Mon réveil sonna, j'appuya rapidement sur mon téléphone pour éviter de réveiller Will à côté de moi. J'avais déjà les yeux ouverts et ils avaient probablement été ouverts depuis 23h hier soir, l'heure à laquelle on s'étaient mis au lit. J'arrivais plus à dormir depuis que j'avais retrouvé ma mère, poignardée dans ma maison. Je n'avais également pas réussi à remettre les pieds là-bas. C'était Will qui était allé chercher mes choses et je ne pouvais le remercier assez puisque j'étais un total mess depuis cette journée là. Je me leva machinalement et enfila des vêtements. J'avais des gros cernes presque bleus sous les yeux et personne avait intérêt à dire quoi que ce soit à ce propos. De toute façon, ce n'était pas comme si je sortais assez pour voir des gens. Au poste, on m'avait dit de prendre le temps qu'il me fallait, de toute façon, ils enquêtaient sur le meurtre de ma mère et je ne pouvais pas participer à cette enquête, y étant trop lié. Je passais donc mes journées chez Will à regarder la télé sans vraiment la voir. Un gros mess, oui totalement.

Aujourd'hui, j'allais visiter des appartements avec Alexie. Parce que oui, elle serait ma nouvelle coloc. Je pense qu'elle avait besoin de changer d'air de chez elle et moi, je ne pouvais tout simplement pas retourner vivre chez moi. J'allais devoir vendre la maison et faire tout un tas de trucs que je n'ai aucune idée de comment faire, mais ça pouvait bien attendre. En attendant, je ne pouvais pas continuer à squatter chez Will. On n'était pas rendu au stage d'emménager ensemble et Alexie était une super bonne amie donc.. Je pense que c'était la chose logique à faire. Aujourd'hui, je devais tenter de me changer les idées. Je ne pouvais pas arriver avec une tête de pleurnicharde devant Alexie pour se choisir un appart, ça n'allait pas le faire. Je m'approcha du miroir et tenta de cacher ma face laide derrière bien du cache-cernes. Ouin bon... Ça allait aller pour aujourd'hui j'imagine. Je passa ma main dans mes cheveux et décider de retourner dans le lit, me coller contre William. Je me blottis la tête sur son torse et le serra bien fort. Honnêtement, j'ai aucune idée de ce que j'aurais fait sans lui. Une chance que je l'avais. Je déposa un léger baiser sur sa joue et chuchota : « Je t'aime. »  Par la suite, mon téléphone vibra et Alexie m'indiqua qu'elle était là. Je salua mon petit ami pour la journée, il avait son gros examen en plus alors je lui souhaita un gros bonne chance avec le plus gros câlin du monde et le quitta, un peu à contrecoeur j'avoue.

Une fois dehors, je décida de juste mettre mes RayBan sur mon visage, ça le camouflerais un peu. « Hey girl. » dis-je un peu de façon nochalante en envoyant la main à Alexie, qui semblait beaucoup trop surexcitée dans l'allée, la tête sortie par la fenêtre. « T'as l'air en forme toi, c'est cool, moi aussi. » dis-je en levant le pouce. Come on Leyla, fais un effort. Je fis un sourire un peu crispé, mais l'intention était là. Bon.. Ma maman ne voudrait pas que je m'apitoie sur mon sort. J'imagine que c'était juste plus fort que moi, comme si toute mon énergie positive était sortie de mon corps. Aller, je devais me forcer. Je donna une petite tape sur le tableau de bord. « Ok, je suis prête. La première adresse c'est.... Ouach, dans le quartier industriel? Really? Pourquoi on a booké cette visite là au juste? » demandai-je pas trop sûre. Le centre-ville bougeait beaucoup, mais il y avait comme deux-trois rues avec des usines et c'était pas trop fréquentable comme quartier. On avait clairement pas porté attention à ça. On roula jusque là-bas et on ralentit à la vue du seul bloc d'appartements sur cette rue. Je baissa un peu mes lunettes pour voir et grimaça. « Ça semble... Vieux? Je ne sais pas comment décrire ça. » dis-je en haussant les épaules. Alexie semblait dégoûtée aussi. Trop tard, on avait rendez-vous!

BIP BIP BIP. Un gros râle de : la vie me tue, surtout le matin – sortit de ma bouche avant que je ne ferme la sonnerie de mon téléphone. Je devais me lever dans ma seule journée de congé pour aller visiter des appartements. Je poussai un gros soupir en tapotant un peu le lit à mes côtés : c’était vide. J’ouvris un œil pour afficher une petite moue en me souvenant que Nate travaillait tôt. Je me levai donc, trainai les pieds jusqu’à la salle de bain question de me réveiller avec un peu d’eau au visage. Mon trainage de pieds se continua jusqu’à la cuisine pour manger un  petit quelque chose. J’avais le droit à un petit post-it avec un cœur dessus et même un petit coquillage. Un petit coquillage que Nate me ramenait de son jogging – un peu trop – matinal. Je les adorais… et chaque fois qu’il en trouverait un joli, il me l’apportait. C’était un genre de collection que j’avais maintenant, sur le bord de sa fenêtre de chambre où j’allai porter ce dernier avant de me préparer et quitter le condo de mon petit-ami.

