Depuis qu'il menait une double vie depuis que son père avait rompu tout contact avec lui suite à de nombreux conflits entre les deux hommes, Sevastyan n'avait plus une seule minute à lui. En effet, le futur avocat devait se démener pour survivre dans cette ville qui est Miami ! Il était difficile de s'en sortir lorsque l'on partait avec quasiment rien où du moins plus rien ! C'est pourquoi Reznikov avait débuté un second travail en plus de ses études et de son métier d'assistant auprès d'un avocat. Ce second travail pouvait permettre de gagner de l'argent facile en seulement quelques heures et ce n'était pas tous les jours. Le seul inconvenant était pour Sevastyan d'aller à l'encontre de ses convictions, notamment en matière sexuelle puisqu'il n'était attiré que par les hommes, mais ça il évitait de le dire lors de ses rencontres avec ces demoiselles. Bien évidemment, le jeune homme préférait lorsque qu'il devait se contenter d'accompagner une fille à une soirée où aller au restaurant parce qu'elle avait besoin d'une épaule sur qui parler, c'était beaucoup plus facile pour lui et beaucoup plus intéressant. Il y avait aussi des hommes qui s'adonnaient à ce genre de pratique, la plupart étaient des hommes d'affaires qui n'avaient besoin que d'un passe-temps. Bizarrement, Sevastyan préférait les femmes aux hommes, peut-être parce que ces derniers étaient le genre de gros pervers dégueulasses, le genre d'homme qu'il aurait évité en temps normal parce qu'il savait qu'il valait mieux que ça. Afin de se changer les idées et pour garder une estime de soi raisonnable, Reznikov avait décidé de se prendre en main physiquement. L'assistant était déjà quelqu'un de sportif, qui entretenait son corps en temps normal, mais il devait admettre qu'il s'était relâché et que cela lui manquait. Après avoir passé la nuit chez une cliente, Reznikov était rentré à son appartement afin de prendre une douche, se changer et se mettre en tenue de sport avant de partir avec sa seule richesse de son passé : son Audi A5 à la salle de sport. Il se gara et se dirigea à l'accueil pour demander à une charmante demoiselle qui s'occupait de l'accueil pour lui faire part de son envie d'avoir un coach sportif. Celle-ci se démena pour lui en trouver un, celui-ci s'approcha de lui pour faire les présentations. Sevastyan ne pu s'empêcher de sourire amusé face à sa remarque, il lui serra la main :

« Enchanté, Sevastyan Reznikov, ça tombe bien j'aime les challenges ! » Il sourit amusé avant de reprendre son sérieux tout en observant Benjamin comme pour s'assurer qu'il était un bon coach avant de reprendre la parole : « Votre charmante collègue a dû déjà vous en faire part, j'aimerais faire une séance de « vrai » sport, ce n'est plus trop dans mes habitudes ces temps-ci, enfin pas comme ceci. » il sourit en coin avant de demander pour converser tout en suivant Benjamin : « Vous êtes dans ce métier depuis combien de temps ? »

« Enchanté, Sevastyan Reznikov, ça tombe bien j'aime les challenges ! »  Il rit légèrement tout en le fixant. Un faux coréen et un russe en même temps, de quoi passer un bon moment visiblement ! Secouant légèrement sa tête à cette pensée, il croise ses bras pour observer le jeune homme. « Votre charmante collègue a dû déjà vous en faire part, j'aimerais faire une séance de « vrai » sport, ce n'est plus trop dans mes habitudes ces temps-ci, enfin pas comme ceci. » Il écoute la requête du brun avec la plus grande attention, tout en se mettant en marche vers les tapis de yoga. « Oui, je vois bien. » Enfin non, il faut dire que le jeune homme semblait particulièrement athlétique. « Je vais te faire regretter ta naissance alors ! » Il l'ajoute sur le ton de l'humour, bien évidemment. « Vous êtes dans ce métier depuis combien de temps ? » « Déjà, pas de vous, c'est pour les vieux ! Ici, c'est une ambiance amicale. Je m'appelle Benjamin, Benji ou Coach, mais pas Monsieur. » Il le regarde et lui sourit longuement tout en lui tapant l'omoplate. « Et fondamentalement, pas très longtemps, mais je suis un ancien marine... » Et ça vaut sans doute toutes les expériences professionnelles du monde. Il fait craquer ses doigts. « On va commencer avec quinze minutes de yoga pour détendre et étirer le corps. » Il le fixe et se met face au jeune homme. « Suis mes mouvements. » Il lui montre une première série de 5 mouvements, assez lentement, avant de le faire à vitesse normale, puis avec lui. « Alors, c'est une reprise du sport ? Parce que tu me sembles pas mal sportif à vrai dire ! » Ce qui du coup, devrait être une véritable partie de plaisir pour lui, pour eux même. Ça va le changer de ses élèves du moment. Lorsque les cinq mouvements sont passés, il en fait d'autres et échappe une grimace à cause de sa prothèse qui ne semble pas décider à bien suivre, peu importe. Il remet sa jambe correctement, comme si rien n'était arrivé et reprend avec lui. « Cardio ? Vélo ? Course ? T'as un sport de prédilection ? Et si tu me dis la muscu, je te botte le cul, parce que la muscu, ça sert JUSTE à dessiner des corps, mais ça ne muscle pas ! »

