Deux semaines c'était écoulées depuis que j'avais découvert que j'étais enceinte. La vie avait doucement repris son cours même si ce n'était plus pareil qu'avant. Je sentais bien que mon état changé doucement. Il y avait eut tout d'abord les nausées, ces fameuses nausées que jamais je n'aurais crus connaître un jour. Puis les sautes d'humeur dont Ena en faisait encore les frais de temps en temps. Et mes seins... plus gros, plus sensible, plus douloureux. C'était peut être la seule chose qui plaisait à Ena car quand je pétais un plomb sans aucune raison c'était toujours sur lui que partais ma colère, alors qu'il ne faisait jamais rien, le pauvre... Je m'étais donc levé ce matin en me disant que j'allais encore passé ma matinée au toilette mais rien. Ena était partit au travail de bonne heure pour revenir assez tôt car l'après midi même on avait rendez vous avec le gynécologue pour une échographie, histoire de voir si la grossesse ce déroulait normalement. J'étais donc seule à la maison avec Jake et Rose qui commençaient à s'impatienter. « Oui j'arrive mes toutous, on va y aller. » Je leur mis leur laisse avant d'enfiler mon manteau pour les sortir. J'aimais bien cette petite balade matinale que j'avais instauré avec eux et ils le savaient car à peine le pied à terre ils attendaient déjà à la porte. L'air était frais mais le soleil était au rendez vous, ce serait encore une belle journée. Arrivée au parc les chiens purent courir sans aucune laisse, étant donné qu'il n'y avait personne au alentour. Soudain une vive douleur dans le ventre me coupa le souffle et je du m'asseoir sur le banc pour reprendre mes esprits. Je n'avais jamais ressentis cela auparavant et l'inquiétude monta lentement en moi, sans savoir pourquoi. Écourtant la sortie je sifflais pour faire revenir les chiens et leur remettre leur laisse avant de rentrer à l'appartement. Je ne me sentais vraiment pas bien et j'avais une sensation bizarre, comme si quelque chose ne tournait pas rond. Une fois rentré les chiens allèrent s'amuser tout les deux et les regardant je m'installais dans le canapé pour me reposer. Ena n'allait pas tarder à rentrer mais avant d'aller me reposer j'avais faim... Et comme tout ce que je touchais finissait en catastrophe je préférais attendre le retour d'Enaël, surtout que j'adorais quand il me préparais de bon petit plat. Lorsque la porte d'entrée s'ouvrit je me levé du canapé, laissant mon mal de ventre de côté, ce n'était surement rien de grave et c'était surement normal de toute façon.
Mon amour était enfin rentré et je le laissais juste poser ses affaires avant de me blottir dans ses bras. « Tu m'as manqué ce matin, tu étais déjà partis quand je me suis réveillée... » J'étais assez fatiguée ces jours ci et il avait surement voulu bien faire mais j'aurais bien aimé un petit bisous avant qu'il ne parte. Mon ventre gargouilla alors et m'éloignant de lui pour le regarder mon regard croisa le sien, un petit sourire sur les lèvres. « Tu voudrais bien faire le repas avec moi ? Je ne voudrais pas mettre le feu à ta cuisine encore une fois... » La dernière fois que j'avais voulu faire la cuisine mes pancakes avaient cramés.

