Aloysia & Aaron

Cela faisait maintenant plusieurs jours qu’il réfléchissait à la manière de l’aborder, sa belle blonde. Ouais, cela faisait maintenant plusieurs jours qu’il élaborait un plan d’attaque. Ou du moins, il essayait. Parce que ce n’était pas évident comme situation. Il avait besoin de nouveaux papiers. Il serait bientôt plus en règle. Certes, il pourrait très certainement se procurer –illégalement- de faux papiers auprès de ses fréquentations, mais est-ce que le jeu en valait la chandelle ? Il voulait essayer de faire les choses dans les règles de l’art. Plus ou moins. Un mariage blanc, qu’est ce que c’est, au fond ? Que de la paperasse à signer ! Encore fallait-il convaincre la belle. Encore fallait-il qu’il retourne lui parler, après tout ce temps. Encore fallait-il qu’elle l’ait pardonné, après tout ce temps. Deux ans. Deux ans qu’ils ne s’étaient pas vu, et pourtant, il lui arrivait encore, parfois, de rêver d’elle. Il n’avait jamais eu d’autre relation sérieuse –ou du moins, rien de comparable. C’était sa première et dernière vraie relation stable avec une fille. Aloysia. Elle avait le mérite d’avoir réussi à le dompter, ne serait-ce que pour une courte période. Ouais, elle avait ce mérite là, Aloysia, en plus du fait d’avoir conquis son cœur.

Ce matin là, il savait où la trouver … ou du moins, si elle n’avait pas changé. La patinoire. Il était pratiquement sûr de tomber sur elle. C’était une passionnée, Aloysia, elle avait ça dans les tripes ; elle ne pouvait pas avoir renoncer. Non. Impossible. Parfois, il se demandait encore comment il avait fait pour ne pas la croiser durant ces deux longues années ; peut-être qu’il l’évitait, en réalité. Parfois, il se demandait pourquoi il n’était pas aller s’excuser ; peut-être qu’il était lâche, au fond. Parfois, il se demandait pourquoi il ne s’était pas battu pour elle ; peut-être parce qu’il l’aimait, et c’était bien ça le vrai fond du problème. Il fuyait l’amour ou toute autre forme de sentiments. Peut-être avait-il peur de souffrir. Peut-être avait-il peur de dépendre de quelqu’un d’autre que lui, égoïstement. Paradoxalement. Soit. Il arrivait à la patinoire. Il scrutait l’horizon. Il la cherchait. Aloysia. Il avait les mains moites. Putain. Ça y’est, il l’avait vu. Elle était de dos, accoudée à la barrière. Comme la première fois qu’il l’avait aperçu, dans cette boite de Miami. Souvenirs. Il s’était immobilisé. Stop. Soudain, il était tout de suite moins sûr de lui, ouais, d’un coup, il avait moins la confiance. Il se la ramenait moins hein, tout de suite, il faisait moins le malin. Reste concentré. Mariage blanc, mariage blanc ! Bordel ! Il ne pensait pas être déstabilisé à ce point ; et pourtant, elle n’était que de dos, elle ne l’avait même pas encore vu. Il pouvait encore faire demi tour. A tout moment. C’était peut-être la meilleure des solutions. Elle avait assez souffert à cause de lui. Bordel ! Depuis quand il se préoccupe de ce que ressente les autres ? On s’en contre fou ! Reste concentré mon vieux. Il tira un coup sec sur sa chemise et reprit sa marche. Un pas devant l’autre. Lentement. Doucement. Un, deux, trois. Un, deux, trois. Il reprenait confiance en lui. Il s’immobilisa juste derrière elle. Environ un centimètre derrière son dos. Sans l’effleurer. Sans la toucher. Elle ne pouvait sentir que son souffle chaud s’approcher lentement de son cou et le son de sa voix glisser dans son oreille « Je savais que tu serais là … Il marqua un temps d’arrêt. S’attarda un instant sur l’odeur qui venait lui chatouiller les narines. Son parfum. Elle portait toujours le même, ce qui lui arracha un sourire en coin. Ca fait longtemps, Aloysia » qu’il conclut, dans un murmure. Il jouait avec le feu. Il ne savait pas tellement comment elle allait réagir … Lui qui anticipe d’habitude toujours tout, lui qui a toujours une longueur d’avance sur les autres ; il serait surpris. Pris de court. Il fit un pas en arrière, et d’une légère impulsion sur son bras, il lui fait faire volte face. Peut-être qu’elle n’avait pas reconnu le son de sa voix, mais maintenant, elle ne pouvait plus avoir de doute. Et lui non plus. Même s’il n’en avait jamais eu, il était sûr et certain que c’était elle. Sa belle. Il plongea son regard dans le sien. Ses yeux pétillants trahissaient peut-être son émotion inattendue. Peu importe. Pour l’instant, il l’observait. Seulement un millième de seconde s’était écoulée. Le temps était comme figé autour d’eux.

