Il s'était juré de ne pas se perdre dans cette illusion, ou plutôt dans ce qui semblait en être une tant c'était beau et agréable. Dès sa rencontre avec Chris et leur première nuit ensemble, Erwan s'était promis de faire attention, de ne pas s'habituer à tout ça. Il ne devait pas oublier qui il était, d'où il sortait, et où il retournerait. Il ne devait pas oublier qu'il était la pute et Chris le client et que même si parfois, ça n'avait pas l'air de ça, c'était nécessaire de garder ces détails en tête. Et surtout, de se souvenir que quelques heures après ça, il serait de retour à la main close, de retour au Birdcage, et il reprendrait sa vie normale. C'était la même chose chaque semaine, et à chaque fois, ça devenait un peu plus difficile de retourner à ça, après des moments si simples et doux avec Chris, avec un ami. Mais ce jour-là, c'était particulièrement intense, et après les évènements du week-end, la transition allait être violente. Erwan s'en voulait, et il s'en voulait de supplier Chris de lui donner encore un peu de ça, pour pouvoir tenir la semaine sans le voir. Sa petite dose d'affection et de tendresse, quelque chose qu'il pourrait chérir pendant ces jours où ils seraient séparés. Il se rendait bien compte qu'il s'accrochait à Chris comme à une bouée de sauvetage, et ce n'était surement pas sain, mais cela faisait un moment qu'il avait laissé tomber la possibilité d'une vie saine, normale. Il n'avait pas l'air d'être fait pour ça, de le mériter. Au lieu de penser aux choses négatives, il glissa contre Chris pendant de longues minutes, doucement, tendrement. Ils se caressèrent et restèrent collés l'un à l'autre, cherchant le contact entre leurs corps, se faisant plaisir et mélangeant leurs souffles, leurs gémissements. Partageant leurs mouvements, et leurs sexes se caressant l'un contre l'autre, ils finirent par jouir en même temps, et restèrent un moment après être retombés l'un contre l'autre. Erwan, couché sur le côté, aussi près de Chris que possible, calmant sa respiration et profitant encore du contact, de la présence du jeune homme. Ils avaient encore du temps, plus d'une heure, mais ça sentait la fin malgré tout. La mélancolie, peut-être. C'était toujours la même chose, mais cette fois-ci, avec tout ce qui s'était passé, ils semblaient liés l'un à l'autre plus que jamais. Ils restèrent un long moment silencieux, Erwan perdu dans ses pensées. Il se demandait s'il aurait une soirée chargée, des clients difficiles, si tout irait bien. S'il allait se faire charrier et questionner par des collègues, ou du moins, les deux ou trois garçons avec qui il échangeait parfois quelques mots et qui savaient qu'il sortait une fois par semaine avec un même client. Si le nouveau type baraqué, un peu étrange, qui faisait la sécurité devant sa porte depuis une petite semaine allait se montrer étrange à nouveau. Il rêvassait, essayait de se mettre en tête que bientôt, il quitterait la belle maison de Chris. J'ai pas envie que tu partes. Chris brisa ainsi le silence, et sa phrase était l'écho des pensées d'Erwan, même s'il cherchait à se convaincre lui-même que retourner au Birdcage était tout à fait normal, et que ça ne le dérangeait pas. Entendant ça, il lâcha un rire assez surprenant, qui n'avait rien de vraiment joyeux, mais qui reflétait plutôt leur situation sans grand espoir, sans autre issue. Un rire qui disait : on n'a pas le choix. Un rire qui s'était éteint aussi rapidement qu'il était apparu. Il laissa planer un petit silence, puis leva les yeux vers Chris, avec un doux sourire. « On se voit dans... six jours. C'est bientôt, six jours. Tu vas être occupé à installer tout ce qu'on a choisi aujourd'hui, puis ce sera le moment de se voir, et ce sera parfait » il lui dit d'une voix douce, pour le convaincre que la semaine passerait vite. Et peut-être pour se convaincre lui-même aussi. Six nuits, et il serait de retour. C'était peu, six nuits, il en avait passé tellement avant de connaître Chris, et ça n'avait pas semblé si dur, ça n'avait pas été insurmontable. Au contraire, maintenant qu'il avait Chris, il pouvait se dire que chaque semaine, il passait une superbe soirée. Il fallait voir le bon côté, l'aspect positif. Il avait de la chance d'avoir Chris, une chance immense. Un client, devenu un ami, qui avait assez d'argent et de coeur pour se payer les services d'Erwan une nuit par semaine, quelqu'un qui voulait le voir autant que ça et était prêt à tant ! Vraiment. Erwan ne pourrait jamais remercier assez la vie d'avoir mis Chris sur son chemin et d'avoir fait que les choses se passent ainsi. Un moment plus tard, ils quittèrent le lit, et se retrouvèrent sous la douche, se lavant mutuellement, ce qui était une fois de plus un moment si doux et agréable. T'es sûr que tes fesses vont bien ? demanda alors Chris, et Erwan sentait une toute légère brûlure, particulièrement là, sous la douche chaude, mais il n'aurait pas remarqué la sensation si Chris n'avait rien dit. Il hocha la tête en essayant de zieuter en direction de son postérieur. C'était pas mal rouge en effet. « Peut-être que ça dissuadera mes clients de ce soir de me mettre la fessée » il dit en plaisantant un peu. « Ou bien le contraire... » ajouta-t-il après brève réflexion. Ce n'était pas tout à fait acceptable de parler d'autres clients en présence d'un client, même si Chris était son ami, mais il se sentait tant à l'aise et libre qu'il laissait échapper quelques pensées, sans filtre. « Mais t'inquiète pas, ça va aller » il dit avec un petit sourire, déposant un baiser rapide sur la joue de Chris. J'ai l'habitude d'avoir mal, il se retint de dire. Lorsqu'ils furent sortis de la douche et séchés, Erwan n'avait pas encore envie de partir, ou même de penser à partir, et il retourna dans la chambre pour se laisser tomber sur le lit, s'étalant sur les draps, nu, les yeux sur le plafond. Il savait qu'ils avaient encore un peu de temps, parce qu'être à l'heure était très important pour lui, et il ne se permettrait pas de traîner ainsi s'il n'était pas certain qu'il le pouvait. Mais il comptait faire diversion encore un peu, profiter, étirer le temps. Il regarda un moment le plafond, les quelques ombres qui s'y dessinaient. « Si tu pouvais avoir n'importe quoi là maintenant, un seul truc, qu'est-ce que tu voudrais ? » il demanda, tournant la tête vers Chris avec un petit sourire en coin et ce qui semblait être des étoiles dans ses yeux verts.

