Brand New Day M’occuper d’un enfant n’avait jamais été dans mes projets auparavant. Je n’y avais même jamais pensé. Je n’étais pas du genre responsable. Si je galérais déjà autant à m’occuper de moi-même, j’avais beaucoup de mal à m’imaginer me charger d’un gosse. Mais j’avais accepté cette tâche, je devais assumer. Et j’apprendrai certainement sur le tas, comme elle le disait. Me persuader que je réussirais était un premier pas, je verrai ensuite comment ça se passerait. Et j’avais encore quelques temps devant moi pour m’informer et me faire à tout ça. C’était ce que je devais me dire.
Aloysia me demanda alors si j’en avais parlé à ma mère. C’est vrai que j’avais pris cette décision plutôt seul. Je ne savais pas trop comment elle prendrait la chose. Je me doutais bien qu’elle voulait des petits-enfants mais qu’elle s’était un peu résignée à ne pas en avoir, espérant quand même toujours me faire changer d’avis. Mais là, il s’agissait tout de même d’une situation différente et compliquée.
- Je lui en ai pas parlé pour le moment. J’ai peur qu’elle saute de joie un peu trop rapidement et qu’elle interprète mal la situation.
Après tout ma mère avait eu du mal à comprendre qu’Aloysia et moi n’étions pas ensemble. Ça serait encore plus compliqué maintenant de l’en persuader. Surtout que je comptais m’impliquer au maximum. J’allai d’ailleurs accompagner Aloysia pour la prochaine échographie, c’était un peu la première étape pour moi. Et là, il allait falloir que j’y aille par étape pour tout bien digérer. Ça n’allait pas être simple. J’ajoutais aussi que c’était normal que je veuille l’aider pour d’autres choses mais j’eus l’impression qu’elle n’avait pas bien compris le sens de ma phrase quand elle répéta le mot « amis ». Je voulais dire que nous étions amis avant même que je ne devienne le géniteur de ce futur enfant, et que c’était normal que je souhaite l’aider. Mais c’était tellement compliqué maintenant…
- On est toujours amis, malgré tout ça, nan ?
Je ne savais même plus comment qualifier notre relation. J’avais pas mal merdé ces derniers temps, bousillant toutes mes relations, tous mes liens. A croire que j’avais du mal à garder les personnes que je pouvais apprécier le plus auprès de moi. Ouais, j’avais merdé sur beaucoup de points. Et je m’étais mis pas mal de monde à dos. Charlie par exemple, dont Aloysia parla, me reprochant de l’abandonner dans un des pires moments. Elle comparait d’ailleurs sa situation à celle de Charlie, disant que je suivais encore une fois le même schéma. La fuite, le déni, encore et toujours.
- Je sais tout ça. Je sais que j’ai encore merdé moi aussi. Mais j’y arrive pas, je peux pas. J’ai rien vu, tu comprends… J’étais là et j’ai rien vu, dis-je sèchement.
Je m’agaçais moi-même en réalité. Ma colère n’était pas portée contre Charlie en premier, elle était contre moi, sauf que j’avais encore du mal à l’endosser totalement.
- Comme pour Ryan… J’ai été inutile. D’ailleurs, tu l’as revu ? demandais-je plus calmement.
Mama take this badge from me. I can't use it anymore. It's getting dark too dark to see. Feels like I'm knockin' on heaven's door.
Il venait de prendre une grande décision et il est claire qu’il faudrait qu’il en parle à sa mère. Je ne savais pas comment elle réagirait d’ailleurs… Ce n’était pas la meilleure façon d’avoir un petit-enfant et … elle m’en voudrait peut-être d’avoir demandé de l’aide à son fils… ca, je le verrais bien le jour où Blake lui en parlera et le connaissant, ce n’était pas pour tout de suite. Il avait peur qu’elle ne comprenne pas tout à fait la situation. « Je pense qu’avec ton absence elle a bien compris qu’on était pas ensemble et qu’on ne l’avait jamais été. Bref… parle lui en rapidement car si elle m’appelle pour je ne sais quelle raison, je serais incapable de lui mentir. » avouais-je. Ce n’était clairement pas à moi de lui annoncer ça et même si je pouvais comprendre que cela pouvait être dur pour lui à aborder, il ne fallait qu’il tarde trop.
