Recevoir une peluche en cadeau le comblait de joie, et il en était déjà tout amoureux. Certes, le sirop d'érable allait être délicieux et c'était un super cadeau, mais ce fut surtout la peluche qui retint son attention. Il était incapable de la quitter, comme un gamin. Il avait vingt-cinq ans, il était un adulte, mais des morceaux d'enfance étaient restés là, bien présents. Peut-être parce que justement, son enfance avait pris fin trop vite et trop tôt, brusquement. Il se rattrapait comme il le pouvait. Il remercia ses amis de ce beau cadeau, touché de leur geste. Après ça, Edward fut super sympa une fois de plus et les invita à aller papoter dans le salon pendant qu'il finissait dans la cuisine. C'est ce qu'ils firent, s'installant sur le canapé, Erwan avec son castor dans les mains et s'interrogeant sur le prénom qu'il pourrait lui donner. Elizabeth souleva un point important : le genre ! Eh bien oui, c'était une bonne question ça. Erwan n'en savait trop rien et observa un moment sa peluche, indécis. Au pire, il allait y penser et essayerait de trouver quelques idées plus tard dans la soirée. En attendant, il était avec Elizabeth et comptait engager la conversation avec elle. Excité de passer toute une nuit avec ses amis, il demanda quel était maintenant le programme. Elle proposa tout un tas de choses, entre les jeux et les films... « Oh oui ! Un masque ! » il adorait ça. « J'en ai essayé un au chocolat un jour, on pouvait le manger » il raconta, très heureux de partager cette anecdote. Enfin, il était quand même un peu gêné de faire ça si Edward avait horreur des masques... mais Elizabeth avait proposé, et il n'était pas forcé de le faire, lui... « On peut faire le masque et regarder un film ? » suggéra Erwan. C'était un bon compromis. Après ça, Elizabeth reprit la parole et Erwan fut un peu inquiet et surpris de ce qu'elle avait à dire. Quand elle commença en parlant de mal à l'aise et de son inquiétude, Erwan ne savait pas à quoi s'attendre, et au final, la conversation repartait sur son travail. En tous cas c'était beaucoup de questions, et au moins, Elizabeth était calme et compréhensive, il semblait. C'était une des raisons pour lesquelles il était si proche de la jeune femme, elle ne jugeait pas et elle cherchait toujours à comprendre les choses. Erwan lui faisait confiance. « Oui, j'ai une chambre à l'étage, c'est très confortable et beau. J'ai une salle de bain privée, en marbre noir ! Vraiment très sympa » il raconta, assez fier de cette fameuse chambre. Il n'avait pas à se plaindre, les chambres du Birdcage étaient superbes et les draps si doux. Certainement parce que c'étai fait pour accueillir les clients, mais au moins, Erwan en bénéficiait par la même occasion. « Mon horaire... c'est tous les soirs en fonction des rendez-vous des clients, parfois c'est plus chargé, en général je commence vers 19h et ça peut durer jusqu'au lendemain matin, il y a des clients qui réservent des nuits entières, presque 24 heures... » il expliqua, pensant surtout à Chris en parlant de cette dernière catégorie de clients. Rares étaient ces types-là, mais Chris, il faisait toujours en sorte de passer le maximum de temps avec Erwan. Le jeune homme eut un petit sourire. « Comme Chris... il prend toujours 24h avec moi ! » souffla-t-il timidement, les yeux pétillants, avant de se mordre la lèvre. Il aimait vraiment bien Chris, de tous les clients qu'il avait c'était de loin son préféré, et il était devenu un vrai ami pour Erwan. Il n'était pas tout à fait comme ses autres clients, non, il sortait du lot.

