Ce petit séjour dans cette ville bien enneigée me faisait le plus grand bien. J’avais ressenti le besoin de me vider l’esprit, loin de Miami, et de tous ces problèmes. Mâcon était l’endroit parfait pour cela. C’était un sacré dépaysement, et l’air frais de la montagne me plaisait assez. Je passais mes journées à faire du snowboard, et le soir je me retournais la tête en soirée avec Noah, ou des jeunes femmes que je rencontrais sur place. Il y avait finalement un paquet de monde de Miami qui avait eu la même idée que mon meilleur ami et moi-même, mais bon ! C’était assez facile de ne pas croiser les têtes indésirables. Pour le moment, j’avais assez bien réussi à esquiver en tout cas. Aujourd’hui, pour mon plus grand bonheur, je n’avais ni croiser Hannah, ni Bellamy. Ça ne m’évitait pas de penser à Carter, mais je pense que c’était peine perdu. Il était désormais ancré dans le plus profond de mon âme, et je ne pouvais rien faire pour changer cela. J’aurais peut-être pu l’éviter si je n’avais pas aidé la brunette à accoucher... M’enfin. Ce qui est fait est fait. Il n’y avait qu’une seule chose qui me pressait de rentrer à Miami, c’était bien le fait de pouvoir tenir mon fils dans mes bras. Je n’avais toujours pas reparlé à Hannah depuis son accouchement. Je n’avais pas voulu la suivre à l’hôpital, et je ne lui avais pas encore rendu visite chez elle. Pour la simple et bonne raison que je n’étais pas encore certain de vouloir prendre mes responsabilités de père envers cet enfant. En revanche, désormais, j’étais fixé. Je n’arrivais pas à le sortir de ma tête. Je ne voulais pas perdre plus de temps que je n’en avais déjà gaspillé en le reniant.

Ce soir, c’était le nouvel an. Pour l’occasion, j’avais enfilé une chemise blanche ainsi qu’un nœud papillon. Un pantalon beige et des chausses d’un beige un peu plus foncé. Je m’étais rendu en début de soirée au casino, après avoir joué à quelques jeux, et flirter avec certaines demoiselles je m’étais installé au bar. Sirotant mon whisky, je me perdais dans mes pensées. L’année était passée tellement vite, et j’avais hâte qu’elle se termine. 2015 n’avait pas été de tout repos. J’espérais que l’année qui allait suivre allait se montrer plus clémente envers ma personne. Je ne le méritais peut-être pas mais j’en avais plus que marre d’entasser les emmerdes. Depuis ma rupture avec Nessa, le dragueur de ses dames était en quelque sorte revenu. C’était en partie à cause de la demoiselle que j’avais voulue m’éloigner de tout. Elle ne s’était pas gêné pour le faire. En effet, cette dernière avait quitté la Floride pour aller je ne sais où. Elle n’avait pas pris la peine de me prévenir, et finalement c’était parfait comme ça. C’était bien mieux qu’un adieu. Avec son départ, j’avais compris qu’il n’y avait pas de retour en arrière possible. C’était bel et bien terminer. Je ne savais même pas si elle comptait revenir un jour à Miami ! C’est pour dire.

