Elle se retrouvait à nouveau seule, avec Pégase évidemment, dans cet baraque plus qu'immense, ce palace, on pourrait même dire. Elle s'était réveillée le matin même à côté de Noah, la télé s'étant mise en veille durant la nuit après que la film se soit terminé et que personne n'ait été réveillé pour l'éteindre. Parce qu'ils s'étaient endormis tous les deux, comme prévu. En se réveillant, ils avaient traîné un peu, déjeuné ensemble, dans une ambiance un peu particulière pas pour autant déplaisante... mais différente. Qui avait certainement quelque chose à voir avec le fait qu'ils avaient fait l'amour la veille au soir, que ça avait été différent de toutes les fois où ils avaient pu s'envoyer en l'air par le passé, et que Anteynara était complètement tombée amoureuse de lui, et que peut-être... Noah s'intéressait aussi à elle de cette façon là, du moins... elle espérait. Puis c'était lui qui avait parlé de faire l'amour en premier. Pas elle. Alors, ça voulait peut-être dire quelque chose, ou pas. Bref. Au bout d'un moment, ils décidèrent de chacun faire sa vie de son côté, et elle le laissa sagement rentrer chez lui, refermant la porte derrière lui et se retrouvant à nouveau dans sa solitude. Bon, ce serait l'occasion d'être un peu productive, et elle le fut. Elle passa la journée avec Pégase, puis sur son ordinateur... accueillit la femme de ménage qui venait régulièrement pour nettoyer la majorité de la villa et qu'Anteynara payait parfois plus que prévu parce qu'elle se sentait coupable de son côté bordélique. Lorsque la soirée pointa le bout de son nez, et le coucher de soleil avec ça, elle était installée sur sa terrasse avec quelques trucs à bouffer, Pégase à moitié affalé sur elle, et son téléphone en main. Elle s'était arrêtée comme ça sur le numéro de Noah, hésitant un peu. Est-ce qu'elle devait l'appeler ? Est-ce que c'était une bonne idée ? Est-ce que ce n'était pas trop insistant ? Elle ne voulait pas qu'il se sente forcé, ou qu'il ait l'impression qu'elle ne pouvait pas se passer de lui et qu'elle allait à présent s'accrocher à lui sans lui laisser une seule minute pour lui. Alors évidemment, elle n'alla pas jusqu'à l'appeler ou lui envoyer un message, et continua plutôt à zieuter ce qu'il se passait d'intéressant dans son réseau. Pas grand chose. La soirée se poursuivit ainsi, et elle n'avait pas bougé, s'était simplement préparé un petit cocktail juste comme ça, et c'est là qu'on toqua assez brutalement et avec insistance à sa porte. Déjà, le visiteur en question avait visiblement oublié l'existence de la sonnette. Elle fronça les sourcils et posa son verre avant de virer Pégase avec délicatesse et fermeté, puis se dirigea vers l'entrée. Là, elle ne prit pas la peine de regarder qui c'était, et ouvrit de suite la porte en grand. « Noah ? » elle fit, un peu surprise, parce que ce n'était pas vraiment dans ses habitudes de s'en prendre à sa porte de cette façon. Puis parce qu'il avait l'air un peu... agité.