Avant d’aller chercher Leyla pour cette fameuse recherche de notre nouveau chez-soi, j’arrêtai nous chercher de bons cafés latté, question de bien commencer la journée. Une fois devant chez William, je pris une grande respiration avant de lui indiquer que j’étais arrivé. Ça me rendait bien triste ce qui se passait présentement avec elle. Elle avait perdu sa mère il n’y avait pas si longtemps et je pouvais limite comprendre comment c’était : je perdais la mienne de jour en jour à la voir malade dans un lit d’hôpital. J’affichai un sourire en voyant Leyla sortir de l’appartement. Je lui balançai la main, très enjouée. J’en faisais peut-être un peu trop. « Ça roule! T’es bin belle en tout cas. » lui dis-je en gardant mon sourire. J’avais toujours été bin jalouse de son look. Une fois assise, je lui tendis son café. « Tiens, c’est pour toi. » Un peu de réconfort liquide en même temps. Mon amie prit une gorgée en même temps que moi – dans le lit, pas dans le même verre de café - anyway, c’est physiquement impossible à réaliser… en fait, je crois… jamais vraiment essayé – pour finalement sortir son téléphone et regarder la première adresse de notre liste de visite. « Un p’tit appart’ urbain, genre… j’me suis dit que ça pouvait être full vintage/pinterest.  » Un beau sourire et je démarrai de nouveau ma voiture pour sortir du stationnement.

J’avais mis un peu de musique question d’ajouter de l’ambiance. Je jetai des petits regards à Leyla de temps en temps, je voulais juste que tout se passe bien pour elle, je voulais qu’elle passe une belle journée et essayer au moins de lui changer les idées un peu. C’était un lourde tâche mas je me sentais capable. Nous arrivâmes à destination. Ce n’était pas trop loin de chez le petit-ami de mon amie mais quand même, le quartier était bien différent. Je changeais de mon quartier de pauvre certainement pas pour aller m’installer dans un autre ghetto. De quoi faire capoter Nate qui avait peur que je meurs chaque fois que je décidais d’aller dormir chez moi Leyla ne se gêna pas pour dire tout haut ce que je pensais aussi du bloc appartement de l’extérieur. Je me raclai la gorge en montant mes lunettes sur le dessus de ma tête. « Ok, écoute… ce n’est pas grave!!! Il va peut-être y avoir les hauts calorifères et une belle baignoire…tu sais, avec des pattes là? Il faut être optimiste! » Je levai le pouce dans les airs – c’était mon signe optimiste! J’attrapai mon sac à main à l’arrière et hop, nous étions à l’extérieur pour peser à quelques reprises sur le bouton de l’intercom qu’on nous ouvra finalement. Je regardais un peu autour de moi, bien surprise qu’il n’y ait même pas d’avis de démolition sur les murs tellement c’était tout croche.

« Hello mes belles tounes! » Je fis un petit sourire timide – et/ou dégoutée, troublée… au choix. Elle s’appelait Francine, p’tits cheveux roux frisés sul top de la tête, voix de trois paquet de cigarettes par jour ainsi qu’un beau chandail pastel XXXL, agrémenté de graines de chips pognées au niveau des seins. Une femme forte charmante qui sentait le lendemain de spectacle d’Éric Lapointe. Cette dernière nous fit signe d’attendre dans le long corridor où un homme tout au fond nous regardait un peu trop intensément. Je me raclai la gorge avant de faire un petit saut de d’attraper le bras de mon amie qui se trouvait collé sur moi… vraiment. On ne voulait pas trop s’éloigner l’une de l’autre en fait. « Je dis ça de même… mais j’pense que je viens de voir une souris passer devant nous pis aux dernières nouvelles, on n’est pas à Disney… pis si je ne suis pas à Disney, bin des souris… j’veux pas en voir!!!!! » Je regardais Leyla avec un peu (beaucoup) de panique dans les yeux pendant que la grosse Francine revenait avec son trousseau de clés, au bout d’au moins 10 essais, elle trouva la bonne clé pour débarrer la fichue porte qui était un peu difficile à ouvrir. Un p’tit coup de côté de fesses et hop, le tour était joué. Je poussai un peu Leyla dans le dos pour qu’elle entre la première, ça sentait le vieux fond de cendrier, tellement dégeulasse.