Bref, un groupe de personnes faisant un bruit monstre me sortis de mes pensées, cependant, un rire en particulier attira mon attention. Wow, je n’avais pas si bu que ça pourtant. C’était bizarre, je pensais à Nessa et l’instant d’après j’entendais son rire. J’étais vraiment pathétique. Je devais me sortir cette fille de la tête. Je terminais mon verre, payais l’addition puis me levais de mon siège. Toutefois, je me stoppais net lorsque j’apercevais la blonde, tout sourire avec son groupe d’amis. Le sang me monta immédiatement à la tête. Qu’est-ce qu’elle foutait ici ? J’hallucinais. Elle avait l’air de bien s’amuser, tant mieux pour elle. Je me dirigeais vers la sortie, et par la même occasion, le groupe, puisqu’il était sur mon chemin. Je ne regardais pas la jeune femme et pourtant, du coin de l’œil, j’avais pu apercevoir qu’elle avait remarqué ma présence. Mais avant qu’elle puisse tenter quoi que ce soit, j’interpellais un des agents de sécurité. « La blonde au rire portant, elle a 18 ans. » dis-je en la désignant d'un coup de menton. Puis je continuais ma route, sachant pertinemment que l’agent de sécurité allait vérifier son âge, et ainsi, gâcher sa soirée en la foutant dehors, n’ayant pas 21 ans. Mais surtout, que j'allais pouvoir quitter les lieux tranquillement avant qu'elle puisse venir me parler.

J’avais donc continué à marcher vers la sortie d’une façon assez nonchalante. J’enfilais le manteau que j’avais confié à l’hôtesse d’accueil à mon arrivée et montais le col lorsque j’arrivais à l’extérieur. Il faisait très frais, ce qui ne me déplaisait pas forcément. Je me plaisais à Miami, mais le soleil omniprésent à longueur de l’année était assez ennuyeux. La neige avait son charme et ses atouts également. Enfin bref, je sortais une cigarette de mon paquet, et me dirigeais un peu à l’écart de l’entrée du casino. Je m’adossais contre un mur et allumais ma clope. Ma soirée était définitivement gâchée. Je soupirais d’irritation en me frottant la nuque. Je ne savais pas vraiment pourquoi j’avais alerté la sécurité à propos de Nessa. Je pense que j’étais un peu plus énervé et rancunier que je ne l’aurais cru concernant cette histoire. Cependant lorsque je l’avais vu, toute souriante en compagnie de ce groupe, la colère c’était immédiatement emparé de ma personne. C’était ce même groupe qui avait causé notre perte. Son foutu agent la contrôlait, il la manipulait comme une poupée, et elle n’y voyait que du feu. Il était prêt à tout pour pouvoir remplir son compte en banque. Il connaissait les combines, et savait y faire dans le show business. En effet, et voilà pourquoi Nessa le suivait aveuglément. Ça me mettait hors de moi. J’avais essayé de lui en parler, mais la discussion avait tourné en dispute, et celle-ci était aller beaucoup trop loin. Je suppose que cet Ace devait être satisfait désormais. Il avait finalement eu ce qu’il voulait. Il n’y avait plus de Wessa, comme aimait si bien nous appeler la jeune femme. Dorénavant, il n’y avait que Nessa ET Wayne, séparément.

Le bruit de talons m’indiquait immédiatement qu’une folle furieuse arrivait à mes côtés. Pour autant, je ne tournais pas ma tête et continuais à regarder face à moi. Toutefois, lorsque celle-ci arrivait près de moi, elle prenait la cigarette que j’avais en bouche et la jetais au sol. Je posais mon regard, qui étincelait de colère dans le sien. Elle me regardait avec mépris, et me fils une tape sur l’épaule. Du moins, c’est ce que ressentis, mais je pense que de son côté, ça ressemblait un peu plus à un coup de poing. Mademoiselle était-elle en colère ? De toute évidence. Tant mieux, au moins, elle était, à peu de chose près, dans le même état d’esprit que moi. Ce n’était qu’à charge de revanche. « c'est quoi ton putain de problème ?! » Je la dévisageais attentivement. Elle était radieuse. Sa robe lui allait à merveille, elle brillait de mille éclats, et faisait ressortir sa chevelure blonde. Elle était vraiment magnifique, et la pensée qu’elle ne s’était jamais faite aussi belle pour moi me traversa l’esprit. Disais-je cela uniquement car la colère obscurcissait mon jugement ou alors je n’avais pas tort ? « t'es dingue, ma parole, tu peux pour une fois dans ta vie, s'il te plaît, arrêter d'être aussi égoïste et me laisser essayer d'être un minimum heureuse ?! » Je pouffais, narquois. « Ouais. Bien sur, c’est toi qui te casses je ne sais ou faire la fête, avec des pseudos « amis » qui, en passant, ne s’intéressent qu’à ta personne car tu es depuis peu leur gagne-pain, et c’est moi l’égoïste ? » Je souriais amusé par la situation. « Mais je t’en prie, va donc les rejoindre, soit heureuse, tu as ma bénédiction! » Je me retournais, et plaçais mes mains dans les poches de mon manteau, prêt à quitter les lieux.