Sous la douche, il plaisanta au sujet de ses fesses bien rouges. A vrai dire, si Chris était inquiet, Erwan de son côté était plutôt fier d'avoir sur son cul la marque de la main du jeune homme. C'était comme un trophée, un souvenir, quelque chose qu'il garderait quelques jours encore et à chaque fois qu'il verrait ça dans son miroir, il pourrait fièrement se dire que ça, c'est parce qu'il a été baisé par un dieu pendant son petit week-end, et qu'il avait adoré ça. Ca piquait un peu, mais il ne s'en rendait pas vraiment compte. Et même la sensation était apaisante, enracinante. Chris avait frappé de sa main, fort peut-être, mais pas aussi fort qu'il aurait pu. Erwan ne pensait pas avoir de bleus, pas comme il en aurait eu s'ils avaient utilisé autre chose. D'ailleurs, cette pensée fit germer une petite idée. Peut-être que ce serait à essayer, un jour, avec autre chose qu'une main. Mais en attendant, il rassurait Chris en riant un peu au sujet de ses clients du soir. J'espère. il fit simplement. Erwan était bien pour l'instant, et peu importait l'emploi du temps du soir au final, le simple fait de retourner là-bas était suffisant pour le rendre un peu mélancolique. Même s'il essayait de ne pas le montrer. Pour lui, n'avoir qu'un client ou en avoir dix, ça ne changerait rien ce soir. Dans tous les cas, il finirait tout seul dans son lit. Lorsqu'ils se retrouvèrent allongés sur le lit, les yeux vers le plafond, Erwan eut envie de parler un peu de tout et n'importe quoi, de profiter encore, et il posa une question peut-être un peu cliché, mais intéressante tout de même. Il laissa Chris caresser sa joue, déposer un baiser sur son nez. J'aimerais arrêter le temps pour pouvoir être avec toi plus longtemps. Erwan marqua un temps de silence et regarda Chris dans les yeux, parce qu'il ne s'attendait pas forcément à ça, que c'était beau, que ça le touchait. Puis il ne put s'empêcher de rire, pas un rire de moquerie, mais étant amusé par la situation, et heureux d'entendre ça tout simplement. C'était une réponse cliché, qui avait l'air de sortir d'un film romantique, et ça le faisait rire parce que Chris était tellement... « T'es très charmant ! » dit-il en riant, alors que son ami l'attirait contre lui. Il se retrouva serré contre son corps, et son rire se calma assez vite, alors qu'il se posait contre Chris et profitait simplement de ça. Je pense que je vais quitter mon boulot. Je m'ennuie et j'ai plus la tête a conseillé correctement les clients. Je vais continuer de jouer en bourse et trouver autre chose par la suite. Quoi ? Et c'était certainement très égoïste comme réaction, mais Erwan se demanda si ça n'allait pas avoir un effet sur eux deux, si ça n'allait pas obliger Chris à arrêter de le voir aussi souvent. "Et moi ?" il avait envie de lui demander. Moi, moi, nous... C'était beaucoup d'argent, et sans emploi, comment est-ce qu'il allait faire ? Et puis... « Je pensais que ton travail te passionnait... » il finit par souffler, ne comprenant pas trop ce qui arrivait soudain, mais acceptant la décision de Chris. Qui est-ce qu'il était pour avoir un avis sur sa vie professionnelle ? Ca ne le regardait pas du tout, et peut-être que Chris avaient d'autres priorités. Il avait beau tenir très fort à Erwan, il avait une vie aussi. Et toi, qu'est-ce que tu voudrais la tout de suite si tu pouvais l'avoir ? l'interrogea Chris, alors qu'Erwan était un peu bloqué dans ses pensées. Il ne sut pas quoi répondre à ça. Bizarrement, ça le laissait complètement paumé. « Je sais pas ce que je veux » il avoua simplement, honnêtement. C'était son problème. Il avait surtout à vrai dire l'impression de n'avoir envie de rien. Certes, il lui arrivait de passer devant un glacier et d'avoir envie d'un cône, ou d'être avec Chris et d'avoir envie de lui... Mais au-delà de choses simples et immédiates de ce genre-là, il était perdu. Il haussa les épaules et se tourna vers Chris avec un sourire. « On va dire que je voudrais savoir ce que je veux » il proposa en haussant un sourcil, avec un peu de malice, sachant très bien que sa réponse n'était pas tout à fait acceptable. Puis il retomba en arrière pour remettre sa tête là où elle était, se perdant à nouveau dans ses pensées, celles qu'il avait avant que Chris ne lui retourne sa question. C'était quelque chose qui revenait souvent, à chaque fois qu'il pouvait penser un peu et que ses pensées se tournaient vers Chris. Il se disait qu'un jour, Chris trouverait quelqu'un, et alors il devrait arrêter de voir Erwan. C'était normal, c'était sensé. Personne n'accepterait que son petit-ami aille une fois par semaine au bordel pour payer un garçon avec qui il passerait la nuit, même si c'était simplement pour se voir, amicalement. Alors tout ça, les petits rendez-vous de bonheur d'Erwan, c'était éphémère, ça allait cesser un jour ou l'autre. « Je sais que... c'est encore difficile pour toi, avec ton ex-femme, tout ça... mais... tu crois qu'un jour tu voudras de nouveau être amoureux ? Te marier, tout ça ? » il demanda timidement à Chris, sans le regarder et en jouant avec ses doigts. C'était gênant de poser cette question, surtout que ce qu'il cherchait à savoir, c'était s'il allait se retrouver seul bientôt. C'était purement égoïste, et il s'en voulait un peu. Mais il en était à un tel point qu'il se raccrochait à ce qu'il avait.

