Le groupe se réunissait ici deux fois par semaine. Allaient et venaient plusieurs personnes, certains étaient des habitués, d'autres apparaissaient une fois et ne revenaient jamais. Il y avait toutes sortes de gens ici, mais ils avaient des points communs, de gros points communs, et Andrea s'y sentait plutôt à sa place. Au début, il avait trouvé ça étrange, tiré tout droit d'un film ou d'une série tv tant ça avait l'air... hors du commun et semblable à ce qu'il avait pu en voir sur sa télé. Il n'avait pas ouvert la bouche la première fois, dans son groupe, à San Francisco, mais ça s'était vite arrangé. Il n'avait jamais cessé d'y aller, autant pour lui que pour les autres, et en arrivant à Miami, il s'était fait une place ici rapidement. Dans le petit tas d'habitués, il y avait deux vétérans de l'armée, revenus traumatisés après s'être trouvés dans des situations terribles. Il y avait une jeune fille, qui avait vécu son enfance en captivité après avoir été enlevée. Trois personnes qui s'étaient sorties il y a peu de situations violentes et abusives, et une vieille dame choquée après s'être retrouvée emprisonnée chez elle pendant près d'une semaine par des braqueurs. C'était le petit groupe qu'Andrea voyait à chaque fois qu'il se rendait ici, et avec sa régularité légendaire, il ne ratait pratiquement aucune séance. Puis, il y avait le nouveau, Alec, qui était là ce soir pour la seconde fois, mais qui n'avait encore rien dit à son sujet et avait préféré écouter les autres. Tout ce qu'il avait fait, c'était demander un parrain, quelqu'un à qui s'adresser, et Andrea s'était porté volontaire. C'est ainsi que lorsque la petite réunion prit fin, Andrea se leva et prit ses affaires, après avoir rapidement glissé son bordel dans son sac à dos, puis il s'empressa de venir vers Alec. « Hey... ! Hey, euuuh j'suis ton parrain. Andrea. » il lança très maladroitement avant de donner sa main pour qu'Alec la serre. Ils venaient de passer près d'une heure dans le même cercle, mais voilà qu'ils prenaient seulement le temps de se saluer et de se présenter. « Euuuh tu veux aller se poser dans un café ? Y'en a un bien en-face, les chocolats sont immenses avec une dose massive de chantilly, et c'est super bon. Puis le café aussi est bon » il proposa, et il se trouvait terriblement nul à ce truc de se donner l'air cool et sociable. Mais bon espérons que la phase d'introduction passerait vite et qu'ils arriveraient à être à l'aise l'un avec l'autre rapidement. Après s'être mis d'accord, ils sortirent du bâtiment et traversèrent en direction du café en question, le seul endroit chaudement éclairé de la rue qui dormait déjà.

Kathelyn avait dit à Alec qu'il y avait plusieurs groupes de parole sympathique dans la ville qui pourrait aider le jeune homme. Lina lui avait dit d'essayer au moins, que cela ne coûtait rien et que ça ne pourrait pas lui faire de mal. Il avait été à la première puis à la deuxième, mais n'avait pas dit un mot. Il s'était juste présenté et avait dit qu'il sortait d'une secte, point barre, pas plus pas mois. Il ne connaissait pas les gens qui se trouvaient ici et tant qu'il n'aurait pas confiance, il ne se livrerait pas. Après tout, qui lui disait que les personnes présente ne faisait pas partie de la secte dont il sortait ? Personne. Alors mieux valait être prudent. Il avait en plus, apprit que deux vétérans de l'armée se trouvaient là. Il ne se voyait donc pas expliquer qu'il avait tué, violé et battu des gens devant des personnes qui avaient servi les Etats-Unis d'Amérique. Il y avait aussi une jeune femme, un jeune homme et une vieille dame complètement traumatisé après un cambriolage. Alec se disait que la vie pouvait vraiment être injuste et il se demanda s'il ne ferait pas mieux de retourner dans la secte pour protéger Lina. Après tout, si la police était incapable de protéger les gens d'un simple cambriolage, comment pouvait-il l'aider avec toute une secte ? Il avait quand même demander un parrain, quelqu'un a qui il pourrait peut-être se confier si le courant passait. Quand le psychologue du groupe nous informa que c'était la fin de la séance, Alec se leva, posa son sac sur son dos et se dirigea vers la porte. Il fut intercepté par le jeune homme du groupe et Alec fit un rapide pas en arrière pour avoir plus d'espace personnel. Il n'avait pas confiance en la gente masculine et se méfiait encore plus d'eux. Il se méfiait encore plus de ceux qui avait l'air innocent comme le jeune homme qui se trouvait devant lui à présent. C'étaient ceux qui paraissaient le plus normal qui était les plus dangereux. « Hey... ! Hey, euuuh j'suis ton parrain. Andrea. » Dit-il encore plus vite qu'Alec ne l'aurait cru possible. Il lui tendit la main et Alec la prit." Ha... ok... je suis Alec." Il enleva vite sa main pas à l'aise du tout et se passa la main dans les cheveux.  « Euuuh tu veux aller se poser dans un café ? Y'en a un bien en-face, les chocolats sont immenses avec une dose massive de chantilly, et c'est super bon. Puis le café aussi est bon » Alec réfléchit quelques secondes et finit par répondre : " Ok... Ouai un bon chocolat ça me tente bien." Les deux hommes sortirent du bâtiment pour se diriger jusqu'au café. Alec espérait que le café ne soit pas trop branché pour plusieurs raisons. Premièrement, il n'aimait pas la foule, du tout. Il se sentait piégé, avait l'impression qu'on l'espionnait, qu'il n'était pas en sécurité. Deuxièmement, Lina lui avait donné 20 dollars la semaine précédente et il ne lui restait que 5 dollars. Il ne voulait pas lui demander plus d'argent, elle ne roulait pas sur l'or et avait des factures à payer et maintenant une bouche en plus à nourrir. Alec faisait encore la manche de temps en temps, mais avec le peu qu'il gagnait, il allait acheter un petit quelques choses pour faire plaisir aux filles de la maison. Dernièrement, cela avait été un petit pot de glace au chocolat. Ils entrèrent tous les deux dans le café et heureusement, vu que c'était l'heure du repas, le café n'était pas trop bondé. Ils allèrent commander leurs chocolats et Alec soupira de soulagement quand la caissière lui annonça 3 dollars 95. Ils prirent place à une table dans le fond de la salle. "Alors....C'est quoi ton histoire à toi ?" Demanda-t-il pour engagé la conversation.

Il se rendit face à Alec pour se présenter et essayer de faire connaissance, établir le contact, tout ça... mais le jeune homme fit un bond et merde, Andrea aurait peut-être du s'en douter et prendre ses précautions. Après tout, ils étaient tous là pour une raison, des raisons qui se ressemblaient les unes et les autres, diverses formes de stress post-traumatique et autres pathologies. Il aurait du faire attention, ne pas le surprendre, être si... intense. Mais il n'y avait pas pensé, trop embarqué dans son espèce de gêne, celle que le contact humain normal lui provoquait parfois. C'était un peu de timidité, mêlée à une envie d'être cool et extraverti. Ca ne lui réussissait pas très bien, semblait-il. Leur poignée de main fut maladroite et étrange, et peut-être que c'était le moment de décider de simplement se saluer sans se serrer la main, dorénavant. Ha... ok... je suis Alec. Alec, qui n'avait pas l'air beaucoup plus détendu, mais qui semblait au moins avoir posé le fait qu'Andrea était son parrain, et qu'à priori, rien de mauvais ne devrait arriver. Pour calmer tout ce stress, il proposa d'aller boire un chocolat ou un café en face, ce qui fut accepté par son nouveau filleul. Cool, c'était très cool. Ils traversèrent donc la rue pour se rendre au café, et commandèrent directement au bar avant de s'installer au fond en emportant leurs boissons. A peine furent-ils assis qu'Alec lança la discussion. C'était cutlotté comme introduction, peut-être parce que ça n'en était pas une. Il allait droit dans le vif du sujet, et ça fit sourire Andrea. Alors....C'est quoi ton histoire à toi ? Il n'aimait pas spécialement ce genre de situation, parler de sa vie, de ses expériences... sans autre but que le récit lui-même. Mais il aurait du s'y attendre vrai dire, surtout qu'Alec était plutôt réservé pour le moment. C'était clairement à Andrea de faire le premier pas. Il se pinça un peu la lèvre inférieure et posa sa tasse sur la table. « Umm... j'ai hérité d'une famille de cons, mon frère a poignardé mon petit-ami -il s'en est sorti, heureusement- , puis mes parents m'ont foutu dans un centre de conversion, où j'ai été pendant huit mois » il essaya de rendre la chose simple et sans pathos. « C'était censé me rendre hétéro, me dégoûter des hommes, par tous les moyens... électrodes, isolation, stimulation, tous ces trucs là... » Ca le gênait un peu, il ne voulait pas de pitié, ou qu'on s'attarde sur son cas, alors il tenta de transmettre ça à Alec par le regard. « J'suis sorti y'a un peu plus de trois ans » il conclut, un peu pour lui montrer que ce n'était pas tout récent, qu'il avait eu un peu de temps. Tournant sa cuillère dans son chocolat, il prit la tasse pour boire deux gorgées, puis la détacha de ses lèvres. « Tu veux parler de toi ? T'es pas obligé, si t'as pas envie aujourd'hui. Mais ce serait cool » il dit, lui adressant un petit sourire.

