Le parc n'était pas très rempli cet après-midi. Enfin, pas trop d'enfants je veux dire. Parce que des couples ça, il y en a toujours et encore. Cela me déprime un peu, faut dire que j'évite le parc en règle générale à cause de ça. J'attendais que Noah rentre depuis bien une semaine, j'essayais de ne pas compter les jours mais c'était de pire en pire. Je me demandais presque s'il ne lui était rien arrivé. Pourtant, j'étais persuadé que rien ne pouvait arriver à Noah et Wayne ensemble - c'était des fous mais forts, pour moi ils étaient invincibles tous les deux. Pourtant, qu'il ne rentre pas ni ne répondre à mon sms même avec un "ok" ça m'inquiétait. Et puis, faut dire que j'attends qu'il rentre pour lui dire tout ce que j'ai sur le coeur. Cela devient vraiment pesant. J'en aie vraiment gros sur la patate de souffrir à cause de lui et j'ai envie d'avoir le coeur net. J'ai vingt trois ans et j'en aie marre de courir après un mec qui ne fait que de me briser le coeur sans arrêts pour un oui pour un non et qui me rend folle et qui me fait pleurer et qui... bref. Je suis venu dans ce parc parce que j'avais un creu et plus rien à l'appartement. Je venais chercher une crêpe très peu sucrée lorsqu'en me retournant je vis se créer un petit attroupement de personnes - adultes. Pas d'enfants, je trouvais ça étrange alors je m'y intéressais et je m'approchais de quelques personnes qui comme moi n'allaient pas trop près non plus mais étaient intrigués. Je compris vite de quoi il s'agissait. Une demande en mariage. J'avalais fortement. La femme était belle et jeune, mon âge sans doute et l'homme était vraiment trop adorable avec elle, ça se voyait, ça puait l'amour. Une douleur infime se créa dans ma poitrine et je ne pu m'empêcher de dire, alors qu'un tas de gens étaient très proches de moi. « j'y crois pas, ça m'écoeure. » en levant les yeux au ciel. Je voyais une jeune femme qui devait même être plus jeune que moi qui regardait la scène juste à côté de moi qui avait tiqué à ma phrase. Elle était super jolie elle aussi et semblait un peu touchée par la scène. Elle devait avoir un amoureux super, vu comme elle est belle. J'étais très curieuse, peut-être trop, je l'interpellais. « excuse-moi je.. ça te dérange de me décrire ce que tu ressens quand tu vois ça..? » parfois, et comme c'était le cas maintenant, je me demandais si je n'avais pas, moi, un problème et que ça ne pourrait jamais m'arriver ce genre de scène magnifique.

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J’avais terminé ma journée de cours plus tôt que d’habitude. Mais ça ne me donnait pas plus envie de rentrer chez moi rapidement. Arriver à la maison signifiait devoir ensuite travailler. Et je ne voulais pas y penser pour le moment. Je travaillais dans un bar chaque soir parce que c’était tout ce que j’avais réussi à trouver pour le moment et que je ne pouvais pas continuer à me payer mes études si je ne faisais rien. Je me posais d’ailleurs beaucoup de questions par rapport à mes études, ne sachant pas si ça me mènerait quelque part ou non. Sauf que je ne tenais pas à travailler dans ce bar toute ma vie. Il fallait que je trouve une solution.

Pour retarder mon arrivée à l’appartement, j’avais décidé de marcher jusqu’à chez moi. J’avais même fini par faire un détour par le parc pour retarder encore le moment. Il faisait beau et bon après tout. Des personnes commençaient à s’attrouper sur le chemin et, par curiosité, je m’approchais à mon tour pour voir ce qui se passait. Un homme avait mis genou à terre. C’était une belle scène mais elle ne semblait pas être appréciée par tout le monde. Une jeune femme qui devait avoir mon âge environ venait d’avouer être écœurée par cette scène. Je trouvais ça triste et dommage qu’à cet âge une personne soit dégoutée par la simple vue d’une demande en mariage. Il devait y avoir une bonne raison. La jeune femme se tourna alors vers moi, me demandais ce que je ressentais en assistant à cette scène. C’était étrange comme question et je n’avais pas l’habitude que des personnes que je ne connaissais pas vienne me parler aussi facilement.