Décidément son coach semblait chaleureux, en tout cas prêt à lui montrer les joies du sport. Sevastyan avoua aimer les challenges, c'était même ce qui avait le plus d'excitant dans la vie. Lorsque l'asiatique se mit à lui dire sur le ton de la plaisanterie qu'il allait lui faire regretter dans ce cas sa naissance, il ne pu s'empêcher de laisser échapper un petit rire et d'avouer en plaisantant :

« La dernière fois où j'ai entendu cette phrase, c'était lorsque j'étais au lycée, un sale con pensait pouvoir m'en coller une. »

Il sourit amusé avant de reprendre son sérieux lorsque Benjamin refusa qu'il le vouvoie et lui donnant une petite tape sur l'omoplate. Avec son rôle d'assistant auprès d'un avocat, il était contraint de jouer sur les formes de politesses et cela même auprès de ses parents.

« à vos ordres Coach ! » il l’appellerait coach dans un premier temps, peut-être que par la suite, en se sentant plus à l'aise avec lui, il l’appellerait dès lors Benji : « Dommage pour Monsieur, ça aurait pu être sexy. » dit-il pour plaisanter avant d'apprendre que son coach sportif faisait partie de la marine autrefois. Sevastyan en était impressionné et de là il vint une nouvelle question : pourquoi avait-il arrêté la marine pour finir coach ? C'était insensé, surtout qu'il était jeune. N'ayant pas sa langue dans sa poche et peut-être par habitude des tribunaux, il ne pu s'empêcher de demander : « Impressionnant. Mais pourquoi avoir arrêté dans ce cas ? »

Oui la curiosité est un vilain défaut, mais peu importe ! Reznikov hocha la tête positivement, il était partant pour le yoga. Il se plaça en face de lui et l'observa faire avant de s'exécuter tout en s'appliquant dans ses gestes. Sevastyan remarqua sa grimace, mais il n'y prêta pas plus attention, pensant qu'il s'agissait juste d'un faux mouvement. Ce dernier se mit à lui faire la conversation sur le sport, ce qui le passionna aussitôt :

« Oui c'est bien une reprise, j'ai dû arrêter il y a quelques mois, maintenant que j'ai un peu de temps je me suis dis que ça serait bien de s'y remettre. » Il continua ses mouvements avant de rire : « Dans ce cas tu vas devoir me botter le cul, j'en ai bien peur ! » Il sourit amusé avant de reprendre : « Je faisais beaucoup de course aussi, de la cardio et du sport de chambre. » Il s'amusa à lui faire un clin d'oeil avant de se concentrer pour la suite du programme.

« Je suis toujours sexy... » Il le regarde et sourit en coin de son petit rictus habituel, celui qui lui permet de ne pas vraiment dévoiler sa dentition. C'est la première fois qu'il tombe sur un client qui semble le draguer ouvertement. Quoi que, non, il se fait sans doute des idées à vrai dire. Oui, sûrement. Et puis, les phrases de dragounette mignonne sont un peu la base ici à vrai dire. Il ne fait plus vraiment attention. La curiosité de son nouvel élève lui laisse échapper un petit rire tout mignon. « ça, ça se découvre si tu survis au premier cours ! » Parce que pendant une heure trente, il ne compte pas le lâcher, ni même lui accorder la moindre pause. C'est comme ça qu'il saura s'il en vaut la peine ou pas. Après tout, eux à l'armée, ils subissaient bien pire.