Elle était dont ben sweet Alexie de me dire que j'étais toute belle et de m'amener un latté. Faut dire, j'avais pas l'air de grand chose en ce moment, mais j'appréciais ses efforts pour que j'aille mieux. Je pense que c'est à ce moment là que je décida de faire un effort, ça allait être une belle journée de filles parfaite pour me changer les idées! On se dirigea vers la première adresse et franchement... J'avais des doutes. Voulait-on vraiment vivre ici? Alexie mentionna que ça allait être comme Pinterest, full vintage et tout. Je plissa un peu des yeux. Si elle le disait... Faut dire, j'étais pas trop Pinterest alors j'imaginais un peu des trucs fait en carton et ça semblait bizarre, mais bon. Je lui faisais confiance j'imagine. On se gara devant l'immeuble qui semblait avoir passé au feu 3 fois. Alexie était vraiment trop optimiste. « Une belle baignoire avec des pattes rouillés. P'tête même qu'il va y avoir un plat de spaghetti déjà prêt quelque part dans une armoire pis des trappes à rats! Wahou! » dis-je en riant. Ça avait l'air dégueulasse. J'ouvris la porte d'entrée, qui me resta dans les mains, et on monta les petites marches pour aller à la rencontre de la proprio.

Juste cette rencontre me troubla. Francine - nommée affectueusement bouboule dans ma tête - était tout un personnage. J'avais envie de lui dire qu'elle avait oublié un petit bigoudis dans l'un de ses cinq cheveux, mais je décida de ne pas lui dire. C'était plus drôle comme ça. Le chevreuil sur son chandail pastel me fixa et ça n'arrangea rien pour me mettre à l'aise. Le petit creeper dans le fond de la pièce nous fixait en se grattant le paquet. Lorsqu'Alexie prit mon bras, je le serra bien fort. « J'veux pas mourir aujourd'hui. » chuchotai-je à Alexie. Le petit monsieur se leva et avança vers nous. « JE SUIS POLICIÈRE. » déclarai-je un peu trop fort. « Je m'appelle Leyla et je suis policière, enchanté bou-...Francine. » repris-je avec un énorme faux sourire. Tiens, je me sentais déjà plus en sécurité. Je laissa échapper un rire nerveux en les fixant. Alexie me déclara qu'elle avait vu une souris passé. Mon sourire s'effaça net en me tournant vers elle.« C'est p'tête une souris domestique. » dis-je très sarcastique en imitant l'optimiste de mon amie.

La belle Francine nous indiqua qu'elle allait nous montrer l'appartement qui serait à nous, si on le prenait. Elle ouvrit la porte et mon amie me poussa dans la pièce qui sentait le moisi. À peine rentré, un vieux chat siamois auquel il manquait un oeil sorti en courant et en miaulant. Je sursauta un peu et tira Alexie par le bras pour qu'elle me suive. Ça puait, c'était terrible. Les murs étaient tous jaunes en plus. « Vous.. Vous avez re-peinturé? » dis-je en souriant. « Non non, c'est resté blanc. Un beau blanc crème. » me dit Francine en mâchouillant je ne sais pas quoi. Je fis des gros yeux à Alexie en murmurant un gros Ouach!!! Je m'avança vers la salle de bain, pleine d'espoir pour le bain à pattes et je trouva une douche avec le fond tout brun. IL N'Y AVAIT MÊME PAS DE POMMEAU DE DOUCHE!!! C'était juste un trou!! Je me tourna vers Alexie. « Ton compte Pinterest doit être terrible. » lui dis-je simplement. Je sortis de la salle de bain - qui ressemblait à un endroit où on s'injecte de l'héroïne et passa devant les chambres. Il n'y avait même pas de portes, pas de placard. « Okay, Francine? Je suis désolé, mais cet appartement n'est pas pour nous. » dis-je poliment en souriant. « Mais ouuiii, c'est feng shui, parfait pour vous mes petites! » répliqua-t-elle lentement. Avait-elle consommé de la drogue? « On va vous rappeler. » dis-je en lui tapotant le bras d'un doigt. Je tira Alexie hors de là. « Vient-en, on s'en va d'ici!!! » dis-je. En ouvrant la porte, une grosse araignée descendit droit sur nos têtes. Je lâcha un petit cri et passa en dessous bien rapidement et sorti de l'immeuble presqu'en courant.