 Je m'étais vite réveillé ce matin. Faut dire, je ne dors pas vraiment bien ces derniers temps, je m'inquiète beaucoup pour Maëva. Je ne veux pas qu'elle le sache, car elle ferait tout pour que j'arrête de m'inquiéter. Mais c'est plus fort que moi et je ne pense pas que ça s'arrangera rapidement. Faut dire que nous sommes dans une situation bien plus délicate que jamais. Elle est enceinte, et c'est déjà quelque chose qui me terrifie, de base. J'ai toujours eu une certaine peur quand je m'imaginais avec un enfant à moi dans les bras, ça a toujours été ainsi. J'ai toujours eu peur de me dire qu'un jour je pourrais être papa. Je n'ai pas eu d'exemples, je n'en aie même jamais vu, d'exemples et j'ai peur de ne pas être à la hauteur. J'ai peur que mon enfant me déteste autant que je puisse détester mon propre père, chose avec laquelle je ne pourrais pas vivre. Et puis il y avait un second niveau d'inquiétude qui là était impénétrable, c'était qu'elle était malade. Terriblement malade. Qu'il lui faudrait toute la force du monde pour survivre à cette grossesse, qu'il lui faudrait souffrir, énormément peut-être, qu'il lui faudrait un long suivi médical qui me terrifiait tout au plus. Pour cela, j'avais bien du mal à dormir profondément. Je gardais toujours l'oeil sur elle, je m'assurais qu'elle allait bien sans cesse durant la nuit. Du coup, je n'avais pas de mal à me lever très tôt pour aller travailler et être à la maison tôt pour son rendez-vous - j'étais déjà levé. Je l'embrassais sur le front. Elle dormait tellement profondément qu'elle ne réagissait même pas. Je caressais les chiens au pied du lit, j'allais m'habiller, prendre un café et je filais au travail. Heureusement, l'inspiration ne se perdait pas dans tous ces sentiments, au contraire. J'étais vachement inventif ces derniers temps et c'était tant mieux, on allait faire un album de folie. Pourtant, c'est au travail que je craquais sur une cigarette. Je fumais beaucoup à New York et Maëva le savait - j'évitais juste de le faire dans son environnement à cause de ses poumons. Je fumais de moins en moins les années passant parce que je trouvais des occupations, j'avais moins de stress, moins envie. Mais là, après tout ce que je viens de vous dire, je pense que vous pouvez comprendre que j'en aie besoin. Après cela j'allais prendre un ou deux chewing-gum et de la boisson pour faire passer l'odeur et puis quelques heures plus tard je rentrais à la maison. Elle m’accueillait sans attendre, je souriais. De toute façon je souris toujours avec elle. Je la serrais dans mes bras. « Tu dormais comme un gros bébé mon amour » lui répondis-je alors, amusé. Son ventre gargouilla si fort que je le sentais contre moi. Elle s'éloigna, souriant. Elle me demandait de l'assister en cuisine histoire de ne pas répéter l'épisode des pancakes. Je ris doucement. « Pas de problèmes mon ange, on va faire ça tous les deux. J'avoue ne pas avoir envie de chercher un autre appartement. » répondis-je pour l'embêter posant ma veste allant vers la cuisine pour sortir des légumes, de la semoule et de la viande qu'il faudrait faire bien cuire pour Maëva car la viande saignante peut amener des maladies aux bébés - oui j'ai passé la nuit blanche à me renseigner sur internet. Par réflexe, je la fis bien cuire, la laissant s'occuper de la ratatouille maison, vérifiant qu'elle ne se coupait pas. La semoule, c'était la partir la plus facile que je faisais en même temps que la préparation de la viande. Oui, j'étais méticuleux sur ce qu'elle mangeait à partir de maintenant car ils étaient deux. Elle était du genre à ne pas manger énormément alors, il faudrait faire mieux à partir de maintenant et sainement pour qu'elle reste en bonne santé. Je mettais la table, sortant le fromage, le pain et des fruits pour le dessert. Je l'embrassant sur le front en passant et servais les assiettes lorsque sa ratatouille était prête. « Tu vois que tu peux faire à manger sans catastrophes. » lui dis-je avec un sourire en coin. « On fait un jeu avant de partir? On aura encore le temps. Une bonne vieille bataille de cartes, j'en aie trop envie. » lui avouais-je prenant la première bouchée.