Après tout il avait décidé d’assumer et cela passer aussi par-là ! Il avait décidé de m’aider de A à Z et j’en étais agréablement surpris, seulement un mot me fit tiqué : « amis ». Je n’avais plus l’impression que nous l’étions. « Oui… » répondis-je dans un premier temps tout en repassant pour la énième fois la même surface au rouleau ! Puis je reculai un instant avant de me tourner vers. « Non…. Ça serait mentir de prétendre le contraire… depuis ce qu’il s’est passé dans ce putain d’ascenseur et probablement avant d’ailleurs, on est plus vraiment amis… Soyons francs… On se voit on est gêné, j’appelle pas ça de l’amitié désolé… Peut-être que pour toi c’est de l’amitié mais moi j’ai pas la même définition. Je couche pas avec mes amis. » dis-je simplement avant de reprendre ma tâche. Peut-être qu’avec le temps ma vision changerait mais pour l’instant je n’avais pas l’impression qu’on se comportait comme des amis. On serait amené à se revoir mais c’était pour le bébé, ça ne concernait aucunement nous deux.
Je préférais aborder un autre sujet. Ca ne me regardait pas et encore moins après ce que je venais dire mais je trouvais ça dommage qu’une amitié de longue date soit briser. Charlie méritait mieux de la part de Blake. D’ailleurs ce dernier n’appréciait clairement pas mes paroles et me répondis plutôt sèchement. Je n’y prêtai pas attention et continua sur ma lancée. « C’est pas parce que tu n’as rien vu que ça fait de toi un fautif. Charlie cachait plutôt bien son jeu à tout le monde. » Pour ma part c’était différent. J’avais été à sa place alors j’avais vite remarqué ça dépression. « Vous vous parlez sans vraiment le faire. Faut que vous ayez une réelle discussion… Alors ouais t’as merdé, mais fait en sorte de ne pas continuer ! » terminais-je.
Il se sentait autant responsable que pour son cousin. Une frisson parcouru mon corps en entendant son nom. Je revoyais la scène et je dus secouer la tête pour me la retirer de l’esprit. « Non j’ai pas de nouvelle depuis bien longtemps et pour être franche … J’ai pas envie de le revoir pour l’instant… je… j’ai essayais de le raisonner, d’abord par la manière douce et comme ça ne marchait pas, j’ai été plus violente dans mes propos… Ca s’est retourné contre moi… et j’en ai eu les marques pendant une semaine, alors désolé mais je vais pas tenter le diable. » dis-je en restant volontairement évasive. Certes Ryan ne m’avait pas frappé en tant que tel mais il avait clairement été violent physiquement avec moi et je n’avais pas hâte de me retrouver seule dans une pièce avec lui. Je n’étais pas prête… Même si je savais qu’il n’était pas dans son état normal à ce moment-là, j’avais peur qu’il recommence. « Et toi ? t’as de ses nouvelles ? » demandais-je tout de même car malgré tout je m’inquiétais pour lui.
Brand New Day Ma mère était du genre à s’impliquer énormément dans ma vie, à toujours vérifier que tout se passait bien pour moi. Elle était aussi souvent de mon côté, à part pour quelques exceptions. Je n’étais pas le fils parfait, clairement. Mais elle semblait toujours voir le meilleur en moi. Même quand je prenais la fuite, elle trouvait un moyen pour me défendre et me pardonner. Elle voulait le meilleur pour moi, comme beaucoup de mères, et elle passait une grande partie de son temps à s’inquiéter parce que j’avais une grande tendance à tout gâcher. Alors, la plupart du temps, je lui cachais les choses. La dernière info en liste, le fait qu’Aloysia m’ai demandé d’être le géniteur de son enfant, que j’ai accepté, et que c’était sur le point d’arriver. Aloysia me fit clairement comprendre qu’il fallait que je lui en parle, et assez rapidement parce qu’elle ne se priverait pas d’en parler à ma mère si celle-ci l’appelait.
- Ouais…Tu me forces la main là…
Je continuais de l’aider à peindre son salon pendant que nous discutions. Comme si c’était normal. Comme si j’étais un simple ami qui venait aider après un déménagement, alors que nous parlions quand même de notre futur enfant. « Amis ». Aloysia pensait que nous ne l’étions plus depuis ce qui s’était passé entre nous dans l’ascenseur et peut-être même avant ça. Et nous n’étions même plus partenaire à présent. Si nous n’étions plus rien de tout ça, qu’est-ce que nous étions l’un pour l’autre maintenant ? Est-ce que je me contenterai d’être juste « le géniteur de son enfant » et rien de plus ? Ça faisait bizarre de se dire qu’après autant d’années d’amitié, on ne sache même plus ce qu’on était l’un pour l’autre. Et c’était en grande partie ma faute.
