leaving our footprints in the sand

OREL & ERWAN

Erwan se réveilla en pleine forme. Il n'avait pas prévu de bosser aujourd'hui, en fait il s'était arrangé spécialement pour avoir assez d'avance dans son travail pour se permettre de prendre une journée rien que pour lui et Orel. Ca faisait un mois, jour pour jour, qu'ils étaient ensemble. Qu'ils étaient un truc, lui et Orel. Un vrai truc. Un couple. Il n'y croyait pas trop, c'était un peu fou et il avait l'impression de vivre dans un rêve. Il n'avait jamais été aussi heureux de toute sa vie. Erwan avait du mal à croire que ça faisait déjà un mois qu'il s'était réveillé dans le lit d'Orel, qu'ils avaient vécu ce moment qu'il n'oublierait jamais. Qu'Orel lui avait fait découvrir toutes ces choses, ces sensations, qu'il avait remis les morceaux éparpillés ensemble et avait recollé le tout. Parce qu'enfin, Erwan se sentait à peu près entier. Rien n'était tout à fait réglé, mais il commençait à savoir ce que ça pouvait être le bonheur, et il ne comptait pas le laisser filer maintenant qu'il en tenait un petit bout. Erwan sauta hors du lit dans lequel il avait dormi avec Orel, et traversa la pièce pour se rendre dans la salle de bain. Ici, c'était devenu sa seconde maison, ou peut-être la première, vu le temps qu'il y passait. Ca s'était fait tout seul. Il ne comptait pas se passer d'Orel, alors la solution était de squatter son appartement sans arrêt. Il attendait encore que son petit ami le foute dehors. Il enfila un t-shirt en plus du boxer dans lequel il s'était réveillé, et mit une poêle à chauffer sur la plaque électrique, tout en jetant un oeil vers le lit dans lequel Orel dormait encore. Il n'était pas très matinal, ce garçon. Erwan avait lui-même des phases de sommeil assez étranges, se levant parfois à 7h en pleine forme pour traîner le lendemain sous sa couette jusqu'à 14h. Mais ce matin-là, il était motivé. Il sortit du frigo la pâte à pancake qu'il avait préparée la veille, ainsi qu'une petite louche, et commença à cuisiner le petit déjeuner en chantonnant, se disant que de toute façon, Orel devrait bientôt se réveiller. Il étala ses pancakes dans deux assiettes, une avec du sirop d'érable, l'autre avec du nutella, et apporta le tout dans le lit. Se penchant alors vers Orel, il le réveilla doucement, déposant quelques baisers sur son visage. « Orel, réveille toi... Y'a des pancakes. Il fait beau, on a toute une journée pour nous » il lui dit doucement en attendant que son petit ami émerge. Une fois le jeune homme réveillé, ils dégustèrent leur petit déjeuner préparé avec amour, puis se préparèrent à partir. « Je veux t'emmener quelque part » dit Erwan, alors qu'il enfilait un jean et mettait ses chaussures, avant de choisir un de ses chapeau et de se l'enfoncer sur la tête. Il avait hâte, il ne tenait plus en place. Lorsqu'ils furent tous deux prêts, Erwan prit la main d'Orel dans la sienne et entremêla leurs doigts, puis il l'entraîna vers la porte avec un grand sourire sur les lèvres.

Il était encore tôt, et la plage était déserte. De toute façon, il ne voulait pas s'installer là où les touristes débarqueraient d'ici quelques heures. Il y avait un coin, un peu plus loin, derrière les rochers, où personne ne s'aventurait, sauf ceux qui connaissaient cette plage secrète. Il n'y avait pas d'enfants qui hurlaient ou de déchets, de merdes de chiens ou de mégots écrasés dans le sable. En somme, c'était un endroit plus calme, plus beau, où les seuls visiteurs étaient ceux qui cherchaient eux aussi un peu d'intimité. Erwan retira ses chaussures et les mit dans son sac, préférant se balader pieds nus dans le sable, se fichant bien des grains qui venaient se coincer dans les plis de son jean. Lorsqu'ils eurent longé le bord de l'océan jusqu'à enfin atteindre l'emplacement que cherchait Erwan, il s'arrêta et adressa un grand sourire à Orel, avant de s'installer dans le sable. Il y avait du soleil, mais il ne tapait pas encore au point de risquer le coup de soleil ou l'insolation. Erwan sortit trois pots de crème de son sac. Une crème solaire, une autre spécialement pour le visage, et de l'huile pour mieux bronzer. Il appliqua les trois, chacune son tour à l'endroit qui lui correspondait, en se concentrant sur ce qu'il faisait. Lorsqu'il eut fini, il se tourna vers Orel, le tube de crème dans une main, et l'autre paume levée vers le ciel. « Tu veux que je te tartine ? » il lui demanda en le regardant avec ses grands yeux verts. Erwan n'avait pas l'intention de se baigner, il n'aimait pas trop ça. La vérité était qu'il ne voulait pas se retrouver en short de bain sous les yeux des passants, alors qu'il n'assumait pas tout à fait, que les tatouages sur son torses ne parvenaient pas à tout couvrir. Surtout pas l'état de son dos, qu'il jugeait lamentable et qu'il ne voulait pas exposer. Il était très bien en jean et t-shirt, et ça ne l'empêcherait pas de bronzer des bras.