- Eh bien… de la joie généralement, de l’excitation aussi je pense, dis-je en regardant le couple. Je me mets à leur place, je m’imagine ce qu’ils peuvent ressentir. Enfin, en espérant que l’amour porté soit réciproque bien sûr. Mais ça a l’air d’être le cas ici. C’est beau à voir. Mais tu ne sembles pas d’accord…

Je me tournais alors vers la jeune femme. Très jolie jeune femme d’ailleurs. Déception amoureuse peut-être ? Personne ne méritait ça.

- Je sais que ça me regarde pas mais…je pense qu’une jeune femme aussi jolie que toi…enfin ça m’étonne que tu sois déjà écœurée par tout ça. Tu sembles jeune et tu es franchement superbe, je serais un gars ou attirée par les filles, je me serais déjà jetée à tes pieds. Enfin p’têtre pas parce que c’est pas mon genre mais…ça me surprend que tu puisses être déçue par l’amour. Si je me trompe pas bien sûr. J’ai pas l’habitude de m’adresser comme ça quand je ne connais pas la personne. Désolée.

J’avais certainement trop parlée. Et en plus, je pouvais me tromper totalement. Certaine personne ne voyait pas l’amour comme quelque chose d’exceptionnelle. Je n’aurais pas dû m’aventurer autant.