Je fis la moue lorsqu'il me dit que je dormais comme un gros bébé mais il avait raison au fond. Depuis quelques jours je dormais de plus en plus, me réveillant parfois après 10h, chose qui ne m'arrivait jamais en tant normal. Ena m'attira donc à la cuisine et me donna les légumes à préparer. Avait il oubliait que je détestait les légumes ? Apparemment oui car il était sérieux, il voulait vraiment que je prépare une ratatouille. Je sentais parfois les regards d'Ena au dessus de mon épaule, surement pour voir si je le faisais correctement. Eh dire que j'aurais tout donné pour un bon steak saignant avec frite... C'était raté. Une fois le repas prêt on s'installait tout les deux à tables et Ena me servit une bonne grosse assiette. C'était beaucoup trop pour moi, il croyait peut être qu'ils étaient cinq dans mon ventre. « Tu veux m'engraisser ou quoi ? » lui dis je avec un sourire en goutant tout de même la ratatouille. Ce n'était pas mon fort mais pour lui faire plaisir je terminai toute mon assiette, le ventre bien remplit. La viande était un peu trop cuite mais en ce moment Ena ne me laissait plus manger de viande saignante, à croire qu'il avait peur de quelque chose... Il me proposa alors une bataille avant de partir mais il nous restait encore deux bonnes heures à attendre avant le rendez vous. « Tu as envie de te prendre une raclée mon amour ? » La bataille était un jeu de hasard mais la chance me souriait souvent au carte. Une fois la table débarrassé Ena distribua les cartes et la partie commença. Nous étions tout les deux assit sur le canapé, jouant sur la table basse et cela commençait très mal pour moi. Il me prenait toutes mes cartes une à une, me laissant tout de même des sept et des huit... trop généreux. Lorsqu'il me prit ma dernière dame j'abandonnais la partir en me mettant à califourchon sur lui. « Tu es sur que tu avais bien mélangé les cartes ? » lui dis je en faisant la moue. Je n'aimais pas perdre mais c'était juste pour le taquiner. Avec tout ça l'heure était presque arrivé et je ne m'étais pas préparée. « Je reviens j'en ai pour dix minutes et ensuite on pourra y aller... » Le rendez vous me stressait un peu car le gynécologue allait nous dire si la grossesse commençait bien ou si au contraire c'était mal partie. J'étais angoissée et mon mal de ventre était surement dut à cela et à tout ce que j'avais avalé. Une fois dans la salle de bain j'allais enlevé mon débardeur et mon jogging quand une violente douleur me plia en deux et me coupa le souffle. C'était tellement douloureux que je dut me tenir au lavabo pour ne pas m'écrouler. En posant mes mains sur mon ventre je le sentais se contracter et les larmes me coulant sur les joues je savais déjà ce qui se passait. C'est alors que du sang coula entre mes jambes et je tombais à genoux sous la douleur. Je voulais appeler Ena mais aucun son ne sortais de ma gorge, j'étais comme paralysée. J'étais entrain de perdre mon bébé, notre bébé et mon rêve de fonder une famille avec Ena s'envolait lentement. Le sang coulait toujours à travers mon jogging et mes dernières forces m'abandonnèrent lorsque ma tête cogna contre le sol. J'étais tombé juste derrière la porte et Rose qui avait surement sentit mon malaise voulu entrer mais n'arriva pas à l'ouvrir, mon corps bloquant le passage. J'étais là, allongée sur le carrelage froid de la salle de bain, baignant dans mon propre sang qui commençait à s'écouler sous la porte...

 On faisait une partie de cartes avant de partir. Le seul problème c'est qu'une fois qu'elle était dans mes bras, on ne vit plus le temps passer. Les minutes coulaient et coulaient, je riais avec elle et je ne voyais plus qu'elle. Heureusement, elle remarquait l'heure avant moi et se relevait, mettant un terme à cet espace hors-temps que je m'étais fait dans ma tête. Elle allait vers la salle de bain, déclarant qu'elle en avait pour dix minutes. Je faisais oui de la tête et la laissais y aller. Je ne devais mettre que ma veste alors je jouais avec les chiens en attendant. Puis Rose semblait un peu énervée, elle allait voir vers la salle de bain. Elle voulait sûrement aller chercher Maëva pour qu'elle joue avec nous. Je la laissais faire puis je remarquais que ça faisait un bon bout de temps qu'elle était dans la salle de bain, en réalité. Je fronçais les sourcils et voyant la queue de Rose dépassé du mur, sans qu'elle entre dans la salle de bain donc, je m'inquiétais. Je me mis à courir vers la salle de bain où du sang en coulait. « MAEVA » hurlais-je tout à coup affolé. La porte était bloquée, elle devait être derrière et je ne devais pas forcer. Je composais le numéro des urgences tout en passant en bougeant le moins la porte possible dans la salle de bain, éloignant Rose de là. « Oh mon dieu » soufflais-je alors qu'un "allô" décrochait à l'autre bout du téléphone. « envoyez une ambulance, vite, ma petite amie perds beaucoup