Au bout du Rouleau, voilà les termes qui me qualifiaient en ce moment. Je passais mes journées sur ce lit à regarder le plafond. Le rendez-vous pour obtenir de nouveau la garde de mon fils avait été décalée et je ne l’avais toujours pas revu depuis début décembre… A ce train-là, il serait incapable de me reconnaitre quand je le retrouverai ! Et comme si cela ne suffisait pas, mon arrêt de travail avait été prolongé. Mon bras était toujours douloureux et la blessure avait mis plus de temps à cicatriser. Même mon corps avait décidé de me laisser tomber. Super ! J’avais l’impression de vivre un enfer. Tout ce que j’avais réussi à accomplir à mon arrivée ici était en train de s’écrouler. J’avais perdu Enzo et maintenant mon boulot. Certes, ce dernier point n’était que temporaire mais… garde du corps ce n’était pas un métier fait pour moi. C’est vrai, j’étais incapable de protéger mes clients ! Wane s’était fait tiré dessus car j’étais trop lent. Et le pire dans l’histoire c’est qu’à l’instant ou j’aurais pu désarmé la tireuse en lui tirant dessus, j’en avais été incapable. Je n’étais qu’un minable, voilà tout.
Le truc, c’est que quand on se répète mentalement et sans arrêt qu’on ne vaut rien, on commence à le croire… Et que fait un ancien alcoolique quand il est au fond du gouffre ? Il joue au Monopoly ? Non, non… Il lutte pour ne pas rechuter mais fini quand même par le faire… Un verre, ce n’était rien après tout… Sauf qu’un verre dérape vite en bouteille quand on est mal. L’alcool aurait dû m’aider à me sentir mieux mais c’était bien le contraire. Peut-être n’avais-je pas encore assez bu… J’avais donc piqué les bouteilles contenues dans le bar de mon frère avant d’aller me poser dans la chambre qui m’avait été attribué. Même ici, je ne me sentais pas à ma place. J’adorais mon frère et j’étais heureux de l’avoir retrouvé mais… j’étais de trop au milieu du couple qu’il formait avec Orel. J’avais l’impression de leur voler de leur intimité…
J’aurais pu boire seul mais bizarrement, j’avais besoin de compagnie. Et qui de mieux pour tenir compagnie à un alcoolique qu’une alcoolique ? Voilà pourquoi j’envoyai un simple sms à Amber pour lui demander de me rejoindre ici. C’était le comble… Je lui avais fait la morale pour son alcoolisme et voilà maintenant que je balayai les efforts fournis en trois ans, en une seul revers de main. Encore une fois, j’étais minable. La jeune femme arriva rapidement ou alors c’est moi qui n’avais pas la notion du temps… « Salut… » dis-je en lui ouvrant la porte.
Il se passait tout un tas de trucs dans ma vie en ce moment avec Alexie, William et Nathaniel. Parfois, c’était comme si je devais me séparé en trois seulement pour que je puisse être avec eux. Je savais qu’ils avaient besoin de moi et qu’ils voulaient que je sois là, mais je ne savais pas ce que je pouvais faire réellement pour les aider. Alexie et Nate… je ne pouvais pas prendre cette grande décision à leur place et pour Will… et bien, je me devais de lui dire qu’il est mieux de rester sobre et de le tenir loin de toutes ces tentations alors que moi-même… je n’y parvenais pas du tout. Qu’elle mauvaise marraine vous ne trouvez pas ? Peut-être que le fait d’être avec lui allait m’aider aussi d’un autre côté…. Quoi qu’il en soit, je devais d’y aller une journée à la fois et d’être tout simplement la plus supportrice possible.
J’avais travaillez de jour cette fois-ci et j’étais rentré rapidement chez moi afin de prendre une bonne douche et me partir un film peut-être avec Will s’il avait rien d’autre de prévu. Je devenais plutôt sage en faite et peut-être que cela commençait à me plaire… C’est alors que je reçu un message texte venant d’Ulrich voulant que je me rendre chez lui. Cela faisait quelques temps que je n’avais pas eu de ses nouvelles à vrai dire que j’étais plutôt surprise d’en avoir maintenant. Je savais que ce n’était pas non plus évident pour lui à cause de son fils et c’était pourquoi j’avais décidé de lui donner un peu d’espace. Et puis… avec les deux dernières soirées passées ensembles, je devais dire qu’il valait mieux ne pas lui compliquer encore plus la vie. Mais bon, s’Il me demandait de passé c’est qu’il voulait réellement me voir alors je saluai Will après avoir pris son sac et roulai jusqu’à l’adresse qu’il m’avait donné.
