L'idée de départ, c'est de changer les idées de Nessa. Elle a été un des premières rencontres que j'ai faite à Miami et depuis j'ai l'impression de ne plus l'avoir quitté. Mise a part son hospitalisation sur les conseils de Charlie (il pète l'ambiance lui, pff).  Quoi qu'en fait, je trouve Nessa un peu plus sereine. Bon, ça enlève pas les soucis et ça enlève même un moyen d'oublier les problèmes. Plus de drogue (même pas un petit joint, la vie est dure), plus d'alcool, plus de cigarettes. Heureusement qu'il reste les amis et le chocolat hein ! Je sais pas trop ce que ça donnerait la vie sinon. Un gros bordel. Même pas drôle. Le fait est qu'à la base, Nessa m'a appelé pour l'aider à passer au dessus du moment où un verre de vin ou de vodka est la chose la plus intéressante qui soit à l'instant même. J'ai débarqué à grand renfort de cochonneries à manger (*nicki's voice* look at her butt) et de films d'horreurs kitch à souhait. On a passé plus de temps à crier aux personnages principaux d'aller « de l'autre côté putain ! Mais t'es trop con ma parole ! » qu'à réellement avoir peur mais au moins Nessa pensait à autre chose. J'ai finalement passé la nuit chez elle et l'ai réveillée en passant outre ses grognements mécontents. Un café et hop, en selle ! Hiha. Bon, moi j'avais peut-être pris trop de café. En tout cas à l'heure actuelle nous déambulons sur la marina, sac de plage au bras, chapeau vissé sur la tête, lunettes de soleil au bout du nez. J'aime pas trop ce dans quoi j'entraine Nessa. Mais à chaque fois que j'ai été entraîné dans ses plans, ça s'est bien terminé. Alors pourquoi pas. J'ai pris la confiance wesh. Puis je sais que ça va lui plaire. Puis on se fera pas prendre. Hein ? Pas vrai ? PAS VRAI ? Auto-persuasion. Ca va le faire et on va passer un bon moment. Bras dessus bras dessous on déambule jusqu'à un ponton un peu plus reculé. Je m'assure rapidement que personne n'a les yeux posés sur nous et saute à bord d'un petit plaisancier qui coûte sûrement plusieurs années de salaire d'un ingénieur. Au moins. Ca pue le luxe a plein nez. Et c'est agréable. « Si tu compte voler ce bateau, souviens toi que je suis encore en conditionnelle, mademoiselle. » Je sais que j'ai les yeux qui pétillent, alors je me contente de la fixer avec insistance. Oui parce que, à vrai dire, j'organise la journée mais sa participation est requise. Sinon on est bloqué quoi. Triste. Finalement elle me demande élégamment de me déplacer pour la laisser faire. (Amateur toi-même.) « Je te laisse le volant, où allons nous capitaine ? » Ah ouais, j'aime être un capitaine. Je m'installe à la barre (termes nautiques et tout, ewai) et manœuvre aussi bien que je peux pour nous sortir du port. Toutes voiles dehors ! Oui bon. Y'a pas de voiles. On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a (pas). « Si je suis le capitaine t'es mon humble matelos ? Perso j'aime l'idée. Allez, fais moi briller le pont ! » Je vais pas vendre la mèche à propos du lieu où on va. Ou alors je lui fais croire que je l'abandonne en pleine mer. Blague de fifou. Maintenant le plus difficile et de me souvenir ce que j'ai vu sur internet. NON PARCE QUE JE SUIS PAS NAVIGATRICE MOI. C'est pas la foire hein ! Une fois le lieu de mon plan trouvé, je cale le bateau du mieux que je peux (si on peut éviter les égratignures mais également qu'il reparte tout seul quoi) et fait signe à Nessa de me suivre. Je suis fière de moi ! On est même pas morte ! Et nous voilà dans une petite crique accessible seulement en bateau, où tout à l'air calme et pratiquement irréel. Je pose mon sac et lève les bras au ciel « Si avec ça, ça te change pas les idées, je démissionne ! Le soleil, l'océan, du manger. On a tout ce qu'il faut. » Je suis fière de moi. Réussir à trouver de quoi lui changer les idées sans passer par l'alcool, héhé. Je réclame mon badge de scout-louveteau !  