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Aloysia & Aaron

Clac. La première baffe retentit. Sa paume contre sa joue. Violemment. Elle n’avait encore jamais levé la main sur lui. Jusqu’à maintenant du moins. Il ne la croyait pas capable. A l’époque. Il se trompait maintenant, visiblement. Peut-être avait-elle changé. Ce n’était pas pour lui déplaire. Alors qu’il portait sa main à sa joue, afin de la frotter légèrement, il ne vit pas la deuxième claque arriver. Clac. De l’autre côté cette fois ci. Il ne chancela pas, restant de marbre et frottant sa joue. Il ne lui en voulait pas, il l’avait mérité ; c’était juste difficile à admettre. Il n’était pas du genre à se ridiculiser ainsi devant tout le monde. Quelques personnes s’étaient retournées vers eux, un instant, avant de vaquer à leurs occupations. Il n’allait pas se donner en spectacle, ou du moins ce n’était pas son intention. Loin de là.  « Quel accueil ! Moi aussi je suis content de te revoir, Aloysia ! » qu’il finit par dire, sarcastique, tout en la fixant droit dans les yeux. Foutage de gueule. Il voyait alors toute la haine qu’elle avait accumulée envers lui depuis toutes ces années. Elle le prenait pour un monstre. Le salaud qui avait osé la tromper. Le copain infidèle qui était allé baiser une autre plutôt que d’être là pour elle. Celui qui était dans les bras d’une autre alors que sa copine l’attendait, triste, seule, et désespérée après une chute de patins. Ouais, elle ne comprenait pas. Pas plus que lui. Il n’y avait peut-être rien à comprendre ; ça c’était passé une seule fois mais c’était visiblement la fois de trop. La goutte d’eau qui avait fait déborder le vase, qui était déjà bien trop plein. Il s’égarait, perdu dans son regard. «  Toujours à ressasser les vieux démons du passé … A ce que je vois, tu n’es toujours pas passé à autre chose ! » qu’il commença, un léger sourire en coin. Bien sure, il la taquinait. Bien sure, il la provoquait. Il aimait jouer avec les gens. C’était peut-être sa manière à lui de ne pas souffrir. Elle lui en voulait, c’était indéniable, mais plus étonnement, elle s’en voulait à elle même. Peut-être qu’elle s’en voulait de ne pas avoir été plus forte à l’époque, peut-être qu’elle s’en voulait de ne pas l’avoir fait souffrir, elle aussi, peut-être qu’elle s’en voulait de l’avoir laissé partir, sans rien dire. Peut-être qu’elle s’attendait à ce qu’il s’excuse ? Jamais de la vie ! Pourtant, s’il voulait mener son plan à exécution, il faudrait bien qu’il s’ouvre à elle, un jour. Un jour peut-être, mais pas maintenant. Il n’était pas prêt. Encore moins préparé à ce qu’il allait voir. Alors que son regard finit par se détacher des yeux de la belle, il commença à la détailler de haut en bas. Son regard s’arrêta au niveau de son ventre qui était étrangement plus gonflé et bombé qu’à l’époque. Bordel de merde, c’était quoi ça ? Un gosse ? Sa belle était enceinte ? Elle vivait une parfaite histoire