Kenneth & Lukas

Rencontre rose

Avec April nous formions un couple banal. Nous étions ensemble depuis plusieurs années maintenant et nous partagions vraiment tout ensemble, à l’exception de ma double vie peut-être. Non attention ne vous méprenez pas je ne suis pas un homme infidèle vivant avec plusieurs femmes à la fois et des enfants aux quatre coins du monde, non. J’avais juste un second emploi dont je ne voulais pas que ma bien-aimée apprenne son existence. Trafiquant de drogue ? Tueur à gage ? Ou à quoi d’autres pensez-vous ? Non rien de tout cela. Mon second métier, si je pouvais le nommer comme ca, était un emploi qui payait bien et qui était tout à fait légal : opérateur de téléphone rose.

Je savais qu’April n’aurait jamais compris pourquoi je faisais ça et elle aurait sans doute très mal pris le faite que je donne du plaisir à des inconnues via un mobile. Je ne venais pas d’une famille richissime comme la sienne. Mon patrimoine était modeste et mes parents ne pouvaient se permettre de financer mes études de médecine. Pour pouvoir rembourser mon crédit au plus vite sans accumuler les taux faramineux qui faisaient exploser la somme empruntée, j’avais cherché des petits boulots qui payaient bien. Malheureusement, des boulots étudiants qui payent bien ca n’existent que dans les films. Un jour, un étudiant de mon école de vétérinaire est venu à moi me vanter le recrutement pour la société de téléphone rose. Payer presque 1 000 dollars par mois, plus les primes en cas de bons chiffres d’affaires, j’ai sauté sur l’occasion. Depuis je n’ai pas décroché et je suis même devenu l’un des plus doué du service téléphonique.

Ce soir une rencontre ancien/nouveaux employés était organisée par la société afin de parrainer les petits arrivants. Étant un employé « modèle », on m’avait vivement conseillé, ou plutôt devrais-je dire, obligé à y assister. J’avais dit à April que mon cabinet vétérinaire organisé un pot pour célébrer un bon chiffre d’affaire et je m’étais rendu à l’adresse indiqué. Je me dirigeai directement vers le bar où je demandai une bière. Un jeune homme me servit immédiatement avec un sourire charmeur. Est-ce que j’avais l’air gay ? Je lui rendis son sourire poliment avant de m’adosser au bar et écouter notre chef de secteur faire son discours. J’avais échappé de peu à l’honneur – c’est ironique bien entendu – d’en faire un. Je bu une gorgée de ma bière et quand mon chef prononça mon nom en me pointa de la main, je levai ma bière avec un petit sourire avant d’en reprendre une gorgé. Je m’éloignai du bar pour aller vers un jeune homme d’à peu près mon âge, un peu en recul de la foule attentive.

« Je peux me joindre à ta solitude ? »

C’était un nouveau car il portait un badge bleu avec son nom écrit dessus. Kenneth. Le mien était rouge car je faisais partis de la catégorie des anciens. Certaines personnes ne souhaitaient pas y apposer leur vrai patronyme alors il se contentait de leur nom de scène comme j’aimais le dire. Le mien était Luc, mais je n’avais aucune honte écrit Lukas sur mon badge.

« Kenneth, on prononce Kennette ou Kenness ? » dis-je pour engager la conversation.

Quoi de plus banal que d’échanger sur la prononciation de son prénom. Peut-être que mon nouveau collègue n’avait pas envie de s’étaler sur sa vie personnelle et préférait rester anonyme. Le téléphone rose était une grande famille d’une diversité incroyable. Chacun avait des origines différentes, des parcours différents et des avenirs différents. Vous pourriez être surpris des gens que vous rencontreriez dans une telle rencontre comme aujourd’hui. Ce n’était pas seulement des cassos comme diraient certains, non il y avait de tout. De la mère de famille respectable au jeune étudiant en droit ou en médecine.