 « Comment est-ce tu a trouver ça ?! C'est le paradis, j'adore ! »  J'aime, dans une si courte phrase, entendre que ce que je fais est réussi. Je suis sûrement une garce au quotidien mais je sais aussi faire plaisir, donc ça me va bien quand ça fonctionne. Nessa me fait un câlin de la mort en l'accompagnant d'un  « Tu es la meilleure Kitty-Cat ! »  Oh damn, j'aime entendre ça ! Woot woot ! Je fais mine de réfléchir quelques instants alors qu'elle rit. « Vas-y, redis le ? Je crois que j'ai presque un orgasme quand tu dis ça. » Je lui fais un clin d’œil en enlevant le chapeau que je porte. Elle se déshabille à la vitesse de l'éclair et je sens bien que si je ne fais pas de même, je vais finir à l'eau avec mon joli Daisy Duke de Lee 101. Et j'ai pas envie qu'il soit foutu par l'eau salée. J'entame donc la procédure aussi vite que je peux. Mes vêtements a peine tombé sur le pont du bateau, je sens Nessa me sauter dessus et tant pis pour mes cheveux parce que nous coulons comme un roc au fond de l'eau. Elle est fraîche selon moi et je sens tout mon corps se hérisser à son contact. Je sors de l'eau pour prendre ma respiration et me retrouve aspergée d'eau. Le temps de comprendre ce qu'il se passe, je lui en envoie autant au visage. Faudrait pas m'prendre pour une éponge, eh oh ! Après avoir joué pendant quelques instants comme des enfants de dix ans qui découvre l'océan, Nessa se laisse flotter doucement sur le dos. « C'est exactement ce qu'il me fallait, tu as lu dans mes pensées.. »  Je souris en coin tout en nageant vers le bateau pour récupérer mes lunettes de soleil. Je les enfile rapidement et retourne dans l'eau pour me laisser porter au rythme des vagues. « J'en avais envie alors j'en ai déduis que toi aussi. L'intelligence, tout ça, tu vois le genre ! » A vrai dire, ces dernières semaines je suis trop occupée à me torturer les méninges à propos de l'absence d'Alexis que ça fini par m'en rendre malade. Je n'ai aucun trouble alimentaire et je me porte physiquement plutôt bien (d'où tu crois qu'il débarque ce cul sexy as damn ? Eh ouais.) mais j'alterne les périodes où je vais me nourrir d'alcool puis celles où je vais baffrer tout ce qui me passe sous le nez. J'ai pas un mode de vie des plus stressant, ce serait mentir, mais j'ai presque l'impression que je suis constamment sur les nerfs, plus hargneuse qu'une femelle pitbull qui a ses règles. Easy, calm down Cat. Tout ceci pour dire que, ce break de quelques heures avec Nessa loin de tout, j'en avais besoin autant qu'elle. Alors autant joindre l'utile à l'agréable. Ou dans l'autre sens. Whatever. Je tends le bras et sens la main de Nessa flotter à quelques centimètres de la mienne. Je l'attrape et ferme les yeux. Il faut que je pose cette question qui me prend la tête depuis trop longtemps. C'est idiot parce qu'elle sera incapable de connaître la réponse, ne connaissant pas Alexis. Peut-être par sa musique, j'en sais rien, on en parle jamais. Mais pas personnellement en tout cas, c'est certain. « Nessa. Tu crois que je risque quelque chose ? J'veux dire, je suis bonne ouais, mais tout seul en tournée pendant plusieurs mois.. » Je sais même pas si elle va avoir suivi le cheminement de mes pensées ! Foutu bordel dans mon cerveau. Par contre hors de question de faire dans les larmes. We're strong women.   