Bon ok, j’avais placé mes attentes beaucoup trop hautes concernant ce logement qui s’avérait être aussi louche et sale que la propriétaire de l’immeuble. En attendant que cette dernière trouve les foutues clés de l’appartement, on se faisait zieuté par un p’tit monsieur bien louche plus loin. Et comme ce dernier s’approcha de nous, Leyla gueula comme quoi elle était policière. Je m’étais aussitôt tourné vers elle, les yeux bien gros. Je me retenais d’éclater de rire. « Je suis Alexie, mais je ne suis pas policière » dis-je pour me présenter à mon tour, un sourire pour essayer de faire passer la situation un peu étrange qui venait de s’installer. Je fis ensuite part à mon amie qu’il y avait une souris, je capotais un peu parce que, je n’aimais pas full ça… l’éventualité de vivre avec des souris comme coloc’ ce n’était pas trop attirant. Je roulai des yeux `la réponse de Leyla parce que j’avais un peu l’impression qu’elle se foutait de ma gueule. Je lui ramassai un petit coup de coude pour finalement la pousser à l’intérieur de l’appartement jaunâtre – et non, ce n’était visiblement pas de la peinture. « Mon compte Pinterest se porte très bien, arrête de rire de moi. » j’affichai une petite moue, je m’étais bien plantée là-dessus.

J’étais quand même soulagée que Leyla prit la peine de dire à Francine que ça n’allait pas fonctionner. J’aurais été un peu gênée de le faire en fait. Cette dernière ne semblait pas trop comprendre pourquoi on ne voulait pas l’appartement… Elle trouvait ça parfait pour nous pis moi, je trouvais ça insultant… on n’avait pas l’air de deux pas propres apte à vivre dans ce trou à rats, voyons dont! « Merci, beaucoup… pour votre temps… » dis-je finalement en me sauvant presque des lieux. Ma future coloc’ eut le droit à un petit au revoir d’une araignée en plus, la chanceuse. Une fois à l’extérieur, j’éclatai de rire, pliée en deux à côté de ma voiture. « L’AUTRE QUI CRI QU’ELLE EST POLICIÈRE!!! HAHAHAHAHAHAHA Tu avais l’air de la flic la moins crédible du monde entier de dire ça avec la voix qui shakait! HAHAHAHAHAHA. » J’étais tellement crampée dans l’auto que j’avais du mal à respirer. Mes yeux en pleuraient. Je me repassais le souvenir de Leyla tout nerveuse qui disait ça comme seul moyen de défense. « En tout cas… c’était vraiment pas comme sur les photos… » dis-je pour ma défense. Francine était une petite coquine qui n’avait pas prise les bonnes photos.

Nous entrâmes dans la voiture et je regardai un peu mon téléphone. « Ok, je pensais  pas que ça allait pas prendre de temps comme ça donc la prochaine visite est juste dans une 40 minutes.  On va se rendre dans le coin et regarder un peu le voisinage. » C’était toujours important aussi. Tsé, l’appartement pouvait être bien beau, si on était à deux minutes d’une centrale atomique, je n’étais pas full down avec l’idée d’y vivre. L’autre était à l’ouest de la ville, c’était relativement calme là-bas, super familiale, j’avais l’impression que ça allait être cute. De toute façon, je me disais que ça ne pouvait pas être pire que le traumatisme qu’on venait de vivre. « Alors, ça l’air de bien aller avec William? Je suis vraiment contente pour vous! » Parce que bon, la dernière fois qu’on avait vraiment parlé de leur relation, elle ne savait pas trop où se placer. Nathaniel m’avait dit qu’ils étaient en couple maintenant mais bon, je voulais l’entendre de mon amie aussi, je voulais avoir plus de détail que : Ouais bin, ils sont ensemble là… Ah, les gars et la communication! Un gros zéro!

Je me stationnai à un coin de rue d’où était l’adresse. Je replaçai mes lunettes de soleil sur mon nez en regardant un peu autour. Il y avait un petit café, une épicerie… c’était bien plaisant quand même. Nous commençâmes à marcher en regardant les numéros des appartements jusqu’à ce qu’on passe devant une grosse église où ça chantait fort là-dedans mes amies! Je jetai un coup d’œil à Leyla avant de rire puis, 5 pas plus loin… oh, on y était. « Ah, c’est là… » Bon, grosse déception parc que de l’extérieur ça semblait bien beau mais on avait deux gros problèmes : « À côté d’une église haïtienne pis en face d’une école primaire… on est vraiment pas chanceuses aujourd’hui pour vrai. » Au moins, il nous en restait une autre après…

On était tombé sur deux méchants numéros. Cet appartement ne fonctionnerait définitivement pas. Aucune idée où Alexie l'avait trouvé, mais on était partout sauf dans Pinterest. C'était comme si on était dans les Bougons. Dé-gueu-lasse. On s'empressa de sortir de là pour ne plus jamais y remettre les pieds. Too bad, Francine, on était pas tes petites locataires. De toute façon, à dormir là, j'aurais été obligé de garder mon arme sous mon oreiller. Dès la petite cours franchit, Alexie éclata de rire. Elle riait de moi en fait, la pas fine! « Hey, je nous ai peut être sauvé la vie t'sais! » dis-je pour me justifier. « Moi je me trouvais très crédible en tout cas. » dis-je avec un sourire en coin. Bon, je l'avais vraiment pas été, mais pas grave, on était vivantes et c'était ça l'important! Pour se défendre du fiasco qu'on venait de vivre, Alexie dit que ce n'était pas comme les photos misent sur internet. « Hum hum, j'espère que t'as bien vérifié pour le prochain. » lui dis-je sceptique. Je pense que dans l'excitation, elle s'était peut être trompée d'appart ou quelque chose du genre. En tout cas, positivisme pour le prochain, wouhou.