« Je pensais que ton travail te passionnait... » Chris haussa les épaules avant de répondre "C'était avant... depuis qu'Emily est parti... C'est plus pareil. J'ai l'impression que mon boulot n'a plus de sens. J'aimerais un truc plus fun."Il s'était lassé, trouvais son boulot chiant. Il avait envie de renouveau. Peut-être qu'en changeant de travail, il pourrait repartir du bon pied tout en continuant de voir Erwan. La douleur passerait peut-être. Il retourna ensuite la question au jeune homme. « Je sais pas ce que je veux » il avoua simplement. Il se tourna ensuite vers le jeune homme et ajouta: « On va dire que je voudrais savoir ce que je veux » il proposa en haussant un sourcil avant de retomber en arrière sur le lit. " C'est déjà pas mal. C'est une grande question et il faut du temps pour pouvoir y répondre.". Il caressa alors les cheveux du jeune homme puis descendit le long de son bras laissant ses pensées vagabondé sur ce qu'il pourrait faire à la place de son métier. Il faudrait déjà qu'il forme son successeur avant de pouvoir passer a autre chose, mais il y arriverait.  « Je sais que... c'est encore difficile pour toi, avec ton ex-femme, tout ça... mais... tu crois qu'un jour tu voudras de nouveau être amoureux ? Te marier, tout ça ? » La question prit le jeune homme au dépourvue. Il soupira en repensant à Emily et la chassa aussitôt de son esprit. " Franchement ? Je pense pas. Une fois, ça m'a suffi. Trop douloureux, trop de conséquences. J'essaye de me reconstruire pour le moment et je pense que ça va prendre pas mal de temps. Peut-être des années. J'avance doucement et je t'avoue que te voir me fait un bien inimaginable. Alors c'est peut-être égoïste, mais je prends ce que j'ai sans en demander plus." Même si sa semaine de 6 jours sans Erwan était galère, il savait qu'il avait 24h de répit et de bonheur. C'était déjà beaucoup par rapport a ce qu'il avait traversé et il se contentait de ça. Alors il allait changer de boulot et trouver quelque chose de plus attrayant qui lui ferait passer sa semaine aussi rapidement que s'il avait hiberné. Il regarda ensuite Erwan et lui souris. " J'ai encore un peu le temps en plus, j'ai que 30 ans, j'ai assez de fric a l'ombre pour ne pas bosser jusqu'à ma mort et si jamais je veux un enfant, y'en a tout un tas qui ne demande qu'à être adopté. Du coup, je ne vois pas trop l'utilité de souffrir pour rien". Il lui fit un clin d'œil puis ses doigts allèrent dessiner des formes imaginaires sur le ventre d'Erwan. Le jeune homme lâcha alors un rire et Chris recommença. "Ho ho, on dirait que quelqu'un ici est chatouilleux !" Dit-il malicieusement. Alors il attaqua le jeune homme de chatouille le faisant se tordre de rire. Il aimait beaucoup se rire et se dit que le jeune homme devrait rire plus souvent. Ils jouèrent ainsi plusieurs minutes avant de se calmer pour reprendre leurs souffles. " Tu te vois comment et ou dans 10 ans ? Tu te vois toujours à Miami ? Avec des enfants, un mari et tout ? "

C'était avant... depuis qu'Emily est parti... C'est plus pareil. J'ai l'impression que mon boulot n'a plus de sens. J'aimerais un truc plus fun. C'était sûr que son métir actuel n'avait rien de très fun, et Erwan se souvenait encore de la tête qu'il avait faite en apprenant ce que faisait Chris dans la vie. Eh bien, cette tête restait la même. Banquier, ça ne semblait pas bien réjouissant, mais jusque là, c'était la passion de Chris ! Alors bien sûr, Erwan était un peu surpris, mais la réponse faisait sens. Il hocha doucement la tête, signe qu'il comprenait. Lui aussi après tout, il avait mis fin à une carrière pour des raisons un peu plus complexes qu'un simple "le job ne me plait plus" et d'ailleurs, très peu de monde comprenait sa décision. Son frère par exemple, n'avait pas compris. Peut-être qu'Erwan aurait du lui dire clairement qu'il avait été victime de chantage sexuel de la part de l'un de ses producteurs, et que tout fonctionnait uniquement sur le business et l'argent, sans se soucier de l'art, dans tout ça. Mais bon. Après cette annonce et le temps qui suivit pour tout prendre en compte, Chris retourna la question à Erwan. Il ne sut y répondre, et dit donc honnêtement au jeune homme qu'il ne savait pas ce qu'il voulait, mais que savoir serait déjà un bon début. Peut-être aussi qu'il cherchait un peu à éviter de trop penser à des choses inaccessibles, à ce qui lui ferait mal. Erwan se laissa alors replonger dans les pensées de ce qui risquerait d'arriver un jour ou l'autre : Chris, se