Gosh, elle devenait accro. C'était pitoyable. Même si elle avait essayé de passer la journée en étant productive et en évitant de penser à Noah, il avait fait irruption à de nombreuses reprises dans sa tête. Du coup, elle avait tenté de gérer la situation de la façon qui lui correspondait le plus : en restant logique et terre à terre. Elle s'était forcée à repenser à Jay, à leur histoire, et avait cherché à voir si ce qu'elle avait avec Noah ressemblait à ce qu'elle avait eu avec lui, dans le but de peut-être mettre un nom sur ce truc qu'elle avait désormais avec Noah. Parce qu'il était clair que leur relation avait changé, évolué. Et au final, ça n'avait vraiment rien à voir avec l'histoire qu'elle avait pu avoir dans le passé. Rien du tout même. Jay avait été, une espèce de coup de foudre, avec plein de paillettes et de trucs grandioses et de belles phrases, et ça avait été sincère mais avec tellement d'artifices autour. Noah c'était juste... simple, brut. C'était juste Noah quoi, et c'était bien plus violent et ça allait bien plus profondément et directement en elle. Parce qu'il n'avait pas besoin de toutes les paillettes. Juste lui et ça lui allait tout à fait, à Anteynara. Du coup, sa réflexion ne l'avait pas beaucoup avancée, à part sur un point. Jamais elle ne se serait intéressée à lui s'il y avait eu les artifices, et jamais Jay n'a pu être aussi installé tout au fond de ce qu'elle était... pas comme Noah. Ca faisait un an qu'ils se connaissaient, et au final, même si ça n'avait pas toujours été le grand amour, ou la grande amitié, il s'était imposé doucement, lentement, dans sa vie, et il n'y avait pas moyen de le faire s'en aller. Après être arrivée à cette conclusion, posée dans la chaleur nocturne sur sa terrasse, son verre à la main, elle décida de ne pas l'appeler ce soir. Un moment plus tard, on toqua violemment à sa porte, ce qui eut le don de la faire se lever immédiatement, et elle alla ouvrir pour se retrouver face à Noah. Elle eut à peine le temps de prononcer son prénom, qu'il prenait son visage dans ses mains, visiblement paniqué. Et d'abord elle crut qu'il était arrivé quelque chose, ou qu'il se passait un truc à ce moment même et qu'elle aussi devrait être en panique et qu'une fois de plus les emmerdes leurs tombaient sur la gueule. Mais non, elle dégagea rapidement cette option, parce que si c'était le cas, il ne perdrait pas de temps à la regarder ainsi là, sur le pas de la porte, puis à la serrer dans ses bras. Donc, c'était autre chose. Tu vas bien hein ? Dis-moi que tu vas bien et que c’était qu’un rêve… il dit, alors qu'elle entourait son corps de ses bras elle aussi, et cherchait à suivre plus ou moins. Au début, elle était perdue, mais lorsqu'il parla de rêve, elle comprit qu'il n'y avait rien d'urgent, que c'était certainement un cauchemar qui l'avait amené ici, ou un souvenir. « Ca va, ça va... je vais bien » elle lui dit, avant de serrer ses bras un peu plus fort autour de lui, puis de le faire entrer pour refermer derrière eux. « Qu'est-ce qui s'est passé ? » elle demanda ensuite.

Quand on toqua si fort à sa porte, ignorant clairement la sonnette, elle fut perturbée dans sa gentille petite soirée et se leva du coup en laissant son verre sur la table pour aller vers l'entrée. Elle n'attendait personne, mais quelqu'un qui voulait être discret ou qui était mal intentionné ne risquait pas de venir toquer si bruyamment sur sa porte alors qu'un coup de sonnette aurait été bien moins suspect. Du coup, elle pensa à des voisins qui avaient quelque chose à lui reprocher, mais vu l'heure, le calme dans le quartier, et le fait qu'elle ne cherchait jamais la merde auprès des voisins, il y avait peu de chances. Peut-être une urgence alors, quelque chose de grave. Elle ouvrit, et elle se retrouva face à Noah, qu'elle ne s'attendait pas à trouver là. Il avait l'air paniqué, et elle eut simplement le temps de prononcer son prénom qu'il prit son visage entre ses mains et la regarda droit dans les yeux, comme pour y chercher quelque chose, avant de lui demander si elle allait, d'évoquer un rêve, et de la prendre dans ses bras. Elle n'était pas du genre à faire des câlins, ou à en recevoir, et ce n'était pas non plus dans ses habitudes avec Noah, mais visiblement, il y tenait à celui-là, et tout compte fait ça ne la dérangeait pas du tout. Au contraire, ses bras allèrent l'entourer lui aussi et le serrer contre elle, tandis qu'elle lui assurait qu'elle allait bien. Elle se pressa un peu plus fort contre lui, puis le libéra alors qu'ils rentraient dans la maison, avant de fermer la porte derrière eux. Noah semblait s'être à peu près calmé, et elle lui demanda donc des explications. Il avait déjà confondu rêves et souvenirs auparavant, et peut-être qu'une fois de plus, c'était le cas. Disons qu'il y avait eu dans le passé plusieurs occasions de s'inquiéter de sa santé. Rien… tu vas bien… c’est