C'était la deuxième fois que le jeune homme allait a ses réunions. Le seul problème était qu'il ne se sentait pas à l'aise pour parler de ce qu'il avait vécu devant des vétérans de l'armée, protecteur des Etats-Unis d'Amérique. Tout ce qu'il avait fait dans la secte, c'était de commettre des délits plus grave les uns que les autres. Si la police était au courant et l'attrapait, il pouvait prendre perpette. Il ne se voyait pas aller en prison du tout, cela signerait clairement son arrêt de mort. Ce serait trop dur pour lui, beaucoup trop dur. Un jeune homme vint l'intercepter à la sortie de la séance et se présenta comme étant son parrain. Il devait avoir à peu près le même âge, peut-être 3 ou 4 as de moins que lui. Mais Alec se méfiait de la jante masculine. Les hommes étaient beaucoup plus dangereux que les femmes et il faisait attention. Son parrain lui proposa d'aller boire un café en face. Il accepta, anxieux de ne pas avoir assez d'argent pour se payer sa boisson. Heureusement, il lui restait un dollar après l'achat de son chocolat avec chantilly et les deux jeunes hommes allèrent s'asseoir dans un petit coin tranquille. Alec lui demanda alors quel était son histoire et visiblement, à la vue de la tête de son parrain, il avait mis les pieds dans le plat. « Umm... j'ai hérité d'une famille de cons, mon frère a poignardé mon petit-ami -il s'en est sorti, heureusement- , puis mes parents m'ont foutu dans un centre de conversion, où j'ai été pendant huit mois. C'était censé me rendre hétéro, me dégoûter des hommes, par tous les moyens... électrodes, isolation, stimulation, tous ces trucs là... » Alec écoutait, mais au fond de lui il bouillait. Encore quelqu'un qui c'était fait avoir par des manipulateurs! Il ne comprenait pas qu'on puisse prendre les gens homosexuels ou bisexuels comme des malades. On ne choisissait pas qui on aimait, on aimait point! « J'suis sorti y'a un peu plus de trois ans » Il laissa un petit sourire apparaître sur ses lèvres. Très léger, mais il était là. Son parrain était la preuve qu'on pouvait s'en sortir au final. Il prit une grosse cuillère de chantilly qu'il fourra dans sa bouche en laissant échapper un petit bruit de satisfaction. « Tu veux parler de toi ? T'es pas obligé, si t'as pas envie aujourd'hui. Mais ce serait cool » il dit, lui adressant un petit sourire. Alec se tendit un peu. C'était un reflex chez lui. Il n'aimait pas qu'on lui pose des questions. Il avait l'impression qu'on lui faisait un interrogatoire et qu'on allait le dénoncer pour le coller en prison. Mais là, il était avec son parrain, pas un flic. Il avait promis à Lina de faire des efforts et il allait le faire. Alors, jouant avec la chantilly qu'il restait dans sa tasse sur le chocolat, il commença tout bas, de sorte que seul le jeune homme en face de lui puisse entendre. " J'ai été dans une secte... Pas une gentille.. Une qui vous viole, qui vous affames et qui vous force à commettre les pires horreurs." Il n'osa pas regarder le jeune homme en face de lui de peur d'y lire de l'effroi dans son regard et préféra continuer à jouer avec sa chantilly jusqu'à la dissoudre dans le chocolat. " C'était pour protéger la fille que j'aime... Mais ça n'a pas été du tout comme ça aurait du et....je....suis parti....Mais j'ai peur qu'il s'en prenne à elle... Ils m'ont toujours dit que si je faisais pas tout ce qu'il voulait... Il la tuerait." Il avait peur qu'un jour, ils la retrouvent et la tuent. Même si elle n'éprouvait pas les mêmes sentiments que lui, il ne voulait pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. C'était l'amour de sa vie, son petit joyau à lui. Il avait tout fait jusque-là pour la protégée et continuerait quoi qu'il arrive, même s'il devait y perdre la vie. Il n'avait plus qu'elle de toute façon dans sa vie.