Kenneth & Lukas

Rencontre rose

Une soirée avait été organisée dans l’entreprise pour nous faire rencontrer les autres membres. Je venais à peine de commencer la formation pour être opérateur de téléphone rose et je n’étais pas vraiment à l’aise avec cette idée de le fêter et de rencontrer d’autres personnes. Habituellement, je n’étais pas de nature timide surtout vu mon passif d’escort boy mais je n’étais pas quelqu’un de très sociable. De plus, je ne me faisais pas encore à ce nouveau travail. Je n’arrêtais pas de me demander si ce n’était pas une erreur et si ce que je faisais ne me ferait pas prendre à nouveau un nouveau chemin. Toutefois, j’en revenais toujours à la même conclusion au final. J’avais besoin d’argent et ça payait bien. De plus, cette fois, ce n’était pas illégal et c’était un point non négligeable. Malgré tout cela, il restait quand même un point négatif. Je n’avais rien dit de cette nouvelle activité à Bailee. J’attendais d’arriver à la fin de la formation et de tester pendant un mois avant d’évoquer le sujet avec elle. En temps normal, je l’aurais fait directement mais les choses étaient déjà difficiles depuis l’épisode Madison. Je ne pouvais pas me permettre de faire ça maintenant.

Même si l’envie n’y était pas, je m’étais rendu jusqu’à la soirée. De toute façon, c’était obligatoire. On ne m’avait pas laissé le choix et je ne pouvais pas me permettre de perdre ce travail juste parce que je ne voulais pas sortir ce soir. En arrivant à l’entrée, on m’avait demandé mon nom avant de me tendre un badge bleu avec mon patronyme dessus. Génial ! J’étais ridicule. Je m’étais avancé dans la salle et sans perdre de temps, un verre avait atterrit dans l’une de mes mains. Un homme monta sur scène pour s’approcher du micro. C’était ce même homme qui m’avait fait passer l’entretien. Je n’en étais plus sûr à cent pour cent mais je mettrais ma main à couper qu’il était le gérant de l’entreprise. Je n’écoutais pas vraiment ce qu’il racontait. J’en avais même profité pour m’écarter un peu de la foule en m’adossant contre un mur alors que je dévisageais toutes les personnes présentes. Ils étaient vraiment tous différents. Certains plus à l’aise que d’autres. En les regardant, je m’étais sentit un peu idiot d’avoir décidé de venir avec ce costume. J’étais un peu trop habillé et j’avais l’impression d’être toujours dans mon rôle d’escort boy.

Une voix m’avait fait sursauter avant que je ne me tourne vers le jeune homme à côté de moi. Par réflexe, mes yeux s’étaient posé sur son badge. Rouge. Un ancien. Apparemment, il s’appelait Lukas. Je n’avais pas répondu à sa question, un peu méfiant. « Kenneth, on prononce Kennette ou Kenness ? » me questionna-t-il. J’avais froncé les sourcils. C’était la première fois qu’on me posait cette question. « Ça dépend des gens mais généralement, les gens me disent que ça rime avec canette alors je dirais que c’est la première proposition. » répondis-je simplement en haussant les épaules.

Je me doutais qu’il tentait de faire la conversation même si ça restait quand même une question bizarre. Je ne savais pas quoi lui dire de plus. J’étais un peu mal à l’aise, une chose qui m’arrivait très rarement. Je tenta tout de même de prendre un peu sur moi pour faire aussi un peu la conversation. « Depuis combien ? » demandais-je avant de reprendre en comprenant que ma question n’était pas très précise. « Tu travailles ici depuis longtemps ? » repris-je en le regardant. Je ne me voyais pas rester plusieurs années mais pour l’instant, je n’imaginais rien d’autre.

Kenneth & Lukas

Rencontre rose

Je n’aimais pas être le centre de l’attention. Comme tout le monde, je pense, j’appréciais les flatteries, mais me retrouver pointé du doigt devant une salle remplie d’inconnus c’était trop pour moi. J’avais fait ce que je devais faire en saluant l’assemblée lorsque notre patron me présenta puis je m’étais éloigné. Je m’étais approché d’un nouveau qui s’était lui aussi un peu exclu. J’avais engagé la conversation sur le nom indiqué sur son badge de couleur bleue.

Je ne voulais pas paraitre trop envahissant ni trop curieux. Si le jeune homme s’était éloigné de la foule et de notre patron avec son discours présomptueux c’était peut-être parce qu’il ne souhaitait pas être dérangé. Kenneth me répondis ave un air plutôt détaché que son prénom rimait avec canette. Cela me fit esquisser un sourire et je pris une gorgée de ma bière tenue en main. Je sentais bien qu’il ne souhaitait pas parler d’avantage. Avant qu’un malaise ne se mette en place j’ouvris la bouche mais il me devança avec une question dont je ne saisi pas le sens. Je fronçai les sourcils essayant de comprendre et mon nouveau collègue se rattrapa en me demandant si cela faisait longtemps que je travaillais ici.