Il aurait pensé que l'odeur des pancakes en train de cuire aurait réveillé Orel, mais non, rien à faire. Le jeune homme dormait profondément. Erwan, bien entendu, ne pouvait pas laisser passer ça, et il alla donc le réveiller lui-même, avec amour et délicatesse, lui vantant les aspects réjouissants de la journée qui commençait pour le motiver à sortir de sous sa couette. La main d'Orel attrapa alors la sienne, et entre deux grognements, il lui dit « M'appelle pas Orel.. j't'ai dis. Bébé c'bien. » Erwan ne répondit pas immédiatement. De toute façon, avec un si beau prénom, il comptait bien continuer à l'utiliser pour s'adresser à son amoureux. Erwan ne pensait pas qu'il parviendrait un jour à l'appeler "bébé", de toute façon. Il laissa le temps à Orel d'ouvrir les yeux, de se réveiller, et de lui dire bonjour avec un magnifique sourire sur le visage. Erwan n'en revenait pas. Vraiment, il ne comprendrait jamais comment il a pu avoir une telle chance, comment la vie a pu tout à coup décider qu'il méritait ça. Cet homme parfait, qui passait ses nuits à ses côtés. C'était la chose la plus merveilleuse qui lui soit arrivée. Ils échangèrent un court baiser rempli de tendresse, puis Orel posa les yeux sur les pancakes qu'Erwan avait amenés jusqu'au lit. « Tu veux m'engraisser pour me bouffer en vrai. » plaisanta Orel, ce qui mérita un petit sourire de la part d'Erwan. Il aimait bien l'humour d'Orel. C'était un peu tranchant parfois, et Erwan n'arrivait pas toujours à saisir le sarcasme dans ses remarques, mais tout ça faisait partie intégrante d'Orel, et Erwan débordait d'amour. Et même à travers ces phrases, ces petites piques, il y avait un peu d'Orel en chacune d'elles, un peu de son âme et de son coeur, et Erwan ne pouvait que les chérir. « Peut-être » il répondit avec un petit sourire et des yeux rêveurs, avant d'ajouter « J'aime bien te manger ». Et avec ça, il attrapa un pancake et le fourra dans sa bouche sans chercher à le couper ou à en croquer la moitié uniquement. Le petit déjeuner se termina peu après, et Erwan tenta de presser Orel, car il avait l'intention de l'emmener à la plage et de passer une journée géniale avec lui. Il fit son sac, prépara ce dont il avait besoin, et ils quittèrent quelques minutes plus tard l'appartement d'Orel. Ils arrivèrent à la plage, mais Erwan ne s'arrêta pas pour autant. Entre la main d'Orel dans la sienne, le soleil matinal et le sable sous ses pieds, il n'était pas sûr qu'il y avait quelque chose sur Terre qui correspondait mieux à la définition du bonheur. A part Orel, juste Orel, Orel tout seul. Tout ce qui se rapportait à Orel était magique, c'était ce qu'il y avait de meilleur dans ce monde et Erwan serra sa main un peu plus fort autour de celle du jeune homme lorsque cette pensée traversa son esprit. Leur relation était récente, elle venait simplement de naître, mais son amour pour ce jeune homme était presque aussi âgé que lui. Son amour avait vécu avec lui, avait traversé le pire et surmonté des épreuves presque infranchissables. Il avait du vécu, cet amour, il était bien plus fort que beaucoup de choses, plus fort que la douleur et le chagrin et la solitude et la violence et tout le reste. S'il y avait une chose dont Erwan était sûr, c'était ses sentiments pour Orel. La seule certitude dans sa vie était cet amour qui le bouffait de l'intérieur mais dans le plus beau sens du terme, un amour qui le dévorait, qui convertissait ses organes à un culte sublime que personne d'autre ne pouvait connaître.

