« Rendall. » Pas de réponse. « Rendall O'Callahan, bouge ton cul! » La voix stridente de la mère résonne entre les appartements de la rue malpropre de Miami. Le jeune blond arrive en courant, les genoux égratignés, le souffle court. Sa mère lui demande d'où il arrive, mais il joue encore le muet. Mutisme sélectif. Surtout avec sa mère. Pouvait-il même la considérer comme sa mère? Pas après l'avoir éloigné de son père, coincé en prison en Irlande, seul et abandonné. Ils partagent ce sentiments, même s'ils sont à des kilomètres de distance. « J'étais chez les voisins » qu'il dit, de sa petite voix, grattant le tattoo sur son avant-bras. Premier jet d'encre sur son corps maintenant couvert. Fait par nul autre que sa mère, entre deux bière, un joint et peut-être une ligne ou deux de coke. Une étoile rouge; ça veut rien dire, pour King. Sa mère s'amuse a lui répéter qu'elle s'est inspirée de l'étoile rouge sur la bouteille de Heineken. De la bière, vous voyez. Preuve que sa jeunesse n'est basée que sur les impulsions saoules de ses parents.

Pour tenter de cacher l'étoile rouge de la honte, King à décider de laisser sa mère s'amuser. Il a aussi décidé de laisser les amis de sa mère s'amuser. Dès l'âge de seize ans, le jeune homme était déjà couvert de tattoos. Faut dire que ça faisait réagir la population environnante. Ça choquait, et ça avait de quoi choquer. King, c'était pas le gamin bien élevé. L'école, ça ne donnait rien. Le trois quart du temps, sa mère et son beau-père avaient même pas les moyens de payer pour son éducation et le matériel nécessaire dans ses cours.
« Monsieur O'Callahan, pouvez-vous vous asseoir s'il vous plait? » Que le professeur lui demande gentiment. C'est la goûte qui fait déborder le vase, pour le blond. Il en a marre qu'on lui dise quoi faire. C'est la bête enragée qui sort. Le jeune, il à dix-huit ans. Il sort ce couteau de chasse de la poche arrière de son pantalon et il se met à hurler. Ce jeune, c'est King, bien sûr, qui jappe et qui grogne sur le professeur terrifié. Elle s'est réfugiée dans un coin de la pièce tandis qu'il pète les plombs. Un camarade de classe essaie de le calmer avant que la sécurité arrive. C'est son meilleur ami. C'était. Dans un élan d'agressivité, King le poignarde, assez profondément pour qu'il perce une artère. Ça à été flou, après ça. La presse à gardé ça sous silence pour éviter de donner à l'école une mauvaise réputation. King à fait de la prison et n'en a jamais reparlé. Il n'a jamais expliqué ce qui s'est passé, mais il s'est sauvé de cinq ans en prison à cause de son jeune âge. Il en est ressorti après deux ans et demi. Il avait vingt ans. Sa mère s'était poussée, déménagée ailleurs, hors de Miami, le laissant à la rue et sans repère. Tout ce qu'il avait, c'était sa guitare, laissée dans l'entrée de l'appartement vide, un billet de vingt dollars et sa liberté.

King tombe dans la drogue. Il se fait ramasser par la police un nombre incalculable de fois. Il erre, il dort sur des bancs de parc. Il aurait bien aimé avoir l'or et l'importance que son nom était censé lui donner. Ironique, que son deuxième prénom soit le Roi; un prénom que ses parents n'auront jamais osé prononcer. Ça faisait joli sur papier, mais jamais il n'avait été le roi chez lui, ni même le roi de lui-même. En commençant ses affaires dans le marché noir, King réussit à se faire un peu d'argent. Assez pour squatter l'ancien appartement de sa mère et de remeubler un peu. Son nom n'est pas officiellement sur le bail pour l'appartement, mais il est tellement mal placé et tellement mal entretenu que personne n'en veut. 
Depuis, King fait fuir les gens dans la rue du haut de son mètre quatre-vingt treize.
Chien de garde pour les rues de Miami, gardant près de son coeur couteaux; arme ayant gardée un partie de sa jeunesse derrière des barreaux.