Après qu'ils eurent décidé des plans pour la soirée, Elizabeth remit sur la table le sujet de son travail, et Erwan essaya de répondre avec exactitude à toutes les questions qu'elle lui posait. Elle semblait être curieuse, et s'intéresser à ce qu'il faisait, à son quotidien. C'était flatteur. Avec elle, il ne se sentait pas jugé, et il savait que même si elle ne comprenait pas, il y avait des chances pour qu'elle accepte simplement de respecter ses choix. Ce n'était pas le cas de Eggsy, du moins, Erwan savait qu'avec son frère, il ne pourrait jamais parler de son travail sans craindre sa réaction. Il décrivit sa chambre, assez fier de l'endroit dans lequel il séjournait depuis... bientôt un an ! Le temps passait vraiment vite. Un an aussi qu'il n'avait pas entendu parler d'Orel. C'était si étrange. Son amie sembla surprise de l'éloge qu'il fit de sa belle chambre, et le questionna de suite sur son appartement. « Oh, oui. J'y passe parfois pour déposer ou prendre des trucs. Puis Eggsy y a habité un moment avec son fils, ça m'a fait plaisir. Mais depuis ça, c'est vide. Je compte pas le vendre. » il expliqua. Cet appartement, il l'avait acheté avec sa toute première rentrée d'argent, en arrivant à Miami. C'était un très bel endroit, et il y tenait. Même pendant sa relation avec Orel, alors qu'ils vivaient dans leur villa, Erwan avait voulu conserver son appartement. Il avait bien fait, raison de plus pour ne pas faire d'erreur aujourd'hui. Quand elle poursuivit en l'interrogeant sur ses clients, il haussa un peu les épaules. Qui était-il pour juger de leur gentillesse ? C'était des clients, il ne réfléchissait pas plus que ça. « Euh oui, oui je crois, ça va » il répondit simplement. Quoi ajouter à ça ? Il ne voulait pas parler pendant des heures de ces types-là, il n'avait rien à dire à leur sujet. Heureusement, Chris vint s'ajouter au sujet de conversation, et cela suffit à tirer un sourire sur les lèvres d'Erwan. Chris était... indescriptible. Il amenait beaucoup de bonheur à Erwan, et rythmait ses semaines avec sa gentillesse et les moments privilégiés qu'il lui offrait. « Oui hihi... Il est venu un jour dans ma chambre, c'était un client comme un autre tu vois... et puis... je sais pas... on est devenus amis, c'est pas génial ? » Erwan en parlait comme d'une apparition divine, de quelque chose de magique qui lui était tombé dessus. Il remerciait le destin pour ça. Chris aurait pu passer la porte de n'importe quelle autre chambre ce soir-là, ça aurait pu être un autre garçon. Mais non, ça avait été Erwan. « J'arrive pas à croire que j'ai eu tellement de chance ! » il dit, amusé. Elizabeth rebondit alors sur les fameuses 24 heures dont Erwan avait parlé, et il hocha la tête légèrement en suivant ses paroles. « Oh tu sais, ça passe vite quand tu t'amuses » il dit avec un petit sourire en haussant les épaules. Elle devait bien comprendre ça, connaître ça même, avec son beau Edward. Même s'ils étaient mariés et avaient tout le temps qu'ils voulaient pour être ensemble. Eux aussi, ils devaient parfois avoir l'impression que les bons moments passaient trop vite. Quant à leurs activités, Erwan ne savait même pas par où commencer. Evidemment, il y avait bien une chose qui sortait du lot et qui lui faisait tant de bien, mais c'était follement intime... et il n'était pas trop trop certain de pouvoir aller aussi loin avec son amie. Mais bon, ils étaient plutôt proches pourtant, et c'était le genre de choses dont les amis parlaient, des petites confidences qu'on pouvait se faire. Il ne savait pas, à vrai dire, il n'avait jamais eu d'amis avec qui parler de ça. C'était une première, c'était excitant. « On fait... vraiment plein de belles choses, mais surtout... » il hésita quand même, rougissant, regardant son chocolat chaud qu'il tenait sagement entre ses mains. Puis il osa finalement poursuivre, chuchotant un peu, parce que c'était une confidence entre lui et Elizabeth. « On fait beaucoup de sexe ! Du sexe merveilleux Eli ! J'ai découvert des choses avec lui, des choses sur moi, que je soupçonnais pas... je me sens tellement libre. Tellement moi-même » il dit, ravi. « Il a aménagé une pièce chez lui, avec des jouets et du matériel et tout ce qu'il faut, tout ce qu'on aime lui et moi... » détailla même Erwan, sans oser dire exactement ce que contenait cette pièce, se disant qu'Elizabeth comprendrait. Puis, comme c'était le moment d'être curieux et de papoter de choses intimes comme ça, il osa poser une question lui aussi. « Toi... avec Edward... tu as déjà essayé ces trucs-là ? » il demanda, toujours sur le même ton, comme un ado qui partageait des secrets avec sa meilleure amie.