Ils s'étaient à peine installés au café, après avoir commandé et embarqué leurs boissons, et voilà qu'Alec le lançait directement dans le vif du sujet. C'était un peu brutal, mais efficace, et Andrea n'avait rien contre. Au contraire, c'était le genre d'attitude qui lui plaisait bien en général. Pas de perte de temps, c'était une bonne idée. Au-delà de ça, il était aussi un peu gêné parce que ça voulait dire qu'il devait maintenant se lancer et parler de lui, sa vie, son histoire, expliquer ce qu'il foutait là à prendre part régulièrement à des réunions d'aide pour les gens ayant vécu divers traumatismes. Il ne voulait pas attirer la pitié, ou se plaindre, être larmoyant, tout ça l'emmerdait profondément, et il ne pensait pas que son histoire valait ce genre de choses. Il préférait que ça révolte les gens, que ça leur donne envie de se lever et de faire quelque chose pour que ce genre d'histoire n'arrive plus jamais. Mais bon, il ne pouvait pas contrôler les autres. Il se laissa aller rapidement dans son petit récit, faisant en sorte d'être bref mais clair, et il ne se gêna pas non plus pour être assez précis sur ce qui avait pu lui arriver là-bas. Il ne connaissait ni Alec ni son parcours, mais il osait espérer que peut-être certains détails pourraient les rapprocher. En trois ans, il en avait appris des choses, comme le fait que parler de certaines choses très précises avec quelqu'un qui comprenait, ça pouvait faire du bien. Comme il avait parlé avec une fille de quelques détails sordides des jours qu'il avait passé enfermé dans une pièce entièrement noire, seul, ses sens entièrement aveuglés. Alors peut-être qu'il finirait par se trouver un point commun intéressant avec Alec. Il termina sur une note plutôt positive : sa sortie de l'enfer, et après une brève pause, il lui demanda s'il souhaitait parler de lui. Evidemment, ce serait une bonne chose, utile. Mais Andrea ne voulait surtout pas le forcer. Cependant, il savait aussi que pour guérir, c'était parfois nécessaire de se brusquer un peu, de se faire violence. A partir du moment où on savait pourquoi on le faisait. Alec commença alors, tout bas, et Andrea s'approcha un peu. J'ai été dans une secte... Pas une gentille.. Une qui vous viole, qui vous affames et qui vous force à commettre les pires horreurs. C'était pour protéger la fille que j'aime... Mais ça n'a pas été du tout comme ça aurait du et....je....suis parti....Mais j'ai peur qu'il s'en prenne à elle... Ils m'ont toujours dit que si je faisais pas tout ce qu'il voulait... Il la tuerait. Alec ne le regardait pas, mais le visage d'Andrea restait sobre, il ne voulait pas lui donner des réactions que lui-même détestait recevoir. Et au lieu de ressentir de la pitié, c'était plutôt de la colère qu'il avait en lui, face à tout ça. Ca le révoltait. Alec, en surface, n'avait rien de commun avec lui. Andrea avait été attaqué à cause de sa sexualité, pour une raison précise, connue, mais Alec... il avait l'air d'être la preuve que l'horreur pouvait se choisir ses victimes dans la masse, désigner n'importe qui. Andrea pouvait se consoler en se disant aujourd'hui que d'une certaine façon, il avait souffert pour sa cause, ou quelque chose dans ce genre-là. Le cas d'Alec, c'était différent. Mais lui aussi avait été séquestré par des gens qui avaient cherché à lui laver le cerveau, à le forcer à faire des choses... « ...ok. Et cette fille, elle est au courant de tout ça ? Tu l'as mise en garde au moins ? » il demanda, parce que ça lui semblait assez urgent. D'après l'histoire d'Alec, il y avait des gens qui voulaient du mal à une jeune femme, et il fallait faire quelque chose. Elle ne pouvait pas attendre tout bêtement que des gens se pointent. C'était une histoire assez dingue qui le dépassait, clairement, mais il était inquiet. « C'est du sérieux leurs menaces ? Ou bien surtout de la manipulation... ? Tu t'attends à ce qu'ils débarquent d'un jour à l'autre ? » il demanda ensuite, avant de réaliser que ça faisait beaucoup de questions. « Désolé, j'suis un peu intense, mais t'as l'air d'être dans une très mauvaise situation, je m'inquiète » il dit finalement, avant de porter à ses lèvres sa tasse de chocolat.