Trop c’était trop. Je voulais bien admettre que la majeure partie du temps, j’étais une personne très égoïste, et ça m’allait parfaitement ! J’assumais ce rôle. C’est ce qui faisait de moi la personne que j’étais aujourd’hui. Tout le long de ma relation avec la jeune femme, j’avais été très nombriliste, je ne le niais pas. Cependant, cette fois-ci, ce n’était absolument pas le cas. C’était elle qui avait préféré sa carrière, ses nouveaux amis, ce foutu agent, à ma personne. Je voulais bien admettre que j’avais par moments des propos très dur et cruel, et que j’avais forcément dû la blesser durant notre dispute, mais elle m’avait blessé tout autant. C’est ça que la demoiselle n’avait pas l’air de comprendre. Comment pouvait-on être aussi aveugle ? À moins que cette dernière fasse la sourde oreille intentionnellement. Je n’étais plus sur de rien. En tout cas, j’avais tant bien que de mal essayer de lui faire ouvrir les yeux. Ce Ace ne prenait pas de décision pour son bien-être à elle, mais bel et bien pour son portefeuille à lui. Nessa était depuis peu son gagne-pain, et j’étais prêt à parier n’importe quoi sur le fait qu’il n’allait pas l’abandonner aussi facilement. En admettant que j’aurais réussi à lui faire entendre raison. Ce qui n’est pas le cas.

« J’ai peut-être seulement 23 ans mais j’en ai vu assez pour 4 vies. Crois-moi, je sais reconnaitre les profiteurs. » Bref, j’en avais ma claque. C’était bien la dernière fois que je me trouvais en sa présence, ou même que je lui adressais la parole. Il fallait bien que je tourne la page, malgré mes sentiments envers elle. J’étais destiné à foutre en l’air chacune de mes relations. Pourquoi persistais-je au juste déjà ? Allez savoir. Je comptais m’en allez suite à mes dires suivants, je me retournais énervé et complètement blasé. C’était le soir du nouvel an, j’étais censé être entouré de mes potes à faire la fête comme jamais, et pas à me prendre la tête avec sans surprise, Mlle Tate. D’ailleurs cette dernière me prenait par le bras, m’empêchant de m’éloigner d’elle. Je me retournais et plongeais mon regard dans le sien. L’instant d’après, c’est comme si le temps fut en suspens pendant quelques secondes. Un silence total, simplement un échange de regards. La colère quitta mes yeux pour y laisser place à de la peine. Elle m’aimait, je l’aimais, pourquoi ce n’était pas suffisant ? « nessa ! tu viens ou pas ?! » Je me raidis instantanément, mon regard devint neutre. La cause de notre rupture nous revenait en pleine face. Et le plus malheureux dans tout ça, c’est que tout ne tenait qu’à elle. Je ne lui demandais pas de choisir entre sa carrière et moi, mais simplement de tenir tête à son agent concernant sa vie privé, et de faire la part des choses. Mais de toute manière ce n’était plus la peine de ruminer là-dessus, elle avait fait son choix. Je la regardais patiemment, tandis qu'elle annonçait d’une petite voix qu’il n’y avait qu’avec moi qu’elle était heureuse. Mon cœur se resserrait. « Pourquoi tu t’es enfui alors ? » demandais-je plus calmement. Cependant elle n’eut pas le temps de répondre que la voix de l’homme en question, qui devait certainement appartenir à cet ace, refit surface. Je jetais un coup d’œil furieux à la limousine puis ramenait mon regard vers la jeune femme. « Tu devrais y allez… Ils t’attendent. »

