J’avais attendu longtemps avant de confier enfin à Ryan que je savais pour Léna et lui. Parce que je connaissais la vérité depuis de nombreux mois quand même. Mais, au début, j’avais attendu qu’il m’en parle de lui-même. Sauf qu’il n’était pas dans une bonne période à ce moment, rejetant tout et tout le monde. Et ensuite il était parti, et j’étais parti moi aussi. Nous ne nous étions pas parlé depuis un bout de temps. C’était un peu le moment du bilan aujourd’hui, si on pouvait dire. J’avais encore une fois voulu qu’il m’en parle de lui-même, mais il avait continué à me dire qu’ils étaient juste proches, rien de plus. Je n’avais donc pas tenu plus longtemps et avais dévoilé que je savais, que j’avais surpris Léna lui parler alors qu’il était dans le coma.

Ce que je disais pouvait passer pour des reproches mais ce n’en était pas vraiment. Je m’inquiétais surtout pour lui. Ce genre de relation était beaucoup trop compliquée, et il finirait par se lasser de tout justifier et de tout cacher. Ce n’était pas une bonne idée selon moi. Mais il le savait lui-même, il l’expérimentait chaque jour avec elle après tout. Les sentiments étaient plus forts. Qu’est-ce que je pouvais dire contre ça ? Je n’y connaissais strictement rien et c’était leurs vies. « Est-ce que tu comptes en parler à ton oncle un jour quand même ? Est-ce qu’elle a l’intention de le quitter ? » .

Le sujet changea du tout au tout puisque nous nous étions mis à parler de la grossesse d’Aloysia. Je m’étais assis à nouveau et pris une gorgée de ma boisson. J’avais dû mettre Ryan au courant parce qu’Aloysia ne lui avait rien expliqué. Ça lui faisait un choc d’apprendre que c’était moi le géniteur, je pouvais parfaitement le comprendre parce que j’avais moi-même pas mal de difficulté à assimiler l’idée, même si j’avais accepté. « Rien n’est encore fait. Je sais pas si je vais réussir à aller jusqu’au bout. » confiais-je à Ryan. Je n’étais pas du tout sûr de moi. Je m’adossais dans mon fauteuil à son autre commentaire. « Je sais qu’elle éprouve des trucs pour moi mais…pour ce qui est de moi, j’en sais rien. Je risque de la décevoir à nouveau alors parfois…je me dis que j’aurais mieux fait de refuser, ça aurait été plus simple pour nous deux. »

Ryan était passé chez moi après quelques mois d’absence. Nous avions quitté Miami à peu près en même temps et j’étais revenu un peu avant lui. Mais nous n’étions pas partis pour les mêmes raisons. Ryan avait eu un accident de quad, il était tombé dans le coma, et après qu’il en soit sorti, son comportement avait changé, il s’était renfermé sur lui-même et avait coupé contact avec tous ses proches, même moi son cousin.

Nous nous étions installés au salon, partageant une bière en discutant. Une discussion très importante vu que j’annonçais à Ryan que je savais pour Léna et lui. J’avais aussi essayé de le mettre en garde, lui disant qu’ils finiraient tous les deux par se lasser de se cacher. Mais pour le moment, les sentiments étaient plus forts. Ryan m’expliqua que Léna avait voulu quitter l’oncle de Ryan mais que ce dernier avait refusé. « Mais pourquoi tu as refusé ? Pourquoi tu n’as pas voulu qu’elle le quitte ? ça aurait tout arrangé pour vous… » demandais-je sans comprendre ce qui avait pu le pousser à dire non.

Le sujet changea du tout au tout et nous nous étions mis à parler d’Aloysia et de sa grossesse. Ryan n’était au courant de rien alors je lui expliquais tout. Sa question me fit réfléchir un instant parce que je ne savais pas vraiment ce qui m’avait poussé à accepter d’être le géniteur. J’y avais réfléchi mais rien n’était clair dans ma tête. « J’ai…j’ai voulu l’aider…C’est tout. » répondis-je, non persuadé par ma propre réponse. « Elle m’a laissé la possibilité de…ne pas m’en occuper. Genre j’aide mais je ne suis pas obligé d’être tous le temps là. Je sais pas encore ce que je vais faire pour le moment. Je sais que c’est trop tard pour retourner en arrière et je veux l’aider alors, je ferai de mon mieux. T’as pas à t’inquiéter. »

