La nuit a été longue, trop longue. Remuer sans cesse la soirée dans ma tête, entendre les mots percuter mon crâne. Avoir les yeux bouffis, des hauts le cœur, l’impression que celui-ci est brisé en mille morceaux, l’avoir envie de crier ma douleur mais de rester muette. Juste se taire, encaisser et relever la tête. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, n’est-ce pas. J’avais payé la baby-sitter qui était étonnée de me voir revenir aussi tôt. Je me suis excusée et elle est partie. J’ai été voir mon fils dormir, je suis restée plusieurs minutes, même peut-être une heure à ses côtés à le regarder dormir, calquer ma respiration sur la sienne, essayer de me sentir apaisée. Mon fils, mon rayon de soleil, celui pour qui je ferais tout. Je passe mes doigts sur ta petite peau si douce, qui sent bon la crème pour bébé, je te mangerai bien tout cru. Finalement je me suis plantée dans la salle de bain et je me suis assise sur le carrelage froid, je suis restée longtemps comme ça, avant de me décider à me déshabiller et me laisser tomber dans le lit. Je suis restée en boule et j’ai regardé les minutes passer sur le réveil, ce réveil digital aux chiffres rouges.
Je me suis levée avec les yeux bouffit, une tête de déterrée. J’ai passé du bon temps avec Logan, prenant le temps de lui donner son bain, son déjeuner dans la bonne humeur. Je n’aime pas montrer mes faiblesses face à lui, c’est une éponge, et les enfants ressentent souvent ce genre de chose. Je suis donc restée à mon habitude, peut-être plus collante que d’habitude. J’avais pris une grande décision, j’allais partir. Ce qui s’est passé hier m’a beaucoup blessé, de trop. Je ne pouvais pas supporter tout ça et je devais faire le point. Et je pense que James aussi, il devait se mettre aux clairs dans ce qu’il ressent et surtout ce qu’il veut. Il n’est pas rentré de la nuit, je n’ai pas cherché à le joindre non plus. J’avais fait un sac avec plusieurs affaires et il m’attendait prêt de la porte.

Je ne sais pas comment je vais réagir face à James mais en tout cas je ne comptais pas me mettre en colère, crier ou autre chose encore. Je pense que je suis blasée par la situation qu’autre chose, je pense surtout que je cherche la paix en ce moment. Oui c’est ça, pouvoir souffler quelques instants et de ne me retrouver moi-même. Déjà que la situation avec la perte du bébé n’a vraiment pas été facile à gérer mais rajouter celle-ci, c’était le pompon. Il rentre dans l’appartement, il a l’air vraiment mal en point et je suppose qu’il a mal dormi. Je ne dis rien, je lui accorde un regard rien de plus. C’est bizarre parce que je me sens plutôt sereine. Peut-être la lassitude de voir mon couple partir en vrille. Il s’approche et pose sa veste sur le dossier de la chaise avant de s’installer sur le canapé. Logan courir directement vers son père, ce qui m’arrache un sourire. Je ne pourrais jamais me lasser de voir ce genre de scène. Nous devions rester correctes, au moins pour Logan. Je pense avoir mis trop d’espoir dans notre couple, nos cohabitations. Sûrement. En tout cas, je ne m’y sens plus à ma place et je déteste me sentir mal à l’aise, c’est clair que je devais quitter ce lieu pour me retrouver dans un endroit plus neutre. Tout avait été dit hier, je n’avais pas réellement envie de revenir sur ce sujet, après tout je ne suis pas bête et j’ai très bien compris ce qui s’est passé. Je n’ai pas envie de remuer le couteau dans la plaie et de sentir de nouveau mon cœur se briser. Je reste quelques minutes silencieuses, lui laissant le temps de rentrer quand même. Finalement je m’approche de lui, doucement, à pas de loup. « James ? » Dis-je doucement. Il devait peut-être étonné de me voir aussi calme, ou pas. « Je ne pense pas que c’était une bonne idée d’habiter ensemble si rapidement et … Enfin j’ai pas trop envie de m’étaler sur ce qui s’est passé hier, on ne peut plus faire marche arrière quoi qu’il en soit. Je … Je vais te rendre les clés et je vais trouver un logement et on va faire comme on a dit depuis le départ, pour Logan. » Dis-je alors que mes yeux se posent sur mon fils en train de jouer un peu plus loin, un regard attendrit devant ma merveille. « Je vais te laisser réfléchir à tout ça, m’avoir dans tes pattes ne va pas t’aider. Je suis sûr que tu es d’accord avec moi, n’est-ce pas ? » Un calme olympien. « Si ça ne te dérange pas, juste que je vienne chercher le reste de mes affaires plus tard … ? »