« Tu crois? Qu’est-ce qui te fait douter de leur gentillesse envers toi? » questionna Elizabeth, après qu'Erwan ait répondu à sa question concernant ses clients. Il haussa les épaules, pas certains de quoi dire. Il ne s'était jamais demandé si ses clients étaient gentils, et se contentait de faire son travail sans avoir de jugement. La gentillesse, il ne pensait pas que c'était quelque chose qui faisait vraiment partie de ce travail. Le seul qui était vraiment gentil, c'était bien sûr Chris, il sortait du lot. Mais les autres n'étaient pas méchants pour autant, juste... indifférents. « On a pas vraiment... de lien. Ils sont assez distants tu vois, pas méchants, pas vraiment gentils non plus » fit-il en haussant encore les épaules, pour faire signe que c'était ainsi, que c'était habituel et que ça ne le dérangeait pas. Après ça, ils parlèrent de Chris, et Erwan fut vraiment heureux d'aborder le sujet. D'ailleurs Elizabeth fit une petite remarque qui eut un écho tout particulier, autant pour Erwan car ça lui parlait vraiment, mais aussi par rapport au mariage de son amie. Il la vit bien lancer un regard vers la cuisine, où se trouvait Edward. Ca le comblait de bonheur de voir ses amis heureux. Et puis... Elizabeth lui demanda quelles étaient ses occupations avec Chris, et évidemment, il y en eut une en particulier qui vint dans les pensées d'Erwan. Le sexe, la baise, tout ça. C'était les fondations mêmes de sa relation avec Chris. Sans le cul, ils ne se seraient jamais rencontrés, car c'était bien ce besoin-là qui avait poussé Chris jusqu'au Birdcage, et jusqu'à la chambre d'Erwan. Ravi de raconter tout ça, sur le ton de la confidence, il fronça quand même un peu les sourcils en voyant son amie s'étouffer à moitié. Une fois qu'il eut fini, il chercha à s'assurer tout de même qu'elle n'était pas en train de mourir. « Ca va ? » il demanda, mais il semblait que le drame était passé, et qu'elle avait évacué tout ce qu'elle avait avalé de travers. Ouf ! Il reprit alors, et lui parla de la salle de jeux que Chris avait installée, après qu'ils aient fait les magasins ensemble et choisi tout un tas d'accessoires et d'installations. Erwan était toujours un peu retourné en parlant de ça, en repensant à cette journée et à quel point ça avait été excitant. A quel point c'était excitant à chaque fois qu'il se rendait chez Chris. Elizabeth, elle, sembla fortement surprise et étonnée. Elle était même un peu curieuse et le questionna au sujet de la salle de jeux. « Oui ! Une pièce toute spéciale, différente de la chambre. C'est dans des tons violets foncés, et ça sent très bon, on a mis des huiles essentielles... rien que d'y entrer... ça fait du bien » il expliqua, se perdant un peu dans le souvenir le plus exact qu'il pouvait avoir de cet endroit. « Et oui, c'est impressionnant ! Quand je l'ai découvert la première fois, c'était fascinant » il ajouta, se tirant de sa courte rêverie. Et bon, puisque c'était le sujet, il osa faire le petit curieux et demander à Elizabeth si avec Edward, ils avaient ce genre d'amusements. Ils étaient amis, de très bons amis, et ils partageaient quelques secrets, alors Erwan se disait que juste entre eux deux, pendant cette petite soirée, ce n'était pas dérangeant de se confier. La réponse initiale d'Elizabeth le laissa un peu perplexe. Il n'avait pas été assez clair, surement, mais il ne savait pas trop comment expliquer. Heureusement, elle reprit. Erwan l'écouta parler avec un petit sourire, et remarqua qu'elle rougissait. Du coup, il se mit à rougir lui aussi, non pas parce que le sujet le gênait, mais parce qu'il avait honte de mettre mal à l'aise son amie. « Désolé !!! On peut parler d'autre chose. Je voulais pas te gêner ou être trop curieux sur ta vie intime ! On peut parler de... » Et très