au fond de moi. Je lui sortis donc ce que je ressentais, je tentais de lui expliquer que les choses n'avaient pas du tout été simples ces derniers mois, mais comme à son habitude, elle ne m'écouta pas une seule seconde. « Oh bien sûr pauvre petit loulou, je devrais te pardonner et dire ooh je suis désolééé tu souffres tellement, tu veux que je te plaigne, c'est ça?! Comme un gosse de dix ans qui attrape un rhume? Arrête un peu ton caprice. Tu es bien placé pour savoir que la vie n'est pas simple, et toi non plus tu ne sais rien, je ne suis pas venue ici juste pour recevoir tes critiques. Je m'en balance, d'ailleurs. » Il n'y avait aucun mot pour décrire la rage qui venait de s'emparer de moi à ce moment précis. Un torrent, un déluge, une tornade. Elle continuait de me voir comme un gamin. Elle ne me prenait pas du tout au sérieux, en fait. Elle se fichait royalement de ma tronche. J'étais juste un prétexte pour qu'elle puisse exercer son autorité, histoire de se sentir un peu importante. Je me mis à hurler. Littéralement, elle m'avait fait sortir de mes gonds. « PUTAIN, UN RHUME ? UN RHUME ?? T'ES SÉRIEUSE ? MAIS PUTAIN LEMON TU ME CONNAIS PAS ! TU VEUX QU'J'TE DISE COMMENT IL S'APPELLE MON RHUME ? IL S'APPELLE DÉPRESSION PSYCHOTIQUE ET ÇA POURRAIT M'TUER CETTE CONNERIE ! TU VEUX P'TÊTRE QUE J'TE MONTRE L'ORDONNANCE POUR MES TRENTE-SIX MÉDICAMENTS, OU ALORS Y T'FAUDRA UN MOT DU PRÉSIDENT POUR QUE TU ME CONSIDÈRES UN PEU COMME UN ADULTE AVEC DE VRAIES ÉMOTIONS ? J'AI PAS L'DROIT D'ÊTRE TRISTE BORDEL DE MERDE ? C'ÉTAIT MA JUMELLE, MA SOEUR, J'AI LE PUTAIN D'DROIT D'PAS M'EN REMETTRE ! » Merde, elle m'avait vraiment chauffé. Je n'avais jamais parlé comme ça à qui que ce soit, je crois. Mais elle s'était engagé sur un terrain où il valait mieux ne pas me chercher. La maladie amplifiait généralement toutes mes émotions. Et là, je pétais littéralement un gros câble. Des larmes de rages coulaient sur mes joues. J'étais content que Blake ne soit pas à l'appart, il n'aurait sûrement pas aimé assister à cette scène de ménage plutôt mémorable.

Je lui demandais ensuite ce qu'elle venait foutre ici, et je crois que je n'aurais jamais pu me douter de la réponse. « Je viens ici parce que papa me l'a demandé. J'ai un message pour toi et je ne pouvais pas te le dire au téléphone, de toute façon vu comment tu cries, impossible. Il fallait que je sois devant toi, que ça te fasse plaisir ou non. J'espère que quand je te le dirais tu changeras d'attitude et tu comprendras, enfin ça viendra du miracle. Sache que si j'ai bougé mon cul jusqu'ici et que je supporte tes conneries, c'est parce que je n'arrêtais pas de te dire que maman était malade, et le fait que tu aies fuis, son petit chéri adoré l'a abandonné, elle ne pouvait plus le supporter. J'avais beau t'appeler, tu sais comment tu me parlais. Alors monsieur je souffre dans mon coin plaignez moi et laissez moi tranquille, sache que ta tendre maman a rendu son dernier souffle la semaine dernière! » C'était comme une douche froide. Mon cerveau se mit en mode pause pendant un certain temps. La colère folle et viscérale que j'éprouvais quelques secondes auparavant venait de se dissiper en un instant, pour faire part à un immense sentiment de vide. De désolation. C'était ça, je me sentais… vide. C'était une blague ou quoi ? Nan, nan, maman ne pouvait pas être morte. C'était pas possible. Et pourtant… Maman avait toujours été faible. Toujours. Mon départ… C'était ce qui avait causé… Non, non, c'était pas possible. Non. Putain. J'avais… non. Les mots tournaient dans ma tête comme des aiguilles, c'était insupportable. J'avais tué ma mère. C'était de ma faute. Ma faute. Putain. J'avais envie de hurler, mais pour le moment, j'étais trop déstabilisé. Je reculais doucement, et je sentais mes yeux qui s'emplissaient de larmes malgré moi. J'aimais pas pleurer, et surtout, pas devant elle. Mais c'était plus fort que moi. Je me sentais tout d'un coup comme le gosse effrayé et perdu que j'étais au fond de moi. « Non, non, c'est pas possible, tu mens… » dis-je tout bas. Ma voix me lâchait. « Tu mens, tu m'l'aurais dit si elle allait pas bien… ». Mais ma voix faiblissait de plus en plus. Elle me l'avait dit. Ses appels, elle m'avait clairement dit que maman n'allait pas bien, mais je ne m'étais pas alarmé plus que cela. Mais quel genre de monstre j'étais ? Mon dieu. Il n'y avait pas de mot pour décrire ce que je ressentais. Là, maintenant, tout de suite, j'avais l'impression que ma vie n'avait plus aucun sens. Un immense sentiment de désespoir m'avait envahi. J'avais envie de mourir.
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(#)Sujet: Re: tu es de ma famille.   |   Ven 14 Aoû - 8:08