Et voilà… Elle allait d’une seconde à une autre me quitter pour aller rejoindre le reste de son groupe dans cette splendide limousine. Cette dernière allait probablement les emmener dans un club, section VIP, là ou les mecs comme moi ne pouvaient pas y accéder. Elle avait évolué, et lorsqu’elle me tournera le dos comme je l’avais fait quelques minutes auparavant, elle n’allait pas simplement s’en allez faire la fête... Non, elle allait fermer ce chapitre de sa vie et en ouvrir un autre. Un nouveau chapitre qui ne m’incluait pas. C’est dingue, j’étais prêt à faire la même chose l'instant d'avant et pourtant, cette idée ne semblait pas me convenir. Au contraire, c’est comme si mon cœur se faisait écraser par une main invisible petit à petit, et qu’il allait être en miettes lorsqu’elle montera dans le véhicule. Une chose était sûr, le départ de Nessa n’allait pas simplement mettre un point final à notre relation, il allait aussi bannir les relations amoureuses de ma vie. Plus jamais je n’allais laisser une femme réussir à s’immiscer dans mon cœur. La porte restera fermer à double tour, quitte à devenir le plus gros connard qu’il existe. Du moins, si je pouvais l’être d’autant plus que je ne l'étais déjà.

Elle me regardait avec insistance. Surement se préparait-elle à me quitter, s’attardant sur mon visage dans le seul but d’avoir une dernière image de ma personne. Je ne doutais pas des sentiments qu’elle éprouvait pour moi, elle avait réussi à me prouver à plusieurs reprises que son amour pour moi était très fort… Mais c’était elle que je ne comprenais pas. Notre gros problème était probablement le fait que nous n’arrivions pas à nous comprendre. Nous étions si différent! Ensemble nous étions explosifs, le bad boy et la princesse, le feu et la glace, tellement intense qu’à la fin, tout ce que nous réussissions à faire, c’était nous détruire. Néanmoins, la blonde se mis à sourire, avancer vers moi et déposer ses mains sur mon torse. Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas. Elle venait d’embrouiller mon esprit en une seconde. Bon Dieu que cette fille me rendait dingue ! Elle l’avait toujours fait… C’est d’ailleurs une des choses qui la rendait irrésistiblement attirante. Nos corps étaient désormais collés l’un à l’autre, je ne la quittais pas des yeux, tentant de déchiffrer ce que celle-ci cachait derrière son regard, en vain. « j'ai changer d'avis. je viens pas ! » Elle ne m’avait pas quitté des yeux pour autant, bien au contraire. Elle glissait sa main dans la mienne, et encore complètement à la ramasse, je me contentais de la suivre, un pas de moins derrière elle. Elle se stoppait au croisement de la rue, il n’y avait pas un chat dehors. Par ce froid, et en ce jour de fête, c’était des plus normal. Je supposais que le reste du monde ne restait pas dehors à se les geler sous la neige. Elle se retournait et enroula ses bras autour de mon cou, je restais immobile quelques secondes en l’écoutant attentivement. Puis je glissais doucement mes bras autour de sa taille et vins placer mes mains en bas de son dos. Je restais silencieux, scrutant son visage, ses expressions. Je ne savais pas à quoi tout ceci rimait… C’était une éternelle partie de yoyo avec la jeune femme mais après avoir pris quelques secondes de réflexion, je terminais par dire : « Je veux pas te perdre bébé… » J’approchais mon visage du sien, remontais son menton avec mes doigts et l’embrassais délicatement. « Reviens… moi… » dis-je entre deux baisers, presque douloureusement.