vite, il se rendit compte que rien ne lui vint. Il n'avait pas d'idée de sujet de secours, car il avait beau creuser dans ses activités et son emploi du temps, tout tournait autour du sexe. Sa vie actuelle était faite de baise, et à part ça, il n'y avait rien qui semblait assez proche de sa réalité pour qu'il puisse en faire une conversation. « En tous cas ! Pour le lit de cette pièce-là, avec Chris on a choisi des draps satinés, dans la meilleure boutique de Miami... C'est Chris qui a décidé d'aller là-bas. Et ils sont vraiment beaux et doux ! Y'a plein de couleurs magnifiques aussi » il expliqua, sourire aux lèvres. Voilà, s'ils ne parlaient pas de sexe, il pouvait au moins parler des draps. « Bon, c'est pas le plus facile à laver, Chris dit, alors il doit les mettre au pressing à chaque fois, mais ça vaut la peine » ajouta-t-il en petit commentaire. C'était tout de même important le lavage, surtout que ça se faisait très souvent. Au minimum une fois par semaine, puisque c'était la fréquence à laquelle ils se voyaient. « Avec Ed tu as des draps en coton ? » il demanda, bien lancé dans sa conversation et voulant rester sur ce sujet, puisque c'était safe, et que c'était une très bonne idée visiblement d'ignorer the big elephant in the room.

Erwan était là, à raconter sans se gêner ses histoires intimes. Et encore, il aurait pu entrer dans les détails avec beaucoup plus de précision que ça, mais il comprit vite que c'était un sujet un peu délicat, et que tout ça semblait mettre son amie mal à l'aise. Bon, il ne voulait pas qu'elle se sente gênée, surtout pas chez elle, ce soir, alors qu'elle était si gentiment venue le chercher pour lui offrir une soirée géniale comme il n'en avait pas eue depuis des mois. Non, il fallait qu'il s'adapte un peu à son environnement, il n'était plus au bordel ou avec un de ses clients, ou avec Chris, il ne pouvait pas parler de ces choses-là aussi clairement que ça lui venait, sans filtre... Du coup, il se contenta de s'éterniser un peu sur la chambre, la déco de celle-ci, tout ça. Ca impressionnait Elizabeth, et Erwan comprenait bien pourquoi. Lui aussi avait été impressionné la première fois. « Peut-être un jour ! On sait jamais... quand un peu de chance nous tombe dessus » il dit avec un petit sourire. Il n'était pas un habitué de la chance, mais il savait être reconnaissant pour les petits cadeaux que la vie lui avait fait. Chris par exemple, ou Elizabeth, à qui il tenait tellement ! Et son amie était tellement une bonne personne qu'il était persuadé que le destin serait doux et généreux avec elle. Après ça, il tenta de détourner l'attention de sa propre personne pour laisser son amie parler... mais il aurait bien du se douter qu'elle n'aurait pas très envie de détailler sa vie personnelle avec son mari ! Erwan s'en voulait, il était vraiment trop idiot parfois... Elle lui assura cependant que tout allait bien, et il répondit à son sourire en haussant les épaules. « C'est comme tu veux ! Tu dois pas te sentir obligée d'agir d'une certaine façon, juste parce que c'est comme ça que font les autres... enfin, tu vois... on est pas du tout obligés de parler de sexe !! » il affirma, terriblement convaincu. Seulement, bon, sa vie à lui tournait véritablement autour de ça, et trouver un sujet de discussion différent n'allait pas être bien facile. Au final, il décida de faire un petit discours pour vanter la belle literie de cette fameuse salle de jeux, expliquant en détails d'où venaient les draps, et comment il fallait les laver. Puis, il interrogea son amie au sujet de ses draps à elle. CE fut bien intéressant d'en entendre encore un peu plus sur les traditions bouddhistes. « Oh wow... le rouge, ça doit être vraiment une couleur importante alors chez les bouddhistes ! » il commenta, intéressé, en