« Oui je suis un vieux ici. Cela fait … Hmm … » Je me mis à compter sur mes doigts de libres depuis combien d’années je faisais parti de cette grande famille. « Cela va faire prochainement cinq ans si je ne me trompes pas. »

J’avais commencé ce boulot pendant mes années d’études de vétérinaire et ensuite je l’avais continué jusqu’à aujourd’hui ne pouvant me permettre de perdre ce salaire onéreux. Ce n’était pas une somme astronomique que nous percevions mais c’était plus que je n’aurais jamais avec un autre petit boulot.

« Ton costume a du te couter une fortune, alors par curiosité pourquoi rejoindre l’entreprise ? »

Je regardai le jeune homme attendant une réponse. Je ne m’offusquerais pas s’il ne souhaitait pas me répondre, préférant garder pour lui son petit jardin secret. Ce qui avait de bien avec ce boulot et ce genre de réunion annuelle, c’était le contact humain. On apprenait beaucoup sur les gens. On y voyait bien plus que des apparences.

Kenneth & Lukas

Rencontre rose

Cinq années. Il était dans l’entreprise depuis au moins cinq ans. C’était difficile à imaginer. Je voyais ce poste comme du dépannage et pas comme quelque chose de permanent. Ma plus grande peur était de rester trop longtemps à cette place et de plus vouloir en bouger à cause de l’habitude et de l’argent facile. J’avais déjà un gros problème d’argent qui était apparu lors de mon job d’escort et je ne voulais surtout pas replonger dedans même si je n’avais pas tellement le choix. Je me demandais si ce travail lui plaisait ou s’il restait surtout par obligation. Toutefois, je n’étais pas à l’aise à l’idée de lui poser la question. C’était un peu indiscret et je ne voulais pas qu’il pense que je jugeais ses choix. De toute manière, je n’étais pas en position de juger puisque j’étais là à présent. En y pensant, je n’avais pas besoin d’être gêné d’être dans l’entreprise. Nous étions tous au même niveau. « Ton costume a du te couter une fortune, alors par curiosité pourquoi rejoindre l’entreprise ? » me demanda Lukas en me regardant. Sur le moment, je ne savais pas quoi répondre. Je n’étais pas prêt à lui parler de mon passé d’escort boy. Je n’en avais pas honte mais les gens avaient tendance à me regarder différemment après ça. Pour une fois, je voulais être comme tout le monde et pas comme le type qui sortait avec des femmes et plus si affinité juste pour le pouvoir et l’argent.

« Il faut se méfier des apparences. » déclarais-je dans un premier temps en cherchant une bonne tournure de phrase pour expliquer que je n’étais là que pour me faire un peu d’argent pour vivre et avoir un toit sur la tête. En gros, j’étais pauvre avec un costume qui valait plus que ce qui me restait sur mon compte en banque. « Je manque un peu de moyen en ce moment et j’ai trouvé par hasard cette opportunité. » rajoutais-je en déboutonnant un peu la veste de mon costume. Je me sentais soudainement vraiment à l’étroit dans ses vêtements. Ce choix était stupide. Je ne ferais pas deux fois cette erreur. « Et toi ? Qu’est-ce qui t’as fait choisir ce métier ? » Demandais-je en me rendant compte que je le tutoyais. Il avait à peu près le même âge que moi et je me voyais mal utiliser le vouvoiement.

Même s’il était présent depuis des années, je ne pensais pas qu’il voyait ce métier sur le long terme. Ce n’était pas vraiment un métier d’avenir. J’avais passé ma main sur ma cravate pour la desserrer un peu dans le but de respirer plus facilement avant de boire une gorgée de mon verre. Avec le temps, peut-être que je l’accepterais mieux. Je n’étais qu’au début et j’en étais à peine à ma formation. Bientôt, j’allais être plongé dans le grand bain et je ressentais une petite angoisse de ne pas être à la hauteur. Lorsque j’étais escort, c’était mon élément. J’étais le meilleur et je me sentais fait pour ça. Être au téléphone, c’était une autre histoire.