d’amour avec un autre ? Elle l’avait remplacé ? Quel con ! Il était assez prétentieux pour penser qu’elle aurait encore des sentiments pour lui, ouais, il était assez égoïste pour penser qu’il était irremplaçable. Visiblement non. Bordel ! Une nouvelle fois, elle le prenait de court. Il ne s’y attendait pas. Il ne s’était pas préparé à cette éventualité. « Ou peut-être pas, finalement … » qu’il finit par balancer, d’une voix sèche et cassante, tout en désignant du doigt le ballon qui lui servait maintenant de ventre. Elle avait réussi à le déstabiliser. Bordel. Il ne s’en remettait pas. Elle était enceinte. Elle était enceinte. Elle était enceinte. Il ferma les yeux un instant afin de se remettre de ses émotions. Il inspira un bon coup, et finit par relever son regard vers elle. Un mélange de dégout et de jalousie. Contradictoire. Il ne savait plus quoi penser. Il aurait mieux fait de rester chez lui. Ce n’était pas une bonne idée. C’était même une très mauvaise idée. Idiot ! « C’est quoi … ça ? » qu’il déglutit, tout en pointant de nouveau son ventre rebondi. Une multitude de pensées contradictoires  se bousculaient dans sa tête. Il imaginait quelqu’un d’autre la toucher, il imaginait quelqu’un d’autre l’embrasser et ça le rendait malade. Mais de l’autre côté, il l’avait voulu, ouais, de l’autre côté, c’était lui qui était allé voir ailleurs. Son visage ne laissait pour autant transparaitre aucune émotions. Il était difficile de savoir à quoi il pensait Aaron, ouais, on ne pouvait pas lire en lui comme dans un livre ouvert. Bien au contraire. « Je devrais peut-être te féliciter ? » qu’il lâcha, hypocrite. Il s’approcha d’elle, de sorte à ce qu’elle se retrouve coincée entre lui et la rambarde, agrippant la barrière de part et d’autre de son bassin. Coincée. Prise au piège. « Alors, qui est l’heureux élu ? » qu’il lui demanda, la toisant d’un regard noir. Jaloux. Possessif. Il avait inversé la situation initiale. Comme si c’était lui qui lui faisait maintenant  des reproches. Ironie. « Tu peux me claquer tant que tu veux, j’bougerais pas de là. Il s’approcha encore un peu plus de son visage. Alors, tu te sens mieux maintenant ? Je t’ai trompé une seule fois et c’est tout ce que tu retiens de notre relation ? T’as certainement oublié tous les moments qu’on a passé ensemble, mais pas moi. Ses yeux dans les siens, il conclut. Alors maintenant dis moi qui est le salaud qui t’a fait ça ! » Ironie. Une nouvelle fois. Comme si c’était un fardeau. Comme si elle était tombée enceinte par mégarde, par inadvertance. Comme si ce n’était pas voulu. Conclusions hâtives. Sûr de lui. Comme à son habitude. Impulsif. Possessif. Comme si elle était son trophée. Elle ne lui appartenait pourtant plus, et ce, depuis maintenant bien longtemps. Et pourtant, il ressentait encore le besoin de la protéger. Ironie. Ou peut-être bien que tout ceci n’était qu’un jeu pour lui. Manipulateur. Croyez ce que vous voulez. Peu importe.

