«
Je comprends » fut tout ce qu’il répondit lorsqu’elle lui fit comprendre que le patin n’était plus d’actualité, à cause de sa grossesse. C’était un peu comme un sujet tabou maintenant pour lui. Et pourtant, il ne pouvait pas se voiler la face, le ventre de la blonde était bel et bien là. Et l’enfant qui s’y trouvait à l’intérieur également. L’angoisse. Il préférait toute fois ne pas remettre le sujet sur le tapis. De peur de s’emporter, une nouvelle fois. Une fois de plus. Le calme ne fut que de courte durée. Malheureusement. Elle ne semblait pas apprécier le fait qu’il soit jaloux. Et encore moins le comprendre. A vrai dire, lui non plus, il ne comprenait pas. Mais c’était pourtant un fait indéniable. Ça lui faisait mal.
Vraiment. C’est vrai qu’ils n’étaient plus ensemble, ouais, et ce, depuis un petit bout de temps maintenant même, mais c’était plus fort que lui, il n’y pouvait rien.
Promis. Pourquoi est-ce qu’elle ne le croyait pas ? C’était si difficile pour elle d’accepter le fait qu’il pouvait tenir encore un minimum à elle ? Visiblement. Et ça avait le don de l’énerver. Fait pas ci, fait pas ça. Il n’avait d’ordre à recevoir de personne. Même pas d’elle. Sa belle. Ses poings se serrèrent. «
Lâche moi tu veux ? »
Putain. Il était énervé. Et voilà qu’elle en remettait une couche avec l’autre.
Prends ça Aaron, tu l’as bien mérité ! Minable. Egoïste. Il le savait. Il n’avait pas d’excuses pour le coup. «
On fait tous des erreurs, moi le premier » qu’il se contenta de répondre, lasse. Il venait d’avouer qu’il faisait des erreurs, et encore une fois, pour lui, c’était une grande première. Qu’est ce qu’elle lui faisait dire ? Merde. Et voilà qu’il sous entendait qu’elle était une pute. Bien qu’il n’ait rien contre ces femmes là, bien au contraire. Il en avait même aimé une, c’est pour dire. Elle lui ressemblait étrangement, d’ailleurs, mais ça, il se retint bien de le lui avouer. Elle était tout au moins aussi en rogne que lui. Mais en même temps, ils se cherchaient mutuellement. Comme deux gosses dans un cour de récréation. Un règlement de comptes. Face à face. Un duel. Que le meilleur gagne. «
Ce que tu fais de ton cul m’regarde plus, comme tu l’dis si bien ! » qu’il lança, d’un ton cinglant. Il savait qu’il l’énervait, il pouvait voir son poing se serrer. La tension montait crescendo. Mais qu’est ce qu’il foutait là au fond ? Tout ça à cause de cette foutue idée, ouais, tout ça à cause de ce défi qu’il s’était lancé à lui même. Pourquoi elle plutôt qu’une autre, d’ailleurs ? Il aurait pu demander à n’importe qui, ouais, il aurait pu se marier à la première venue, mais non, il avait fallu qu’il la choisisse, elle, pour l’élaboration de son plan. Peut-être qu’au fond il était sado. Ou peut-être même qu’en réalité, il voulait la revoir.
Secrètement. Ouais, c’était peut-être ça sa vrai raison. Cette histoire de papiers, tout ça, c’était uniquement pour se donner bonne conscience. Un homme fort. Ne regarde pas le passé. Va de l’avant. Tu parles. Il avait mis les pieds en plein dedans. Un sacré merdier d’ailleurs. Elle le soulait sérieusement avec ses questions. Il n’avait pas envi de répondre. Ouais qu’est ce que ça pouvait lui faire au fond, le pourquoi du comment ? De toute manière elle le vouait une telle haine que la partie était perdue d’avance. Elle en avait rien à foutre de lui, tout comme il venait de le prétendre. Foutaise. «
J’te l’ai déjà dit, j’avais envie d’te voir ! » qu’il répondit, agacé. Allait-il devoir se justifier de ses moindres faits et gestes ? Allait-il devoir payer à vie l’erreur qu’il avait commise ? Visiblement. Lassant. «
Mais la donne a changé ! J’étais pas venu ici pour qu’on s’engueule, et puis, j’savais pas que t’étais enceinte, et puis, bref, c’est pas grave, ça sert à rien ! » qu’il lâcha, tout en donnant le coup de pied dans la barrière. Impulsif. Il devait se calmer. Ca ne servait à rien de s’énerver. Elle le méritait pas. Elle s’en foutait de lui. Elle en avait rien à foutre de ses semblants d’excuses et tout le reste. Tout ce qu’elle voulait c’était lui faire payer. Le faire souffrir. Pour qu’il s’en veuille. Le pousser dans ses retranchements. Et ça semblait marcher.
Sorcière. Il était prêt à se casser d’ici, ouais, il était prêt à mettre les voiles, ça menait à rien, ils tournaient en rond, ils ne s’écoutaient pas parler, elle ne lui avait pas pardonné … Enfin bref, il y avait tout un tas de raisons pour qu’il se casse d’ici ; mais ça, c’était avant qu’elle le traite de minable.
Sérieusement ? Il s’approcha d’elle, un seul pas avant que son dos ne se plaque de nouveau contre la barrière. Il la dominait légèrement grâce à sa taille. Elle était allée trop loin. Elle était qui pour le juger ? Elle était parfaite peut-être ? C’était trop facile de s’en prendre à lui, c’était trop facile de lui rabâcher sa seule et unique erreur en boucle. Tel un mauvais refrain.
Encore et encore. Il posa ses mains de part et d’autre de ses bras, au niveau de son buste, afin de l’empêcher de se débattre, et vint coller son front au sien. Il pouvait sentir sa respiration s’abattre contre son visage. Il la fixa droit dans les yeux. «
Je suis désolé Aloysia » qu’il avoua, tout en soutenant son regard. Profond. «
J’voulais pas te faire souffrir » qu’il ajouta, avant de lâcher son emprise.
Heureuse ? Elle avait gagné. Pour cette fois du moins. Elle l’avait poussé à bout. Il avait avoué. Vérité ou mensonge ? Peu importe. Il le pensait. C’était l’essentiel. C’était la première fois qu’il s’excusait. Peut-être parce qu’il en avait marre de se battre avec elle, peut-être parce qu’il n’était pas venu pour ça. Il aimait jouer, mais là, ce qu’ils étaient en train de faire, ce n’était plus un jeu. Ca allait beaucoup trop loin. Et il ne voulait pas la faire souffrir, une nouvelle fois. Des remords ? Peut-être bien. Une conscience ? Probablement. «
Maintenant, le sujet est clos » qu’il conclut, calmement. Comme l’aurait fait un homme d’affaire à la fin d’un contrat. Il ne voulait plus l’entendre rabâcher ces horreurs. Stop. C’était fini. Il n’avait pas d’explications rationnelles et peut-être même qu’il en aurait sans doute jamais. Il avait fait des efforts, à elle d’en faire. Parce qu’au fond, elle attendait quoi de lui ? Une déclaration ? Un monologue poignant ? Ce n’était pas son truc, elle savait à quoi s’attendre. Il savait qu’il avait fait une erreur, mais était-ce important de la lui rappeler sans cesse ? Etait-ce important de venir remuer le couteau dans la plaie deux ans après ? Peut-être fallait-il hisser le drapeau blanc. En paix. Et repartir sur de bonnes bases … en mettant en aparté le mariage blanc pour le moment, bien entendu. Chaque chose en son temps.
Tout vient à point à qui sait attendre.
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