« Est-ce que ça te plait de faire ça ? »

Kenneth & Lukas

Rencontre rose

Au début j’avais sentis Kenneth un peu réticent à la conversation, mais j’avais l’impression du contraire maintenant. Il devait sans doute se méfier de moi ou bien être un peu timide. Je me rappelais de ma première réunion. Je me sentais mal à l’aise et pas à ma place. Je devais me faire de l’argent alors j’avais accepté ce métier de l’ombre. Me retrouver à la lumière du jour entourés de gens de divers horizons me faisait m’interroger sur moi-même et sur ce que j’allais faire. J’étais un garçon de ce qui à le plus normal. Je ne me droguais pas, je n’étais pas alcoolique et je n’avais jamais fait de prison. Un garçon simple et bien intégré dans la société. J’avais appris bien vite que l’image que je me faisais des gens de ce milieu était totalement fausse.

Kenneth était vêtu d’un costume hors de prix qui attisa ma curiosité. Qu’est-ce qu’un homme habillé de la sorte venait-il faire dans une entreprise de téléphone rose ? Je ne pu m’empêcher de lui poser la question sans attendre de lui une réponse très détaillée. S’il souhaitait déjà réponde à mes interrogations ce serait bien. C’est ce qu’il fit en effet, d’abord d’une réponse simple et puis il l’étoffa quelque peu en me confiant qu’il avait des soucis financiers, comme nous tous ici je pense. Il déboutonna sa veste d’un geste habile. Cela se voyait dans sa façon de faire qu’il avait l’habitude de s’habiller de la sorte. Que pouvait-il bien faire dans sa vie ? Je réprimai ma curiosité pour répondre à sa question.

« Les études ca coûtent extrêmement cher et les crédits encore plus ! » dis-je simplement en buvant une gorgée de ma bière pour faire passer le douloureux souvenir de mon compte en banque.

Même si je versais presque tout l’argent que je gagnais dans mon prêt étudiant, cela ne suffisait toujours pas. Cela ferait presque trois ans et j’avais toujours l’impression d’être autant noyé par la banque. Je détestais notre système. On coulait la jeunesse avant même de pouvoir les laisser entrer dans la vie. J’observai Kenneth qui desserrait sa cravate un peu trop noué à son cou certainement.

« Si ca me plait de faire ce boulot ? » demandais-je plus à moi-même qu’à mon collègue. « Je ne vais pas dire que j’adore cette profession, mais avec le temps j’arrive à en tirer un peu de plaisir afin de ne pas être complètement déprimé de dire toujours la même chose, et de me coller un rôle sur le dos qui n’est pas du tout moi. »

Je détestais l’image que je pouvais renvoyer de moi lorsque je faisais mon boulot d’opérateur. Moi qui était plutôt une personne de romantique, oui je n’avais pas peur de le dire, de doux, je me devais d’être cru et violent par mes mots quelques fois. C’était une des raisons pour laquelle je ne voulais pas qu’April soit au courant, j’avais peur qu’elle me regarde différent même si nous nous connaissions depuis tout petit. J’avais laissé vaquer mon regard sur la foule qui avait commencé à se disperser. Je n’avais pas fait attention que le discours était terminé et que nous avions étaient invités à nous servir au bar, chose déjà faite pour ma part et celle de Kenneth. Je le vis un peu mal à l’aise lorsque je reportai mon attention sur lui.

« Viens, suis-moi. »

Nous passâmes devant le bar où je chipai une bière en attente d’être servie et emmena Kenneth à l’extérieur loin de cette foule. Il y avait un léger petit coin de pelouse avec des chaises installées. Je m’assis sur l’une d’elle et invita Kenneth à faire de même.

« Ne te méprends pas je ne suis pas gay et ceci n’est pas un rendez-vous romantique ! » dis-je sur le ton de la plaisanterie.

Je ne voulais pas qu’il se méprenne sur mes intentions. Il ne me connaissait pas, je ne le connaissais pas autant mettre les choses aux claires avant qu’un certain doute et un malaise ne s’installe entre-nous.