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Aloysia & Aaron

Qu’est ce qu’il voulait ? A vrai dire, lui même ne le savait pas réellement. Certes, il y avait cette histoire de mariage blanc. Mais il aurait très bien pu faire de faux papiers comme à son habitude. Peut-être voulait-il pimenter la chose, cette fois-ci. Tel un défi. Ou peut-être qu’il y avait autre chose de plus enfoui. Secret. Peu importe, elle ne saurait jamais vraiment la raison de sa venue. Non, peut-être même qu’il lui ferait croire qu’il était revenu pour elle, après toutes ces années. Balivernes. Elle n’était pas sotte, la belle, non, elle n’était pas crédule, elle ne le croirait jamais. Elle connaissait peut-être mieux que n’importe qui Aaron et sa façon de penser. Il ne fait jamais rien sans rien. Tout a un but. Le pourquoi du comment. Tout est calculé, pesé, réfléchi, analysé … Rien n’est laissé au hasard. « Je n’ai pas le droit de venir te voir, tout simplement ? » qu’il finit par répondre, le plus naturellement du monde. Mensonge. Comme d’habitude. Même si, voir la belle lui faisait plus d’effet qu’il avait pu l’imaginer. Et il n’aimait pas ça, les imprévus. Comme le fait qu’elle soit enceinte. Il ne l’avait pas vu venir. Choqué. Qu’est ce qu’il foutait là ce bébé ? Il n’était pas prévu dans le tableau, non, il faisait de l’ombre à son plan. Il n’avait même pas encore commencé qu’il était déjà voué à la catastrophe. Comment pouvait-elle accepter de l’épouser si elle attendait le bébé d’un autre ? Improbable. Mais tout d’abord, il voulait savoir qui était l’ordure qui l’avait engrossée. Oui premièrement, il voulait connaître l’identité de son rival. Blake. Ce mot avait retentit dans son oreille, tel une mauvaise chanson. Blake. Ce salaud était le père de l’enfant ? A croire que cela l’amusait, elle semblait même plutôt satisfaite d’elle. Et en même temps, il y avait de quoi. Une nouvelle fois. Pris de court. Déboussolé. Blake. Une multitude de souvenirs refirent surface. Alors il avait raison sur toute la ligne depuis le début ? Il avait toujours soupçonné cet enfoiré d’être amoureux de la belle, en secret. Ouais, cette relation ambiguë ne l’avait jamais enchanté. Ils étaient bien trop proches à son gout pour que ce soit uniquement un partenaire de glace. Et ces soupçons ne faisaient que se confirmer suite aux révélations de la belle. Blake. Il avait osé poser les mains sur elle ? Il avait osé fonder une famille avec la belle ? Il avait osé la lui voler ? Blake. Ce prénom résonnait en boucle dans sa tête, tel un refrain. Bordel ! Elle s’était bien foutue de sa gueule. Ses poings se serrèrent le long de la rambarde. Elle avait réussi à l’énerver. Et elle le savait. Elle devait même jouir intérieurement. Alors que lui, il bouillait de l’intérieur. Telle une cocotte minute. Mais, il n’essayait de ne rien faire paraître, seule la force avec laquelle il serait la barrière pouvait le trahir. Et peut-être aussi le regard sombre qu’il lui lançait. Dégouté.  « Vous n’avez pas perdu de temps, c’est bien ! » qu’il finit par dire, suite à sa remarque. Sarcasme. Hypocrisie. Elle s’était approchée bien trop près de lui, il avait pu sentir son souffle s’abattre dans son cou, il avait pu entendre le son de sa voix glisser dans son oreille, tel un poison. Elle jouait avec lui, comme il jouait avec elle. Il aimait ça. Elle avait bien plus de caractère qu’avant. Elle était plus affirmée. Sûre d’elle. Et ce n’était pas pour lui déplaire, bien au contraire. Malheureusement. « On peut dire qu’on est quitte alors. Pendant que tu te consolais dans les bras de ton amant, moi j’étais dans ceux d’une autre ... Drôle non ? A croire qu’on était fait pour l'un pour l'autre » qu’il enchaina, un sourire narquois pendu au bout de ses lèvres. C’était de la méchanceté gratuite, il le savait. Mais elle l’avait touché là où ça fait mal. Il fallait donc riposter. Elle soutenait son regard. Bordel. Ses mains se resserrèrent d’avantage à la barrière, faisant ressortir des veines le long de ses avant bras. Elle le rendait fou. Dans tous les sens du terme. Il fallait qu’il se casse d’ici. Il allait faire une connerie qu’il allait regretter. Comme