Après avoir rencontré son parrain, il accepta de le suivre dans un café non loin de là qui proposait des chocolat chaud avec plein de chantilly dessus. Alec eu assez pour ce le payer et les deux jeunes hommes allèrent s'asseoir un peu à l'écart des autres. Alec n'aimait clairement pas les inconnus, mais, il avait encore plus de méfiance envers les hommes. C'étaient eux qui lui avaient fait vivre un enfer, eux qui l'avaient traumatisé à vie, eux encore qui avaient menacé la femme qu'il aimait. Alors il restait sur ses gardes. Son parrain lui raconta un peu son histoire et lui dit qu'il pouvait se confier à lui. C'est un peu hésitant qu'Alec lui raconta les très grandes lignes. « ...ok. Et cette fille, elle est au courant de tout ça ? Tu l'as mise en garde au moins ? » il demanda doucement. Alec hocha la tête positivement. "Oui, si je suis venue dans cette ville, c'est pour elle. Je le lui est dis mais elle ne le prend pas autant au sérieux que moi." Et pour cause, elle pensait qu'Alec y allait un peu fort, que la menace n'était pas aussi violente que ça. Elle n'avait pas vécu toutes ces années comme lui avec eux, n'avait pas vu de quoi il était capable.   « C'est du sérieux leurs menaces ? Ou bien surtout de la manipulation... ? Tu t'attends à ce qu'ils débarquent d'un jour à l'autre ? » il demanda avant d'enchainer tout de suite après : « Désolé, j'suis un peu intense, mais t'as l'air d'être dans une très mauvaise situation, je m'inquiète » il dit finalement. Alec piocha de nouveau dans la chantilly pour en manger un peu puis regarda vaguement le jeune homme en face de lui avant de poursuivre. " Ils ont supprimer ma famille au complet pour s'assurer que je resterais dans leur rang..." Cela donnait une petite idée à son parrain dans quel style de secte, il avait été. " Ça fait un petit mois que je suis là et je n'ai toujours pas de téléphone. Lina a voulu m'en prêter un, mais je ne veux pas qu'ils puissent me tracer." Il n'appelait personne et de toute façon, il n'avait personne à appeler. Quand il sortait, il disait à Lina où il allait et quand il rentrerait et il tenait ses horaires. Pas besoin de téléphone. Si jamais il avait une urgence, alors il prendrait de la monnaie pour passer son coup de fil et basta. "Du coup, je sais pas trop quoi faire pour la protéger..."

L'histoire d'Alec était... terrifiante. Au moins, Andrea pouvait se dire que ses problèmes à lui étaient finis, derrière lui. Evidemment, n'importe quoi pouvait lui tomber dessus, la vie était une grande histoire de chance. Mais il espérait que la période la plus violente et brutale de sa vie était derrière lui, qu'il n'aurait plus jamais à traverser ce genre d'épreuve. Pour Alec, rien n'était réglé, et Andrea se sentait entièrement impuissant. Il demanda tout de même si la jeune femme concernée était au courant. Oui, si je suis venue dans cette ville, c'est pour elle. Je le lui est dis mais elle ne le prend pas autant au sérieux que moi. Il grimaça. Evidemment, les gens qui ne vivaient pas les choses n'en comprenaient pas l'ampleur. C'était pareil pour lui, au final, lorsqu'il racontait son passé. Les récits ne semblaient jamais décrire exactement la réalité, de toute façon. « Les gens comprennent pas ce qu'ils connaissent pas... j'crois qu'ils arrivent pas à imaginer » il répondit vaguement, généralisant la situation parce que c'était tellement vrai. Puis, ne pouvant se retenir, il posa encore des questions, demanda si les menaces étaient sérieuses... avant de s'excuser pour tout ça et sa façon d'insister. Ils ont supprimer ma famille au complet pour s'assurer que je resterais dans leur rang... Andrea déglutit. Il n'avait pas de grande expérience de la famille, étant donné que la sienne l'avait trahi et que c'était elle qui l'avait détruit... mais il pouvait imaginer malgré tout. Ça fait un petit mois que je suis là et je n'ai toujours pas de téléphone. Lina a voulu m'en prêter un, mais je ne veux pas qu'ils puissent me tracer. Il hocha un peu la tête, et se reconcentra quelques secondes sur son chocolat. Du coup, je sais pas trop quoi faire pour la protéger... avoua finalement Alec. C'était triste, et angoissant. Andrea essayait d'imaginer l'horreur