Sa prothèse le fait grimacer, il déteste ça ! Il a l'impression de ne pas être assez bien lorsque des choses comme ça arrive. Il ne peut pas exiger des autres ce que lui pourrait faire. Non vraiment, il déteste ça, mais durant la première séance du matin, ça arrive régulièrement. Après tout, son moignon est un endroit absolument sensible, juste un paquet de nerfs coupés et de chairs cicatrisées qu'il malmène un peu trop parfois. Mais ce n'est pas grave, c'est comme le reste, ça passera.


« Ah, d'accord, je vois ! » Il hoche sa tête et enchaîne les exercices. « Ma foi, tu t'es bien conservé ! » Il le fixe, sourit un peu avant de lui faire une fausse menace, plutôt mignonne, espérant que… On va l'appeler Sev, ne soit pas tombé dans le panneau de la muscu. « Rah ! » Il secoue sa tête, bercé de désillusions. « Ah ! » Il s'apprête à répliquer mais s'arrête à l'évocation du dernier sport. Son bras se temps et il poke doucement son élève. « Le sexe, c'est comme le cardio idiot ! Ça a les mêmes bénéfices ! » Tsss. Il hausse les épaules dans un sourire avant de s'étirer. « Voilà ! Allez, en parlant de cardio ! » Il lui montre les tapis de courses. « Go ! J'veux voir ton endurance ! Ensuite, ça sera une série de pompes, abdos, et autres tortures délicieuses. Ah, et si tu marches ENTRE les exercices, t'as mon pied au derrière ! » Il tape dans ses mains pour le booster et le faire aller rapidement sur un tapis, suivant le rythme, il s'approche et lui met un programme en route avant de se mettre exactement le même et de grimper sur la machine d'à côté. Allez. Quinze minutes aussi ! » Il lui sourit encore un peu. « Sinon, dans la vie, tu fais quoi ? »

Sevastyan prenait plaisir à draguer l'asiatique, il faut dire qu'il le trouvait à son goût. Il ignorait tout de l'orientation sexuelle de son interlocuteur, mais le peu qu'il lui avait fait du rentre dedans, celui-ci ne semblait pas réticent. Sa réaction l'encouragea à continuer, après tout il n'avait rien à perdre, au pire il risquait un beau râteau, mais ce n'était ni le premier ni le dernier. Reznikov le mata et sourit en coin :

« En effet tu as un beau visage et un joli petit cul. »

Le jeune homme lui adressa un second clin d'œil qui en disait long avant d'être intrigué sur le pourquoi il n'était plus dans la marine. Il en aurait les réponses à la fin du cours s'il venait à survivre : « J'accepte le défi et si je survis au cours je t'invite boire un verre. »

Rencard ? Peut-être bien ! L'assistant souhaitait le connaître davantage, se serait un autre contexte, il n'y aurait pas cette relation coach-élève. Sevastyan continua les exercices demandés sans aucun problème, il était concentré et ne pu s'empêcher de sourire amusé lorsque Benjamin rétorqua qu'il était bien conservé : « Merci du compliment ! » Le jeune homme ne pu s'empêcher de rire en voyant qu'il n'appréciait pas qu'il ait fait de la musculation : « Comme tu l'as dit ça m'a permis de dessiner mon corps qui apparemment est bien conservé d'après tes dires ! » il laissa échapper un nouveau rire tout en sentant Benji le poke et la remarque de ce dernier :

« C'est toi l'idiot de penser que le sexe et la cardio ont les mêmes bénéfices, le sexe est tellement plus...hum...excitant et beaucoup plus délectant. »

Il se mordilla la lèvre inférieure avant de reprendre son sérieux tout en écoutant le programme qu'il lui préparait. Son coach avait décidément prévu de lui en faire baver, il ne plaisantait vraiment pas là-dessus. Sevastyan appréciait également les ordres qu'il lui donnait, cet air autoritaire digne d'un gars de la marine, c'était excitant.