si sa situation n’était pas perdue d’avance, de toute manière. « J’espère pour toi qu’il héritera surtout de la beauté de sa mère … » qu’il lâcha. Pic. Puéril. Enfantin. « Tu sais que j’ai toujours eu un faible pour les blondes… qu’il poursuivit, taquin. Elle voulait jouer, très bien. Même si j’adhère beaucoup moins au concept du ventre gros comme un ballon … qu’il continua tout en approchant de nouveau son visage de son cou. Ses lèvres se glissant dans le creux de son oreille, il chuchota. Et ça c’est de sa faute, à ce salaud. » Il fallait bien un coupable. Et pour le coup, Blake était parfait dans ce rôle. Il finit par reculer son visage et  lâcher son emprise sur elle. Lâcher la barre. Perdre son regard dans l’horizon. Au loin. Penser à autre chose. Mettre ses sentiments de côtés. Ne pas montrer ses faiblesses. Ne pas montrer ses failles. Etre fort. Distant. Désintéressé. C’est ce qu’il faisait pourtant de mieux. D’habitude. Bordel. « Combien de temps ? » furent les seuls mots qu’il daigna prononcer. Combien de temps quoi ? Qu’elle était enceinte ? Qu’elle sortait avec son partenaire ? Qu’elle le trompait ? Qu’elle l’avait oublié ? Peu importe, elle prendrait cette question comme elle voudrait. Il ne savait pas lui même s’il attendait une réponse en particulier. Peu importe, en réalité, il s’en foutait. Il essayait en parallèle de trouver un plan pour retomber sur ses pattes. Tirer avantage de la situation. Même si pour l’instant, il ne voyait vraiment pas comment.

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Aloysia & Aaron

Bingo. Elle le connaissait, Aloysia, plutôt bien même, il fallait l’avouer. Elle devait se douter de quelque chose. Elle devait se méfier de lui comme de la peste. Et elle avait raison. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Bien au contraire. Elle avait l’avantage sur lui. Elle avait une multitude de raisons de lui en vouloir, alors que lui, au fond, il n’en avait aucune. Il était responsable de leur échec, et elle ne lui avait pas –encore- pardonné. Même pas après ces deux longues années d’écoulées. Peut-être parce qu’ils ne s’étaient jamais expliqués. Peut-être parce qu’ils n’avaient jamais mis les choses à plat. Peut-être parce qu’il ne s’était pas excusé. Peut-être parce qu’il n’avait pas essayé de se faire pardonner. De se racheter. Peut-être parce qu’il ne s’était pas battu pour leur couple. Mais il était trop fier, Aaron, pour admettre ses erreurs. Ouais, il était trop égoïste pour penser aux sentiments des autres. « C’est bon tu vas me le rabâcher combien de fois ? Je crois que j’ai compris merde ! » qu’il répliqua, agacé, lorsqu’elle lui dit qu’il n’avait pas perdu de temps pour la tromper, autrefois. Elle n’avait pas tort. Une fois de plus. Il pouvait sentir sa haine envers lui monter au fur et à mesure qu’il lui lançait des pics. Peut-être qu’il aimait ça. Peut-être même que ça l’excitait. Esprit tordu. Tourmenté. Mais à cet instant précis, toute son attention était focalisée sur Blake, celui qui avait réussi à lui voler le cœur de sa belle. Putain, ça aurait pu être n’importe qui et il avait fallu que ça tombe sur lui. Coïncidence ? A croire que ses doutes passés étaient fondés. Il avait toujours senti une certaine connexion, une certaine complicité entre eux. Et maintenant ils allaient être parents. Putain. Blake. C’était vraiment le père de son gosse ? Elle avait vraiment couché avec lui ? Fallait croire que oui. Tout cela le dépassait. Tout cela l’éloignait de son plan d’origine. Tout cela l’énervait. Le seul responsable c’est toi. Il sentit son ongle s’enfoncer dans sa poitrine. Elle le pointait du doigt. Dénonciateur.  « Je sais, je pense l’avoir assez entendu pour aujourd’hui » qu’il répondit, lasse. Tout ce qu’elle disait l’accusait. Tous les mots qui sortaient de sa bouche étaient remplis de haine. A croire qu’elle ne ressentait vraiment plus rien pour lui. A croire qu’elle avait balayé leur année de vie commune d’un simple geste de la main. Effacé. Oublié. Bordel. Comment faisait-elle ? « C’est qu’elle défend son prince charmant la petite ! » qu’il lâcha, sarcastique. Encore une fois, il la cherchait. Blake, ci. Blake, ça. Il en avait assez entendu. Et visiblement, elle aussi, vu qu’elle le repoussa en arrière, de sorte à ce qu’il lâche son emprise sur elle. Il ne se fit pas prier. Il avait besoin d’air. Il avait besoin de regarder ailleurs. Détacher son regard de celui de la belle, de peur d’être de nouveau ensorcelé. Sous le charme. Ressaisis toi Aaron. Il écoutait sa tirade sans rien dire. Oui, pour une fois, il semblait prendre conscience qu’elle avait réellement souffert de cette histoire. Pour la première fois, il semblait prendre ses sentiments en considération. Il l’avait trahi. Il en était conscient. Il ne connaissait pas la raison, il ne pourrait pas lui expliquer, et pourtant, c’était bel et bien un fait indéniable. Pris d’une pulsion, il saisit son poignée avant qu’elle parte, comme pour la retenir. « C’est bon, combien de fois il va falloir que je te dise que je suis désolé ? Combien de fois je vais devoir m’excuser ? » qu’il lâcha, tout en haussant le ton. Inconscient. C’était bien la première fois qu’il s’excusait, à sa façon. C’était bien la première fois qu’il prononçait ce mot, même, à vrai dire. Je suis désolé. Il ne l’avait jamais dit auparavant. Par fierté. Elle noterait sans doute l’effort. Il avait fait un premier pas. Peut-être même qu’il était sincère, peut-être même que c’était sorti spontanément. Peut-être aussi que cela faisait parti de sa stratégie, mais son regard pétillant semblait le trahir. Une fois de plus. Bordel. « Pour ce que ça vaut, sache que j’ai jamais voulu te faire de mal … » qu’il commença, avant de s’arrêter net. Non. C’est tout. Arrête. « Juste le fait de l’imaginer dans ton lit ça me rend malade » qu’il conclut, dans un murmure. Il l’avait vraiment dit tout haut ? Pff. Il avait lâché sa main, elle pouvait le claquer si elle en avait envie, il en avait rien à foutre. Au moins, pour une fois, il avait dit la vérité. Plus ou moins. Mais encore une fois, il lui tendait une perche. La partie était loin d'être terminée.

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Aloysia & Aaron

Revenir plus tôt ? Et la fierté dans tout ça ? Non, jamais il n’aurait pu. Jamais il n’y serait parvenu. C’était trop lui demander. Même pour elle. Sa belle. Parce que oui, pourtant, pour elle, il aurait pu faire n’importe quoi. Parce que oui, il était tombé sous le charme, quelques années auparavant. Dès le premier regard. On pourrait même appeler ça le coup de foudre. Ouais, il y croyait, avant. Ouais, il y avait cru, auparavant. Mais elle était bien loin cette époque. Révolue. Oubliée. Balayée. « Je l’ai regretté, putain, j’te promet que j’m’en suis voulu … puis après j’me suis fait une raison. Tout ça, c’était pas pour moi. Et puis, j’étais pas pour toi non plus, en fait » qu’il lâcha. C’était encore une première pour lui. Il lui disait enfin ce qu’il pensait. Ouais, il lui disait enfin ce qu’il avait ressenti, en la quittant. Plus ou moins. C’était pas un sentimental non plus, Aaron. Loin de là. C’était pas un romantique, Aaron. Jamais de la vie. Alors il fallait savoir se contenter des petites choses qu’il avouait. Ici et là. Parfois. Elle lui avouait qu’elle aurait aimé qu’il reste, à l’époque. Ouais, elle lui avouait qu’elle lui aurait pardonné. Il ne pouvait pas savoir. Il n’était pas voyant. Et encore moins devin. Non, il n’avait pas cherché à savoir, plutôt. Il avait préféré tirer un trait sur cette relation qui se dégradait. Il n’y avait plus la flamme des premiers jours. Il n’y avait plus cette étincelle qui brillait dans ses yeux. Non, il n’y avait plus tout ça. C’était plat, monotone, sans vie. Lassant. Barbant. Et puis surtout, il y avait son erreur. Sa putain de grossière erreur. Bordel. « J’suis nul pour ces trucs là, et tu l’sais » qu’il commença, avant de poursuivre, voulant la couper dans son élan, « arrête, c’était pas ta faute, et ça aussi tu l’sais. » Ouais, il fallait qu’elle arrête de se chercher des excuses. Il n’avait pas été là pour elle, il le savait ; et il le comprenait que maintenant. Mieux vaut tard que jamais. Ironie. Il n’est pas du genre à accepter ses erreurs, Aaron, ouais, il n’est pas du genre à se remettre en question.