de sang, elle est atteinte d'un cancer s'il vous plait faites vite » hurlais-je sans même réfléchir à ce que je devais dire. C'est toujours la même chose avec les urgences ils essaient de vous calmer et moi au contraire ça ne fait que m'énerver plus qu'autre chose. « Je ne vous demande pas de me dire si demain il va faire beau je vous demande de me dire quand des secours seront à ma putin de porte pour la sauver! » lui hurlais essayant d'arrêter les hémorragies. Je me rendais compte qu'une venait de son entre jambe.. Je déglutissais. « Je.. je crois qu'elle a perdu notre bébé » Je raccrochais alors que la femme posait encore des questions et je la prenais dans mes bras la serrant d'abord. Avec tout ce que j'avais vécu, le sang ne me faisait pas peur. J'entendis les sirènes et je la lâchais en vain, allant ouvrir la porte. Je n'osais pas la bouger de peur de faire quelque chose qui pourrait le mettre en danger. Les pompiers entrèrent avec une civière et me félicitèrent pour avoir empêcher une trop grosse hémorragie. J'acquiesçais, ne sachant plus parler. Je les suivais, la dame au téléphone avait dû leur dire pour la grossesse et le cancer de toute façon. Je ne lâchais pas sa main jusqu'à l'hôpital. Là-bas, on me laissait attendre horriblement dans la salle d'attente pendant qu'on s'occupait d'arrêter l'hémorragie et de voir pour son cancer et surtout sa grossesse. Moi, je me retenais juste de tout casser, mordant mes doigts. Je demandais toutes les cinq minutes à l'infirmière d'accueil si je pouvais la voir, savoir ce qu'il en était et à chaque fois elle me disait d'attendre patiemment. Au bout d'un moment, elle voyait bien que j'étais tracassé et me conseilla de sortir prendre l'air, limite d'aller lui chercher des affaires propres pour quand elle se réveillerait. C'était une bonne idée ça, même si un peu dur mais c'était mieux que de l'embêter comme ça toutes les cinq minutes. Je sortais et devant la voiture je fumais une bonne cigarette, regardant dans le vide. Arrivé chez moi, je tapais dans un mur, laissant les larmes coulées. Le sang gisait encore sur le sol et les chiens n'avaient pas bougés, jusqu'à ce que je rentre pour me faire un câlin. Ils devaient sentir que quelque chose n'allait pas eux aussi. J'appelais un service de nettoyage leur expliquant pour qu'ils viennent pendant mon absence. Je prenais un slim à Maëva, un débardeur et un de mes pulls, je me dirais que ça lui ferait plaisir. Je lui prenais un pyjama au cas où elle devrait y rester la nuit puis des affaires de toilettes, ainsi qu'à moi car il était hors de question que je reste loin d'elle. C'est quand je revenais à l'hôpital qu'on m'apprit la chose. Elle avait bien perdu un bébé oui, mais un sur deux. Un survivait encore correctement à la grossesse. Même si elle en avait un, c'était toujours très douloureux de perdre un enfant. Je demandais à la voir et on acceptait. Je courais dans sa chambre prendre sa main, les larmes toujours sur les joues. C'est fou comme Maëva pouvait me faire pleurer, chose que je ne faisais jamais. « mon ange » soufflais-je caressant doucement sa tête, avec la cicatrice de sa chute de plus tôt. Elle devait vraiment avoir mal à la tête. Je posais le sac à côté sans regarder où il tombait. Je voulais juste qu'elle ouvre les yeux, que je vois qu'elle allait bien.

L'après midi aurait dut se passer autrement, on aurait dut se rendre à l'hôpital ensemble, le gynécologue nous aurait annoncé que la grossesse se passait très bien, que le petit haricot était là ou il fallait et qu'il était de taille correct, sauf que non... On me bougeais, je le sentais, j'ouvrais les yeux et mon regard se posait sur des hommes que je ne connaissais pas. On parlait autour de moi, de malaise, de fausse couche, de traumatisme crânien... Fuyant la réalité je me laissais retomber dans un sommeil profond, la douleur étant trop profonde. Une fois arrivé à l'hôpital on me prit en charge immédiatement, laissant Ena seul dans la salle d'attente. Lorsque l'on m'installa dans une chambre j'étais encore évanouie et je n'avais aucune idée de ce qui ce passait. Mes yeux s'ouvrir sur Ena, il était déjà la à mes côtés et pour lui faire voir que j'étais réveillée je lui serrais sa main. En tournant sa tête vers moi je vis qu'il était entrain de pleurer, lui... C'est alors que tout me revint en mémoire, mon ventre douloureux, le sang entre mes jambes, ma chute. Portant ma main à ma tête je sentis un bandage et une infirmière entra au même moment. « On a dut vous recoudre, vous aviez