de la situation dans laquelle était Alec, et il réalisait qu'il n'avait pas à imaginer beaucoup, parce qu'il avait failli perdre Bellamy, il avait vu son petit ami se faire poignarder sous ses yeux. Alors, il ne souhaitait pas ça à Alec, surtout pas. « La police... enfin j'imagine qu'ils t'ont pas cru » il dit en soupirant, réalisant vite que son idée était pourrie parce que bien sûr que les flics l'auraient envoyer se faire mettre. Ils le faisaient pour des histoires plus crédibles, plus banales, alors c'était certain qu'ils réagiraient ainsi. « J'suis pas d'une grande aide, c'est un peu hors de mon champ d'expertise » il s'excusa avec une pointe de sarcasme, parce que ça lui permettait de dé-dramatiser un peu. « Un détective privé ? Ca coûte, mais ça peut être vraiment utile » il proposa. Mais pour ça il fallait de l'argent, et trouver la bonne personne. Il avait entendu parler de quelques détectives très bons, alors c'était surtout l'argent le problème. « Tu sais, j'suis co-président d'une association... on aide des personnes LGBT, c'est le but de l'assoc', mais on a quelques chambres, des logements d'urgence... et si jamais y a besoin, j'veux dire, personne viendrait te chercher là-bas je pense » il proposa vaguement. Il essayait d'imaginer la situation... si les gens qui en voulaient à Alec arrivaient ici à Miami et venaient à sa recherche. Peut-être qu'au moins il pourrait l'aider à se cacher...

Il finit par raconter un peu plus son histoire, laissant bien sûr les détails de côté. IL ne connaissait pas encore Andrea pour se livrer complètement. Il le ferait peut-être avec le temps, mais pour le moment, c'était trop tôt. Bien trop tôt. Il lui confia juste que la secte avait supprimé toute sa famille et qu'il ne savait pas comment ni quoi faire pour protéger Lina. Il n'avait pas des moyens extraordinaire comme les gens riche pouvait se le permettre. Il n'avait pas d'arme non plus, il ne pouvait pas la protéger à armes égales par rapport à la secte. Il ne pouvait pas non plus prévenir la police. Cette dernière enquêterait alors sur lui et il se ferait embarquer manu-militari ! Il était coincé, mais il sous-demanda à Andrea s'il n'avait pas une idée. « La police... enfin j'imagine qu'ils t'ont pas cru » il dit en soupirant. Alec tiqua alors. Tergiversant dans son esprit s'il devait oui ou non lui révéler quelque chose de son passé. Il préféra alors en avouer que la moitié. " Les flics... C'est pas la peine. Ils servent à rien dans ces histoires-là. " Après tout, c'était une semi-vérité. Certes, ils ne servaient à rien, car dans 80% des cas, ils ne pouvaient rien faire contre eux faute de preuves. Mais ce qu'il ne pouvait dire à son parrain, c'est qu'il ne pouvait pas les contacter, car il avait des choses à se reprocher. Choses qui pouvaient l'envoyer tout droit dans le couloir de la mort.  « J'suis pas d'une grande aide, c'est un peu hors de mon champ d'expertise » Cela tira un petit sourire à Alec.« Un détective privé ? Ça coûte, mais ça peut être vraiment utile » il proposa. "Hum...Bonne solution...mais, pour le moment, j'ai pas de travail..." IL devait voir pour donner son CV à des garages qui recrutaient, mais il doutait fortement qu'il soit prit. Il ne pouvait pas justifier ses années de travail et ne pouvait en aucun cas, donner le numéro de téléphone de la secte. Il tenterait, mais il savait très bien qu'on ne lui donnerait pas le poste. « Tu sais, j'suis co-président d'une association... on aide des personnes LGBT, c'est le but de l'assoc', mais on a quelques chambres, des logements d'urgence... et si jamais y a besoin, j'veux dire, personne viendrait te chercher là-bas je pense. » Il sourit. Le jeune homme était gentil de lui proposer cela. " Merci, c'est vraiment sympa... Faudrait que tu me donnes ton numéro, que je te préviennes avant, si jamais... Enfin, tu vois..." Si jamais il était en danger, il appellerait et placerait en premier Lina pour la protéger. Lui, plus rien ne le retenait à présent, elle seule comptait ! Il laissa alors son parrain lui donner son numéro puis il bue une longue gorgée de son chocolat chaud. "Et tio, tu fais quoi depuis que t'es sortie de ton enfer? T'as un appart et tout?"