tout ce qui compte… il répondit, balayant le problème comme s'il n'y en avait jamais eu. Antey n'était pas du tout convaincue, clairement curieuse, et surtout, elle voyait plutôt clair dans son jeu. Elle le connaissait. Il n'avait pas envie de dévoiler ce que son inconscient pouvait lui montrer dans son sommeil, c'était trop intime, ça pouvait nuire à sa fierté. Evidemment, elle comprenait, elle était un peu pareil. « C'était un rêve ou un souvenir tu crois ? » elle demanda, un peu insolente. « T'sais, quand j'me suis réveillée de mon coma et les semaines après, je faisais des rêves aussi, certains d'eux étaient des souvenirs de ce qui s'est passé avant que je m'endorme, parce que tout était encore flou dans ma tête même plusieurs semaines après » elle lui dit, cherchant à provoquer quelque chose chez lui, à lui faire comprendre qu'il n'était pas tout à fait seul dans sa merde. « Puis après c'qui s'est passé dans l'entrepôt, j'faisais des cauchemars de toi en train de t'faire électrocuter. Parce que visiblement de tout c'qui est arrivé ce jour-là c'est c'qui m'a le plus marquée » elle ajouta sur le même ton, réalisant pendant qu'elle parlait que non seulement elle ne lui avait jamais dit de quoi ses cauchemars à répétition étaient faits, mais qu'en plus de ça, il y avait pas mal de choses dans tout ça dont il ne se souvenait peut-être pas, pas clairement en tous cas. « J'essaye pas de comparer ou de dire que c'est la même chose pour toi, mais juste... j'sais un peu ce que c'est, que ça donne l'impression d'être fragile et de perdre la tête » elle finit, le dépassant pour retourner dans la cuisine et prendre son verre, en boire quelques gorgées. Puis elle réalisa que Noah semblait avoir couru, et elle sortit un verre pour le remplir d'eau fraiche et le lui tendre.

Elle ouvrit la porte et tomba nez à nez avec Noah, haletant, le souffle court, un air paniqué sur le visage. Elle crut d'abord qu'il y avait un problème, une urgence, que leurs emmerdes leur tombaient à nouveau dessus. Mais si ça avait été ça, sans doute qu'il n'aurait pas perdu de temps, qu'il lui aurait soit dit de prendre ses clés et de venir avec lui, de se tirer, ou bien au contraire, de rentrer vite et de fermer la porte derrière eux. Mais ils restèrent là, d'abord ses mains autour de son visage, puis ses bras qui se mirent à la serrer alors qu'il lui demandait si ça allait, avant de parler d'un rêve. Anteynara comprit alors ce qui se passait, plus ou moins, et elle le serra contre elle de la même façon qu'il l'avait fait lui. Elle lui souffla que oui, tout allait bien, avant de le faire entrer et de lui demander ce qui se passait. Evidemment, peut-être trop fier ou n'ayant pas envie d'en parler, il lui assura que ce n'était rien. Elle n'y croyait clairement pas, puisque ce rêve l'avait amené ici en panique, effrayé qu'il lui soit arrivé quelque chose. Et elle connaissait plus ou moins ce genre de panique, parce que ça lui arrivait encore aujourd'hui, des mois plus tard, de faire ce putain de cauchemar qui avait hanté toutes ses nuits. Du coup, avec insolence et détermination, elle n'acceptait pas sa réponse et s'acharnait pour continuer sur le sujet, s'ouvrant même carrément à lui au sujet de ses propres terreurs nocturnes, chose qu'elle n'avait pas l'habitude de faire. Elle retourna dans la cuisine en finissant son petit discours, buvant quelques gorgées dans son verre, avant de servir un verre d'eau à Noah. C’est juste… que j’en peux plus… J’ai l’impression de n’pas vivre, j’crois sans arrêt qu’il t’arrive quelque chose ou un truc dans le genre. il dit, avant de la remercier pour le verre. Elle ne répondit pas à ce qu'il venait de dire, se contenta de sourire, un peu gênée, baissant le regard pour éviter le sien, parce qu'il venait plus ou moins d'avouer qu'il s'inquiétait pour elle, et ça voulait dire qu'elle comptait pour lui, et même si elle aurait du se rendre compte de ça un peu plus tôt déjà, ça faisait toujours plaisir à entendre. T’aurais pas quelque chose de plus fort ? il ddemanda, et là, il n'avait pas besoin de se répéter. Elle sortit la bouteille de vodka qu'elle avait précédemment commencée, et en versa une belle dose dans le verre de Noah, avant d'en rajouter un peu dans son cocktail déjà alcoolisé. Elle but plusieurs gorgées à la suite avant de contourner le bar pour s'approcher de Noah et l'embrasser passionnément, avant de mettre fin au baiser en souriant contre ses lèvres. Se détachant de lui, elle prit son verre dans une main, la main de Noah dans l'autre, et l'entraîna vers la porte fenêtre laissée ouverte. « Viens » elle fit en l'emmenant sur la terrasse, éclairée par les lampions et le reste des lumières qu'elle avait installées là-dehors, jusqu'au canapé qui se trouvait là-dehors, sur lequel ils s'installèrent. « Tu m'as un peu manqué, j'crois » elle lui lança l'air de rien, comme s'ils ne s'étaient pas vu le matin même.