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I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Charlie & Prunille


Il n'avait cesse de me hurler dessus, de vouloir avoir raison sur tout. Le truc c'est qu'il ignorait la vraie raison pour laquelle j'étais ici, mais continuait à m'hurler dessus comme si j'étais la méchante sorcière qui lui ferait manger une pomme. La réalité, c'était que j'étais là pour lui annoncer une chose horrible, qui aurait du mal à sortir de ma bouche, que j'aurais du mal à annoncer de vive voix. Evidemment, personne d'autre que moi ne pouvait s'y résoudre. Pour papa, c'était encore pire, il n'aurait pas pu faire ce que je faisais à cet instant précis. Alors, même s'il était actuellement en train de me hurler dessus parce qu'il se sentait agressé et empêché de faire le deuil de sa soeur jumelle, j'encaissais les coups, j'attendais patiemment le bon moment. Depuis toujours, je reçois les coups de Charlie. Nous n'avons jamais été proche et preuve de cela : il n'avait jamais dénié m'écouter lorsque je lui disais que maman était faible, malade, et qu'il devrait se bouger le cul au lieu de fuir lâchement. Oui, je lui en voulais, de tout mon coeur. Je lui en voulais d'avoir refuser de m'écouter, d'avoir fait son têtu, d'avoir respecté l'habituel conflit qu'il règne entre lui et moi.

En arrivant ici, j'étais persuadé que je lui tenais compte de la mort de maman. Je lui en voulais de l'avoir laissé mourir, et j'étais certaine que s'il m'avait écouté, nous n'en serions pas là, elle serait encore envie et peut-être même irait mieux. Finalement, alors qu'il me prenait la tête au plus haut point, je lâchais la bombe, je lui annonçais la mort de maman. J'aurais voulu le faire d'une manière plus douce et calme mais impossible avec lui. Il ne faisait que de me crier dessus et donc je lui répondais toujours de la même manière, mais je n'en pouvais plus. Peut-être qu'en sachant la vérité, il arrêterait après tout, et il comprendrait que je ne suis pas tellement la méchante que ça. Depuis le début, si je le faisais chier par appels et maintenant devant lui ce n'était que pour maman, et peut-être que dorénavant ça lui ouvrirait les yeux.

