Il était complètement déstabilisé, et pourtant, ça ne lui arrivait jamais de perdre autant sa contenance. Mais après avoir passé ces dernières heures avec Chris, le changement était violent. Sans doute qu'il était encore dans sa petite bulle, sur son nuage de bonheur, et que lire ce nom sur ce papier avait été brutal. Un violent rappel à la réalité. Il ne parvenait pas à se calmer et s'en remettre, et c'était bien ça le pire, et ce qui faisait par la même occasion qu'il était incapable de penser à autre chose. Il fit le tour de la chambre, et se retrouva vite incapable d'aller vers l'armoire. L'ouvrir, et mettre en ordre tout ce qui s'y trouvait, ce serait bien trop réel, ça voudrait bel et bien dire que ce gars allait se pointer dans quelques heures. Il voulait prendre encore un peu de temps, s'assit sur le lit à nouveau. Planning à nouveau sur les genoux, il se mordit la lèvre inférieure. Il avait commencé sa phrase, mais décida de ne pas aller au bout, parce que c'était quelque chose qui ne se faisait pas : parler d'un client en présence d'un autre. Chris alla alors se mettre à genoux devant lui, tenta de capter son regard. Il? Erwan l'ignora, ou plutôt, il refusa de répondre. Evidemment, Chris insista, posa sa main sur la joue d'Erwan pour la caresser, lui sourit pour le pousser à lui parler. Ce n'était pas assez. Tu peux tout me dire Erwan ! On est ami non ? il poussa encore. Et oui, ils étaient amis, et Erwan se sentait mal de refuser d'ouvrir la bouche, mais il ne voulait vraiment pas... Même si se confier à Chris lui donnait envie, il savait que ça n'apporterait rien de bon. Il n'aimait pas les questions, ne voulait pas que Chris en pose, parce qu'il arriverait bien une question qui déclencherait quelque chose de mauvais... Erwan en était sûr. Il passa sa langue sur ses lèvres, mais on toqua, et la voix d'une des hôtesses se fit entendre. Il ne leur restait plus beaucoup de temps. Un coup de poing de plus dans le ventre d'Erwan. Le compte à rebours était lancé, et très bientôt, Chris allait partir et le laisser seul et la réalité viendrait toquer à la porte. Lorsque Chris se leva, Erwan le suivit du regard et fit de grands yeux en le voyant fermer la porte à clé, et ramener la clé jusqu'au lit. Je ne partirais pas tant que tu ne me diras pas ce qui t'embête ! il dit, et Erwan était encore plus stressé maintenant, paniquant presque. Ce n'était pas une bonne idée du tout, pas du tout non. Il fallait rouvrir la porte tout de suite. « Qu'est-ce que tu fais ? Tu peux pas faire ça... » il dit d'abord, fixant la clé du regard. Pourquoi est-ce que Chris faisait ça ? Ils allaient s'attirer des ennuis ! Erwan ne voulait pas ça, surtout pas, et il n'avait pas la tête à s'inquiéter de ça en plus de sa soirée à venir. Et voyant que Chris ne bougeait pas, il soupira et décida que c'était le moment de parler. « Il sent très fort l'eau de cologne. Il me met toujours un bandeau sur les yeux, je vois rien du tout, je sais jamais ce qui va arriver, ça fait peur, c'est tout » il dit, et rien qu'y penser, ça le stressait un peu. Il détestait vraiment ça, être attaché les mains dans le dos et vulnérable, et en plus, être dans le noir complet. Ca le faisait paniquer, et il savait que ce soir, il lui faudrait un long moment pour pouvoir se calmer et s'endormir. C'était idiot, il s'en rendait compte, mais c'était comme ça. Il s'approcha de Chris pour reprendre la clé et aller la tourner une fois dans la serrure, pour ouvrir celle-ci, avant de revenir près du lit. « Il m'appelle sa "petite salope" et il me fait le supplier de me laisser sucer sa queue et de me baiser » ajouta subitement Erwan en arrivant à la hauteur de Chris, osant un regard vers lui. Vu que les minutes filaient et qu'il avait commencé, il alla ouvrir l'armoire et mettre les objets à leur place. Se retrouvant avec dans chaque main un objet que son futur client affectionnait particulièrement, il se tourna vers Chris en brandissant d'abord une tapette rigide en cuir, puis un plug vibrant. « Il aime me taper le cul avec ça, et me foutre ça dedans et me regarder me tortiller. J'crois qu'il se branle en même temps, enfin, j'ai les yeux bandés, mais d'après les bruits... » il expliqua à Chris. Il y avait une part de provocation, l'envie soudaine de heurter son ami, de le choquer peut-être. Il avait demandé des explications, et Erwan les avait donc données, tout simplement. Ca faisait un petit peu de bien, parce qu'avec tout ça, il avait évacué un peu de son stress, mais voyant l'heure, il réalisait que bientôt Chris allait partir. Il rangea tout dans l'armoire  et la referma doucement, comme s'il pouvait étirer le temps, avant de se tourner vers Chris en se pinçant les lèvres. Il s'adossa un moment à l'armoire en fixant son regard dans celui de Chris, avant d'oser lui faire un tout petit sourire en coin, peut-être pour mieux faire passer le sentiment de tristesse qui était en train de le gagner. Il ne voulait pas que leurs deux dernières minutes soient plongées dans un nuage de déprime, et finalement, il avança vers Chris. Il passa ses bras au-dessus de ses épaules et dans son dos pour le serrer fort contre lui, respirer son odeur, enfouir son visage dans son cou.

