Je me suis une nouvelle fois réveillée de mauvaise humeur, j'ai fait une nuit blanche à cause de mes cauchemars, une nouvelle fois. J'entends toquer à ma porte ce qui me surprend assez. Je pars donc ouvrir et qui je vois ? Ma tante, Mary. Qu'est-ce qu'elle fout là encore ? Quand j'ai vécu à Camden, je ne l'ai pas connu, à peine je savais qu'elle existait. Et puis en venant à Miami, elle a su par je ne sais quel hasard que je vivais là. Elle est avocate et bourrée de fric. J'aurai pu l'utiliser pour avoir sa carte bancaire mais je ne suis pas vicieuse à ce point. Elle me pousse presque pour rentrer chez moi sans me demander mon avis. Je ne sais même pas pourquoi elle s'acharne à m'aider alors que je lui ai fait comprendre que je ne veux pas d'elle. Pourtant je sais qu'il y a une raison. Mary entre dans mon salon ce qui me fait pousser un grognement. Elle ouvre ensuite les rideaux en grand pour laisser filtrer la lumière, je pousse un cris outré et elle continue son petit manège. Sur une commode, il y a une photo de ma famille mais je l'ai bien sûr laisser coucher. Mary le prend et le met bien en évidence pour qu'on puisse le voir. Je m'approche de cette photo et d'un coup sec je la retourne. Je regarde Mary, je déteste quand elle touche mes affaires. Je lui dis furieuse : « Je peux savoir c'est quoi ton problème ? » Elle tourne la tête brusquement vers moi. « Et toi ? Tu es assez grande maintenant il faut que tu reprennes ta vie en main ! » Je la regarde en fronçant les sourcils. « Depuis quand tu t'intéresses à ma vie ? C'est à peine si tu existais pour moi avant ! ». Je l'ai blessé, je le sais parce que ses yeux deviennent humides. Mary est du genre super sensible, elle peut pleurer pour un rien. Je ne fais que dire la vérité après. Elle ferme un instant les yeux et les rouvre en me tendant un billet de cinéma « Tu vas au cinéma. Je garderai Anémone. » Je secoue ma tête comme une hystérique. « Non non non et non !» je ris comme une tarée « Et puis quoi encore ! Disparais de ma vie c'est pas compliquer non ? ». Mary essaye de se contenir, elle souffle pour ne pas exploser. « Va au cinéma et je te laisserai tranquille » Avec ma main j'enlève ce qu'il y a sur la table avec rage et j'arrache le billet de la main de ma tante. J'ouvre la porte et la ferme en la claquant. Elle peut me mettre dans tous mes états ! Et puis c'est quoi ce film de merde ? Je me dirige rageusement dans le cinéma, je dois vraiment avoir l'air d'une sociopathe mais je m'en fous. J'attends à la caisse énervé quand j'entends quelqu'un m'interpeler. Je reconnais Thésée, un mec à qui j'ai fait la visite de Camden. Avant l'incendie. Honnêtement je ne me réjouis pas de le voir, si je suis venue ici c'est pour ne voir personne de ma vie passée. Il n'a pas l'air au courant de la tragédie vu la façon dont il me parle. Avant l'incendie, j'ai eu les cheveux longs presque jusque au niveau de mon postérieur et j'ai eu un teint plus lumineux. Dorénavant, j'ai les cheveux courts et en bataille avec des cernes en-dessous de mes yeux et mon teint est plus lugubre. Il a fallu aussi qu'on aille voir le même film, je commence sincèrement à regretter. Sur toutes les personnes qu'il y a à Miami j'ai du tomber sur Thésée. C'est trop de dire que le karma est une pute ? « Ouais je me souviens » dis-je finalement, mon ton n'est pas agréable mais bon. Mon "ancien-moi" lui aurait peut-être sourit et blablater mais je ne suis plus comme ça. Tant pis.

La vie m'a laissé un goût amer dans la bouche. Je n'ai plus envie de connaître les gens, sourire, être sympathique. Je suis désormais inapte pour sourire. Et puis il y a aussi quelque chose en moi qui s'est brisé, je ne sais pas quoi, je ne saura pas vous le dire. Ce qui me surprend le plus - mis à part le fait que j'ai rencontré Thésée par pur hasard- c'est qu'il continu la discussion. Je me souviens qu'on a été dans de bons termes à l'époque mais bon. On nous valide nos tickets en nous indiquant par ailleurs notre salle. Je le suis en ne disant rien, niveau papotage je suis devenue très mauvaise depuis le temps. Il me parle donc du film qu'on allait voir en me demandant si j'en faisais des critiques. Je secoue lentement ma tête négativement. « Je l'ai pris au hasard » dis-je simplement en faisant une grimace, je voulais faire abstraction de ce qu'il s'est passé avec ma tante. Il ajoute aussi qu'il pense que le film est pourri et j'hoche simplement la tête en ne disant rien. On entre finalement dans notre salle presque vide et je suis simplement Thésée pour nous installer à une place. « Ouais, je me le demande ». Je peux ajouter aussi que j'ai réussi à placer cinq mots. Je ne faisais visiblement aucun effort, non parce que je n'apprécie pas Thésée, au contraire je l'apprécie mais j'essaie de n'en montrer rien. Visiblement, j'ai assez peur de m'attacher à lui pour qu'à la fin il m'abandonne alors je ne fais aucun effort. Je me pince les lèvres, trahissant ma nervosité. Je m'assois donc à côté de lui dans le cinéma, le film n'ayant pas encore commencer.