Ils s'installèrent dans le sable, et Erwan sortit ses trois pots de crème, chacun ayant un but précis, une utilisation particulière. Il appliqua sa crème sans trop se soucier de ce qui se passait autour de lui. Il sentait toujours la présence d'Orel près de lui, installé sur sa serviette. « rien que ça.. » il entendit Orel dire, avant de rire de lui. Erwan ne leva même pas la tête, trop concentré dans ce qu'il faisait. C'était une tâche très importante et qu'il fallait prendre sérieusement, alors pour une fois, il comptait ignorer Orel. Erwan avait une peau sensible, et le soleil de Miami n'avait rien à voir avec celui de New York. Et de toute façon, sa chair était déjà assez abîmée, assez meurtrie. Il n'avait pas besoin d'y ajouter des plaques causées par le soleil. Finalement, lorsqu'il eut terminé, il leva les yeux vers son petit ami, sagement installé sur sa serviette, le torse nu et les yeux cachés derrière des lunettes de soleil. Il lui proposa de lui tartiner de la crème, ce qui fit rire Orel une fois de plus. Erwan gardait pourtant son sérieux, le regardant avec amour, attendant patiemment qu'il ait fini de rire. Il avait le temps, il n'était pas pressé, et s'il s'agissait de regarder Orel si rempli de joie, il était prêt à patienter ainsi toute sa vie. « Commence par virer ce haut.. tu ne vas pas rester habiller toute la journée. et.. » Clin d'oeil qui provoqua une espèce de feu d'artifice dans le coeur d'Erwan. « Vas-y.. tartine bébé » ajouta Orel avant de rire à nouveau. Erwan l'aimait tellement, et lorsqu'il était ainsi, il ne pouvait que l'aimer encore plus. Il avait envie de le garder comme ça, pour toujours. Il voulait qu'Orel ne change jamais, que jamais rien ne lui arrive pour lui arracher cette joie, ce bonheur. Orel heureux était le seul Orel qui puisse exister. Alors Erwan s'installa derrière le jeune homme, et il déposa une noix de crème dans le creux de sa main, avant de commencer à l'étaler sur le dos d'Orel. Il en profita pour se mettre à le masser, au niveau de la nuque et des épaules, pour essayer de défaire les noeuds qui se trouvaient à ces endroits. Il descendit le long de la colonne vertébrale d'Orel, laissant ses doigts caresser sa peau, tout en prenant soin de bien appliquer la crème sur chaque parcelle de son corps. Il y mit tout son coeur, prêt à y passer des heures si ça évitait à Orel de devoir supporter des coups de soleil. Tout ça pour ça, mais ça comptait. « Ne t'en fais pas bébé. Le premier qui te mate je le déglingue de toute façon, donc tu ne risque rien.. » reprit Orel après un petit silence. Erwan savait très bien de quoi il parlait, comme il savait qu'Orel avait compris pourquoi il gardait son t-shirt, même ici, sur la plage. Erwan était touché, mais ça ne suffirait pas à le faire changer d'avis. Il n'avait pas envie de se déshabiller, il ne voulait pas être exposé au regard des autres, et ça, pas même Orel ne parviendrait à le changer. « Je te trouve beau moi.. donc ai confiance » ajouta le jeune homme, avant d'allumer une cigarette. C'était touchant, mais Erwan ne changerait pas d'avis. Il ne savait pas si Orel disait ça parce qu'il le trouvait réellement beau, ou si c'était parce que l'affection l'aveuglait, ou autre chose du genre. Mais Erwan se connaissait, il connaissait son corps plutôt bien. Il savait à quoi il ressemblait et il savait que ce dessin sur son dos n'avait rien de beau. Ce n'était pas le genre de chose qu'on affichait sur les plages, à la vue de tous, c'était fait pour rester caché. Il ne voulait pas qu'on se pose des questions, qu'on le plaigne. Et puis... il était très bien en t-shirt. « J'ai pas envie » il répondit au bout d'un moment, essuyant ses mains sur ses propres avant-bras, avant de retourner s'asseoir sur sa serviette. Il y avait les quatre dernières années de sa vie taillées dans la chair de son dos, comme si sa peau avait été une toile ou une feuille blanche sur laquelle griffonner. C'était privé, c'était réservé à certaines personnes uniquement. Le monde entier n'avait pas le droit de poser ses yeux là-dessus. « Y'a que toi qui peut voir » il ajouta plus doucement, les yeux rivés sur l'océan, sans se tourner vers Orel. Erwan enfonça un peu plus son chapeau sur son crâne, puis il se mit à tracer des dessins dans le sable avec son index. Orel, il écrivit. Puis son propre prénom, juste en dessous.