reconstruisant une vie avec quelqu'un, et faisant ses adieux à Erwan. Il savait bien que sa position, celle de la pute ou de l'escort, ça n'avait rien de définitif. Ce n'était pas une vraie relation, mais plutôt un contrat à durée déterminée. Déterminé à se finir le jour où Chris aurait quelqu'un, quand il n'aurait plus besoin d'Erwan. Le jeune homme essayait fort d'accepter cette éventualité, il n'avait pas d'autre choix, au final. Il lui demanda alors s'il comptait un jour retomber amoureux et refaire sa vie. Franchement ? Je pense pas. Une fois, ça m'a suffi. Trop douloureux, trop de conséquences. J'essaye de me reconstruire pour le moment et je pense que ça va prendre pas mal de temps. Peut-être des années. J'avance doucement et je t'avoue que te voir me fait un bien inimaginable. Alors c'est peut-être égoïste, mais je prends ce que j'ai sans en demander plus. Erwan hocha la tête simplement, juste un coup, tout petit, preuve qu'il écoutait attentivement. J'ai encore un peu le temps en plus, j'ai que 30 ans, j'ai assez de fric a l'ombre pour ne pas bosser jusqu'à ma mort et si jamais je veux un enfant, y'en a tout un tas qui ne demande qu'à être adopté. Du coup, je ne vois pas trop l'utilité de souffrir pour rien, finit-il, et c'était beaucoup d'informations pour Erwan. Chris voulait rester seul jusqu'à la fin de sa vie ? Mais... c'était tellement triste, surtout pour quelqu'un de si jeune, de si gentil et beau. Chris méritait de trouver une personne avec qui passer sa vie, le vrai grand amour. Ou juste l'amour. Quelqu'un qui pourrait l'aimer et le rendre heureux. Et même si ça voudrait dire la fin de leurs aventures, Erwan lui souhaitait un peu de trouver ce bonheur. Il fit interrompu dans ses pensées par des doigts sur son ventre qui le firent rire. Ho ho, on dirait que quelqu'un ici est chatouilleux ! Et effectivement c'était le cas, et il se tordait, riait, essayait de se venger. Ca dura quelques minutes, un combat acharné, jusqu'à ce qu'ils se lassent tous les deux. Tu te vois comment et ou dans 10 ans ? Tu te vois toujours à Miami ? Avec des enfants, un mari et tout ? Encore une question sortie de nulle part. Erwan n'en savait rien du tout. Il ne voyait pas aussi loin que dix ans. Il y a quelques mois encore, il aurait répondu qu'il se voyait marié à Orel, avec un ou deux enfants, un beau petit succès dans la musique. Mais aujourd'hui, il ne pouvait pas répondre. En réalité, il ne se voyait pas dans dix ans. Il ne pensait pas qu'il existerait encore, ou plutôt, il se sentait incapable de se projeter. « Je... je me vois pas. Je sais pas, c'est loin dix ans » il répondit d'abord. « Je pense pas que j'aurai une vie comme ça un jour. Une famille... Non » il souffla doucement en regardant le plafond. Tout ce qu'il voyait pour le futur, c'était des clients et des clients et s'il regardait plus loin, c'était noir. Une immense zone noire, tout simplement. Le vide. Il savait qu'il ne sortirait pas de son milieu, de sa situation, c'était impossible. Que ferait-il d'autre ? Il ne voyait même pas de raison d'arrêter ça, il n'avait pas d'autres ambitions. Il soupira un peu, puis se redressa doucement pour se leveret commencer à rassembler ses affaires. A chaque fois qu'il partait de chez Chris, et encore plus cette fois-ci, il avait l'impression de remballer sa vie entière, de faire ses valises pour un long voyage. Il ne voulait rien oublier, et prit soin de tout ressembler sur le lit. Il n'y avait pas grand chose, ses vêtements et sa tenue de la veille, quelques accessoires en vrac, ses papiers. Il se rassit sur le lit, un peu plus timide qu'avant, restant sur le bord, les mains sagement coincées entre les cuisses. « Tu sais, tu dis que t'as beaucoup d'argent... je veux juste être sûr que... tu ruines pas tout pour me voir, enfin... je veux juste pas que tu regrettes un jour » il chuchota doucement, très peu sûr de lui. Il risqua un regard vers Chris, puis retourna se concentrer sur ses ongles avec lesquels il jouait. Zieutant en direction du réveil, il vit l'heure. « On devrait y aller bientôt » dit-il en se levant, et il commença à s'habiller. Il n'avait pas besoin de trop se faire beau, et enfila juste un t-shirt et un jean. De toute façon, dès que Chris serait parti, il filerait dans sa salle de bain pour se préparer à accueillir ses clients. Mais pour le moment, il avait encore un peu de temps avec Chris, et comme à leur habitude, ils prenaient de l'avance pour pouvoir encore se poser un moment dans la chambre d'Erwan.