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Cette scène au parc avait un effet vraiment étrange sur moi. Autant je voyais autour de moi des tas de nanas trop attendrie par la demande en mariage, autant moi pas du tout. J'étais même écoeurée. Pourtant, en étudiant la scène, la jeune femme demandée ne devait pas être bien plus âgée que moi, elle devait même avoir mon âge. Peut-être que c'était ça le problème. Cela me faisait mal, en réalité. Oui, j'avais mal devant cette scène. J'étais jalouse. Je commençais à me dire, ces derniers temps, que j'étais très loin de connaître ça. Cette jeune femme devait être tellement heureuse, à son âge, à mon âge, avec cet homme, qui aurait très bien pu être.. Il fallait que je me retire cette image de la tête. Je transformais la tristesse, la colère en dégoût. Je montrais du dégoût aux gens qui m'entouraient et qui eux, étaient attendris. Je me permettais d'interpeller une jeune femme très jolie près de moi qui était de ces gens. J'étais curieuse de comprendre ce que ça faisait, puisque je ne pouvais décidément pas aller interpeler la concernée. Je voulais savoir ce qu'elle ressentait, ce qu'elle voyait dans cette scène de beau. Peut-être que ça m'aiderait à comprendre. Elle avait l'air d'être quelqu'un de sincère, de doux et d'adorable. Alors je pensais trouver en elle la solution. Même si j'avoue que de se faire interpeller comme ça dans une foule et avoir cette question face à soi, ça doit être vraiment étrange presque flippant mais elle répondait quand même. Je n'avais pas la tronche à faire peur, à vrai dire. Je l'écoutais très attentivement. Elle aussi, se "mettait à leur place". Et elle arrivait à ressentir tout ça. Elle ne devait pas avoir le même problème que moi, finalement. Je regardais la scène en l'écoutant, puis je ramenais mon regard sur elle. Elle était vachement jolie, cette jeune femme. « en effet.. je ne suis pas d'accord enfin.. je n'arrive pas à.. à ressentir ça. Surtout si je me mets à leur place alors là.. » Je fis une grimace de douleur, carrément. Cela me faisait mal de me mettre à leur place parce que, je ne pouvais pas imaginer Noah à la place de l'homme en contre partie. Cela ne pouvait être qu'un autre et, imaginer ça me faisait mal. J'avalais ma tristesse alors qu'elle continuait, parlant plus particulièrement de moi. Je l'écoutais. Avoir l'avis de quelqu'un qu'on ne connaît pas et qui ne nous connaît pas, c'est toujours très intéressant. Elle semblait elle, un peu honteuse d'avoir osé me dire tout ça et s'excusait. Je posais ma main doucement sur son bras, par réflexe, afin qu'elle ne croit pas avoir mal fait. « non non ne t'excuse pas, ça m'aide beaucoup ce que tu dis à vrai dire.. tu.. tu sembles toi être réservée et pourtant, tu as l'air de pouvoir te projeter là dedans, c'est que tu dois être heureuse.. mais si tu as l'intention de te changer un mec un jour, reviens à mes pieds je te prendrais volontiers. » dis-je pour faire un peu d'humour et tenter une connexion entre toutes les deux. Elle avait l'air adorable alors, je n'allais pas l'envoyer boulet au contraire. Elle avait été sincère avec moi. Je soupirais. « c'est juste que parfois.. je me demande si.. enfin si je vivrais ça un jour et pour être aussi honnête avec toi que tu l'es avec moi, j'ai.. j'ai mal de me mettre à sa place à cause de ça. Je n'ai pas l'impression d'y avoir le droit, tu vois? » Je disais tout ça regardant ailleurs afin de cacher mes larmes naissantes et quand c'était fait je la regardais à nouveau. Je lui souriais. J'essayais ce nouveau truc qui était de se confier pour se sentir mieux et.. pourquoi pas commencer avec une totale inconnue, je ne me sentais pas jugée. « mais tu le mérites, tu es vraiment jolie celui qui te fait connaître l'amour a vraiment de la chance. Je te volerais bien en mec moi, qu'il fasse gaffe. » dis-je amusée. « pour tout te dire.. ces derniers temps je me demande pourquoi et comment je peux être si amoureuse de quelqu'un qui me fait tant de mal.. enfin.. ça ne te regarde pas et.. j'en parle très peu alors.. je me surprends moi-même là en général je cache tout ça au monde entier je me terre avec tout ça et je ne sors pas le petit cheveux sentimental alors.. enfin désolé. » fis-je à mon tour, lui souriant doucement.

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Ce petit rassemblement de personnes dans le parc avait attiré mon attention et j’avais suivi le mouvement pour voir de quoi il s’agissait. Les visages attendris des personnes qui m’entouraient était déjà un bon indicateur. Nous assistions tous à une demande en mariage et cette scène nous touchait tous. Mais pas de la même manière pour tout le monde. La jeune femme à côté de moi n’arrivait pas à ressentir ce que je pouvais ressentir en assistant à une demande en mariage. On était tous différent mais c’était tout de même étrange pour moi de voir une fille d’à peu près mon âge dégoutée par tout ça. Elle avait même du mal à se mettre à leur place. Une grimace de douleur apparut sur son visage et ça me touchait étrangement. Il y avait tout un tas de possibilités, de raisons différentes qui pouvaient expliquer cette souffrance. Mais comme je ne la connaissais pas, je ne pouvais pas savoir de quoi il s’agissait. Elle aussi faisait des suppositions à mon propos. Elle me voyait réservée mais heureuse parce que j’arrivais à me projeter, je pouvais imaginer ce qu’ils ressentaient. Je pouvais me mettre à leur place. Parce que j’étais amoureuse, depuis longtemps déjà. Même si j’avais voulu mettre ce sentiment de côté le plus souvent, ça n’enlevait rien. Je souriais quand elle ajoutait que je pouvais revenir vers elle si un jour je me transformais en mec.

- J’hésiterai pas ! dis-je avant de me tourner vers le couple.

Les gens applaudissaient. Mais eux étaient dans leur monde. Ils étaient heureux. Du moins pour le moment, on ne pouvait pas savoir ce qui arriverait mais ce qui comptait était qu’ils étaient heureux à cet instant.