une belle entaille. » L'infirmière était venue prendre mes constantes et ressortit immédiatement, pensant qu'on m'avait expliqué ce qui c'était passé. Hors je n'étais au courant de rien et pour moi je venais de perdre notre enfant. Mes larmes coulèrent alors et je détournais les yeux d'Enaël, la honte me prenant à la gorge. Cette fausse couche était surement de ma faute ou la faute de mon cancer, en tout cas je m'en voulais énormément. C'était surement notre seule chance de fonder une famille et je venais de tout foutre en l'air. Ena vit mon état de détresse car mon corps commençait à tremblait sous la douleur et la fatigue et me prit le visage dans ses mains afin que je le regarde. « C'est... c'est notre bébé c'est ça ? Je l'ai perdue ? » J'avais réussis à parler malgré les sanglots et mes yeux se posèrent dans les siens. Je n'attendis pas la réponse d'Ena que je fondais déjà en larme dans ses bras, sachant très bien ce qu'il allait m'annoncer. Le sang que j'avais perdue je savais très bien d’où il venait, je n'étais pas née de la dernière pluie. Le gynécologue que nous aurions dut voir un peu plus tard entra dans la chambre avec mon dossier et séchant mes larmes je me redressais, le cœur lourd. « Bonjour, on est venu vous expliquer ce qui viens de ce passer ? » De quoi voulait bien parler le gynécologue ? Il n'y avait rien à dire, je venais de perdre mon bébé, point. Incrédule je passais mon regard du gynéco à Ena et ce dernier qui n'avait toujours pas répondu à ma dernière question avait l'air de vouloir m'expliquer quelque chose mais ne savait pas par ou commencer. Le gynécologue m'invita donc à m'allonger afin de me faire une échographie, chose que je trouvais à présent inutile. Ça servait juste à remuer le couteau dans la plaie et mes larmes continuaient doucement à couler sur mes joues jusqu'à ce que j'entende un petit son. On aurait dit un battement de cœur mais beaucoup plus rapide qu'un cœur adulte. En regardant l'échographie je voyais sur l'écran un petit point qui clignotait et le son sortait de la machine. « Mais... qu'est ce que... » Le gynécologue me fit un petit sourire et regarda Ena, lui laissant le soin de m'annoncer la nouvelle, ce disant qu'il voulait surement le faire.

 J'ai vraiment du mal à parler à présent. J'ai Maëva dans les bras et je suis sous le choc. J'ai appelé une agence de nettoyage pour me débarasser de tout son sang dans l'appartement. Je n'avais rien vu venir. Moi qui ne ferme pas plus d'un oeil chaque soir, qui prends soin de ce qu'elle mange, qui me documente sur la grossesse, tout ça, pour rien. Il lui était quand même arrivé quelque chose sans que je m'y attende et d'un certain côté, je remerciais le ciel d'avoir été présent quand ça été arrivé. Et si ça arrivait encore, et que je sois au travail, pas là? Elle se serait vidée de son sang sans que personne ne s'en aperçoive. Cette image me faisait frissonner. Je la serrais contre moi à présent et attendait qu'elle se réveille. Une infirmière s'occupait d'elle alors que je la sentais se réveiller doucement. Je lui soufflais quelques mots doux, afin qu'elle sache que j'étais là sans ouvrir les yeux. Mais à peine réveillée elle se doutait qu'elle avait perdu un enfant et elle explosa en larmes dans mes bras. « mon amour » soufflais-je voulant lui expliquer mais, je n'y arrivais pas. De toute façon, la gynécologue arrivait plus vite que moi. Je me disais qu'elle allait lui dire mais non, elle sortit de quoi faire une échographie à la place. Je me disais qu'elle le verrait d'elle-même, du coup. Mais Maëva pensait ne plus être enceinte, vu sa tête quand on vit le petit point sur l'image. La gynécologue attendait que je lui dise, je suppose, vu leur deux regards posés sur moi. Je les regardais tour à tour. C'était une bonne nouvelle du coup, sans vraiment en être une. Je lui serrais les mains, la regardant dans les yeux. « Nous avions des jumeaux ma chérie tu.. tu n'en as perdu qu'un seul sur les deux.. » lui soufflais-je alors. Voilà, c'était dit. Je l'avais dis à voix haute. Un de nos deux enfants n'avait pas survécu. « tu.. tu es toujours enceinte quoiqu'il en soit et.. ça se passe bien de son côté.. apparemment. » soufflais-je regardant la gynécologue qui confirmait. « tu vois. » ajoutais-je caressant ses cheveux. « Il faut que tu te reposes tu as eu un gros coup en tombant dans la salle de bain.. je m'occupe de tout, d'accord? » lui soufflais-je. « l'important c'est que tu ailles bien. Et que vous alliez bien. » ajoutais-je l'embrassant tendrement.

