Vous savez : la belle petite famille parfaite? Le papa et la maman qui s’aime, le petit bébé garçon, puis un an après seulement, la petite soeur est née. Les weekend au zoo, au parc, à la piscine. Les photos devant le sapin, à la plage, en vacances. Les nombreux repas, les rires, les ‘’comment était ta journée aujourd’hui ma chérie?’’. Je l’ai eu… le gros package de la petite famille modèle. Du moins, en surface. Parce que ça, c’était avant que je commence à dérapper, à me foutre de la vie au complet, à commencer à vouloir dévier tout ce qui me semblait être une figure d’autorité. Eh oui, la belle Emma n’était pas à l'abris de ses sentiments et son petit coeur en a mangé un grand coup au lycée lorsque son premier petit-ami s’est foutu de sa gueule devant tout le monde en le faisant passer pour la pire salope qui soit. Un petit truc, dit-on… elle n’avait que 14 ans… et pourtant. Disons que ça été la goutte qui a fait déborder le vase de mon caractère de merde et plus rien n’avait été comme avant après ça. J’avais osé donné ce que j’avais de plus précieux à un pauvre connard, ma virginité, ma confiance… mes premières fois… mes premiers je t’aime et je m’étais promis de ne plus jamais m’attacher à personne, plus jamais. J’ai commencé assez jeune à sortir dans les bars, à apprécier le monde de la nuit. J’étais même pas majeur qu’on savait qui j’étais un peu partout. Il faut dire aussi que mon grand intérêt pour la musique jouait pour quelque chose : je performais souvent à gauche et à droite, je mixais aussi de temps en temps.

Puis j’ai eu 17 ans. Et ça, ça été une sacrée galère. Pas mon anniversaire en soi, non… plutôt l’année au complet. C’est là que j’ai su que mon père n’était qu’un vieu cochon pervers sans valeurs. Le vieux s’amusait à baiser sa secrétaire pendant que ma pauvre maman l’attendait en l’aimant sans bon sang à la maison et ce, pendant plusieurs années. Ce fut la fin de leur relation, de leur mariage… et de la famille aussi. J’ai suivis ma mère, jugeant qu’elle ne méritait pas de continuer à vivre sous le même toit qu’un enfoiré - et moi non plus d’ailleurs. Ce ne fut cependant pas le cas de mon frère, Daniel qui lui, eh bien jugea bon de continuer à lécher les bottes de notre cher père. Disons que l’argent et le prestige en était pour quelque chose. Comme quoi les hommes Wood ne sont pas nécessairement les crayons les plus aiguisés de la boîte. Les années ont passés avec aucune nouvelle de mon père et de mon frère. Du moins, si ce n’est pas dans les journaux à potin et tout ce qu’on veut. Ma mère est moi avions peu à peu refait notre vie en Caroline Du Sud où tout se passait bien.

Avec l’argent familial, j’ai ouvert ma propre maison de disque qui connaît un succès monstre et dont j’ai officiellement fait le transfert à Miami là, où je serai en mesure d’avoir davantage de clientèle. Naturellement, mon retour a bien vite alarmé mon père qui souhaite possiblement reprendre contact avec moi en me proposant de m’installer chez lui le temps de me trouver un autre endroit où vivre. J’ai accepté, reculons mais je me dis que ce n’est pas mal en soi d’essayer de lui donner une chance… ou peut-être de les faire chier un peu au final, lui et Daniel. Et puis, j’ai cette impression qu’un retour au source ne peut qu’être intéressant, après plusieurs années.