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[ Rihanna & Alan ]

Lieutenant Marchelozzo. Voila un titre, un grade que je n'entendrai plus jamais me concernant. La faute à cette attaque que nous avions subit il y à quelque mois. La faute à cette blessures qui ne guérira jamais et qui m’empêchait d'exercer le métier que j'aimais et qui paradoxalement était la cause de mon malheur.

Il fallait tourner la page maintenant et passer à autre chose, ici, à Miami. Je n'avais pas encore eu le courage de postuler à certains postes que l'on m'avait conseillé car j'avais besoin de temps pour retrouver une motivation à me reconvertir dans une autre branche professionnelle. Mais, bientôt, je n'aurai pas le choix car ma pension ne me permettait que de survivre ici à Miami et j'avais choisi le centre ville pour une bonne raison : Pouvoir être à proximité des entreprises et commodités. Un atout considérable pour moi qui ne pouvais plus me déplacer si facilement sans ressentir, au bout de quelques minutes, une douleur paralysante dans la jambe gauche.

Mais, ce jour là, je voulais sortir pour aller faire un tour à la station service du coin où j'achetais généralement de quoi faire passer les moments de solitude. De l'alcool, des cigarettes, des cochonneries à manger etc... Je pris alors ma veste de sport Everlast, rabattis la capuche sur ma tête avant de fermer ma porte. Je glissai mes clefs dans la poche de mon jean et vérifiai par un simple tâtonnement que mon portefeuille était bien dans la poche intérieure de ma veste. Un geste rapide pour remonter la fermeture éclair et me voilà prêt à descendre les escaliers. L'immeuble disposait d'un ascenseur mais celui ci était en révision ce qui m'obligeait à descendre à pied. Ce ne fut pas sans quelques petites douleurs, que j’enjambais les premières marches pour commencer à descendre, mais je commençais à m'habituer à cette sensation qui ne me quitterai plus désormais.

Étant d'un naturel têtu et battant, je pris sur moi et accélérais ma descente des escaliers comme pour dire à la douleur qu'elle ne serait pas plus forte que ma volonté du jour. Car pour bien d'autres jours, c'était elle qui gagnait je l'avoue. Mais pas aujourd'hui ! Enfin, c'est ce que je croyais. Avant d'emprunter la dernière descente d'escaliers, je fis certainement un faux mouvement qui me provoqua une douleur foudroyante dans la cuisse gauche et fit fléchir mon genoux malgré moi. La sanction ne tarda pas à se faire connaitre. Je chutai dans les escaliers sans pouvoir me rattraper à la rambarde en espérant ne pas tomber sur la personne qui se trouvait en contrebas et que j'eus à peine le temps d'apercevoir avant de glisser. La chute fut assez lourde et se termina sur le rez de chaussé quelques mètres plus bas. Il m'en fallait plus pour me mettre K.O. mais je sentais malgré tout que mon arcade avait été cogner contre le rebord d'une marche ce qui ne tarderait pas à se confirmer tant les blessures à cet endroit étaient souvent bénignes mais accompagnées d'une hémorragie importante.

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[ Rihanna & Alan ]

** FLASHBACK **

« Hey, négresse, un petit tour ?? »

Une voiture s'arrête à mon niveau. Le conducteur ainsi que chacun des passagers sont blancs. Je comprend mieux le "négresse" qui est une nouvelle fois, une marque de racisme que j'ai énormément de mal à encaisser.
Mon regard se pose sur le garçon qui se trouve confortablement installé côté passager et qui m'a lancé sa réplique de "thug". Un regard qui se veut à la fois imposant et agressif.
Nous sommes à Harlem ici et la majorité des habitants sont noirs. C'est le ghetto.

« Certainement pas, blanche neige. Dis à ton pote de redémarrer son vieux tacot et partez loin, très loin d'ici avant que quelque chose de désobligeant vous arrive. »

Mes paroles sont volontairement menaçante mais s'il est capable de lire entre les lignes, il comprendra très vite que c'est plus un conseil, au final. Dans la communauté noire, nous sommes solidaires et si l'un d'entre nous a des problèmes, les autres sont là pour l'aider à les résoudre.
Ce sourire narquois qui se dessine sur ses lèvres est loin de me plaire.