Son amitié, relation, ce truc qu'elle avait avec Noah, ce n'était pas de tout repos, ça ne l'avait jamais été. Ils n'avaient jamais plus de quelques mois pour être tranquilles avant que quelque chose leur tombe brutalement dessus. Là, ça faisait déjà un petit moment que rien de dramatique n'était arrivé, tout se passait bien entre eux, très bien même, de mieux en mieux. Mieux que jamais. Alors peut-être qu'elle devrait s'attendre à des perturbations, que ça vienne d'eux, ou du reste du monde. M'enfin, disons qu'ils n'étaient pas non plus allés chercher la merde. Noah avait décidé d'arrêter les grosses conneries, et elle se contentait de faire son job sans attirer l'attention. Et peut-être aussi qu'elle faisait plus attention qu'avant, parce qu'elle avait hâte de rentrer et de le voir lui. Bref, c'était peut-être le moment de s'attendre à tout et n'importe quoi, mais visiblement ce n'était pas pour ce soir puisque ce qui avait alarmé Noah à ce point était un rêve. Le sujet fut assez rapidement balayé, alors qu'elle insistait un peu sans non plus trop pousser, préférant s'ouvrir un peu à lui plutôt que d'y aller agressivement. Puis ils se retrouvèrent dans la cuisine, décidant de boire un coup, un verre de vodka pour lui et un cocktail bien chargé pour elle. Après avoir contourné le bar pour l'embrasser, elle l'entraîna dehors, jusqu'au canapé pour l'y installer et se poser à côté de lui, repliant ses jambes sur les cousins. Se calant contre lui, elle lui avoua sans trop en faire qu'il lui avait manqué. Il ne répondit pas, sourit simplement et lui fit une place pour se glisser entre ses jambes. J’suis désolé de toujours débarqué comme ça, comme un con, il lui dit ensuite et elle laissa s'échapper un petit rire, parce que c'était légèrement absurde quand même. « Ca va, tu me déranges pas trop » elle répondit, levant les yeux au ciel de manière particulièrement exagérée, puis se laissa tomber doucement pour se poser contre son torse, portant son verre à ses lèvres. T’as fait quoi aujourd’hui ? A part penser à moi. il demanda en riant, faussement égocentrique. Elle aurait bien sauvé sa fierté en lui répliquant que non, pas du tout, elle n'avait pas pensé à lui, vraiment pas... Mais elle-même aurait eu du mal à être crédible, ça aurait sonné bien trop faux, et du coup, elle abandonna l'idée. « Rien. » elle répondit en faisant une mine boudeuse, visiblement déçue de sa non-productivité. Gosh, elle était vraiment restée là à ne rien foutre ou presque, à part bosser un peu sur son ordinateur. « J'ai un job à boucler avant la semaine prochaine... » elle commença. « Mais le type est réglé comme une horloge, le même planning chaque jour, à la minute près, à croire qu'il attend vraiment de se faire descendre » elle expliqua, amusée, parce que ce genre d'idiotie et de naïveté la faisaient rire. « Du coup j'ai tout de prêt, je peux m'en charger demain ou un autre jour, tant que je laisse pas traîner jusqu'à la semaine pro... C'est cool » elle ajouta, avec un petit sourire, comme une sorte d'invitation à l'attention de Noah de lui proposer un programme pour les jours à venir. Puis, elle calerait ses obligations autour de ça.