Cela prit quelques minutes avant que je n’arrive à destination. Je frappai alors doucement à la porte et attendit que quelqu’un ne me réponde. La porte s’ouvrit et je vis le visage d’Ulrich ou plutôt de petits yeux en forme d’amande qui peinait difficilement à rester ouvert. Je fronçai les sourcils et reniflant quelques peu. Je pu remarquai une légère odeur que je pouvais reconnaître d’entre mille, mais je ne voulais pas porter de jugements hâtifs. ‘’ Hey Ulrich, ça va ? Ton frère et son copain sont là ? ‘’ Dis-je d’une voix douce et suspicieuse.
Ma vie n’était pas un long fleuve tranquille et comme pour tout le monde, j’avais des hauts et des bas. Le problème, c’est qu’en ce moment, j’accumule beaucoup de bas… Enzo, mon boulot, mon bras, mon moral… Cela faisait beaucoup de choses… C’est dans ces moments-là, que j’en voulais terriblement à mes parents de m’avoir foutu à la porte. S’ils m’avaient aidé, ne serait-ce qu’un minimum, Enzo serait avec moi et j’aurais pu terminer mes études et avoir un boulot qui me plait vraiment. J’avais beau les avoir admirer et aimer étant gosse, à présent je les détestais pour tout le mal qu’ils avait pu faire à mon frère et moi. Les deux vilains petits canards n’étant pas digne de porter le nom Beckford… Tss, si seulement je pouvais en changer !
Autant dire que même si physiquement j’allais mieux, mon moral était au plus bas et la tentation d’un petit verre était grande. Tellement grande que je faible que j’étais, ne parvins pas à y résister. Un verre se transforma rapidement en deux puis trois… Jusqu’à que la bouteille soit vide… Boire seul, avait ses limites et je savais qui je pouvais appeler pour m’accompagner : Amber. Elle allait probablement me faire la morale au début mais… l’appel de l’alcool serait plus fort. Je lui avais fait la moral moi-même au début et… je me rendais compte qu’au final, j’étais bien pire qu’elle. Elle au moins ne se leurrait pas ! Je lui devais bien des excuses… C’est après qu’elle ait répondu à mon invitation que je me rendis compte que ce n’était peut-être pas une très bonne idée. Les deux dernières fois que nous nous étions vus, nous avions couché ensemble et je n’avais pas envie que ça recommence. Pas parce que ça m’avait déplu, bien au contraire. Justement parce que cela m’avait trop plu. C’était mon amie et elle devait le rester. Je devais absolument mettre de côté le désir que je pouvais ressentir en sa présence.
La jeune femme arriva rapidement et à son regard, je vis qu’elle avait tout compris. Elle avait déjà été dans cet état là pour ne pas le reconnaitre ! « Pose pas de questions inutiles Amber… Tu sais et je sais que tu sais. Alors vas-y, fais-moi la morale, je l’ai bien mérité. Je sais que j’aurais pas dû tout foutre en l’air après trois ans d’abstinence et que je suis qu’un pauvre minable qui se soule en espérant oublier sa pauvre petite existence ! Et tu veux que je te dise le pire ? Ca marche même pas ! » répliquais-je. Non, je n’avais rien oublié, bien au contraire.
Alors que je voulu ne pas porter de jugement hâtif sur mon ami et lui laisser le bénéfice du doute, celui-ci se livra immédiatement en me demandant de ne pas faire comme si je ne savais pas ce qu’il avait fait. J’étais triste de savoir que mes suspicions étaient fondées. Après tant d’effort, il avait abandonné s’est conviction et pourquoi ? À cause de moi et ce que j’avais fais chez la famille d’accueil de son fils. Depuis cet incident, sa vie n’allait plus et je me sentais terriblement mal. Je savais ce qu’il vivait et je ne croyais pas vraiment pouvoir lui faire la morale puisque je n’étais bien vraiment mieux que lui en faite. Puis en faite, il semblait plutôt se faire la morale à lui-même vu tout ce qu’il me disait sans prendre le temps de souffler un peu. Je pouvais voir la honte et le désespoir en lui et je pouvais le comprendre… enfin… un peu. Pour ma part, je n’avais jamais vraiment eu honte puisque bon, il était au courant, je n’avais jamais réellement cessé l’alcool. Par contre, je pouvais savoir ce que c’était de se sentir mal dans sa peau, sachant que ce que nous faisons pour contrer ce mal était complètement stupide. Bref, je regardai Ulrich droit dans les yeux en attendant qu’il termine. ‘’ Je peux entrer ? ‘’ Dis-je tout simplement, ne voulant pas rester à l’extérieur une minutes de plus. Je voulais être présente pour lui et surtout depuis que Will était chez moi. Je savais qu’Il était important de se serrer les coudes surtout quand une personne à qui l’on tien énormément est dans un sale état.