« Sinon quoi ?? »

Je souris à mon tour en voyant arriver un peu plus loin, quelques uns de mes amis, des barres de fer et des battes de base-ball à la main.
Le chef de la bande, qui est désormais à mes côtés et qui a pu entendre les dernières paroles de cet insouciant, passe un bras réconfortant autour de mes épaules.

« Sinon, vous allez prendre cher. »

Sur ces mots, il me pousse d'une main qui se veut protectrice et tandis que j'atterri un bon mètre plus loin, sur les fesses, lui et sa bande se charge de s'occuper du cas des petits blancs de passage. Les vitres de la voiture ainsi que les pare-brise volent en éclat. La carrosserie s'enfoncent sous les coups. D'autres garçons arrivent et sortent un à un, les petits rigolos de leur voiture pour s'occuper d'eux également.
Une femme, d'un certain âge, m'aide à me relever et m'emmène jusqu'au salon de coiffure de ma mère qui se trouve pas très loin, m'éloignant au maximum du carnage que j'ai provoqué sans le vouloir.
Ma mère, qui a assisté au spectacle, accourt vers moi lorsqu'elle me voit arriver en compagnie de la vieille dame qu'elle gratifie d'un sourire tandis qu'elle me serre dans ses bras.
J'ai quatorze ans et je suis une proie facile, selon eux. Sauf que chez nous, nous respectons les filles et qu'un seul mot ou pas de travers peut coûter très cher.
C'est ça, la communauté.
Blottie dans les bras de ma mère, un maigre sourire illumine mon visage alors qu'un groupe de garçon sont en train de se faire méchamment passer à tabac.

« C'est la ghetto, ma gueule. Marche ou crève ... »

** FIN DU FLASHBACK **

Lorsque je repense au passé, je me demande comment j'ai fais pour survivre dans cet jungle ou seule la violence était maîtresse des lieux. Nous avions beau être solidaires les uns envers les autres, un ghetto, reste un ghetto. La drogue et la violence faisait partie de mon quotidien.
Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. J'ai une vie bien rangée et mon seul combat, est de réussir dans la vie. Durant bien des années, j'ai promis à ma mère de reprendre son salon de coiffure. Selon elle, c'était mon héritage. Avec le temps, j'ai choisi une autre voix. Elle a peiné à l'accepter mais ça a finit par porter ses fruits. J'ai fais mes études de médecine avant d'entrer en tant qu'interne spécialisée en cardio-thoracique à l'hôpital universitaire de Miami.
Les temps changent et plutôt bien me concernant.
J'étudie, je travaille, je fais de la musique, je dessine, je peins, je cuisine, et j'en passe. Pour moi, il n'y a rien de plus important dans la vie que de parvenir à quelque chose qui nous tient à cœur.

Un mug de thé brûlant face à moi, je finis par sortir de mes pensées. Pensées qui m'ont tout de même replongée à l'année de mes quatorze ans et surtout, à ce moment précis où j'ai compris dans quel monde je vivais.
Je souffle doucement sur le liquide parfumée au citron et en bois quelques petites gorgées. J'attrape mes toasts grillés que je tartine d'une fine couche de miel avant de les avaler un par un. Ma colocataire qui s'avère être ma collègue de travail et meilleure-amie, Nicki, sort de sa chambre avec sa mine des mauvais jours. Elle ne m'adresse ni un sourire, ni un mot comme à son habitude et se contente de m'embrasser sur la joue au passage. Elle attrape un plateau sur lequel elle y dépose de quoi petit-déjeuner et disparaît dans sa chambre.
C'est notre jour de repos aujourd'hui et je compte bien en profiter. J'ai dans l'idée d'aller faire un peu de sport et d'ensuite, rendre visite à mes parents avant d'aller faire quelques courses pour le dîner de ce soir auquel je les aient conviés.