« Et bien tu avais raison Coach, tu es un vrai tortionnaire ! »

Très vite Sevastyan se leva et il se dirigea vers le tapis en trottinant. Il y grimpa dessus et tout en trottant, il attendit qu'il lui règle le programme avant de commencer à courir, il ne se donnait pas à fond afin d'éviter de se fatiguer très vite. Il devait tenir quinze bonnes minutes. Reznikov jeta de temps à autre des regards furtifs à son coach :

« Je fais des études de droit, je bosse dans un cabinet d'avocat en tant qu'assistant. » Il préférait ne pas en dire plus pour le moment, il ne souhaitait pas le faire fuir en lui disant qu'il était aussi escorte  boy.

Un beau visage et un joli petit cul ? YAH ! Il a vraiment dit ça ? Okay, il le drague pour de bon, mais quand bien même, il ne s'attendait pas à un truc du genre à vrai dire… Non, pas du tout. Il a déjà des mecs qui ont tenté de se rapprocher de lui, il les ignorait ou se contentait d'aller embrasser une fille inconnue plus loin. Rien de méchant. La vérité, c'est que dans sa tête, il se pense hétéro, il a jamais vibré pour les poils d'un mâle, mais aussi stupide (ou intelligent) que ça puisse paraître, il se dit que la vit est trop surprenante pour s'arrêter à ça. Il hausse un sourcil en entendant parler de verre avant de secouer la tête. « C'est encore le matin, on a le temps pour penser au champagne ! » Une façon bien curieuse de le repousser, mais de laisser une ouverture. A vrai dire, la curiosité le pousse à la laisser, cette porte ouverte. Juste pour voir.

« Je fais aussi de la muscu, » avoue-t-il faiblement. « Mais c'est pas le sport principal, ça ne devrait jamais être le sport principal, parce que c'est JUSTE de la gonflette. Tous les militaires qui sont arrivés bien bodybuildés à l'armée, juste gonflés par la muscu en avaient GRAVE chiés ! » il hoche sa tête pour appuyer ses dires, continuant les exercices.

« Normal que le sexe soit excitant. » Il échappe un rire. « Je te parle des bénéfices physiques, pas mentaux ou… autre. » Il hausse une épaule, nonchalamment avant de passer à autre chose. En voilà un qui aime se faire plaisir avec de la bonne chair. Il ne peut pas le blâmer, à part les religieux, tout le monde aime ça.

Il le regarde partir au pas de course et rit faiblement dans sa barbe inexistante. « J'avais prévenu ! » dit-il alors tout en levant ses mains comme on montrerait pattes blanches. Il prévient toujours, les gens ne peuvent pas se plaindre comme ça, même s'ils le font quand même. Il doit être le plus « dur » du lot à vrai dire, niveau coaching. Il est surtout dur la première fois, pour tester l'autre, après, il adapte le programme en fonction de la volonté, l'endurance, la ténacité et les besoins de chaque élève.

Il court alors à ses côtés, l'accompagnant comme promis, parce que Benji, c'est ça, ce n'est pas qu'un mec avec des abdos bien faits et qui reste à côté pendant toute une séance juste en braillant des ordres. Non, il accompagne vraiment. « Futur avocat ? » Il hoche la tête dans un sourire. « Well, t'as du courage, et c'est sans doute pour ça que tu es franc et assez direct. » Il rit un peu. « Mais les avocats sont juste des beaux parleurs ! » Il fixe le monde au loin, regardant les habitués, le reste du personnel, les élèves qui se bataillent contre eux-mêmes.