Alexie déclara qu'on avait du temps à tuer avant la prochaine visite. J'hocha la tête et la laissa conduire. « Je pensais pas que ça allait être aussi difficile de se trouver un appart. Y'a tellement de choses à penser. » dis-je avec un petit sourire triste. J'aurais aimé que ma mère soit la pour vivre ça avec moi, pour me conseiller. Je monta la musique et chassa mes petites pensées tristes. C'était pas le bon moment, je ne voulais pas faire vivre ça à Alexie. On roula pendant plusieurs minutes, puis Alexie décida de lancer un autre sujet de conversation. « Oui ça va bien, merci t'es fine. Tu sais bien, il est monsieur parfait. » dis-je en souriant. « On est officiellement ensemble avec les je t'aime pis toute. » dis-je en lui lançant un regard, elle l'attendait bien cette petite info. Penser à lui me faisait sourire tout naturellement. « Pour vrai, une chance qu'il est là. Dans ma vie je veux dire. Je ne sais pas comment je ferais sinon. » confiai-je à Alexie. Elle l'avait déjà vu Will, elle pouvait facilement comprendre ces choses là. William était le genre de personne que dès la première rencontre, tu avais des bons feeling à son sujet. C'était tellement une bonne personne et ça se transmettait.

Après notre petite discussion, Alexie se gara à une adresse et on zieuta un peu en restant dans la voiture. « Wow, je le sens bien!! » dis-je avec un sourire. C'était tout tranquille et vraiment mignon. On sorti et on commença notre petite marche. Je désenchanta plutôt rapidement. « T'avais pas regardé les attraits principaux du quartier avant de booker la visite? » demandai-je à mon amie. Sérieux une école et une église? On était pas sorti du bois. Je soupira et me dirigea vers la porte. « C'est p'tête bien insonorisé. » supposai-je. C'est Paul qui nous accueillit et Paul avait.. Tout juste 20 ans. Je resta un peu surprise. « Euh... Allô. C'est à toi l'immeuble? » demandai-je sceptique. « Ouais ben.. À mon père là, moi je m'en occupe. On va monter tout de suite, regarder pas trop les balcons d'en bas là. » nous dit-il avec un espèce d'accent bizarre. Paul replaça sa casquette, remonta ses pantalons mous parce qu'on voyait ses fesses et nous fit monter. Je renifla un peu et ça sentait.. Clairement le weed. J'étais experte là dedans, j'avais trempé là dedans des années. Est-ce que Paul en faisait pousser en bas??? Je lança un regard avec des gros yeux à Alexie en pointant en bas, mais elle ne sembla pas comprendre. Je voyais pas de plants, mais peut être qu'elle ouais. Dans quoi on s'était embarqué encore? On ouvrit la porte et ça semblait beaucoup moins pire à l'intérieur. « Oh, wow, c'est cute! » m'exclamai-je. J'avais pas de preuve de son métier de pousseur de weed alors.. C'était peut être juste le voisin qui fumait. Autant essayer d'apprécier ma petite visite le plus possible.

« Arrête, on va bien s’en sortir! Le plus difficile c’est de se trouver un appartement ensuite, il faut juste aller acheter des trucs pour le décorer et tout et ça… c’est la partie le fun! » dis-je tout sourire. Bon, c’était la première fois que je déménageais seule mais j’avais juste déjà trop hâte d’aller faire les boutiques pour acheter ce qui nous manquait. On allait avoir un appartement beaucoup trop mignon, super bien décoré et tout, j’y tenais. Je vivais depuis tellement longtemps dans un appartement minable, dans un quartier minable que maintenant que j’étais en mesure de pouvoir me payer un appart’ moi-même, come ça… eh bien j’allais me gâter d’autant plus que je faisais de l’argent comme jamais auparavant. Si j’avais su que ça payait autant travailler pour une boutique de vêtement et poser pour eux, j’aurais essayé de me décrocher un contrat bien avant. En voyant le petit regard triste de mon amie, je décidai de lui poser des questions sur sa relation avec William car je savais bien qu’au fond, ça allait lui redonner vite le sourire. Comme de fait, ses petits yeux tristes eurent aussitôt des étoiles ce qui m’arracha un petit sourire. J’étais heureuse de savoir que tout se passait bien avec les je t’aime et tout! J’avais écarquillé les yeux.  « Wooooow je suis contente pour vous deux! Vous êtes tellement mon couple préféré! » Pour vrai, je trouvais qu’ils allaient bien ensemble et je trouvais ça chouette aussi qu’ils se soient « retrouvés » l’un l’autre après un moment à être séparé. Comme quoi ils étaient vraiment faits pour être ensemble.

