Ça fait toujours plaisir de parler avec une amie

Cela doit bien faire plus de deux heures que je fais du tri dans les sections. Le temps passe sans que je m'en rendes compte. Comme dit le proverbe ; les jours se suivent et se ressemblent. Ça résume bien ma vie. Plutôt typique, à vrai dire. Ça ne me pose pas de problèmes. Au contraire, je passe mes journées à faire ce qui me plait. À la bibliothèque, je suis rarement embêtée. C'est si calme et relaxant. La plupart des gens qui viennent me connaissent depuis plus d'un an. Très peu sont au courant de ma phobie. J'imagine qu'à force de me voir les éviter, il devine d'eux-même qu'un truc clochait chez moi. Je pourrais m'expliquer, au lieu de ça, je préfère me taire. C'est tellement plus facile.

- Excusez-moi mademoiselle. Où puis-je trouver les livres de cuisine ?

Je tourne la tête en direction de la voix. C'est une dame dans la quarantaine. C'est la première fois que je l'as vois ici. Du moins, je me rappelle pas l'avoir vu auparavant. Je prends conscience de sa proximité. Elle était près. Voir beaucoup trop près de moi. Je sens aussitôt mon coeur s'accélérer. Je sais qu'une crise va survenir si je ne réussis pas à me calmer. Je recule de quelques pas en priant pour qu'elle ne refasse pas un pas dans ma direction. Je l'as vois me dévisager étrangement. Je perçois dans son regard cette lueur que je déteste tant voir chez les gens. Cette lueur particulière qui me donne l'impression d'être une extraterrestre ou je ne sais pas quoi. Après quelques secondes, qui me paraissent une éternité, je parviens à reprendre assez mes esprits pour pointer du doigt la rangée 4. C'est là où se trouve la plupart des livres pratiques, que ce soit cuisines ou même voyages. Elle me remercie poliment avant de se diriger vers la section. Je souffle un bon coup, soulagée d'avoir éviter une crise d'angoisse.

Je reprends ma tâche en continuant de placer les livres dans la section. Je regarde l'heure sur ma montre. C'est le temps de ma pause. Ce n'est pas un moment que j'attends avec impatience. Durant mes pauses, je lisais. Tout simplement. Je prenais place dans un coin isolée et je me plongeais dans ma lecture. Ou alors j'écrivais dans mon journal. Ça me détendait et je me sentais un peu mieux à chaque fois que je laissais aller mes sentiments sur papier. C'est comme si j'évacuais tous mon mal. Malgré qu'il revenait toujours, au bout d'un moment. C'était une boucle infernal. Je place le dernier livre en poussant un léger soupir. Le temps d'aller prendre mon journal dans mon casier, je parcours la bibliothèque à la recherche d'une table à l'écart où pouvoir m'installer. Mon regard repère un visage familier. J'ignore mon envie d'être seule, et je décide d'aller vers elle.

- Hey Aurore. Comment tu vas aujourd'hui ? ai-je murmuré, afin de ne pas déranger les gens autour de nous.

Je lui souris en prenant place en face d'elle. Je vois les gens nous dévisager. C'est vrai que c'est rare de m'entendre parler. Je ne serais pas surprise d'apprendre que certaines personnes pensent que je suis muette.