Rafraîchie et ma tenue de sport composée d'un débardeur cintré, d'un leggings de sport et d'une fine veste, je quitte l'appartement pour m'enfoncer dans la ville dans laquelle je fais un jogging qui me prend une bonne heure. Totalement ressourcée, je reprend le chemin du centre ville.
Dans le hall d'entrée de l'immeuble, je salue le concierge qui s'en va et prend le temps de vérifier le courrier. La boîte au lettre en dégorge et ce sont majoritairement des factures.

« Super ... C'est vrai que je roule sur l'or ... »

Vivre en colocation a ses avantages côté financier. Il est clair que seule, avec mon salaire d'interne, je ne pourrais clairement pas payer mes factures et subvenir à mes besoins.
Avec Nicki, nous avons mis les choses au clair du départ. Qu'il s'agisse du loyer, de l'électricité, du gaz, de l'eau, des courses et des extra comme la télévision, le téléphone fixe ou encore internet, nous coupons la poire en deux. Nos dépenses personnelles restent nos dépenses personnelles et c'est logique. Je me vois pas demander à Nicki de payer la moitié de ma facture de téléphonie mobile. Certain le font, apparemment mais nous, non. Il faut savoir faire la part des choses après tout.
Les différentes enveloppe que j'ai pris soin de classer rapidement en main, je m'apprête à me rendre chez moi, un appartement situé au rez-de-chaussée, aux abords de la loge du concierge lorsque j'aperçois un jeune homme chuter du haut des marches qui mènent au premier étage.

« Seigneur ... »

D'instinct, je laisse tomber ma paperasse pour accourir en direction du jeune homme que j'ai l'intention de secourir. Intérieurement, je prie tout ce que je peux pour qu'il ne se soit rien brisé. Je m'accroupis à sa hauteur et constate les premiers dégâts. Son arcade sourcilière n'est plus qu'une plaie béante. La cause : son visage a heurté une marche lors de sa chute. Le saignement est abondant.
Je sors de la poche de ma veste, un mouchoir en tissu qui porte mes initiales. Ce mouchoir, je ne m'en sers pas, il ne me quitte juste jamais. C'est ma grand-mère qui me l'a offert avant que ma famille et moi, quittions les Barbade. En l'ayant en permanence avec moi, c'est comme si ma grand-mère était à mes côtés.
Elle repose désormais en paix dans la concession familiale des Kavanagh, à San Michael.

« Monsieur ?? Comment vous sentez-vous ?? Avez-vous mal quelque part en dehors de votre tête ?? »

Inutile de préciser que sa tête doit lui faire un mal de chien dans la mesure ou elle a violemment percutée les marches de l'escalier pendant sa chute.
Je fais un point de compression avec mon mouchoir. Je décide de ne pas le bouger car je ne sais pas s'il a quelque chose de casser ou non. Ce sont des mesures de sécurité que nous apprenons dès notre arrivée à l'université, pendant l'examen d'obtention des premiers secours.
J'attrape mon téléphone portable et compose le numéro des secours, réclamant une ambulance le plus rapidement possible, en expliquant dans les moindres détails, la situation et mes constatations actuelles concernant son état. Je met mon téléphone sur haut parleur et le pose au sol, gardant les secours en ligne.

« Monsieur, je vais juste vous imposer quelque chose : ne fermez pas les yeux. Vous vous êtes sûrement fracturée l'arcade sourcilière à en juger l'état. C'est bénin, à première vue mais ça peut être dangereux. »

Je fais intérieurement référence à un traumatisme crânien, sans compter les autres blessures qu'il a pu se faire. Un os de casser, la colonne vertébrale endommagée ... Je n'en sais rien. Pour l'instant, ce qui me préoccupe, c'est de le garder éveillé.