Chris s'inquiétait pour son ami. Celui-ci ne voulait pas lui dire ce qui le tracassait ce qui inquiétait de plus en plus Chris. Ils avaient passé 24h magnifiques et pensaient pouvoir se quitter comme à chaque fois. Malheureusement, Chris avait du mal à quitter Erwan comme si de rien était. Plus les semaines passaient et plus c'était un déchirement de le laisser ici. Il ne savait pas ce qu'était ce sentiment étrange, mais ce qu'il savait, c'était que le jeune homme lui faisait du bien. Quand il était avec lui, tous ses problèmes s'envolaient ! Adieu Emily, son cœur brisé et ses soucis de drogue et d'alcool, pendant 24h, il ne prenait rien et n'avait plus mal ! Alors forcément, c'était normal qu'il s'attache autant au jeune homme, non ? Ce dernier ne voulant rien dire, Chris alla fermer la porte a clef et attendit qu'Erwan lui dise ce qui le travaillait. « Qu'est-ce que tu fais ? Tu peux pas faire ça... » il dit d'abord, fixant la clé du regard. " Ho si, la preuve je viens de le faire! Je ne partirais pas tant que tu ne m'auras pas dit ce qui ne va pas!" Le jeune homme soupira alors et finit par dire : « Il sent très fort l'eau de Cologne. Il me met toujours un bandeau sur les yeux, je vois rien du tout, je sais jamais ce qui va arriver, ça fait peur, c'est tout » Chris observa alors Erwan et se rendit compte que le simple fait d'en parler le rendait très nerveux ! Il allait prendre le jeune homme dans ses bras pour le rassurer, mais ce dernier lui pris la clef pour aller ouvrir la porte.   « Il m'appelle sa "petite salope" et il me fait le supplier de me laisser sucer sa queue et de me baiser » ajouta subitement Erwan en arrivant à la hauteur de Chris. Se dernier observa le jeune homme sans savoir quoi dire. Jamais il n'avait traiter quelqu'un comme ça et entrer dans le monde du jeune homme lui faisait découvrir qu'on était pas tous comme lui, respectueux. Il regarda Erwan aller à l'armoire, l'ouvrir et en sortir une sorte de tapette avec un plug. « Il aime me taper le cul avec ça, et me foutre ça dedans et me regarder me tortiller. J'crois qu'il se branle en même temps, enfin, j'ai les yeux bandés, mais d'après les bruits... » il expliqua à Chris. "Ho Erwan..." souffla alors Chris. Il voyait la détresse de son ami et se demandait comment il pouvait l'aider. " Si jamais tu sens que ça va pas, tu n'as qu'a imaginer que t'es avec moi. Je ne te ferais jamais de mal, alors imagine qu'on est juste tout les deux..." Il haussa alors les épaules. Il ne savait pas trop quoi faire. S'il écoutait son cœur, il sortirait Erwan de là pour le ramener chez lui et prolonger ses 24h fabuleuses en 48h. Malheureusement, Erwan était à son travail et il fallait respecter son métier. Il regarda alors tristement le jeune homme ranger ce qu'il venait de sortir de l'armoire. Il s'adossa ensuite à celle-ci et lui fit un petit sourire. Malheureusement, Chris n'était pas en état de le lui rendre. Tout à coup, la réalité le frappa en plein visage. Il était l'heure de se dire au revoir. Adieu la paix, la tranquillité et le bonheur et bonjour la réalité et son monde cruel. Lorsque le jeune homme vint se blottir contre lui, Chris le serra fort dans ses bras posant sa tête sur celle du jeune homme et profitant de ce dernier contact. Lorsque le jeune homme releva sa tête, Chris prit son visage dans ses mains. Leurs regards s'accrochèrent un long moment puis leurs lèvres vinrent se rejoindre pour un long baiser plein de tendresse. Lorsqu'ils se séparèrent Chris garda le visage du jeune homme dans ses mains et le regarda dans les yeux. "Tu vas me manquer Erwan... Cette semaine va être vraiment longue.... Promets-moi de m'appeler si jamais y a quoi que ce soit!?" Il laissa le jeune homme lui répondre puis après un rapide baiser Chris sorti de la chambre a contre cœur. Il se rendit à l'accueil pour la réservation dans 6 jours puis remonta dans sa voiture. Il lui fallu plusieurs longues minutes pour qu'il se décide à démarrer et à prendre la route. Il tourna un long moment en ville au travers des rues. Il n'avait pas envie de rentrer maintenant. La douleur dans sa poitrine était revenue et il se sentait seul. Lorsqu'il tourna à l'angle de la 6 ème, il se rendit compte qu'il se trouvait à l'endroit ou il achetait sa came quelques semaines auparavant. Il serra alors le volant, faisant blanchir ses jointures. Il ne pouvait pas craquer non. Cela faisait quelques semaines qu'il n'y avait pas touché, il devait continuer. Mais il se sentait seul. Il se disait : aller, juste cette fois. Il se gara alors et alla retrouver son dealer. Il lui acheta juste un sachet et retourna dans sa voiture. Il retourna ensuite chez lui et lorsqu'il regarda sa maison vide, un grand sentiment de solitude l'envahit. Il repensa à cette dernière journée passé avec Erwan et ce senti désespérément seul d'un coup. Il sortit alors le sachet et se fit un rail, juste pour ce soir, pour se sentir bien...