La séance de course se termine et il s'étire avant d'aller prendre deux bouteilles d'eau et d'en lancer une à Sevastyan dans un petit sourire en coin, puis d'aller vers les barres horizontales. « Je sais, c'est de la muscu. Mais en vrai, c'est excellent pour les bras et le dos. » Et c'est sans doute le seul exercice de muscu qu'il aime vraiment. Il se place devant une barre bien haute, avec son mètre quatre-vingt-cinq en même temps, il ne peut pas faire autrement, et en montre une un peu plus basse et mieux adaptée à son élève et leur… 8 bons centimètres d'écart, à vue de nez. « On va commencer en se hissant jusqu'au nombril. D'abord dix, une pause, puis vingt, une pause, puis encore 20. Ensuite une autre pause, et cette fois, on fera des sessions en se hissant jusqu'au cou seulement, mais il faudra que ça soit rapide ! Je te montre. » Il poudre ses mains et saute pour s'accrocher à la barre et se hisser jusqu'au milieu du torse, puis au nombril et recommencer jusqu'à arriver à 10 où il commence l'autre exercice avant de retomber sur ses pieds, puis de regarder son élève. Une fois Sev en l'air, il le fixe attentivement. « Maintiens ton dos, ça fait mal autrement. » Il place une main dans le bas de son dos. « Comme ça ! Et attention à tes omoplates, garde la tête droite aussi. Croise tes pieds, ça aide. »

« Dans ce cas un restaurant ? Tu pourrais me conseiller pour manger plus sainement. »

Sevastyan lui lança une fois de plus une nouvelle invitation. Il ne s'arrêtait pas à ses échecs surtout que celui-ci n'était pas totalement négatif. A vrai dire, le jeune homme avait du mal à cerner si son coach était hétéro, homo ou encore bi. Il ne semblait pas être totalement fermé face aux remarques de Reznikov, mais peut-être qu'il interprétait mal, c'était le risque à avoir lorsque l'on draguait la première personne venue. Un sourire parcouru les lèvres de jeune russe lorsque son coach avoua faire aussi de la musculation avant de prétexter que ce n'était pas son sport principal. Sevastyan ne pu s'empêcher de le taquiner :

« Je vois. » il imaginait parfaitement de beaux mecs en tenues militaires avant d'ajouter : « La musculation c'est vraiment ta bête noire, on dirait que ça t'a brisé le cœur, allez avoues, tu sortais avec un mec ou une fille qui ne faisait que ça et il ou elle n'a pas résisté à tes exercices, tu ne t'en es jamais remis. »

Sev se doutait que ce n'était pas ça, il cherchait juste à l'embêter un peu puis savoir peut-être au passage s'il aimait les femmes ou les hommes. « Ravi de t'entendre dire ça, j'ai cru pendant quelques secondes que tu étais puceau. » Il rit avant de trottiner jusqu'au tapis et de courir selon le rythme imposé. Le jeune homme prenait plaisir à faire les exercices, il était motivé pour réussir. Il avait été élevé de la sorte. Son père refusait la faiblesse, il avait toujours poussé Sevastyan à se dépasser même s'il avait été horrible avec lui. « Si tout va bien, j'espère le devenir en tout cas. » il lui adressa un sourire avant de jeter un regard en direction de Benjamin, il n'avait pas tort concernant le fait que les avocats étaient des beaux parleurs:

« Ah ça je ne te contredirais pas ! C'est notre job, faire croire que le connard que l'on défend est encore plus victime que la victime elle-même. »

Il continua de courir tout en prenant le temps de respirer : « Mais je te rassure, on ne défend pas que des coupables. » Toujours dans cet esprit de taquinerie, il ajouta : « Puis qui sait ? Tu aurais peut-être besoin d'un avocat un jour si jamais un de tes élèves portait plainte pour tes cours intensifs. » Après tout, les gens de nos jours attaquaient en justice pour un oui ou pour un non. Sevastyan avait déjà des idées pour inculper Benjamin, ça c'était à cause de trop travailler, il analysait à chaque fois. Bien évidemment, il se doutait que son acolyte ne risquait pas avoir besoin de ses services, c'était un très bon coach, cela se voyait. Une fois la course terminée, les deux hommes s'arrêtèrent. Lee lui jeta une bouteille d'eau qu'il attrapa tout en reprenant son souffle, il commençait à sentir l'effet de son effort sur ses muscles. Néanmoins, il ne se dégonfla pas pour autant. Reznikov s'étira avant de boire deux gorgées et de s'approcher de la barre horizontale. Il l'écouta attentivement, autant il était plus à l'aise pour la course, autant il avait peur de ridiculiser avec cet exercice, il n'en avait plus fait depuis un petit moment. Sev' passa une main dans ses cheveux :

« Et si j'échoue ? »

Demanda-t-il simplement, il n'envisageait pas d'échouer, juste de savoir quelle torture serait la mieux pour lui. Le jeune homme le regarda faire avant de mettre à son tour de la poudre, prendre une respiration et de commencer l'exercice. A ce moment-là ce dernier le toucha afin de mieux le conseiller. Il s'exécuta tout en croisant les pieds : « Comme ça ? » il débuta comme promis la série de 10, il sentait chaque partie de son corps se tirer.