C’était maintenant le temps de se rendre au deuxième appartement. Aussitôt sur place, la position de logement me déstabilisa un peu. Disons qu’il n’y avait rien d’apaisant à vivre à côté d’une église et en face d’une école primaire. Je regardai mon amie avec une petite moue lorsqu’elle me demanda si j’avais regardé les alentours avant de booker une visite. Je secouai négativement la tête en me trouvant bien stupide.  « J’aurais dû…. » Il faut dire que je n’aurais jamais pensé avoir ce genre de surprise non plus. Leyla me réconforta un peu en disant que c’était peut-être bien insonoriser, peut-être, qui sait. Nous montâmes l’escalier pour aller cogner à la porte. L’odeur louche ne passa pas inaperçu de mon côté. Disons que j’avais tellement l’habitude d’avoir ce genre d’odeur dans le quartier dans lequel je vivais présentement. On suivit un petit jeune jusqu’à l’appartement qu’on allait visiter. J’étais restée silencieuse mais je trouvais ça tout aussi étrange que ma future coloc’, visiblement car celle-ci me lança un petit regard d’incompréhension. Je haussai les épaules en me disant intérieurement que c’était déjà mieux que Francine, quand même.  L’appartement aussi était vraiment chouette. Les chambres étaient grandes et c’était propre. À la fin de la visite, nous avions quelques questions à poser à monsieur pantalon mous. « Et au niveau de l’insonorisation, ça se passe comment? » demandais-je en croisant mes bras contre mon ventre. « Car on a cru remarquer l’église et l’école aux alentour. » Le jeune homme renifla un peu en haussant les épaules. « Bin, c’est chill là… tsé, on entend un peu mais pas de quoi virer fou. » Hum, ok… je me contentai de hocher la tête. « Bien écoute, il nous reste un appartement à visiter et on va te donner des nouvelles! Merci pour ton temps. » Il leva le pouce en l’air et avant qu’on ne passe la porte, il nous dit de nouveau. « Regardez pas trop les balcons d’en bas. » Voyons, ils avaient quoi les balcons? En fermant la porte, je regardai Leyla. « On va clairement regarder les balcons. » Elle se mit à rire avec moi et lorsque nous fûmes en mesure de voir ce qui se passait là, nous comprîmes vite pourquoi Paul ne voulait pas trop qu’on regarde. Ça ne sentait pas le pot pour rien, il devait y avoir une centaine de plan de pot, en fait. « Oh boy, on se croyait au jardin botanique de l’illégalité. Est-ce que tu vas faire quelque chose? » Dis-je pendant que nous nous mîmes en marche  vers  ma voiture, elle était quand même policière.

Nous retournâmes dans la voiture où je m’empressai de partir l’air climatisé tellement il faisait chaud dehors. Je sortis mon téléphone pour informer mon amie de la suite des choses. C’était notre dernière visite de la journée et j’espérais tellement que ça soit la bonne. « Bon, le dernier appartement est un peu plus cher que les autres mais sérieusement, pas tant que ça pour ce qu’on peut avoir.  On serait à genre, 5 minutes à pieds de la plage en plus! » Je lui fis un petit sourire parce que c’était mon coup de cœur et je savais qu’on ne pouvait pas se tromper sur ce dernier. Nous quittâmes le stationnement de cet appartement pour se rendre au sud de la ville. On passa même devant chez Nate, ce qui me fit réaliser que ce n’était terriblement pas loin de chez lui au final car deux rues plus loin, mon GPS m’annonça que nous étions arrivés. Avant toutefois de sortir de la voiture, je poussai un soupire en coupant le moteur. Je fixai mon volant quelques secondes puis me lançai : « Est-ce que c’est normal être en couple après cinq mois et jamais avoir entendu de « je t’aime? » Est-ce que… je devrais me poser des questions? » Eh oui, le petit détail qu’elle m’avait dit tout à l’heure concernant son couple avec William m’avait quand même troublé. Ils se disaient je t’aime alors que moi, j’y avais pas encore droit.

Bon ben, finalement l'appartement numéro deux ne sera pas pour nous. Le quartier laissait à désirer, un peu trop familial et tout, le proprio était sketchy et il y avait des tonnes de plants de weed partout. Définitivement pas pour nous. À propos de ce détail, mon amie me demanda si j'allais faire quelque chose. C'était plutôt les narcotiques qui s'en occupait, mais j'allais dire à mon patron de les prévenir. J'hocha donc la tête et on quitta ce lieu à tout jamais. Parce que oui, je ne comptais jamais revenir ici. On alla dans la voiture - qui était un véritable four- et Alexie mit l'air climatisée. « My god, on dirait qu'il fait 50. Ça serait cool que le prochain appart ait une piscine. » dis-je en rêvant un peu. On louait un appart Leyla, pas un petit château. « Ouain, j'en demande peut être un peu trop. » dis-je en riant. « Cool, je vais me contenter de la plage alors, ça va être parfait. J'ai hâte de voir. » dis-je avec un sourire. J'avais toujours voulu vivre sur la plage, ça allait être tout comme.