Il avait parlé à Erwan à cœur ouvert, lui expliquant qu'il ne s'imaginait pas avec quelqu'un dans l'avenir. Il avait assez souffert. Il avait perdu Emily et avait bousillé son amitié avec Lukas. C'était beaucoup trop pour son mètre 90. Il pouvait paraître fort, mais en ce moment, il était faible. Alors s'aventurer sur ce terrain au risque de refaire la même connerie ou pire ? Il préférait rester seul et se contenter de conquête d'un soir s'il avait des besoins. Pour la tendresse et pour parler, Erwan était là. Il lui demanda ensuite comment le jeune homme se voyait dans 10 ans et scruta son visage. « Je... je me vois pas. Je sais pas, c'est loin dix ans » il répondit d'abord. « Je pense pas que j'aurai une vie comme ça un jour. Une famille... Non » il souffla doucement en regardant le plafond. Chris trouva sa très triste, mais se rendit compte que visiblement, le jeune homme allongé à côté de lui avait autant souffert que lui. Ce n'étaient pas les mêmes histoires, mais, le résultat était le même. Il entrelaça alors ses doigts au siens lui faisant comprendre ainsi qu'il comprenait. Au fond, ils se ressemblaient tous les deux et étaient faits pour être ami. Des amis un peu spécial qui a présent couchaient ensemble et pour Chris, qui avait besoin de ce contact aussi proche avec le jeune homme, comme le prendre dans ses bras ou lui caresser les cheveux. C'était comme une drogue. Il n'était pas prêt d'abandonner Erwan et attendrait sa prochaine visite avec impatience.  Le jeune homme se releva ensuite pour rassembler ses petites affaires et Chris plissa le nez. Dans une bonne heure, il serait de nouveau seul. Ho, il pouvait commencer à préparer la pièce, il avait beaucoup de boulot. Il fallait qu'il la vide, qu'il commence à assembler les deux grosses pièces et aller acheter un lit et des draps ainsi que des meubles mais il n'aurait personne qui lui tiendrait compagnie et avec qui il pourrait échanger comme il le faisait avec Erwan. Ce dernier vint se rasseoir sur le lit et joua avec ses doits. Chris avait remarqué que quand le jeune homme faisait cela, c'est qu'il était nerveux. Il se redressa alors attendant que le jeune homme prenne la parole.  « Tu sais, tu dis que t'as beaucoup d'argent... je veux juste être sûr que... tu ruines pas tout pour me voir, enfin... je veux juste pas que tu regrettes un jour » il chuchota nerveusement avant de regarder l'heure après un coup d'oeil a Chris « On devrait y aller bientôt » dit-il en se levant, et il commença à s'habiller. Chris émit un petit rire et sauta littéralement du lit. Il prit un boxer dans son tiroir et l'enfila. Il mis ensuite son jean et son t-shirt et attendit que le jeune homme est finit de s'habiller. Il alla se placer devant lui, luis prit la main et lui souris. "Suis-moi, je vais te montrer mon secret. Personne n'est au courant. Tu es le premier à qui je vais montrer ceci !" Lui dit-il avec un grand sourire fier de lui. Ils allèrent jusqu'au bureau et Chris pris son ordinateur. Ils allèrent ensuite s'asseoir dans le canapé et il fit s'asseoir Erwan tout près de lui. Il alluma l'ordinateur puis ouvrit plusieurs page internet en passant par le darknet. Il avait bien sûr une adresse IP fantôme histoire qu'on ne le trace pas et qu'on ne puisse pas s'attaquer à ses comptes. Il se connecta alors sur tous ses sites de banque pour aller sur le solde de chacun. Il sourit ensuite à Erwan et lui montra le premier compte ou s'affichais la somme de 978 645$. Il alla sur le second qui affichait un montant de 578 968$ puis sur un troisième qui affichait là la modique somme de 18 241 034$. Le quatrième lui affichait 327 021$ et enfin, le dernier, son compte principal en Amérique, affichait quant à lui 23 041 avec un livret accrocher au compte d'un montant de 103 452$. Il regarda Erwan dans les yeux et lui dis en souriant "Quand, je te dis que j'ai de quoi vivre sans travailler jusqu'à ma mort, c'est réel Erwan. Je joue en bourse et je suis doué. Tout cet argent que tu vois là, ce son des pari réussi en bourse. Comme je ne m'achète pas des truc super extravagant, je ne dépense pas grand chose. T'as pas de soucis a te faire." Il lui caressa la joue puis referma son ordinateur. Il se leva ensuite pour se placer devant Erwan. Il lui tendit la main pour qu'il se lève et le prit par la taille pour le rapprocher de lui. Il reprit alors son visage dans ses mains et le regarda droit dans les yeux pour qu'il voie la sincérité dans son regard." Jamais je ne regretterais de te connaître et de vivre ce qu'on vit ! L'argent, je m'en fous clairement, c'est qu'un chiffre donné. Les dollars pourraient être des caillou ou des fleurs! Tu me fais du bien Erwan ! Je ne parle pas sexuellement, ça, c'est.... Wahou, mais je te parle mentalement. Quand je suis avec toi, j'oublie tout ! Mes problèmes, ma douleur, ma tristesse, tout ! Je n'échangerais pour rien au monde la journée qu'on passe ensemble chaque semaine ! Jamais !".