J'étais totalement perdue, je savais très bien ce que signifiait ce petit point clignotant sur la machine mais je ne comprenais pas, j'avais perdue tellement de sang, comment cela ce faisait t-il ? J'avais eus tellement peur que je n'arrivais pas à arrêter mes larmes, même lorsque Ena me confirma que j'étais toujours enceinte. Cela me fit un choc d'apprendre qu'à la base nous attendions des jumeaux mais que l'un d'eux n'avait pas survécu. Mon soulagement ce mêlé à la souffrance d'avoir tout de même perdu un enfant. C'était tellement confus dans ma tête que je n'arrivais tout simplement pas à m'y faire. Enaël me caressa tendrement les cheveux en me demandant de me reposer à cause du coup que j'avais reçu à la tête et moi même je portais une main sur mon crâne. Apparemment j'avais même eut le droit à des points de suture. Cela faisait trop d'informations d'un coup, moi qui croyait avoir perdue notre enfant je me retrouvais à nouveau enceinte et j'apprenais aussi qu'on aurait put avoir deux bébés. Le gynécologue nous laissa et allongée dans mon lit je serrais la main d'Ena. « Je... je suis désolé, tout ça est de ma faute. » C'était pourtant évident, mon corps aurait déjà du mal à supporter une grossesse simple alors une grossesse gémellaire... c'était surement mieux ainsi mais je m'en voulais tout de même. J'avais l'impression que ma tête allait explosé alors lentement je fermais les yeux, repartant dans ce monde ou il n'y avait ni douleur, ni tristesse.
Un cauchemar me réveilla en pleine nuit et lorsque j'ouvris les yeux Ena était allongé à côté de moi dans mon lit. Il y avait une petite veilleuse d'allumé alors me glissant dans mes chaussons je pris la direction de la salle de bain. Il devait être deux ou trois heures du matin car tout était silencieux dans l'hôpital. Trainant derrière moi ma perfusion je m'asseyais sur la cuvette des toilettes. J'étais complétement perdue dans mes sentiments, ne sachant pas si je devais me réjouir d'être encore enceinte ou d'être triste d'avoir perdue notre enfant. J'ouvris le robinet juste à côté de moi pour me rafraîchir afin de me remettre les idées en place mais ça n'avait pas l'air de fonctionner. Retournant dans la chambre je m'installais dans le fauteuil non loin du lit et je pris la photo de mon échographie. La gynécologue nous avait expliqué avant de partir que j'étais donc enceinte de un mois et demi et que le bébé mesurait 20mm, ce qui était minuscule. Posant la photo contre mon cœur mon regard se posa sur Ena qui dormait toujours profondément. Je lui en faisait voir de toutes les couleurs ces dernières semaines le pauvre... Dans un coin de ma tête je me disais que je n'aurais peut être jamais dut venir à Miami, il aurait peut être était plus heureux sans moi. J'avais encore quelques douleurs légère au niveau du ventre mais apparemment c'était normal après une fausse couche. Totalement perdue dans mes pensées je ne vis pas les heures défiler et je ne vis pas non plus Ena se réveiller. Je n'attendais qu'une chose, qu'on me dise que je pouvais sortir d'ici, j'avais envie de profiter de cette journée avec celui que j'aime sans penser à ce qui c'était passé la veille. 

 Tout était perturbant ces derniers temps. Depuis que Maëva était revenue dans ma vie, beaucoup de choses étaient arrivées. Automatiquement, j'étais retombé amoureux d'elle - car il s'avère que j'avais maintenant le codes pour comprendre que ça avait été déjà le cas à New York... bref. Et depuis, je voulais tout faire pour la rendre heureuse coûte que coûte. Je savais que j'en vivais des vertes et des pas mures avec elle, que tous les jours était un nouveau défi à ses côtés mais, peut-être que c'est ça qui me séduit. Peut-être que la routine d'être dans un couple où tout va bien ça ne me va pas et que par tout hasard, si je suis tombé amoureux d'une jeune femme malade c'est peut-être aussi être tombé amoureux du risque. Je suis comme ça, après tout, j'aime le risque et l'aventure. Maëva est une jeune femme qui, en dehors de tout ça, aime autant que moi l'aventure alors, ça s'explique aussi que je sois du coup, fou d'elle. Depuis que j'avais su qu'elle était tombée enceinte, tout était très flou pour moi. Il y avait un côté, et plus l'autre. Il y avait la peur d'être père - qui me hante depuis toujours - puis la peur de la perdre pendant la grossesse, l'accouchement ou l'après-coup. Je n'en dormais presque pas de la nuit. Maintenant, elle avait perdu un enfant qui était en fait.. un sur les deux. Elle s'excusait et pleurait mais.. moi je ne pouvais rien dire. Aucun de mes mots ne la rassurait, c'était un fait. Je me contentais de la prendre dans mes bras et de la