Il avait tellement envie d'emmener Orel à la plage, de lui faire découvrir ce petit coin tranquille qu'il connaissait sans doute déjà mais Erwan s'en fichait. Il avait réveillé Orel avec un petit déjeuner royal qu'il avait préparé avec amour, puis l'avait pressé pour qu'il sorte du lit et se prépare à partir. Erwan s'était surpris à rêvasser alors qu'Orel enfilait ses fringues, se disant que si son avenir ressemblait à ça, il serait heureux. Se réveiller aux côtés d'Orel, déjeuner avec lui, le regarder se réveiller doucement, émerger de son sommeil et grogner avec la tête enfouie dans l'oreiller. Ses cheveux en bataille et son odeur dans les draps. Ses bras tatoués autour d'Erwan, et rien d'autre. Rien n'était mieux que ça, et Erwan voulait ça, juste ça, pour le restant de sa vie. Il se perdit un peu dans ses pensées, un sourire sur les lèvres. Puis enfin, c'était le moment de partir. Après être arrivés à la plage, Erwan continua de marcher, se dirigeant vers l'endroit plus caché et moins fréquenté de la plage. Et ça aussi, c'était magique. Passer une journée à la plage, avec Orel, en amoureux. Erwan ne savait pas ce qu'il avait fait pour mériter ça, pour que la vie le gâte à ce point, mais il serait reconnaissant pour toujours. Jamais il n'aurait cru que ça lui arriverait un jour. Encore quelques semaines plus tôt, il était convaincu qu'il n'aurait jamais droit au bonheur. Que son avenir était celui de quelqu'un qui resterait seul, avec son passé gravé dans sa mémoire au feutre indélébile, gravé dans sa chair. Seul avec ses cauchemars et ses peurs et les lointains souvenirs d'une époque où tout était plus beau. Mais il avait retrouvé Orel, et ses rêves s'étaient réalisés. Alors les voilà installés sur une plage, Erwan se tartinant le corps de crème solaire et d'auto-bronzant. Il fit de même avec le corps d'Orel, prenant soin de son dos, lui appliquant de la crème et lui faisant au passage un petit massage. Puis il retourna s'installer sur sa serviette. Lorsque Orel l'invita à retirer ses vêtements pour aller se baigner, Erwan lui répondit simplement, ne voulant absolument pas se mettre torse nu. Heureusement, Orel n'insista pas. Erwan ajouta alors tout simplement que la vue était réservée à Orel, et que personne d'autre n'avait le droit de le voir. « ok. » répondit Orel, posant sa main au-dessus de celle d'Erwan qui se trouvait sur le sable. C'était un petit contact qui rassurait Erwan, qui lui faisait comprendre en quelque sorte qu'Orel ne chercherait pas à le mettre dans une position inconfortable, ou à le forcer à faire quelque chose qu'il ne voulait pas. Avec ça, Erwan sentit Orel s'approcher, et ses lèvres se posèrent sur la joue d'Erwan, où il laissa un petit baiser incroyablement tendre. Erwan n'avait jamais eu de petit copain, personne d'aussi attentionné et délicat qu'Orel. Les petits baisers sur la joue, c'était nouveau, et il adorait ça. « Mais tu viendras au moins mettres des pieds dans l'eau hein ? » demanda Orel, plein d'espoir. Et Erwan n'avait pas vraiment prévu ça, mais pourquoi pas, ça ne ferait de mal à personne, de juste tremper ses jambes. Et comme ça il pourrait regarder Orel de pus près alors qu'il nageait. Il pourrait observer les formes de son corps dans l'eau, ses muscles, sa peau à travers l'eau. Et Erwan hocha doucement la tête, voulant bien faire cet effort. Oui, ça lui semblait faisable. « j'aurais aimer qu'on se baigne ensemble mais bon... » ajouta encore Orel. Et Erwan se mordit un peu la lèvre, parce que clairement, Orel insistait un peu, même implicitement, et il espérait encore qu'Erwan change d'avis. Mais pour une fois il était décidé, tel un enfant en train de bouder, et il ne reviendrait pas sur sa décision. Il aurait tout fait pour faire plaisir à Orel, et dans un mauvais jour il aurait pu aller jusqu'à s'ignorer complètement juste pour satisfaire son petit ami, mais aujourd'hui n'était pas l'un de ces jours. Erwan regarda Orel baisser ses lunettes de soleil, et leurs regards se croisèrent. « Un jour peut-être... ou pendant la nuit peut-être seras-tu plus enclin à te montrer » dit Orel avec un petit clin d'oeil, avant de s'allonger à nouveau sur la serviette. Erwan suivit son mouvement des yeux, restant assis, réfléchissant un peu à la proposition. L'idée d'un bain de minuit avec Orel, dans l'océan, juste eux et personne d'autre pour les embêter ou les regarder. Nus. Et non, il ne devait pas trop se faire d'illusions, il avait appris par le passé que c'était mauvais, qu'on finissait toujours par être déçu. « Oui... un jour » il répondit doucement, sortant de ses pensées. Puis Erwan s'allongea à son tour sur sa serviette, sa tête au niveau de celle d'Orel, pour qu'ils puissent continuer à parler. Erwan descendit ses lunettes de soleil sur ses yeux. « J'aime être le seul à te voir... » dit alors Orel, juste comme ça, et cette phrase amena un sourire énorme sur le visage d'Erwan. Lui aussi, il aimait qu'Orel soit le seul. Il voulait que ça reste comme ça pour toujours, qu'il n'ait plus à subir le regard des autres une seule fois dans sa vie. Juste celui d'Orel, toujours bienveillant et plein de tendresse. Il ne voulait plus être à personne d'autre, ne voulait qu'appartenir à Orel. Et le silence s'installa sur ces pensées qui lui occupaient l'esprit. Jusqu'à ce que Orel prononce une phrase de plus. Juste deux mots. « Vivons ensemble. » et le cœur d'Erwan se stoppa presque. Il ne savait quoi dire, quoi faire, comment réagir. Parce qu'il passait le plus clair de son temps chez Orel, et c'était un peu comme si son appartement était devenu sa seconde maison, mais cette demande, elle était plus officielle, elle voulait dire quelque chose. Elle voulait dire, à partir de maintenant tu vis avec moi, mon appartement est le tien.  Chez moi, c'est chez toi. Erwan tourna brusquement la tête vers Orel, le regarda un moment. « Oui-i » il lui répondit, sa voix se coinçant au milieu du mot, finissant dans un petit couinement. Erwan se mordit la lèvre, tout émoustillé par cette demande, par le fait qu'Orel voulait vraiment de lui, qu'il voulait quelque chose qui ressemblait à une vie à deux. Qui ressemblait à l'avenir. « Tu veux que je vienne habiter chez toi ? Vraiment... pour de vrai ? » reprit Erwan, n'arrivant pas trop à y croire, essayant de s'assurer que c'était bien ce que voulait dire Orel. Il se tourna un peu, s'allongeant sur le côté pour faire face à Orel et relâcher la tension dans son cou qui était jusque là orienté vers le jeune homme. « Parce que si toi tu veux, moi je veux, si tu veux, toi, enfin... si tu veux, moi je veux » il continua, s'emmêlant clairement dans ce qu'il disait, ayant une idée à peu près définie de ce qu'il voulait dire,mais n'arrivant pas à l'exprimer comme il se doit. Finissant ainsi, il préféra se taire et ne pas s'enfoncer, il coinça sa lèvre inférieure entre ses dents, attendant la réponse d'Orel.