Sa réaction fut des plus émouvantes. Il passa d'un coup de la colère à la tristesse la plus profonde, je le voyais dans ses yeux. Alors que des larmes de tristesses coulaient doucement et en silence sur mes joues, lui sembla être complètement perdu, d'un coup. Alors, je pris peine. Même si je ne suis pas proche de lui, je ressenti une douleur dans la poitrine à le voir ainsi. Finalement me vient un flash, de toutes nos conversations à nous disputer alors que maman était malade et réclamait son fils, et je me dis que donc, c'était un peu notre relation qui l'avait empoisonné elle, puisque si nous n'avions pas été comme ça, il m'aurait écouté, il serait revenu. Je serrais les lèvres, il fallait que je fasse quelque chose, même si je ne savais pas comment il allait réagir. Il fallait.. que je le console. « Charlie, ne t'en sens pas coupable je.. Je commence à me dire que si nous n'avions pas eu cette relation... tu m'aurais écouté.. » Je n'arrivais plus à m'exprimer, je m'avançais vers lui et je le prenais dans mes bras, c'était plus fort que moi. « Elle ne t'en veut pas, tu sais. Elle m'a clairement dit qu'elle préférait que tu sois heureux ailleurs, si ça te permettait de l'être, et qu'elle ne voulait que le meilleur pour toi.. Elle ne t'en voulait pas du tout.. à la fin. Mais, l'enterrement est mercredi alors... » Je reculais pour me remettre où j'étais quelques instants avant. « En dépit de notre pauvre relation.. tu devrais quand même venir avec moi jusque là bas, on reviendra. C'est tout ce que papa te demande... » lui dis-je, dans un souffle. Cela faisait trop mal de parler.


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(#)Sujet: Re: tu es de ma famille.   |   Sam 15 Aoû - 22:31
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for there is no friend like a sister in calm or stormy weather ; to cheer one on the tedious way, to fetch one if one goes astray, to lift one if one totters down, to strengthen whilst one stands.

Ce n'était pas possible. Et pourtant, si, la scène semblait bien réelle. Je n'étais pas en plain milieu d'un horrible cauchemar. Lemon —enfin Prunille, vu que c'était son nom désormais— était véritablement devant moi et elle venait bien de m'annoncer la pire nouvelle qui soit. C'était comme un deuxième coup de massue, et j'avais bien l'impression que ce que je ressentais était bien pire que lors de la mort de June. Déjà, parce que c'était la deuxième mort dans ma famille et que la première m'avait déjà porté un sérieux coup au moral ; et puis, parce que je me sentais coupable. Trop coupable. Je l'avais tué, j'en étais persuadé désormais. J'avais grand peine à analyser la multitude d'émotions que je ressentais à l'annonce de cette nouvelle. C'était comme si une tornade était passée dans mon cerveau ; mon esprit résonnait d'un brouhaha horrible d'idées qui s'entrechoquaient les unes dans les autres. Et pourtant, je me sentais extrêmement vide. Je sentais les larmes qui roulaient le long de mes joues sans que je puisse y faire quelque chose. Merde, je n'avais plus pleuré depuis que j'avais appris la mort de June. Je n'aimais pas cela. Pas parce qu'un homme ne devait pas pleurer, mais plutôt car généralement, tout se passait dans ma tête, sans que ça ait une quelconque répercussion sur mon aspect extérieur. Mais là, je ne pouvais rien y faire. J'avais l'impression que ma vie ne serait plus jamais la même. Que maintenant, ma conscience allait devoir s'occuper de ce second problème, et pas des moindres. J'avais tué ma mère. Cette phrase revenait sans cesse dans mon esprit, plus lancinante à chaque fois. Si j'avais été pour elle… Si j'étais resté auprès de ma mère pour l'aider à surmonter la mort de June au lieu de partir comme un égoïste… Maman serait toujours là aujourd'hui. Mon dieu, mais qu'est-ce que j'avais fait ? J'en venais à tout regretter, même d'être né. Je n'étais qu'un bon à rien. Ma simple existence faisait du mal à trop de personnes. Papa devait me détester, Prunille également, tandis que June et Maman était morte par ma faute. Il me restait, quoi, désormais ? Uniquement mes yeux pour pleurer, même si ça ne m'avancerait à rien dans la vie. Je fus soudainement pris d'un mal de crâne terrible. J'avais envie d'hurler, de hurler jusqu'à m'en faire saigner les poumons, de hurler jusqu'à ce que mes cordes vocales lâches. De hurler jusqu'à ce que mon mal soit enfin exorcisé. Comme si cela pouvait être possible… Je pouvais bien rêver.