Il ne voulait pas que Chris pense qu'il en avait marre de lui, ou que ça l'embêtait d'être là. Ce n'était pas ça du tout, bien évidemment. Mais Erwan n'avait jamais eu beaucoup de confiance en lui, et il se demandait bien ce que son ami pouvait lui trouver de si génial pour être prêt à payer chaque semaine pour le voir quelques heures à peine. Déjà, l'idée de payer un inconnu pour coucher avec lui, Erwan avait du mal à la comprendre. Mais c'était la base de son travail, et si ses clients avaient besoin de ça et était prêts à donner de l'argent pour ça, alors il ne posait pas d'autres questions. Mais Chris... Chris avec qui il avait passé plusieurs journées sans rien faire de tel, comme si c'était normal, comme s'il n'était pas son client. C'était tout de même assez particulier. Alors, Erwan lui souffla doucement qu'il ne voudrait pas qu'un jour il regrette d'avoir mis tant d'argent dans quelque chose de si... il ne trouvait pas de mot. Erwan s'habilla, et Chris en fit de même, avant de lui prendre la main. Suis-moi, je vais te montrer mon secret. Personne n'est au courant. Tu es le premier à qui je vais montrer ceci ! Oh, ok. Erwan était plutôt surpris, et très curieux tout à coup. Il suivit son ami, qui semblait très heureux d'aller lui dévoiler son secret. Installé à côté de lui sur le canapé, l'ordinateur étant visiblement le centre d'attention, Erwan regarda ce que faisait Chris. Il n'y comprit pas grand chose et se contenta d'attendre que ça fasse sens,ou de reconnaître à peu près ce qu'il avait sous les yeux. Au final, il se retrouvèrent devant des sites de banques diverses, et Erwan comprit que le montant à chiffres multiples était le solde... Et oh, il y en avait encore, et encore. Plein de comptes. C'était assez destabilisant, et lui qui n'avait jamais donné beaucoup d'amour ou d'attention à l'argent, il avait du mal à réaliser. Mais il ne pensait pas avoir déjà vu des sommes avec autant de chiffres. Il se retint de faire le moindre commentaire, même s'il se demandait si tout ça était légal, et si Chris ne risquait pas d'avoir des problèmes. Ca l'angoissait un peu, soudain. Mais bon, il devait bien savoir ce qu'il faisait, il avait l'air dans son élément. Quand, je te dis que j'ai de quoi vivre sans travailler jusqu'à ma mort, c'est réel Erwan. Je joue en bourse et je suis doué. Tout cet argent que tu vois là, ce son des pari réussi en bourse. Comme je ne m'achète pas des truc super extravagant, je ne dépense pas grand chose. T'as pas de soucis a te faire. Il faillit lui dire que pour le coup des trucs extravagants, il n'en était pas certain, et la preuve était dans des cartons au milieu du salon. Mais ça, c'était un peu de sa faute aussi. Sans doute même que payer Erwan toutes les semaines, c'était un peu extravagant aussi. Mais si c'était sa seule extravagance... Soit. « Okay » fit-il doucement en hochant la tête. Le moment des secrets était visiblement terminé, et Erwan garderait ça précieusement, c'était certain. Se retrouvant debout, face à Chris, il laissa le jeune homme prendre son visage dans ses mains. Erwan ne savait pas trop à quoi s'attendre maintenant, mais il se laissa faire sagement, plongea son regard dans le sien. Jamais je ne regretterais de te connaître et de vivre ce qu'on vit ! L'argent, je m'en fous clairement, c'est qu'un chiffre donné. Les dollars pourraient être des caillou ou des fleurs! Tu me fais du bien Erwan ! Je ne parle pas sexuellement, ça, c'est.... Wahou, mais je te parle mentalement. Quand je suis avec toi, j'oublie tout ! Mes problèmes, ma douleur, ma tristesse, tout ! Je n'échangerais pour rien au monde la journée qu'on passe ensemble chaque semaine ! Jamais ! Ca vendait du rêve, et Erwan essaya de ne pas se laisser trop embarquer, de ne pas se laisser trop charmer. Parce que Chris était charmant, dans le sens le plus pur et premier du terme. Il lançait des charmes, des sorts, et Erwan était si facile à embarquer dans ce genre de choses, avec de jolies phrases et un peu de poésie. Il chercha à rester connecté à la réalité, rit un peu en entendant parler de cailloux et de fleurs... Et sourit tendrement lorsque Chris lui parla à coeur ouvert de ce que ces rendez-vous étaient pour lui. Erwan... il n'osait pas. Pour lui aussi, ça représentait beaucoup, mais il ne voulait pas être trop intense, trop sentimental ou trop attaché. Un client pouvait s'attacher, mais lui, il ne devait pas. C'était dangereux. Il se mentait à lui-même en prétextant ne pas l'être déjà... mais voilà, il ne pouvait pas le dire, pas pour l'instant. « Tu es tellement gentil » il lui dit doucement en le regardant avec de grand yeux et glissant le bout de ses doigts sur son visage, ses lèvres. Un sourire se dessina sur le visage d'Erwan. « J'espère que t'es pas secrètement un serial-killer » il ajouta en riant un peu, puis serra Chris dans ses bras, innocemment, chastement, comme un gamin serrerait son père. Au final, il se détacha de lui, et retourna dans la chambre pour prendre ses affaires, Chris faisant de même, et après un tour de la maison, ils prirent la route en direction du Bridcage. En direction de là où Erwan passerait les six prochaines nuits. Comme à leur habitude, ils arrivèrent assez tôt, et montèrent un temps dans la chambre. C'était bien rangé cette fois-ci, car ils n'y avaient pas été la veille, mais Erwan commença tout de même son tour habituel de la pièce, se tournant parfois vers Chris avec un petit sourire sur les lèvres. Il prit ensuite le planning de la soirée, et commença à regarder. C'était une soirée chargée, tous les créneaux étaient remplis. Disons qu'il ne s'était pas trop attendu à ça, mais ça irait, il ferait avec. Assis à côté de Chis et analysant la feuille, il regarda les noms pour essayer d'imaginer un peu à quoi allait ressembler la soirée. Il reconnut le dernier nom, et son visage s'assombrit un tout petit peu. Il n'aimait pas trop ce client là, et pour le coup, c'était certain que ses fesses allaient morfler. C'était presque drôle, l'ironie de la situation, alors que quelques heures plus tôt, ils parlaient de ça, justement. Il tenta rapidement de cacher son expression, il ne voulait pas que Chris pose des questions. Et il tourna la tête vers lui en trouvant n'importe quoi à dire pour faire diversion, masquer son malaise. « La semaine prochaine on pourrait aller à ce restaurant au centre-ville où y'a plein de chiots à caresser pendant qu'on mange ? » il proposa avec peut-être un peu trop de joie... même si l'idée de caresser des chiots était très joyeuse.