© Codage par Mathieu

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[ Rihanna & Alan ]

Je mis quelques secondes avant de bouger à nouveau. Ca n’était pas le contre coup du choc qui m’avait assommé mais en tant qu’ancien militaire, j’avais gardé l’habitude de ne pas bouger immédiatement après être tombé au sol. Un vieux réflexe qui, sur le terrain lors d’une attaque, faisait croire que vous étiez touché ou mort et permettait d’attendre que l’ennemi recharge pour se mettre à couvert. J’étais malgré tout un petit peu sonné jusqu’à ce que j’entendre une voix de femme et que je sente ensuite une main délicate venir faire pression sur mon arcade, qui semblait être à l’origine de mon mal de crâne, à en juger par la couleur rouge que prenait le tissu. Mes yeux se relevèrent sur celle qui venait à mon secours, sans doute la personne que j’avais aperçue juste avant de tomber.

C’était une belle jeune femme à la peau sombre mais au regard incroyablement clair et perçant. Elle semblait savoir ce qu’il fallait faire en pareille situation mais lorsque j’entendis qu’elle appelait les secours, je ne pus m’empêcher de réagir. Je n’avais aucune envie de me retrouver à l’hôpital pour une simple chute. Moi qui y avait passé pas mal de temps durant l’année, je savais que tout allait bien et que je pourrai me relever vite.Après avoir secoué ma tête comme pour me remettre les idées en place je dis en pestant contre moi même:

« C’est une sale chute à cause de cette putain de jambe ! Mais ça va aller »

Je pris alors appui sur mes mains pour me relever un peu et m’asseoir, allongeant mes jambes sur le sol et prenant appui sur mes mains tandis que la jeune femme continua de maintenir la pression sur mon arcade ouverte. Mes yeux, légèrement hagards, observaient les alentours avant de croiser directement le regard de celle qui prenait soin de panser ma blessure. Elle ne semblait pas du même avis que moi sur la question de l’hôpital et n’avait toujours pas raccroché avec les secours. Je repris alors comme pour tenter de la convaincre.

« Merci ! Mais c’est juste un coup à l’arcade vous savez. Inutile d’aller à l’hôpital pour ça, j’en ai vu d’autre et je saurais panser la plaie. »

En tant que fils de médecin, j’avais appris quelques gestes avec mon père pour pallier aux blessures les moins profondes. Ainsi j’étais aussi capable de suturer une plaie moi-même, ce qui m’avait déjà évité pas mal de fois d’aller faire la queue aux urgences de l’hôpital, pour une vilaine coupure que j’avais préféré refermer moi-même. Bien que là, sur l’arcade, cela serait plus difficile de ne travailler qu’avec un œil à l’aide d’un miroir…

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[ Rihanna & Alan ]

Un grand soulagement naquit en moi lorsque le jeune homme, visiblement sonné, leva les yeux vers moi.
Un maigre sourire se dessine sur mes lèvres. Un sourire qui dégage autant de sympathie que de réconfort.
Il se met sûrement à réaliser que je suis en train d'échanger avec un médecin urgentiste parce que bizarrement, il remue la tête. À sa place, je n'aurais sûrement pas secoué la tête ainsi. Non seulement par mesure de sécurité mais également parce que ça doit lui faire un mal de chien clairement accentué par le mouvement.
Je continue de faire pression, doucement, contre son arcade sourcilière pour stopper l’afflux de sang qui s'en échappe.

« C’est une sale chute à cause de cette putain de jambe ! Mais ça va aller. »

« En tant que médecin, ça ne serait pas professionnel de vous laisser retourner chez vous ainsi puis si votre jambe vous fait du tort, c'est le moment d'en toucher un mot au médecin urgentiste qui vous prendra en charge là-bas. »

Je tente de me montrer assez persuasive même si au fond de moi, je sais pertinemment que quoi qu'il veuille, je serais lui forcer la main pour qu'il aille se faire examiner.

« Je ne peux pas vous certifier que votre arcade sourcilière est rompue mais c'est la première impression que j'ai. Vous devez vous rendre aux urgences et effectuer quelques contrôles. Un traumatisme crânien n'est pas bénin. C'est très dangereux. »

Mon but n'est pas de l'effrayer mais plutôt de lui faire prendre conscience des choses. Je ne sais pas s'il sait de quoi je parle ou encore, s'il est lui-même dans un domaine professionnel assez dangereux qui pourrait mettre en avant mes dires mais une chose est claire, il doit m'écouter et attendre sagement qu'on lui ai fait quelques examens.
Je suis même prête à l'accompagner, s'il le faut. C'est mon côté humain qui prend le dessus ou ma déformation professionnelle, qui sait ??