Orel lui vendait du rêve, lui disait tout ce qu'il avait envie d'entendre, que des mots délicats qui étaient comme de la musique dans les oreilles d'Erwan et qui voyageaient jusqu'à son petit coeur un peu trop sensible parfois. Orel prononçait ces phrases qui le rendaient fou, qui lui donnait l'impression de vraiment lui appartenir. Peut-être qu'il lui appartenait vraiment, peut-être qu'ils étaient enfin l'un à l'autre et que ça ne changerait pllus jamais, qu'ils seraient l'un à l'autre pour l'éternité. Erwan voyait déjà leur avenir ensemble, leur vie tous les deux. Avec des enfants, peut-être. Il espérait tant. Juste un enfant, ça serait parfait. Quand ils seraient installés ensemble pour de vrai, quand ils seraient sûrs, comme deux vrais adultes, quand Erwan aurait réglé ses problèmes ou du moins mis assez de sens dans sa tête pour être en mesure de gérer un petit être 24h/24 et 7j/7. Etre en mesure de le rendre heureux sans avoir à se soucier d'autre chose. Et merde, pourquoi Erwan pensait-il soudain à avoir des gosses. C'était bien trop tôt, sa relation avec Orel était toute jeune, c'était une mauvaise idée. Et puis même sans enfant, il serait heureux. Comblé. Orel était exactement tout ce dont Erwan avait rêvé depuis des années. Maintenant, il pouvait être heureux sans se poser de questions. Lorsque la question quitta les lèvres d'Orel, Erwan crut rêver. C'est clair, il n'y croyait pas. Mais pourtant c'était bien réel et il fallait se réveiller et vite pour ne pas faire croire à Orel que la réponse était non ou une autre catastrophe du genre. Cette question mettait Erwan dans tous ses états. S'installer avec Orel, venir vivre chez lui. C'était un grand pas, c'était sérieux, ça voulait dire qu'Orel avait prévu de le garder, de le vouloir auprès de lui encore longtemps. Ca voulait dire un milliard de choses. Ca signifiait qu'Orel ne voulait plus être seul, pas même un peu, qu'il voulait tout partager avec Erwan, qu'il voulait une moitié de son armoire pour Erwan, qu'il voulait sa brosse à dents à côté de la sienne et son shampooing dans sa douche. Qu'il voulait sa bouffe bio dans son frigo et son invasion de fruits et légumes étranges. Qu'il voulait ses fringues sales dans sa machine à laver et qu'il accepterait l'ours en peluche d'Erwan sur la table de chevet. En tous cas Erwan espérait très fort que son ours soit accueilli avec amour. Ca voulait dire un tas de choses et surtout ça voulait dire que ça devenait sérieux. Et pourtant ça ne faisait qu'un mois mais ils étaient adultes et ils savaient ce qu'ils voulaient. Erwan n'était pas difficile, ou peut-être qu'il l'était extrêmement, mais il avait trouvé la perle rare. Il l'avait trouvée il y a des années et c'était Orel, et il voulait faire sa vie avec lui, alors s'installer chez lui même au bout d'un mois, ça faisait sens. Mais Orel venait de lui proposer ça, de le lui demander, et ça, ça signifiait vraiment quelque chose de grand. Alors il acceptait, bien sûr qu'il disait oui, et qu'il continuait en s'embrouillant follement dans ses paroles parce qu'il n'en revenait pas. Il devait être sûr, demander encore à Orel pour que lui aussi soit sûr. Ce n'était pas une décision à prendre à la légère... enfin, si. Erwan voulait la prendre à la légère, cette décision, il ne voulait pas y réfléchir, rien du tout. Il voulait la prendre là tout de suite, mais il fallait qu'Orel soit sûr et certain. Et... Orel se mit à rire. Erwan fronça un peu les sourcils, il ne savait pas comment le prendre. Etait-ce une blague ? Erwan espérait que non, parce que ça lui ferait vraiment mal, qu'Orel rigole avec ce genre de choses. Déjà, le fait qu'il choisisse de se moquer de lui en plaisantant ainsi, Erwan risquait de mal le supporter, mais en plus plaisanter sur leur possible emménagement tous les deux, c'était cruel et sadique. Erwan sentit quelque chose de froid et de brûlant à la fois recouvrir son corps, il avait peur tout à coup. Il ne savait même pas s'il était capable d'en vouloir à Orel. Mais merde, ça faisait mal. Mais il essaya de s'accrocher au fait que non, Orel ne lui ferait jamais ça. Il n'avait pas de raison de lui faire ça, il savait très bien en plus que ce n'était pas le genre de blague à faire à Erwan. Alors il continuait simplement à espérer qu'il y ait une autre explication. « t'es adorable tu sais ça.. ? » dit alors Orel, après s'être calmé. Sa main se tendit vers celle d'Erwan et la couvrit, délicatement, leurs doigts se liaient. Erwan regarda un peu ce que faisaient leurs mains, puis leva les yeux vers Orel, alors que lentement il réalisait qu'Orel avait ri de sa réaction, de sa manière de s'exprimer, d'à quel point il n'avait plus retrouvé le sens de ses phrases. Alors ça, il pouvait le lui pardonner, parce que ce n'était pas une vraie moquerie, c'était plus parce qu'il était attendri. Erwan commençait à comprendre cela, alors qu'Orel dirigeait sa main vers ses lèvres. Alors, un petit sourire se dessina sur les lèvres d'Erwan, tandis que celles d'Orel se posaient sur sa peau, embrassant le dos de sa main avec les paupières baissées.