À travers mes yeux embués de larmes, je vis que Prunille fut décontenancée par ma réaction. Elle pensait toujours que j'étais un connard égocentrique, maintenant ? Pourquoi n'avait-elle jamais pu voir autre chose, en moi ? J'avais l'impression que jamais de sa vie, elle ne m'avait considéré comme un être capable d'éprouver des sentiments. Peut-être parce qu'effectivement, plus jeune, j'étais complètement immature et je ne pensais qu'à m'amuser sans me soucier des conséquences, alors qu'elle avait toujours été très mûre pour son âge. Ouais, Prunille et moi étions radicalement différent. Elle était beaucoup plus forte que moi. Elle savait comment faire face à la douleur, au danger, et aussi comment gérer ses émotions. Moi, je ne savais rien à tout cela. J'étais submergé, englouti par la souffrance et mon chagrin dévastait tout sur son passage. J'étais faible. Elle était forte. Voilà ce qui nous différenciait, voilà pourquoi nous n'arrivions jamais à nous entendre sur rien. Elle ne pouvait pas comprendre ma faiblesse et je détestais cette force de caractère que j'aurais tant aimé avoir. Même maintenant, alors qu'elle venait de m'annoncer la mort de maman et que j'étais littéralement en train de tomber des nues, elle se tenait là, immobile. Elle avait toujours eu ce maintien impressionnant et ce charisme indéniable. Et moi, j'étais tout recroquevillé sur moi-même, pleurant à moitié. Comment tenait-elle encore debout ? « Charlie, ne t'en sens pas coupable je.. Je commence à me dire que si nous n'avions pas eu cette relation... tu m'aurais écouté.. Elle ne t'en veut pas, tu sais. Elle m'a clairement dit qu'elle préférait que tu sois heureux ailleurs, si ça te permettait de l'être, et qu'elle ne voulait que le meilleur pour toi.. Elle ne t'en voulait pas du tout.. à la fin. Mais, l'enterrement est mercredi alors... En dépit de notre pauvre relation.. tu devrais quand même venir avec moi jusque là bas, on reviendra. C'est tout ce que papa te demande... » me dit Prunille. Elle m'avait pris dans ses bras un instant, un geste qui me dégoûta au plus haut point. Je n'avais cependant pas eu la force ni le courage de la repousser. Je ne voulais pas qu'elle me touche. Je lui en voulais terriblement. Une rancoeur inutile, futile, viscérale, simple réaction à la colère indescriptible que j'éprouvais contre moi-même. J'aurais voulu qu'elle me prévienne, qu'elle vienne me botter les fesses pour que je revienne auprès de maman. Pourquoi fallait-il qu'elle fasse cela maintenant qu'il était trop tard ? Pourquoi m'avait-elle laissé ici alors qu'elle savait que maman allait mal ? Et puis pourquoi ne m'avait-elle clairement pas dit que maman était mourante ? Ce que je pouvais la détester, par moment. De toute manière, à ce moment précis, je détestais chaque être vivant de cette foutue planète pleine de merde. Celui que je haïssais le plus ? Moi. Et de toutes mes tripes. Je l'écoutais attentivement, enfin aussi attentivement que mon état le permettait. Je n'étais plus capable de faire le moindre geste, comme si mes muscles s'étaient paralysés à cause du choc. « Je ne suis pas heureux. Je suis pas venu dans cette ville de merde pour être heureux. J'pouvais être heureux nul part. J'voulais juste être malheureux autre part, tu comprends…? Être malheureux tout seul. J'voulais pas que maman voit comment j'étais mal. J'voulais m'en remettre seul, comme un grand… » marmonnai-je d'un voix faible. « J'avais pas d'mauvaises intentions mais j'ai quand même merdé. Je suis le seul coupable de la mort de maman. Parce que je me suis barré comme un couillon, parce que je pensais être capable de gérer ça tout seul alors qu'on aurait du y faire face tous ensemble. Je suis responsable de tout ça, et n'essaie surtout pas de me faire croire le contraire. La dernière chose dont j'ai besoin, ces derniers temps, c'est d'espoir ». Ma voix était tremblante, enrouée, presque éteinte. « J'sais pas si je pourrais venir à l'enterrement. Si je pourrais regarder papa dans les yeux. J'suis un assassin, un putain d'assassin ».
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(#)Sujet: Re: tu es de ma famille.   |   Dim 16 Aoû - 20:32