Ho si, la preuve je viens de le faire! Je ne partirais pas tant que tu ne m'auras pas dit ce qui ne va pas! Si la situation et les enjeux avaient été différents, Erwan aurait pu s'énerver, se vexer. Pour lui, les amis n'étaient pas censés faire du chantage, et c'était d'ailleurs le genre de comportement qui avait doucement fait plonger sa relation avec Orel. Orel qui avait toujours tant cherché à le protéger, quitte à ne plus lui laisser les petites libertés dont il avait besoin. C'était épidermique pour Erwan, il avait tendance à se sentir enfermé très facilement, et c'était quelque chose qu'il détestait. Mais là, il y avait des enjeux bien plus grands, parce que si quelqu'un réalisait que la porte avait été fermée à clé de l'intérieur, ils pourraient avoir des ennuis. Chris n'aurait pas du faire ça, et Erwan n'eut pas d'autre choix que de lui répondre, avant d'éviter un peu ses bras pour prendre la clé et aller ouvrir. Ce n'était pas très agréable, de s'être senti ôté d'une information qu'il aurait préféré taire. Mais au final, dire tout ça, ça lui faisait un peu de bien, et peut-être aussi que ça embêterait Chris, que ça le gênerait. Alors Erwan se lança dans quelques détails, des choses humiliantes. Devant l'armoire, il lui présenta deux objets et en raconta l'histoire, sans pathos, sans plainte. Ce n'était pas son but d'être larmoyant ou d'attirer la pitié, mais Chris sembla y  lire quelque chose de ce genre-là. Si jamais tu sens que ça va pas, tu n'as qu'a imaginer que t'es avec moi. Je ne te ferais jamais de mal, alors imagine qu'on est juste tout les deux... C'était gentil de sa part, mais Erwan n'était pas tout à fait convaincu par la solution. Premièrement, c'était plutôt difficile à faire et ça ne marchait pas énormément. Il avait déjà essayé ce genre de choses, en pensant à Orel. Et deuxièmement, il préférait garder Chris tout bien, tout intact dans sa tête. Il ne voulait pas le mêler à des choses qui étaient déplaisantes. Il valait mieux ne pas tout mélanger, de peur qu'il se perde là-dedans. « C'est pas si terrible, tu sais. C'est juste... désagréable, la partie un peu désagréable du travail » il dit après un silence, pour que Chris ne s'inquiète pas, qu'il ne se fasse pas de films. Au bout d'un moment, il lui adressa un sourire, mais il sentait bien que l'ambiance n'était pas à ça. Ils étaient tous les deux tristes de se quitter, et lorsque Erwan vint se mettre dans les bras de Chris, il espérait que cela suffise à calmer ses nerfs. Suivit un beau et long baiser, tout doux, qui fit un bien fou à Erwan. Il avait lentement accepté l'idée que c'était le moment de dire au revoir, et qu'ils se reverraient vite. Tu vas me manquer Erwan... Cette semaine va être vraiment longue.... Promets-moi de m'appeler si jamais y a quoi que ce soit!? Erwan hocha la tête. « Promis » il souffla, sans ajouter autre chose. Il savait évidemment que c'était un peu un mensonge, qu'il n'appellerait pas, quoiqu'il arrive. Mais il se disait aussi qu'il n'en aurait pas besoin, que la semaine se déroulerait comme toutes les autres. Il n'aurait même pas de raison d'appeler Chris. Tout irait bien, et ils se reverraient très vite. Quelques instants plus tard, après un bref baiser, Chris sortait de la chambre, laissant Erwan seul. Il s'activa sans tarder, se déshabilla entièrement pour regarder ses fesses dans le miroir et appliquer un peu de pommade, puis il fit le tour de la chambre une dernière fois. Tout était bien, tout était parfait. Erwan enfila un boxer noir, et après un dernier regard sur son planning, il rangea la feuille dans le tiroir fait pour, et s'installa sur le lit pour accueillir son premier client. Plus tard dans la nuit, les mains liées dans le dos, les genoux, le visages et les épaules enfoncés dans le matelas, les fesses en l'air, yeux bandés et humides, il ne chercha même pas à penser à Chris, trop occupé à crier et gémir sur commande à chaque fois que le cuir frappait ses fesses.