calmer par mes gestes. Elle s'endormait et je me posais dans le fauteuil que j'avançais près du lit pour pouvoir être là à tout moments. Evidemment, je laissais la lampe de chevet allumée. Je ne dormais pas profondément et je remarquais qu'elle bougeait cette nuit mais, je faisais mine de dormir bien profondément pour la laisser vivre un peu. Je savais qu'elle devait passer cette étape de son côté aussi, et pas que j'empiète sur ce deuil précoce. Elle revenait au lit et ça me rassurait. Quelques heures plus tard j'ouvrais les yeux et elle était endormie apparemment. C'était l'infirmière qui m'avait secoué doucement. Elle m'apprenait qu'elle pourrait rentrer à la maison et m'indiquait où signer et aussi les conseils pour qu'elle se repose, qu'elle mange ceci et cela, combien de temps elle pouvait marcher, comment utiliser sa machine et les médicaments proscrits qui ne feront pas de mal à bébé. Je notais tout ça bien clairement dans mon esprit - j'avais l'habitude de prendre soin médicalement de Maëva de toute façon. Je demandais une faveur à l'infirmière, lui demandant de voir si elle dormirait profondément si je l'emmenais endormie à la maison pour qu'elle s'y réveille dans notre lit. Je me disais que peut-être, se sentir à la maison dès le réveil l'aiderait à se sentir mieux et puis, il y aurait Rose et Jake qui la soutiendront. Je savais que c'était une bonne idée. C'était plus apaisant de se réveiller chez soi que dans un hôpital avec des perfusions partout. Elle comprenait et fit ce qu'il fallait pour qu'elle dorme le long du chemin. Je la portais jusqu'en haut où je la déposais dans le lit, où je la changeais pour un de mes tee shirt et un de ses shorts, afin qu'elle se sente moins "hôpital" et je la recouvrais de la couverture. Automatiquement, Rose me déviait quand je sortais de la chambre pour aller se mettre à ses pieds. Je souris et fermais la porte derrière elle.

Je dessinais le reste du temps mais, je n'y arrivais pas. Trop de papiers chiffonnés dans la poubelle. Je me pris la tête dans les mains essayant de faire le vide mais je n'y arrivais pas. Je sortais sur le balcon, fermant bien la porte derrière moi je fumais une cigarette - chose que je ne faisais jamais à côté de Maëva, c'était bien trop dangereux pour elle mais moi là, ça me faisait du bien. Après ça je rentrais avec un chewing gum afin qu'elle n'ait vraiment pas l'odeur et je commençais un petit déjeuner. Il fallait qu'elle se repose, surtout aujourd'hui, alors elle bougerait le moins possible. Je faisais un plateau et revint dans la chambre où cette fois-ci Jake me suivait. Les deux toutous et moi, on réveillait doucement Maëva. Je lui affichais un sourire pour qu'elle se sente bien, pour que ça l'aide. Elle comme moi, nous en avions besoin. « bonjour mon ange, tu te sens bien? » lui demandais-je serrant sa main dans la mienne.

Je m'étais rendormie à l'hôpital, la fatigue prenant le dessus sur ma volonté de rester éveillée. Le temps d'ouvrir les yeux et je vis l'infirmière m'injecter un produit qui me plongea dans une sorte d'inconscience, mais pourquoi ? Je n'avais pas entendu Ena le lui demander afin de me raccompagner chez nous. Lorsque j'ouvris les yeux j'étais seule et je reconnus notre chambre et Rose vint me faire une lèche pour me dire bonjour. La pauvre, elle avait dut être paniqué lorsque je m'étais évanouie dans la salle de bain. Rose s'allongea à côté de moi, comme pour me veiller et cela me fit sourire. Je ne savais pas quel heure il était mais j'avais mal partout, impossible de me lever pour le moment. Je n'avais rien d'autre à faire que de me reposer alors je me rendormis. Quand le soleil pointa le bout de son nez et traversa les rideaux mes yeux s’entrouvrirent légèrement. Ena était là, assit à côté de moi en me tenant la main et il y avait aussi un beau plateau plein de bonne chose à manger. La question d'Ena me rappela ce qui c'était passé la veille et en voulant me redresser il me posa une main sur l'épaule, inquiet. « Ça va, je me sens mieux » Je ne ressentais plus de douleur, juste quelques tiraillements mais c'était normal, apparemment c'était le bébé qui était entrain de faire ça place. Je n'étais plus fatigué non plus, pas étonnant après la nuit que je venais de passer, il devait surement être 10h passé... « Par contre tu as dormis toi ? » Ena avait les traits tirés comme s'il avait passé la nuit debout et c'était surement ce qu'il avait fait vu sa tête. Ce moment avait était éprouvant pour moi mais surement encore plus pour lui. Le fait de me retrouver dans la salle de bain inconsciente, baignant dans mon sang, ce n'était surement pas une image qu'il oublierait de ci-tôt.