Kenneth & Lukas

Rencontre rose

Il faisait ça pour ses études. Je n’étais qu’à moitié étonné. Au moins, au final, il aurait une vie après tout ça. J’avais envie de lui dire qu’il avait beaucoup de chances même si je m’étais retenu pour ne pas paraître trop grossier. J’aurais souhaité faire de même et suivre un cursus à l’université mais ma vie était un sacré désastre et quand j’avais tenté d’intégrer l’université de la ville, j’avais brillamment foiré mon entretien d’admission et mes tests. A cette époque, je n’avais pas pensé aux crédits. Si je l’avais fait, je pense que je n’aurais même pas tenté. Finalement, je me serais sans doute retrouvé au même endroit. La différence c’est que j’aurais pu entrevoir l’avenir tandis qu’en ce moment, je ne savais même pas ce que j’allais devenir à la fin du mois. Je ne sais pas si j’avais bien fait de lui demander si ce job lui plaisait ou non. Je trouvais que ça montrait facilement toute l’angoisse que je pouvais ressentir. Mais quelque part, sa réponse m’avait rassuré. Je n’étais toujours pas confiance mais j’envisageais la possibilité que je pouvais tout comme lui apprendre à y tirer un certain plaisir.

Habituellement, je n’étais pas quelqu’un de timide. J’adorais séduire et rentrer dans un jeu avec une femme. Je trouvais cela à la fois amusant et plaisant. Tout se jouait surtout sur le physique et la façon de parler. Pourtant, le téléphone rose me donnait un peu plus de fil à retordre. Ça ne se voyait sans doute pas mais je n’avais jamais été un grand bavard quand je voulais séduire quelqu’un. Je préférais utiliser le toucher. Imaginer donner du plaisir à une femme par téléphone était inconcevable à mes yeux. Toutefois, j’allais devoir le faire.

Quand Lukas me demanda de le suivre, je n’avais pas réfléchis et obéis. J’avais toujours du mal à accorder ma confiance mais c’était lui ou rester seul contre le mur en regardant tous les invités près du bar. Je le vis attraper une bière sur le chemin ce qui me fit esquiver un petit sourire. Il avait l’air sympa et plutôt cool. On se rendit à l’extérieur sur la pelouse. Il s’était assit le premier en me faisant signe de faire la même chose avant de m’informer qu’il n’était pas gay. Je m’étais mit à rire et je dois avouer que ça faisait du bien. Un rire sincère qui me permettait de me détendre un peu en prenant l’air.

« Je suis rassuré alors ! » dis-je en m’asseyant sur une chaise en souriant. « Je le serais encore plus si tu me disais que tu avais déjà une femme dans ta vie. » rajoutais-je en plaisantant. Je ne savais pas si ce dernier était en couple. Ça ne devait pas être de tout repos. « Je ne sais pas pourquoi je stresse autant pour une soirée mais… c’est juste que ça m’a l’air concret maintenant et j’ai un peu de mal à m’imaginer répondre au téléphone pour exciter une femme à l’autre bout du téléphone. » avouais-je. « Honnêtement, je ne sais pas si j’en suis réellement capable. »

Kenneth & Lukas

Rencontre rose

Kenneth m’avait suivit dehors lorsque je lui demandai de me suivre. J’avais pensé que cela serait un meilleur endroit pour discuter avec le nouveau qui n’avait pas l’air très à sa place. Je ne souhaitais pas qu’il prenne peur et fuis, d’accord c’était mon rôle en tant qu’ancien, mais aussi parce qu’il avait vraiment besoin d’argent c’était un bon compromis pour ne pas tomber dans quelque chose d’illégal et dangereux. Assis au font de la chaise je bu de ma bière. J’avais lancé une petite vanne en disant que je n’étais pas gay ce qui eu pour effet de faire rire le jeune homme. Ce n’était pas mon intention première mais j’étais assez content de le voir rire de bon cœur. Le rire permettait d’évacuer le stress.

« En effet j’ai aussi la plus belle femme du monde dans ma vie ! »

J’étais vraiment fière d’April, elle était ma plus belle réussite. Je l’aimais et je la chérissais du mieux que je pouvais chaque jour à chaque instant. Bien évident comme tout bon petit couple normal, nous avions aussi nos grosses disputes, mais ce n’était rien comparé au bonheur des autres jours. Je me redressai sur ma chaise pour faire face à Kenneth qui me confiai ses doutes concernant son nouveau boulot.

« Écoute, honnêtement c’est pas facile tout les jours. Je ne vais pas être comme certains collègues qui pourraient te vanter tout les bons côtés au détriment de mauvais. Tu sais ce qui aide ? La littérature érotique ! C’est en pleine expansion en ce moment tu as de la chance ! C’est ce qui m’aide à développer mon imagination. »

J’esquissai un sourire en repensant aux divers bouquins planqués dans une caisse chez mes parents. A mes débuts, ne sachant pas trop comment bine parler aux femmes qui demandaient du sex, j’avais fait des recherches sur internet puis de fils en aiguilles je m’étais mis à lire de la littérature érotique. Bien évidemment je ne pouvais nier m’être inspiré quelques fois de films classés X vu dans ma jeunesse.