On fit la petite route qui nous séparait de cet appartement et Alexie semblait vraiment confiante et enthousiaste. Je ne voulais pas être rabat-joie, mais après les deux qu'elle nous avait planifié, j'avais un peu perdu espoir pour cette journée. Je n'allais tout de même pas lui dire. On arriva, elle se gara et alors que j'allais sortir de la voiture, Alexie elle restait là. Je reposa mes fesses sur le siège et la regarda avec un point d'interrogation sur le visage. « Euh.... Ben.. Ça dépend? » dis-je pour ne pas me mouiller. « C'est un peu bizarre. » fini-je par dire. Parce que bon.. Ils se connaissaient et se voyaient depuis longtemps alors. « Dit lui, tu verras bien. Peut être qu'il est juste pas game de le dire en premier. » C'était quand même un sacré pas à faire. On regarda l'heure et hop, c'était l'heure de la visite. Je regarda autour, le quartier était beau, calme. Il y avait plusieurs jeunes adultes d'installés dehors sur leurs terrains ou leurs balcons. C'était pas familial du tout et ça me plaisait. On alla cogner à la porte et je me tourna vers Alexie. « Y'a pleins de petites fleurs, tu dois aimer ça. Pinterest pis toute. » lui dis-je en souriant. J'aimais ça aussi, mais je trouvais ça drôle de la taquiner. C'est une jolie petite madame de 40 ans qui vint nous ouvrir toute joyeuse. Ça partait super bien. Le positivisme revint en moi comme la magie revint à Harry Potter.

Le logement qu'on visitait était au dernier étage, donc on entendrait pas les petits pas des autres au dessus de nos têtes. « Les voisins sont plutôt tranquilles ou...? » demandai-je à Thérèse. Elle nous affirma que oui, il y avait un petit couple de notre âge et un dans la trentaine. Juste deux autres locataires, c'était l'idéal. La première chose que je vérifia fut le balcon... Vu la place précédente, on était jamais trop prudentes. Sauf qu'il était PAR-FAIT. « Wow!!! Je me vois déjà faire pousser mon plat de tomates ici. » dis-je en pointant le coin ensoleillé. Où est-ce que je signe? Je suis prête. Mon lit attend dans la voiture. J'ARRIVE THÉRÈSE! Je m'emballe un peu vite, mais on ne trouve pas dix milles endroits comme ça en ville où il y a EN PLUS un petit coin pour mes tomates!!!!

Bon, j’avais vraiment l’air d’une pauvre fille à questionner mon amie à propos de mon couple. Disons simplement que le fait qu’elle me parle d’elle et William me fit réaliser que peut-être, c’était pas normal ce qui se passait avec Nate. Mes doutes n’étaient pas si étranges que ça car elle m’affirma elle-même que c’était bizarre avant de me proposer de lui dire en premier. Je secouai aussitôt la tête négativement. « Je veux qu’il soit le premier à le faire. J’ai tellement couru après ce gars là, j’ai toujours donné plus que lui donc pour ça, je veux que ça vienne de lui en premier même si j’ai juste toujours envie de lui dire. » Ça avait beau être simplement des mots, ils étaient difficiles à garder parce que pendant chaque beaux moments que je passais en sa compagnie, j’avais envie de le serrer fort et de lui dire que je l’aimais. J’avais comme ce besoin de le faire, comme si après, ça allait être une espèce de délivrance et me faire tellement de bien. Je soupirai en retirant les clés du moteur. « On verra bien, merci de ton avis. » Je fis un petit sourire à mon amie, je voulais pas qu’elle croit que ça venait de ruiner complètement mon moral non plus.

Nous sortîmes une fois de plus de ma voiture afin d’aller visiter le dernier appartement de la journée. Je souhaitais tellement que ça soit le bon. En tout cas, pour le moment, je n’avais rien à dire de l’extérieur. Le voyage était tranquille, la plage proche et en plus de ça, ça semblait bien entretenu. Il y a des belles petites fleurs devant la porte, sweet. « Mets-en!!!! C’est bien trop cute! » Elle allait clairement pas me lâcher avec le Pinterest elle, j’allais lui montrer de quoi il avait l’air, elle n’allait rire de moi en voyant à quel point il était ‘’on point’’. La gentille Thérèse nous fit visiter. On avait deux belles chambres avec des gros garde robe pour tous nos vêtements, une belle salle de bain avec un grand bain et une douche en vitre. Le gros luxe à un prix quand même abordable pour notre budget. Nous sortîmes sur le balcon du salon pour regarder la vue. Ma future coloc’ était tout impressionné par l’espace jardin. « Ok, après ce que tu viens de me dire là, t’as plus du tout le droit de rire de mon compte Pinterest. » dis-je en éclatant de rire. « T’es bin trop matante, tu vas nous faire de la bonne sauce à spag avec ces tomates là? » Elle venait de me faire rire et pas mal à part de ça. Je repris quand même mon sérieux pour lui demander ce qu’elle pensait de l’appartement. Sa réponse s’évrait tout aussi positive que la mienne.