- Tu m’en veux toujours de t’avoir repoussé après ?
Toute cette histoire aurait pu finir bien différemment après tout. Si je ne lui avais pas dit que je ne comptais pas m’engager, que ça n’irait pas plus loin. Ça nous avait éloigné. Et Aloysia, malheureusement, n’était pas la seule personne de qui je m’étais éloigné ces derniers temps. Je n’avais pas vu que Charlie allait de plus en plus mal. Je m’en étais rendu compte seulement en le retrouvant à moitié mort dans notre appartement bordel ! Comment j’avais pu passer à côté de ça ?! Je m’en voulais et c’était lui qui prenait tout, je l’avais totalement snobé, laissé tomber.
- Je sais. Ecoute…je verrai d’accord ? Merci d’avoir essayé.
Un autre sujet tomba sur le tapis, enfin c’était moi qui venait de l’aborder. Ryan avait totalement disparu, ne donnant plus aucune nouvelle à personne. C’était plutôt inquiétant, surtout vu son état avant qu’il ne parte. Aloysia ne semblait pas prête à le revoir de toute façon, et elle ne voulait pas non plus me donner de détails sur ce qui s’était passé avant son départ.
- Quoiqu’il ait fait, je suis sûr qu’il le regrette. Il allait vraiment mal quand je l’ai vu la dernière fois, je le reconnaissais pas du tout. Et non, je l’ai pas revu. Personne ne sait où il est.
Je reposais ensuite le rouleau de peinture avant de récupérer ma veste. Je ne savais pas ce que je faisais ici, à l’aider comme ça. Je n’avais rien d’autre à lui dire après tout. A part s’énerver l’un contre l’autre, je ne voyais pas ce qu’on pouvait faire de plus.
- Je sais pas ce que je fais encore ici, c’est clair qu’on n’a plus grand chose à se dire maintenant. On se revoit pour l’échographie, dis-je avant de me détourner d’elle pour sortir de son appartement.
Mama take this badge from me. I can't use it anymore. It's getting dark too dark to see. Feels like I'm knockin' on heaven's door.
Non je ne lui forçais pas la main, du moins je n’en avais pas l’impression. Ce n’était pas à moi d’en parler à sa mère mais plus il attendait, plus il aurait du mal. « Okay » soupirais-je avant de reprendre « si elle m’appelle pour avoir de tes nouvelles, je répondrai pas. » Ça ne me plaisait guère mais je n’avais pas réellement le choix !
« amis »… Le mot avait du mal à passer. L’étions nous réellement ? J’avais un doute la dessus. Si je tentais tant bien que mal de le repousser gentiment, c’est parce que je ne pouvais pas me contenter de sa seule amitié. Du moins par pour l’instant. « Non Blake…C’est pas à toi que j’en veux… Je m’en veux à moi d’avoir été aussi stupide pour avoir pu penser un instant que tout cela avait autant d’importance pour toi que pour moi… Ca t’arrive peut-être souvent de coucher avec la première fille qui te plait, mais pas moi…C’est pas mon genre. » Je ne l’accusais pas. Chacun était libre de faire ce qui lui plaisait. Je devais avouer néanmoins que l’imaginer avec d’autres filles ne me plaisait guère…
On parla de Charlie et je lui donnai mon point de vue. J’étais peut-être allé trop loin avec celui-ci mais tant pis s’il m’en voulait. Quant à Ryan, je n’avais pas vraiment envie d’en parler. C’est d’ailleurs pour ça que je restai vague à ce sujet. Bien sûr que Ryan devait s’en vouloir. Je l’avais d’ailleurs lu dans ses yeux quelques instants après. « Je sais qu’il était mal, mais ça n’excuse pas tout. » Apparemment lui non plus ne savait pas où il était.
C’est comme cela que la discussion s’acheva. Nous n’avions plus rien à nous dire et Blake préférait partir. Je ne pouvais pas lui en vouloir, c’était bien normal. « Ouais… » dis-je simplement sans même le raccompagner à la porte.