Ena me tendit une tasse de chocolat chaud ainsi qu'un pancake et attendit que je mange, peut être pour vérifier que je reprenais des forces. C'était tellement adorable cette façon qu'il avait de prendre soin de moi et en retour je lui causais plus de soucis qu'autre chose. J'avais tellement faim que le pancake fut avalé en quelques secondes mais je gardais la tasse de chocolat chaud dans mes mains, me réchauffant un peu car je trouvais qu'il faisait froid. « Tu vas finir par avoir des cheveux blanc à cause de moi » lui dis je finalement en croisant enfin son regard. J'avais besoin de réconfort alors posant ma tasse sur la table de chevet je me décalais un peu et soulevait la couverture afin de montrer à Ena que je voulais qu'il me rejoigne. Lui aussi devait se reposer un peu sinon il ne tiendrait jamais le coup, s'occuper de moi était déjà un boulot à plein temps mais en plus il avait son travail à côté... Lorsque je sentis la main d'Ena se glisser sur mon ventre je posais la mienne au dessus en lui faisant un petit sourire. Le fait de perdre un bébé était douloureux et j'y penserais surement jusqu'à la fin de ma vie mais on avait la chance d'en avoir encore un qui apparemment était bien accroché et en pleine forme. Ma tête se posa sur l'épaule d'Ena et ma main se glissa sous son t-shirt, mes doigts gelés parcourant sa peau chaude. J'avais besoin de sa chaleur, de sa présence et de son amour. « Tu travail aujourd'hui ? » J’espère que non, je ne voulais pas rester seule toute la journée même s'il y avait les chiens.

 Je lui amenais le petit déjeuner au lit. Je voulais qu'elle s'éveille de la manière la plus douce possible. Je voulais qu'elle se sente bien, chez elle, en sécurité, et pas au milieu d'un hôpital froid dans lequel elle se sent pas bien et qui ne lui fait penser qu'à une seule chose : notre perte. Là, elle était avec sa chienne, au chaud dans notre lit douillet. Elle ouvrait les yeux et je souris. Je posais une main sur son épaule, savoir si elle allait bien. Elle semblait ne plus trop avoir mal à présent et ça m'apaisait. Elle avala rapidement ce que je lui avais fais, sauf le chocolat qu'elle gardait entre ses petits doigts. « ça va moi, ne t'en fais pas pour moi, c'est toi l'important. » lui dis-je avec un petit sourire, caressant sa joue. Je la regardais un long moment. Je me rendais compte que j'aurais pu la perdre, encore une fois. Je la revoyais dans tout ce sang, Rose l'ayant trouvée.. Je ne voulais plus jamais vivre ça. Je détestais cet impression d'avoir peur de la perdre sans lui avoir donné tout me bonheur qu'elle mérite. Je me rendais compte que simplement je l'aimais d'une force incroyable. Elle me sortait de mes pensées en me disant qu'elle me donnerait des cheveux blancs à me faire peur comme ça. Je souris doucement. « mais non, ne dis pas de bêtises. » lui soufflais-je. Après ça, elle se décala et ouvrit la couette pour que je la rejoigne. Chose que je fis sans hésité. Elle vint alors se lover contre moi et je posais ma tête sur la sienne, qui était contre mon épaule. Sans réfléchir, je venais poser ma main sur son ventre et elle la recouvrit de la sienne. Je l'embrassais sur le front. Je savais qu'elle souffrait encore de cette perte, moi aussi, et je pense qu'on en souffrirait toute notre vie. Mais à quoi bon en parler et enfoncer la chose? Nous nous consolions de cette manière-là. « Non, j'ai pris ma journée, mais je dois quand même essayer de faire quelques esquisses.. même s'ils comprennent que la situation puisse.. enfin je n'arrive pas à dessiner. j'essayais pendant que tu dormais, et il y a plus de boules de papier dans la corbeille que d'esquisses satisfaisantes. » lui avouais-je alors essayant d'y mettre une teinte d'humour afin qu'elle ne s'inquiète pas trop pour moi. Ses mains froides sur mon torse, j'avais l'habitude maintenant. Limite ça m'apaisait, je fermais les yeux et je savais qu'elle était là. Je me laissais tenter d'ailleurs pour le faire. J'allumais la télé et puis Maeva dans mes bras, je me laissais aller dans une petite sieste. Je ne dors plus vraiment il faut dire et puis sentir sa main sur mon torse me montrait qu'elle était toujours là, donc pas d'oeil à moitié ouvert pendant cette petite sieste, chose qui me reposait enfin vraiment.