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Charlie & Prunille


Je venais de lui dire la chose que je redoutais le plus de lui dire. Cela n'avait eu rien de facile pour moi, j'avais potassé dix mille discours avant de venir ici, et pourtant je n'avais utilisé aucun d'entre eux. J'étais allé franco, parce qu'on se prenait trop la tête, qu'il ne pouvait pas comprendre pourquoi j'insistais autant avant de lui avoir révélé la vérité. Evidemment, je voyais que ça l'anéantissait d'un coup. Je voyais son visage s'auto-détruire. Même si je lui en avais voulu tout le mois dernier, je ne pouvais plus lui en vouloir maintenant. Je savais qu'il était fragile et finalement, je comprenais son comportement. C'est juste que c'est plus fort que moi, ça a toujours été comme ça entre moi et Charlie, alors forcément, je ne pouvais pas ressentir autre chose que de la rancoeur. Mais là, je le prenais dans mes bras, même si je n'étais pas du tout habituée à ce genre de contact avec lui. Il ne me repoussait pas, mais je faisais une accolade brève, histoire juste de montrer que je suis là pour lui, même s'il s'en fou d'ailleurs. Je suis la dernière personne à qui il se confierait, et je le savais.

Néanmoins, maintenant il disait tout ce qu'il lui passait par la tête. C'était une réaction normale, il pensait à voix haute, ses émotions le dépassaient. Il m'expliquait pourquoi il avait besoin d'être ici, loin. Ce qu'il avait tenté de faire. Il disait qu'il se sentait coupable, qu'il ne pourrait pas aller à l'enterrement. Je le regardais, je ne savais pas quoi lui dire. Le consoler, je ne l'avais jamais fais. Je n'avais jamais ressenti cet élan de compassion pou lui. Pourtant, j'étais bien la seule personne présente devant lui et il avait besoin de quelqu'un. J'ai quand même ce sentiment d'amour pour ma famille, je ressentais donc le besoin d'être là pour lui. Je me pinçais la lèvre inférieure, je cherchais les mots. Il fallait que je trouve les mots. « Je comprends Charlie.. Mais.. Tu n'es en rien responsable de sa mort.. Tu sais elle me disait qu'elle ne t'en voulait pas du tout, elle te défendait sans cesse en disant qu'elle préférait que tu sois loin à reconstruire ta vie, heureux. Elle ne t'en a pas voulu une seconde.. Tout ce qu'elle voulait, c'était que tu viennes lui dire au revoir.. C'est elle qui refusait que je te ramène par la peau du cul.. Elle ne voulait pas t'anéantir.. On aurait rien pu faire.. J'ai insisté par téléphone pour que tu viennes sans que je te dises quoique ce soit, parce qu'elle me l'a fait promettre.. mais maintenant.. il faut que tu viennes, Charlie, c'était son dernier souhait.. » lui dis-je. Je n'aurais pas voulu lui dire tout cela mais, ça l'aiderait sûrement. Il en avait besoin parce que là, il allait peut-être trop loin dans la souffrance. Je voulais être là pour lui, pour une fois. Je n'ai pas l'habitude mais, faut une première fois à tout.

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(#)Sujet: Re: tu es de ma famille.   |   Lun 17 Aoû - 21:03
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Je savais bien que Lemon —enfin Prunille, j'avais toujours du mal avec ce prénom— n'était pas venue pour rien. Elle ne pouvait pas être venue simplement pour me voir, ou pour me faire rentrer à la maison. Elle était venue pour m'annoncer la mort de notre mère. Dire que je ne le savais pas il y a cinq minutes à peine, que je me remettais doucement de la disparition de June et que j'envisageais même de reprendre contact avec notre père grâce aux conseils d'Aloysia. C'était assez extraordinaire comment la vie pouvait prendre brusquement des virages à trois cent soixante degrés. Tout peut changer si… sauvagement. Je ne me souvenais plus à quel point c'était violent. De perdre d'un coup un être cher et de s'en sentir terriblement coupable. C'était toujours comme ça, depuis la mort de June ; je me sentais coupable d'à peu près tout. C'était un sentiment pesant, oppressant. Et j'avais la désagréable impression que j'avais devoir le supporter pendant un long moment. J'étais littéralement sous le choc. Je ne savais pas comment j'allais m'en sortir, comment j'allais accepter cette nouvelle mort. Je séchais mes larmes d'un geste de mon bras. Je ne supportais vraiment pas de me montrer si faible devant Lemon. J'étais redevenu un gamin, celui que j'étais resté au fond de moi. J'étais un gamin apeuré et qui se sentait d'un seul coup terriblement seul. Notre mère n'aurait pas du mourir. Elle était encore jeune et en très bonne santé, si l'on excluait sa faiblesse mentale. Je pensais aussi à tout le mal que j'avais du faire à Lemon, elle qui avait du s'occuper des parents toute seule tandis que je partais faire la tournée des bars au Mexique avec Nessa. Merde, j'étais vraiment immature. Incapable d'assumer ses responsabilités. Elle avait raison sur toute la ligne.