- Je ne sais pas si on peut dire que je suis heureuse. Je me sens bien c’est vrai mais je ressens un manque. On ressent tous toujours un manque. Et je pense que la seule manière de se sentir bien est d’accepter que ce manque existera toujours et de s’en satisfaire. Mais c’est souvent un échec. On va plutôt dire que j’essaye d’être heureuse. Et oui…je suis plutôt du genre réservée. Enfin habituellement. Tu m'as bien analysée, la félicitais-je en souriant. Je suis vraiment désolée pour tout ça, je crois que mes cours de philo me montent un peu trop à la tête, m’excusais-je à nouveau.

Ça me faisait bizarre de parler comme ça de ce que je pouvais ressentir. J’avais essayé de lui être utile en m’exprimant mais ça impliquait que je parle de mon propre ressenti, sauf que j’avais été encore plus loin alors que je ne la connaissais même pas. Non ce n’était pas dans mon habitude du tout. Je ne voulais pas aller trop loin et être trop indiscrète même si j’étais curieuse. Ça ne semblait pas vraiment la déranger même si je me doutais bien qu’elle ne me raconterait pas toute sa vie. Elle m’avoua que si elle ne ressentait pas la même chose que moi, que beaucoup, c’était parce qu’elle ne croyait pas pouvoir vivre ça un jour, elle ne pensait pas avoir le droit à l’amour. Et je sentais que ça la faisait souffrir énormément, elle se détourna de moi mais j’avais compris. Ça me donnait encore plus envie de la soutenir.

- Peut-être...peut-être que tu te mets trop de barrières. Tu te bloques toi-même en disant que tu n’as pas le droit à l’amour. Tout le monde mérite ça, tout le monde y a droit. Pourquoi ça serait différent pour toi ? Si tu penses ça c’est que tu n’es certainement pas tombée sur les bonnes personnes. Tu as le droit d’être heureuse avec quelqu’un, affirmais-je.

Un autre de ses commentaires me fit sourire quand elle dit que si elle était un mec, elle me volerait bien.

- On est faite pour être ensemble dans une autre vie on dirait bien…, riais-je.

Elle continua à parler d’elle, à se confier un peu plus. Elle disait que ce n’était pas dans ses habitudes non plus. Et s’excusa pour ça.

- T’as pas à t’excuser de m’en parler. Surtout… si ça peut te faire du bien, ça me fait plaisir. Et…pour cette personne dont tu parles…je dirais juste que ça s’explique pas, les sentiments ne se contrôlent pas. Tu dois être la mieux placée pour le savoir. Mais…si c’est trop douloureux, il vaut mieux essayer de prendre de la distance. Tu y as déjà pensé certainement, c’est pas simple à faire mais…vaut mieux ça que de souffrir toute sa vie hein. Encore une fois, je ne connais rien à ton histoire et je me mêle de quelque chose qui ne me regarde pas mais…si j’ai pu au moins être un peu utile… En tout cas, c’est dommage que tu caches tout ça. Tu devrais t’ouvrir à ton entourage, ils seraient certainement plus aptes à t’aider que moi.

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Rien dans tout ce qui se passait autour de moi en ce moment même ne me faisait rêver. Il y avait ce couple qui s'embrassaient comme des fous après avoir entendu un simple "oui" et la femme pleurait à chaudes larmes - de joie. Moi, je transformais ma jalousie folle en dégoût. Je regardais les gens autour de moi qui semblaient être aussi heureux qu'elle et je ne comprenais pas.