repensant au mariage de ses amis. Elizabeth s'absenta alors pour chercher les masques, qu'Erwan avait d'ailleurs presque oubliés, à force de papoter. Elle revint vite et ils s'installèrent face à face, car ça demandait toute une organisation, et pour commencer, Erwan laissa Elizabeth s'occuper de son visage en restant bien sage et docile. Elle eut raison de le prévenir que c'était froid... mais il sursauta tout de même un petit peu ! Une fois habitué, il ferma les yeux et se laissa faire en appréciant le savoir-faire de son amie, ainsi que sa délicatesse. Ca faisait beaucoup de bien. Ce qu'elle lui annonça ensuite lui fit ouvrir les yeux d'un coup, pour fixer son regard dans celui d'Eli et essayer de s'assurer du sérieux de la chose. Quand il eut compris que ce n'était pas du tout une blague, il se mit à afficher un énorme sourire (qui d'ailleurs devait bien déranger Elizabeth dans son application de masque). « Tu vas avoir un bébé ?!? » il fit, fasciné et émerveillé par cette nouvelle. « Enfin, je veux dire, tu vas essayer... vous allez essayer, d'avoir un bébé... dans ton petit ventre » il tenta d'être clair, mais c'était un échec. « C'est tellement super... tu vas être la meilleure des mamans ! » ajouta-t-il, sans trop savoir quoi dire, tant il était joyeux pour ses amis. Quand Elizabeth eut terminé avec le masque, il lui tendit un mouchoir en papier pour qu'elle puisse s'essuyer, et déposa à son tour une noix de gel sur ses doigts pour commencer à prendre soin du visage d'Elizabeth, comme elle l'avait fait pour lui. « Les enfants... c'est vraiment adorable ! J'aurais vraiment aimé en avoir un jour, je crois... ou au moins, travailler avec des enfants, j'aurais peut-être pu être doué à ça... mais bon... bref, tant pis » il dit, commençant sur un ton joyeux, mais se rendant vite compte que c'était un sujet qui n'amenait à rien de très optimiste. Il se reprit alors, et laissa parler sa curiosité. « Alors. Vous voudriez plutôt un garçon ou une fille ? Ou les deux ? Vous pensez déjà à des prénoms ? » qu'il questionna sans relâche, continuant d'appliquer le masque bien délicatement.

Elizabeth, contrairement à Erwan, était mal à l'aise lorsqu'il s'agissait de parler de sexe. Elle était pudique, surement, et il respectait entièrement ça. Ce n'était pas une obligation d'avoir cette conversation. « Non non… en fait, j’aimerais ça être à l’aise d’en parler, ça m’arrive jamais donc… je dois juste en parler plus souvent et ça ira je crois, non? » Il hocha doucement la tête pour acquiescer. C'était une bonne solution en tous cas. Et puis, il voulait bien prêter ses oreilles et son attention, si elle voulait s'entraîner pour être à l'aise... Tout ça. Ils continuèrent à papoter, allant jusqu'à évoquer les draps rouges d'Elizabeth. Le rouge, couleur sacrée chez les Bouddhistes. Ca, ça intéressait beaucoup Erwan. Il était loin d'être quelqu'un de religieux, et d'ailleurs, il n'avait pas de religion, n'en pratiquait aucune, et ne croyait en rien de très défini. Mais la spiritualité, c'était autre chose, et ça l'intéressait fortement. Tout ce qui sortait des choses qu'on avait pu lui enseigner enfant, ça l'intéressait. « Oh j'me souviens ! T'étais toute parfaite » Evidemment, il se souvenait de ce mariage dans les moindres détails. La journée de noces l'avait comblé de bonheur. Ce couple était le meilleur du monde, alors évidemment, Erwan fut encore plus heureux d'entendre qu'ils projetaient d'avoir un enfant. « Oui oui… on essaie présentement. Bah… pas… présentement là là… mais, quand ça arrive quoi! » Ca le fit rire doucement, et aussitôt il la complimenta. Il était certain qu'elle serait une maman géniale. « Tu crois? Ça fait tellement peur de me dire qu’un jour, il va y avoir un petit être dépendant de nous… mais