Ma mère avait toujours été trop gentille envers moi. Très clairement, j'étais son chouchou dans la fratrie, sûrement parce que j'étais le seul garçon et qu'elle avait toujours rêvé d'en avoir un. Avec mes boucles blondes et mon caractère relativement docile, je pense que j'avais réalisé son rêve en naissant. Elle m'adorait plus que raison mais elle m'avait laissé beaucoup trop faire. Je n'avais pas eu les bases d'une éducation correcte, et je m'en rendais compte aujourd'hui. Je faisais toujours ce dont j'avais envie, quand j'étais jeune, et choyé comme je l'étais, je n'avais jamais été indépendant ou mature. Je n'avais jamais eu non plus l'instinct familial. Je pensais que tout était acquis et que rien ne changerait. La mort de June m'avait très clairement réveillé. Et non, le petit bonheur dans lequel j'avais toujours nagé n'était pas éternel. Le retour à la réalité était dur. Maintenant, je leur en voulais un peu de m'avoir autant surprotégé du monde extérieur ; mais comment pouvais-je en vouloir à un mort, désormais ? Cette pensée me fit frissonner. Perdre sa mère était une épreuve bien terrible, surtout aussi jeune. « Je comprends Charlie.. Mais.. Tu n'es en rien responsable de sa mort.. Tu sais elle me disait qu'elle ne t'en voulait pas du tout, elle te défendait sans cesse en disant qu'elle préférait que tu sois loin à reconstruire ta vie, heureux. Elle ne t'en a pas voulu une seconde.. Tout ce qu'elle voulait, c'était que tu viennes lui dire au revoir.. C'est elle qui refusait que je te ramène par la peau du cul.. Elle ne voulait pas t'anéantir.. On aurait rien pu faire.. J'ai insisté par téléphone pour que tu viennes sans que je te dises quoique ce soit, parce qu'elle me l'a fait promettre.. mais maintenant.. il faut que tu viennes, Charlie, c'était son dernier souhait.. » me dit Lemon d'un ton beaucoup plus apaisé que celui du début de notre conversation. Elle avait l'air convaincue, quand elle me disait que je n'étais pas responsable de sa mort, et pourtant, je ne parvenais pas à y croire. J'avais l'impression que même si je n'étais pas responsable, je méritais de me sentir coupable. Que c'était ma punition pour les avoir égoïstement abandonnés. Je l'acceptais, même si c'était très douloureux. Je les avais fait souffrir, alors il me semblait juste que je souffre également. « On sait tous les deux que maman n'a jamais été objectif quand il s'agissait de moi. J'aurais pu commettre un attentat qu'elle ne m'en aurait pas voulu. Maman était trop aveuglée par l'amour qu'elle me portait, c'est tout. Je n'ai pas besoin que tu me réconfortes, Lemon » répondis-je d'un ton un peu sec. Si elle croyait que la mort de maman allait nous réconcilier d'un seul coup, elle se trompait. Je ne le l'aurais pas laisser me prendre dans ses bras si j'avais eu la force de la repousser. « Je viendrais. Mais… Ça ne sera pas évident de faire face à papa. Comment il vit ça ? » demandai-je. « Mal, je suppose. Il doit terriblement m'en vouloir. Je lui ai pris sa fille et sa femme ». Mon ton s'était assombrit.
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