Le jeune homme dont je ne connais pas encore l'identité mais qui est conscient, prend appuie sur ses mains pour se redresser. C'est bon signe car avec une cassure quelconque, il ne pourrait pas se hisser de la sorte.
Les jambes tendues et le dos plaqués contre le mur, je maintiens mon oppression.

« Merci ! Mais c’est juste un coup à l’arcade vous savez. Inutile d’aller à l’hôpital pour ça, j’en ai vu d’autre et je saurais panser la plaie. »

« Les secours sont déjà en route. Vous saignez beaucoup et vaut mieux prévenir que guérir ... »

J'ai toujours eu peu de tact et c'est assez difficile pour moi de choisir mes mots correctement sans me montrer trop brusque.
J'apprends tout doucement parce qu'en tant que médecin, j'ai souvent la lourde tâche d'annoncer de mauvaises nouvelles et je ne peux pas me pointer aux abords d'une famille, la mine dure avec pour seuls mots : c'est terminé, à bientôt.
Je suis humaine et brutale mais la douceur s'installe progressivement.

« Je m'appelle Rihanna, et vous ?? Je vous accompagne, si vous voulez ?? »

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[ Rihanna & Alan ]

Devant l’entêtement de la jeune femme je ne peut m'empecher de lever les yeux au ciel. Je sais qu'elle à raison et que j'ai gagné le droit de me faire examiner par une ribambelle de médecins tous aussi blasés les uns que les autres pour une plaie aussi bénigne et qui me relâcheraient après quatre heures avec quelques points de suture. Je ne pu que souffler d'exaspération et soupier :


« Génial ! J'ai horreur des hôpitaux et surtout des urgences »

Je regrettais l'époque ou j'étais jeune et que mon père prenait sur lui de suturer mes plaies plutôt que j'attende durant des heures aux urgences. Etant donné que j'ai toujours été un casse-cou, il avait souvent eu à me rafistoler lors de mon enfance. J'allais maintenant devoir supporter le voyage en ambulance et attendre durant des heures parmi les autres patients et les tonnes de virus qui flottent dans les parties communes. Mais, Rihanna puisque c'était son prénom, me proposait de m'accompagner jusqu'aux urgences. C'était très gentil à elle de le proposer et je me voyais difficilement refuser pour des raisons évidentes que je lui exposerai après m'être présenté :

« Alan, j'habite aux deuxième... C'est gentil de me proposer votre compagnie et ça n'est pas de refus. Ça m'évitera de m'ennuyer seul dans cet hôpital entre les examens tout en faisant connaissance avec une voisine ! »

Voulant libérer Rihanna, je passais délicatement ma main sur la sienne puis contre le mouchoir pour maintenir moi même le point de compression avant qu'elle n'ait une crampe. Je lui fit un sourire en coin comme pour la remercier et lui dire que je prenais le relais. Une minute à peine s'écoula depuis avant que les secours n'arrivent et s'affairent autour de moi. L'un d'eux me demanda bêtement alors qu'il voyait le mouchoir rouge que je tenais en main :


« Alors ou avez vous mal ? »


« Devinez ! Je vous laisse 10 secondes ! » répondis-je en relâchant la compression avec le mouchoir qui eu pour conséquence de faire couler le sang le long de mon œil. Était il débile ou était ce de l'humour déplacé ? En tout les cas, il venais de faire connaissance avec mes racines latines les plus nerveuses...Le collègue de cet infirmier se précipita immédiatement sur la blessure avec des compresses pour appuyer à nouveau tandis que le second faisait passer un bandage autour de ma tête pour maintenir le tout. Je rendis délicatement le mouchoir à la jeune femme en murmurant un Merci avant de me lever pour aller jusqu’à l'ambulance. Me suivrait elle jusque dans la camionnette ? ou serait elle plutôt réticente a la vue de mon caractère assez difficile en ce moment ? Je ne tarderai pas à le savoir.