« Te prends pas la tête franchement, la plupart des clientes sont des ménagères en manque de cul ou bien de jeunes puceaux qui s’amusent à tester les lignes roses. Après tu auras tes fidèles et avec elles tu sauras comment t’y prendre comme si c’était ta copine … Je sais c’est assez dérangeant de dire ca mais c’est la vérité. »

J’appréciais lorsque des petits jeunes appelaient pour rigoler. Peu importe qui était au bout du fil, tant que je les faisais banquer moi ca m’allait. En les faisant bien participer il était facile de faire exploser leur crédit de consommation, ah les jeunes …

Kenneth & Lukas

Rencontre rose

Un sourire s’était dessiné sur mes lèvres quand il m’avait appris qu’il était en couple. J’en déduisais qu’un travail comme celui-ci n’empêchait pas une relation. De plus, il me paraissait très amoureux de cette fille. Je le trouvais chanceux mais en même temps, je ne m’imaginais pas vraiment à sa place. Je n’étais pas vraiment de ce genre là. Je n’étais pas non plus volage ou infidèle. Je dirais simplement que je ne m’imaginais pas posé dans une relation totalement normale sans aucun drame et où seul l’amour compterait pour moi. J’étais plutôt le genre de personne à faire souffrir ou m’embarquer dans quelque chose qui ne finirait jamais par aboutir. Avec Bailee, les choses étaient compliquées en ce moment et ça le serait encore plus si je venais à lui dire la vérité à propos de ce nouvel emploi.

Mes craintes à propos de ce job avait fini par sortir de ma bouche comme si je cherchais à tout prix une réponse à un acte désespéré. Je trouvais ça embarrassant. Pourtant, Lukas parlait comme si nous étions en train de parler de fruits et légumes au supermarché. Le sexe n’était pas un sujet tabou pour moi d’ordinaire et je ne comprenais pas cette gêne soudaine. Sans doute parce que je ne le connaissais pas encore très bien ou alors parce que j’avais peur de retomber dans mes anciens vis et que j’étais angoissé à l'idée qu'ils remontent à la surface. Lukas avait beau m’expliquer que la littérature érotique était d’une grande aide, j’avais un peu de mal à m’imaginer lire ce genre de livre. Même si c’était en expansion, je ne me considérais pas comme chanceux. Cependant, il avait raison sur une chose, je devais arrêter de me prendre la tête. Cela viendra avec le temps.

« J’ai une question. » commençais-je en me repassant ses paroles dans la tête. « Vous avez essentiellement des femmes, pas vrai ? » le questionnais-je avant de reprendre pour préciser où je voulais en venir. « Il vous arrive d’avoir des mecs ? »

Je n’étais pas gay mais j’imaginais qu’au final, femme ou homme, nous devions faire notre travail sans discuter. Ce serait sans l’ombre d’un doute la chose la plus difficile à faire. Pourtant, j’avais déjà dépassé mes limites lorsque j’étais escort mais le téléphone rendait les choses plus complexes à mes yeux. Plus difficile de simuler à l’intonation de la voix. Pour le reste, ce n’était pas un problème. Parler à des femmes fidèles comme si c’était mes copines étaient du déjà vu. J’appréciais plutôt ça, aussi bizarre que cela puisse paraître.

Kenneth & Lukas

Rencontre rose

En compagnie de Kenneth, je me sentais un peu comme un grand frère. Il débarquait dans notre milieu du téléphone et était plein d’interrogations. Du mieux que je le pouvais je le rassurais en répondant aux questions qu’il me posait. Il était vrai que lorsque j’avais commencé ce boulot, j’étais un peu perdu également. L’image du téléphone rose était plutôt angoissante. Ce n’était pas un boulot très respectable ni très amusant en soit mais j’avais réussis à y trouver un peu de plaisir quelques fois. Ne vous méprenez pas je n’y ai pas trouvé de l’excitation sexuelle ou quelque chose de près avec cela, mais plutôt du plaisir à tourner en dérision ce que je faisais. Kenneth me demanda ensuite s’il nous arrivait de recevoir des clients masculins.