Nous retournâmes donc voir la propriétaire, toute souriante par cette dernière trouvaille de la journée. « Nous allons le prendre. » Et voilà, on venait de faire une troisième heureuse aussi. Cette dernière avait déjà un bail avec elle qu’elle nous fit signer. C’était donc officiel, nous allions emménager très bientôt. Après une bonne poignée de main, nous sortîmes à l’extérieur pour s’extasier encore plus entre nous sans avoir l’air d’une folle devant notre nouvelle proprio. « On a un appppaaaart!!!! » Je fis une petite danse de la victoire qui s’arrêta bien rapidement en remarquant qu’un petit monsieur qui arrosait ses plantes dehors me regardait en riant. Le petit moment eut le don de faire rire mon amie pendant que moi, je faisais de gros yeux en marchant vers la voiture. Petit moment honteux envers mon nouveau voisinage : check. « Bon, maintenant qu’on va être colocs’ j’pense qu’on doit fixer des petites règles pour que tout fonctionne bien, t’en penses quoi? »

Après une journée un peu difficile dans nos visites d'appart, on était fin prêtes pour la dernière. En tout cas, moi j'étais prête.. Prête à tout. Qui sait, peut être allait-on découvrir des nids d'araignées, des mites ou bien un propriétaire qui était sur la liste des prédateurs sexuels. Je m'attendais à n'importe quoi parce qu'on avait pas eu beaucoup de chance disons le comme ça. On peut aussi dire qu'Alexie n'avait juste pas fait de recherches, mais je pense qu'elle préférerait l'option 1. Arrivé au quartier #3, on fut agréablement surprise par les alentours de l'appartement sélectionné. C'était beau, c'était calme, c'était exactement ce qu'on cherchait. Restait plus qu'à voir l'intérieur. La gentille Thérèse nous accueillit presque avec des biscuits tellement elle était sympathique. Chaque pièce visitée agrandissait mon sourire un peu plus. Mais le comble... Le comble c'était la petite terrasse. Je m'exclama que j'allais pouvoir faire pousser mes plans de tomates. Une vraie cuisinière dans l'âme j'étais! « Certainement! Attend d'y goûter à ma sauce, tu vas capoter! Je vais faire pousser du basilic aussi. » dis-je toute excitée.  

Alexie annonça à Thérèse qu'on allait le prendre et on signa notre bail sur le champ. C'était rapide et efficace, exactement ce qu'on avait besoin parce que les deux on étaient bien pressées d'emménager. On attendit d'être dehors pour exprimer notre joie... En fait, c'est Alexie qui exprima sa joie en dansant, chose qui me fit bien rire. « Attention toi là avec tes mouvements, tu vas nous attirer un tas de colporteur. » dis-je en riant. Des petits monsieur qui venaient cognés dans notre porte pour rien, j'étais pas trop certaine que ça me tentait. On retourna à la voiture et Alexie proposa d'établir des règles. Personnellement, j'étais pas trop difficile alors, ça me dérangeait pas trop. « Euh ouais, si tu veux. Honnêtement moi, tant que tu fais ta part de ménage et que je ne retrouve pas Nate et toi  nus sur le sofa, j'ai pas de problèmes. » dis-je en riant légèrement. Je me demandais quelle genre de règle elle voulait qu'on s'impose. Je n'avais pas de jouets sexuels louches qui pourraient traîner... Je flushais toujours ma toilette après mes besoins... « T'avais quoi en tête? » lui demandai-je en plissant un peu les yeux. Je pense que le ménage, c'était pas mal la base. En tout cas, ça me rassurait de connaître le copain de ma coloc parce que j'avais clairement pas envie de retrouver un garçon différent chaque matin sortant de ma douche et y ayant laissé plein de petits poils gênants. Là, au moins je pourrais dire à Nate de les ramasser ses petits poils. On discuta donc des points qu'Alexie voulait imposer et on termina ça dans une tape dans la main. « Bon ben, je suis prête à être ta coloc, moi! » m'exclamai-je, contente. Je ne pense pas que j'aurais pu trouver mieux pour partager mon premier appartement. Ça allait être bien amusant.