Grande curieuse que je restais, je demandais à une jeune femme qui devait à peu près avoir mon âge et à qui donc je pouvais aussi m'identifier ce qu'elle trouvait de beau dans cette scène, ce qu'elle ressentait. J'analysais vite qu'elle devait être heureuse avec quelqu'un, et que ce quelqu'un devait avoir bien de la chance de l'avoir. C'est vrai quoi, cette jeune femme était vraiment canon et elle méritait d'être heureuse, et de ressentir ça. Elle me répondit avec une grande intelligence qu'elle acceptait juste le manque qu'elle avait et qu'elle décidait d'être heureuse ainsi puis s'excusa disant que la philo lui montait à la tête. Je souris. « tu as une belle façon de penser en tout cas. » lui avouais-je en souriant. J'avais l'impression que je crevais un peu une bulle en ce moment même. Elle me confiais être très réservée habituellement et même solitaire. Pourtant, j'avais réussi en très peu de temps à faire apparaître ce qu'il y avait de profond en elle, apparemment. Faut dire que c'était mon cas aussi, je n'étais pas du genre à me confier habituellement. Je garde tout pour moi, j'ingère et je le vomis des mois après dans un grand excès de colère.

Elle me disait ensuite que peut-être je me mettais trop de barrières, que je m'empêchais moi-même d'être heureuse alors que tout le monde y a le droit. Je souriais doucement. Elle semblait vraiment vouloir m'aider. « je... je ne sais pas. disons que.. cela fait très très longtemps que je pense toujours au même homme.. crois-moi j'ai essayé d'être heureuse avec d'autres hommes.. souvent ils ne s'avéraient ne vouloir que mon cul et mes seins mais ça, ce sont les hommes. D'autres étaient sincères et moi.. je leur aie claqué la porte au nez.. » lui avouais-je. « tout me revient toujours au même homme, quoiqu'il arrive. C'est pas facile de lutter contre ça, je commence à être en manque de force. » dis-je lâchant un petit rire retenu, souriant.

La blague sur le fait qu'on serait bien ensemble dans une autre vie me faisait rire. Mais, je m'excusais quand même de me confier comme ça d'un coup à quelqu'un qui ne m'avait rien demander. Elle me consolait me disant qu'il n'y avait rien à pardonner. Que peut-être je devrais mettre des distances avec ce qui me fait souffrir. Elle me dit qu'elle ne connaissait pas mon histoire et que donc elle ne pouvait pas vraiment m'aider, qu'il faudrait peut-être que j'en parle plus à mon entourage. Je souris. Evidemment, si elle savait elle ne me dirait pas ça mais, je n'allais pas lui en vouloir. Je mettais ma tête de côté. « Je suis Louise, au fait. Ca te dirait que je t'offre un café, un thé, ou un chocolat? En retour de tout ce temps où je t'ai embêté. » dis-je souriant, allant vers le café le plus proche. Je lui payais ce qu'elle commandait en insistant. Puis je reprenais notre conversation. « j'en parle beaucoup à ma meilleure amie à vrai dire. Le mec en question est parrain de son fils, et moi marraine donc elle nous connait bien tous les deux à vrai dire. Enfin, elle ne le porte pas vraiment dans son coeur à cause de ce qu'il me fait ressentir.. mais j'ai déjà essayé de le fuir, et pendant huit ans. Et pourtant je suis là à toujours parler du même mec qui en ce moment même est au Mexique quelque part, qui ne réponds plus.. Tu sais lui et moi on ne fait que se hurler dessus, ça a toujours fonctionné comme ça depuis qu'on est gosses mais.. on a quand même des souvenirs fous ensemble et puis.. c'est notre façon de.. enfin je le pensais mais.. aujourd'hui après tout ce que j'ai vu depuis qu'on s'est revu, et puis son silence depuis plus d'une semaine, je commence à douter qu'il tienne encore à moi et.. ça répond à la question que je voulais lui poser. Je voulais être sincère avec lui pour une fois essayer de trouver les mots sur ce que je ressens pour savoir une fois pour toute.. Etre en couple lui et moi on est pas fait pour ça, on a une autre définition de la chose je sais que ce n'est pas ce qu'il veut de toute façon et je ne le forcerais pas. Je voudrais juste.. savoir une bonne fois pour toute si pour lui je ne suis que des seins et un cul aussi pour.. ensuite prendre ma décision.. essayer de m'éloigner pour toujours ou bien.. essayer d'être heureux ensemble.. Je commence à avoir un âge où je vois mes amis avoir des petits amis.. des fiancés.. des enfants.. les voir se marier, être heureux, avoir une vie familiale et moi.. je suis toujours la nana toute seule dans mon coin qui les jalouse secrètement et fait genre de les haïr.. enfin.. et toi? Tu fais quoi dans la vie et.. je te raconte alors.. raconte moi. » lui dis-je alors me rendant compte que je parlais peut-être trop. Enfin trop tout court.