Mais Erwan ne put en profiter qu'à moitié, car il attendait toujours une réponse. « Non. » répondit Orel après avoir reposé leurs mains. Non ? Quelque chose se coinça dans la gorge d'Erwan. Il ne comprenait plus rien, il s'attendait simplement à ce qu'Orel confirme, mais voilà qu'il répondait non... Non. Alors il ne voulait pas qu'ils vivent ensemble, et une fois de plus Erwan n'avait rien compris, ou alors orel s'était foutu de lui pour de bon cette fois, ou alors il ne savait pas interpréter ses paroles. Erwan était trop stupide. Il était idiot. Au final, c'était vrai, il était stupide, il devait arrêter de se voiler la face et de croire aux contes de fées. Mais pourtant, les yeux d'Orel ne disaient pas qu'il refusait, ou qu'Erwan avait mal compris... alors... Putain, il était perdu. Sa gorge était serrée, il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait, la situation ne faisait pas sens, il était paumé, il avait l'impression d'être dans un récit absurde, c'était effrayant, il avait envie de pleurer tellement il ne comprenait rien. « Je veux notre chez nous. Un nouveau chez nous. » déclara enfin Orel. « Quoi ? » couina simplement Erwan, d'une voix aiguë et serrée, presque douloureuse, comme si ce mot venait de percer un trou dans sa gorge pour en sortir. Ses grands yeux verts se plongèrent dans ceux d'orel, cherchant une réponse. Il était perdu, putain. Ces montagnes russes émotionnelles étaient en train de le tuer, de le drainer de toute énergie. Orel souriait, il y avait de la joie dans ses yeux, et Erwan essayait de retrouver un état normal, un état qui correspondait à la nouvelle. Celle qui disait qu'Orel voulait déménager, trouver un appartement. Avec Erwan. « Si on prenait un appartement ensemble ? » demanda enfin Orel, collant son front à celui d'Erwan. Leurs nez se frolèrent, et Erwan profita de ce moment pour se recentrer, pour respirer, s'ancrer à ça. Prendre un appartement ensemble. Il fallait qu'il se calme, qu'il arrête de paniquer, de se faire de telles crises pour rien, de réagir avant même de comprendre. Une part d'Erwan était consciente de tout ça. Extrêmement lucide sur sa situation. Une part de lui savait qu'on l'avait cassé en petits morceaux et que même aujourd'hui, avec Orel, heureux comme jamais, il n'était pas capable d'être tout à fait normal. Que les fissures étaient toujours là et que même avec l'homme de sa vie il continuait de croire que les choses allaient mal tourner, que chaque petit imprévu allait être le début de la grande chute finale qui entraînerait tout sur son passage. « Je veux commencer une toute nouvelle vie. Un nouveau départ, toi et moi. » termina Orel, ouvrant les yeux et déposant un baiser sur le nez d'Erwan. Et le mot oui n'était pas suffisant pour répondre à ça. Erwan en rêvait tout simplement, alors... il n'y avait pas de mot. « Oui. Oui oui je veux, bien sûr » il répondit doucement, d'une voix bien plus posée, retrouvant sa couleur plus grave, sérieuse, comme un serment, une promesse plus puissante qu'eux. Il imaginait déjà leur petit chez-eux. L'endroit qu'ils choisiraient avec soin pour y commencer cette nouvelle vie, ce nouveau départ. Erwan en avait désespérément besoin, d'un nouveau départ. S'installer avec Orel dans un appartement qui serait à eux, il n'y aurait pas de meilleur moyen pour laisser le passé derrière, enfin. Abandonner les mauvais souvenirs et recommencer en s'autorisant à toucher le bonheur. « Un appartement au centre ville, avec de grandes fenêtres, et une terrasse » il souffla doucement. Erwan s'approcha doucement d'Orel, encore un peu, pour déposer un baiser sur ses lèvres, le laissant durer un peu pour profiter de chaque seconde de ce baiser, parce que sinon ça n'en vaudrait pas la peine. « Et un jacuzzi » il fit en souriant contre les lèvres d'Orel. « Avec des bulles » et il embrassa encore Orel, plus simplement, avant de se reculer à nouveau et de lui adresser un énorme sourire. « Ou ce que tu veux, je m'en fiche, tant que je suis avec toi » conclut Erwan en se mordillant un peu la lèvre, passant son pouce sur le dos de la main d'Orel toujours liée  la sienne.

