Par un pur hasard qui ne faisait pas bien les choses, Aloysia et moi avions prit l'ascenseur en même temps. Ça ne devait pas poser tant de problèmes que ça. Normalement. Il n'y en avait pas pour longtemps. Normalement. Mais cette journée n'était pas normale... Tout s'éteignit et l'ascenseur se stoppa. Nous restions donc dans le silence le plus complet avant de nous interroger sur les personnes qui pouvaient venir nous aider. Après ça, le silence s'installa à nouveau entre nous. Étonnement, c'est moi qui le brisais. Parce que j'en avais marre, parce qu'il fallait faire quelque chose. Même si je n'avais aucune réponse, même si je n'étais pas prêt, il fallait absolument qu'on parle et qu'on mette tout au clair.

Je restais là où j'étais, près des boutons de l'ascenseur, et glissais contre la paroi de l'ascenseur pour m'asseoir tout en parlant. Elle n'avait d'abord pas compris de quoi je parlais, pensant que j'étais resté sur le problème de l'ascenseur alors que c'était tout autre chose. « Tu veux quoi toi ? » J'haussais un sourcil face à cette question bien trop direct à mon goût. Comment je pouvais répondre à ça ?! « Parce que c’est bien joli de dire qu’on est ami et tout ce que tu veux, mais tu m’enlèveras pas de la tête que ta réaction au camping était de la jalousie… » Je soufflais en ramenant mes genoux contre mon torse.

- Je sais pas Aloysia, je sais pas... et je veux pas savoir pourquoi j'ai réagis comme ça ! Mais ça a pas vraiment d'importance en fait..j'y ai réfléchis et..j'ai compris pourquoi tu voulais qu'on s’éloigne. Je comprends parfaitement que tu penses que cette situation est étrange et c'est normal que tu veuilles que ça s'arrête, c'est pour ça que j'ai accepté. C'était bizarre ce qui s'est passé entre nous le soir de ton anniversaire..mais ça m'a pas dérangé. C'est de me poser des questions qui est flippant, mais si je m'interroge pas, mais si je me posais pas de questions, je dirais que ça me plaisait bien. C'est tout. Mais je veux bien croire que ça te paraisse juste bizarre, pour toi. Ok, non oublie tout ça, c'est pas hyper clair ! m'exclamais-je avec un sourire crispé. Je venais quand même de dire tout ce qui m'était passé par la tête ces derniers jours et, dit à l'oral c'était clairement pas plus clair que dans ma tête, trop difficile à déchiffrer.Toi, tu veux quoi ?   

 J'avais essayé de lui dire un peu tout ce qui me passait par la tête. Malheureusement, ce n'était pas très clair. Maintenant elle pouvais comprendre pourquoi je répondais que je ne savais pas. Comment je pouvais démêler toutes les pensées que j'avais dans la tête et découvrir ce que je voulais ou non ?  C'était donc à son tour de s'exprimer sur tout ça. Cette situation était étrange pour elle aussi, au moins nous étions sur la même longueur d'onde là-dessus.

Elle aussi était donc troublé par tout ça et elle avait choisi l'éloignement pour moi, pensant que ça m'aiderait. Je fronçais les sourcils face à cette révélation. Je m'étais trompé et en fais, j'aurais préféré que ma supposition soit juste. Parce que là, ça voulait dire qu'on avait véritablement un problème. Ça voulait dire que c'était réciproque. Alors c'était encore plus la merde que je pensais. « Ça t’as servi à quelque chose toi cet éloignement ? Parce que personnellement pas vraiment ! C’était une idée stupide, parce que ça m’a clairement pas permis d’oublier tout ce qu’il s’était passé ce soir-là et tout ce que ça a entraîné par la suite… »

- Nan, ça m'a servi à rien... à part me dire que tu ne voulais plus de moi dans ta vie. J'ai vraiment cru que c'était parce que tu voulais tout arrêter. Peut-être que ça aurait été préférable.

Je lui avais ensuite demandé ce qu'elle voulait, elle. Ça m'éclairerait peut-être plus après tout. Et j'avais besoin de savoir précisément. Ce serait peut-être aussi plus claire de son coté. Je ne m'attendais vraiment pas à ce genre de réponse de sa part. « Je suis pas sûr que cette réponse te convienne totalement, mais… peut-être que c’est toi que je veux… » J'en revenais pas..

- Tu veux dire en ami ou..., chuchotais-je avant de me rendre compte que c'était l'autre solution. Tu sais que j'ai jamais eu de relation sérieuse et que ça me tente pas. J'ai jamais fait ça. Tu m'attires Aloysia mais...tu sais déjà à quoi t'attendre avec moi..