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C’était étrange de s’ouvrir comme ça à une inconnue. Je parlais rarement de moi, le plus souvent parce que je ne pensais pas ça intéressant. Mais là c’était différent. Je pouvais parler sans arrière-pensée, sans barrière. Je ne connaissais pas la jeune femme mais la voir s’ouvrir à moi aussi facilement me poussait à faire de même.

J’avais fait des hypothèses sur ce qui pouvait la pousser à être dégoutée par cette déclaration d’amour publique. Elle m’avoua qu’elle pensait toujours au même homme. Les autres, elle les avait repoussés, ou bien alors il ne la voyait que comme un corps et rien d’autre. Son « mais ça, ce sont les hommes » me fit comprendre que nous n’avions pas la même vision. Du moins, la mienne était extrêmement rétrécie puisque j’avais toujours préféré m’éloigner des garçons. Charlie était mon seul ami masculin. Je n’y connaissais rien. Et elle disait donc que c’était une lutte parce qu’il y avait toujours ce même homme.

- Je crois que je comprends, dis-je.

J’avais beau m’exprimer plus facilement, je n’allais pas plus loin. Je préférais donc continuer à parler d’elle plutôt que de moi. En plus elle avait l’air d’en avoir vraiment besoin et ça me faisait plaisir de pouvoir l’aider à sortir ce qu’elle avait sur le cœur. C’était peut-être un peu étrange de réagir comme ça alors qu’elle venait à peine de me dire son prénom. Et de m’inviter dans un café.

- C’est pas nécessaire, c’était pas du tout une perte de temps…, essayais-je de dire.

Mais ça ne fonctionna pas. Arrivée au café, elle insista à nouveau pour payer, et je cédais. Nous nous asseyions avec nos boissons et Louise poursuivit là où nous en étions, disant que sa meilleure amie était au courant de ce qu’elle ressentait pour ce gars. Elle me disait aussi qu’elle l’avait déjà fui mais que ça revenait toujours à lui, qu’elle voulait être sûre qu’il ressentait au moins quelque chose pour elle avant de prendre une décision. Tout avait été dit d’une traite, c’est que ça devait beaucoup lui peser selon moi.

- Avant qu’on dérive vers moi, j’aimerais savoir…tu étais prête à être avec cet homme, à sa façon ? Je veux dire… S’il te disait qu’il ressentait la même chose pour toi mais, comme tu l’as dit, une relation de couple c’est pas pour lui…comment tu ferais ? Est-ce que tu serais prête à attendre encore ? demandais-je avant de répondre à sa question. Eh bien moi…déjà je suis Joana. Je suis étudiante en philosophie, totalement perdue sur ce que je devrais faire plus tard, et je suis serveuse pour le moment parce qu’il faut que je paye une partie du loyer et que je mange. En fait, le mot « perdue » me correspond pas mal. Je suis à Miami depuis quoi…six mois et je ne connais pas du tout cette ville parce que je sors très rarement à part pour aller en cours, et que je ne connais quasiment personne ici. En vérité, je suis venue à Miami pour quelqu’un. Comme toi, tout revient à lui mais…c’est compliqué aussi parce qu’il a vécu des choses horribles dernièrement. Ton histoire est plus intéressante que la mienne et…tu as l’air d’avoir vécu beaucoup plus de choses que moi. T’as plus d’expérience en ce qui concerne les garçons mais tu n’as certainement pas eu la chance de tomber sur les bons. Alors, si ce gars ne revient pas vers toi à genoux, si ça ne fonctionne pas, je souhaite pour toi que tu tombes sur le mec parfait, celui qui réussira à enlever cette expression de dégout quand tu verras un couple dans un parc.