Le patinage. Elle n’en faisait plus ? Il n’était pas au courant. Et pour une fois, ce n’était pas un mensonge. Promis. Il était justement persuadé de la retrouver là, à s’entrainer comme elle le faisait avant. Comme dans ses souvenirs. Des heures durant. Il se souvient. Il la regardait. Gracieuse. Glisser sur la glace. Il la fixa de nouveau droit dans les yeux, « T’as arrêté ? qu’il demanda, avant de continuer, tu devrais pas abandonner. » Il aurait pu ajouter qu’elle était vraiment douée, qu’elle était passionnée et tout le reste, mais les longues tirades, à Aaron, c’est vraiment pas son truc. Il était plutôt du genre simple et concis. Bordel. Il aurait mieux fait de se taire. Voilà qu’elle s’emportait de nouveau. Une vraie tornade. Bien sûr que oui qu’il était jaloux, il l’avait toujours été. Il n’est pas le genre de mec qui aime partager. Ouais, il est plutôt du genre possessif. Propriété privée. Et le fait de revoir Aloysia, sans trop savoir pourquoi, avait fait renaitre ce sentiment jusqu’à alors enfoui. Bordel. Lui aussi il allait s’énerver si elle continuait à lui faire son monologue. Il sentait ses poings se serrer de nouveau. Arrête toi Aloysia. Stop, c’est fini maintenant. Putain. « Tu l’sais très bien que j’suis un mec jaloux, c’est pas une nouveauté à ce que j’sache. Et je vais pas m’excuser pour ça. J’pense avoir le droit de réagir quand j’vois mon ex copine engrossée ! Surtout par ce type ! Putain j’hallucine à croire que tu fais tout pour m’énerver ! Il souffla un coup, avant de reprendre. Je vais te le dire une dernière fois parce que tu sembles pas comprendre : j’en ai rien à foutre de cette nana, c’est clair ? Elle m’intéresse pas. Tu comprends ? Il donna un coup dans la barrière. Impulsif. Puéril. Avant de reposer son regard noir sur elle. Parce que tu crois vraiment que je vais te courir après ? J’ai autre chose à foutre putain ! Vis ta vie passionnante de jeune maman, passe le bonjour à Blake et va te faire baiser par qui tu veux pendant que t’y es ! Il marqua un temps d’arrêt. Droit dans les yeux. J’en ai plus rien à foutre. » Il avait prononcé ces derniers mots un à un, lentement, comme pour leur donner plus d’impact. Il était aussi violent dans ses paroles que dans ses gestes. Pourtant, il ne pensait pas la moitié de ce qu’il disait. Malheureusement, la cocotte minute avait explosé. Au mauvais moment. Il était prêt à faire des efforts, et pourtant, elle avait tout gâché. Ou alors peut-être que c’était lui. Comme d’habitude. Il était aveugle. Pff. Il donna un nouveau coup dans la barrière. Enervé, il baragouina dans sa barbe, « ça m’apprendra à m’excuser. » En plus de ça, il avait jamais autant parlé. Peut-être même qu’il aurait mieux fait de se taire. Ouais, parce que question plan, il y avait mieux comme technique. Mais pour une fois, il n’était plus dans le jeu, dans les faux semblants et tout ça. Stop. Pause. Respire. Expire. Bordel. Qu’est ce qu’il avait encore dit ?

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