Chris trouvait cela attendrissant de voir à quel point Erwan s'inquiétait. En effet, il dépensait plusieurs milliers de dollars chaque semaine pour pouvoir passer 24h avec le jeune homme, mais il s'en foutait. Il avait amassé pas mal d'argent depuis ses 10 dernières années en jouant en bourse, a tel point qu'il pourrait vivre sans travailler jusqu'à sa mort. Chris ne dépensait rarement plus que son salaire de banquier ce qui faisait que tout ce qu'il gagnait en jouant allait sur ses comptes offshores. La dernière fois qu'il avait dépensé un petit paquet d'argent, sans compter les achats fait le jour même au sex-shop, c'était pour rembourser le prêt étudiant de Lukas. Chris était comme ça, il ne dépensait pas trop par ce qu'il n'en avait pas besoin, mais, quand un ami était dans le besoin, il l'aidait avec un très grand plaisir. Alors, aujourd'hui, pour calmer l'inquiétude de son ami, il lui montra ce qu'il n'avait jamais montré à ses amis : ses comptes en banque. Il prit ensuite son visage dans ses mains et le regarda droit dans les yeux. Il lui dit ensuite que jamais il ne regretterait d'avoir rencontré le jeune homme, qu'il était sa boué dans se monde de merde, son rayon de soleil sous la pluie. Après tout, quand on regardait bien, l'argent, c'était un truc de riche pour donner une étiquette au gens, on pouvait très bien remplacer les dollars par des sacs de blé ! C'est comme cela que ça marchait avant qu'on invente l'argent et l'or comme "monnaie d'échange". « Tu es tellement gentil » il lui dit doucement en le regardant avec de grand yeux et glissant le bout de ses doigts sur son visage, ses lèvres. Un sourire se dessina sur le visage d'Erwan. « J'espère que t'es pas secrètement un serial-killer » il ajouta en riant un peu avant de prendre le jeune homme dans ses bras. " Pas de soucis là dessus." répondit Chris en riant un peu lui aussi. Les deux jeunes hommes allèrent ensuite rassembler leurs affaires. L'heure était venue pour eux de reprendre la route pour ramener Erwan à son travail. Ils prirent ensuite le chemin qui menait à la maison close et allèrent dans la chambre du jeune homme. Chris observa Erwan évoluer dans la chambre, préparant ses affaires pour la soirée, regardant son planning qui ne laissait aucun créneau de repos. Il vit d'ailleurs quelque chose passé dans le regard du jeune homme, mais cela passa aussi vite que c'était venu. « La semaine prochaine on pourrait aller à ce restaurant au centre-ville où y'a plein de chiots à caresser pendant qu'on mange ? » il proposa joyeusement ce qui fit sourire Chris. " Bien sûr, si tu veux après on pourrait aller se baigner!" Ils pourraient ainsi passer une belle petite journée sympathique pleine de joie. Chris repensa ensuite à un courrier qu'il avait reçu quelques jours plus tôt pour une exposition VIP d'un grand artiste, qui exposait le soir ou Chris et Erwan devait se voir. "Si tu veux, j'ai deux places pour l'expo d'art en avant-première d'un grand artiste le soir où on se voit, si ça te dit, on pourrait aller refaire le monde encore une fois avec toutes ses œuvres !" Lui dit-il en souriant. Erwan tenait toujours son planning. D'ordinaire, il le regardait et le remettait à sa place, mais là, il l'avait toujours. Chris jeta un autre coup d'œil au papier et interrogea Erwan : "t'es sûr que ça va aller ce soir ? "

Après avoir serré Chris dans ses bras et plaisanté un peu avec lui, il retourna chercher ses affaires, et il fut ensuite temps de quitter la belle maison pour retourner sur son lieu de travail. La maison close. Le Birdcage. Sa chambre, sa prison. Le mot était peut-être fort, parce qu'en réalité, il pourrait certainement s'en aller. Il n'avait jamais essayé, n'avait jamais voulu, mais ce n'était ps encouragé. A vrai dire, il n'avait jamais entendu parler de quiconque qui ait subitement cessé de travailler là-bas et qui soit ensuite parti. Il connaissait peu de monde, mais aucune connaissance qu'il ait eue n'avait quitté les lieux. Alors bon, même s'il pensait que son départ, s'il le souhaitait, pourrait être difficile, le mot prison était probablement un peu fort. En tous cas, il y avait des règles et des horaires très stricts à respecter. Il ne voulait surtout pas que Chris se fasse mettre en liste noire pour avoir gardé Erwan trop longtemps et chamboulé les plannings. Ils arrivèrent donc avec un peu d'avance, toujours assez pour se poser dans la chambre, et qu'Erwan ne soit pas tout seul pendant qu'il faisait le tour de ses affaires. Une fois un premier tour fait, il prit son planning du soir et s'installa sur le lit à côté de Chris pour regarder qui il allait voir ce soir. La soirée était remplie, de la première à la dernière heure. Il allait devoir s'économiser avec les premiers clients et bien gérer son énergie, mais il commençait à avoir l'habitude. Cependant, son sourire s'effaça lorsqu'il arriva sur un des noms, et ses yeux perdirent un peu de leur lumière. Mais il sentit le regard de Chris, et masqua le tout très rapidement, en le lançant sur un sujet agréable pour faire diversion. Bien sûr, si tu veux après on pourrait aller se baigner! dit-il. Erwan hocha positivement la tête avec un petit sourire... même si la baignade ne se ferait certainement pas. Du moins, pas s'il s'agissait d'un bain public. Il ne voudrait pas