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Cette jeune fille était adorable. Quoiqu'elle puisse dire, je l'emmenais tout de même au café le plus proche pour lui en offrir un. C'était la moindre des choses, après qu'elle ait accepté de m'écouter comme ça et qu'elle ait été si compréhensive, je me devais au moins de lui offrir un café. J'entrais dedans et là je continuais la discussion sans attendre. Je suis une vraie pipelette faut dire. Je n'ai pas grand mal à parler à quelqu'un que je viens de rencontrer, surtout qu'elle inspire vraiment confiance. Je papote et papote sans m'arrêter. Elle au contraire, n'a pas l'air d'être vraiment comme moi. Au contraire, elle a l'air très réservée et timide habituellement. Pourtant, elle me parle quand même et s'ouvre un peu à moi. Je ne sais pas pourquoi mais j'avais ce sentiment de vouloir être là pour elle, de l'écouter. Je n'avais pas l'impression qu'elle ait l'habitude de l'être, pourtant elle avait l'air de le mériter. Elle inspirait vraiment la douceur, la gentillesse, la sympathie. Je lui retournais donc la question à la fin de mon speech.

Elle a l'air de s'en être pris plein la vue, j'ai peut-être trop parler, je m'en veux déjà. Mais elle me réponds quand même, me posant quelques questions. Ce sont des questions auxquelles je ne me suis jamais confrontée, car à vrai dire j'avais bien dû mal à imaginer Noah un jour m'avouer qu'il ressentait comme moi. Pourtant, elle me l'a posait et je me la posais donc par la suite. Je me râclais la gorge. « Eh bien disons que je pense que je serais tellement touchée qu'on se soit enfin dit les choses que.. peu m'importe la manière dont on vivra ça par la suite. Tu sais je ne suis pas très adepte des relations carrées et traditionnelles, c'est pour ça aussi qu'on est très bien ensemble. Enfin qu'on l'était, quand on était ados.. On vivait le fait de s'aimer d'une manière bien à nous.. on ne peut pas vraiment dire qu'on était ensemble comme tout couple pourrait l'être. Mais ça me va.. tout ce que je souhaite je pense c'est juste de ressentir d'une manière ou d'une autre qu'il tient à moi, vraiment. » lui avouais-je alors, avec un petit sourire. J'étais tout à fait honnête avec elle, parce qu'elle l'était avec moi. Elle me racontait un peu sa vie, sans trop de détails. Elle me confirmait être quelqu'un de réservée, qui sort peu - tout le contraire de moi en réalité. Elle m'avouait être ici pour quelqu'un, mais une histoire bien moins intéressante que la mienne. Que je devais avoir bien plus d'expérience qu'elle en mecs. « Oui, enfin, je ne suis pas un modèle concernant l'expérience de mecs. Après qu'on se soit quitté ados, j'ai essayé de sortir avec des mecs en vain, tout me ramenait toujours à lui, tu sais. Et le reste eh bien, je n'en suis pas toujours fière. » lui avouais-je alors pour décharger tout ça. « Je suis sûre que tu as une histoire d'amour très mignonne, même si elle n'est pas toute rose. Je trouve que ce sont les plus belles, pour te dire. » ajoutais-je. « Eh bien maintenant, tu m'as moi, à Miami. Enfin si tu veux bien de moi. » finissais-je avec un petit sourire. On s'était rencontré par hasard, peut-être était-ce un joyeux hasard. Même si on s'opposait pas mal, on s'entendait bien.

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