Il n'avait besoin de rien de plus. Juste Orel, et le reste n'était pas vraiment important. Mais Erwan avait les moyens de se faire plaisir, et il ne comptait pas se priver. Orel et lui auraient leur petit coin de paradis, un endroit juste à eux avec tout ce qu'ils pouvaient désirer et qui pouvait être obtenu, et là... A ce moment. A l'instant où ils seraient tous les deux dans leur lit, là où ils auraient choisi de vivre ensemble, à cet instant Erwan pourrait se poser une minute ou deux, vider son esprit et juste... se dire que c'était tout ce dont il avait rêvé. Que voilà, c'était ça. Le bonheur. C'était atteint, il était arrivé là où chaque être humain sur cette Terre voulait arriver. Il avait été comblé par la vie, malgré toutes les attentes, il avait eu tout ce qu'il pouvait avoir. A cet instant, il fermerait les yeux pour s'assurer que c'est réel en les rouvrant, et il fixerait le plafond au-dessus de lui, serrant dans sa main celle d'Orel. Et chaque moment après celui-là serait juste une confirmation, quelque chose qui lui promettrait encore et encore que c'était la réalité. Le souffle du vent contre sa peau et l'eau chaude de la douche sur son corps, et la musique qu'il écouterait et chaque aliment qu'il mangerait. Erwan rêvait de cet appartement, de leur petite vie à tous les deux. Il rêvait de ce bonheur là, de celui de n'avoir qu'Orel, de l'avoir en lui. Que sa peau vibre pour lui, que son coeur batte pour lui, que leurs odeurs se mêlent à tout jamais et ne forment pus qu'un. Vivre avec lui, c'était la suite logique, celle qui s'imposait, l'étape suivante, le niveau supérieur de leur bonheur. Il déposa un baiser sur les lèvres d'Orel, et évoqua le jacuzzi qu'il aimerait bien, ce qui fit rire son petit ami. « Je suis plus simple que ça bébé... » fit Orel en soupirant un peu. Et ok, mais pourquoi se contenter de la simplicité, s'ils pouvaient avoir un jacuzzi, autant en avoir un. Erwan n'avait pas de l'argent pour le garder coincé quelque part dans un coffre. Il voulait profiter de ce qu'il avait sans attendre parce qu'on ne pouvait pas être sûr de l'avenir. Il s'éloigna doucement d'Orel, ajoutant finalement qu'il se fichait bien de tout ça, que le plus important pour lui, c'était d'avoir Orel. Puis, sans qu'Erwan ne s'y attende vraiment, il se retrouva sur le dos, Orel au-dessus de lui, appuyé sur ses avant-bras. Dans son champ de vision, il n'y avait plus qu'Orel, et c'était tellement... électrisant. « Non.. pas juste ce que je veux. On est un couple.. on décide à deux » dit Orel, et Erwan aurait voulu hocher la tête lentement, ou dire que sa décision à lui, c'était simplement d'être avec Orel. Mais il laissa Orel poser son nez contre le sien, caresser doucement sa joue. Ca lui donnait l'impression d'être si important, d'être la seule chose qui compte dans l'univers. D'être fragile et précieux. Puis Orel se releva et aida Erwan à se redresser à son tour, pour se retrouver assis face à son petit ami. « Que penses-tu d'une maison plutôt... à l'extérieur de la ville. Genre en bordure de forêt mais pas trop loin de la mère non plus.. avec de grandes baies vitré et un jardin... » proposait soudain Orel. Une maison, pourquoi pas. Il ne savait pas, il avait toujours vécu en ville, avec la vie à proximité, alors ça le changerait. Mais ça voudrait aussi dire que le seul bruit, la seule ambiance, la seule chose qui embaumerait ses jours serait... Orel. Pas le bruit du trafic, par l'odeur du vendeur de hot-dogs sous sa fenêtre. « Et un Jaccuzi bien sûr oui.. tout ce que tu veux... » Erwan sourit, regarda Orel se pencher vers lui et déposer ses lèvres sur les siennes encore une fois. « Mais je veux un cocon.. un grand et beau cocon... pour nous.. » ajouta Orel, son front toujours collé contre celui d'Erwan. Il n'osait pas parler, il avait trop peur de briser ce moment, ce silence si beau. Un grand et beau cocon, oui, Erwan voulait ça aussi. Même si c'était petit et moche, il en voulait. Il apprendrait à l'aimer, parce que rien que la présence d'Orel avait cette force, celle de rendre beau et appréciable n'importe quoi.