Il me fit entrer, puisque c’était lui qui m’avait appelé après tout. Je fermai la porte derrière moi et regardai Ulrich droit dans les yeux cherchant ce que j’allais bien pouvoir ajouter. Il avait déjà tout dit ce que je pensais et encore plus. Je ne trouvais pas qu’il était un minable, ça jamais ! Je soupirai longuement avant de commencer. ‘’ Ulrich ! Ce n’est pas comme ça que tu vas récupérer ton fils ! T’imagine si la travailleuse sociale fait une visite surprise et te trouve dans cet état lamentable ?! S’en est finit de ta réunion avec Enzo tu peux en être sur ! ‘’ Voulant seulement qu’il réfléchisse au plus important dans cette histoire. ‘’ Et t’inquiète, je suis bien au courant que boire n’aide en rien à oublier nos problèmes, tu parles à une professionnelle dans le domaine ici ‘’ Dis-je d’une voix semi amusée. Je me trouvais que très peu crédible dans le domaine de la morale, surtout sur ce sujet. Je soupirai encore une fois en roulant les yeux. ‘’ Et puis merde, je suis qui pour te faire la morale moi. Tu veux te bourrer la gueule, on va le faire jusqu’à ce que tu ne veuilles plus toucher une bouteille de ta vie ! ‘’ Dis-je plus sérieusement.
Je vis une bouteille de vodka trainer sur la table alors je me dirigeai vers celle-ci en buvant plusieurs gorgées à même le goulot. Il m’avait pas appelé pour faire la morale je m’en doutais très bien. Essayais-je de faire de la psychologie inversée ? Peut-être bien. Moi je connaissais mon problème, je savais qu’il était loin d’être réglé alors une autre soirée avec une bouteille en main n’allait pas me faire bien plus de mal encore. Je lui tendis la bouteille en attendant ce qu’il allait faire.
Me cacher avec Amber ne servait à rien. Elle n’était pas dupe et avait décellée mon état à la seconde même ou j’avais ouvert cette porte. J’avais peut-être été con de l’appeler. Elle allait probablement me faire la morale et elle en avait totalement le droit sauf que… Je n’avais pas envie d’entendre tout ça. La morale, je me la faisais assez en me répétant que je n’étais qu’un minable incapable de se contrôler. Je m’attendais à tout un flot de paroles, mais au lieu de ça, elle me demanda simplement d’entrer. Tss,…même accueillir un hôte, j’étais incapable de le faire bien. J’ouvris néanmoins la porte pour la laisser entrer dans ce qui me servait de maison le temps de mon arrêt maladie. Pas de morale ?... si, si… « Je sais… sauf que MADAME l’assistante sociale est débordée et n’a pas le temps de s’occuper d’un ancien alcoolique qui veut simplement récupérer son fils. » dis-je en soupirant. Ouais professionnelle. A nous deux on pouvait monter une entreprise « Les alcooliques incapables de s’en sortir ! »
La jolie brune affirma alors qu’elle ne devrait pas me faire la morale. « Trop tard… » dis-je simplement. Ce n’était pas un reproche. De toute façon elle avait bien raison et à sa place, j’aurais enfoncé le bouchon bien plus loin ! « Je pourrais dire la même chose pour toi… » oui, bien que bourrée, j’étais encore à peu près lucide. J’avais toujours très bien tenue l’alcool de toute façon. Elle prit alors une bouteille qui trainait là avant d’en boire plusieurs gorgées. « Parfait ! » dis-je satisfait qu’elle se joigne à moi. « Moi je bois parce quel que soit l’aspect de ma vie, tout est merdique. Et toi, qu’est ce qui est merdique dans ta vie ? » demandais-je en lui prenant la bouteille des mains pour boire une gorgée.