Les flics... C'est pas la peine. Ils servent à rien dans ces histoires-là. lui lança Alec après qu'Andrea ait proposé d'aller leur demander de l'aide. Il grimaça un peu, s'étant attendu à ça, et croyant sur parole son filleul. Il ne faisait aucunement confiance à la police. Pour lui, ils étaient pour la plupart corrompus, servaient leur propre agenda, et se mettaient toujours du côté des plus forts. Ce qui leur posait problème, ils préféraient l'ignorer pour ne pas avoir à faire face à une défaite dans le cas où les criminels s'en sortaient. Affaires de viols non poursuivis pour faute de preuve, attaques violentes et discriminatoires classées sans suites car la part de discrimination là-dedans ne pouvait pas être prouvée... Andrea n'était pas étranger à tout ça, et en général, les gens qui venaient demander de l'aide à l'association qu'il présidait venaient vers lui car les forces de l'ordre ne "pouvaient rien faire". Il proposa un détective privé, conscient du coût que ça impliquait. Hum...Bonne solution...mais, pour le moment, j'ai pas de travail... Andrea était à court d'idées. Il aimait aider les gens, proposer des solutions, mais là il était entièrement dépassé. Malgré ça, il décida de proposer un logement d'urgence à Alec, au cas où celui-ci se retrouvait pourchassé et en danger. Il ne savait pas dans quoi il s'embarquait, pour quoi il signait, parce que sans doute qu'il était en train de s'attirer le danger... Mais tant pis. Merci, c'est vraiment sympa... Faudrait que tu me donnes ton numéro, que je te préviennes avant, si jamais... Enfin, tu vois... Andrea hocha la tête, et il tendit légèrement la main, prêt à lui demander son téléphone pour  créer un contact, avant de se rappeler qu'Alec n'avait pas de portable, et il sortit donc un bout de papier de son sac à dos ainsi qu'un stylo et nota son numéro, avant de glisser vers son interlocuteur le papier en lui adressant un petit sourire. « N'hésite pas. Pour n'importe quoi, n'importe quand » C'était son rôle, sa mission, d'être prêt à être dérangé. De toute façon, il n'avait rien dans sa vie à part les études et l'association. Et toi, tu fais quoi depuis que t'es sortie de ton enfer? T'as un appart et tout? demanda ensuite Alec après avoir bu un peu de chocolat. Il hocha la tête. Peut-être que c'était une bonne idée de lui parler de sa réussite, de lui montrer qu'avec le temps, les choses pouvaient s'arranger. Mais la situation d'Andrea était aussi particulière, et ils ne pouvaient pas trop comparer non plus... « Oui ! Je suis vraiment bien installé avec Hector, ma tortue de compagnie » il répondit en souriant, toujours heureux de parler de sa petite bête. Cependant, il reprit un air un peu plus sérieux mais toujours doux, afin de continuer. « J'ai eu de la chance, et j'dois pratiquement tout à cette association, en fait. C'est eux qui ont exposé le centre où  j'étais, qui se sont battus pour faire prendre conscience aux autorités que y'avait des choses pas légales qui s'y passaient. Parce que clairement, en Arizona, la majorité des gens avaient un avis positif sur ce centre et sur la thérapie de conversion. Du coup... ça a été fermé, y'a eu plusieurs procès pour la direction, les médecins. Ca a fait un scandale, j'ai gagné beaucoup d'argent avec ça » il avoua, un peu gêné de parler de sa chance. Alors que tout ce qu'il avait fait, c'était subir puis témoigner et ne pas se laisser abattre. « Du coup, dès que ça s'est fini, j'ai décidé de reconstruire ma vie avec l'argent de ceux qui l'ont détruite... C'était une belle victoire. J'ai commencé des études et l'activisme, je me suis installé à San Francisco. Et là, j'suis à Miami depuis peu, j'ai un appartement qui va bientôt être à moi... C'est cool » dit-il. Cool et un peu gênant ! Il estimait avoir de la chance et avoir réussi sa nouvelle vie, mais Alec était encore en galère et venait à peine de retrouver le monde extérieur. Il se sentait coupable de lui exposer sa réussite. « Mais j'ai encore beaucoup de problèmes » il ajouta rapidement, parce que c'était la vérité. Cauchemars, blocages divers sur des choses de la vie de tous les jours, anxiété... Il ne savait pas si ça s'en irait un jour, ou si les traces resteraient pour la vie. « Comment tu vas ? Comment tu t'en sors ? T'as des symptômes ou des signes de stress post-traumatique ? » il demanda doucement après un silence, conscient que sa question était personnelle, mais ils étaient là pour ça, pour parler des effets néfastes de leur passé sur leur santé actuelle. Lui aussi en avait besoin, tout compte fait, d'échanger là-dessus avec quelqu'un qui avait peut-être un quotidien similaire au sien, chargé d'angoisses que la majorité des gens ne pourraient pas comprendre.