j’ai hâte! Merci, c’est un beau compliment que tu me fais là! » Il rougit un peu, sous son masque, et voilà qu'ils inversaient et que c'était à lui de lui tartiner le visage. Parti sur le sujet des enfants, Erwan ne put se retenir de penser à tout un tas de choses et de les exprimer pour la plupart. Les enfants, ça le faisait sourire. Il était tonton maintenant, et même s'il voyait très peu Enzo... il était tout de même comblé de savoir qu'un jour, peut-être, quand il serait plus disponible, il pourrait échanger avec ce petit être. Il était ravi pour Elizabeth et Edward, et de tout coeur il espérait que leurs tentatives aboutissent à une toute belle réussite. « Edward aimerait beaucoup avoir deux petites filles et un petit garçon… mais on verra ce que la vie va décider! Sinon pour les prénoms, on sait vraiment pas encore! On en a pas vraiment parlé en fait. Toi, c’est quoi les prénoms que tu trouves jolis? » demanda Elizabeth, après qu'il l'ait questionnée au sujet des prénoms. Et là, Erwan ne savait pas trop. Disons qu'il n'y avait jamais pensé, puisque l'idée d'avoir un jour des enfants était très loin de lui. Un peu déstabilisé, ses mains avaient ralenti, comme s'il s'était trop concentré sur ses pensées plutôt que sur le masque qu'il appliquait. Il haussa les épaules. « Je sais pas trop, j'ai jamais réfléchi à ça... J'aime bien... les prénoms qui rappellent de belles choses du monde, comme... Moon. » C'était une réponse pas très utile, mais c'était tout ce qu'il avait à donner pour le moment. S'il le fallait, il prendrait le temps un jour de faire une jolie liste. Elizabeth reprit la parole ensuite, alors qu'il continuait de couvrir son visage de crème. « Tu sais Erwan, il est pas trop tard pour avoir des bébés et t’ouvrir une garderie si c’est ce que tu veux! T’es encore jeune, t’as encore la chance de pouvoir avoir tellement de projets! Moi je crois en toi et je te laisserais garder mes enfants n’importe quand! Pourquoi est-ce que tu parles comme si c’était plus possible? C’est triste ça… » Il n'aimait pas ces remarques, ni la question qui allait avec. Ca le dérangeait, à vrai dire, parce que pour lui, c'était évident, mais visiblement ce n'était pas comme ça pour tout le monde. Pourquoi les gens autour de lui ne comprenaient-ils pas, et pourquoi aimaient-ils tant remettre en question tout ce qu'il disait ? Il termina doucement le masque d'Elizabeth, puis s'essuya les mains avec une lingette, se mordant un peu la lèvre en se demandant ce qu'il devait répondre à ça. « Parce que ça l'est plus. Ca l'est pas. C'est comme ça, c'est la vie tu sais, on peut pas tous avoir ce qu'on veut. Mais je suis tellement heureux pour vous deux ! » il répondit tout simplement, sur le ton de l'acceptation, en souriant sur la dernière phrase. « J'ai déjà un travail moi... Et pour avoir des enfants, il faut être deux ! Même pour adopter, un papa tout seul, c'est pas possible... Il faut justifier de plein de choses en plus... Je suis juste pas fait pour ça, c'est pas mon destin à moi... C'est pas grave, c'est comme ça » il dit encore. « Pis imagine, qu'est-ce que je ferais d'un bébé au Birdcage » L'image lui arracha un petit rire tant c'était comique et peu croyable. Erwan s'installa à nouveau bien au fond du canapé. « Mais wow, bientôt, tu auras un petit être là » fit-il, émerveillé, en touchant du bout de l'index le ventre de son amie. « Ca doit être une expérience extraordinaire, d'avoir un petit humain dans son ventre » Il se caressa le ventre, comme pour s'imaginer ce que ça pourrait être, d'attendre un enfant. C'était bien évidemment impossible pour lui, mais tout de même... c'était toute l'histoire de l'humanité ! « Est-ce que ça te fait sentir quelque chose de spécial, de te dire que ça va arriver ? » interrogea-t-il, curieux.