 « Je te jure, j'ai souvent l'impression qu'on a été séparées à la naissance. »  Il faut avouer que physiquement Nessa et moi avons pas mal en commun. Premièrement on est bonne. C'est pas négligeable et c'est même le plus important. On a le même type de cheveux blond qui donnent l'air d'être oxydés. Et c'est sûrement cette blondeur qui nous a attaqué le cerveau et qui fait que l'on s'entend si bien. Si une connerie doit être faite, on la fera au même moment, c'est certain. Et si il faut s'envoyer des trucs à la gueule on le fera également. Ah c'est beau l'amitié. Magnifique. SUBTILE. Puis Nessa, c'est la fille qui est autant capable de me mentir pour me rassurer que me balancer mes quatre vérités à la tronche pour me bouger le cul. Ou me provoquer et m'obliger à rispoter. Comme si elle comprenait les rouages de mon cerveau sans même que je les ai moi-même compris avant. C'est bizarre, parfois flippant mais je peux pas nier que ça soulage des fois. De ne rien avoir à expliquer, ne pas justifier ce que je fais. Juste, elle accepte et c'est agréable. Alors sans réfléchir je lui adresse à haute voix ce qui me fait peur par rapport à la tournée d'Alexis. Le soleil cogne sur nos corps qui flottent, l'eau nous rafraîchi en même temps et il n'y a aucun bruit aux alentours. C'est relaxant et je me suis moi-même surprise à lui dire ça je crois. Mais c'est rassurant de l'exprimer à voix haute. Ça me soulage parce que je me rends compte que ce n'est pas si débile que ça. Un chanteur en tournée entouré de groupies hystériques prêtent à vendre père et mère pour avoir un tête à tête avec lui, faut pas me prendre pour une éponge et me faire croire que c'est la chose la plus rassurante du monde.  « T'es pas bonne, t'es LA plus bonne. » Hallelujah ma sœur ! Je ris spontanément. Voila, toujours le mot juste Nessa. « Si ce mec a le culot de fauté alors qu'il y a une fille aussi parfaite que toi qui l'attends ici, c'est le dernier des abrutis. Et je pense pas que tu craquerais à ce point sur un abruti. De plus si il ose, je vais moi même lui foutre la raclé de sa vie. Je pense que tu flippe pour rien, ce mec est sans aucun doute aussi croc que toi que possible. Je suis certaine qu'il regardera même pas une seule autre meuf. »  Je sais pas si c'est le discours que toutes les amies doivent sortir à leur copine ou si c'est vraiment sincère. Nessa me mentirait pas pour le plaisir. Si je devais faire quelque chose elle me l'aurait dit. Je ris de nouveau parce que, j'ignore comment, Nessa m’ôte un poids des épaules. Poids qui reviendra sûrement demain, voir même d'ici quelques heures, mais pour l'instant je me sens mieux. « T'as raison ! Si il fait quoi que ce soit il a plus à perdre qu'autre chose ! » Même si c'est douloureux d'admettre que ça me ferait terriblement mal. Je me redresse dans l'eau en souriant. « Puis vu que je suis parfaitement fidèle et capable de ne pas fauter, je ne vois pas pourquoi lui ne pourrait pas faire pareil. C'est humainement possible de ne pas tromper la personne qu'on aime après tout ! » Je souffle un grand coup pour évacuer le stresse puis sourit en coin. « Eh Tate, respire. » La seconde qui suit je l’entraîne au fond de l'eau en la tenant toujours par la main. J'espère qu'elle a vraiment pris sa respiration sinon elle va manger du sel par le nez. Aïe. Une fois à la surface je remets mes cheveux en arrière en riant. « Bon, ça t'a éclairci les idées ? T'as pas une envie prohibée par tes médecins que je vais de nouveau devoir endiguée en te plongeant la tête sous l'eau ? » Je lui fais une grimace et retourne jusqu'au bateau. J'y grimpe et ouvre le sac contenant la nourriture. « J'ai les crocs, tu veux quelque chose ? Une pilule, un verre de vin, un joint ? » Je ricane comme une gosse et sors une bouteille de bulles sans alcool. Eh, j'allais pas l'emmener se détendre sans au moins avoir l'illusion de boire un truc alcoolisé qui coûte cher. Et si ça peut l'aider à aller mieux d'une façon ou d'une autre, eh, c'est parti.