"Est-ce que tu penses que ton bonheur ne vaut pas mieux que tout ça ? Parce que tu ne seras pas heureux si tu continues à te cacher. Qu’est-ce qui te dit que ton oncle ne finira pas par te pardonner ? Après quelques temps" C’était compliqué comme situation mais ne valait-il pas mieux penser d’abord à soi-même dans ce genre de situation. Léna ne serait jamais heureuse avec son mari. Et celui-ci s’en rendrait forcément compte à un moment. Et il y avait peu de chance pour qu’il soit heureux lui-même si son mariage était un échec. Il valait donc mieux régler ça tout de suite au lieu d’attendre. Plus ils attendaient et plus la situation se dégraderaient, et plus il serait difficile pour le mari de Léna de pardonner Ryan. Ce n’était que mon avis bien sûr mais je ne pouvais m’empêcher de lui en faire part, parce que je voulais l’aider. "Dans tous les cas, ça risque de mal tourner Ryan. Il pourrait le découvrir par lui-même et ça serait encore pire. Vous pouvez pas continuer à cacher ça.

On parla ensuite d’Aloysia, et Ryan exprima l’idée que je ne voulais pas qu’elle tombe enceinte de quelqu’un qui ne soit pas moi, et c’était pour ça, selon lui, que j’avais accepté d’être le géniteur. Je haussais les épaules, ne sachant pas trop quoi répondre et ne souhaitant pas non plus y réfléchir pour le moment. Il me dit ensuite que je devrais prendre soin d’Aloysia, ne pas l’abandonner comme je l’ai souvent fait. « Je ferai de mon mieux Ryan. Je n’ai jamais voulu la blesser et je ferai tout pour que ça n’arrive plus » lui assurais-je. « Et toi il faut que tu me promettes que tu vas essayer de penser d’abord à toi et à ta relation avec Léna et pas à ce que pourrait en penser tes parents, ta famille en général ou même tes amis. »

« Et tu penses à Léna ? Est-ce que tu crois qu’elle veut avoir un enfant avec un homme qu’elle n’aime pas ? Si elle a voulu s’en séparer c’est forcément qu’elle ne veut plus être avec lui. C’est son choix à elle aussi, tu dois pas décider seul de ce qui est le mieux. Ton oncle trouvera quelqu’un d’autre pour fonder une famille, ou pas. Et ton père n’a pas à s’en mêler et à te faire de commentaire, te rabaisser, c’est ta vie. »

J’avais pas mal d’idées bien arrêtées par rapport aux liens familiaux. N’ayant pas connu mon père, j’avais tendance à donner très peu d’importance à tous les autres pères. Et, ma mère tenant tellement à moi, je savais qu’elle me cèderait beaucoup de choses. Alors j’avais souvent l’impression que tout était facile à accepter pour les parents et qu’ils n’avaient pas leurs mots à dire parce que c’était ma vie. Sauf que ce n’était pas le cas pour tous, surtout que Ryan avait une très mauvaise relation avec le sien. Forcément, ça se passerait encore plus mal entre eux. Mais il y avait un moment où il fallait être égoïste et penser à soi, son bonheur, avant de penser aux autres.

« Je dis pas que la rupture est la meilleure solution mais je pense que c’est pas une bonne idée la relation secrète. Ça va finir par vous retomber dessus parce que tout se sait à un moment. »

Je voulais lui faire comprendre qu’ils ne pourraient pas rester dans l’entre-deux très longtemps. Soit ils devaient rompre, soit ils devaient en parler à leurs entourages. Le secret ne durerait pas, la preuve j’étais au courant alors que ni Léna ni lui ne m’en avait parlé. J’en remettais alors une couche après qu’il m’ait demandé de prendre soin d’Aloysia et de ne pas fuir à nouveau.

« T’as intérêt. Surtout que ce n’est pas pour rien. Si tu tiens vraiment à cette fille, il va falloir être égoïste. Sinon tu devras la laisser partir et aller chercher ailleurs. C’est pas plus mal mais je pense pas que tu sois pas prêt lâcher Léna. »