J'essayais d'être le plus sincère possible avec elle. J'étais clairement pas ce qu'elle voulait. Je me rapprochais d'elle, je ne voyais que les contours de son visage baissé. A genoux à coté d'elle, je continuais de réfléchir à tout ça, mais j'aurais préféré qu'elle relève le visage.

- On peut pas. On doit pas. Surtout qu'on est partenaire... Et..et je te donnerais pas ce que tu veux.. Tu attends du sérieux et je peux pas.

Je touchais sa joue pour qu'elle me regarde enfin. J'avais envie de plus mais c'était pas possible. Il fallait juste s'habituer à tout ça, c'est tout.   

 J'avais sincèrement pensé que l'éloignement était une excuse pour nous stopper dans ce que nous avions commencé. Du moins, je me l'étais rentré dans la tête, certainement pour faire fuir toutes les questions que je pouvais me poser. Sauf que ce n'était pas le cas, Aloysia avait mis ça en place pour m'aider à savoir ce que je voulais, à réfléchir tranquillement à notre relation. Sauf que pour elle comme pour moi, ça n'avait pas été très utile. Je lui disais alors, que peut-être, il aurait été préférable que ce ne soit pas réciproque entre nous pour que tout s'arrête. « Préférable ? Non mais si tu veux qu’on arrête le patinage aussi, tu le dis ! »

- C'est pas ce que je veux ! Je dis juste que si on avance tous les jours comme on l'a fait aujourd'hui, on peut dire adieu aux championnats ! Si notre relation n'est pas bonne, alors nous ne sommes pas bons sur la glace ! J'aurais préféré que tu ne sois pas attirée par moi, ça aurait été plus simple pour nous deux.. Là, on se retrouve à plus savoir quoi faire.

Je m'étais approcher d'elle après qu'elle m'ait avoué qu'elle me voulait, moi. C'était étrange comme révélation. Je n'aurais jamais cru qu'on arriverais à quelque chose dans le genre quand nous avions commencé nos tout premiers entraînements ensemble. Elle était jolie déjà à l'époque mais nous n'avions pas la même proximité et attirance que maintenant. J'avais essayé de la faire me regarder en touchant sa joue mais elle m'avait immédiatement repoussé en me disant qu'on serait uniquement partenaire. Rien de plus.

- On est quand même amis.. A moins que ça n'ait plus d'importance.

Bien sûr Aloysia ne s'arrêta pas là. Elle avait besoin de s'exprimer et quoi de mieux que de le faire maintenant alors que je ne pouvais pas m'enfuir. « Tu te rends compte au moins que ce que tu dis n’as aucun sens ?! Non parce que tu affirmes que je te plais mais qu’au vu de ce que tu veux c’est juste physiquement  et ça c’est impossible que ça arrive juste maintenant ! Parce qu’en un an et demi, excuse-moi, mais à part les kilos en moins, j’ai pas beaucoup changé, donc franchement la prochaine fois trouves une autre excuse un peu plus crédible. Parce que si c’était vrai, ça ferait un petit moment que je te plairais ! » s'exclama t-elle en se levant.

- Qu'est-ce qui te fais dire que tu me plais pas depuis des années déjà ? Et, est-ce que tu es en train de me dire que tu penses que j'ai des sentiments pour toi, qui dépasserait l'amitié ?

Mais elle continua à me faire des reproches.

- Waouh, t'en as mis du temps avant de me sortir tout ça ! Ça doit faire quelques années que tu rêves de me balancer tout à la figure ! T'es contente ? Ça te fais du bien ! Te permet pas de me juger parce que toi tu ne fuies jamais devant rien. Je suis un lâche. Ok ! Mais j'ai essayais de faire des efforts, de me racheter. Mais tu as toujours quelque chose à me reprocher...

Je m'étais levé et approchais d'elle pendant que je parlais. Le portable d'Aloysia était toujours au sol à diffuser un assez faible éclairage.

- Comme j'ai toujours des choses à te reprocher, ajoutais-je plus bas. Je sais que je passe mon temps à fuir alors laisse-moi profiter du seul moment où je ne peux pas, chuchotais-je en passant une main dans ses cheveux et en approchant mon visage du sien.

Je réduisais alors la distance jusqu'à pouvoir l'embrasser. Plus longuement que la dernière fois. Je reculais un peu ensuite pour la regarder.

- Je veux pas réfléchir à ce que je peux ressentir. Je sais que tu considères ça comme de la lâcheté mais c'est mieux comme ça. Pour le moment. Je sais que tu m'attires. Je sais qu'on est plus que de simples amis. Je sais que j'ai encore envie de t'embrasser. Je sais que j'ai envie que ces gens se ramènent le plus rapidement possible pour ouvrir ses putains de porte et que je puisse enfin partir en courant. Je sais que tu préférerais que je ne parte pas en courant, que j'assume mon geste. Je sais que je t'énerve la plupart du temps. Toi, qu'est-ce que tu sais ?  