« Essentiellement ce sont des femmes car notre ligne est spécialisée pour elles, mais c’est vrai qu’il m’est arrivé de tomber sur des hommes. Je n’ai rien contre l’homosexualité, mais c’est vraiment étrange de devoir jouer un gay. »

Je repensais aux rares fois où je m’étais retrouvé dans une telle situation. La première fois j’avais été complètement déstabilisé par cette confrontation mais j’avais arrêté de réfléchir et cela s’était bien passé.

« De toute façon dis-toi que tu l’argent rentre à la minute alors même si c’est pas top faut juste les faire rester en ligne le plus longtemps possible ! »

Je finis ma bière que j’avais bue au fur et à mesure de notre conversation. Le ciel étoilé s’étendait à perte de vue devant nous. Nous étions certes en ville, mais certains coins de Miami offraient un spectacle unique quelques fois.

« Tu es d’ici ou bien tu es nouveau en ville ? C’est pas pour faire ma petite fouine, je te demande ca parce que si tu connais pas le coin je peux te faire visiter si tu veux, et même si tu connais on peut s’éclipser. En vrai j’avais pas le moins du monde envie d’être ici ! »

Je m’étendais sur ma chaise puis regardai Kenneth. Peut-être avait-il envie de rester, ce qui m’aurait étonné, mais peut-être aussi avait-il juste envie de rentrer chez lui ?

Kenneth & Lukas

Rencontre rose

J’étais clairement un novice en la matière. Je détestais cette sensation de sauter dans le vide en me demandant si j’étais à la hauteur de l’exercice. Certes, j’avais eu pas mal de relations dans le passé et j’étais même un ancien escort boy. Seulement, je basais l’essentiel de mon charme sur mon sourire. Sans ça, j’étais un peu perdu et mon sourire n’allait pas pouvoir m’aider dans le monde du téléphone. Je posais toutes les questions qui me passaient par la tête même les plus étranges. Je n’avais pas de soucis avec les garçons qui étaient attirés par les mecs mais ce n’était pas mon truc. « Essentiellement ce sont des femmes car notre ligne est spécialisée pour elles, mais c’est vrai qu’il m’est arrivé de tomber sur des hommes. Je n’ai rien contre l’homosexualité, mais c’est vraiment étrange de devoir jouer un gay. » Un faible soulagement m’avait parcouru en apprenant que cette ligne était exclusivement spécialisée dans les femmes. Je sortirais de cette soirée beaucoup moins con qu’en arrivant, c’était un bon début.

J’avais hochais la tête en entendant Lukas continuer de parler. Il avait raison. Le but était de faire parler les gens au bout du fil. C’était ce que j’avais à faire pour avoir un bon chèque à la fin du mois. J’en avais besoin. Surtout si je voulais récupérer une moto et avoir enfin mon indépendance avec mon propre appartement. « Tu es d’ici ou bien tu es nouveau en ville ? C’est pas pour faire ma petite fouine, je te demande ca parce que si tu connais pas le coin je peux te faire visiter si tu veux, et même si tu connais on peut s’éclipser. En vrai j’avais pas le moins du monde envie d’être ici ! » m’avait-il confier en s’étendant sur sa chaise. Un sourire s’était étendu sur mes lèvres. Je n’étais pas le seul à être venu à reculons.

« Pour être honnête, je ne voulais pas venir non plus. » lui confiais-je à mon tour même si je pense qu’il s’en doutait un peu. Je n’avais pas été très sociable et à l’aise depuis que j’étais rentré dans la salle. « Je viens de revenir à Miami. J’y ai vécu un an mais je suis partit quelques mois pour voir d’autres paysages donc je connais plutôt bien cette ville. » Rajoutais-je pour lui répondre. Je n’avais pas été entièrement sincère mais ma cure de désintox, mon job d’escort et mes soucis en Thaïlande n’étaient pas des sujets dont j’avais particulièrement envie de parler ce soir.

J’avais pris l’initiative de me lever le premier pour lui faire comprendre que j’étais totalement pour l’idée de dégager d’ici pour aller faire un tour. Je n’attendrais pas qu’on me le dise deux fois. « Qu’est-ce que tu proposes ? » lui demandais-je pour savoir s’il avait une destination à l’esprit.


Ps : Je suis vraiment désolé, je n'avais pas vu la notif pour ce rp. Honte à moi et désolé de t'avoir fait attendre.