« Okay » il souffla, tout doucement, après s'être décidé à dire quelque chose tout de même, mais gardant sa voix basse pour ne rien casser de cet instant. Puis le contact contre son visage, celui du front d'Orel, fut remplacé par sa main sur la joue d'Erwan. Sa main douce, délicate, qui saisissait ainsi son visage avec tendresse. Et là, comme ça, le silence tomba doucement, comme un voile autour d'eux, les séparant du monde extérieur, comme un mur de protection, préservant leur petite bulle d'amour dans laquelle rien n'était impossible. « Je t'aime Erwan Jamie Beckford... » et c'était tombé, juste comme ça, alors qu'Erwan ne s'y attendait pas vraiment. Il avait toujours su qu'Orel avait du mal avec ses émotions, que les sentiments, il ne savait pas vraiment les exprimer, pas avec la parole en tous cas. Alors l'entendre dire ça, avouer cela de cette façon, aussi simplement, ça venait de stopper son coeur et de le faire repartir brusquement, violemment, mais comme s'il prenait à présent une mélodie encore différente, encore plus belle qu'avant. Il plongea son regard dans celui d'Orel, Orel qui venait de lui déclarer son amour, de prononcer ces quelques mots qui avaient tant de sens. Une promesse encore différente de celles qu'il lui avait faites jusqu'à présent. Erwan allait encore finir par pleurer. Il commençait à en avoir assez de pleurer, et pourtant, il ne semblait pas être capable d'arrêter. Le petit rire d'Orel le tira à nouveau vers la réalité, le rire de quelqu'un qui vivait le bonheur, le vrai. C'était si beau, mêlé à la voix d'Orel. Et ça aussi, ça envoyait un peu plus de joie dans le coeur d'Erwan. Se dire qu'en partie, c'était un peu grâce à lui que ce rire là avait sa place dans le corps d'Orel. La main d'Orel passait alors derrière son cou, et il se retrouvait attiré vers lui, puis les lèvres d'Orel se posaient à nouveau sur les siennes. Chaque parcelle, chaque cellule de ses lèvres brûlaient d'amour, cherchaient à se lier à jamais avec celles d'Orel. Comme s'ils pouvaient parvenir  travers ce baiser à ne plus jamais être séparés l'un de l'autre, comme si c'était l'acte ultime, l'acmé. Le moment clé qui allait les lier à tout jamais. Il se retrouvait dans les bras d'Orel, Orel qui ajoutait encore « Je t'aime tant.... » Et une fois de plus, l'effet était grandiose, mais pas dans cet esprit de surprise. Là, c'était plus comme un parfum si délicat ou une crème qui caressait sa peau. C'était plus tendre et moins surprenant, c'était plus doux. Erwan se laissait bercer par tout ce que suggérait cette phrase. Et pourtant, il y avait toujours cette petite voix au fond de sa tête qui continuait de se faire entendre. Une petite voix dont il n'arrivait pas à se débarrasser, qui ne cessait de lui répéter qu'il ne pourrait jamais être aimé vraiment. Qu'il ne le méritait pas, qu'il n'était rien d'assez important, d'assez exceptionnel, d'assez beau ou intelligent ou charmant ou... Qu'il n'était rien et que personne ne pourrait jamais l'aimer. Et il voulait tant la faire taire cette petite voix. « Moi aussi je t'aime » il répondit doucement, plongeant son regard dans celui d'Orel. Il déposa sa main sur sa joue, caressant un peu sa pommette avec son pouce. « Je t'aime plus que tout... » il ajouta en appuyant sur le dernier mot, pour lui faire comprendre que ce n'était pas juste une phrase qu'il balançait ainsi sans savoir ce qu'elle voulait dire. Pour lui montrer qu'il l'aimait vraiment plus que tout. Il s'approcha un peu d'Orel, et ses lèvres effleurèrent celles du jeune homme, son souffle contre sa bouche. « J'ai tellement hâte que tu me fasses l'amour dans le jacuzzi » il souffla contre ses lèvres, d'une voix presque innocente mais terriblement amoureuse, avant de déposer un baiser sur sa bouche.