J'avais tenté d'expliquer à Aloysia ma façon de penser par rapport à notre attirance mais aussi au fait que nous soyons partenaire et que cela compliquait les choses. Mais elle me répondit que c'était des choses qui ne se contrôlaient pas, je pouvais bien le comprendre, mais j'avais juste voulu exprimer que ça aurait été plus simple s'il n'y avait eu aucune attirance. Je ne savais même pas ce qui avait déclenché ça d'ailleurs, d'où elle venait cette attirance et quand elle était arrivée.. De toute façon ça n'avait plus de réelle importance, surtout que maintenant Aloysia parlait de nous comme des partenaires, uniquement des partenaires, rien de plus. Ça me faisait mal d'entendre, je pensais qu'on aurait pu rester amis, malgré ça, mais elle n'était pas du même avis. « Amis ? T’es restée ami avec combien de filles avec qui t’as couché ? Non parce que là c’est la même chose sans le sexe. J’ai 24 ans, Blake, et je vais pas me faire souffrir en côtoyant un mec qui m’a gentiment repoussé. C’est peut-être ton trip, mais pas le mien ! » m'avait-elle dit.

- Une, je suis restée ami avec une seule fille. Mais je ne parlais pas de ça. Je voulais dire qu'on..qu'on essaye d'oublier tout ça, l'attirance etc...et qu'on reste amis et partenaires, comme avant …que tout revienne à la normale.

Elle s'énerva ensuite en s'éloignant de moi, me traitant de lâche. Elle lâchait totalement prise et me balancer tout ce qu'elle avait sur la conscience à la figure. Je ne savais pas si c'était mieux, si tout ça allait arranger quelque chose entre nous. Notre relation semblait être au plus bas alors que tout ce que nous avions dit était que nous étions attirés l'un par l'autre. Chez d'autres personnes, ça aurait tout de suite déclenché d'autres réactions, mais pas chez nous. En même temps c'est moi qui l'avais cherché en la repoussant, mais je ne pouvais rien faire d'autre. J'avais déjà merdé en n'étant pas sincère une fois, j'allai pas recommencer avec ce genre de bourde. J'avais voulu être honnête et voilà que maintenant je m'en prenais plein la figure.

- Je t'ai déjà reproché tout un tas de trucs Aloysia ! Du genre ton silence alors qu'il y a une foule de gens qui son prêts à t'aider au moindre problème ! Je t'ai déjà dis ce que j'avais à dire. Et j'ai déjà entendu ton petit discours sur ma lâcheté, comme si j'étais pas au courant, comme si c'était aussi simple ! Tu crois que je vais changer en un claquement de doigts peut-être ?! Il faudrait peut-être que tu apprennes que les gens ne sont pas forcément comme toi. La tolérance tu connais ?

Je m'étais lentement approché d'elle pendant que je parlais. Je la sentais de plus en plus mal à l'aise au fur et à mesure de mes pas.

- Je vois pas ce qui peut t'attirer chez moi si tout ce que je suis t'énerve, chuchotais-je alors que j'étais tout prêt à présent.

Je savais d'avance que j'allais succomber à mon envie, parce que je ne pouvais pas m'enfuir. Et Aloysia ne le pouvait pas non plus. Elle m'avait dit de ne pas le faire mais je sentais qu'elle ne voulait pas vraiment, qu'elle céderait elle aussi. Et ça avait été le cas puisqu'elle avait répondu à mon baiser. Je m'éloignais ensuite un peu et lui parlais un peu plus calmement, faisant une liste de tout ce que je savais, et je lui demandais ensuite ce qu'elle savait, elle. Le début de sa réponse me fit sourire mais j'haussais un sourcil surprit pour la suite de sa phrase. Je comprenais enfin où elle voulait en venir quand elle me tira à elle et m'embrassa à son tour. Je souriais alors totalement contre ses lèvres avant de me rapprocher encore plus, posant mes mains sur son visage et dans ses cheveux. On était très loin du bisou de quelques secondes qui avait eu lieu le jour de son anniversaire mais ça n'avait rien pour me déplaire. Elle avait dit qu'elle le regretterait mais elle ne voulait pas aux conséquences de tout ça pour le moment. Alors je comptais bien lui faire oublier. Mes mains se déplacèrent sur ses hanches pour la soulever et qu'elle mette ses jambes autour de ma taille alors que je la plaquais à nouveau contre la paroi de l'ascenseur. Ma bouche s'écarta de la sienne pour venir explorer son cou tandis qu'une de mes mains caressait le bas de son dos. Son portable se mit alors à vibrer alors qu'il se trouvait au sol. J'avais bien envie de le balancer ailleurs mais je préférais juste ne pas en prendre en compte et me concentrer sur la bouche d'Aloysia que j'embrassais à nouveau.