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[ Rihanna & Alan ]

Des souffles et des soupirs d'exaspérations s'en suivent.
Je ne peux que le comprendre. Qui aime se rendre dans un hôpital hormis ses employés ? Pour moi, c'est un véritable régal de m'y rendre au quotidien et de sauver des vies. Pour les malades, c'est un véritable calvaire.
Je décide de le rassurer comme je le peux. Je pose ma main libre, délicatement sur la sienne.

« Génial ! J'ai horreur des hôpitaux et surtout des urgences. »

« Qui aime les hôpitaux ?? Pourtant, vous n'avez pas trop le choix puis si ça peut vous rassurer, je m'occuperai de vous. »

En plus d'être un gain de temps inestimable, ça lui permettra de ne pas se faire trimbaler de médecins en infirmiers pour raconter à chaque fois la même histoire, soit, sa chute légendaire dans les escaliers de son immeuble.

« Alan, j'habite aux deuxième... C'est gentil de me proposer votre compagnie et ça n'est pas de refus. Ça m'évitera de m'ennuyer seul dans cet hôpital entre les examens tout en faisant connaissance avec une voisine ! »

Il me semble l'avoir déjà croisé une fois ou deux à la relève du courrier mais je n'en suis pas certaine. Je n'ai pas la mémoire des visages.
De plus, je suis loin de connaître tous le monde au vu de ma vie assez mouvementée. Quand je ne suis pas à l'hôpital, je fais en sorte de me réfugier à l'extérieur pour profiter au maximum de ses vertus naturelles.

« Enchantée, Alan qui habite au deuxième. On peut se tutoyer, vous croyez pas ?? »

Je fais preuve d'humeur avant de lui proposer d'être plus familière à son égard. Après tout, il n'a pas l'air d'être plus âgé que moi et hyper à cheval sur les notions de politesse qui exige normalement, que deux inconnus se vouvoient jusqu'à ce qu'ils en décident autrement, après avoir fait plus ample connaissance.

« Je n'aurais pas mieux résumée la situation, Alan !! »

Alan glisse doucement sa main contre la mienne pour prendre le relais au niveau de la compression de sa plaie.
J'esquisse un maigre sourire tandis que les secours arrivent. Je me redresse et me recule de quelques pas pour expliquer rapidement les choses ainsi que mes constatations au chef qui prend note de chacun de mes dires.
Un des hommes s'occupent de prendre les constantes du jeune homme tandis qu'un autre, lui demande maladroitement où est-ce qu'il a mal. C'est pourtant évident. D'ailleurs, Alan perd rapidement patience et explique les choses par les faits. Ôtant le mouchoir de sa plaie, un filet de sang s'échappe et s'aventure le long de son visage.

Les premiers secours apportés, Alan est transporté dans l'ambulance. En passant non loin de moi, il me rend mon mouchoir en me murmurant quelques remerciements qui n'ont pas lieu d'être selon moi. Je n'ai fais que mon métier après tout.
Faut être humain, quoi qu'il arrive et savoir tendre la main à son prochain. Je me voyais mal fuir tandis qu'il serait à moitié inconscient, en train de se vider de son sang.
J'attends qu'il soit confortablement installé et rejoint l'équipe de secourisme après avoir ramassé mon courrier que je glisse dans la fente de la boîte au lettre et demande la permission de l'accompagner, stipulant que je suis sa petite-amie pour éviter un refus catégorique.
L'accord donné, je me hisse à l'intérieur de la camionnette aux côtés du jeune homme, un petit sourire accroché sur les lèvres.
Je me penche vers lui pour murmurer quelques mots à son oreille.

« Je suis temporairement votre petite-amie, histoire de pouvoir vous accompagner. »

Je me redresse et lui fais un clin d’œil pour accompagner mes paroles.

