Le diable fait des emprunts d’âmes et les âmes sont bien bradées. Les anges sont vêtus de fragments de ciel, le diable s'habille en Prada
« Be humble bitch, sit down »
Mon enfance je l’ai passé à zoner entre les tours qui entourent la périphérie de la ville de tous les rêves. Depuis tout petit j’ai toujours été assez indépendant, du fait que mon père a quitté le foyer alors que j’avais l’âge de 10 ans. Très vite j’ai dû apprendre à m’en sortir seul. Ma mère alternait entre deux boulots pour payer les factures et les chaussures de foot pour moi. Elle s’est donné à fond et je la remercie chaque jour que ma vie avance. Je n'ai pourtant pas toujours été clair et respectueux avec elle. Souvent fourré dans les mauvais coups avec les gars du quartier. M’obligeant à voir un psy pour analyser mon comportement déviant, selon eux à cause d’un manque d’une personne masculine au sein du foyer. De quoi nourrir la haine et la colère contre mon père qui me nourrit tous les jours.
Mes amis d’enfance sont les seuls que je compte parmi mes plus fidèles alliés. Accordant difficilement ma confiance aux gens eux-mêmes savent qu’il est précieux d’avoir ma reconnaissance car cela signifie que je serais toujours là pour eux, et eux toujours là pour moi. Ça s’est vérifié lorsque à mes 18 ans on m’a diagnostiqué une leucémie. Me clouant sur le lit d’hôpital pendant plus de six mois, mes gars, mes frères étaient là chaque jour pour me remonter le moral.
L’écriture a été une issue de secours également, rageant de ne pas pouvoir profiter de ma vie comme je l’aurais voulu c’est alors que gratter des centaines de lignes sur des cahiers vierges me servait de punching ball. Me trouvant une vocation pour le rap, très vite j’appréhendais ma sortie de l’hôpital et l’après. J’avais arrêté après le lycée, et je ne comptais pas reprendre ma scolarité malgré les pressions venant de ma mère. M’interpellant sur les chances qui s’offraient à moi et que sans études j’allais finir comme ses gars qui zonent dans la cage d’escalier avec pour seule activité la vente de drogue. Loin de moi cette idée, j’avais une envie folle de vivre ma vie chaque minute comme si c’était la dernière.
À mes 19 ans je sors enfin de ce lit, profitant de ma nouvelle vie que Dieu m’offrait. On m’obligeait à faire des suivis trimestriels mais je n’y allais jamais, profitant mentir à ma mère pour ne pas l’inquiéter. Mon rythme de vie entre l’alcool, les sorties, les bagarres et la drogue n’étaient pas propices à un bon rétablissement mais c’est comme ça que j’appréciais ma vie. Alternant entre les boulots pour payer l’appart. Ma passion pour l’écriture s'est développée jusqu’au jour ou une amie à moi est tombé sur mes textes me poussant à les mettre en musique.
D’un naturel réservé en ce qui concerne mes propres sentiments et ma vie je n’étais pas chaud pour les exposer aux yeux des autres. C’est sous un pseudo que je les poste sur réseaux sociaux et très vite une certaine notoriété en découle. On m’en demande plus, on veut me voir, m’inviter à des concerts. Je décide de me dévoiler peu à peu. Pudique sur mes histoires, j’enchaine les plaisirs avec les femmes ne préférant de ne pas m’accrocher. Je t’aime mais je n’aime pas l’amour. Ce sentiment d’appartenance et de dépendance je n’en suis pas encore prêt. Alors je séduis, je joue avec elle puis-je les oublie. C’est mon rythme de vie.
Aujourd’hui, 24 ans, je continue cette vie qui ne mène à rien. Je ferme les yeux espérant qu’un jour je trouverai ma voie dans la musique mais pour l’instant je me pète le crâne pour oublier la douleur qui brûle mon âme.