Il ne dit rien pour l'idée du restaurant, parce qu'il n'a jamais eu un homme insister autant pour le revoir après, et entre nous, l'idée du : tu me montreras comment manger sainement, le tente. Il rêve de voir la tête de Sev devant des steaks de tofu et des légumes grillés avec un bon gros bol de quinoa et riz noir. Sincèrement. Alors il ne dit rien, il lui laissera la surprise. Lorsque le jeune homme évoque sa théorie sur son trouble pour la musculation, il rit, mais là encore, il ne dit rien. Au contraire, il a juste été déçu pour lui-même. Tout le monde lui conseillait ça, mais lors de son vrai premier entraînant (lorsqu'il le faisait pour entrer à l'armée), il en a chié et compris que ce n'était pas le truc à faire. Clairement pas.

La discussion part sur les avocats et il secoue longuement sa tête dans un soupir triste. « Donc en fait, les vrais salauds, c'est vous ! Ça te pose pas des soucis de conscience ? » Genre, sérieusement. Comment se regarder dans une glace quand on sait que son client est coupable genre, d'un viol, mais qu'on arrive faire annuler toutes les charges contre lui ? Il ne pourrait pas. Non, vraiment, il aurait juste envie d'achever le type lui-même. Il hausse un sourcil, éclate encore de rire lorsque l'autre parle d'avoir besoin de ses services. « Ecoute, ma foi, j'avais eu une plainte une fois : trop dur, trop chiant… l'élève a changé de coach, pour abandonner de lui-même deux semaines plus tard ! » Il hausse une épaule dans un sourire en coin. « Mais parle pas de malheur quand même… Si tu dois me représenter un jour, ça fera des dégâts. Je suis tellement beau que tout le monde se souciera de moi et qu'ils t'oublieront. » Pi, il a la carte : handicapé dans la manche. Un atout non négligeable.

Finalement, ils s'en vont plus loin après avoir bu un peu et il lui montre l'exercice des barres horizontales. Ce qu'il a pu s'en manger durant les premiers mois de sa rééducation. Il lui était indispensable alors, de se remuscler le torse et le haut du corps afin de pouvoir en user pour se remettre sur pied. « Tu peux pas échouer. Je suis ton coach. » Il lui offre un petit sourire se voulant rassurant et lui montre les deux exercices avant de le laisser faire. Il le scrute dans les moindres détails, consciencieux au possible. Il remarque les muscles qui commencent à trembler et le laisse faire la pause, puis reprendre la série de vingt, la pause, et l'autre série de vingt. « On enchaîne, tu peux le faire. Quand t'as fini les 50, on va dans une des salles de massages, t'as gagné 15 minutes ! Et après, tu finiras ta demi-heure sur un vélo au rythme que tu veux ! » Il lui tape la hanche doucement et le laisse boire avant de le faire se remettre en scelle. C'est douloureux, il n'en doute pas, mais il est content de voir que le jeune homme n'a pas lâché. « Maintiens ta nuque ! Ecarte un peu mieux tes mains, voilà, comme ça. » Il lui offre un sourire dévoilant ses petites dents et lorsqu'il s'en rend compte, il referme la bouche. Lorsque la nouvelle série est finie, il lui tape dans la main et l'entraîne vers les salles de massages plus loin. Une de disponible, il entre avec lui et le laisse s'installer sur le dos avant de prendre de l'huile et commencer à lui masser les jambes. « Faut pas les laisser refroidir, mais les détendre pour que tu n'aies pas trop de crampes. Le vélo fera du bien après. » Il sourit et laisse ses doigts glisser sur la peau tendue du jeune homme. « Pourquoi t'avais arrêté ? Le sport j'veux dire. »