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[ Rihanna & Alan ]

Les soigneurs m'accompagnèrent jusqu’à la camionnette d'ambulance où je devais grimper à l'arrière du fourgon. L'infirmier qui m'avait irrité quelques minutes plus tôt fit mine de vouloir m'aider à monter en me tenant le bras. Bras que je repoussai d'un geste du coude pour lui faire comprendre que je n'étais pas un infirme ou une petite vieille ayant besoin d'être évacué sur un brancard pour une stupide blessure à l'arcade. Je montai donc à l'arrière avant de m'asseoir sur la banquette. Je suppose que l'infirmier présent avec nous à l'arrière s'attendait à me voir allonger sur la couchette prévue à cet effet mais je n'en avait pas vraiment envie.

Les portes se fermèrent et avant cela, j'eus la surprise de constater que rihanna avait tenue sa parole et m'accompagnerait donc jusqu’à l’hôpital. Il ne faisait plus aucun doute que cette jeune femme travaillait à l’hôpital depuis qu'elle avait proposé de s'occuper de moi personellement. Cela semblait être quelqu'un de sympa et de serviable pour agir ainsi. Et je préférais personellement être soigné par une belle jeune femme sympathique et que je serais amené à côtoyer plutôt qu'un vieux docteur dégarni étant là parce-qu’il le faut bien ou un jeune stagiaire à coté de la plaque.

Celle qui avait appelé les secours me confiât dans le creux de l'oreille qu'elle était, aux yeux des ambulanciers, ma petite amie. J’avais compris que c'était là la condition pour laquelle elle avait eu le droit de monter à bord. A l'écoute de ce subterfuge, je ne pu m’empêcher de sourire en balançant la tête de gauche à droite, amusé par ce plan sournois mais efficace. Je me penchais à son tour près d'elle et chuchota de manière à ce que l'ambulancier n'entendre pas ma réponse :


« Je crois alors qu'en effet, il est temps de nous tutoyer »

Puis, voulant m'amuser un peu de cette relation factice, n'étant jamais avare de moment épiques et amusants, je dis à ma fausse petite amie, suffisamment fort pour que l'ambulancier puisse entendre.

« Je suis désolé, je sais que tu m'a dis cent fois que je ne peux pas faire de Wingsuit dans les escaliers, surtout sans combinaison... Je le ferais plus promis ! »

L'homme me regardait d'un air étrange, se demandant si c'était une blague ou si je commençait à délirer suite au choc à la tête. La jeune femme rentrerait-elle dans mon jeu ou serait-ce simplement une phrase m'ayant rendu ridicule aux yeux de tous ?

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[ Rihanna & Alan ]

Face à ma réponse, Alan se penche à son tour vers moi pour me murmurer quelques mots à l'oreille qui me font de nouveau sourire.

« Je crois alors qu'en effet, il est temps de nous tutoyer. »

Je hoche légèrement la tête, en guise d'approbation. Disons que ça sera techniquement plus crédible. Quoi que nous pouvons faire partie de la jeunesse dorée de Miami qui a été élevée avec une cuillère en argent dans le bec et qui use du vouvoiement pour souligner l'importance de leur classe sociale.
En y songeant bien, ça collera pas forcément bien dans la mesure ou je suis noire et que rare sont les gens colorés qui ont autre statut qu'ancien esclave.
Je vis encore avec les valeurs que mon père m'a inculquée alors que nous sommes en 2016 et que ce temps est révolu depuis bien longtemps maintenant.

« Je suis désolé, je sais que tu m'a dis cent fois que je ne peux pas faire de Wingsuit dans les escaliers, surtout sans combinaison... Je le ferais plus promis ! »

J'ouvre de grands yeux et mord sur ma lèvre inférieure pour m'empêcher d'exploser de rire face aux propos du jeune homme.
Soit il délire suite au coup sur la tête qu'il a prit, soit il a envie de s'amuser un peu de la situation et de notre accompagnateur qui ne cesse de prendre des notes inutiles.
J'opte sans hésitation pour la deuxième option et joueuse de nature, je décide d'entrer dans son jeu.