Alec n'avait pas de téléphone portable. C'était un choix prémédité. On ne pouvait pas le tracer ! Tout, comme il n'avait pas de compte en banque, n'y d'assurance sociale. Tout ce qu'il avait, c'étaient ses papiers d'identité. Il ne fallait juste pas se faire arrêter par les flics pour qu'il reste incognito. C'était la partie la plus facile de l'histoire ! Il demanda le numéro de téléphone de son parrain au cas où il est besoin de sa proposition. Andrea sorti un papier et un crayon, puis lui tendit son numéro fraîchement écrit sur le papier.   « N'hésite pas. Pour n'importe quoi, n'importe quand » Il prit le papier et le plia soigneusement pour ensuite le ranger dans son portefeuille avec sa carte d'identité. Il lui demanda ensuite ou il en était dans sa vie depuis sa sortie du centre, son enfer à lui. « Oui ! Je suis vraiment bien installé avec Hector, ma tortue de compagnie » il répondit en souriant. "T'as une tortue??? Délire c'est trop bien!!!" S'exclama Alex en souriant franchement pour la première fois. « J'ai eu de la chance, et j'dois pratiquement tout à cette association, en fait. C'est eux qui ont exposé le centre où  j'étais, qui se sont battus pour faire prendre conscience aux autorités que y'avait des choses pas légales qui s'y passaient. Parce que clairement, en Arizona, la majorité des gens avaient un avis positif sur ce centre et sur la thérapie de conversion. Du coup... ça a été fermé, y'a eu plusieurs procès pour la direction, les médecins. Ca a fait un scandale, j'ai gagné beaucoup d'argent avec ça » Alec le regarda alors avec de grands yeux admiratif. Il n'avait pas le même courage que le jeune homme. Lui, il avait fui face à la situation, préfèrent protéger Lina que de finir en prison pour avoir tué un homme, même si c'était en légitime défense.  "Du coup, dès que ça s'est fini, j'ai décidé de reconstruire ma vie avec l'argent de ceux qui l'ont détruite... C'était une belle victoire. J'ai commencé des études et l'activisme, je me suis installé à San Francisco. Et là, j'suis à Miami depuis peu, j'ai un appartement qui va bientôt être à moi... C'est cool» Alec lui sourit puis après avoir bu une bonne gorgée de son chocolat, arrivant au fond de sa tasse, il dit en souriant "Ouais, grave cool!" Il était content que pour le jeune homme ce se soit bien passer! Il pouvait se reconstruire et n'avais pus d'épée de Damoclès au dessus de la tête. « Mais j'ai encore beaucoup de problèmes » Il acquiesça comprenant tout a fait. On ne pouvait pas tout reconstruire comme ça. Il fallait encore du temps. Il avait aussi l'association et tout. « Comment tu vas ? Comment tu t'en sors ? T'as des symptômes ou des signes de stress post-traumatique ? » Il se mordilla la lèvre, ne sachant pas trop comment lui répondre. Il bu la petite goutte qui restait de son chocolat avant de se lancer. "Je... J'ai du mal a dormir... en intérieur...Je me sens... trop enfermé..."  Cela lui rappelait trop les fois où il avait été enfermé dans la cave et ou on l'avait torturé. Bien, souvent, il prenait sa couverture chez Lina et allait faire sa nuit une fois que les filles étaient coucher, dans le petit jardin, sur l'herbe. Là, il dormait à peu près bien et pouvait dormir 1h tranquillement avant que les cauchemars ne viennent hanter ses rêves.  Il s'arrangeait juste pour être de retour dans le canapé avant le réveil des filles. "Ils... Ils..." Il soupira puis regarda son parrain. "On peut sortir? " Il ne se sentait pas à l'aise pour parler de cela ici comme ça. Les deux jeunes hommes allèrent alors dehors après qu'Andrea eu finit son chocolat puis commencèrent à marcher. "Je leur es pas obéis au départ... Ils avaient... une... une cave... ou il me mettait... pour me punir dans ces cas là..." Il baissa le tête regardant le sol honteux de lui." Il me donnait pas à manger... me frappais...me faisait et me forçait à faire...des choses..." Il ne pouvait pas en dire plus pour le moment, le reste restait bloqué dans sa gorge.