Sevastyan espérait le faire céder en lui proposant de lui montrer comment manger équilibrer et sainement, voyant à quel point ce dernier semblait passionné par son boulot. Cependant, il ne répondit rien, tout comme à sa tentative de connaître son orientation. Benjamin semblait garder encore le mystère, de quoi frustrer le jeune homme. L'assistant ravala sa salive, se retenant de grimacer, il n'aimait pas ne pas savoir. La conversation enchaîna ensuite sur le métier d'avocat, Reznikov avoua parfaitement que dans ce milieu, ils n'étaient que des beaux parleurs, il fallait convaincre les jurés, être suffisamment convainquant en inventant une vérité qui n'est pas forcément juste. Benjamin lui balança que dans ce cas, les vrais salauds étaient les gens qui défendaient les salauds. Sevastyan devait admettre qu'il n'avait pas tort. Il regarda devant lui comme pour réfléchir à sa question avant de le regarder et répondre avec honnêteté :

« La justice est un monde remplit de requins Benjamin, si tu penses devenir avocat en ayant l'intention de révolutionner la justice, se la jouer justicier ou je ne sais quoi, ce métier n'est pas fait pour toi. On te paie pour défendre, quel que soit le délit commis et tu t'en fiches de savoir ce que ton client à réellement fait, tu fais ce qu'il demande et si ça fonctionne, tu deviens un bon avocat parce que tu auras gagné le procès. » Il le regarda dans les yeux : « Je ne suis pas un enfant de cœur. Je ne l'ai jamais été. j'ai fait des choses dont je ne suis pas fier, alors oui, tu peux dire que je suis un salaud. » Un silence avant de reprendre :

« J'ai appris à ne pas m'impliquer émotionnellement, j'essaie en tout cas, une affaire peut vite t'atteindre, mais saches que ceux qui font des choses horribles ne sont pas forcément acquittés, s'ils sont dans la merde juste qu'au cou, tu ne peux rien faire à par négocier leur peine. »

Sev' continua de courir : « Je vois, ton élève a voulu te faire payer son incapacité. » L'assistant se mit à rire face à sa remarque : « Oh vraiment ? Saches que les personnes les plus belles sont celles qui sont le plus rapidement accusé, elles attisent la jalousie du jury. » Il lui fit un clin d'œil : « Puis au final c'est moi que tu trouverais sexy à te défendre, ta petite vie serait entre mes mains et tu me supplierais de gagner ce procès. »Il gloussa avant de finir de fil en aiguille, par la barre horizontale. Face à l'idée d'échec, Benjamin lui fit part qu'il n'échouerait pas, car il était son coach :

« Je vois que ton ego est sans limite, je pensais être le seul, mais au final ta tête est plus enflée que la mienne. »

Le russe sourit amusé avant de faire les exercices. La barre horizontale était décidément plus compliquée que dans ses souvenirs. Il en souffrait, cela pouvait se voir à travers ses grimaces et tremblements, mais il ne s'arrêta pas pour autant, il ne souhaitait pas se dégonfler sous les yeux de l'asiatique qui le conseillait. Sevastyan appliqua à la lettre, en plus de ça, Benjamin lui avait promis une séance de massage, alors il n'allait pas refuser. Les 50 dernières furent les pires, mais il réussit à aller au bout :

« Finalement, je ne dirais vraiment pas non à des massages ! »

Il rit et le suivi  dans la pièce où il s'allongea tout en savourant cet instant. Reznikov devait admettre qu'il aimait bien être choyé. D'ailleurs, l'assistant ne pu s'empêcher d'en faire la remarque : « Que c'est bon ! » Il se mordilla la lèvre inférieure tout en savourant et en fermant les yeux, enfin jusqu'au moment où Benjamin lui demanda pourquoi il avait arrêté. Ne souhaitant pas en parler, il se contenta de dire : « Acceptes de déjeuner avec moi et peut-être que je finirais par te raconter ! » Oui, il revenait à la charge puis il faisait ça également parce que son coach ne lui avait pas avoué concernant la fin des marines.