s'exposer en public avec son corps ruiné. Si tu veux, j'ai deux places pour l'expo d'art en avant-première d'un grand artiste le soir où on se voit, si ça te dit, on pourrait aller refaire le monde encore une fois avec toutes ses œuvres ! Erwan sourit, il avait entendu parler de cette expo, mais ne savait pas encore s'il aurait la chance d'y aller. Visiblement, la chance était de son côté. « Ouiiii je veux » il dit en adressant un sourire à Chris. Ce serait vraiment génial de refaire ça, une petite expédition dans les galeries, tous les deux. Mais il ne pouvait pas trop s'enthousiasmer ce soir, non, d'abord, il devait penser à la soirée qui s'annonçait. Il baissa à nouveau les yeux vers le planning en se mordant la lèvre. T'es sûr que ça va aller ce soir ? demanda Chris, la voix tirant Erwan de ses pensées pas très joyeuses. Il avait oublié subitement que son visage était un livre ouvert, que c'était si facile quand il ne faisait pas attention de lire ses émotions et pensées. « Oui... je... ça va aller » il préféra se convaincre, secouant la tête pour chasser le reste. Il se leva, laissant le papier sur le lit pour aller se charger d'un tiroir puis d'un autre. « Je pensais que la soirée serait plus courte, c'est tout » il mentit, car ce n'était pas ça la raison de sa baisse de moral. Ca se sentait tellement qu'il racontait n'importe quoi, ou plutôt que ce n'était pas la complète vérité, et que son sourire était forcé, qu'il minimisait le trouble. Il ne voulait pas que Chris se pose des questions ou qu'il s'inquiète. Ils passeraient une semaine sans se voir, et il ne voulait pas que Chris ait trop de questions en tête pendant tout ce temps. Cependant, alors qu'il avait fini de tout vérifier sauf l'armoire, il retourna près du lit et sentit bien le regard du jeune homme, et à quel point il se les posait déjà, ces questions. Erwan ne se mettait généralement pas dans des états pareils, mais là, c'était la transition qui était difficile. C'était comme une chute, et il avait l'impression que ce dernier nom sur la liste, c'était le moment où il toucherait le sol et se briserait tous les os. Alors que la réalité était beaucoup moins violente, c'était du moins une réalité qu'il connaissait. Aller vers l'armoire pour le moment semblait trop difficile, ça rendrait les choses trop réelles, et il avait envie de repousser ce moment encore un peu, faire comme si de rien n'était. Il s'assit à nouveau sur le lit, à côté de Chris, le planning sur ses genoux. « C'est juste... Le dernier client, je l'aime pas trop... Il... » Erwan ne termina pas sa phrase, s'interrompit en se mordillant la lèvre, préférant ne pas en dire plus. Il ne voulait pas embêter Chris, et ses petits problèmes étaient insignifiants. Il avait passé des heures avec ce type, même si ça n'avait pas été très agréable. Ce soir ne serait pas pire. Le seul qui empirait les choses, c'était Erwan lui-même.

Ils étaient revenus dans la chambre d'Erwan à la maison close et plus les minutes avançaient et plus Chris sentait une boule se former dans son estomac. Il allait devoir bientôt quitter le jeune homme et reprendre le fil de sa vie si insipide. Il essaya de se remonter le moral en proposant au jeune homme d'aller à la plage après le restaurant où l'on pouvait caresser les chiens en mangeant puis il lui avait proposé une sortie le soir pour voir un artiste qui exposait en avant-première. Erwan laissa échapper un oui très enthousiasme qui fit sourire Chris de toutes ses dents. Malheureusement, le regard d'Erwan s'assombrit ensuite et Chris lui demanda si ça allait aller quand il serait reparti.« Oui... je... ça va aller »Dit-il en secouant la tête. Il se leva laissant le planning sur le lit pour aller voir des trucs dans ses tiroirs. « Je pensais que la soirée serait plus courte, c'est tout » Chris regarda attentivement le jeune homme et vit clairement que ce qu'il disait n'était pas ce qu'il pensait réellement. Il s'inquiéta alors pour Erwan, se demandant s'il ne devrait pas plutôt le prendre par la main et l'emmené tout de suite chez lui. Il n'aurait comme ça plus besoin de travailler et de faire des longues soirées qui le fatiguaient beaucoup trop. Il regarda le jeune homme revenir s'asseoir près de lui et l'interrogea du regard. « C'est juste... Le dernier client, je l'aime pas trop... Il... » Chris attendit la suite, mais elle ne vint pas. Il inspira profondément et vint se mettre à genoux devant le jeune homme. Il chercha à capter son regard et lui demanda : "il?". Erwan ne répondit toujours pas, mais, on voyait clairement qu'il était stressé. Chris caressa la joue du jeune homme avec sa main et lui fit un petit sourire encouragent. " Tu peux tout me dire Erwan ! On est ami non ?". Des amis très spéciaux pensa Chris, mais il ne le dit pas. Il avait dit au jeune homme ce qu'il ressentait plus tôt et il ne servait à rien d'en rajouter. Alors que le jeune homme allait parler, la "patronne" vint toquer à la porte pour nous prévenir qu'il ne restait plus que 5 minutes. Chris ce senti mal, très mal, d'autant plus que le jeune homme n'avait toujours pas dit ce qui lui tracassait l'esprit. Il soupira alors et alla fermer la porte a clef. Il revint avec la clef, la montra au jeune homme et lui dit : "Je ne partirais pas tant que tu ne me diras pas ce qui t'embête !"