« Que cela te serve enfin de leçon, mon chéri. La prochaine fois, tu me feras enfin le plaisir de suivre mes conseils et d'exercer sur un terrain aménagé pour et AVEC ta combinaison pour éviter les fâcheux accidents. Batman et Superman ont une cape. Tu aurais dû tenter d'en enfiler une, ça aurait peut-être fonctionner finalement. »

Sans grande difficulté, j'use de ma vision binoculaire pour constater que le secouriste est outré par nos propos communs. Croit-il à un syndrome psychotique ?? Quoi qu'il en soit, je trouve ça assez comique d'en jouer alors qu'habituellement, je l'aurais mal pris si c'était sur moi que ça serait tombé, en tant que médecin.
Faut savoir dériver de temps en temps puis, y a rien de bien méchant, c'est juste un peu de moquerie au final.

Gardant en tête que j'ai un rôle à tenir, je pose ma main sur celle de mon voisin et ma tête contre son épaule. Je ne suis qu'une fille et j'avoue que ce statut est loin de me déplaire.
Alan dégage quelque chose que je n'ai jusqu'à présent jamais trouvé chez un homme et dont je suis incapable de fournir une explication.
En temps normal, j'ai tendance à m'amouracher de garçons noirs peu fréquentable, allez savoir pourquoi mais là, son côté pâle, son caractère bien trempé et ce léger accent italien, si je ne me trompe m'attire quelque peu.
J'ai bien envie de faire plus ample connaissance avec lui après notre petit séjour aux urgences. Le destin s'est-il mis de nouveau en travers de mon chemin ??

« Tes maux de tête se sont-ils accentués ou est-ce stable ?? »

Je redresse la tête pour plonger mon regard dans le sien, sans lâcher sa main que je maintiens délicatement dans la mienne.

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[ Rihanna & Alan ]

« Ah non parle-moi pas de ses super héros qui ont des pouvoirs incroyables mais qui mettent leur vieux slips par-dessus des collants. On fait mieux question virilité ! »

Seigneur ... Il a osé ... Il a osé briser le mythe des super-héros en jouant sur leur manque de virilité qui jusqu'à présent, ne m'avait posé aucun problème.
Je ne peux m'empêcher de rire et d'imaginer la situation vu sous cet angle et il faut dire qu'il a parfaitement raison. Ils ont l'air minable accoutré de la sorte !!

« J'avais jamais envisagé la situation sous cet angle avant que tu ne m'en touche un mot. Du coup, j'ai plus forcément la même opinion ... Et dire que Christopher m'a souvent embêtée avec ses héros. Quand je vais lui dire que son beau-frère vient de briser un légendaire mythe, c'est pas dit qu'il t'appréciera toujours autant. »

Je pousse toujours le vice un peu plus loin pour garder mon statut de comédienne intact. Christopher est mon petit frère et si nous faisons plus ample connaissance, Alan et moi, il l'apprendra lors de nos discussions prochaines, je l'espère.

J'ai l'impression de le perturber mais je me fais peut-être des idées à ce sujet. Sa façon de se tenir et ses bégaiements me pousse à croire que c'est le cas. Je pourrais en jouer mais je n'ai pas l'intention de le mettre mal à l'aise.
Je tiens juste à garder ma couverture bien que maintenant que je suis à l'intérieur de la camionnette, il sera concrètement très difficile de m'en faire ressortir avant que nous soyons arrivés à l'hôpital.

« Que … Quel mal de tête ? Je… ça va beaucoup mieux. »

« Tant mieux ... Tant mieux ... »

Je ne pense pas qu'il sera victime d'un traumatisme crânien mais seule une radio me le confirmera. Quelques points de sutures, quelques anti-douleurs et du repos devrait faire l'affaire selon moi.

Nous arrivons enfin aux urgences de l'hôpital.
Je descend de la camionnette après Alan, suivie de près du secouriste à qui j'explique les choses concernant sa prise en charge qui sera effectuée par mes soins.
J'emmène Alan en salle de soin et disparaît à l'accueil pour prévenir de ma présence et m'équiper d'une blouse pour revenir à ses côtés.

« Je vais t'emmener faire une radio et t'éviter de longues heures d'attentes. »

© Codage par Mathieu